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DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
COURS D’INTRODUCTION A LA
SOCIOLOGIE
(Soc 180)
SEMESTRE 1
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Cours d’introduction à la sociologie, 2019-2020, GNAKOU ALI Pitaloumani, Maître de conférences,
FSHS
OBJECTIF DE L’UE :
L’objectif est de fournir aux étudiants les bases théoriques de connaissance du social en
mettant à leur disposition, les fondements de la vie sociale, de la sociologie et des éléments de
connaissance issue des différentes traditions de recherche en sociologie.
DESCRIPTION DU CONTENU
Le cours présente une vue générale de la sociologie en insistant sur la genèse et l’objet de la
sociologie, ses fondements épistémologiques, l’étude et la connaissance du social. Il décrit la
connaissance du social à partir d’une revue des problématiques fondamentales reposant sur les
concepts qui structurent une étude du social. Il s’agit de l’ordre social, du système social,
rapports sociaux et relations sociales ou interactions.
PUBLIC-CIBLE ET PRE-REQUIS
Ce cours d’introduction à la sociologie est destiné aux étudiants de semestre 1 du département
de sociologie à la Faculté des Sciences de l’Homme et de la Société et à tout public
d’étudiants ayant besoin des informations de base sur la connaissance du social
CONDITIONS DE VALIDATION
Contrôle continu : 50 %, examen : 50 %
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Cours d’introduction à la sociologie, 2019-2020, GNAKOU ALI Pitaloumani, Maître de conférences,
FSHS
Introduction
Le social apparaît sous diverses espèces de phénomènes sociaux dont l’agencement constitue
ce que l’on appelle ordinairement les cultures ou des manières.
Comment naissent ces manières de parler, d’agir, de penser et de sentir acquises par les
individus en tant que formant une société ou un groupe social donné dans le temps et
l’espace ? Ces manières sont culturelles parce que, façonnées par l’action de la vie en société,
ils se transmettent dans le temps de génération en génération et s’opposent à des phénomènes
naturels. On peut dire que tout groupe constitué de manière relativement stable présente des
traits culturels repérables et comparables à ceux d’autres groupes.
Il se pose la question de savoir comment naissent des espèces de phénomènes sociaux dont
l’agencement constitue la culture ?
Selon l’avis partagé des sociologues, les traits sociaux résultent des interactions durables dans
le temps et extensibles dans l’espace que les membres du groupe nouent entre eux. Selon
Marcel Mauss, « Quelles que soient la grandeur et la forme des groupes…), ils présentent tous
ce caractère qui sont formés par une pluralité de conscience individuelle, agissant et
réagissant les unes sur les autres. C’est à la présence de ces actions et réactions, de ces
interactions que l’on reconnaît les sociétés » (Mauss M., Essais de sociologie, Minuit, coll.
Points, Paris, 1971)
Le but du présent cours introductif est de familiariser les étudiants avec le contenu et la
démarche de la sociologie, sous ses aspects à la fois contextuels, d’oppositions traditionnelles
entre approches théoriques, méthodologiques et sous ses aspects conceptuels qui permettent
de penser le social et de le construire dans un raisonnement spécifique. A partir de ce contenu,
le cours entend faire acquérir aux étudiants, des repères analytiques et empiriques, pour
comprendre les développements de la discipline à travers l’héritage laissé par les fondateurs.
Ceci permettra d’aborder à la fois des travaux empiriques qui mettent en lumière les
constructions théoriques, en même temps que les outils conceptuels et théoriques qui
permettent de construire les démonstrations.
Le cours est composé de deux chapitres. Le premier va porter sur l’ordre social et la
régulation sociale et le deuxième les relations sociales.
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Chapitre 2 : Ordre Social, Structuration Sociale,
Régulation Sociale
Avec cet aspect du cours consacré à l’ordre social à la structuration sociale et à la régulation
sociale, l’étudiant sera en mesure d’indiquer les dimensions de l’ordre social qui régit les
routines quotidiennes de l’individu. Ces routines constituent l’expérience que nous faisons de
l’ordre social. Elles se déroulent avec une certaine ritualisation. Cette ritualisation ne se fait
pas dans le désordre. Elle répond à des exigences, obéit à des obligations. Ces obligations
constituent un ordre qui sert d’englobant aux routines. Toute société, jusque dans le plus petit
de ses fragments témoigne d’un ordre. Nos habitudes sont donc soumises à un ordre
institutionnel, obéissent à des exigences. En d’autre termes, elle repose sur cet ordre et le
propose comme normal, comme allant de soi, comme légitime.
Il va pouvoir constater et expliciter des faits liés à l’ordre social
-les routines quotidiennes de notre vie sociale -la dimension normative du comportement proposé
-l’expérience de la vie sociale à travers les routines ; par les règles sociales ;
-la ritualisation des routines du quotidien ; -inadéquation entre règles, normes et valeur ;
-les systèmes institutionnels qui fondent l’ordre social ; -les dimensions de la légitimation :
-le but de l’ordre social ; -la signification subjective de la légitimité ;
-les dimensions de l’ordre social; -les différentes justifications de la légitimité de
-la coercition qui s’impose aux routines quotidiennes ; l’ordre social;
-la programmation du cadre des comportements -l’apprentissage social des règles ;
habituels par l’ordre social ; -les différents types de règles sociales ;
-l’imposition de l’ordre social aux comportements de -la norme ;
se dérouler d’une certaine manière ; -les valeurs qu’exprime une norme ;
-les contraintes au principe de l’ordre social ; -l’inadéquation entre règles, normes et valeurs ;
-la socialisation de l’individu à l’intériorisation des -hiérarchisation des valeurs : valeurs centrales,
contraintes au principe de l’ordre social ; valeurs périphériques ;
-les différents types d’ordre social ; -désaccord entre ordre légitime et ordre moral ;
-les structures impératives de l’ordre social; -les possibilités de mise à distance, de libre arbitre à
-l’incapacité de l’ordre social à programmer les l’égard des légitimations en cours dans une société ;
comportements individuels ; -les marginaux et les déviants ;
-la faculté de résistance des individus aux structures -la marginalité ;
impératives de l’ordre social ; -le passage de la marginalité à la déviance ;
-les aspects routiniers de la duplicité ; -la réaction sociale ;
-les problèmes de l’ordre social ; -qualification sociale ;
-les images du désordre social ; -l’infraction ;
-les conduites routinières non nécessairement -comportements délinquants ;
uniformes et cohérentes ; -qualification pénale d’un acte ;
-le changement social dans l’ordre social ; -sanctions sociales ;
-la structuration sociale ; -sanctions pénales ;
-la régulation sociale -le crime ;
-les dispositifs de régulation sociale ; -le contrôle social ;
-la légitimité de l’ordre institutionnel ; -le contrôle social formel ;
-l’acceptation des dispositions institutionnalisées; -le contrôle social informel ;
-la légitimation de l’ordre social ; -la stigmatisation ;
- la constitution du stock de connaissance à travers la -la contrainte sociale exercée par différents types de
socialisation ; pouvoir ;
-les zones d’incertitude qui échappent aux contraintes
institutionnelles.
Notre vie quotidienne est faite de routines qui sont des manières de faire, de penser
institutionnalisées.
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1. L’ordre social
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appartenance religieuse) et des conditions sociales liées au statut et à l’origine ( par exemple,
condition d’esclave, condition de femme, condition d’étranger, condition d’ouvrier, condition
de riche ou de pauvre….)
Ces éléments sociaux montrent l’existence d’une structuration des rapports sociaux ou d’une
régulation des comportements des membres les uns à l’égard des autres : les rapports des
individus et groupes les uns avec les autres sont ordonnés, soumis à un ordre. Ces structures
de pouvoir, institutions et conditions sociales, sont des contraintes constituant un poids qui
conditionne les actions, les rapports sociaux et les relations sociales.
L’ordre social, en tant que fonctionnement de la société d’une certaine manière, repose sur un
certain ordonnancement : les enfants obéissent à leur parents, les étudiants respectent leurs
enseignants, les étudiants s’inscrivent dans les écoles ou facultés où ils sont orientés, ils
s’inscrivent à la Direction des Affaires Académiques dans un délai fixé, ils achètent par
semestre les crédits qu’ils sont autorisés à acheter, ils commencent et finissent les cours selon
un emploi du temps préétabli, ils reprennent l’examen dans les UE qu’ils n’ont pas encore
validées… Leurs habitudes n’échappent donc pas à l’institutionnalisation. C’est l’ordre
universitaire.
Une bonne partie de cet ordre social est établie par le pouvoir de la société, notamment les
structures qui décident, agissent, parlent, sanctionnent au nom de la société. Par exemple,
avec la constitution de l’Etat et divers codes et règlements, une personne n’a pas le choix de
ne pas respecter la durée d’un mandat du PR ou d’un élu parlementaire, un homme n’a pas le
choix de ne pas se marier selon le code de la famille au Togo, n’a pas le choix de ne pas
respecter les procédures d’occupation d’une parcelle de terrain, un conducteur n’a pas le
choix de ne respecter une limitation de vitesse, un fonctionnaire n’a pas le choix de ne pas
respecter les ordres justifiés de son chef hiérarchique…
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2. Les paliers de l’ordre social
Les guerres, les révoltes, les dissidences… donnent plutôt l’image d’un profond désordre,
dans lequel des institutions souvent impuissantes s’efforcent de mettre un peu d’ordre. L’idée
qui prédominerait à présent chez les sociologues qui préconisent une conception dynamique
du social, est celle d’un désordre dominant, au sein duquel apparaitraient, pour des durées
plus ou moins longues, des « plages » d’ordre.
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accordent de la légitimité au pouvoir, ou plutôt aux pouvoirs qui sous-tendent et imposent cet
ordre social.
Quels sont les moyens que les individus mettent en œuvre pour attribuer et reconnaître de la
légitimité à un ordre social ou global ?
Selon les sociologues Peter et Berger, « les moyens utilisés pour maintenir la
qualité de « comme-allant-de-soi » de la société sont appelés légitimations. Ces derniers
vont de l’affirmation très simple « que les choses sont comme ça » aux systèmes moraux,
philosophique et religieux d’explication. » (BERGER P.L., BERGER B.,
Sociology: A biography Approach, op. cit.).
Si nous considérons comme exemple la religion, nous constaterons qu’elle établit des
légitimations ultimes des ordres sociaux de la manière suivante : il naît une conception selon
laquelle l’ordre total de l’univers est prescrit par Dieu. Les institutions et les structures de la
société sont interprétées comme faisant partie de l’ordre constitutif de l’univers, qui est lui-
même le produit de la volonté des dieux. L’ordre social n’est donc qu’un aspect de l’ordre
cosmique. L’incarnation suprême du pouvoir, le souverain, lui-même envoyé des dieux, a
pour fonction de veiller à ce que l’ordre social respecte bien les prescriptions de l’ordre total
de l’univers. Dans les sociétés anciennes et dans certaines sociétés modernes, les institutions
sociales sont établies en fonction de cette conception. Celles qui ne le sont pas, ne sont
acceptées, parce que non considérées comme légitimes.
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légitimation. Premièrement, la totalité de l’ordre institutionnel doit faire sens pour les acteurs
se trouvant engagés dans divers procès institutionnels. Pour ces acteurs, ou pour un acteur
individuel pouvant être engagé, à divers moments de sa vie, dans ces divers procès
institutionnels, il doit exister un sens « derrière » ce qui, pour eux ou pour lui, constitue la
situation prédominante à un moment donné. Par exemple, un magistrat doit comprendre que
les activités judiciaires et les activités législatives, notamment, sont liées dans un même ordre
institutionnel global. Ceci signifie qu’il ne devrait pas être amené à mettre en cause la
légitimité des lois votées par le parlement et qu’il est ensuite chargé de faire respecter.
La légitimité d’un ordre, c’est d’abord le consensus des destinataires de cet ordre sur sa
légitimité. Peu importent les valeurs qui le fondent, lesquelles peuvent paraître, à un
observateur dégagé, vicieuses, partiales, inhumaines.
La légitimité d’un ordre ne signifie pas qu’il est moralement défendable. La plupart des
Togolais avaient légitimé le pouvoir du Général Eyadema et approuvé certaines de ses
pratiques comme normal : la peine de mort, les animations populaires, certaines formes de
torture.
Autres exemples :
1. Au Rwanda, l’église catholique a légitimé le massacre des Tutsi, alors que les massacres
sont moralement non défendables.
2. Le christianisme avait trouvé légitime, l’apartheid, le racisme
3. Dans beaucoup de pays, l’église catholique trouve légitimes, les révoltes violentes de
l’opposition,
4 Des intellectuels, penseurs, comme Montesquieu avaient trouvé que l’esclavage était
normal.
La légitimité d’un ordre social ne va pas toujours de pair avec la moralité. La légitimité est un
état, mais la légitimation est un procès. Ce qui est légitime est continuellement maintenu dans
sa légitimité par les pratiques sociétales. La légitimation ne concerne pas seulement des
valeurs (aspect normatif) mais aussi des connaissances (aspect cognitif). En réalité, la
légitimation dit à l’individu pourquoi il doit agir et pourquoi les choses sont ce qu’elles sont.
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2. la légitimation par des propositions théoriques rudimentaires qui recouvre surtout des
proverbes, des maximes, des « perles de sagesse », des légendes, des contes populaires, des
chansons anciennes, etc.
Citons quelques exemples : « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras », « Quand on te frappe
sur la joue gauche, tends la joue droite ; ….
3. la légitimation par les théories explicites. Par celles-ci, un secteur institutionnel est
légitimé en tant que corpus particulier de connaissances. Des légitimations de cette espèce
sont souvent fort complexes, et requièrent, pour être transmises, un personnel spécialisé, qui
agit au travers de procédures formalisées d’initiation et de proclamation. Le droit est un bel
exemple de « théorie explicite », par le fait qu’il est consigné dans des textes accessibles, du
moins en principe, à tous les justiciables, si l’on entend par théorie un « ensemble de
propositions systématiquement organisées sur un sujet déterminé » (Cuvillier).
4. La légitimation par des univers symboliques. Pour exemples d’univers symboliques,
citons : les religions, les idéologies, la science, les « visions du monde » que sont le Parti, la
Cause, la Classe, la Nation, la Race, etc.
L’individu, par socialisations successives, est donc amené à intérioriser le système de règles
en vigueur dans sa société et à y souscrire.
Quel que soit le mode de légitimation, l’individu a toujours affaire à des règles pour pouvoir
tenir ses rôles et jouer correctement ses parties.
Comment prend-t-il connaissance de ces règles ?
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Par exemple dans notre société au Togo, la norme est :
- un homme qui veut épouser une fille demande sa main auprès de ses parents ;
- Une fille qui est dotée reste fidèle à son mari ;
- un homme et une femme mariés vivent ensemble sous le même toit ;
- promenade à la plage pendant les weekends ;
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de l’étudiant, préparation à l’examen
Respecter ses parents ou tuteurs Obéir aux ordres des parents, La survie, la cohésion de la famille,
l’intégration sociale de l’enfant, la
réussite sociale de l’enfant
Garder sa chambre et la maison Faire régulièrement le La propreté, la prévention des maladies
propres ménage
Nous avons constaté que la plupart des relations de l’acteur sociétal avec d’autres acteurs dans
le monde objectivé, sont orientées par des règles. Les acteurs prennent appui sur des
ressources cognitives socialement partagées. Objectivé, ce monde l’est bien en effet, puisque
les interactions ne sont plus censées se dérouler uniquement en fonction des affects singuliers
des acteurs, mais bien en raison de dispositions institutionnalisées qui s’imposent à ceux-ci de
manière « objective » : règles, rituels, lieux de socialisation, codes, lois, etc. L’acteur, par les
socialisations qu’il a reçues, est amené à souscrire à ce monde objectif, à participer au
renouvellement permanent de son objectivisation en « jouant le jeu » avec le maximum de
sincérité apparente.
Mais la socialisation parvient-elle toujours à atteindre ce but d’intériorisation du
système de règles ?
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Toutes les personnes marginales ou qui se proclament marginales, sont-elles
nécessairement tenues à l’écart de la communauté ?
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Ce sont des actes à l’égard desquels le sens commun manifeste une aversion pouvant
entraîner des sanctions sociales éventuellement plus dures que des sanctions pénales. Cette
remarque nous rappelle qu’il n’y a pas d’adéquation nécessaire entre les normes morales
communes, le droit pouvant être motivé par d’autres considérations que celles qui priment
dans la conscience collectives.
Le crime est donc un comportement « hors normes », pouvant entraîner sanction pénale. Si
l’on s’en tient à cette définition, on est amené facilement à envisager la criminalité, c’est-à-
dire l’agrégation de comportements qualifiés juridiquement de criminels.
Le crime montre que quel que soit le pouvoir des légitimations existantes, les individus ne
respectent pas tous ni constamment les règles de l’ordre social, soit par ignorance, soit par
désire conscient de contestation, soit en raison du jeu du « quant à soi » propre, source
d’autonomie et d’anomie.
Dans ce cas, quelle est la pression constante que la société est amenée à exercer pour
que son ordre institutionnel puisse se maintenir.
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1. le contrôle social informel, c’est-à-dire assumé par l’ensemble des membres du groupe qui
font en quelque sorte pression sur chacun d’entre eux pour que les règles en usage dans le
groupe soient respectées. Point n’est donc besoin d’agents spécialisés pour exercer le
contrôle. Chacun surveille chacun : la société villageoise traditionnelle offre un bon exemple
de ce type de contrôle. Le déviant court le risque de se faire rappeler à l’ordre par n’importe
qui parmi ses pairs. Il se fera « montrer du doigt », il aura mauvaise réputation et sera tenu à
l’écart, à moins qu’une répression plus grave ne s’abatte sur lui.
2. Le contrôle social formel : c’est celui exercé par des agents spécialisés, compétents dans
des domaines biens déterminés. Le policier, le magistrat, l’instituteur, le douanier, le
contremaître, le médecin, l’animateur socioculturel sont autant de figures possibles de ces
agents. Leur légitimité est attestée par divers attributs qui permettent de les reconnaitre, ou de
supputer leur reconnaissance : uniforme, diplôme, décorum, mandat public, etc.
Les pouvoirs exercent à divers degrés une contrainte sociale, autre version du contrôle, que
l’on trouve dans toutes les circonstances de la vie en commun, qu’il s’agisse du pouvoir
politique, du pouvoir économique(les patrons), du pouvoir culturel (intellectuels) ou encore
du pouvoir religieux (le clergé).
Le contrôle social formel est le fait de la vie moderne, de la vie urbaine qui a engendré un
nombre croissant de catégories de préposés au contrôle social formel. Celui-ci est compatible
avec le respect de la vie privée. Les citoyens ont en fait délégué leur pouvoir de contrôle
mutuel à des spécialistes.
Mais cela signifie-t-il que les modalités de régulation que comporte la vie moderne ne
sont que celles qui relèvent strictement des effets du pouvoir sur les individus ? Les
partenaires des relations interindividuelles peuvent-ils encore exercer le contrôle social
de manière informelle ?
Malgré l’importance que prend le contrôle social formel dans la vie moderne, il subsiste dans
de nombreux cas, des possibilités résiduelles de contrôle social informel. L’ostracisme, les
rumeurs, le refus de dire bonjour, la méfiance, la cessation de communication, l’interpellation
sociale sont des modalités de contrôle social informel qui ne relèvent pas des effets de
pouvoir.
La vie moderne comporte ainsi diverses modalités de régulation qui ne relèvent pas
strictement des effets de pouvoir sur les individus.
Ces différents pouvoirs qui exercent le contrôle social formel peuvent-ils maîtriser les
zones d’incertitude et exercer un contrôle absolu ?
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porter sur tous les détails de l’activité et elle est coûteuse. Certaines infractions lui échappent,
pour un temps au moins, et le contrôle a vite fait de deviner les lacunes du contrôle.
L’intervention de l’appareil de sanction est elle-même coûteuse et imparfaite : le juge n’arrive
pas à trancher à temps tous les différends, il ne prononce pas toujours le verdict attendu. Du
fait de son caractère impérieux et de son coût, cet appareil de contrôle et de sanction suscite
fréquemment une complicité, une coalition contre lui des autres acteurs en question ; parfois il
la tolère ou la favorise et la stabilise. » (Reynaud J.-D « Action collective et mouvements
sociaux », in Action collective et mouvements sociaux, Chazel F. (s.l.d.), PUF, coll.
Sociologies, Paris, 1993, 259.
Pour nous résumer, nous pouvons voir l’ordre social, ou mieux la régulation sociale, comme
reposant sur des valeurs centrales, incorporées dans des « grands discours » légitimateurs, et
s’exprimant, au palier des interactions individuelles, par des règles qui traduisent en termes
pratiques des normes se rapportant aux diverses dimensions de la vie collective.
Le thème de l’ordre a toujours eu la faveur des courants politiques conservateurs. « Rétablir
l’ordre », « maintenir l’ordre », « prôner l’ordre », sont effectivement des mots… d’ordre que
l’on trouve couramment dans l’arsenal idéologique de la droite que dans celui de la gauche. A
côté des institutions qui incarnent un ordre donné, il peut exister, au sein d’une société, des
mouvements dont le projet volontaire et consciemment entretenu est de protéger cet ordre, et,
au besoin, de le renforcer. Il est même arrivé que des mouvements de ce genre proposent à la
société un « ordre nouveau » (c’était le slogan des nationaux-socialistes, qui rêvait d’imposer
leur conception de cet ordre à l’Europe entière). Cette défense de l’ordre (qui est en soi une
valeur centrale des partis et mouvements politiques conservateurs) ne doit pas être confondue
avec l’exigence fonctionnelle que toute société et tout groupe constitué au sein de la société
rencontrent de reposer sur un ordre, quel qu’il soit. Comme il n’y a pas de société sans
hiérarchie, il n’y en a pas sans ordre ni moyen de contrôle pour protéger cet ordre. Ordre,
cependant, n’est pas nécessairement synonyme de stabilité. Certains ordres peuvent reposer
sur des valeurs centrales telles que le changement ou le progrès et proposer, parmi d’autres, la
règle du dynamisme ou de l’innovation à ceux qu’il concerne. L’ordre démocratique des
sociétés occidentales de l’après Seconde Guerre mondiale s’est fondé sur de telles valeurs.
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Chapitre 2 : les relations sociales
Nous rappelons que l’ordre social, ou mieux la régulation sociale s’exprime par des règles qui
traduisent en termes pratiques des normes se rapportant aux diverses dimensions de la vie
collective. Cet ordre social s’incarne en institutions plus ou moins durables.
Dans notre vie quotidienne, nous sommes engagés dans un système d’interrelations.
Exemple, un étudiant père de famille, rencontre et entre en relation avec sa femme, ses
enfants, les autres membres du ménage, ses voisins. Au campus, il se trouve en relation avec
ses collègues, ses enseignants, le délégué d’amphi, le chef de département, le doyen, les
secrétaires….
Etant donné que cet étudiant père de famille et ceux qu’il rencontre sont différents de par leur
position dans la hiérarchie sociale – différence de genre, d’âge, de condition sociale…. les
manières d’agir, de parler, de répondre ou de réagir, de regarder, d’intervenir, de penser seront
différentes d’un partenaire à l’égard d’un autre. L’un va décider, l’autre va obéir. L’un va
parler l’autre va se taire et ainsi de suite.
Mais ces actions des uns et réactions des autres ne se déroulent pas sans base établie. Les uns
agissent, d’autres réagissent et vice versa selon l’ordre social établie, ordre total ou ordre
partiel. Les relations se déroulent selon la position sociale occupée par chacun dans les
différenciations hiérarchiques et selon les règles de comportement en usage, la religion
pratiquée, la langue, le type de pouvoir qui y respecté, les idéologies dominantes, les règles
qui gouvernent le sexe, l’âge, un métier, une appartenance religieuse, une ethnie.
Cet exposé du cours sur les relations sociales permet aux étudiants de savoir comment la
société ou les phénomènes sociaux se produisent, se reproduisent et changent à travers les
interactions des acteurs sociaux qui agissent et réagissent selon l’ordre social. Ils vont prendre
connaissance des acteurs en interaction dans un processus social, la structure des rapports
sociaux et les institutions qui se réalisent à travers des interactions, les productions, les
reproductions et les changements de la société qui naissent de ces interactions. Ils vont
pouvoir s’exercer à constater et à expliciter :
-les interactions des acteurs les uns avec les autres,
-l’ordre établi des routines quotidiennes ;
- la structure de rapport social dans laquelle se déroulent les interactions ;
-les institutions que les interactions mettent en œuvre ;
-les reproductions de l’ordre social au travers des interactions ;
-les productions sociales des interactions ;
-les changements que produisent les interactions ;
-les cadres formels dans lesquels se nouent les interactions ;
-le micro-monde social dans lequel se déroulent les interactions ;
-le macro-monde social dans lequel se déroulent les interactions ;
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-la constitution de la biographie de l’individu à travers ses rencontres et ses activités
constituant son expérience quotidienne ;
-le déroulement de la trajectoire biographique d’un individu comme une succession de
situations ;
-la typicalité des situations d’interaction ;
-les comportements typiques de l’individu ;
-le fonctionnement de la vie sociale comme un monde -allant- de –soi ;
-l’univers de familiarité des situations et des interactions ;
-la définition de la situation d’interaction par les acteurs ;
-les conséquences d’une définition de la situation ;
-le cadre de référence de la définition de la situation ;
-la prédiction créatrice de la réalité ;
-la prophétie destructrice ;
-action sociale ;
-le sens subjectif de l’action,
-orientation vers autrui de l’action ;
-action sociétale ;
-les motifs de l’orientation de l’action vers autrui ;
-la mise en scène de la vie quotidienne ;
-l’aspect théâtrale des interactions ;
-le monde des contemporains de notre vie quotidienne ;
-le monde des intimes de notre vie quotidienne ;
-les rôles que l’on assume ;
-l’identité sociale résultant des rôles que nous assumons dans la vie sociale ;
-l’identité individuelle ;
-stigmate porté par un individu ;
-identité discréditée résultant d’un stigmate physique ou social ;
- stigmatisation résultant d’un stigmate ;
-l’attribut dévalorisant qui stigmatise ;
-identité sociale réelle ;
-identité sociale virtuelle ;
-le processus relationnel de la stigmatisation ;
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-la production de la déviance par la stigmatisation ;
-désaccord entre l’identité sociale réelle et l’identité sociale virtuelle ;
- surclassement de l’individu par son identité sociale virtuelle ;
-production de la déviance par l’application différentielle des normes et l’étiquetage ;
-l’attachement de l’étiquette de déviant à un comportement indépendamment de la qualité de
l’acte commis ;
- la transgression d’une norme ;
- l’apparition de la déviance de l’interaction, de la réaction sociale ;
-la socialisation de la déviance ;
- la désignation publique ;
- l’adhésion à un groupe déviant ;
-la ritualisation des comportements quotidiens ;
-les rites d’interaction ;
-les rites de présentation ;
-les rites d’évitement ;
-acte de réparation ;
-acte de propitiation ;
- la présence du sacré au sein du monde social manifesté par le rituel ;
-privation du droit à la ritualisation ;
-institutionnalisation des rites d’interaction ;
-la socialisation ;
-apprentissage des situations et des conduites ;
-socialisation primaire ;
-socialisation secondaire
-les fonctions de la socialisation ;
-possession de stock de connaissance ;
-la constitution du stock de connaissance ;
-les zones de stock de connaissance.
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1. interactions et production sociale
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1.3. Interactions et changement social
Les innovations, les modifications, même presque invisibles, survenant au sein des groupes et
des sociétés sont des changements sociaux qui montrent que les interactions ne réalisent pas
que la reproduction sociale, mais aussi la production du social et la production du
changement. Elles produisent la constitution de la société, conservent les formes et les
contenus des relations sociales d’une génération à l’autre et produisent du changement par
l’adoption collective d’innovations ou l’adaptation à des modifications survenant dans
l’environnement.
Dans quel type de monde social ces formes de production sociale se déroulent ?
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2.2. Biographie de l’individu
Ces routines qui constituent l’expérience quotidienne que l’individu fait en présence des
autres et en collaboration avec eux constituent sa biographie. Etant donné que la biographie
comprend les rencontres et les activités de l’individu en commun avec des autres, proches,
familiers ou non, elle est sociétale. Elle est un évènement dont la composition est faite de la
présence de l’autre, de son interaction avec l’individu dans une activité ou action réalisée en
commun.
La biographie est localisée dans l’histoire. L’histoire est donc le produit d’une multitude de
trajectoires individuelles ou d’« itinéraires » individuels.
Comment se déroule en fait la trajectoire biographique ?
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telle manière que ceux-ci ne doivent pas sur le champ « imaginer » autres façons de se
comporter.
Pour les acteurs individuels, ces situations cataloguées et ces interactions répertoriées
confectionnent un univers de familiarité, le contenu d’un « monde-pris-comme-allant-de-
soi », qu’ils ne sont habituellement pas amenés à remettre en question. Pour que cette remise
en question se produise, il faut qu’un événement vienne perturber les routines de la vie
quotidienne ou les mette idéologiquement en cause.
Les comportements de l’individu se déroulent comme des comportements qui vont de soi. Ces
comportements, en faisant fonctionner la vie sociale elle-même, rendent la vie sociale comme
un monde – allant - de soi.
La notion de typicalité soulève une question, celle de savoir ce qui rend possible les
comportements typiques de l’individu correspondant à des situations typiques.
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4. Action sociale et interaction
Une interaction est amorcée par au moins une action (ou une activité : dans ce sens, ces deux
mots sont synonymes) orientée vers autrui. L’interaction sera complète si autrui répond à
cette action par une action de même nature (orientée sur le premier). Elle comprend l’action
avec son sens, l’orientation vers autrui et la réponse d’autrui.
C’est à Max Weber que l’on doit cette formulation de l’action orientée vers autrui. L’auteur
d’Economie et société, lui, parle d’activité sociale :
« Nous entendons par « activité » (Handeln) un comportement humain (peu importe
qu’il s’agisse d’un acte extérieur ou intime, d’une omission ou d’une tolérance), quand et
pour autant que l’agent ou les agents qui, d’après son sens visé (gemeinten Sinn) par l’agent
ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son
déroulement. » (WEBER M., Economie et société, op. cit. 4.)
Sur quoi repose l’orientation vers autrui par rapport auquel s’oriente son déroulement ?
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A côté de notre identité sociale se trouve notre identité individuelle constituée par des
éléments purement biographiques : nom et prénoms, notre date de naissance, les opérations
chirurgicales que nous avons subies, nos peines de cœur,
Existe-t-il un lien entre identité sociale et identité individuelle ?
5. Stigmatisation et déviance
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« …] Nous avons évoqué la théorie de la stigmatisation due à S. Shoham, théorie
dialectique unissant la personnalité de la prostituée et la nature de son milieu. Cette
théorie expose comment la prostituée a été marquée par ses parents dans un sens négative,
ce qui lui a donné l’occasion d’intérioriser l’image de l’être déviant. Lors de la
cristallisation de la personnalité, ces clichés projetés sur elle servent de support à sa
personnalité, et la frustration qu’elle subit par le rejet de ses parents, la conduit à opérer
un contre-rejet qui fera d’elle une véritable déviante. »
(VAN HAECHT A., La prostituée-Statut et image, Editions de l’Université de Bruxelles,
Coll. Argument et documents, Bruxelles, 1973, 202-203.)
La stigmatisation est un procès de déclassement de l’individu au sein de sa propre catégorie.
Que se passe-t-il lorsque la personne a un attribut qui le surclasse par rapport aux
attentes qu’on adresse normalement à la catégorie à laquelle on le fait appartenir de
manière typique ?
Ce sont des cas qui montrent l’existence d’attribut qui surclasse l’individu par rapport aux
attentes qu’on adresse normalement à la catégorie à laquelle on le fait appartenir de manière
typique. Les comportements et caractéristiques ne correspondent pas au type de personnes.
A l’inverse du stigmate existerait donc ce que Claude Javeau appelle le chevron (comme on
dit d’un spécialiste qu’il est « chevronné
On retrouve d’autres cas de désaccord entre type de personne et comportements typiques
-un riche qui se comporte comme un pauvre ;
-un pauvre qui se comporte comme un riche ;
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-un enseignant qui se comporte comme un étudiant
-une femme qui se comporte comme une fille
-un chef d’Etat qui se comporte comme un citoyen ordinaire
-un malade qui se comporte comme une personne bien portante
-une sœur religieuse qui se comporte comme une séductrice
Puisque la déviance est, entre autres choses, une conséquence des réactions des autres à l’acte
d’une personne, les chercheurs ne peuvent pas présupposer qu’il s’agit d’une catégorie
homogène. Plus précisément, ils ne peuvent pas présupposer que les individus soupçonnés ont
effectivement commis un acte déviant ou transgressé une norme, car le processus de
désignation n’est pas nécessairement infaillible : des individus peuvent être désignés comme
déviants alors qu’en fait ils n’ont transgressé aucune norme.
1. les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression
constitue la déviance.
2. le caractère déviant ou non d’un acte dépend de la manière dont les autres réagissent ; la
déviance naît donc de l’interaction entre la personne qui commet l’acte et celles qui réagissent
à cet acte.
Becker cherche à comprendre la genèse du comportement déviant, en dépassant les modèles
synchroniques, qui proposent une explication en termes de facteurs concomitants et qui se
basent sur l’analyse multivariée. Il oppose à cette perspective un modèle séquentiel, en
utilisant le terme de carrière déviante, par analogie à la carrière professionnelle, qui prend en
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compte chaque phase de changement, de passage d’une position à une autre. Il distingue ainsi
quatre étapes de la carrière déviante
La première étape est la transgression de la norme. Celle-ci ne suffit pas à désigner le sujet
comme déviant. Il faut que cette transgression ne soit pas qu’occasionnelle
La deuxième étape, l’engagement, survient lorsque la transgression est plus régulière. Elle
implique alors l’entrée dans un mode de vie et un changement d’identité. L’engagement n’est
possible que si les individus « apprennent à participer à une sous culture organisée autour
d’une activité déviante particulière ». C’est le moment de la socialisation de la déviance
La troisième phase, une des plus cruciales, est la désignation publique. Etre reconnu
publiquement comme déviant a des « conséquences importantes sur la participation ultérieure
à la vie sociale et sur l’évolution de l’image de soi de l’individu », dans le sens où l’identité
change aux yeux des autres, où l’individu acquiert un nouveau statut. L’identité déviante est
perçue comme la caractéristique principale, sur laquelle les autres se basent pour définir
l’intégralité de la personne déviante. C’est en quelque sorte une prédiction auto réalisatrice,
car « la manière dont on traite les déviants équivaut à leur refuser les moyens ordinaires
d’accomplir les activités routinières de leur vie quotidienne. En raison de ce refus, le déviant
doit mettre en œuvre des pratiques routinières illégitimes ».
La dernière étape est l’adhésion à un groupe déviant, qui entraîne deux types de
conséquences: les groupes déviants élaborent des rationalisations dans le but de légitimer
l’identité déviante, ce qui permet de penser positivement sa différence et de mettre en
congruence ses valeurs et l’image de soi. De plus, l’appartenance à un groupe déviant facilite
la perpétuation des pratiques déviantes, la sous culture déviante possédant un stock de savoir-
faire et d’expérience collective concernant les manières de garder secrètes les pratiques
déviantes.
Quels que soient le type de situation ou le type de personnes ou les comportements
typiques, comment la typification des relations sociales se maintient et est renforcée ?
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« Le rituel est un acte formel et conventionnalisé par lequel un individu manifeste son respect
et sa considération envers un objet de valeur absolue, à cet objet ou à son représentant. Dans
sa célèbre analyse de la religion, Durkheim divise le rituel en deux classes : le rituel positif et
le rituel négatif. Le type négatif signifie interdiction, évitement, écart. C’est de cela que nous
parlons quand nous considérons les réserves du moi et le droit à la tranquillité. Le rituel
positif consiste à rendre hommage de diverses façons par diverses offrandes, ce qui implique
que l’offrant se trouve d’une certaine manière à proximité du récipiendaire. La thèse classique
est que ces rites positifs affirment et confirment la relation sociale qui unit l’offrant au
récipiendaire. Manquer à un rite positif est un affront ; à un rite négatif, une violation. »
(GOFFMAN E., La mise en scène de la vie quotidienne. 2. Les relations en public, Minuit,
coll. Le sens commun, Paris, 1973, 73.
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7. Socialisation et constitution de stock de connaissance
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7.2 Socialisation primaire et socialisation secondaire
Cette socialisation est à la fois primaire et secondaire. La socialisation primaire est celle qui
concerne la transmission des savoirs et des comportements durant la prime enfance. La (ou
les) socialisation(s) secondaire(s) concerne(nt) l’intégration de l’individu dans les divers
« sous-mondes » où son itinéraire le conduit. Un sous-monde peut être défini comme un
ensemble de situations interdépendantes auxquelles l’acteur n’a pas encore été confronté. Les
socialisations secondaires s’inscrivent tout au long de trajectoires de vie qui sont-elles mêmes
typiques.
Par les socialisations successives qui sont imposées à l’individu, celui-ci élargit son stock de
connaissances disponibles (l’expression de Schütz est « stock of knowledge at hand »). Ce
dernier est composé de plusieurs zones, selon le degré de connaissance, allant de ce qui est
tout à fait familier à ce qui est inconnu, mais pressenti.
- BERGER P.L., BERGER B., KELLNER H., The Homeless Mind, Pelican Books,
Harmondsworth, 1974.
- BOUDON R., Effets pervers et ordre social, PUF, coll. Sociologies, Paris, 1977.
- DURKHEIM E., Le suicide, PUF, coll. Quadrige, Paris, 1981.
- FERRAROTTI F., Une théologie pour athées, Librairie des Méridiens, Paris, 1984 (trad.
française).
- GENARD J.-L., Sociologie de l’éthique, L’Harmattan, Paris, 1992.
- OGLEN A., Sociologie de la déviance, Armand Colin, coll. U., Paris, 1996.
- PADIOLEAU J.-G., L’ordre social. Principes d’analyse sociologique, L’Harmattan, Paris,
1986.
- REUMAUX F., La veuve noire. Message et transmission de la rumeur, Méridiens
Klincksieck, Paris, 1996.
- ROCHE S., Le sentiment d’insécurité, PUF, coll. Sociologie d’aujourd’hui, Paris, 1993.
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ANNEXES
Corrigé type du Devoir Sur Table (DST) SOC 180 (2018-2019)
1. Comment la société se présente à nous comme un ordre
-les prescriptions sur lesquelles reposent des exigences (actions socialement prescrites
fondées sur des exigences) ;
-les routines reposant sur la mise en œuvre des exigences fondées sur des règles, normes,
valeurs, codes, conventions (des dispositions institutionnalisées) ;
-des institutions ou manières de faire (d’agir) et de pensée stabilisées par les usages, les
pratiques ;
- les structures plus ou moins durables dans lesquelles s’incarne l’ordre social (Ecole, église) ;
-les contraintes qui encadrent les routines quotidiennes en s’exerçant sur les comportements
individuels quotidiens ;
-le contrôle social (formel ou informel) ou des processus et phénomènes sociaux ayant pour
fonction d’assurer le maintien de l’ordre social observable dans une société donnée…
3. Quelles sont selon Marx Weber, les justifications sur lesquelles repose la légitimité
d’un ordre social ?
Selon Max Weber, la légitimité d’un ordre repose sur trois différentes justifications ou
fondements :
-la déviance : c’est une conduite marginale définie, jugée et sanctionnée par la société sous
forme d’étiquetage ou de stigmatisation (rejet, exclusion, déclassement, dévalorisation
identitaire) à partir des croyances, représentations, pratiques sociales,
-la délinquance : c’est une conduite marginale définie et punie par les agents spécialisés de
l’Etat (police, magistrats ou autorité judiciaires), à partir des lois écrites, des codes…
5. Quels sont les différents types de règles existant dans une société ?
-les règles sociales fondées sur la conscience collective (normes et valeurs, us et coutumes,
croyances, représentations communes) résultant des usages et des interactions,
-les règles juridiques élaborées par les appareils de justice de la société à partir des faits
objectifs et des considérations universelles.
-institutionnalisé, sous forme de manières de faire, d’agir et de pensée stabilisées par l’usage,
la pratique
7. Quels sont les aspects sociaux sur lesquels repose la qualification sociale d’une
conduite ?
8. Quels sont les aspects sociaux sur lesquels repose la qualification juridique ou pénale
d’une conduite ?
La qualification juridique d’une conduite repose sur les règles de droit positif, notamment les
codes, conventions, la constitution.
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- programmation du cadre des comportements habituels (l’ordre social programme le cadre de
nos comportements habituels),
-imposition des comportements de se dérouler d’une certaine manière (il impose à nos
comportements de se dérouler d’une certaine manière).
10. Citer quatre impositions de la société qui nous contraignent à conduire nos actions
dans de sens déterminés.
-des règles,
11. Comment les institutions existant dans la société existent en même temps dans la
conscience de l’individu ?
Les institutions existant dans la société sont des manières de faire, de penser ou de sentir
extérieures aux individus et stabilisées par des usages. Elles sont transmises aux individus qui
les acquièrent à travers le processus de socialisation.
Une fois acquises, elles se maintiennent dans le stock de connaissances ou dans la conscience
des individus qui s’en servent consciemment ou non dans leurs conduites.
-la transgression des normes dominantes ou les formes de déviance existant dans une société,
La marginalité est la position occupée par des individus se situant à la périphérie du système
des légitimations, qu’ils ne mettent que partiellement en cause ou qu’ils mettent en cause de
manière peu agressive.
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14. Qu’est-ce que la déviance ?
La déviance est une conduite marginale définie, jugée et sanctionnée par la société sous
forme d’étiquetage ou de stigmatisation (rejet, exclusion, déclassement, dévalorisation
identitaire) à partir des croyances, représentations, pratiques culturelles ou croyances
traditionnelles, us et coutumes.
15. Quelles sont les réactions variables qu’un marginal peut rencontrer d’un
environnement social à un autre ?
La réaction que rencontre un marginal dans la société est relative. Son comportement tenu
pour déviant dans un certain ordre normatif peut être jugé normal dans un autre ordre
normatif, mais toute société impose ses normes en sanctionnant les écarts.
La règle est l’expression pratique de la norme qui n’y transparait pas nécessairement. La
norme a besoin de la règle pour son expression pratique, avoir un sens précis, explicite La
norme est un type concret ou formule abstraite de ce qui doit être, ce qui admet un jugement
de valeur : idéal, règle, but, modèle. Elle apporte en même temps une justification à des
attendus de nos actions ou à des objets, comportements ou principes considérés comme des
valeurs. La valeur se réalise à travers des comportements normatifs que propose la règle.
Les valeurs centrales sont des attendus de nos actions appelées à s’imposer, en principe, au
plus grand nombre dans un groupe ou société, tandis que les valeurs périphériques ne
concernent qu’un nombre limité d’individus ou bien que les règles qu’elles sous-tendent ne
sont point considérées comme aussi impératives.
18. A partir d’un exemple concret de groupe ou milieu social, donner 2 exemples de
valeurs centrales et 2 exemples de valeurs périphériques.
Valeurs centrales : discipline ; ponctualité ; régularité ; objectivité dans la pensée, les actes et
le jugement ; excellence ; honnêteté intellectuelle,…
19- Quelles sont les conditions pour qu’un ordre social soit légitimé ?
-les règles, normes et valeurs de l’ordre doivent apparaître suffisamment objectivées, non
susceptibles d’être remises en cause, justifiées, acceptées, fondées, valables.
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-les règles, normes et valeurs doivent être subjectivement plausibles, significatives.
21- Comment un ordre social légitime peut devenir moralement non défendable ?
Un ordre légitime peut devenir moralement non défendable, lorsqu’un consensus est obtenu
sur des règles, normes, valeurs et pratiques qui paraissent vicieuses, inhumaines, partiales,
injustes au regard des principes humains universels et de la morale.
-excision approuvée dans certaines collectivités, alors qu’elle constitue une pratique
moralement non défendable,
-le mariage forcé, le mariage des mineurs, légitimé dans certaines collectivités traditionnelles,
-la peine de mort légitimé dans certains pays,
-le lynchage des voleurs légitimé dans certaines sociétés, alors qu’il est condamnable
moralement,
Un délinquant est un marginal qualifié comme tel au regard d’une loi, d’un code par des
agents spécialisés du pouvoir politique de la société (L’Etat et ses institutions)
-les règles, normes, valeurs, pratiques, croyances communes et des manières de faire
stabilisées par l’usage sur lesquelles reposent des exigences sociales,
-des comportements habituels programmés par les exigences fondées sur des règles, normes et
valeurs,
-des routines répondant à des exigences sur lesquelles nous n’avons pas de prise en tant
qu’individu et auxquelles nous répondons par des habitudes et leur ritualisation,
-les contraintes qui encadrent les routines quotidiennes en s’exerçant sur les comportements
individuels quotidiens,
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-la socialisation destinée à faire passer les contraintes dans l’habitus, à les faire intérioriser, de
telle manière que se constitue un surmoi cohérent.
25- A quelles conditions l’ordre social est acquis et adopté par les acteurs membres
d’une société?
L’ordre social est acquis et adopté par les acteurs membres d’une société à condition que :
-les règles, normes, valeurs, pratiques stabilisées par l’usage soit transmises aux individus à
travers la socialisation,
-les règles, normes, valeurs et pratiques soient reconnues légitimes et acquises à travers
l’intériorisation.
tandis que la déviance est, quant à elle, une marginalité qui entraine comme réaction de la part
de la collectivité, une qualification sociale de déviant se traduisant par l’intolérance, la tenue à
distance, l’étiquetage, sans que la personne recevant cette qualification ait nécessairement
enfreint une règle (confer Howard Becker sur la trajectoire de la déviance).
27- Comment la réaction que rencontre le marginal varie d’un environnement social à
un autre ?
Son comportement tenu pour déviant dans un certain ordre normatif peut être jugé normal
dans un autre ordre normatif, mais toute société impose ses normes en sanctionnant les écarts.
Un délinquant est un déviant qui enfreint les règles édictées par les lois, c’est-à-dire des
prescriptions normatives énoncées par le pouvoir politique et mises en œuvre en son nom par
l’appareil de répression officiel, judiciaire et policier, qui s’appuie sur une qualification
pénale ou juridique fondée sur le droit positif.
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29- Comment la socialisation se révèle-t-elle nécessaire ?
30- Quels sont les fondements à l’origine de l’inadéquation entre qualification juridique
et qualification sociale d’un acte ?
-La qualification juridique ou pénale repose sur les faits objectivement établis dans un esprit
déterministe, les principes et l’universalisme des règles, alors que
-la qualification sociale d’un acte s’appuie sur les normes et valeurs, les idéologies
dominantes, les croyances traditionnelles, les pratiques culturelles, les us et coutumes.
COMPLEMENTS
1- Quelles sont les institutions sociales que produisent et reproduisent les interactions ?
Les interactions produisent, reproduisent et font changer les institutions sociales à travers :
-les influences exercées par les interactions sur les comportements, les modes de pensée et
l’identité ou la personnalité des individus en relation,
-les significations que les individus attribuent aux conduites de ceux avec qui ils sont en
interrelation,
-les changements de conduite, d’attitudes que chacun adopte suite aux significations assignées
aux actions de l’autre,
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-l’adoption de nouvelles normes et valeurs, croyances ou conduite sous l’influence du
comportement de l’autre et suite à l’interprétation de ce comportement.
-elles se déroulent dans un horizon habituel, quotidien de l’expérience que nous faisons de la
vie sociale,
-elles impliquent des individus qui sont liés par des interconnaissances, des rencontres
habituelles, quotidiennes et différentes des relations abstraites, anonymes et lointaines,
-elles constituent des expériences immédiates des autres dans des relations face à face.
-Micro-mondes : couple, ménage, maison, classe d’élèves ou d’étudiants, une église, une
association…
5- Comment les routines qui constituent le tissu de notre existence quotidienne de la vie
sociale sont-elles sociétales ?
Les routines qui constituent le tissu de notre expérience quotidienne sont sociétales à travers :
-leur déroulement en présence des autres et en collaboration (amicale ou non) avec eux,
- des rencontres et des activités en commun avec des autres, proches, familiers ou non
qu’elles comportent.
Notre expérience quotidienne de la vie sociale se déroule comme une trajectoire individuelle
ou un itinéraire individuel dans la mesure où :
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7- Qu’est-ce qu’une situation d’interaction ?
Une situation d’interaction est tout environnement dans lequel les personnes présents sont à
portée perspective les unes des autres et sujettes à contrôle mutuels. C’est tout cadre dans
lequel se produisent les interactions.
-typique vécue par des individus qui savent qu’ils y doivent se conduire de manière typique,
avoir des comportements appropriés,
-familière, constitué d’un catalogue relativement limité de situations bien connues des acteurs,
auxquelles correspond un répertoire, lui aussi limité, de comportements appropriés.
-la familiarité des individus aux situations et aux comportements appropriés qu’ils doivent
avoir dans chaque situation typique,
-la définition par les acteurs des situations dans lesquelles ils interviennent, c’est-à-dire son
interprétation.
-constitutive de leur vérité, étant tenue pour vraie par les personnes qui l’interprètent,
-chargée d’une signification commune aux acteurs disposant d’un fonds d’éléments cognitifs
communs (la langue, le découpage du temps, le système hiérarchique, etc.) faisant partie de ce
que l’on appelle habituellement la culture d’un groupe ou d’une société,
-typique : une situation typique donnée se déroule à des moments typiques, dans des lieux
typiques et il s’y déroule des actions typiques,
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-variable selon la typicalité, les paramètres temps, lieu et scénario.
-constructive d’un monde vrai pour les acteurs, puisqu’elle est tenue pour vraie par les
acteurs, parce que c’est cette interprétation qui guide effectivement leurs actions,
-commune à des acteurs disposant d’un fonds d’éléments cognitifs communs (la langue, le
découpage du temps, le système hiérarchique, etc.) faisant partie de ce que l’on appelle
habituellement la culture d’un groupe ou d’une société, donc consensuelle,
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