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CHAPITRE II

La base imposable de l’IS

I) Mécanismes du passage du résultat comptable au résultat fiscal

1- Principe et étapes du passage du résultat comptable au résultat fiscal

Le résultat fiscal constitue la base imposable de l’IS. Il est établi à partir du résultat
comptable auquel on applique certaines règles fiscales qui sont, théoriquement,
indépendantes des règles comptables. Il en résulte que le résultat comptable et le résultat
fiscal sont différents dans la majorité des cas.

En effet, le résultat fiscal imposable est déterminé, conformément à la réglementation


fiscale, à partir du résultat comptable rectifié par la réintégration de toutes les charges
non admises fiscalement en déduction et la déduction de certains produits exonérés
totalement ou partiellement.

Le passage du résultat comptable au résultat fiscal se déroule en trois étapes :

1. Détermination du résultat comptable ;


2. Détermination des corrections fiscales ;
3. Établissement du tableau extra comptable du passage du résultat comptable au
résultat fiscal.

Analysons donc chacune de ces étapes.

 Etape 1 : Détermination du résultat comptable (RC):

La tenue d’une comptabilité régulière est obligatoire en vue d’établir le compte produit
et charges qui fait dégager le résultat avant impôt (le résultat comptable).

 Etape 2: Détermination des corrections fiscales :

Ces corrections concernent :

Certains produits comptabilisés mais qui ne sont pas imposables soit


totalement soit partiellement. Ces produits non imposables, appelés
aussi les déductions, doivent être déduits du résultat comptable.

1
Exemple de déduction : Dividende reçu d'autres sociétés ;
Certaines charges même supportées par la société ne sont pas acceptés
en totalité ou partiellement en déduction fiscale. On les réintègre au
résultat comptable. C'est ce qu'on appelle des réintégrations ou charges
non déductibles.
 Exemple de réintégration: valeurs des cadeaux publicitaires
offerts par la société mais ne portant ni le nom ni le sigle de la
société;

 Etape 3: Établissement du tableau extra comptable du passage du résultat


comptable au résultat fiscal :

Le résultat fiscal est déterminé ainsi :

Résultat fiscal = Résultat comptable + Réintégrations - Déductions

APPLICATION

Une société anonyme a réalisé au titre de l’exercice 2020 un résultat avant impôt de 600
000 DH. L'analyse des produits et charges comptabilisés, fait ressortir les
renseignements suivants:

 Parmi les charges comptabilisées on note 9000 DH de cadeaux


publicitaires ne portant ni le nom ni le sigle de la société;
 Parmi les produits figurent des revenus financiers perçus par la
société, en sa qualité d’associée d’une autre société, d’un montant
de 75 000 DH.

TAF : Quel est le montant du résultat fiscal de cette société pour l’exercice 2020 ?

2
II) Analyse fiscale des charges

1- Conditions générales de déductibilité fiscale des charges

Pour que les charges soient déductibles fiscalement, il faut qu’elles remplissent
certaines conditions :

1. Etre admises par le CGI.


2. Le rattachement : les charges doivent se rattacher à la gestion de la société et être
exposées dans l’intérêt de l’exploitation. Ne sont pas donc déductibles toutes les
dépenses personnelles engagées par le dirigeant ou par le personnel de la société
3. La réalité : les charges doivent correspondre à une charge effective, et être
appuyées de pièces justificatives probantes ; être justifiées par une facture ou un
document
4. La comptabilisation :Les charges doivent être constatées à la comptabilité.
5. La liaison à l’exercice : Les charges doivent être comptabilisées au cours de
l'exercice au titre duquel elles ont été engagées. Les charges déductibles sont celles
qui affectent le résultat de l’exercice au cours duquel elles ont été engagées quel
que soit la date de paiement.
6. L’incidence: Ne sont pas déductibles par exemples certaines charges liées à
l’acquisition des immobilisations ou au prolongement de la durée de vie de ces
dernières.

Les charges qui ne respectent pas ces règles sont appelés non déductibles et donc
sont reprises extra-comptablement comme réintégrations.

2-Analyse des différentes charges

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2-1) Les achats

a- Les conditions de déduction des achats

 Les achats doivent être comptabilisés pendant l’exercice à partir de leur réception
même si la facture n’a pas été reçue et le prix n’a pas été payé à la fin de l’exercice.

Exercice
La Société « Media » a réalisé en N un bénéfice comptable avant impôt de
310 000 DH. Les produits comptabilisés et non imposables s’élèvent à 55
000 DH. Parmi les dépenses comptabilisées, les éléments suivants sont soumis à votre
appréciation :
1. Marchandises reçues non encore payées à la fin de l’exercice 120 000

2. Avances sur marchandises non encore reçues à la fin de 10 000


l’exercice
3. Achat d’Emballages perdus 15 00
4- Achat d’Emballages récupérables identifiables 25 00

5. Marchandises reçues, factures non parvenues 30 00


6. Importation des matières premières 50 00
7. Droits de douane sur importation des matières premières 20 000

8. Droits de douane sur de matériel de production 40 00

9 Achat d’un micro-ordinateur pour les besoins du bureau 10 00

10 Achat d’un logiciel d’informatique pour le service comptabilité 3800

11 Frais portuaires relatifs à l’importation de marchandise 18 000

TAF :
1- Analyser, sur le plan fiscal, chacune des dépenses présentées dans le tableau
ci-dessus (réponses brièvement et clairement justifiées).
2- Calculer le résultat fiscal de la société « MEDIA » pour l’exercice N ?

2-2) Les frais du personnel

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a) Conditions de déduction

Les rémunérations directes et indirectes sont admises en déduction des résultats dans
la mesure où elles correspondent à un travail effectif, et qu’ellesne soient pas
excessivespar rapport travail rendu.

b) Les composantes des frais du personnel

 La rémunération du personnel :Elle comprend deux éléments : la


rémunération de base (déductible) et les suppléments de rémunération
(exemples : les primes allouées, les indemnités, allocations et remboursements
forfaitaires de frais, l'aide au logement…etc .). Ces suppléments de
rémunération sont déductibles.
 Les charges patronales de sécurité sociale retraite : cotisation patronale de
sécurité sociale, cotisation patronale de retraite, d’assurance maladie…etc.
 Les frais de formation de personnel :cours, stage, bourse d’étude, cours du
soir au Maroc, cours à l’étranger…etc ;
 Les tenues de travail…etc.

Remarque1 : Les rémunérations allouées aux dirigeants des sociétés soumises à l’IS sont
déductibles du résultat fiscal à condition qu’elles n'excèdent pas la rétribution normale
des fonctions exercées par les intéressés.

Remarque 2 : Les sommes versées, avant l’impôt sur les sociétés, et correspondant à
une « Participation aux bénéfices de la société », 2 cas peuvent se présenter :

Les sommes distribuées au personnel dirigeant (donc non salarié) ne sont pas
déductibles car elles ne sont pas considérées comme charges;
Les sommes distribuées à un salarié sont déductibles car elles sont considérées
comme charges salariales(En effet, il s’agit d’un complément de salaire imposable
en matière d’IR).

Exercice

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Vous êtes assistant comptable d’une société soumise à l’IS. Il vous est demandé d’étudier
différentes dépenses (montants en DH) qui sont susceptibles d’entraîner des réintégrations
pour pouvoir déterminer le résultat fiscal de cette société :
Nature et montants (en DH) des charges
1- Salaire de gérant unique d ’une SARL : 120 000
2- Salaire du fils du directeur (stage de 2 mois) : 6000
3- Salaire de l’épouse du directeur qui se présente rarement dans la société : 80 000
4- Salaire d’un agent de sécurité non déclaré : 24 000
5- Frais du stage à l’étranger des cadres de l’Entreprise : 150 000
6- Cotisations patronales à la CNSS : 35 000

TAF : Quel est le sort fiscal des charges ci-dessus ? (réponses brèves et claires)

2-3) Les impôts et les taxes :


Tous les impôts et les taxes sont déductibles sauf exception :

a-Impôts déductibles et Impôts non déductibles

 Impôts déductibles (liste non exhaustive !)


 Taxe professionnelle ;
 Taxe d’habitation ;
 Taxe des services communaux ;
 Taxe de voirie ;
 Vignettes automobiles ;
 Droits de timbres ;
 Droits de douanes : sauf s’il s’agit DD/immobilisation ;
 Droits d’enregistrement si comptabilisés parmi les charges.

Remarque :
Les droits de douane relatifs à l’importation d’une immobilisation sont à ajouter
au coût d’acquisition de ladite immobilisation. Donc ces droits ne sont pas
déductibles.

 Impôts non déductibles


 Impôt sur les sociétés.

Complément :

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 Les amendes, pénalités et majorations fiscales : Ne sont
pas déductibles
 Amendes pénales : Déductibles du résultat fiscal de l'exercice
au cours duquel le jugement définitif est intervenu.
 Ne sont pas déductibles : Les amendes, pénalités et
majorations mises à la charge des sociétés pour infractions à
:
La législation du travail
La réglementation de la circulation
Le contrôle des changes ou des prix
Code de de commerce SAUF
MAJORATIONS ET PENALITES
CONTRACTUELLES POUR
CAUSES DE RETARD DE
PAIEMENT

Exercice
Quel traitement fiscal doivent subir les dépenses suivantes ?

1) Taxes sur les véhicules automobiles dont 3 000 DH relatifs à la vignette de voiture
de l’épouse du directeur : 38 000 DH
2) 4ème acompte d’IS de la société : 40 000 DH
3) TVA du 3ème trimestre : 4 500 DH
4) Droits d’enregistrements relatifs à l’acquisition d’un nouveau dépôt : 25 500 DH
5) Taxe des services communaux : 380 DH
6) Majoration pour dépassement du délai de paiement de la taxe professionnelle :
850 DH
7) Pénalité relative au non-respect de la réglementation des prix : 700 DH
8) Contravention pour dépassement de 38% en charge autorisée d’un camion de la
société transportant des marchandises à un client : 1000 DH

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2-4)Les autres charges :

Cette catégorie englobe un ensemble hétérogène de frais généraux qu’il convient d’étudier
et d’analyser fiscalement :

2-4-1) Analyse fiscale

a- Transports et déplacements

Les frais du transport et déplacement sont déductibles du résultat imposable. Il s’agit :

 Des frais de transport de matière et produits marchandises que l’entreprise


n’assure pas par ses propres moyens.
 Des frais de déplacement et de représentation dans la mesure où elles
correspondent effectivement à des dépenses professionnelles et sont
assortis de justification suffisante.

b- Les loyers
Les loyers des locaux professionnels, des terrains, du matériel et des locaux affectés au
logement du personnel de la société constituent des charges déductibles.
A noter que les loyers versés d’avance au bailleur à titre de garantie, sont inscrits au
compte « 3491 : charges constatées d’avance » et ne constituent pas de ce fait des
charges déductibles.

c- Redevances crédit-bail

 Le crédit-bailest un engagement contractuel de la part d'un locataire à payer à un


bailleur des redevances périodiques en contrepartie du droit à utiliser un actif lui
appartenant.
 Les biens objet de leasing ne doivent pas figurer à l’activité du bilan pendant la
période de location.
 Les redevances crédit-bail sont assimilées à des loyers déductibles. Si le bien
est acquis par l’utilisateur à l’expiration du contrat, il est porté en
Immobilisation pour sa valeur de rachat appelé Indemnité de rachat.

d- Les frais d’entretien et de réparation

 Ces frais sont déductibles s’ils sont destinés à maintenir (entretien) et remettre
en l’état normal(réparation) l’utilisation des immobilisations de l’entreprise;
 Ils ne seront pas déductibles s’ils augmentent la valeur de l’immobilisation.

e-Rémunération d’intermédiaire et honoraires


Il s'agit notamment :
 de commissions versées à des intermédiaires non-salariés en vue de l'obtention
d'un marché (marché public, marché à l'exportation ou autres) ;
 d'honoraires versés à des cabinets de conseil en matières comptable, juridique
ou fiscale, en organisation, en gestion, audits divers, etc ;

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 de frais d'actes et de contentieux relatifs à des acquisitions d'immobilisations ou
à la constitution de la société, ainsi que les frais d'hypothèques.

Ces charges sont déductibles du résultat fiscal de l’exercice concerné lorsqu’elles sont
engagées pour les besoins de l’activité.

f-Primes d’assurance

 Cas de l’assurance non vie

Il y’a lieu de comprendre parmi des charges déductibles dans l’exercice, les primes
d’assurance payées en vue de garantir les risques courus par le personnel de l’entreprise
et par ses divers éléments d’actif (incendie, responsabilité civile)

 Cas particulier de l’assurances-vie

Les primes d’assurance sur la vie ne sont déductibles que si elles sont contractées au
profit du personnel et non au profit de la société. Dans ce dernier cas, les primes
d’assurance vie sont assimilées à des placements de fond (actif et non des charges).

g-Les cadeaux publicitaires

Les cadeaux publicitaires distribués gratuitement sont déductibles sous certaines


conditions :

 Leur valeur unitaire maximale de cent (100) dirhams ;


 Ils doivent porter soit la raison sociale, soit le nom ou le sigle de la société…

Si l’une de ces conditions n’est pas respectée, la valeur totale des cadeaux est à
réintégrer.

h-Frais postaux et frais de télécommunications :

Sont déductibles comme charges courantes, les frais engagés pour l'achat de timbres
postaux ainsi que les frais se rapportant aux recommandés, téléphone, Internet et colis
postaux…Etc.

i- Les dons :

Le CGI a prévu trois catégories de dons : les dons déductibles sans aucune limitation,
les dons déductibles, mais avec limitation et les dons non déductibles.

Examinons le sort fiscal de chaque catégorie de don :

9
 Les dons déductibles sans limitation

Il s’agit des dons en argent ou en nature octroyés aux organismes suivants 1 :

Habous publics
Entraide nationale
Associations reconnues d’utilité publique
Etablissements publics qui dispensent des soins de santé (hôpitaux,
dispensaire) ou qui assurent des actions culturelles, cd’enseignement
ou de recherche
Comité olympique marocain
Fédérations sportives
…Etc.

 Les dons déductibles à concurrence de 2 pour mille du CAHT

Il s’agit des dons octroyés aux œuvres sociales des entreprises publiques ou privées.

 Les dons non déductibles

Tous les autres dons (non cités ci-dessus) sont non déductibles.

j- Les jetons de présence et tantièmes :

 Les jetons de présence

Ils sont des sommes allouées aux membres de conseil d’administration (et de conseil du
surveillance) par l’assemblé générale (ordinaire) sont assimilés fiscalement aux salaires
(donc déductibles).

 Les tantièmes spéciaux

Ils sont versés aux membres du conseil d’administration pour des missions accomplies
dans l’intérêt de la société. Ils sont fiscalement déductibles.

EXERCICE

Précisez le sort fiscal des charges suivantes relatives à l’exercice N d’une société de
textile installée à Fès. Justifiez brièvement vos éléments de réponse ?
1. Dons en argent de 60 000 DH versés comme suit :
30 000 DH à la fondation Mohammed V pour la solidarité ;
10 000 DH pour une association culturelle de la ville de Fès ;

1
Voir annexe 1 pour la suite de ces organismes.
10
20 000 DH à l’Ecole Supérieure de Technologie de Fès ;
2. Frais de restauration et d’hébergement d’un consultant qui a réalisé une mission de
5 jours de consulting informatique à la société : 10 000 DH ;
3. Loyer d’un atelier situé à la zone industrielle : 5000 DH ;
4. Honoraire d’un commissaire aux comptes : 3000 DH ;
5. Frais de connexion internet : 2 400 DH ;
6. Le loyer d’un nouveau point de vente de la société, versé d’avance à titre de garantie :
10 000 DH ;
7. Impôt sur le Revenu des salariés de la société : 22 000 DH ;
8. Cotisations salariales à la CNSS : 45 000 DH ;
9. Charges relatives à un contrat de crédit bail (Machine): 7 000 DH ;
10. Indemnité de rachat du matériel ayant fait l’objet de leasing : 28 000 DH ;
11. Rénovation d’une machine de confection automatique programmable : 7 000 DH ;
12. Réparation d’une machine de repassage : 500 DH ;
13. Prime d’assurance d’accident de travail couvre la période du 1er juillet 2016 au 30
juin 2017.
14. Prime d’assurance vie contractée au profit de la société au nom du dirigeant
principal : 12 000 DH ;
15. Frais de réception d’un client étranger : 15 000 DH ;
16. Cadeaux pour les clients :
Cinquante tee-shirts blancs unis : valeur unitaire : 90 DH ;
Vingt Agendas portant le sigle de la société. Valeur unitaire 120 DH ;

2-5) Les charges financières


2-5-1) La déductibilité des charges financières

a- Intérêts des emprunts : Les intérêts des emprunts sont déductibles à condition que
la dette soit contractée pour les besoins de la société et s’ils sont payés aux
organismes financiers.
b- Escomptes accordées aux clients : déductibles.
c- Pertes des changes : Lorsqu'un règlement se traduit pour la société par une
augmentation de la dette ou une diminution de la créance par rapport aux montants
comptabilisés, pour cause de fluctuation monétaire, l'opération entraîne la
constatation d'une perte de change déductible.
d- Intérêts des comptes courants créditeurs :Les intérêts relatifs aux sommes
avancées par les associés à la société pour les besoins de l'exploitation ne sont
déductibles qu’à 3 conditions :

11
 Le capital social soit entièrement libéré ;
 Tout le montant total des sommes portant intérêts déductibles ne peut excéder le
montant du capital social : En effet, les sommes prêtées par les associés à la société,
et portant intérêts déductibles ne peuvent excéder le montant du capital social ;
 Le taux des intérêts déductibles ne peut être supérieur à un taux fixé annuellement,
par arrêté du Ministre chargé des finances.

EXERCICE
Une société donnée a un capital social de 1000 000 DH intégralement libéré en
2018. Les intérêts servis aux associés et relatif au compte courant s’élèvent à
144 000 DH. Ces intérêts rémunèrent une avance en c/c de 1 200 000 DH.
Informations complémentaires :

- Taux pratiqué (servi) 12 %.


- Taux réglementaire 6 %.
TAF :Calculer le montant des intérêts non déductibles ?

2-6) Amortissements et Provisions


2-6-1) Les amortissements

a) Les dotations aux amortissements des immobilisations en non valeurs :


Les immobilisations en non valeurs (exemple : les frais de constitution) doivent être
amortis à taux constant, 5 ans à partir du premier exercice de leur constatation en
comptabilité. Pour l’amortissement de ces immobilisations, il ne faut pas pratiquer de
prorata la 1ère année.

Application
Le 20 septembre 2020, une société a acheté un terrain pour un montant de 1.000.000
DH. Les droits d’enregistrement (immobilisés) s’élèvent à 60.000 DH.

TAF: Quel est le montant des annuités de l’amortissement des droits


d’enregistrement de cette immobilisation, déductibles pour chacune des années
concernées par cet amortissement ?

Solution:
12
Dotations d’amortissement à appliquer en 2020 = 12 000 DH
Ultérieurement
Année 2021 = 12.000 DH
Année 2022 = 12.000 DH
Année 2023 = 12.000 DH
Année 2024 = 12.000 DH

b) Les dotations aux amortissements des immobilisations corporelles:

Ces dotations concernent les immobilisations corporelles qui se déprécient par le temps
ou par l'usage :

 Point de départ de calcul des amortissements


Les dotations aux amortissements sont déductibles à partir du premier jour du mois
d'acquisition des biens. Toutefois, lorsqu'il s'agit de biens meubles qui ne sont pas
utilisés immédiatement, la société peut reporter leur amortissement jusqu'au premier
jour du mois de leur utilisation effective.

Remarque:
En cas d’acquisition de l’immobilisation en cours de l’exercice, il faut appliquer le
prorata temporis. Cependant, on considère que chaque fraction de mois est égale
à 1 mois.

Exemple :
-Le 28-04-20 : achat d’une machine à 100 000 DH. Durée d’amortissement : 5ans.
Annuité 2020= 100 000 x 20% x 9/12 = 20 000 x 3/4 = 15 000 DH

Mais si l’on considère que la machine n’a été mise en service que le 01-07-20 :

Annuité 2019 : 100 000 x 20% x 6/12= 10 000 DH.

 Taux d’amortissement (linéaire)

Le taux d’amortissement = (1/durée) x100.

Exemple : si la durée d’utilisation d’une machine est de 5 ans, on aura ainsi :

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Taux d’amortissement= (1/5) x 100 = 20 %

 La base d’amortissement

L'amortissement se calcule sur la valeur d'origine (càd le prix de revient) hors TVA
déductible sur immobilisation, telle que cette valeur est inscrite à l'actif immobilisé.
Toutefois, il faut tenir compte de la valeur d’origine TTC, lorsque la TVA n’est pas
déductible (exemple : voiture du tourisme).
La base d’amortissement est constituée par :
-Le coût d'acquisition qui comprend le prix d'achat augmenté des autres frais de
transport, frais d'assurance, droits de douanes et frais d'installation ;
-Le coût de production pour les immobilisations produites par l'entreprise pour elle-
même ;
-La valeur d'apport stipulée dans l'acte d'apport pour les biens apportés ;
-La valeur contractuelle pour les biens acquis par voie d'échange.

Remarque Importante :
Les amortissements fiscalement déductibles relatifs aux voitures de tourisme sont
calculés sur une base MAXIMUM TTC de 300 000 DH par véhicule amortissable
sur 5ans

 La déductibilité des dotations aux amortissements:


La déduction des dotations aux amortissements est effectuée dans les limites des taux
admis d'après les usages de chaque profession, industrie ou branche d'activité. Elle est
subordonnée à 2 conditions :

- Les biens doivent être inscrits dans un compte de l'actif immobilisé ;


- L’amortissement doit être régulièrement constaté en comptabilité.
En cas de cession ou de retrait de l'actif des véhicules dont l'amortissement est fixé
comme prévu ci-dessus, les plus-values ou moins-values sont déterminées compte tenu
de la valeur nette d'amortissement à la date de cession ou de retrait.

Par ailleurs, la société qui n'inscrit pas en comptabilité la dotation aux amortissements
se rapportant à un exercice comptable déterminé perd le droit de déduire la dite
dotation du résultat dudit exercice et des exercices suivants et ce conformément aux
dispositions du 11ème alinéa de l’article 10(I-F-1°-b) du C.G.I.

14
 Cas de l’amortissement dégressif :
Ce système d'amortissement est applicable, sur option irrévocable, aux biens
d’équipement, à l’exclusion des immeubles et des véhicules de transport des
personnes. Le taux d’amortissement dégressif est obtenu en multipliant le taux
d’amortissement linéaire par un coefficient de :

 1,5 si la durée d’amortissement est 3 ou 4 ans ;


 2 si la durée d’amortissement est 5 ou 6 ans ;
 3 si la durée d’amortissement est supérieure à 6 ans.

2-6-2) Les provisions


a- Les conditions de déductibilités fiscales des provisions

Pour qu’une provision soit fiscalement déductible, elle doit répondre à certaines
conditions de fond et de forme :
 Conditions de fond
Les conditions de fond sont au nombre de trois :
 La provision doit être destinée à faire face à une dépréciation, à une perte
ou à une charge déductible :Une provision n'est pas déductible si les dépenses
auxquelles elle est destinée ne sont pas elles-mêmes déductibles.
 Les pertes et charges doivent être nettement précisées quant à leur nature :
c'est-à-dire qu'il y ait individualisation soit de l'élément d'actif susceptible de faire
l'objet de la dépréciation ou de perte, soit de la nature de la charge à prévoir. Le
montant de cette perte ou de cette charge doit être susceptible d'être évalué avec
une approximation suffisante.
 Les pertes et charges doivent trouver leur origine dans l'exercice en cours :
La probabilité des pertes ou charges susceptibles de justifier la constitution de
provisions, doit être appréciée à la date de clôture de l'exercice.

 Conditions de forme
Pour qu’elles soient déductibles, les provisions doivent être effectivement constatées
dans les écritures comptables de l’exercice.

b-Traitement fiscal des Principales provisions couramment


pratiquées

b-1) Les provisions pour dépréciation :


Les provisions pour dépréciation ont pour objet de constater une diminution de la valeur
d'un élément de l'actif. Si la dépréciation est définitive, elle se traduit par une moins-
value ou une perte. Les principales provisions pour dépréciation sont :
 les provisions pour dépréciation des immobilisations non amortissables :
terrains, fonds de commerce (déductibles);

15
 les provisions pour dépréciation de stocks (déductibles) ;
 les provisions pour dépréciation de créances (créances douteuses ou
litigieuses) : La déductibilité de la provision pour créances douteuses est
conditionnée par l’introduction d’un recours judiciaire dans un délai de douze 12
mois suivant celui de sa constitution. Ainsi, les sociétés doivent, dans les douze
12 mois qui suivent celui de la constitution de la provision :
- soit annuler la provision devenue sans objet avant l’expiration du délai précité;
- soit, exercer les poursuites judiciaires appropriées.
 les provisions pour dépréciation des portefeuilles titres :
Pour les titres cotés en bourse, la provision pour dépréciation se
justifie dès lors que le dernier cours en bourse précédant la clôture de
l'exercice est inférieur au prix d'acquisition.
Pour les titres non côtés, la provision se justifie dans la mesure où il
est établi(grâce notamment à un rapport établi par des experts ou des
commissaires aux comptes) que l'actif net réel de la société émettrice,
évalué à sa valeur actuelle, s'est déprécié, notamment du fait des
déficits cumulés, de la faillite ou de liquidation judiciaire.

b-2) Les provisions pour risques et charges


Les provisions pour risques et charges, peuvent être de nature diverse :
 Provisions pour procès ou litiges en cours : Lorsque des procès en cours sont
intentés à l’encontre de la société, et que des risques de versements de dommages
sont probables, la société peut constituer des provisions déductibles pour faire
face à cette situation.
 Provisions pour amendes et pénalités : Lorsque la société est amenée à payer
des amendes et pénalités, elle peut constituer une provision déductible, lorsque
ces amendes et pénalités sont elles-mêmes déductibles.
 Provisions pour propre assureur : Certaines entreprises industrielles ou
commerciales se constituent leur propre assureur, au lieu de se garantir auprès
d'une compagnie d'assurance, pour les risques auxquels sont exposés les divers
éléments de leur actif. Ces provisions destinées à faire face à un risque éventuel
ne sont pas déductibles.
 Provisions relatives aux indemnités de licenciement : Leur déductibilité est
subordonnée à la condition que les personnes dont la société envisage de se
séparer aient été expressément informées, au cours dudit exercice, de la fin de
leur mission ou de leur contrat dans les conditions prévues par le code du travail.
 Provision pour garantie : C’est la provision constituée par une société dans le
but de couvrir le risque de la garantie donnée à ses clients. Cette provision n’est
pas déductible.

III) Analyse fiscale des produits

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1) Appréciation fiscale des différents produits

a- Les produits d’exploitation

 Le chiffre d'affaires comprenant les recettes et les créances acquises se


rapportant aux produits livrés, aux services rendus et aux travaux immobiliers
réalisés :
Le CA est comptabilisé HT par les entreprises soumises à la TVA. Il comprend les
ventes livrées et les services rendus par l’entreprise. La vente des produits se rattache
à l'exercice au cours duquel la livraison est effectuée aux clients. Les prestations de
services sont rattachées à l'exercice au cours duquel est intervenue l'exécution des
prestations concernées. Le CA est imposable.
 Les redevances des brevets, marques, licences et droits similaires: constituent des
produits imposables compte tenu des termes du contrat de concession;
 Les produits accessoires: constituent des produits imposables ;
 La variation des stocks de produits :c’est un produit imposable ;
 Les immobilisations produites par l’entreprise pour elle-même :Il s’agit des
Immobilisations qui ont été produites par l’entreprise, et utilisées de façon permanente
pour ses propres besoins, cette production immobilisée est imposable.
 Les subventions d’exploitation : Sont celles acquises pour permettre à l’entreprise
de compenser l'insuffisance du prix de vente qui lui est imposé très souvent. Elles sont
donc imposées et rattachées à l'exercice où elles sont acquises ;
 Les jetons de présence et les tantièmes spéciaux reçus: la société peut être
désignée membre du conseil d'administration d'une autre société dans laquelle elle
détient une participation, en vertu des dispositions statutaires, elle peut percevoir une
rémunération en sa qualité d'administrateur. Les rémunérations qui lui sont allouées
sont alors imposables.

b-Les produits financiers

Il s’agit entre autres de:

 Produits des titres de participation


 Revenus des titres de placement
 Gains de change
 Intérêts créditeurs rattachés aux créances et prêts accordés par l'entreprise
 … Etc

Les produits financiers sont imposables à l’exception des revenus financiers perçus par
la société en sa qualité d’associée d’une autre société qui bénéficient de l’abattement de
100 % (Il s’agit, entre autres, des dividendes. Donc, ne sont pas imposables).

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c-Les produits non courants :

 Le produit de cession des immobilisations: Ces produits sont constitués par le


prix de cession d’immobilisations incorporelles, corporelles et financières. Les
plus-values sont soumises à l’I.S.
 Les subventions :

Les subventions d’équilibre :


Les reprises sur subventions d’investissement :elles sont autorisées
à être réparties sur 5 ans. Ainsi, la subvention reçue se vire au CPC par
fractionnement et devient imposable par quote- part à chaque exercice.
 Les indemnités
Si l’indemnité est allouée à la suite d’un vol ou de charges
d’exploitation, elle constitue une recette imposable.
Le capital versé par la compagnie d’assurance-vie à une
entreprise constitue un produit imposable après déduction des
cotisations versées qui étaient non déductibles les exercices
précédents.
Les dédommagements suite à une rupture de contrat, d’un retard
d’exécution d’un marché ou pour d’autres raisons sont des
recettes imposables.
 Les dégrèvements sur impôts déductibles : Ils sont imposables. Les
dégrèvements accordés à la société par l'administration fiscale sur les impôts
déductibles constituent des produits non courants de l'exercice de leur notification
au contribuable. Il est à noter que les dégrèvements accordés en matière d’I.S. ne
constituent pas un produit imposable du fait que le montant de cet impôt n’est pas
déductible.

Exercice
Une société a réalisé au titre de l’exercice 2020, un bénéfice avant impôt de 500 000
DH.

- Les charges comptabilisées mais non déductibles fiscalement sont300 000 DH.
- Parmi les produits figurent les éléments suivants (montants en dirhams) :
1. Dégrèvement lié à l’IS de 2019 : 25 000 DH.
2. Transports facturés aux clients : 20 500
3. Jetons de présence perçus : 21 200
4. Intérêts bancaires reçus : 42 000
5. Dividendes reçus : 15 000
6. Profit de change : 12 400
7. Avances clients sur commandes non encore livrées : 15 000

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8. Subventions d’exploitation reçue le premier trimestre de l’exercice 2020:
34 000
9. Dégrèvement d’un impôt déductible (taxe professionnelle) :15 000
10. Produits de cession des Immobilisations : 300 000

TAF : Déterminez le résultat fiscal de cette société

IV) Le report déficitaire


En cas de déficit subi pendant un exercice, ce déficit est imputé sur le bénéfice de
l'exercice suivant2. Si ce bénéfice n'est pas suffisant pour que la déduction puisse être
intégralement opérée, l'excédent du déficit est reporté successivement sur les exercices
suivants jusqu'au quatrième exercicequi suit l'exercice déficitaire.
Le délai d'imputation du report déficitaire étant fixé à quatre exercices, tout déficit ou
fraction de déficit non déduit à l'intérieur de ce délai est considéré comme définitivement
perdu pour la société.
Toutefois, l’exercice du droit au report déficitaire est subordonné à certaines conditions.
De plus, l’imputation des déficits reportables doit se faire dans un certain ordre :

1- Les conditions d’exercice du report déficitaire


L’exercice du droit au report déficitaire est subordonné aux conditions suivantes :
 La constatation d’une perte réelle :
Exemple: les déficits subis par des établissements exploités hors du Maroc. En
effet, dès l'instant où les bénéfices réalisés par ces établissements ne sont pas
imposables au Maroc, leurs déficits subis hors du Maroc ne peuvent pas être
également imputés sur les bénéfices réalisés au Maroc.
 La réalisation de cette perte dans le cadre de la même société :
Les sociétés ne peuvent imputer sur leurs bénéfices que les déficits qu'elles ont
elles-mêmes subis.
Exemple : En cas de cession d'une entreprise déficitaire, la société cessionnaire
ne peut imputer sur ses propres bénéfices le déficit subi par la société cédante3.

2- Ordre d'imputation des déficits reportables


Le résultat fiscal d'une société doit être déterminé en imputant les déficits reportables
dans l'ordre prioritaire suivant ;

 D’abord, la part des déficits, hors amortissements, dont le report est limité dans
le temps (4 ans) ;

2
Calcul du résultat net fiscal:
Résultat net fiscal: Résultat brut fiscal - Reports déficitaires imputés.
3
Dans une opération de vente de tout ou d'une partie du capital d'une entreprise, le cédant est celui qui
vend les titres. Le cessionnaire est, lors de cette opération, celui qui achète les titres.
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 Ensuite, la part du ou des déficits correspondant aux amortissements, dont le
report n'est pas limité dans le temps. Donc, la limitation des 4 ans ne s’applique
pas au déficit ou fraction de déficit correspondant à des amortissements
régulièrement comptabilisés et compris dans les charges déductibles de
l’exercice. (voir complément suivant).

v)Les amortissements différés


Lorsqu’un exercice comptable est déficitaire, la législation fiscale permet à la société de
déduire ce déficit du résultat (bénéficiaire) de l’exercice comptable suivant. Lorsque le
résultat de l’entreprise suivant ne permet pas l’absorption du déficit (en totalité ou en
partie) celui-ci peut être déduit des exercices comptables suivant jusqu’ au 4ème
exercice. La limitation du délai de déduction n’est pas applicable au déficit ou à la
fraction du déficit correspondant à un amortissement régulièrement comptabilisé.

Le déficit (produits – charges) peut être scindé en 2 parties :

 Le déficit hors amortissements: reportable sur les 4 exercices suivants ;


 Le déficit dû aux amortissements : reportable sur les exercices suivants sans
limite.
Une société a donc intérêt à imputer en priorité les déficits (hors amortissements) avant
les amortissements pour ne pas perdre ce droit d’imputation des déficits.

Exemple 1 :

Une société a réalisé au titre de l’exercice 2020 un déficit de 100 000 DH.

Les amortissements comptabilisés de l'exercice 2020 s'élèvent à 20 000 DH.

Le droit du report du déficit sera prescrit au 31/12/2024 (à défaut de bénéfice) mais


uniquement pour 80 000 DH (càd : 100 000 – 20 000). En effet, les 20 000 DH
correspondant aux amortissements n'ont aucune limitation dans le temps pour être
imputés .

Exemple 2 :
• Déficit 2015: 60 000 DH dont amortissements : 10 000 DH
• Déficit 2016 : 30 000 DH dont amortissements : 7 000 DH
• Bénéfice 2020 : 120 000 DH

Donc, si l’entreprise décide de déduire tous les déficits précédents (On suppose
que le taux est X%):

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• IS 2020 = ( 120.000 - 10 000 – 30 000 ) * X %
Explication : Le déficit hors amortissements est reporté sur les 4 années
suivantes: donc en fin 2020, le droit du report est prescrit (terminé) pour 50
000 DH mais pas pour 10 000 car les déficits correspondant aux amortissements
différés sont reportables sans limite dans le temps.

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