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Chapitre 5  Introduction

Coagulation - Floculation Les colloïdes présents dans une eau ne peuvent être séparés de l’eau par
simple décantation car ces particules ont une très faible vitesse de chute
liée notamment à un faible diamètre (1nm à 1 µm).

Ils sont de plus chargées électriquement (négativement dans les eaux


naturelles) conduisant à une répulsion mutuelle qui les empêche de
s’agglutiner.
1 2
M1SIE – Procédés physicochimiques – A. Jadas-Hécart

Ces particules sont responsables de la  Chimie de la coagulation -floculation


turbidité de l’eau et doivent être éliminées
lors de la production d’eau potable ou d’eau
de process qui nécessite une faible turbidité.
 Forces exercées entre particules colloïdales
80 NTU
Les particules colloïdales possèdent à leur surface des groupes chimiques capables
Le procédé de coagulation-floculation permet d’agglomérer ces particules de provoquer la liaison de deux particules entre elles, via des liaisons de van der
sous la forme de flocs, qui peuvent ensuite être séparés de l’eau par Walls (dipôle-dipôle, dipôle-dipôle induit, ou liaisons hydrogènes). La présence de
décantation (ou éventuellement filtration, si leur teneur est faible). ces groupes crée une force attractive entre les particules (aimants).

La coagulation consiste à neutraliser les charges des particules de


manière à rendre leur rapprochement possible.

La floculation consiste à rassembler les particules neutralisées sous une


forme séparable de la phase aqueuse (floc). Ces flocs, peuvent ensuite
être éliminés par décantation, ou filtration s’ils sont peu nombreux.

Elles possèdent également des groupes chimiques ionisés négativement (-COO- , -


OH-, …) qui au contraire provoquent une répulsion électrostatique entre les
3 particules.
4
Ces deux types de forces diminuent en valeur absolue avec la distance Les forces de répulsions proviennent des charges négatives situées sur les
entre les particules, les forces électrostatiques (répulsives) diminuant plus particules. Une conséquence directe est qu’il suffit de rajouter des cations pour
rapidement avec la distance entre les particules que les forces d’attraction assurer une diminution de la force de répulsion et ainsi provoquer
(figure ci-dessous). l’agglomération des particules entre elles.

Forces électrostatiques
Frep
Forces électrostatiques

Frep

Fres = Frep + Fatt

Distance x entre les particules

Forces de Van der Walls


Forces de Van der Walls

Fres = Frep + Fatt attractive

Fatt La force résultante est répulsive à une Fatt


certaine distance entre les particules, ce
Comme il s’agit de neutraliser des charges,
qui empêche l’agglomération des
l’utilisation de cations polyvalents non toxiques
particules entres elles.
est indiquée. Dans la pratique on utilisent des
5 sels d’Al3+ et de Fe3+ (ANNEXE). 6

 Chimie de la coagulation (Al ou Fe) Pour des pH supérieurs à 3,5, des réactions d'hydrolyse se produisent et forment
des complexes dont le domaine d’existence dépend du pH :
On prendra comme exemple le cas de l’aluminium, la chimie du fer étant très voisine.

Al(H2O)63+ ↔ Al(H2O)5OH2++H+
Lorsque l’on introduit un sel métallique dans l’eau celui-ci se dissocie conduisant
Al(H2O)5OH2+ ↔ Al(H2O)4(OH)2+ + H+
à la libération du cation métallique :
Al(H2O)4(OH)2+ ↔ Al(H2O)3(OH )3+ H+ 7
Al2(SO4)3 = 2Al3+ + 3SO42- FeCl3 = Fe3+ + 3Cl-
Al(H2O)3(OH )3 ↔ Al(H2O)2(OH)4- + H+

L’aluminium s’hydrate immédiatement pour former le complexe Al(H2O)63+. pH


Exemple

H2O 3+
H2O OH2
Al
H2O OH2
OH2

Al(H2O)63+ Al(H2O)5OH2+
7 UNIQUEMENT 4 DES 6 MOLECULES D’EAU SONT REPRESENTEES
8
Toutes ces formes ont la propriété de se polymériser par
établissement de ponts OH entre deux atomes d’aluminium.

Cette étape de neutralisation des charges, qualifiée de coagulation, est très


On a ainsi formation d’espèces polymériques dont notamment Al2(OH)24+, sensible au surdosage. Une adsorption trop importante d’ions peut en effet
Al3(OH)45+, Al4(OH)162+ , Al6(OH)153+, Al13(OH)327+ jusqu’à Al54(OH)14418+ conduire à une restabilisation des colloïdes en solution, 2 colloïdes chargés
positivement ayant à nouveau tendance à s’éloigner.
Le temps de formation de ces polymères est de l’ordre de 0,1 s, ce qui fait qu’ils
apparaissent en solution dés l’introduction du réactif.

Avec les monomères positivement chargés, ils participent à la


neutralisation des charges des colloïdes autorisant ainsi leur
rapprochement jusqu’au point où les forces d’attraction de
Van der Waals l’emportent.

Parallèlement, les colloïdes peuvent


être fixés par interaction
électrostatique sur les polymères
chargés. Un même colloïde pouvant
être adsorbé plusieurs fois, cela
conduit à la formation de
micromicelles.
9 10

 Chimie de la floculation Pour des concentrations élevées en précipité (doses de coagulant-floculant élevées),
il se produit une floculation par entraînement :
On qualifie de floculation, l’étape de formation des flocs.
Les colloïdes, quelle que soit leur charge, sont piégés au sein du précipité.
Cette formation de flocs résulte de la précipitation
d’Al(OH)3 qui ne se réalise que dans un deuxième temps,
car plus lente que les réactions précédentes.

Comme pour les autres formes, ce précipité se polymérise


via l’établissement de ponts OH entre deux atomes
d’aluminium.

Les polymères formés assurent le pontage entre les


colloïdes déstabilisés, conduisant à la formation de flocs.
Contrairement au cas précédent, la charge des colloïdes n’intervient pas : ce
phénomène est insensible au surdosage.
Ce pontage entre molécules neutres n’est réalisable que si les particules ont été
préalablement neutralisées (neutralisation efficace des charges au cours de la
coagulation)
11 12
Des adjuvants de floculation peuvent permettre d’améliorer la floculation en
produisant des flocs plus résistants mécaniquement tout en étant plus gros, ce qui
 Effet des conditions opératoires sur l’efficacité de
améliorera aussi la phase décantation. Ce sont des polymères qui vont permettre la coagulation-floculation
de capter les micro-flocs déjà bien formés. L’efficacité de ces adjuvants s’évalue à
partir de jar-tests. Les paramètres principaux à considérer sont alors la taille, la
cohésion du floc ainsi que sa vitesse de décantation.  Influence du pH

Le pH doit être ajusté de telle sorte à favoriser la formation du précipité


Exemple d’adjuvants
d’hydroxyde d’aluminium ou de fer.

5,8 ≥ pH ≥ 7,2 , dans le cas des sels d’aluminium


5,5 ≥ pH ≥ 8,3 dans le cas des sels de fer
Polyamine
Dans ces gammes de pH, les formes dissoutes Fe3+ et Al3+ sont quasi-inexistantes.
On minimise donc :
• Les risques sanitaires (Al3+)
• La coloration de l’eau (Fe3+)

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Polyacrylamide

Un autre effet du pH est que la charge des particules, liée à la présence de


fonctions acides dissociées, évolue avec lui.
 Influence des sels dissous
Une présence élevée de sels est favorable à la coagulation car les cations présents
neutralisent pour partie les charges des colloïdes.
La teneur en sels dissous détermine par ailleurs la force ionique de l’eau et par
suite les valeurs vraies des constantes d’équilibres. Une modification de la teneur
en sels dissous va donc conduire à une modification des équilibres, conduisant à
une modification de la plage optimale de pH, de la quantité de coagulant requis, du
temps nécessaire à la floculation, …).

Exemples de fonctions acido-


basiques susceptibles d’être  Influence de la température
présentes sur les particules
Une diminution de la température conduit à une augmentation de la viscosité de
Pour chaque eau il existe donc une plage de pH pour laquelle la coagulation- l’eau donc à une diminution des mouvements des particules ce qui est défavorable
floculation est optimale, plage qui est fonction du coagulant utilisé, de sa à une rencontre et donc une agglomération.
concentration et de la composition de l’eau à traiter, et qui doit donc être
déterminée expérimentalement (voir essais jar-test).
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 Cinétique de la coagulation -floculation  Floculation péricinétique (microfloculation)
La vitesse de disparition des particules colloïdales de diamètre < 1µ, par floculation
Il ne suffit pas que des polymères soient présents. Il faut également qu’ils péricinétique s’exprime par :
rencontrent les colloïdes pour pouvoir les capturer.
Fraction du nombre Constante de Boltzman
de chocs efficaces (1,38.10-23 J.K-1)
2 phénomènes sont à l’origine de la rencontre entre colloïdes et Température
(K)
flocs d’hydroxydes métalliques (floculation ): 2
dN -4αkTN
Fp = = Nb. Part.
dt 3η par m3
• le mouvement brownien des particules qui concerne les particules de
Viscosité
taille inférieures à 1µm (colloïde, micro-flocs) : floculation péricinétique, Dynamique (Pa.s)

• l’agitation de l’eau : floculation orthocinétique ,


Comme le montre l’expression, elle est élevée, pour une température et un nombre
de particules élevés.

On aura donc intérêt à maintenir une concentration élevée en particules pour


favoriser le phénomène, ce qui peut s’obtenir par apport de colloïdes (exemple :
argiles).
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 Floculation orthocinétique (agitation) Pour une suspension hétérodispersée, et un captage des particules de type 1 par des
La théorie de la floculation orthocinétique est basée sur l’équation de Von particules 2 plus volumineuses et en quantité sensiblement constante, on a :
Smoluchowski donnant l’évolution au cours du temps du nombre de chocs entre
deux particules en solution, suivant la variation de vitesse au sein du fluide,
exprimée par un gradient de vitesse G : N10 : nombre initial de particules de type 1,
y
Nb de part. 1 & 2 par m3 αV pT N1 : nombre de particules de type 1 à l’instant t,
∂v − Gt
v
G =
∂y N1 = N10 e π
VpT : volume de particules 2 par unité de volume
= N 1 N 2(d 1 + d 2 )
dn G 3
de solution
Nb. de chocs par m3 dt 6 ANNEXE 1
entre part. 1 & 2 α : proportion de chocs efficaces
Gradient de Diamètres des
vitesse (s-1) part. 1 & 2 G : gradient de vitesse

Dans cette expression, le gradient de vitesse dépend de la puissance d’agitation,


de la viscosité du liquide et du volume du réacteur, suivant la relation : L’expression montre que la réaction sera d’autant plus efficace que le
volume de particules présent en solution et le produit Gt sont élevés.
Puissance d’agitation
P (W = kg.m2.s-3) On aura donc intérêt, pour éliminer au mieux les particules 1 (colloïdes), à augmenter
G =
ηV Volume du réacteur
la concentration en particules 2 (flocs d’hydroxydes) par recirculation des boues ou
d’agitation (m3)
injection de microsable , et à adopter un facteur Gt (nombre de Camp) élevé.
19 20
G ≈ 1000 s-1
En coagulation, les gradients peuvent être élevés, les réactions mises en jeu
conduisant à des liaisons entre particules suffisamment fortes pour ne pas être
brisées par l’agitation. Des temps de séjour faibles suffisent à obtenir des
facteurs Gt élevés, favorables aux réactions.

Valeurs usuelles utilisées en coagulation

21 22
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=ng81s5Y0uVo

Au cours de la floculation au contraire, les liaisons permettant la


constitution des flocs sont susceptibles d’être brisées par une agitation trop  Pratique de la coagulation-floculation
violente.
Des gradients beaucoup plus faibles doivent être utilisés (G = 5 -100 s -1, le
plus souvent 10-60 s-1 ).  Choix des réactifs et des doses à appliquer
Des temps de mélange élevés variant entre 15 et 45 min sont alors
nécessaires pour conduire à des valeurs Gt importante (entre 104 et 105).
 Méthode du jar-test

1 témoin - Ajout de doses croissantes de réactifs dans les autres (Cmère = 0,1 %)

Agitation violente à 100 tours.min-1


pendant une minute.

G ≈ 60 s-1 Agitation douce à 25 - 35 tours.min-1


pendant 15 à 20 min.

Arrêt de l’agitation, relèvement des


pales, attente de 30 à 45 min.

Mesure de la turbidité du
surnageant.
23 24
https://www.youtube.com/watch?v=BfI6GII--GQ&feature=player_embedded
pH optimal : 6,3  Interprétation des résultats S1 < S 2 < S 3 < S4
 Un premier essai est réalisé pour
déterminer le pH optimal. Une même Déstabilisation des charges en 2 : une

Turbidité résiduelle
dose de coagulant est ajoutée aux augmentation en dose de coagulant conduit
différents béchers, après ajustement à une restabilisation de la suspension (les
du pH. particules sont devenues positives et se
repoussent). Cette restabilisation nécessite
une dose d’autant plus élevée de coagulant
que la concentration en particules colloïdales
l’est (cas de S3 par rapport à S2). Floculation Dose de coagulant
par entraînement en 4.

Turbidité résiduelle
 Un second essai est réalisé au pH
Dose optimale : Déstabilisation des charges en 2 sans
12,5 mg/L restabilisation de la suspension du fait de la
optimal. Différentes doses de concentration élevée en particules.
coagulant sont ajoutées aux
Dose de coagulant
différents béchers, après ajustement

Turbidité résiduelle
du pH à la valeur optimale. Pas assez de colloïdes pour former une masse
suffisante de flocs décantables. A partir d’une
dose importante de coagulant, on observe une
chute de la turbidité par suite d’un floculation
25 par entraînement. Dose de coagulant

 Taux de traitement usuels  Conditions de mise en œuvre


Les doses de coagulant - floculant utilisées sont fonction de la qualité des eaux : La coagulation est généralement réalisée dans un réacteur disposant d’un
dispositif d’agitation rapide à axe vertical doté d’une hélice ou d’une turbine.
- le sulfate d'aluminium est utilisé en clarification d'eaux de surface à raison de 10 à
150 g.m-3 exprimés en produit commercial solide (Al2(SO4)3, 18 H2O). Hélice – Mobile à pales inclinées Turbine
Ecoulement axial – Faible cisaillement Ecoulement tangentiel – Fort cisaillement
Pour les eaux résiduaires urbaines, cette dose varie entre 50 et 300 g.m-3.

- le chlorure ferrique est utilisé à raison de 5 à 150 g.m-3 exprimés en produit


commercial solide (FeCl3, 6H2O) en clarification d'eaux de surface ; entre 50 et 300
g.m-3, pour le traitement des eaux résiduaires urbaines.

- Les conditions optimales de précipitation sont :


5,8 ≥ pH ≥ 7,2 , dans le cas des sels d’aluminium Des chicanes sont nécessaires pour éviter la formation d’un vortex.
5,5 ≥ pH ≥ 8,3 dans le cas des sels de fer

Il est inutile d'étudier l'incidence du pH en dehors de ces intervalles. Par ailleurs, Chicane Chicane
l'action de ces deux réactifs a pour effet d'acidifier le milieu, en particulier si celui-ci
est peu tamponné. L’ajout d’une base (soude, chaux) peut être nécessaire. 27
Nombre de chicanes équidistantes : 4 pour D < 6 m ; 6 pour D > 6 m.
28
Les hélices sont à préférer aux turbines, sauf si ces dernières ont
des pales inclinées, conduisant à un écoulement axial et tangentiel. La floculation est réalisée en compartiments successifs avec des dispositifs
d’agitation « lents » nécessaires à la constitution des flocs.

Les volumes à agiter étant supérieurs (temps de séjour plus élevés : 15 à 45


min contre 20 – 60 s en coagulation) la taille des mobiles est plus importante.
Des mobiles jusqu’à 4 m de diamètre existent sur le marché.

http://www.mixel.fr/digesteur-floculateur.xhtml

https://www.youtube.com/watch?v=swnIBdiyhNg&feature=player_embedded
29 30

Pour les plus grosses installations, la


floculation peut être réalisée en
compartiments successifs avec des
dispositifs d’agitation à barrières. Ces
dispositifs permettent d’assurer des
conditions d’agitation « douces »
nécessaires à la constitution des flocs.
Les pales peuvent être orientées :
https://www.youtube.com/watch?v=sDfBb2w4bf4 Soit perpendiculairement à la circulation de l’eau :

G = 10 à 100 s-1
https://www.youtube.com/watch?v=mVP2LP_a3BY 31 32
Des chicanes, ou des cloisons perforées placées perpendiculairement au sens de
l’écoulement doivent dans ce cas être mises en place pour éviter les courts-circuits
hydrauliques (conduisant à des temps de séjour très inégaux des différentes particules
floculées, ce qui défavorise la floculation) :

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=h2Z8IDA1ppI

33 34

Les réactifs sont stockés en fûts fermés à proximité de l’ouvrage et sont


Soit dans le sens de circulation de l’eau : délivrés par des pompes doseuses.

Pompes doseuses

35 36
 Dimensionnement  Dimensionnement des réacteurs de coagulation

 Grands principes  Choix du gradient et du temps de séjour


Les valeurs à adopter dépendent du mécanisme prédominant identifié au cours
Le dimensionnement des réacteurs agités mécaniquement se réalise à partir des jar-tests.
de trois critères fondamentaux :
• Si le mécanisme est essentiellement lié à la
Le gradient de vitesse (= vitesse relative de deux particules rapportée à la coagulation électrostatique (la turbidité passe
distance entre les particules) qui détermine la puissance d’agitation requise, par un minimum), l’agitation peut être forte
y car les liaisons entre les particules le sont. Des
∂v gradients allant de 3000 à 5000 s-1 peuvent
v + dv
G =
dy
v
∂y être utilisés. La réaction étant par ailleurs très
rapide, des temps de séjour de 0,5 s sont
Le temps de séjour (égal au temps nécessaire aux réactions), qui détermine le suffisants.
volume total des réacteurs
VT
τ= • Si le mécanisme est lié à une coagulation par
Q entraînement (la turbidité ne passe par un
minimum), l’agitation doit être plus douce. Des
Des critères géométriques (rapport diamètre/profondeur, largeur/profondeur, ..) gradients allant de 600 à 1000 s-1 peuvent être
à respecter pour que l’agitateur assure correctement sa fonction. Ces critères utilisés. La réaction étant plus lente, des temps
déterminent les dimensions réelles de l’ouvrage, à partir du volume. de séjour de 1 à 10 s sont recommandés.
37 38

• Lorsque de la chaux (CaO ou Ca(OH)2) est ajoutée, des temps de séjour  Dimensions du réacteur
de 5 à 10 min sont nécessaires à la dissolution. Un gradient de 700 s-1 est Exemple :
alors utilisé. Le temps de séjour détermine le
Q = 3 m3.s-1 τ=5s
volume total nécessaire à la
V
• Dans la pratique courante du traitement des eaux potables : coagulation. τ= T  VT = τ .Q = 15m 3
Q
Des gradients allant de 400-1000 s –1 sont généralement utilisés en coagulation,
avec des temps de mélange supérieurs à 20 s, pour obtenir un facteur Gt Pour assurer un bon mélange, la hauteur du réacteur doit être sensiblement égale
supérieur à 20000. à son diamètre (H/D ≈ 1) et son volume ne doit pas dépasser 8 m3.

Valeurs usuelles utilisées en coagulation


 La limitation en volume définit le nombre de réacteurs :

Exemple, suite : VT > 8m3  2 réacteurs de 7,5 m3

 Le critère H/D ≈ 1 donne ensuite H et D :


1 1
Des gradients beaucoup plus faibles (G = 5 -100 s -1, le plus souvent 10-60 s-1 ) πD 2
πD 3 (pour H = D)  4V  3  4.7,5  3
et un temps de mélange de 15 -45 min sont utilisés en floculation, conduisant V = H. =  D= H =  =  = 2,12m
4 4  π   π 
à des valeurs Gt comprises entre 104 et 105.
39 40
 Choix de l’agitateur
Si deux mobiles sont mis en œuvre sur un même axe, la profondeur peut
Pour être efficace, les mobiles d’agitation (turbine, hélice, …) doivent atteindre entre 1,1 D et 1,6 D.
être mis en œuvre dans des conditions résumées aux figures ci-dessous.
La distance entre les deux mobiles doit alors être voisine de 2d :
Turbines Hélices
chicane D/12 à D/10
D/12 à D/10 D/12 à D/10

d/4 H=D H=D


(0,5 à 1,1 D) (0,5 à 1,1 D) H = 1,1 à 1,6 D
d/5
d d = 0,22 à 0,5 D 1,5. d
d = D/3 2d

D D
d
d = D/3
Ces contraintes fixent le diamètre du mobile (d) et la hauteur à
laquelle il devra être placé. D
41 42

L’agitateur doit par ailleurs délivrer la puissance nécessaire à l’obtention En coagulation, le régime souhaité est turbulent.
du gradient souhaité :
La relation applicable, en présence de chicanes, est alors : P = N P N Da ρ
3 5

P avec des valeurs de NP fonction du type de mobile (tableaux suivants)


G = P : puissance que doit transmettre l’agitateur
ηV
Valeur de KT pour quelques hélices (BCh/D = 1/10), 4 chicanes (BCh : Largeur chicane)
La puissance transmise par un dispositif d’agitation dépend du mobile
d’agitation utilisé, de sa vitesse de rotation, de son diamètre et des Type de mobile d/D NP
caractéristiques du fluide agité, suivant les relations :
0,35 0,32
Hélice, pas = 1
P = NpN d η 2 3
P = NP N d ρ 3 5 0,22 0,36

ρNd 2 Hélice, pas = 1,5 0,22 0,62


si Re = ≤ 10 si Re > 10000
η Hélice, pas = 2 0,31 1
avec chicanes Hélice, pas = 2,5 0,22 1,35
avec ou sans chicane
Hélice, 4 pales droites 45°
0,34 1,27
NP : Nombre de puissance d : diamètre de l’hélice ou de la turbine (m)
N : vitesse de rotation (tours.s-1) ρ : masse volumique du liquide (kg.m-3)
η : viscosité dynamique du liquide 43 Pour Bbaf/D = 1/12, diminuer NP de 0,1 44
d : Diamètre agitateur

Valeur de NP pour quelques turbines (d/D = 0,33), 4 chicanes D : Diamètre réacteur


Autre ressource très complète sur les caractéristiques des mobiles d’agitation :
BCh : Largeur chicane

Type de mobile BCh/ D NP ROUSTAN, Michel. 2005. Agitation. Mélange Caractéristiques des
mobiles d’agitation . Techniques de l'ingénieur, ref. article : j3802
1/12 3,3
Turbine Rushton 3 pales
1/10 3,4
1/12 4,3
Turbine Rushton 4 pales
1/10 4,4
1/12 5,4
Turbine Rushton 5 pales
1/10 5,4
1/12 6
Turbine Rushton 6 pales
1/10 6
1/12 7,8
Turbine Rushton 8 pales
1/10 7,8

Turbine quadripale 1/12 3,4

Source : http://www.postmixing.com/mixing%20forum/impellers/impellers.htm 45 46

 Exemple de dimensionnement
Dimensionner le réacteur capable de traiter un débit de 2 m3.s-1 avec les conditions
Une fois la puissance calculée à partir du gradient requis, et le mobile choisi, suivantes :
on peut alors calculer la vitesse de rotation nécessaire au gradient : G ≥ 1000 s-1 (η =1,053x10-3 Pa·s)
Température : 18 °C
1 τ = 10 s
 P 3
P = NP N d ρ 3 5
 N =  On choisira l’agitateur parmi les modèles suivants, équipés de turbines à 6 pales plates
 NPd 5ρ  (NP = 6,03). On admettra par ailleurs un rapport Puissance transmise/Pabs = 0,8.
 
Modèle Vitesse de Puissance Modèle Vitesse de Puissance
puis la puissance absorbée par le moteur d’entraînement du mobile : rotation absorbée rotation absorbée
(tours/min) kW (tours/min) kW
P
Pabs = avec e : efficacité de l’agitateur (donnée JTQ25 30,45 0,18 JTQ300 110,175 2,24
e constructeur : 0,8 en général).
JTQ50 30,45 0,37 JTQ500 110,175 3,74

JTQ75 45,70 0,56 JTQ750 110,175 5,59

JTQ100 45,110 0,75 JTQ1000 110,175 7,46

JTQ150 45,110 1,12 JTQ1500 110,175 11,19

47 JTQ200 70,110 1,5 48


On donne : Solution
Puissance appliquée au  Dimensionnement des floculateurs
liquide (W = kg.m2.s-3)
P
G=
ηV Volume du réacteur
d’agitation (m3)  Choix du gradient de vitesse et du temps de séjour
P = N P N 3d 5 ρ N en tours.s-1, d : diamètre du dispositif d’agitation
Les gradients de vitesse à adopter sont beaucoup plus faibles que dans le
cas de la coagulation, voisins de 10 à 60 s-1.
P avec e : efficacité de l’agitateur ( donnée
Pabs = Les temps de séjour sont au contraire beaucoup plus élevés : 15 - 45 min
e constructeur : 0,8 en général).

D/12 à D/10  Choix de l’agitateur


Turbines
V ≤ 8m 3 Ce choix est encore déterminé par la puissance requise, elle même
fonction du gradient souhaité.
H=D
P
(0,5 à 1,1 D) G = P
d ηV
d = D/3

49 50
D

Les gradients les plus fréquemment adoptés sont ceux indiqués dans le tableau  Cas des dispositif à pales (barrières)
ci-dessous. Temps de séjour
Pour ce type de dispositif, la puissance transmise se calcule comme la somme
de la puissance transmise par chacune des pales :
Type G (s-1) Gt (Nombre de Camp,
1  2π
3

N (1 − k ) ρC D L p (r04 − ri 4 )
sans dimension) Longueur pale/ largeur pale CD
P= 
Elimination de la couleur et ou d’une 20 – 70 60 000 à 200 000 8  60  5 1,2

P = 1,44.10−4 [N (1 − k )] ρCD L p ( r04 − ri 4 )


20 1,5
faible turbidité 3
>> 20 1,9
Elimination d’une forte turbidité 30 - 80 36 000 à 96 000
N : vitesse de rotation en nombre de tours par minutes
Adoucissement, teneur en solides = 10% 130 - 200 200 000 à 250 000
CD : coefficient de trainée, fonction du rapport Longueur de pale/largeur de pale
r0
Adoucissement, teneur en solides = 39% 150 - 300 390 000 à 400 000 ρ : masse volumique du fluide (kg.m-3)
Lp : longueur de la pale (m) - cf diapo suivante
ri
r0 : distance du bord périphérique de la pale à l’axe de rotation (m)
Ces gradients peuvent être obtenus par des agitateurs à hélices ou turbines (à action r0 – ri : largeur de la pale d’agitation (m)
axiale + tangentielle). Le dimensionnement des réacteurs se réalise alors comme pour
un réacteur de coagulation. Seul le cas du dimensionnement des dispositifs à pales sera k : rapport de la vitesse de fluide à la vitesse de pale.
donc traité dans ce chapitre. k = 0,25 (pour réacteurs sans chicane); 0-0,15 (pour réacteurs avec chicane)
51 52
Chiffres recommandés pour le dimensionnement
N
 Vitesse périphérique (vp) : 0,09 à 0,9 m.s-1
 k = 0,25 avec chicanes ; 0 – 0,15 sans chicane
P = 1,44.10 −4
[N (1 − k )] ρCD Lp ( r
3
0
4
− ri )4
 Surface développée par les pales :
 15 à 20 % de la section transversale du bassin (pales orientées
perpendiculairement au débit)
 15 à 20 % de la section longitudinale du bassin (pales orientées dans le
sens du débit)
Lp/ (r0-ri) CD
Lp r0
5 1,2  Moteurs à vitesse variable afin d’ajuster le gradient G aux variations de
20 1,5 température, de débit et de qualité d’eau.
>> 20 1,9  Distance entre dispositifs : 30 cm ; Distance entre pale et paroi : 20 cm.
ri
 Profondeur : pas d’indications précises, mais doit être maintenue inférieure à 5 m
 Hauteur de garde ≈ 0,5 m
53 54

Lorsque les pales sont transversales, les compartiments contenant les dispositifs  Exemple de dimensionnement G = 45 s-1 20 s-1 10 s-1
d’agitation sont généralement séparés par des cloisons dotées d’orifices.
Dimensionner un floculateur à trois compartiments
sans chicane (k= 0,25) ayant la configuration de la figure
ci-contre, et capable de traiter un débit de 15000 m3.j-1
en respectant les contraintes suivantes :

 Gradients dans chaque compartiment indiqués sur la figure,


 Temps de séjour total : 30 min,
 Longueur des pales ≤ 3,5 m,
Le choix de ces orifices doit être tel que la vitesse de l’eau au travers de ces orifices  Largeur des pales comprise entre 10 et 20 cm.
soit <= 0,55 m/s pour la première cloison, <= 0,35 m/s pour la dernière.
 Température mini : 10 °C  Surface développée par les pales : 15 à 20% de
Ces cloisons sont positionnées à au minimum 1,3 cm sous la surface de l’eau pour
(η = 1,307.10-3 kg.m-1.s-1; ρ = 999,7 kg.m-3) la section traversée par les pales
permettre l’évacuation des flottants et à 2,5 cm du fond pour éviter une
accumulation des flocs à la base.  Profondeur maximale : 4,3 m  Espace minimal entre pales et murs : 20 cm
La perte de charge au niveau de ces cloisons doit être comprise entre 7 et 9 mm.  Hauteur de garde : 0,5 m  Espace minimal entre dispositifs : 30 cm
Si la dernière cloison donne sur un bassin de décantation, la vitesse de passage au Lp/ (r0-ri) CD  Moteurs à vitesse variable (1:4)
travers des orifices ne devra pas excéder 0,25 m/s pour éviter les turbulences. 5 1,2
On rappelle : P = 1,44.10 −4 [N (1 − k )] ρCD Lp ( r04 − ri 4 )
3

Pour des orifices carrés ou circulaires les dimensions sont le plus souvent : 20 1,5
55
P 56
0,1m à 0,15 m de côté ou de diamètre. Vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=dw6N3eAk4AU >> 20 1,9 G =
https://www.youtube.com/watch?v=D-24y8qslZg&index=14&list=PLjl3G54ho_OZa4JIp6k1GrPqcM5lkO2FJ&t=0s ηV Solution
Pour les cloisons de séparation, on choisira  Agitation statique
des cloisons à orifices rectangulaires.
Ces cloisons seront positionnées à au minimum
1,3 cm sous la surface de l’eau pour permettre
Pour un système à agitation statique (chicane, organe déprimogène…)
l’évacuation des flottants et à 2,5 cm du fond
pour éviter une accumulation des flocs à la Débit d’eau (m3/s)
base. P = ρgQ.∆H
Perte de charge (m.C.E.)
On limitera les vitesses de passage au travers des orifices à 0,55 m/s pour les premières
cloisons, 0,25 m/s pour la dernière. Coagulant
Les pertes de charges générées au passage des cloisons devront par ailleurs être
comprises entre 7 et 9 mm pour les premières cloisons, entre 3 et 4 mm pour la
dernière.

On donne : 2
1  Q 
Pertes de charge au travers d’orifices noyés : ∆H =  
2 g  Cd A  P est fixée par le gradient requis.
Cd ≈ 0,62
On en tire ∆H : perte de charge que doit présenter le dispositif.
A : aire de l’orifice (m2)
Solution 57 58

Problème complémentaire
Des expérimentations en Jar-test sont réalisées pour déterminer les
La norme de potabilité pour le Fer est de 200µg/L.
paramètres optimaux pour coaguler-floculer une eau. Le coagulant testé est le
chlorure ferrique, les résultats sont présentés dans le tableau ci dessous :
Quels sont la dose de coagulant, le pH et le gradient de floculation
permettant de réaliser la coagulation –floculation de la façon la plus
efficace ? Justifier en quelques mots les choix réalisés.

59 60
ANNEXE 1 – Principaux coagulants utilisés en traitement et épuration des eaux ANNEXE 2

Sulfate d’aluminium : Al2(SO4)3,18H2O Pour une suspension hétérodispersée, et un captage des particules de type 1 par des
- cristallisé (poudre, grains, noisettes, pains, etc.), qualité en France : 17-18 % Al2O3
- solution à 600 ou 720 g · L–1 environ de sulfate d’alumine cristallisé
particules 2 plus volumineuses et en quantité sensiblement constante, on a :
N2 ≈ Cte = N20
= N 1 N 2(d 1 + d 2 ) ≈ N1 N 20 (d 2 )
dn G G

3 3
Chlorure ferrique : FeCl3
- cristallisé (FeCl3 ou FeCl3 6H2O) d2 >> d1 dt 6 6
- solution à 600 g · L–1 de FeCl3 environ
Ce qui conduit à une vitesse de disparition des particules N1 s’exprimant par :
WAC, Aqualenc, PCBA (liquides) ou PACI (poudre) : ce sont diverses formes de
polychlorure basique d’aluminium ; ces réactifs sont moins acidifiants que le sulfate dN1 dn 1
d’aluminium ou le chlorure ferrique et donnent souvent (mais pas toujours) naissance à un = −α = − αGN1 N 20 d 23 α : proportion de chocs efficaces
floc mieux décantable que celui obtenu à partir de sulfate d’aluminium dt dt 6
Sulfate ferreux : FeSO4 7H2O N1 1
en poudre. En intégrant entre t = 0 et t on obtient : Ln = − αGN 20 d 23t
N10 6
 πd 3 
Sulfate ferrique : Fe2(SO4)3 9H2O En notant V pT ≈  2  N 20 le volume de particules 2 par unité de volume de solution
en poudre.  6 
Aluminate de sodium : NaAlO2 L’équation se résume à :
- en poudre αGV pT
- en solution à 20 % (en masse) d’Al2O3 N1 αGV pT − t
Ln =− t ou N1 = N10 e π
61 N10 π 62

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