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Neuropathies diabétiques
V. Rigalleau, G. Le-Masson

Résumé : La neuropathie est la complication la plus fréquente du diabète. Ses multiples mécanismes,
métaboliques, microangiopathiques, inflammatoires, conduisent à des présentations cliniques variées,
dominées par la polyneuropathie longueur-dépendante avec sa perte progressive de sensibilité qui favo-
rise les troubles trophiques des « pieds diabétiques » et/ou ses douleurs neurogènes. Son diagnostic est
clinique (monofilament, diapason), avec un risque important de négligence et de retard que de nouvelles
méthodes plus objectives et quantifiées permettent de réduire : neuroesthésiométrie, sudorimétrie, élec-
tromyogramme (EMG) « de poche », score de Michigan. Des présentations moins stéréotypées existent :
mononeuropathies, neuropathies proximales, dysautonomie, neuropathies démyélinisantes chroniques,
neuropathies douloureuses induites par un contrôle glycémique trop rapide, ainsi que des diagnostics dif-
férentiels : douleurs non neurogènes, neuropathies non diabétiques, alors l’avis du neurologue et l’EMG
sont nécessaires. Le contrôle glycémique et des facteurs de risque cardiovasculaires prévient la neuropa-
thie diabétique. Lorsque celle-ci est établie, l’éducation thérapeutique et les soins de podologie réduisent
la fréquence et la gravité des troubles trophiques, et les douleurs neurogènes sont accessibles par des
traitements spécifiques.
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Mots-clés : Diabète ; Neuropathie ; Pied diabétique

Plan sentent une neuropathie après 25 années de suivi [1] . L’espérance


de vie de ces personnes est réduite du fait d’un risque cardiovas-
■ Introduction 1 culaire accru [2] , mais le retentissement de la neuropathie s’exerce
surtout sur leur qualité de vie [3] , durement altérée par les plaies
■ Physiopathologie 1
de pieds, les douleurs chroniques et les dysautonomies. Environ
Perturbations des voies métaboliques et trophiques 2
un quart des coûts médicaux du diabète est consacré à la neuro-
Voies de l’inflammation 2
pathie et ses complications [4] . Parmi elles, les amputations qui
Lésions capillaires 2
sanctionnent l’échec de la prise en charge (80 % sont évitables),
Physiopathologie des douleurs neuropathiques 2
sont justement redoutées par les patients, sources de handicap, et
■ Diagnostic 3 de ruines personnelle et familiale pour les diabétiques des pays
Perte de sensibilité 3 pauvres [5] .
Douleurs neurogènes 4 Deux caractéristiques des neuropathies diabétiques méritent
Signes associés : moteurs, végétatifs, réflexes 5 d’être soulignées :
Critères diagnostiques 5 • leur polymorphisme, lié à des mécanismes physiopatholo-
Diagnostic précoce 5 giques variés, métaboliques, inflammatoires, vasculaires, et qui
Diagnostics différentiels 5 aboutissent à des présentations cliniques distinctes : polyneuro-
■ Neuropathies diabétiques focales 6 pathie chronique longueur-dépendante, polyradiculonévrites
Mononeuropathies 6 chroniques [6] , formes focales, atteintes végétatives ;
Neuropathies proximales 6 • l’insidiosité de la polyneuropathie, dont les formes précoces
Neuropathies induites par le traitement 6 peu symptomatiques sont souvent ignorées. Le contraste avec

les formes débutantes de rétinopathie ou la néphropathie inci-
Neuropathie dysautonomique 6
piens, dont le dépistage et le traitement sont bien codifiés, est
■ Faut-il adresser un diabétique avec une neuropathie net, et nous développons les moyens de diagnostic précoce.
au neurologue ? 8
■ Pronostic et traitement 8
Contrôle glycémique 8  Physiopathologie
Éducation thérapeutique et soins de podologie 8
Traitement des douleurs 8 La physiopathologie de la neuropathie diabétique est complexe
■ Conclusion 9 tant la glycémie et l’insuline sont essentielles à tous les processus
intra- et extracellulaires. Pour comprendre les liens existants entre
l’hyperglycémie, les perturbations de sécrétion ou d’efficacité
de l’insuline et les manifestations nerveuses périphériques, il
 Introduction faut identifier les cibles principales affectées par ces anomalies.
En effet, outre l’hyperglycémie, la résistance à l’insuline et ses
Le diabète est la première cause de neuropathie périphérique, sa conséquences sont maintenant clairement identifiées comme des
complication la plus fréquente : 50 % des sujets diabétiques pré- facteurs causals. Il faut distinguer le diabète de type 1 (DT1) où

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l’hyperglycémie est le facteur essentiel, du DT2, où des facteurs Rôle trophique de l’insuline
dysmétaboliques associés, comme l’hyperlipémie et l’obésité, pré-
Enfin, l’insuline est un puissant facteur trophique, impor-
sents dès l’état prédiabétique, jouent un rôle toxique synergique.
tant dans la croissance embryonnaire et fœtale, et les récepteurs
D’autre part, des éléments génétiques sont importants pour expli-
à l’insuline sont denses à la surface des corps cellulaires des
quer certaines prédispositions aux complications du diabète et
neurones du DRG, particulièrement dans les neurones de la noci-
certaines formes d’acide ribonucléique (ARN) sont impliqués dans
ception. L’insuline promeut la pousse neuritique neuronale et
la physiopathologie de la neuropathie diabétique, élargissant
joue un rôle essentiel dans la physiologie des cellules de Schwann
encore le champ des mécanismes métaboliques trophiques ou
qui possèdent elles aussi de nombreux récepteurs à l’insuline.
inflammatoires [7] .
Leur activation résulte en une myélinisation accrue et accélère
Ainsi on peut considérer que les perturbations liées au diabète
la prolifération schwannienne. Enfin, l’insuline peut réduire le
vont affecter :
seuil d’activation du récepteur transient receptor potential vanilloid
• le nerf de façon longueur-dépendante par des mécanismes
subtype 1 (TRPV1), senseur de nombreux stimuli douloureux (tem-
toxiques métaboliques et trophiques. Ce sont ces manifesta-
pérature, capsaïcine et pH) particulièrement exprimé à la surface
tions qui donnent la polyneuropathie du diabète ancien et/ou
des neurones nociceptifs du DRG [10] .
mal équilibré, avec un processus physiopathologique de dégé-
nérescence rétrograde lentement progressif ;
• les voies de l’inflammation, activant notamment le tumor
necrosis factor (TNF)-␣ et nombre d’interleukines (IL) pro-
Voies de l’inflammation
inflammatoires lors d’une décompensation de l’équilibre L’examen des biopsies de nerf des patients diabétiques montre
glycémique mais pas seulement : l’existence d’une inflam- des infiltrats inflammatoires essentiellement périvasculaires.
mation résiduelle joue un rôle dans certaines altérations L’élévation des ROS active de nombreuses voies dont les récep-
microvasculaires responsable de neuropathies inflammatoires ; teurs nuclear factor kappa B (NF-kB), l’activateur protéine 1 et le
• les capillaires enfin et particulièrement les vasa nervorum, sont récepteur mitogen-activated protein kinase (MAPK). Le NF-kB faci-
des cibles privilégiées du diabète. Leur occlusion entraîne des lite la production de cytokines inflammatoires, de TNF-␣, d’IL-6,
lésions nerveuses aiguës par infarctus responsables de mono- de cyclooxygénase 2 et de l’oxyde nitrique synthase inductible.
neuropathies, de plexopathies et l’hypoperfusion chronique Ces effecteurs sont capables d’induire des dommages aux nerfs
joue également un rôle dans la physiopathologie des neuro- périphériques. De même, les adipocytokines, secrétées par le tissu
pathies diabétiques diffuses longueurs-dépendantes. adipeux dont l’adiponectine, le TNF, et la leptine sont associées à
une augmentation de sécrétion de cytokines inflammatoires (IL-6
et IL-1) ainsi que la protéine C-réactive (CRP) notamment dans
Perturbations des voies métaboliques les DT2. Le TNF-␣ est associé de façon négative à la sensibilité
à l’insuline et son activation paraît un acteur important de la
et trophiques résistance à l’insuline.
Rôle de l’hyperglycémie
Le glucose et les lactates sont les substrats essentiels à Lésions capillaires
tous les neurones qui dépendent de leur disponibilité pour
produire l’adénosine triphosphate (ATP) essentiel à leur pro- Ces lésions sont évidentes sur les biopsies de nerfs de patients
priété essentielle : leur hyperexcitabilité qui dépend de pompes diabétiques [11] . On observe également une prolifération capillaire
sodium/potassium (Na/K) ATP-dépendantes. Une accumulation qui est le marqueur d’une hypoperfusion chronique avec isché-
excessive de glucose va rapidement saturer l’hexokinase qui mie. Un épaississement de la membrane basale est lié au risque
assure la première étape de son métabolisme, sa phosphory- et à l’importance des lésions des nerfs périphériques. Le diabète
lation. Une autre voie métabolique prend le relais : la voie est associé à une réduction de la sécrétion de vascular endothelial
de polyols dont la première enzyme, l’aldose réductase [8] growth factor (VEGF), nerve growth factor (NGF) et d’angiopoïétines
produit du sorbitol en consommant le nicotinamide-adénine- qui sont des facteurs trophiques essentiels au maintien de la
dinucléotide-phosphate hydrogéné (NADPH) comme cofacteur microvascularisation. Ces lésions sont supposées jouer un rôle
dont la concentration va diminuer, et son métabolite qui réduit particulier dans les neuropathies diabétiques focales par un méca-
le NADP va s’accumuler. Durant la seconde étape, la sorbitol nisme ischémique aigu d’obstruction capillaire et d’infarctus
déshydrogénase convertit le sorbitol en fructose en utilisant le nerveux. C’est le cas de mononeuropathies isolées et multiples
NAD+ comme cofacteur dont la concentration va également bais- et des plexopathies proximales. L’ischémie chronique joue égale-
ser. La diminution du ratio nicotinamide-adénine-dinucléotide ment un rôle dans la dégénérescence longueur-dépendante de la
hydrogéné (NADH)/NADP qui en résulte augmente le stress oxy- polyneuropathie classique du diabète.
datif en réduisant la production d’antioxydant (le glutathion)
et la réduction du NADPH diminue l’activité de la catalase qui
convertit les reactive oxygen species (ROS) comme le peroxyde Physiopathologie des douleurs
d’hydrogène, en eau. Enfin l’excès de fructose augmente la pro- neuropathiques
duction d’advanced glycation end-products (AGE) qui sont des
composés toxiques générant eux aussi des ROS mais induisant Les voies et centres nerveux impliqués dans la détection,
de nombreuses modifications protéiques et inflammatoires via transmission et l’intégration des signaux nociceptifs (système
la liaison à leurs récepteurs receptor for advanced glycation end- extralemniscal ou voies spinothalamique) sont spécialisés en
products (RAGE). Enfin l’augmentation du sorbitol et du fructose termes de récepteurs, fibres nerveuses et structures centrales et
et leur conséquence sur les cofacteurs, réduit l’activité des pompes distincts des systèmes de la perception tactile fine ou proprio-
Na/K ATPase qui maintiennent l’hyperpolarisation indispensable ceptive. Ce système diffère également dans sa finalité d’alerte
à l’excitabilité cellulaire. en cas d’agression tissulaire, ce qui fait qu’il a des propriétés
radicalement opposées au système en charge de la sensibilité
« exploratoire ». L’une de ces propriétés est importante pour
Rôle des lipides comprendre l’apparition des douleurs neuropathiques : sa capa-
L’hyperlipidémie, outre un effet pro-inflammatoire, agit sur la cité à se sensibiliser [12] . À chaque étage du système extralemniscal,
mitochondrie en altérant sa morphologie, ses capacités de fusion une amplification du signal peut s’effectuer lors de la répéti-
et fission, et sa mobilité indispensable pour ses déplacements dans tion d’un message douloureux. Cette capacité à développer une
les prolongements neuronaux distaux. Certaines lipoprotéines hypersensibilité a été bien documentée à tous les étages : hyper-
oxydées sont toxiques pour les neurones sensitifs des ganglions sensibilité des nocicepteurs périphériques (TRPV1), des neurones
des racines dorsales (dorsal root ganglia [DRG]) mais aussi pour et des circuits relais de la corne dorsale de la moelle épinière, des
l’endothélium vasculaire [9] . circuits thalamiques et somatosensoriels. Cette hypersensibilité,

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véritables changements phénotypiques qui pérennisent cette


hyperexcitabilité dans le temps ;
• il semble de plus en plus évident qu’il existe des signaux de
modulation venant de la microglie environnante qui peuvent
contribuer à maintenir cet état hyper excitable ;
• enfin il a été décrit des modifications des systèmes de contrôles
descendants (voies spinomésencéphaliques et spinoréticulées)
qui régulent notamment les circuits du gate control [13] et sur
lesquels repose le mécanisme à la base des traitements par
électrostimulation transcutanée (transcutaneous electrical nerve
stimulation [TENS]).
On le voit, les mécanismes impliqués dans les douleurs associées
aux neuropathies sensitives et diabétiques en particulier sont mul-
tiples mais importants à connaître pour le mécanisme d’action des
différents traitements [13] , différent des traitements antalgiques
par excès de nociception.

 Diagnostic
La sémiologie des neuropathies diabétiques est riche, avec des
Figure 1. Monofilament, diapason. expressions hétérogènes du fait des mécanismes variés : dégénéra-
tifs, vasculaires, inflammatoires, et des atteintes périphériques et
végétatives. La polyneuropathie distale symétrique, forme la plus
courante, est un processus dégénératif d’origine métabolique :
l’atteinte générale des nerfs périphériques s’exprime d’abord au
niveau des axones les plus fragiles du fait de leur longueur, avec des
signes symétriques, qui commencent aux pieds. Elle est caractéri-
sée par une altération de la protection qu’assurent normalement
les nerfs périphériques vis-à-vis d’agressions mécaniques, avec :
• une perte de sensibilité qui expose à des complications, notam-
ment à la marche, et lors de traumatismes ;
• des douleurs neurogènes, qui ne répondent pas aux facteurs
normaux de déclenchement et de soulagement de la douleur ;
• et des signes associés : anomalies motrices, végétatives, réflexes.
Le diagnostic positif, clinique, a fait l’objet d’une mise au point
et d’une classification avec les critères de Toronto [14] . La négli-
gence et les erreurs sont fréquentes, nous en détaillons les causes
Figure 2. Neuroesthésiomètre. La sonde (embout blanc à l’extrémité
et les conséquences, avec le diagnostic différentiel.
de la poignée) est appliquée sur une saillie osseuse (hallux). La vibra-
tion est ensuite mise en route et augmentée progressivement jusqu’à être
perçue par le patient, au seuil de perception vibratoire (vibration perception Perte de sensibilité
threshold, exprimé en Volts).
À la différence d’autres handicaps sensoriels (cécité, surdité,
etc.), la perte progressive du tact et de la proprioception est sou-
normalement transitoire, peut s’installer durablement lorsque les vent ignorée. Les patients ne s’en plaignent que de façon tardive,
lésions nerveuses perdurent. avec parfois l’impression de « marcher sur du carton ». Cette igno-
Ainsi, dans le cas des neuropathies diabétiques, plusieurs élé- rance peut se prolonger lorsque des complications apparaissent :
ments conduisent à un état d’hypersensibilisation difficilement plaies des maux perforants, fractures de l’ostéoarthropathie neu-
réversible : rogène. On recommande de la dépister par l’examen annuel des
• les lésions des fibres nociceptives (fibres de petit diamètre, fai- pieds.
blement myélinisées ou amyéliniques) sont entraînées dans Le monofilament de Semmes-Weinstein (Fig. 1) permet
un processus de dégénérescence wallérienne rétrograde qui d’évaluer la sensibilité épicritique, avec un stimulus calibré par
peut conduire via une dépolarisation de leur extrémité à des la tension de ce filament en nylon : 10 g. Si lors de sa torsion le
décharges de potentiels d’action ectopiques. Ceux-ci vont géné- patient ne perçoit pas le contact du monofilament appliqué à la
rer un signal interprété comme nociceptif mais aussi conduire pulpe des orteils, sa sensibilité est altérée, et le risque de plaie est
à une sensibilisation des centres relais sus-jacents (moelle et multiplié par cinq [15] . Le monofilament a des limites. Les mono-
thalamus). De même, l’atteinte myélinique liée au diabète peut filaments ne sont pas toujours disponibles et s’usent. C’est un test
entraîner des décharges anormales (éphaptiques) entre fibres et subjectif, avec une réponse binaire : perçu/non perçu, et assez peu
conduire à un message nociceptif erroné, non lié à une lésion sensible.
tissulaire ; Le diapason à 128 Hz, aussi recommandé, permet de tester
• la répétition de ces potentiels d’action conduit à une sensibilisa- la sensibilité vibratoire en l’appliquant sur une saillie osseuse à
tion d’une part des synapses entre fibres et neurones relais de la l’hallux. Son résultat est plus objectif car on peut vérifier la réalité
corne dorsale sous la forme de phénomène de long-term potentia- de la perception vibratoire en la faisant cesser hors de la vue du
tion (LTP) mais modifie aussi l’expression de propriétés ioniques sujet. La non-perception du diapason est deux fois plus fréquente
de ces neurones avec une surexpression de canaux calciques de qu’avec le monofilament, et signe un risque podologique nette-
type L. Cette surexpression déclenche de véritables décharges ment majoré [16] , mais là encore la réponse est binaire, alors que
prolongées (plateaux) de ces cellules en réponse à des stimuli ce qu’on analyse est une réduction progressive de la sensibilité.
très brefs qui conduisent à l’hyperpathie ou à l’allodynie, favori- Le neuroesthésiomètre (Fig. 2) est un appareil robuste, d’un
sée par des pousses aberrantes de collatérales entre fibres de gros coût abordable. L’examen est rapide, réalisé en 1 minute une
diamètre et neurones relais de la corne dorsale. Ces propriétés fois le patent déchaussé, indolore, reproductible, peu opérateur-
sont hautement régulées par les systèmes glutamatergique et dépendant. L’examinateur applique sur une saillie osseuse à
gabaergique dont l’équilibre peut varier avec la sécrétion de l’hallux un stimulus vibratoire d’intensité croissante, permettant
substances P et de brain-derived neurotrophic factor (BDNF). À de déterminer le seuil de perception vibratoire (en V). Le seuil
terme et devant la répétition des décharges il peut se produire de pour identifier un sujet diabétique avec une vitesse de conduction

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Figure 3. Score DN4.

nerveuse anormale se situe à 10,5 V [17] , mais il ne teste qu’une longitudinal montre une élévation inéluctable d’environ +1 V par
modalité sensitive dépendante des fibres nerveuses de gros calibre an [21] .
et le seuil de perception vibratoire peut rester normal alors que
les réflexes achilléens sont abolis [18] et la sensibilité thermique
déjà détériorée [19] . Il n’est donc pas aujourd’hui recommandé de Douleurs neurogènes
porter le diagnostic de neuropathie sur une simple neuroesthésio- Les sensations de brûlures des pieds, surtout la nuit, aggravées
métrie. La quantification du défaut de sensibilité est cependant par le contact des draps, sont classiques, avec aussi les picotements
d’une grande valeur pronostique : le risque de présenter une plaie et fourmillements, l’engourdissement, les décharges électriques,
est multiplié par sept chez les sujets dépassant le seuil de 25 V par tous mentionnés dans le score de douleur neuropathique (DN)-4
rapport aux seuils inférieurs à 15 V [20] . Au-delà de 25 V, le suivi (Fig. 3) qui permet de consolider leur origine neuropathique [22] :

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La confirmation objective du diagnostic est superflue en cli-


nique courante ; dans des formes typiques : l’examen électrique
n’a pas de place dans l’évaluation et la prise en charge d’un
patient porteur d’une grande neuropathie compliquée de maux
perforants où d’autres enjeux sont prioritaires : évaluation arté-
rielle et de l’infection, décharge et soins locaux, recherche d’autres
complications. Elle est utile dans des cas particuliers et pour les
études cliniques, permettant notamment la définition de neuro-
pathies « subcliniques », avec des anomalies objectives mais sans
signe clinique.

Diagnostic précoce
L’irréversibilité de la neuropathie diabétique établie explique
que l’on s’intéresse à ces formes subcliniques ou très débutantes,
en espérant que des mesures spécifiques permettent de stopper
ou au moins ralentir leur évolution : on sait déjà le faire pour la
rétinopathie ou la néphropathie, où des interventions spécifiques
A B sont efficaces si on les applique avant l’apparition des signes. Cette
démarche ne relève pas aujourd’hui de la pratique courante, mais
Figure 4. Nouveaux instruments pour objectiver la neuropathie. elle se développe, avec notamment :
A. Électromyographe de poche : diabetic peripheral neuropathy [DPN]- • l’utilisation d’un électromyographe « de poche » (diabetic
check. peripheral neuropathy [DPN]-check, Fig. 4A), pour mesurer en
B. Sudorimètre. quelques minutes des vitesses de conduction nerveuse et des
amplitudes de potentiel des nerfs suraux [26] , avec cependant
moins de fiabilité que lors d’un examen électroneuromyogra-
à partir de quatre réponses positives, les douleurs sont considérées
phique conventionnel ;
comme neurogènes, et leur intensité peut être appréciée par une
• le questionnaire de dépistage du Michigan Neuropathy Scree-
échelle visuelle analogique.
ning Instrument (MNSI) (dont nous montrons la traduction
dans la Fig. 5), qui différencie des signes subjectifs sur la pre-
Signes associés : moteurs, végétatifs, réflexes mière page d’autoquestionnaire, et objectifs sur la deuxième
page, complétée en quelques minutes d’examen [27] .
L’atteinte motrice n’est pas facile à mettre en évidence car
elle est aussi symétrique, et au second plan, tardive sauf en cas
de compression mécanique surajoutée. La diminution de force Diagnostics différentiels
musculaire au niveau des membres inférieurs [23] , le ralentisse-
ment de la marche [24] , ont pourtant été démontrés, mais ne
Douleurs non neurogènes
sont pas détectés en clinique courante. En revanche, au niveau Elles ont des facteurs de déclenchement évocateurs, notamment
des muscles intrinsèques des pieds, l’amyotrophie de dénerva- la marche. On pense à des origines :
tion entraîne des déformations évocatrices : orteils en marteau, • médicamenteuses, avec les douleurs musculaires sous statines.
en griffe, désaxation des articulations métatarsophalangiennes, Les patients traités par statines ont un risque légèrement accru
sources d’hyperpressions localisées : callosités, zones érythéma- de diabète, mais un risque réduit de neuropathie diabétique [28] .
teuses (frottement), voire hématomes. Ces zones sont celles où Certaines douleurs cèdent à l’arrêt des statines, mais l’intérêt de
apparaîtront les plaies, et les déformations sont accessibles aux ces médicaments en prévention cardiovasculaire est reconnu ;
soins de podologie. • ostéoarticulaires. Les douleurs des avant-pieds à l’appui, repro-
La sécheresse cutanée est liée à l’atteinte végétative sudoripare, ductibles à la pression des têtes métatarsiennes, sont des
mesurable par sudorimétrie [25] . Elle est souvent évidente, avec une métatarsalgies. Le podologue peut les soulager en corrigeant
hyperkératose et des fissures que des soins d’hygiène améliorent. l’hyperpression causale grâce à des orthèses plantaires adaptées ;
L’abolition des réflexes ostéotendineux achilléens, plus tardi- • artérielles. La claudication artérielle typique à la marche est
vement des rotuliens, est classique, ce signe est important car moins attendue chez les diabétiques du fait de la neuropa-
il est objectif, mais il est inconstant. On note que la constata- thie, et au stade plus avancé des douleurs de décubitus on
tion de réflexes vifs doit faire envisager d’autres diagnostics que la trouve d’autres arguments cliniques pour une artériopathie.
neuropathie diabétique (syndrome pyramidal d’une compression L’évaluation clinique, avec au moins la palpation des pouls
médullaire, etc.), raison supplémentaire de les vérifier. périphériques, doit être systématique. Attention à ne pas attri-
buer toute douleur à une origine artérielle : cela débouche sur
une démarche qui est inefficace (examen Doppler, prescription
Critères diagnostiques d’aspirine), voire délétère si le diagnostic de la neuropathie reste
La polyneuropathie est considérée comme : ignoré (encouragement de la marche sans précaution).
• possible, en présence de signes fonctionnels (perte de sensibilité
alléguée, douleurs) ou de signes physiques (perte de sensibilité Neuropathies non diabétiques
constatée, ou réflexes ostéotendineux altérés) ; Elles sont possibles chez un diabétique, leur fréquence varie
• probable, lorsqu’il y a à la fois des signes fonctionnels et phy- selon les études [29] , de 10 [30] à 55 % [31] : alcool, insuffisance
siques ; rénale, carences vitaminiques, gammapathies monoclonales,
• confirmée, lorsqu’une mesure objective est associée à un signe causes médicamenteuses. Leur recherche est attentive en cas
clinique. La plus classique est une réduction des potentiels de présentation atypique (asymétrique, ou des membres supé-
sensitifs de façon longueur-dépendante (suraux et fibulaires rieurs), ou en l’absence d’autre complication microangiopathique.
superficiels alors qu’ils peuvent être normaux aux membres Chez les patients porteurs de neuropathie, la présence d’une
supérieurs) à l’électromyogramme (EMG), mais celui-ci peut rétinopathie est habituelle [32] mais elle n’est pas systématique
rester normal lors d’une neuropathie douloureuse des petites car des neuropathies sont détectables dès le stade d’intolérance
fibres. Une confirmation peut dans ces cas être obtenue au glucose, qui n’expose pas à la rétinopathie [33] . Parmi les
par d’autres mesures objectives : analyse de la densité des causes médicamenteuses on signale les carences en vitamine B12
fibres nerveuses épidermiques sur biopsie cutanée, microscopie qui affectent 10 % des patients traités par metformine [34] , et
confocale cornéenne, sudorimétrie avec le Sudoscan® (Fig. 4). sont associées à des neuropathies diabétiques plus sévères. Elles

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A
Figure 5.
A, B. Dépistage de la neuropathie par le Michigan Neuropathy Screening Instrument (MNSI). Le test est positif à partir de sept réponses anormales à
l’autoquestionnaire, et de 2,5 points à l’examen clinique.

ont conduit l’American Diabetes Association à recommander un tableau débute par une douleur aiguë et brutale associée d’emblée
dosage annuel de vitamine B12 sérique sous metformine, antidia- à des paresthésies, et une allodynie mécanique. Ensuite survient
bétique oral de première intention [35] . un déficit proximal asymétrique touchant la flexion de la cuisse
sur le bassin (psoas, adducteurs de hanche), puis l’extension avec
une progression vers les muscles plus distaux (steppage). Parfois
 Neuropathies diabétiques focales elle peut se bilatéraliser en quelques semaines à quelques mois.
L’atteinte motrice est souvent sévère avec dans plus de 90 % des
Mononeuropathies cas la nécessité de recourir à une aide à la marche. Il est fréquent
(50 %) qu’il s’y associe des troubles végétatifs avec hypotension
Ces neuropathies focales résultent de la lésion tronculaire d’un orthostatique, troubles érectiles ou vésicaux.
nerf le plus souvent d’origine ischémique d’où le caractère brutal Le diagnostic, bien qu’essentiellement clinique, nécessite un
de la séméiologie. minimum d’investigation par un ENMG (qui a également une
valeur pronostique). Une imagerie du plexus est recomman-
Neuropathies des paires crâniennes dée pour éliminer d’autres étiologies (infiltration néoplasique ou
Les nerfs les plus atteints sont les nerfs oculomoteurs III et VI, et compression intrinsèque). La ponction lombaire est utile pour ne
le nerf facial. Ces patients présentent typiquement une diplopie pas méconnaître une atteinte infectieuse ou carcinomateuse.
d’apparition brutale souvent précédée d’une douleur transitoire L’évolution est en général favorable avec une récupération
notamment dans les paralysies du nerf oculomoteur III et sont complète en 9 à 12 mois même si dans 10 % des cas environ il per-
souvent incomplètes. L’innervation pupillaire est intacte ce qui siste des séquelles motrices importantes. Les atteintes proximales
est utile pour distinguer l’origine diabétique d’une autre origine. récupèrent mieux que les distales et un steppage est la séquelle la
Leur pronostic est en général favorable en quelques mois. plus fréquente.

Autres mononeuropathies
Neuropathies induites par le traitement [36]
La plus fréquente est l’atteinte du nerf médian au canal carpien,
mais les neuropathies compressives dans un défilé anatomique En cas de correction trop rapide de l’hyperglycémie, les dia-
sont plus fréquentes chez les diabétiques du fait d’une fragilité bétiques de type 1 ou 2 peuvent développer une neuropathie
préexistante du nerf avec des phénomènes d’œdème focaux favo- douloureuse. Une réduction de plus de 2 % de l’hémoglobine gly-
risants. Les nerfs les plus touchés en dehors du médian sont cosylée en 3 mois représente un facteur de risque de survenue
l’ulnaire au coude (34 %) ou dans le canal de Guyon (11 %) aux de cette neuropathie. Le risque est associé à l’importance de la
membres inférieurs le fibulaire superficiel au col fibulaire ainsi que correction : 2 à 4 % pour une correction entre −2 et −3 % de
le tibial postérieur dans le canal Tarsien, plus rares (5–12 % des l’hémoglobine glyquée (HBA1c), 5 à 10 % pour correction entre
patients). Les névralgies thoracoabdominales donnent des dou- −3 et −4 % de l’HBA1c et 20 % pour une correction supérieure. Ces
leurs en hémiceinture et parfois une protrusion focale de la paroi douleurs neuropathiques sont intenses et peuvent durer plusieurs
abdominale. mois.
Des mononeuropathies en dehors de défilés anatomiques sont
possibles avec parfois des tableaux peu symptomatiques décou-
verts à l’électroneuromyogramme (ENMG) donnant un tableau  Neuropathie dysautonomique
asymétrique de mononeuropathie multiple (multinévrite) qu’il
faut savoir distinguer des vascularites auto-immunes. L’atteinte du système nerveux autonome est fréquente chez
le diabétique avec des manifestations cliniques variées, parfois
Neuropathies proximales ignorées ou non signalées (la prévalence entre 15–35 % est en
conséquence probablement sous-estimée). L’atteinte dysautono-
Elles recouvrent des entités variées : syndrome de Bruns- mique est un facteur de risque indépendant de mortalité. Les
Garland, radiculoplexopathie lombosacrée diabétique, amyotro- atteintes les plus fréquentes touchent le système cardiovasculaire,
phie proximale diabétique. La plus commune touche les racines gastro-intestinal, urogénital et sudorimoteur [37] :
des membres inférieurs, au plexus jusqu’au tronc sciatique. • la dysautonomie cardiovasculaire se manifeste surtout par une
Elle se présente souvent dans un contexte d’altération de l’état intolérance à l’effort (fatigue, dyspnée et malaises à l’effort),
général avec perte de poids, le plus souvent, chez des diabé- une hypotension orthostatique et/ou hypertension nocturne,
tiques souvent de type 2, pas forcément ancien ou déséquilibré. Le et une tachycardie de repos. Le diagnostic se fait par la recherche

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Neuropathies diabétiques  10-366-L-10

B
Figure 5. (suite)
A, B. Dépistage de la neuropathie par le Michigan Neuropathy Screening Instrument (MNSI). Le test est positif à partir de sept réponses anormales à
l’autoquestionnaire, et de 2,5 points à l’examen clinique.

d’une diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque • la dysautonomie urogénitale entraîne une dysurie (rétention
(intervalle R-R) après respiration profonde, après manœuvre de ou incontinence) et ses complications infectieuses associées
Valsalva ou orthostatisme actif ; (cystite, pyélonéphrite) doivent faire rechercher un résidu post-
• les atteintes gastro-intestinales se manifestent par une gastro- mictionnel avec au mieux une exploration urodynamique. La
parésie (sensation de ballonnement, nausées ou vomissements dysfonction érectile (présente entre 10 et 20 % des hommes
post prandiaux, liés à une mauvaise vidange gastrique) des diabétiques) doit faire éliminer des causes endocrinienne ou
troubles du transit avec diarrhées ou constipation. Si une vasculaire avant d’être traitée de façon symptomatique par les
endoscopie est souvent nécessaire pour éliminer une autre inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 (PD5) ;
cause obstructive, on peut réaliser une scintigraphie de • enfin les troubles de la sudation sont fréquents et se manifestent
vidange gastrique au technétium-99 sur une période de 2 ou par une peau sèche, avec anhidrose et intolérance à la chaleur.
3 heures. D’autres tests spécialisés existent (test respiratoire à Ils peuvent être mis en évidence par des tests sudorimoteurs
l’acide octanoïque marqué au C13) mais la simple persistance quantitatifs, le quantitative sudomotor axon reflex testing (QSART),
d’un produit radio-opaque 6 heures après ingestion signe la tests qui sont le plus souvent réservés à des centres spécialisés
gastroparésie ; et ne sont pas, à ce jour, recommandés en routine.

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 Faut-il adresser un diabétique son effet neuroprotecteur n’est pas démontré. Le seuil de percep-
tion vibratoire n’a pas été amélioré dans le bras intensif de l’essai
avec une neuropathie Steno-2, qui a testé une approche multifactorielle : contrôles
glycémique, de la pression artérielle et de la dyslipidémie chez
au neurologue ? des sujets DT2 microalbuminuriques [48] . Ce résultat décevant
contraste avec l’amélioration remarquable obtenue dans cet essai
Compte tenu de la fréquence de la neuropathie classique pour le risque vasculaire, la mortalité, et la neuropathie autonome.
sensitive longueur-dépendante avec un tableau clinique très sté- On note cependant que des paramètres neurologiques ont été
réotypé, il est inutile de réaliser des explorations neurologiques améliorés lors d’essais thérapeutiques concernant les statines [49] ,
complexes (ENMG ou tout autre bilan neurologique) dans ces les fibrates [50] , les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) [51] ,
situations. Il existe toutefois des cas où un avis spécialisé neu- et les inhibiteurs calciques [52] . On signale particulièrement la
rologique est nécessaire : réduction du nombre d’amputations mineures chez les patients
• les neuropathies asymétriques : mononeuropathies, mononeu- traités par fénofibrate dans l’essai Fenofibrate Intervention and
ropathies multiples et neuropathies proximales ; Event Lowering in Diabetes (FIELD). La modification thérapeu-
• les syndromes de compression sur les défilés anatomiques (dont tique du mode de vie paraît aussi active lorsqu’elle est appliquée
le canal carpien et l’ulnaire au coude) justifient un ENMG si une chez des sujets pré-diabétiques [53] , avant que la neuropathie ne
intervention de décompression est envisagée ; soit établie [54] .
• les neuropathies inhabituellement évolutives, en particulier s’il
existe une atteinte motrice marquée, à la recherche d’une autre
cause ; Éducation thérapeutique et soins
• les neuropathies avec une ataxie marquée, qui débutent ou
prédominent aux membres supérieurs, à la recherche d’une de podologie
neuropathie démyélinisante chronique. Lorsque l’insensibilité de la neuropathie est établie, prévenir les
lésions des pieds et les amputations devient la priorité.
L’éducation thérapeutique n’est pas une simple information
 Pronostic et traitement délivrable par un prospectus dans une salle d’attente, elle vise à ce
que les patients prennent conscience de leur handicap sensoriel,
Les possibilités thérapeutiques sont riches, mais elles ont des ce qui est difficile car ils tendent à le négliger ou l’oublier. Elle
limites. On peut les articuler en trois axes : n’est pertinente que si ce défaut existe, sa mise en évidence est la
• le contrôle glycémique, qui a fait ses preuves dans la prévention base du diagnostic éducatif. Bien que chronophage, elle doit être
de la neuropathie, surtout au cours du DT1 ; répétée [55] . Les résultats des essais randomisés qui ont testé des
• l’éducation thérapeutique et les soins de podologie, séances éducatives chez des patients à haut risque sont variables,
irremplaçables pour la prévention des lésions des pieds un essai a obtenu une réduction des deux tiers des récurrences de
en cas de neuropathie établie ; plaies et amputations [56] , un autre a échoué [57] . L’efficacité n’est
• le traitement des douleurs. donc pas démontrée au sens de l’evidence-based medicine [58] , alors
qu’elle est évidente pour le clinicien qui voit des patients « édu-
qués » le consulter précocement pour de petites lésions indolores,
Contrôle glycémique [38] dont le pronostic est clairement meilleur.
Au cours du DT1, l’essai Diabetes Control and Complications Les soins de podologie sont l’abrasion de l’hyperkératose et la
Trial (DCCT) a montré une réduction franche (−54 %) du risque confection d’orthèses plantaires pour réduire l’hyperpression, les
de neuropathie après 5 années dans le groupe « intensif »¨ [39] , avec soins d’ongles et de petites lésions, l’adaptation du chaussage. Ils
des vitesses de conduction nerveuse améliorées. D’autres études réduisent le nombre des récurrences [59] , ou au moins leur gravité
ont aussi rapporté une discrète amélioration des seuils de per- et le nombre d’hospitalisations. L’assurance-maladie rembourse
ception vibratoires [38] , mais les hypoglycémies sévères limitent des séances en fonction de la graduation du risque : tous les 3
l’intensification du contrôle glycémique. mois au grade 2 (neuropathie + déformation ou artérite), tous les
Bien que quantitativement proche (−42 %), la réduction du 2 mois au grade 3 (prévention secondaire).
risque de neuropathie n’est globalement pas significative (p = 0,06) Dans la pratique, les lésions graves des pieds (maux perforants
dans les essais concernant le contrôle glycémique au cours du avec ostéoarthrites, ostéoarthropathies neurogènes très défor-
DT2 [38] . Dans l’essai Kumamoto, les patients atteints de DT2 du mantes) correspondent aux cas où cette prévention n’a pas été
groupe conventionnel ont vu leur seuil de perception vibratoire réalisée, débouchant sur un retard de décharge. Chez les patients
augmenter de 22 à 37 V en 6 ans, alors que la valeur du groupe diabétiques, le nombre d’amputations diminue au cours des der-
dont la glycémie était contrôlée intensivement est passée de 21 à nières décennies, de façon variable selon les pays et leurs systèmes
24 V [40] . de santé [60] .
Outre les hypoglycémies, un contrôle glycémique trop ambi-
tieux peut exposer à une surmortalité au cours du DT2, justifiant
que l’objectif glycémique soit personnalisé [41] . Les traitements
Traitement des douleurs
proposés dès le début de la maladie : modification énergique Une fois que l’origine neurogène des douleurs a été affirmée
du mode de vie comme dans l’essai Look-AHEAD [42] , médica- (score DN4 ≥ 4), il faut évaluer leur intensité, avec une échelle
tions insulinosensibilisatrices dans l’essai BARI 2D [43] , ont permis visuelle analogique qui permet d’évaluer l’effet du traitement spé-
d’améliorer le MNSI, alors qu’ils n’exposent pas aux hypoglycé- cifique. Celui-ci ne les fait pas disparaître mais les réduit au mieux
mies. de 50 %, souvent plutôt de 30 %. Le contrôle glycémique est un
Le contrôle glycémique est associé à une réduction du risque préalable toujours utile, mais aucun essai randomisé ne l’a vérifié
d’amputation, démontrée dans les essais qui ont enrôlé des dia- et on ne peut pas s’y limiter.
bétiques de type 2 [44] , et suggérée par les études observationnelles Les principaux médicaments de la douleur neurogène qui ont
de patients porteurs de plaies des pieds [45] . Il est associé à une fait l’objet de tels essais sont listés dans le Tableau 1 : gabapentine,
réduction du risque d’infections qui compliquent ces plaies, mais prégabaline, duloxétine. Leur efficacité est significative mais par-
il n’est pas démontré qu’il accélère la cicatrisation. Son effet sur les tielle, reflétée par le nombre de sujets à traiter (NTT) pour obtenir
douleurs neurogènes n’est pas évident, en dehors d’observations une amélioration, de l’ordre de 4 [61] . Le choix de la molécule est
privilégiées, comme lors de la mise en place d’une pompe externe orienté par ses effets favorables sur certains symptômes associés :
à insuline [46] . gabapentine sur les troubles du sommeil, prégabaline sur l’anxiété,
Les autres facteurs de risque vasculaires (hypertension arté- duloxétine sur la dépression. D’autres classes médicamenteuses
rielle [HTA], dyslipidémie, tabac, indice de masse corporelle [IMC], peuvent être indiquées :
albuminurie) sont associés au risque de neuropathie [47] , leur • antidépresseurs (amitriptyline, imipramine), efficaces
contrôle fait partie de la prise en charge globale du patient, mais (NTT ∼ 2) mais souvent mal tolérés ;

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Neuropathies diabétiques  10-366-L-10

Tableau 1.
Principaux médicaments de la douleur neurogène.
Nom Posologie initiale Doses maximales Effets utiles associés
Gabapentine 400 mg/j 2400–3000 mg/j Amélioration d’un trouble du sommeil
Prégabaline 25–75 mg/j 600 mg/j Anxiolytique
Duloxétine 30 mg/j 60–120 mg/j Antidépresseur

• antalgiques (tramadol, oxycodone) ; [10] Grote CW, Wright DE. A role for insulin in diabetic neuropathy. Front
• traitements topiques : patchs de capsaïcine. Neurosci 2016;10:581.
La conduite du traitement suit des règles spécifiques. Les [11] Said G, Lacroix C, Lozeron P, Ropert A, Planté V, Adams D. Inflamma-
doses initiales doivent être faibles, sinon le risque d’intolérance tory vasculopathy in multifocal diabetic neuropathy. Brain 2003;126(Pt
(malaise, somnolence, etc.) est majeur, obligeant à l’arrêt du trai- 2):376–85.
tement. Ensuite il faut titrer progressivement la dose initiale (×2 [12] Baron R, Binder A, Wasner G. Neuropathic pain: diagnosis,
après 3 jours, puis ×3 après 3 jours, etc.) jusqu’à la dose maximale pathophysiological mechanisms, and treatment. Lancet Neurol
tolérée. L’amélioration peut n’apparaître que lorsqu’un de ces 2010;9(8):807–19.
[13] Finnerup NB, Kuner R, Jensen TS. Neuropathic pain: from mecha-
seuils est franchi. Sa manifestation peut être indirecte, avec le refus
nisms to treatment. Physiol Rev 2021;101(1):259–301.
par le patient d’interrompre un traitement dont l’efficacité ne le [14] Tesfaye S, Boulton AJ, Dyck PJ, Freeman R, Horowitz M, Kempler
satisfait pourtant pas pleinement. Les associations utilisant des P, et al. Diabetic neuropathies: update on definitions, diagnos-
médicaments de classes différentes sont possibles, l’association tic criteria, estimation of severity, and treatments. Diabetes Care
prégabaline-duloxétine a été testée par un essai randomisé : 2010;33(10):2285–93.
Combination vs Monotherapy of Pregabalin and Duloxetine in [15] Pham H, Armstrong DG, Harvey C, Harkless LB, Giurini JM, Veves
Diabetic Neuropathy (COMBO-DN) [62] . A. Screening techniques to identify people at high risk for diabe-
tic foot ulceration: a prospective multicenter trial. Diabetes Care
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 Conclusion [16] Gin H, Rigalleau V, Baillet L, Rabemanantsoa C. Comparison between
monofilament, tuning fork and vibration perception tests for screening
Fréquente mais facilement ignorée, la neuropathie diabétique patients at risk of foot complication. Diabetes Metab 2002;28(6 Pt
1):457–61.
se manifeste le plus souvent par une perte de sensibilité et/ou des
[17] Hou Y, Liu S, Zhu T, Zhang H, Liu G, Zhu Y, et al. Vibration percep-
douleurs neurogènes, mais elle peut aussi être la cause de manifes- tion threshold in diagnosing diabetic peripheral neuropathy by receiver
tations focales et végétatives handicapantes. Sa prévention repose operating characteristic curve. Zhong Nan Da Xue Xue Bao Yi Xue Ban
sur le contrôle glycémique et des facteurs de risque cardiovascu- 2012;37(9):951–6.
laires. Le diagnostic précoce est obtenu par l’examen clinique, et [18] Kästenbauer T, Sauseng S, Brath H, Abrahamian H, Irsigler K.
la consultation d’un neurologue est utile pour les présentations The value of the Rydel-Seiffer tuning fork as a predictor of diabe-
atypiques. Il débouche sur des mesures palliatives : prévention tic polyneuropathy compared with a neurothesiometer. Diabet Med
des plaies par l’éducation thérapeutique et le suivi podologique, 2004;21(6):563–7.
traitement des douleurs neurogènes. [19] Malik RA, Tesfaye S, Newrick PG, Walker D, Rajbhandari SM, Sid-
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Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs n’ont pas transmis de déclaration [20] Young MJ, Breddy JL, Veves A, Boulton AJ. The prediction of diabetic
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V. Rigalleau (vincent.rigalleau@chu-bordeaux.fr).
Endocrinologie et nutrition, USN, Hôpital Haut-Lévêque, avenue de Magellan, 33600 Pessac, France.
G. Le-Masson.
Neurologie, pathologie neuromusculaire, Hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux, place Amélie-Raba-Léon, 33000 Bordeaux, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Rigalleau V, Le-Masson G. Neuropathies diabétiques. EMC - Endocrinologie-Nutrition 2022;0(0):1-10
[Article 10-366-L-10].

10 EMC - Endocrinologie-Nutrition

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