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George STEINER

Ouvrage: Réelles présences, les arts du sens


Chapitre 1 : Une cité de l’immédiat

1) Le langage pose le pb du sens, d’une autre réalité


Langage = capacité à :
*communiquer (transmettre un sens) (raison, intellect)
* faire ressentir (transmettre des sentiments)(émotions)
Thèse de STEINER :
=Il y a une « Poétique du dire » c’est le nom d’un autre de ses ouvrages : Après Babel, une
poétique du dire et de la traduction (qui traite de la philosophie du langage)
>Fondé sur l’hypothèse de la présence de Dieu dans le langage, d’une transcendance, il
existe une autre réalité que le langage parvient à nous transmettre. (cf Nietzsche, Descartes,
Kant, les poètes)

2) L’Enjeu de la création artistique face à la société de l’immédiateté :


Se demander qu’est ce que la musique ? Qu’est ce que la littérature ? C’est se demander :
Qu’est ce que l’homme ? (car c’est l’homme sui créer sa propre culture).
Or, aujourd’hui : société de l’immédiateté >> disparition des « méta-textes » qui posent ce
type de questionnements (métaphysiques…) au profit de textes littéraires à consommation
rapide, qui ne soulèvent plus de tels enjeux.

3) C’est la thèse de Ben Jonson dans L’ingestion :


L’art, devenu activité commerciale, et donc outil consommation, a entrainé la mort de l’art
désintéressé, comme pratique humaniste et intellectualisée i.e :
Aujourd’hui, la consommation artistique, la « digestion », a remplacé la pratique de
« l’ingestion » (s’imprégner d’un texte, le prendre «en soi »).
Dès lors, la littérature reste extérieure à l’homme : il la consomme de façon immédiate, sans
la garder en lui alors qu’elle doit pouvoir construire et nourrir son identité et son individualité
sur le long terme par les questionnements qu’elle pose sur l’homme et les enjeux intellectuels
et métaphysiques qu’elle dégage.

4) Critique littéraire et artistique et influence sur les enjeux de l’art:


-On est aujourd’hui envahit de textes critiques qu’on lit plus que les œuvres elles-mêmes =
C’est la « mode des annotateurs » > l’art devient instrument technique et commercial :
Changement radical des enjeux de l’art (métaphysiques, humanistes, intellectuels >> outil
technique et commercial).
5) Steiner fustige la critique artistique : quand L’art se met au service de la critique :
a) La critique médiatique :
Apprécier l’art est devenu un attribut du bon goût : les critiques littéraires orientent le «bon
goût » pour faire face à la concurrence en matière d’art. (La pratique de la critique est
devenue médiatique, et c’est la médiatisation d’une œuvre qui la fait connaître, aucun autre
critère.)

b) La critique universitaire :
Centrée sur les classiques et hiérarchisant les œuvres (là encore orientation du « bon goût »
ou imposition de la légitimité de l’œuvre)

c) La vulgarisation de la critique textuelle :


Les critiques textuelles sont désormais plus des critiques personnelles, des avis, des
intuitions plutôt que de véritables recherches (vs avant : mise en relation avec d’autres textes,
études, recherches sur l’œuvre et l’auteur…)

Cclsion de Steiner sur la critique :


La critique :
-n’est pas légitime (les jugements esthétiques ne sont ni justifiables ni systématisables, ni
enseignables).
-n’est pas féconde artistiquement (elle n’est pas art, elle détruit l’art car elle définit le bon
goût et rejette le reste)
-met l’art à son service, et le formate (en « définissant » le bon goût artistique (critères
universitaires ou médiatiques), On cherche la critique pour « séculariser le mystère et les
exigences de la création » : transformer l’art en science, poser des critères, or c’est une grave
erreur, destructeur pour l’art.)

6) L’art est déjà un acte critique en soi, c’est une critique du monde tel qu’il est :
a) Art = Enjeux critiques, (il critique le monde, il se critique lui-même, il propose une autre
vision du monde etc.).
En effet, pour Steiner, « l’art est la meilleure lecture de l’art » : l’interprétation, le
jugement d’une œuvre se trouve en elle-même. (Les critiques pour Mme Bovary de Flaubert
furent nombreuses mais le Anna Karénine de Tolstoï en permet une analyse créatrice, au
contraire des critiques souvent destructrices, éphémères et subjectives qui crient au scandale,
sans esprit créateur ni artistique. Autre exemple : La Divine Comédie est une lecture de
L’Enéide, et même une critique en action = critique créatrice. Ainsi l’art entraîne l’art, alors
que la critique le détruit et n’est pas féconde artistiquement).

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