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le 04 octobre 2017

Depuis 2004, la cartographique de la pauvreté au Maroc s’est référée à l’approche monétaire


de la Banque mondiale. Les indicateurs spatialisés qui en découlent n’expriment que la
distribution des ressources financières dont disposent les ménages, notamment la dépense
comme mesure du niveau de vie de la population.

L’approche de la cartographie de la pauvreté multidimensionnelle consiste, quant à elle, à


fournir des indices statistiques sur le dénuement social en termes de privation sur des espaces
géographiques homogènes. Elle produit une base de données désagrégée à l’échelle locale la
plus opérationnelle permettant d’identifier les poches de la pauvreté pour des petites zones
géographiques, telles que les communes, les quartiers urbains et les douars ruraux. Il s’agit
d’une approche holistique pour mieux connaitre la distribution de la pauvreté
multidimensionnelle pour un niveau de désagrégation inférieur à celui typiquement considéré
par les enquêtes auprès des ménages.

Ces enquêtes concernent un échantillon restreint de la population et ne permettent pas de


construire des bases de données sur la pauvreté multidimensionnelle à l’échelle locale la plus
fine. La représentativité de telles enquêtes se limite généralement à la région. Les indices
régionaux de la pauvreté multidimensionnelle qui en découlent donnent des estimations
moyennes par région, occultant la dispersion spatiale de ce phénomène à l’échelle des
provinces et des communes.

Approche méthodologique de la cartographie de la pauvreté multidimensionnelle


Le HCP a commencé, depuis 2008, en complément avec l’approche monétaire, à imprimer
une approche multidimensionnelle à l’analyse des phénomènes de la pauvreté, de la
vulnérabilité et des inégalités sociales pour mieux identifier les facteurs qui sont à l’origine de
ces phénomènes et de leur reproduction sociale. Cette orientation a été confortée par les
travaux d’OPHI, qui ont eu le grand mérite d’avoir élargi l’usage de cette approche à l’échelle
mondiale.
Depuis cette date, le HCP s’attèle à suivre l’évolution de la pauvreté multidimensionnelle à
partir des données des enquêtes nationales sur le niveau de vie des ménages (2007),
l’anthropométrie de la population (2011), la consommation et les dépenses des ménages
(2014). Le bilan des travaux réalisés a porté principalement sur la mise à jour des indices de la
pauvreté multidimensionnelle, tels que définis par l’approche d’OPHI1, aux niveaux national,
urbain, rural et régional.
L’approche d’OPHI fonde la mesure de la pauvreté multidimensionnelle sur un large faisceau
de besoins dont l’absence de satisfaction constitue des facteurs de prévalence ou de
manifestation de pauvreté ou des facteurs de sa reproduction sociale. Ces besoins portent sur
l’accès aux services sociaux de base - l’eau, l’électricité et l’assainissement -, les conditions
de logement, l’éducation, la santé et les moyens de communication. Ce sont là les principaux
objectifs retenus par l’agenda 2030 du développement durable.
Le schéma discursif de cette approche consiste à :

(i) identifier les privations sur la base des besoins non satisfaits dans les domaines
susmentionnés (accès aux services sociaux de base, conditions de logement, éducation et
santé). Dans l’ensemble 10 privations sont identifiées (Cf. tableau ci-après).

1
OPHI : Oxford Poverty and Human Development Initiative, Université d’Oxford

2
(ii) établir un score de privation agrégeant les 10 privations élémentaires moyennant le
schéma de pondération suivant: un poids 1/6 pour les 4 privations en termes d’éducation (2) et
de santé (2), et un poids de 1/18 pour les 6 privations en termes de conditions de vie;

(iii) fixer le seuil de pauvreté: une personne est considérée multidimensionnellement pauvre si
son score de privation est supérieur au seuil de pauvreté, fixé conventionnellement par cette
approche à 33%.

(iv) Calculer les indices de la pauvreté multidimensionnelle à savoir :

 le taux de pauvreté multidimensionnelle : il donne la proportion des personnes


pauvres, cumulant un nombre de privations supérieur au seuil de pauvreté - au
moins 30% des privations élémentaires auxquelles sont exposés les ménages -.
Il exprime le rapport du nombre des pauvres au nombre total de la population.
 l’intensité moyenne de privation : cet indice renseigne sur les manques que
vivent les pauvres d’une manière simultanée. Il a le mérite de rendre compte de
l’acuité de privation au sein de la population en situation de pauvreté
multidimensionnelle.
 l'indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) : il extrapole l'intensité de la
privation à l'ensemble de la population, qu'elle soit pauvre ou non.
Dimensions, composantes, indicateurs, seuils et pondérations de l’IPM
Dimension Composante Indicateur : définition de la privation Pondération

Si un des enfants en âge de scolarisation 6-14 ans ne


Scolarisation des enfants 1/6
Education

fréquente pas l’école


1/3
Si aucun membre du ménage âgé de 15 ans et plus n’a
Scolarisation des adultes 1/6
complété cinq années de scolarisation

Si un membre du ménage est dans l’incapacité de


réaliser l’une des fonctions organiques suivantes : vision,
Handicap 1/6
audition, marche, capacité cognitive (se souvenir ou se
Santé

concentrer), soins corporels et communication


1/3

Mortalité infantile Si un enfant de moins de 12 mois est décédé dans le ménage 1/6

Si le ménage n’a pas accès à l’eau propre à moins de 30


Eau potable 1/18
minutes de marche de chez lui

Electricité Si le ménage n’a pas d’électricité 1/18

Si le ménage ne dispose pas de toilettes privées ou d’un


Assainissement 1/18
Conditions de vie

système d’assainissement sain

Revêtement du sol Si le plancher du logement est sale, en sable ou en terre 1/18 1/3
battue
Mode de cuisson Si le ménage cuisine avec du bois, charbon ou fumier 1/18

Si le ménage ne possède ni voiture ou ni tracteur/camion


et ne possède pas au moins deux des biens suivants :
Détention d’actifs 1/18
téléphone, télévision, radio, moto, bicyclette et
réfrigérateur

3
Pour analyser la dynamique de la pauvreté multidimensionnelle à l’échelle de toutes les
subdivisions territoriales, cette approche a été implémentée sur l’exhaustivité des données du
RGPH de 2014 et de 2004.

Paysage et dynamique de la pauvreté multidimensionnelle


Au plan national
Avec une baisse de 9,4% par an, l’effectif global de la population en situation de pauvreté
multidimensionnelle est passé de 7,5 million individus en 2004 à 2,8 million d’individus en
2014. L’incidence de la pauvreté multidimensionnelle est ainsi passée de 25,0% à 8,2% entre
les deux périodes au niveau national, de de 9,1% à 2,0% en milieu urbain, et de 44,6% à
17,7% en milieu rural. La pauvreté multidimensionnelle demeure principalement un
phénomène rural. En 2014, 85,4% des personnes multidimensionnellement pauvres vivent
dans le milieu rural contre 80,0% en 2004.

La décomposition de la pauvreté multidimensionnelle par domaine de privation renseigne sur


les sources à l’origine de ce phénomène. La privation en termes de scolarisation des adultes
explique à elle seule 34% de la pauvreté au niveau national. La non-scolarisation des enfants
contribue à hauteur de 21,3% à l’IPM. Dans l’ensemble les déficits en termes d’éducation
expliquent un peu plus de la moitié de la pauvreté multidimensionnelle (55,3%). Quant aux
privations en termes d’accès aux infrastructures sociales de base, elles expliquent 19,7% de la
pauvreté multidimensionnelle. Cette contribution s’élève à 14,1% pour les privations en
termes de conditions d’habitat et à 10,9% en termes de santé.
Décomposition de la pauvreté multidimensionnelle par source de privation(en %)

Education des adultes


Rural 34,4 20,5 8,7 21,2 15,3
Education des enfants

Santé
Urbain 36,8 24,0 24,5 9,7 5,0
Accès à l'eau, à l'électricité
et à l'aissinissement
Ensemble 34,0 21,3 10,9 19,7 14,1 Conditions d'habitation

Source : HCP, RGPH 2004 & 2014

En milieu urbain, 60,8% de la pauvreté multidimensionnelle est due aux déficiences en termes
d’éducation des adultes (36,8%) et des enfants (24,0%). Les privations en termes de santé
contribuent à hauteur de 24,5% à la pauvreté urbaine. Quant à la pauvreté rurale, elle
s’explique principalement par les privations en termes de d’éducation (54,5%), d’accès aux
infrastructures sociales de base (21,2%) et de conditions d’habitation (15,3%).

4
Niveau régional

Entre 2004 et 2014, l’incidence de la pauvreté multidimensionnelle a baissé dans toutes les
régions du royaume. En termes de variation absolue, ce sont les régions les plus pauvres en
2004 qui ont connu le recul le plus important de la pauvreté, à savoir les régions de
Marrakech-Safi, de 34,0% à 11,3%, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, de 30,3% à 9,5% et Béni
Mellal-Khénifra, de 31,0% à 13,4%.

En 2014, le classement des régions selon l’incidence de la pauvreté multidimensionnelle


indique que la moitié des régions enregistrent un taux de pauvreté supérieur à la moyenne
nationale (8,2%). La région la plus pauvre est Béni Mellal-Khénifra (13,4%), suivie de
Marrakech-Safi (11,3%), Drâa-Tafilalet (10%), Fès-Meknès(9,6%), L’oriental (9,5%) et
Tanger-Tétouan-Al Hoceima (9,5%). Inversement, les régions les moins pauvres, marquées
par une incidence inférieure à la moyenne nationale, sont Laâyoune-Sakia Al Hamra (1,7%),
Dakhla-Oued Eddahab (3,8%), Casablanca-Settat (4,1%), Rabat-Salé-Kenitra (6,1%),
Guelmim-Oued-Noun (6,2%) et Souss-Massa (7,2%).

Évolution de l’incidence de la pauvreté entre 2004 et 2014

30,3 31,0 34,0


23,5 25,9 21,9 23,5
25,3 20,8
17,5 19,7
9,5 9,5 9,6 6,1 10,0 9,0
4,1 7,2 6,2 3,8
13,4 11,3
1,7

Laayoune-Sakia
Marrakech-Safi
Oriental

Dakhla-Oued
Béni Mellal-

Casablanca-

Draa-Tafilalet

Guelmim-Oued
Fès-Meknès
Tanger-Tetouan-

Rabat-Salé-

Souss-Massa
Khénifra
Kénitra

Eddahab
Al Hoceima

Grand

Settat

Al Hamra
Noun

2014 2004

Source : HCP, RGPH 2004 & 2014

Si le taux de pauvreté classe la région Béni Mellal-Khénifra comme la plus pauvre, c’est la
région Marrakech-Safi qui abrite le plus grand nombre des pauvres au Maroc. Sa contribution
relative à la pauvreté multidimensionnelle à l’échelle nationale atteint 18,5% en 2014, suivie
par les régions Fès-Meknès (14,7%), Béni Mellal-Khénifra (12,3%) et Tanger-Tétouan-Al
Hoceima (12,3%). Ces quatre régions regroupent 57,8% de la population
multidimensionnellement pauvre.
L’étude décompose aussi la pauvreté multidimensionnelle des régions par source de privation.
Ainsi la contribution des privations en termes d’éducation oscille entre 28,7% à Darâa-
Tafilalet et 43,4% à Dakhla-Oued Ed-Dahab. Les déficiences en termes de scolarisation des
enfants contribuent à la pauvreté multidimensionnelle à hauteur de 13,4% à Dakhla-Oued Ed-
Dahab contre 27,3% à Casablanca-Settat. Les privations en terme d’accès à l’eau, à
l’électricité et à l’assainissement expliquent 10,8% de la pauvreté à Laâyoune-Sakia Al
Hamra, contre 24,6% à Beni Mellal-Khénifra. Quant aux privations en termes de conditions
d’habitat, elles expliquent 4,4% de la pauvreté à Laâyoune-Sakia AL Hamra, contre 20,7% à
Darâa-Tafilalet.

5
Décomposition de la pauvreté multidimensionnelle par région et par source de privation

Dakhla-Oued Eddahab 13,4% 43,4% 9,2% 22,1% 11,9%


Laâyoune-Sakia El Hamra 25,5% 35,3% 24,0% 10,8% 4,4%
Guelmim-Oued Noun 19,9% 34,3% 13,2% 17,9% 14,7%
Souss-Massa 18,7% 36,0% 12,7% 17,2% 15,4%
Darâa-Tafilalet 20,6% 28,7% 12,2% 17,8% 20,7%
Marrakech-Safi 22,1% 35,4% 10,6% 17,4% 14,5%
Casablanca-Settat 27,3% 36,2% 15,0% 15,1% 6,5%
Béni Mellal-Khénifra 17,7% 30,5% 8,9% 24,6% 18,3%
Rabat-Salé-Kénitra 23,3% 35,6% 11,5% 18,7% 10,8%
Fès-Meknès 20,1% 33,1% 9,4% 22,3% 15,1%
L'oriental 21,0% 31,8% 9,6% 22,8% 14,8%
Tanger-Tetouan-Al… 21,1% 36,3% 10,3% 20,0% 12,3%

Scolarisation des Enfants Education des Adultes Santé Acces à l'eau , à l'electricité et à l'assainnissement Conditions d'habitat

Source : HCP, RGPH 2004 & 2014

Niveau provincial
Entre 2004 et 2014, l’incidence de la pauvreté multidimensionnelle a été réduite dans toutes
les provinces à l’exception de la province de Figuig où l’incidence de pauvreté est passée de
28% en 2004 à 34,5% en 2014, soit une hausse relative de 23,5%. Cette hausse est due
principalement à la montée du poids démographique des zones rurales de cette province,
passant de 35% en 2004 à 51% en 2014. Avec ce poids, le taux de pauvreté dans les zones
rurales du Figuig est passé de 57,7% à 63,9%. En revanche, dans les zones urbaines, ce taux
est passé de 11,6% à 4,0%.
Évolution du taux de pauvreté multidimensionnelle entre 2004 et 2014 par province

60

50
Taux de pauvrete en 2014 Taux de pauvrete en 2004
40

30

20

10

0
Aousserd
Zagora

Assa-Zag

El Kelâa des Sraghna


Guercif

Jerada

Al Hoceima

Tata

Tarfaya

Mediouna
Figuig

Taounate

Khouribga
Sidi Bennour
Larache

Sidi Ifni

Tiznit

Errachidia

Guelmim
Benslimane

Inezgane Ait Melloul

Es-Semara
Boulemane

Agadir Ida Ou Tanane


Ouezzane

Tinghir

Safi
Azilal

Nador
Ifrane

Tétouan
Sidi Slimane

Berkane

Oujda-Angad

Nouaceur
Boujdour

Salé
Moulay Yacoub

Driouch

Sefrou

Fquih Ben Salah

Berrechid
Chefchaouen

Oued-Ed-Dahab

Tan-Tan
Mdiq - Fnidq

Tanger -Assilah
Marrakech
Midelt

Khénifra
Taza

Taourirt

Taroudannt

El Jadida

El Hajeb

Meknès

Fès
Sidi Kacem

Kénitra

Chtouka- Ait Baha


Chichaoua
Essaouira
Youssoufia

Rehamna
Khémisset

Skhirate- Témara
Mohammadia
Fahs-Anjra

Settat

Béni Mellal

Casablanca
Rabat
Al Haouz

Laayoune
Ouarzazate

Source : RGPH, 2004 & 2014

La baisse tendancielle de la pauvreté provinciale entre 2004 et 2014 est fortement variable
selon les provinces. En termes de variation relative, cette baisse est supérieure à 80% dans les
provinces de Skhirate-Témara, Nouaceur, Aousserd, Mediouna, Casablanca, Essemara, Rabat,
Boujdour, Laâyoune et Oued-Ed-Dahab. Elle se situe entre 50% et 80% dans 59 provinces, et

6
entre 26% et 49,7% dans le reste des provinces, à savoir Boulemane, Jerada, Taounate, Azilal
et Assa-Zaga.

En 2014, les dix provinces les plus pauvres selon l’approche multidimensionnelle enregistrent
une incidence de pauvreté supérieure à deux fois la moyenne nationale. Il s’agit des provinces
de Figuig (34,5%), Azilal (28,8%), Taounate (23,4%), Chichaoua (23,1%), Essaouira
(22,1%), Youssoufia (18,8%), Chefchaouen (18,8%), Midelt (17,3%), Guercif (17,3%) et
Boulemane (17,1%). Inversement, les vingt provinces les moins pauvres enregistrent un taux
de pauvreté inférieur à la moitié de la moyenne nationale. Il s’agit principalement de Rabat
(0,9%), Casablanca (1%), Laâyoune (1,3%), Es-Semara(1,6%), Mohammedia (1,7%),
Skhirate-Témara (2,1%), Noiceur (2,1%), Inezgane Ait Melloul (2,3%), Salé (2,4%) et Fès
(2,5%).

Niveau communal
A ce niveau, sur un total de 1683 communes et centres urbains, 438 ont un taux de pauvreté
multidimensionnelle inférieur à 5%, 300 un taux entre 5% et 10%, 447 un taux entre 10% et
20%, 274 entre 20% et 30%, 113 entre 30% et 40% et 111 un taux supérieur à 40%.

En milieu rural, sur les 1279 communes, le taux de pauvreté multidimensionnelle est inférieur
à 10% dans 337 communes, et se situe entre 10% et 20% dans 444 communes. Il oscille dans
une fourchette comprise entre 20% et 30% dans 274 communes, entre 30% et 40% dans 113
communes, entre 40% et 50% dans 55 communes, et est supérieur à 50% dans 56 communes.

A l’échelle urbaine, sur les 404 communes et centres urbains, 363 ont un taux de pauvreté
inférieur à 5%. Parmi les 41 communes restantes, 38 ont un taux entre 5% et 10% et 3
communes ont un taux compris entre 10% et 15%.
Entre 2004 et 2014, sur les 1683 communes et centres urbains, la pauvreté a enregistré une
baisse dans 1662 communes et centres urbains (98,8%) et une hausse dans 21 communes
(1,2%). En termes relatifs, cette baisse a été supérieure à 70% dans 43,4% des communes,
entre 50% et 70% dans 38,6% des communes, de moins de 50% dans 16,8% des communes.
Au cours de cette période, le taux de pauvreté des communes rurales cibles de l’INDH est
passé de 51,4% en 2004 à 21,4% en 2014. Par période de ciblage, ce taux est passé de 54,0%
à 24,1% pour les communes ciblées en 2005, et de 48,7% à 18,9% pour les communes
ciblées à partir de 2011. Dans le reste des communes rurales, le taux de pauvreté
multidimensionnelle est passé de 38,6% en 2004 à 13,4% en 2014. Au total, la pauvreté
multidimensionnelle a été réduite, en termes de variation absolue, de 30 points de pourcentage
dans les communes rurales cibles de l’INDH contre 25,2 points dans les communes rurales
non cibles.

7
Changement du taux de pauvreté multidimensionnelle (en %)entre 2004 et 2014 selonles
communes cibles ou non de l’INDH
54
51,4
48,7

38,6

24,1
21,4
18,9
13,4

Communes rurales cibles CRC de l'INDH, 2005 CRC de l'INDH, 2011 Communes rurales non
(CRC) de l'INDH cibles

2004 2014

Source : HCP, RGPH 2014 & 2004

Typologie des ménages pauvres: noyau dur de la pauvreté

Sur la base des résultats des cartographies de la pauvreté multidimensionnelle et de la


pauvreté monétaire, le HCP a réalisé une typologie des ménages selon ces deux formes de
pauvreté. Elle consiste à déterminer le noyau dur de la pauvreté, représenté par la catégorie
des ménages qui cumulent les deux formes de la sources de pauvreté, la catégorie des
ménages qui sont pauvres selon l’approche multidimensionnelle et non pauvres selon
l’approche monétaire, et vice-versa la catégorie des ménages pauvres selon l’approche
monétaire et non pauvres selon l’approche multidimensionnelle. Le poids démographique de
ces trois groupes détermine le taux de pauvreté globale.

En somme, la distribution des pauvretés et de leur cumul montre que 3,5 million de personnes
connaissent une seule pauvreté (10,3 % de la population): 2,3 million la pauvreté
multidimensionnelle (6,8%) et 1,2 million la pauvreté monétaire (3,5%). Le noyau dur de la
pauvreté est constitué de 463 mille personnes (1,4% de la population), frappées à la fois par la
pauvreté multidimensionnelle et la pauvreté monétaire. Avec ces trois indices, le volume de la
pauvreté sous ses formes monétaire et multidimensionnelle est de 3,9 millions de personnes,
soit un taux de pauvreté globale de 11,7% à l’échelle nationale, 3,9% dans les villes et 23,7%
dans la campagne.

8
Distribution des formes de pauvreté et de leur cumul

Pauvreté multidimensionnelle
Pauvreté monétaire
4,9% 8,2%

Pauvreté
Pauvreté monetaire Double multimensionnelle
uniquement pauvreté uniquement
3,5% 1,4%
6,8%

Pauvreté globale : 11,7%

Le noyau dur de la pauvreté est de 3,2% en milieu rural contre 0,2% en milieu urbain. Il est
plus répandu dans les régions de Darâa-Tafilalet (3,7%) et de Beni Mellal-Khénifra (3,5%). A
l’échelle provinciale, cette double pauvreté est plus prononcée à Azilal (10,4%), suivie par
Figuig (8,6%), Midelt (6,2%) et Tinghir (5,7%). Au niveau communal, la double pauvreté est
supérieure à 20% dans 16 communes, entre 10% et 20% dans 69 communes, et entre 5% et
10% dans 181 communes.

S’agissant du taux de pauvreté globale, il marque des disparités importantes aux échelles
territoriales :

Au niveau régional, il atteint 20,7% à Darâa-Tafilalet, 19,1% à Beni Mellal-Khénifra,


14,3% à Marrakech-Safi, 13,4% à Fès-Meknès et 13,1% à L’oriental.

A l’échelle provinciale, la pauvreté globale est plus répandue dans les provinces
Figuig (40,5%), Azilal (39,1%), Taounate (29,4%), Zagoura (27,8%), Essaouira (27,3%),
Guercif (26,7%), Chichaoua (26,6%), Tinghir (26,2%), Boulmane (25,5%), Midelt (25,2%),
Moulay Yacoub (24,1%), Youssoufia (24,0%), Tata (23,4%), Jerada (21,6%), Chefchaouen
(21,2%) Khénifra (20,1%) et Taourirt (20,0%).

Au plan communal, sur un total de 1683 communes et centres urbains, 224 ont un taux
de pauvreté globale inférieur à 5%, 223 un taux entre 5% et 10%, 477 un taux entre 10% et
20%, 363 entre 20% et 30%, 207 entre 30% et 40% et 189 un taux supérieur à 40%.

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