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Faculté des Sciences Juridiques et

Politiques

Projet de Fin d’Etudes pour l’obtention de la


Licence d’Eudes Fondamentales
Filière des Études Fondamentales en Droit
Parcours : Droit privé
Sous le thème :

LES NOUVEAUTÉS INTRODUITES EN 2019


AUX LOIS RELATIVES AUX SOCIÉTÉS
AINSI QUE LEURS APPORTS : LA LOI 20-19
ET 21-19

Réalisé par: Encadré par :


DJIKPO Adjowa Marie Le Professeur Dyaâ
AZIAGNON Virémine Espoire SFENDLA

Année Universitaire :
2021/2022
Remerciements

Le projet présenté dans ce rapport est le fruit de quelques mois de recherches et d’ac-
compagnement dans notre parcours de Licence fondamentale en droit privé.
Nous tenons tout d’abord à remercier Dieu le Tout Puissant, qui nous a donné la force
et la patience d’accomplir ce modeste travail ainsi qu’à certaines personnes sans qui ce projet
n’aurait pas vu le jour.
Nous adressons notre gratitude à l’endroit de notre honorable professeur et encadrante
Mme Dyaâ SFENDLA pour son accompagnement et son sens de pédagogie. En effet, elle nous
a été d’un grand soutien à travers toutes les étapes, depuis les recherches à la rédaction finale à
travers ses remarques pertinentes et ses précieux conseils.
Nous ne pouvons passer sans remercier le corps des enseignants de la faculté des
Sciences Juridiques et Politiques de Kénitra qui nous a encadré depuis notre première année,
nous procurant les bases nécessaires.
Nos vifs remerciements vont également aux membres du jury pour l’intérêt qu’ils ont
porté à ce travail en acceptant de l’examiner et de l’enrichir par leurs propositions.
Nos sincères remerciements à nos chers parents pour leurs soutiens et leurs prières. Ne
sont pas des restes nos amis et proches ainsi que toute personne ayant contribué de près ou de
loin et de quelque manière que ce soit à la rédaction de ce rapport.
Liste des abréviations

AG Assemblée Générale
AGE Assemblée Générale Extraordinaire
AGO Assemblée Générale Ordinaire
Al Alinéa
Art Article
CA Conseil d’Administration
CS Conseil de Surveillance
DOC Dahir formant code des Obligations et
Contrats
EEP Entreprises et Etablissements Publiques
SA Société Anonyme
SARL Société à Responsabilité limitée
PV Procès-Verbal
PDG Président Directeur Général
SAS Société Anonyme Simplifiée
Sommaire

Partie I : La société Anonyme et la loi 20-19


Chapitre 1 : La gouvernance des SA
Chapitre 2 : La responsabilité des dirigeants sociaux et le droit des actionnaires
Partie II : Le droit des associés dans la société à responsabilité limitée
Chapitre 1 : La participation à la vie sociale par les associés
Chapitre 2 : La prise de décisions en Assemblée Générale
Introduction Générale

Le libéralisme économique dans ses aspects prône les libertés économiques : le libre-échange,
la liberté d'entreprendre, le libre choix du consommateur, du travail etc. Dans son développe-
ment, il a favorisé la création d'une entreprise qui est un phénomène pluridisciplinaire et multi-
dimensionnel par nature. L'entreprise désigne à la fois une organisation et un contrat ; dans le
premier cas, il s'agit d'une structure publique ou privée sous laquelle s'exerce une activité éco-
nomique en utilisant un personnel, des locaux et des équipements appropriés ; dans le second
cas, il s'agit du nom d'un contrat dit contrat d'entreprise dénommé par le code civil « louage
d'ouvrage ou d'industrie1 ». D'un point de vue juridique, l'entreprise peut désigner un bien, une
organisation juridique, un ensemble de formes juridiques. La création d'une entreprise n'offre
aucune protection juridique à l'entrepreneur, elle n'a pas de personnalité juridique, dans ce sens
l'entrepreneur n'a qu'un seul patrimoine qu'il garantit vis à vis des créanciers, des tiers. Le
manque de cette protection juridique à constituer à la création d'une société dont l'immatricula-
tion permet d'acquérir une personnalité juridique permettant à la société d'avoir un patrimoine
distinct de celui de ses associés ou actionnaires. Précisons de ce fait que les différentes sociétés
commerciales actuellement usitées trouvent leur origine dans les cités commerciales italiennes
du moyen âge.
Notion de société : la société conformément à l'article 982 du DOC peut être définie comme
étant le contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens, ou leur
travail, ou les deux à la fois en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter. De par cette
définition, nous pouvons déduire que la société est un contrat qui se forme par la réunion de
plusieurs personnes, toutefois la société peut se former par la volonté d'une seule personne2.

1
Dictionnaire juridique : Serge Braudo, conseillerhonoraire à la cour d’appel de Versailles

2
Le cas d’associé unique, la sarl à associé unique
6
Elle a à la fois une nature contractuelle et une nature institutionnelle, elle est contractuelle dans
la mesure où elle se forme par la seule rencontre de volonté des personnes, elle est dite institu-
tionnelle quand elle est régie par la loi. La définition de la société donnée par l'art 982 du Doc
regroupe les sociétés civiles et les sociétés commerciales, il y a lieu de distinguer ses deux
formes de sociétés. La distinction entre ses deux sociétés repose sur le critère de la nature et de
l'objet des actes qu'elles effectuent. Ainsi les sociétés civiles sont des sociétés qui effectuent
des opérations civiles, elles sont donc civiles par nature à titre d'exemple : les activités libérales
Les sociétés commerciales quant-elles effectuent des activités commerciales. Celles-ci feront
l'objet de notre étude. Au Maroc le droit des sociétés est régit par le DOC, le code de commerce,
la loi 17-95, et la loi 5-96.
Les conditions de formation des sociétés commerciales : les sociétés commerciales de par
la définition donnée par l'art 982 du DOC nécessitent comme tout contrat pour leur formation
la réunion des conditions de fond et de forme. Les conditions de fond nécessaire à la création
d'une société commerciale sont : le consentement, la capacité, l'objet et la cause ; le consente-
ment qui est une rencontre de volonté, désigne la volonté d'engager ses biens ou sa personne ou
les deux à la fois, ce consentement en droit commercial est nécessaire pour la validité de la
société et ne doit pas non seulement être vicié mais ne doit pas aussi être simuler. Les vices du
consentement sont l'erreur, le dol et la violence. Il existe trois types d'erreur en droit des socié-
tés : l'erreur sur la personne de l'associé, sur la forme de la société et sur les apports. En ce qui
concerne le dol, il se traduit par un acte de déloyauté effectué par l'un des associés à l'encontre
des autres, les cas de violence sont peu en matière de société. La simulation de consentement
se traduit par le fait que les associés donnent l'apparence de constituer une société alors que la
réalité en est autrement ; il existe 3 différentes sortes de simulation : simulation portant sur
l'existence de la société, sur la nature de la société et sur la personne de l'associé. La capacité
juridique nécessaire requise en droit des sociétés est celle prévue par le code de la famille (18
ans), ceci étant dire les mineurs, et les majeurs incapables ne peuvent pas faire partie d'une
société dont la qualité de commerçant est nécessaire. L'objet de la société doit être déterminé,
licite ; la cause de la société doit être certaine et licite. Concernant les conditions de forme de
la création d'une société, elles sont prévues de manière spécifique par chaque disposition régis-
sant les différentes sortes de société, la loi 17-95 pour les sociétés anonymes et la loi 5-96 pour
les autres formes de sociétés. La même définition donnée par l'art 982 du DOC met l'accent sur
la mise en commun d'apports pour la création d’une société commerciale. Cet apport peut être
en numéraire, en nature et en industrie. L'apport en numéraire consiste à un versement d'une
somme d'argent promis par l'associé, et peut être réalisé sous forme d'une souscription ou d'une
libération, l'apport en nature consiste à attribuer à la société un bien qui peut être mobilier ou

7
immobilier, l'apport en nature peut être un apport de pleine propriété, un apport de jouissance
et un apport en usufruit. L'apport en industrie est un apport qui n'est pas présent dans toutes les
sociétés, il est un apport de travail, d'influence, de réputation et de relations.
Classification des sociétés commerciales : les sociétés commerciales sont classées en trois
grandes catégories : les sociétés de capitaux et les sociétés de personnes ; à cela s'ajoute une
troisième forme de société nommée hybride. Les sociétés de capitaux sont des sociétés qui sont
principalement dominées par les capitaux ou apports des actionnaires, sans considération des
personnes qui les composent, les actionnaires n'ont pas forcément besoin de se connaître et ne
requièrent pas nécessairement la qualité de commerçant. Ce sont des sociétés dans lesquelles
chaque actionnaire n'est tenu envers la société qu'en fonction de ses apports, c'est à dire que les
actionnaires sont soumis à la règle de la proportionnalité, ils peuvent céder librement leurs parts.
Comme société de capitaux, on peut citer à titre d'exemple la Société Anonyme (SA), les So-
ciétés Anonymes Simplifiée (SAS), les sociétés en commandite par actions (SCA), les sociétés
de coopératives. En revanche, les sociétés de personnes sont des sociétés qui sont dominées par
l'intuitu personae, elles sont composées d'associés qui se connaissent et qui se font mutuelle-
ment confiance, la libération d'une part sociale dans ces sociétés ne se fait que par accord des
autres associés. Ils sont tenus indéfiniment et solidairement des dettes sociales ; on peut citer à
titre d'exemple les sociétés en nom collectif, en commandite simple, les sociétés en participa-
tions, et les sociétés créées de fait. Concernant la forme hybride ou mixte, elle représente la
société qui peut être dominée par l'intuitu personae et par les capitaux des associés, c'est le cas
de la SARL. Notre étude se limitera à traiter que les SA et les SARL dans des aspects bien
précis.
Notion de SA : La société anonyme est une société commerciale par la forme, composée de
cinq actionnaires au minimum, elle est constituée d'un capital social de 3000000 de DH lors-
qu'elle fait publiquement appel à l'épargne et de 300000 DH le cas contraire, elle est constitué
pour une durée de 99 ans renouvelable. Parce qu'elle est une société de capitaux, les actionnaires
ne sont pas forcément des commerçants, et elle peut être composée d'actionnaires mineurs. Ses
actionnaires ont des droits et des devoirs. La SA est régie par les dispositions de la loi 17-95
complétée et modifiée par le dahir n° 1-99-327 du 30 décembre 1999 portant promulgation de
la loi n° 81-99, le dahir n°1-08-18 portant promulgation de la loi n°20-05, le dahir n° 1-04-17
portant promulgation de la loi n°23-01, le dahir n° 1-15-106 portant promulgation de la loi n°
78-12 et tout récemment par le dahir n° 1-19-78 portant promulgation de la loi n° 20-19. De ce
fait, elle est gouvernée soit par un conseil d'administration, ou soit par un conseil de surveillance
et de directoire, ou par les deux ensembles. Lorsqu'elle est gouvernée par un conseil d'adminis-

8
tration, elle renvoie à la forme classique ou moniste de la société et est dirigée par des adminis-
trateurs qui sont au nombre de trois au minimum et de douze au maximum, toutefois ce nombre
est porté à quinze lorsque les actions de la société sont cotés en bourse. Ces administrateurs
doivent tous avoir la qualité de commerçant, et ont à leur tête un président général à qui sont
attribuées plusieurs fonctions et qui dès fois exerce les fonctions de PDG. Les administrateurs
dans la forme classique peuvent être des personnes morales, physiques, salariés, ou un tiers, ils
sont nommés par l'Assemblée Générale ordinaire ou l'assemblée générale extraordinaire ; c'est
cet organe collégial qui nomme le directeur général de la société, et exerce plusieurs fonctions
qui concourent au développement et au fonctionnement de la société. Lorsqu'elle est dirigée
par un conseil de surveillance et un conseil directoire, dans ce cas elle est dite dualiste, la di-
rection de la société est effectuée par des organes différents qui sont soumis au conseil de sur-
veillance, l'organe directoire dans ce cas est composé de cinq à sept membres et qui n'ont pas
forcément la qualité de commerçant ; l'organe de surveillance quant à lui ressemble un peu au
conseil de surveillance. La loi 20-19 a introduit dans les deux formes de sociétés la notion
d'administrateur indépendant qui n'est aucunement lié à la société, une personne tierce, exté-
rieure à la société qui porte un regard objectif sur la société et contribue à l'enrichissement des
réflexions. Ces dirigeants sociaux dans l'exercice de leur fonction peuvent voir leur responsa-
bilité civile, pénale, fiscale être engagée. La responsabilité civile du dirigeant peut être inhé-
rente à un dommage causé à un tiers, ou à la société du fait d'un acte positif ou négatif ; sa
responsabilité pénale est engagée en cas d'abus de droit, de détournement de meubles, de mau-
vaise foi et bien d'autres, cette responsabilité pénale concerne les dirigeants de droit que les
dirigeants de fait, cette responsabilité est tout de même limitée.
Notion de SARL : La société à responsabilité limitée est également une société commerciale
par la forme, elle peut être composée d'une (le cas de la SARL à associé unique) ou plusieurs
associés tout en n’excédant pas le nombre de 50. Elle est une société hybride, constitué d'apport
en nature, en numéraire et dans certains cas d'apport en industrie, aucun capital social n'est
exigé pour sa constitution, elle est régie par la loi 5-96 relative à la société en nom collectif, à
la société en commandite simple ou en commandite par action, à la société en participation et
à la SARL. Cette loi a été modifiée et complétée dans ses dispositions concernant la SARL par
le dahir n° 1-06-21 du 14 février 2006 portant promulgation de la loi n°21-05 ; par le dahir n°
1-11-39 du 02 juin 2011 portant promulgation de la loi n° 24-10, et tout récemment par le dahir
n° 1-19-79 du 26 avril 2019 portant promulgation de la loi n° 21-19. La SARL constitué, dis-
pose d'associés à qui la loi confère des droits ; ainsi ces associés ont le droit de participer à la
vie sociale de la société, de convoquer une assemblée générale, de décider de la cession des
parts sociales. Leur droit de participer à la vie sociale de la société se manifeste à travers un

9
droit de vote, un droit à l'information préalable et occasionnel, un droit de participer aux résul-
tats de la société ; le droit aux votes est un droit politique dont jouit l'associé à titre individuel,
et lui permet de prendre part aux décisions relatives à la société ; le droit à l'information se
manifeste à travers la communication de certains documents respectifs en cas d'information
préalable et occasionnel, l'associé, dans sa participation aux résultats, prend part aux partages
des bénéfices, aux pertes, ainsi qu'au Boni de liquidation. Outre ses droits individuels, l'associé
dispose également des droits qu'il exerce à titre collectif : le droit à l'assemblée générale, ainsi
qu'à sa convocation, le droit de céder les titres etc. La nouvelle modification renforce ses droits,
en accordant aux associés minoritaires le droit de convoquer l'AG, et précise certaines modalités
de cession qui peut porter sur des biens mobiliers ou immobiliers.
L'intérêt et apport de la loi 20-19 et la loi 21-19 : La loi 21-19 modifiant la loi 5-96 est
venue à travers ses dispositions « renforcer la protection des intérêts des investisseurs minori-
taires, accentuer le principe de la transparence et de bonne gouvernance, au sein des sociétés,
hisser la loi marocaine au niveau des standards internationaux » en quelques sortes cette loi est
venue renforcer le droit des associés minoritaire à travers les modalités de prise de décision en
Assemblée Générale ainsi que l'encadrement de la distribution des dividendes. La loi 20-19
modifiant la loi 17-95 de son côté, à travers ses dispositions à « accentuer le principe de la
bonne gouvernance au sein des sociétés, améliorer le climat des affaires et de l'attractivité des
investissements, améliorer le classement doing business au Maroc, hisser la loi marocaine au
niveau des standards internationaux » ; à travers ses dispositions, il introduit la notion d'admi-
nistrateur indépendant, les modalités de cession des actifs , le renforcement de la responsabilité
des dirigeants sociaux et l'élargissement du droit à l'information des actionnaires. Ses nouvelles
modifications ont pour but d'améliorer le climat des affaires au Maroc, ainsi que l'attractivité
des investissements. Notons également que « l'élaboration de ce texte s'inscrit dans le cadre de
l'ambition de maintenir une trajectoire ascendant dans le positionnement du Maroc dans le fa-
meux rapport relatif à l'environnement des affaires : le doing business ».
Problématique et plan : Au vu de ces modifications, une question mérite d'être posée :
comment les nouveautés introduites en 2019 par le législateur en droit des sociétés à savoir
la loi 20-19 et la loi 21-19 ont elles impactées la vie des sociétés commerciales au Maroc?
Pour répondre à cette question, nous allons aborder dans une première position la Société Ano-
nyme et la loi 20-19 (Partie I) et dans une seconde position les droits des associés dans la
société à responsabilité limitée (Partie II)

10
Partie 1 : La société Anonyme
et la loi 20-19

11
Chapitre 1 : La gouvernance des SA

Reconnue au Maroc à travers le code de commerce de 1913 dans son article 30, la Société
Anonyme est une société par action. Elle est une société commerciale par la forme constituée
d’un capital social minimum de 3.000.000 DH lorsqu’elle fait publiquement appel à l’épargne,
et 300.0000 DH dans le cas contraire. Elle nécessite pour sa constitution 5 membres au moins
et est créée pour une durée de 99 ans renouvelable à condition de ne pas excéder le plafond.
Etant donné qu’elle regroupe plusieurs personnes et qu’elle a vocation à réunir plusieurs
actionnaires qui sont interchangeables, elle nécessite une organisation assez élaborée
permettant d’assurer l’expression de la volonté du groupement et de canaliser les pouvoirs au
sein de la société3. Elle est gouvernée soit par un Conseil d’Administration ou un organe de
direction et de surveillance (section I). Afin de permettre une bonne gouvernance, la loi 20-19
introduit la notion d’administrateur indépendant (section II).

3
M. El Mernissi, L. EL Mernissi « traité marocain du droit des sociétés» lexis news, pages 361 - 897
12
Section I : L’Administration de la Société Anonyme

La SA est administrée soit par le conseil d'administration (paragraphe 1) ou par


l'organe directoire et le conseil de surveillance (paragraphe 2), composé par des membres, ceux-
ci à travers leurs fonctions, œuvrent pour le bon fonctionnement de la société.

Paragraphe 1 : Le Conseil d’Administration

Présent dans une SA moniste ou classique, le Conseil d'Administration est un organe


collégial composé d'administrateurs qui sont actionnaires. Son organisation et son
fonctionnement tiennent compte de certains principes de la corporate gouvernance, en
particulier de l'équilibre des pouvoirs dans les sociétés cotées4.
Composition du CA : Le CA est composé conformément aux dispositions de l'art 39 Al 1
de trois membres au moins et de douze membres au plus, ce dernier nombre est porté à quinze
lorsque les actions de la société sont inscrites à la cote de la bourse des valeurs. L'alinéa 2 du
même article dispose qu'en cas de fusion, ces nombres de douze et de quinze pourront être
dépassés jusqu'à concurrence du nombre total des administrateurs en fonction depuis plus de
six mois dans les sociétés fusionnées sans pouvoir être supérieur à vingt-quatre, et vingt-sept
lorsque les actions de la société sont cotées. Les administrateurs de la SA sont nommés par
l'assemblée générale ordinaire5 en cours de vie de la société et par les statuts au moment de la
constitution de la société6. Toutefois en cas de fusion ou de scission, la nomination peut être
faite par l'assemblée générale extraordinaire7. Il est à noter que chaque statut d'une SA fixe le
nombre minimum et maximum d'administrateur à avoir et ce nombre peut être fixe ou variable.
Ils sont nommés pour une durée fixée par les statuts8. Ainsi composé, cet organe collégial est

4
Ibidem page 423
5
Art 40 al.1de la loi 17-95 La loi 17-95 relative aux sociétés anonymes, promulguée par le dahir n° 1-96-124 du
14 rabbi II 1417 (30 août 1996)

6
Art 20 al. 1 de la loi 17-95
7
Art 40 al. 3 de la loi 17-95
8
Cette durée ne doit pas être supérieure à 6ans s’ils sont nommés par les AG et de 3ans si ce sont les statuts qui
les nomment.
13
dirigé par un président appelé PDG 9 dans certains cas, dont le rôle est d'organiser et de diriger
les différentes tâches du conseil d'administration, suivi d'un directeur général (lorsque cette
fonction est exercée par une personne autre que le président du conseil) et d'un directeur général
délégué. Il constitue de ce fait l'organe directoire de la société.
La personne des administrateurs : Les administrateurs de la SA peuvent être des personnes
physiques ou morales, salarié ou un tiers. Lorsque l’administrateur est une personne
morale, lors de sa nomination elle est tenue de désigner un représentant permanent. Celui-ci
est soumis aux mêmes conditions et obligations. En ce qui concerne sa responsabilité civile ou
pénale, elle est retenue au même titre que celle d’un administrateur qui s’engage à son titre
personnel et ce, sans préjudice de la responsabilité solidaire de la personne morale qu'il
représente10. Cependant il est primordial pour le CA de disposer d'une personne physique à qui
sera attribuée le poste de président. Lorsqu'il est salarié, ce dernier doit disposer d'un contrat de
travail correspondant à un emploi effectif et ne perd pas son travail en cas de nomination. Leur
nombre ne doit pas dépasser le tiers du conseil d'administration. Toutefois ils doivent tous
disposer d'une action, en ce sens, l'art 44 de la loi 17-95 dispose que chaque administrateur doit
être propriétaire d'un nombre d'actions de la société déterminé par les statuts; exception faite
aux administrateurs indépendants.
Capacité et incompatibilités des administrateurs : La capacité des administrateurs
personnes physiques ou morales ainsi que leurs incompatibilités sont prévues par la loi 17-95,
ainsi que d'autres dispositions ou par les statuts le cas échéant. Peut-être administrateur au sein
d'une SA toute personne physique ayant l'âge de la majorité malgré le fait que la SA est une
société par action dont l'intuitu personae n'est pas prise en compte. Cependant la SA peut avoir
comme actionnaires des mineurs étant donné que ses actionnaires sont liés à elle sans être
obligés d'avoir la qualité de commerçant. Certes elle est composée d'actionnaires mineurs mais
ceux-ci ne peuvent avoir la qualité d'administrateurs, car cette fonction nécessite une certaine
maturité, des connaissances, des prises de décisions pour pouvoir faire fonctionner la société et
la diriger. Ainsi peut être administrateur toute personne ayant atteint l'âge de majorité civile qui
est de 18 ans grégoriens révolus conformément aux dispositions du code la famille de 2004. La
loi ne prévoit aucune limite d'âge pour être administrateur. Notons que la loi n’exige aucune
qualification professionnelle pour être administrateur. Ainsi la qualité de commerçant qui n’est
pas primordiale pour être administrateur car celui-ci n'effectue pas des actes de commerce pour

9
Lorsque le conseil lui attribue de pleins pouvoirs. Lorsque celui-ci est à la fois président du CA et directeur
général de la société.
10
Art 42 al. 1 de la loi 17-95

14
son compte personnel mais au nom de la société. Cependant certains textes exigent des
qualifications professionnelles à l'exemple des sociétés anonymes ayant pour objet la
fabrication, la détention ou la vente en gros des produits pharmaceutiques, le pharmacien
responsable doit être un des directeurs généraux11.
Afin de bien exercer leurs fonctions, les administrateurs sont soumis à des
incompatibilités. Ils ne peuvent concilier leur mandat avec les fonctions de commissaire aux
comptes12, de même qu'ils ne peuvent pas être experts comptables13, notaires14, avocats, ou
membres du gouvernement15. Aussi, conformément aux dispositions de l'article 75 de la loi 19-
14 toute personne faisant partie des organes d'Administration, de gestion et de direction ou du
personnel d'une société de bourse, ne peut ni être membre du conseil d'administration, de
gestion et de direction d'une société dont les titres sont cotés en bourse, ni exercer les fonctions
rémunérées au sein de ladite société ; d'autres incompatibilités peuvent également être prévues
par les statuts. Il est à noter que la loi 17-95 ne prévoit pas de cas de déchéance.
Fonctions du conseil d'administration : Nommé par les actionnaires, le conseil
d'administration a pour rôle de faire fonctionner la société dans les meilleures conditions afin
d'atteindre l'objectif de création de toute société.16. Le conseil d'administration défend l'intérêt
des actionnaires à travers la prise de décision en Assemblée Générale; à noter qu'il ne peut
délibérer valablement que si la moitié au moins de ses membres sont effectivement présents 17.
Investi de plusieurs attributions, le CA participe activement à la vie sociale de la société, il est
compétent en ce qui concerne la nomination du président du conseil ; il détermine le mode
d'organisation de la société en procédant à la nomination de son directeur général, « il a
également pour fonction de contrôler l'action du directeur général en s'assurant qu'elle concorde
avec les stratégies définies pour la société, d'informer les actionnaires ». Il est aussi compétent
pour nommer le directeur général délégué sous proposition du directeur général. Le CA a aussi

11
M. EL Mernissi, L. EL Mernissi « Traité marocain de droit des sociétés » page 441

12
Art 41 de la loi 17-95

13
Art 16 du dahir du 08 janvier1993

14
Art 4 de la loi n° 32-09 relative à l'organisation de la profession de notaire, promulguée par le Dahir n° 1- 11-
179 du 25 hija 1432. (B.O. n° 6062 du 5 juillet 2012)

15
Art 87 de la constitution

16
Se faire des bénéfices en définissant l'orientation stratégique de la société

17
Art 50 de la loi 17-95

15
un rôle déterminant en ce qui concerne la détermination et la prévention des risques. Dans ses
fonctions, il prend part à l'AG et il établit des rapports. Ainsi en matière de cession des actifs de
la société (qui est effectué par autorisation préalable de l'AG extraordinaire18), le CA est tenu
d’établir un rapport portant demande d’autorisation (al 2 et suivant de l'art 70 la loi 17-95
modifiée et complétée par la loi 20-19). Toutefois il est à noter que les rôles que jouent le CA
ne doivent pas empiéter sur les rôles du directeur général. Etant donné qu'il est un organe
collégial, ses membres ne disposent pas de pouvoir individuel pour prendre des décisions ; ses
administrateurs ne peuvent assumer d'autres fonctions en tant que salariés au sein de la société
anonyme qu'ils dirigent. Cette interdiction a pour but d'éviter que les membres concernés ne
prennent des décisions qui vont dans leur unique intérêt et non pour celui de l'ensemble des
actionnaires, en revanche lorsque « l'administrateur était déjà salarié avant sa nomination au
CA de la société anonyme il faut qu’il ait un emploi effectif et non de simple mission de
consultance ou de représentation », C'est en ce sens que la loi 17-95 dans son art 43 dispose que
le salarié de la société ne peut être nommé administrateur que si son contrat de travail
correspond à un emploi effectif, de même leur nombre ne doit pas dépasser le ⅓ des
administrateurs. Il est à souligner que la loi 17-95 ne prévoit pas expressément des
rémunérations19 destinées au CA dans l'établissement de leur fonction, mais dispose dans son
art 55 que l' AG ordinaire peut allouer au CA à titre de jetons de présence, une somme fixe
annuelle qu'elle détermine librement, et que le conseil répartit entre ses membres dans les
proportions qu'il juge convenable. De même le conseil peut lui même allouer à certains
administrateurs pour les missions et les mandats qui leur sont confiés à titre spécial et
temporaire une rémunération exceptionnelle, il peut également autoriser le remboursement des
frais de voyage et de déplacement engagés dans l'intérêt de la société.
En cela, nous pouvons affirmer que la gouvernance d'une SA moniste est attribuée au conseil
d'administration, cependant la gouvernance d'une société anonyme peut être dualiste. Dans ce
cas, elle est gouvernée par un organe directoire et un conseil de surveillance.( paragraphe 2)

18
Art 70 de la loi 17-95 modifiée et complétée Le dahir n° 1-19-78 portant promulgation de la loi n° 20-19
19
Aucune rémunération n’a été prévu par la loi au CA dans la logique que ses membres sont déjà des
actionnaires comme le prévoit l’art 44 de la loi 17-95 et de plus ils participent au partage du bénéfice, de même
certains administrateurs sont des salariés et son rémunérées en ce sens ; en plus parce que le CA est un organe
collégial et ses membres ne disposent pas de pouvoir individuel c’est-à-dire pas de fonction individuelle »
16
Paragraphe 2 : L’Organe de direction et le conseil de surveillance

Moins utilisé que la forme classique ou moniste, la SA peut également être gouvernée
par un organe de direction et un de surveillance20. Contrairement à la forme classique, elle se
distingue de par son fonctionnement qui s'effectue sur une forme dualiste, c'est à dire qu'elle
est réservée à la fois à l'organe directoire et au conseil de surveillance. Cette forme peut être
décidée par les actionnaires fondateurs au moment de la constitution de la société, ou en cours
de vie de la société. Une fois la forme de la SA décidée, cette stipulation est introduite dans les
statuts et la société se dénomme "SA à directoire et à conseil de surveillance" conformément
aux dispositions de l'article 4 de la loi 17-95. En effet ces deux organes exercent des fonctions
différentes. L'organe directoire assure la direction de la société et le CS en assure la gestion.
Toutefois, l'organe directoire exerce ses fonctions sous le contrôle d'un conseil de
surveillance21.
L'organe directoire de la société : considéré comme l'organe collégial de la société, le
directoire est composé conformément aux dispositions de l'art 78 de la loi 17-95 des membres
dont le nombre est fixé par les statuts et ne peut être supérieur à 5. Cependant ce nombre peut
être porté à 7 lorsque les actions de la société sont inscrites à la cote de la bourse des valeurs.
Ses membres sont nommés par le conseil de surveillance qui confère à l'un la qualité de
président22. En ce qui concerne leur personne, ils doivent être des personnes physiques, et
peuvent être choisis en dehors des actionnaires contrairement aux membres du CA qui doivent
disposer tous des actions. La direction de cette forme de société diffère de celle d'une SA
moniste en raison de la pluralité de ses membres alors que la direction d'une SA moniste est
composée d'une seule personne le cas échéant un directeur général délégué ; ses membres
peuvent de même être des salariés. L'organe directoire est nommé pour une durée comprise
entre 2-6 ans lorsqu'elle est fixée par le statut, le cas contraire cette durée est de quatre ans23. Il
est primordial de souligner que les membres du directoire présentent quelques incompatibilités
en ce qui concerne leur nomination. Ainsi, un membre du directoire ne peut faire partie du
conseil de surveillance, il ne doit pas faire l'objet d'interdiction d'exercer l'activité commerciale.

20
Cette forme de gouvernance constitue une forme dualiste de gouvernement
21
Art 78 alinéa 3 de la loi 17-95
22
Art 79 alinéa 1 de la loi 17-95
23
Art 81 de la loi 17-95
17
De même ses fonctions sont incompatibles à celles d'un commissaire aux comptes et il est
également soumis aux incompatibilités applicables aux administrateurs. Cet organe collégial a
pour fonction d'assurer la direction de la société, toutefois ses fonctions peuvent se retrouver
entre les mains d'une seule personne, lorsque la société a un capital social inférieur à un million
cinq cents milles dirhams24. Dans ce cas, cette personne est surnommée directeur général unique
conformément à l'al 2 de l'art 79 de la loi 17-95. L'organe directoire agit au nom de la société
dans la limite de l'objet social et sous réserve des pouvoirs qui lui sont attribués par la loi, par
le conseil de surveillance et par les assemblées des actionnaires. Il joue de ce fait le rôle de
gestion et de conduite de la société ; de même qu'il délibère et prend ses décisions dans les
conditions que fixent les statuts. Dans l'établissement de ses fonctions, le directoire peut sous
l'autorisation du conseil de surveillance répartir entre ses membres les tâches sans que cette
répartition ne retire au directoire son caractère d'organe collégial de direction de la société25. Il
doit présenter chaque trimestre au moins un rapport au conseil de surveillance. A la différence
du CA, les membres du directoire sont sujets de rémunération et non de jetons, en ce sens que
les membres du directoire peuvent être choisis en dehors des actionnaires, c'est à dire le fait
qu'une personne exerce une fonction dans le directoire peut correspondre à son travail. De
même il se différencie en raison du fait que le directoire outre l'AG doit être soumis au conseil
de surveillance ce qui n'est pas le cas du directeur d'une SA à CA qui rend uniquement des
comptes à l'AG, ce qui nous conduit à affirmer que la direction d'une SA à CA dispose d'une
certaine indépendance par rapport à l'organe directoire qui est sous contrôle permanent du CS.
Le conseil de surveillance : Présentant les mêmes traits que le CA, le CS est composé
conformément à l'article 83 de la loi 17-95 de trois membres au moins et de douze membres au
plus. Ce nombre est porté à quinze lorsque les actions de la société sont inscrites à la cote de la
bourse des valeurs. Toutefois, en cas de fusion, ces nombres de douze et de quinze pourront
être dépassés jusqu'à concurrence du nombre total des membres du CS en fonction depuis plus
de six mois sans être supérieur à vingt-quatre, vingt-sept dans le cas d'une fusion de société
dont les actions sont inscrites à la cote de la bourse des valeurs. Les membres du CS sont
26
nommés par statuts (pour trois ans) au moment de la constitution de la société et par
l'Assemblée Générale ordinaire en cours de vie sociale pour une durée de six ans lorsque la
nomination est faite par l'AG. De même, cette nomination peut être faite par l'AG extraordinaire

24
Art 78 alinéa 2 de la loi 17-95
25
Art 102 de la loi 17-95 modifiée et complétée par Dahir nº 1-08-18 du 17 joumada I 1429 (23 mai 2008)
portant promulgation de la loi n° 20-05 modifiant et complétant la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes.
26
Art 87 alinéa 1 de la loi 17-95 modifiée et complétée par la loi 20-05

18
en cas de fusion ou de scission. Les membres du CS doivent être propriétaires comme les
administrateurs d'un certain nombre d'actions déterminé par les statuts, ils peuvent être des
personnes physiques ou morales, lorsqu’il s’agit d’une personne morale elle doit être
représentée. Ainsi composé, le CS élit en son sein un président le cas échéant un vice-président
qui est chargé de convoquer le conseil et de diriger les débats27. Les membres du CS présentent
une certaine incompatibilité, en ce sens qu’ils ne peuvent faire partie du directoire. Le CS a
pour fonction contrairement au CA de contrôler la gestion de la direction de la société qui est
réservée à un autre organe, il présente de ce fait à l'AG ses observations sur le rapport du
directoire ainsi que les comptes de l'exercice. Il est à préciser que le CS de même que CA ont
une fonction commune qui a été soulevée par la loi 20-19 dans son article 1er plus précisément
les articles 70 et 104 de la loi 17-95 : établir un rapport qui suit la demande d'autorisation de
cession des biens de la société, à cet effet les membres du CS établissent un rapport en matière
de cession des biens de la société dont l'autorisation est donnée uniquement par l'Assemblée
générale extraordinaire, ce rapport doit préciser les motifs de la cession, leur impact sur la
société, fixer les modalités de la cession, les actifs à céder, leur nature, leur prix de cession, et
les méthodes de fixation desdits prix, leur valeur comptable et leur poids dans l'actif de la
société. En cas de cession des biens immobiliers, le rapport doit inclure une évaluation desdits
biens ; ce rapport doit également comprendre le pourcentage des actifs de la société objet de la
cession. Précisons de ce fait que seule l'assemblée générale extraordinaire est habilitée à
changer les statuts dans toutes ses dispositions et à autoriser la cession de plus de 50% des actifs
de la société pendant une période de douze mois 28. Les membres du CS doivent également
établir un rapport de gestion qui contient tous les éléments d'information utiles aux actionnaires.
Conformément à l'article 142 de la loi 17-95 modifiée et complétée par la loi 20-19 ce rapport
de gestion doit également faire sortir la liste des mandats des administrateurs ou membres du
conseil de surveillance dans d'autres CA ou dans d'autres CS ainsi que leurs emplois ou
fonctions principaux. Dans leur fonction, ils sont sujets de jetons et de rémunération
exceptionnelle.
Ainsi le fonctionnement du CS se rapproche de celui du CA, toutefois ils se différencient.
Le CA dispose d'une fonction plus large que le CS, de même qu'une responsabilité civile et
pénale plus étendue ; une incompatibilité de fonction entre le directoire et le CS se laisse voir
au niveau du CS, de même qu'une absence d'obligation de communication d'information pour
le président du directoire. Cependant, l'adoption de la forme dualiste pour la gouvernance de

27
Art 90 alinéa 1 de la loi 17-95 modifiée et complétée par la loi 78-12
28
Art 110 de la loi 17-95 modifiée et complétée par la loi 20-19
19
la société présente des avantages par rapport à l'adoption de la forme classique, en effet,
l'adoption de la forme dualiste permet à la société de scinder la direction et le contrôle de la
société ce qui n'est pas le cas au niveau du CA qui prend part aux décisions de gestion. Chaque
membre du CS salariés peut cumuler son poste avec un contrat de travail alors que les
administrateurs ne le peuvent pas, ceux qui sont salariés parmi eux doivent l'être avant leur
nomination et doivent disposer d'un emploi effectif. « L'adoption de cette forme présente aussi
des inconvénients, la répartition de la direction et de la gestion de la société peut être illusoire
dans la mesure où le CS nomme des personnes en qui il place des confiances au directoire, et
ces derniers agissent uniquement en suivant les directives du CS », parce qu'il a plusieurs
personnes au niveau de la direction, son fonctionnement peut s'avérer des fois compliqué.
Il est possible de fusionner une société à CS et une société à CA, dans ce cas la loi 17-95 dans
son article 106 autorise à ce que les membres du CS et les administrateurs puissent dépasser
douze et quinze à concurrence du nombre total d'administrateur et de membres du CS en
fonction depuis plus de six mois sans dépasser vingt-quatre ou vingt-sept.
À travers ces écrits, nous pouvons affirmer que la SA peut être gouvernée par un CA ou un
organe directoire et de surveillance. Le législateur toujours dans le but de perfectionner et
d'améliorer la gouvernance de la SA, introduit alors à travers la loi 20-19 la notion
d'administrateur indépendant présent au niveau CA et au niveau de l'organe de direction et de
surveillance.

20
Section II : L’Introduction d’Administrateurs Indépendants

Libre d'intérêt, l'administrateur indépendant est une personne qui désormais par l'application
de la loi 20-19, fait partie intégrante du conseil d'administration et de surveillance d'une société
anonyme qu'elle soit cotée ou non. Qu'est-ce qu'un administrateur indépendant ? (I) et quelles
sont ses fonctions ? (II)

Paragraphe 1 : La notion d’administrateurs indépendants

Introduit au Maroc par le code de la bonne gouvernance, l'administrateur indépendant est une
personne qui n'entretient aucune relation de quelque nature que ce soit avec la société, son
groupe ou sa direction, qui puisse compromettre l'exercice de sa liberté de jugement. Selon ce
code il n'est pas seulement un administrateur non exécutif, mais indépendant c'est à dire
dépourvu de tout lien d'intérêt.
Les raisons de l’introduction des Administrateurs indépendants : Dans le souci
d'améliorer la gouvernance des SA, le législateur introduit la notion d'administrateur
indépendant. Cette introduction a été faite en vue de recueillir les avis, les voix, et des décisions
prises par des personnes n'ayant aucun lien avec la société. Des membres extérieurs qui doivent
porter un regard objectif sur l'entreprise et qui contribuent à l'enrichissement des réflexions.
Cette introduction a été décidée parce que les administrateurs exécutifs étant liés à la société
(qu'ils soient salariés ou actionnaires) ont tendance à prendre des décisions qui vont dans leurs
intérêt respectifs. Le besoin d'une voix neutre se fait donc ressentir dans la prise des décisions.
L'objectif du législateur était également de se conformer à la réglementation de la banque
mondiale dans le cadre du maintien du positionnement du Maroc dans le rapport relatif à
l'environnement des affaires "le doing business". Il est à noter que la notion d'administrateur
indépendant n'est pas récente au Maroc, elle a été préconisée par le code marocain de bonne
pratique et de gouvernance des entreprises et des établissements publics de 2008 dans son
deuxième chapitre intitulé "les EEP sont encouragés à recruter dans une proportion de 25% des
membres de leur organe de gouvernance à atteindre progressivement, des administrateurs
indépendants ...", de même ce même code « précommande que le comité d'audit soit constitué
d'une majorité de membre non exécutifs ou externe disposant de l'objectivité et de la liberté de
jugement nécessaire à un exercice sain et serein de leur mission » ; par la suite, la Bank Al

21
Maghrib dans son circulaire du 10 juin 2016 imposa aux établissements de crédit de nommer
un administrateur indépendant, réglementation qui entre en vigueur deux ans après, de ce fait
les établissements de crédit étaient soumis à cette réglementation à travers l'article 35 de la loi
bancaire (loi 103-12) ; c'est après cela que le législateur dans la loi 20-19 l'introduit à toutes les
SA qu'elles soient cotées ou non.
Personne d'administrateur indépendant : Encore appelés administrateurs non
exécutifs, on entend par administrateurs indépendants conformément aux dispositions de l'art
67 al 6 de la loi 17-95 modifiée et complétée par la loi 20-19 "des administrateurs, qui ne sont
ni président directeur général, ni directeur général, ni directeur général délégué, ni salariés de
la société exerçant des fonctions de direction". Le même alinéa dispose que leur nombre doit
être supérieur à celui des administrateurs ayant l'une de ses qualités. Un administrateur
indépendant est une personne qui n'entretient aucune relation de quelque nature que ce soit avec
la société. Il doit être un administrateur non exécutif n'exerçant pas de fonction salariale ou de
direction de la société ou de son groupe et dépourvu de lien d'intérêt particulier avec ceux-ci29.
De ce fait l'administrateur indépendant est une personne tierce dépourvue de tout lien avec la
société, il est à préciser que par dérogation à l'art 44 de la loi 17-95 l'administrateur indépendant
ne doit pas avoir d' action, mais a le droit de prendre part à l'AG. Il est nommé et révoqué dans
les mêmes conditions que l'administrateur exécutif, leur nombre ne doit pas dépasser le 1⁄3 des
administrateurs. Ils sont ainsi nommés dans toutes les sociétés anonymes faisant ou pas d'appel
public à l'épargne30. Le législateur dans le souci de permettre une bonne gouvernance et une
bonne nomination de ses administrateurs indépendants prévoit certaines conditions, ainsi la loi
17-95 modifiée et complétée par la loi 20-19 prévoit dans son article 41 bis les conditions de
modalités de leur nomination, peut alors être nommé comme administrateur indépendant auprès
d'une société anonyme :
 Toute personne n'ayant pas été au cours des trois années précédant sa nomination salarié
ou membre des organes d'Administration, de surveillance, ou de direction de la société,
 Toute personne n'ayant pas été au cours des trois dernières années, représentant
permanent, salarié ou membre de l'organe d'Administration, de surveillance ou de
direction d'un actionnaire ou d'une société que ce dernier consolide,
 Toute personne n'ayant pas été au cours des trois dernières années, membre de l'organe
d'Administration, de surveillance ou de direction, d'une société dans laquelle la société
détient une participation quel que ce soit son pourcentage,

29
M. EL Mernissi, L. EL Mernissi « Traité marocain du droit des sociétés » Lexis Nexis, coll. « Mena » p. 426
30
Art 41ter de la loi 17-95 complétée et modifiée par la loi 20-19
22
 Toute personne qui n'est pas membre de l'organe d'Administration, de surveillance ou
de direction, d'une société dans laquelle la société dispose d'un mandat au sein de
l'organe d'Administration ou de surveillance, ou dans laquelle un membre des organes
d'Administration ou de surveillance ou de directoire, en exerce ou l'ayant été depuis
moins de 3 ans, détient un mandat au sein de son organe d'Administration, de
surveillance ou de son directoire,
 Toute personne qui n'a pas représenté, au cours des trois dernières années un partenaire
commercial ou financier ou exerçant une mission de conseil auprès de la société,
 Toute personne qui n'a pas de parenté jusqu'au deuxième degré avec un actionnaire ou
un membre du conseil d'administration de la société ou son conjoint,
 Toute personne qui n'a pas été commissaire aux comptes de la société au cours des six
années précédant sa nomination.
À cela s'ajoute le fait que l'administration indépendant ne peut exercer les fonctions de PDG,
de directeur général, de directeur général délégué, ou tout autre mandat exécutif.
L'administrateur indépendant est nommé auprès d'une SA moniste et également auprès d'une
SA dualiste (art 83 al 2). De même en cas de fusion entre ses deux types de société, la loi
recommande à ce qu’un comité soit créé lorsque leurs actions sont inscrites à la cote de la bourse
des valeurs (art 106 bis), ce comité de même doit être composé d'administrateur indépendant.
Le comité d'audit conformément à l'al 3 de l'art 106 bis ne doit être composé que
d'administrateur indépendant ou des membres du conseil de surveillance n'exerçant
aucune fonction de direction, ce comité est composé de 3 membres dont un président qui doit
être un administrateur indépendant, pour les sociétés dont les actions sont sur le marché de la
bourse des valeurs, un second membre doit être indépendant. « La qualification d'administrateur
indépendant est basée sur sept critères d'exclusion visant à prévenir le risque de conflits
d'intérêts entre l'administrateur et la direction, s'agissant de l'apport de l'administration
indépendant, celui-ci doit être intègre, compétent, assidu et impliqué ».
L'introduction des administrateurs indépendants est bénéfique pour les sociétés en raison de
leur fonction.

23
Paragraphe 2 : Les fonctions des administrateurs indépendants

La loi 20-19 n'introduit pas uniquement la notion d'administrateur indépendant dans les SA
mais leur attache une certaine fonction afin de concourir à la bonne gouvernance de celle-ci. En
ce sens, à travers l'art 76 de la loi 17-95, il dispose que les administrateurs non exécutifs sont
chargés au sein du conseil, du contrôle de la gestion et du suivi des audits internes et externes,
de même ils peuvent constituer entre eux un comité d'investissement et un comité de
rémunération. L'administrateur indépendant étant l'œil extérieur de la société assure son
pilotage stratégique et surveille sa gestion. L'administrateur indépendant exerce entre autres
d'autres fonctions, celle de contrôle et de conseil qui varient suivant la taille des sociétés ainsi
que leurs caractéristiques. L'administrateur indépendant joue également un rôle disciplinaire
dans la société et assure la protection des actionnaires. Sa présence dans la société favorise à
travers sa neutralité, des décisions favorables au développement de la société, le développement
des activités et une bonne gestion de la société. Même si le législateur ne mets pas l'accent sur
la compétence de l'administrateur indépendant, ce dernier doit apporter à la société sa
compétence professionnelle ainsi que son savoir-faire. Même dans la mesure où sa compétence
professionnelle diffère vraiment de l'objet social de la société, il doit développer ses
connaissances dans tous les domaines où elles seront sollicitées. L'administrateur indépendant
doit prendre connaissance du fonctionnement du CA ou du CS, doit apporter à la société une
expérience professionnelle ou personnelle offrant un éclairage extérieur utile. Il doit aussi
organiser les débats. Ce dernier aide la société à prendre du recul à travers son regard neutre
sur la situation, par son intervention. Il évite à la société des risques, il aide le dirigeant de la
société à prendre de bonnes décisions et qui vont uniquement dans l’intérêt de la société.
Toujours dans le cadre des compétences, l'administrateur indépendant auprès du comité d'audit
des sociétés cotées doit avoir au moins une compétence en matière de comptabilité. Pour Denis
kibler le rôle d'un administrateur est d'étudier la stratégie de la société, de dresser un état des
lieux, d'évaluer les risques ; pour lui, l'administrateur réalise également le contrôle budgétaire,
vérifie le respect des normes comptables et s'assure que l'information des actionnaires se passe
bien. L'administrateur indépendant a pour rôle principal d'éviter les conflits d'intérêts par sa
neutralité dans les jugements. Cette neutralité est indispensable dans les décisions que le CA
ou le CS prend.
En quelque sorte l'administrateur indépendant est le garant de l'intérêt de la société. En
contrepartie de ses fonctions, il bénéficie de rémunération qui est prévue par chaque statut d'une
société, il peut aussi prendre part aux jetons ainsi qu’à la rémunération exceptionnelle.
Toutefois il est à souligner que cette rémunération ne doit pas être non plus trop importante en
24
vue de ne pas seulement les attirer pour l'argent, en plus lorsque cette rémunération est trop
importante, les administrateurs indépendants peuvent être influencés et passer à côté de leur
fonction.
Les dirigeants de la société anonyme qu’il s’agisse d’un conseil de surveillance et de directoire
ou de conseil d’administration, étant donné l’envergure des fonctions dont ils sont investis, sont
capable de condamner ou non la société par des choix non judicieux. Compte tenu de cela le
législateur a apporté une touche de neutralité par les administrateurs indépendants. Ainsi les
actes pris par ces dirigeants peuvent causés du tort à la société mais aussi engager leur
responsabilité. (Chapitre2)

25
Chapitre 2 : La responsabilité des dirigeants sociaux
et le droit des actionnaires

Les dirigeants de la société étant chargé de plusieurs prérogatives dans le but d’une bonne
administration de la société, il est tout à fait normal que les actes ou les décisions prises par ces
derniers soient soumis à certaines conditions. En effet les actes posés par les dirigeants de la
société ont des répercussions sur cette dernière et dans le but d’assurer une durée maximale de
la vie sociétale il fallait prévoir également les cas où la loi retiendra la responsabilité (section1)
des acteurs des actes en questions.

Dans la même perspective d’une bonne gouvernance et de longévité de la société, le législateur


a renforcé un certain nombre de droits (section 2) reconnu aux actionnaires.

26
Section I : La responsabilité des dirigeants sociaux

« La direction d’une société est rarement une sinécure. Un jour vient où l’orage se déclare et
le dirigeant redescendu sur terre fait l’apprentissage de la responsabilité civile, pénale ou
fiscale ». Etant investi des fonctions exorbitantes au sein de la société, les dirigeants sont
appelés à beaucoup de vigilance car l’exercice de ses fonctions peut être également à l’origine
de leur chute lorsque ces derniers engendrent leur responsabilité civile (paragraphe 1) mais
aussi leur responsabilité pénale (paragraphe 2)

Paragraphe 1 : La responsabilité civile

L’action en responsabilité est subordonnée à la réunion de trois éléments : le fait générateur, le


préjudice et le lien de cause à effet liant le préjudice causé au fait générateur. Elle peut être
engagée selon le cas en réparation d’une faute contractuelle ou d’une faute délictuelle. La
responsabilité civile du dirigeant peut être retenue compte tenu d’une faute commise envers la
société elle-même ou envers un tiers31. Le dirigeant peut causer un préjudice à la société ou à
un tiers du fait d’un acte positif (une concurrence déloyale) ou par un acte négatif (lorsqu’il
s’abstient de prendre une décision nécessaire à la bonne gestion de la société). Lorsque le
dirigeant passe outre les dispositions législatives et exerce un certain nombre de fonctions qui
incombent normalement à un autre organe ou lorsqu‘il viole les clauses statutaires en effectuant
des actes contraires à l’objet social convenu dans les statuts32: on n’est alors en présence des
infractions commis à l’égard de la société. Lorsque l’un de ces faits ont été remarqué et imputer
à un ou plusieurs dirigeants ceux -ci sont individuellement ou solidairement responsable des
actes qu’ils ont commis. Par la loi 20-19 le législateur tient également pour responsable les
membres du conseil d’administration, le directeur général et, le cas échéant, le directeur général
délégué ou les membres du directoire les actes pris en dehors de la société et même ceux qui
ont été pris lors de leurs mandat33. On note un élargissement du champ de la responsabilité des

31
Cela concerne aussi bien les dirigeants de fait que les dirigeants de droit

32
Mais il faut distinguer si la société est à risque limité ou illimité. Dans ce cas la responsabilité du dirigeant
n’est retenue que si la société est à risque limité. Et peu importe leurs étendu ces actes doivent être pris lors de
l’exercice de leurs mandat.

33
Art 352 al.1 du dahir n° 1-19-79 du 26 avril 2019 portant promulgation de la loi n° 21-19.

27
dirigeants sociaux. Ils sont tenus pour responsable non seulement lorsqu’ils commettent une
faute dans la gestion de la société mais également lorsque cet acte est pris en dehors de tout
intérêt de celle-ci34. Les membres du conseil d’administration ou de directoire bien que n’ayant
pas participé aux fautes commises verront leurs responsabilités retenues si ceux ci ne dénoncent
pas lesdits faits dont ils ont eu connaissance au prochain AG35. Ainsi le législateur a instauré
une règle de présomption de responsabilité des dirigeants sociaux qui va courir jusqu’à preuve
du contraire36. Le tribunal peut dès lors reconnaitre les véritables responsables des fautes
commises une fois que ces derniers seront dénoncés devant l’AG. Ces nouvelles dispositions
permettent aux dirigeants sociaux n’ayant rien n’à se reprocher de pouvoir trouver une porte de
sortie37. Une fois leurs actes dénoncés à l’AG et les preuves de leurs culpabilités réunies, les
responsabilités se verront condamnés à des réparations.38

Dans la mesure où il est convenu que le dirigeant a commis une faute de gestion, la victime
lésée pourra saisir alors le tribunal compétent. Cette action en responsabilité peut être soit une
action sociale ou une action individuelle. L’action en responsabilité est dite sociale dans le cas
où elle a pour but de réparer les dommages causés à la société elle-même. Cette action peut être
mise en œuvre soit par un dirigeant39 de la société ou dans certains cas par un ou plusieurs
associés. Il faut préciser que dans la pratique, il est rare de constater une action mis en œuvre
par un dirigeant qui engagera donc sa propre responsabilité mais elle est possible dans le cas de
changement de dirigeant40. Il est cependant nécessaire de souligner qu’avec les nouvelles
dispositions de la loi 20-19, et selon le mode de gestion de la société anonyme 41les membres

34
Le législateur n’a pas pour autant préciser l’étendue de la notion « d’actes pris en dehors de la société ». Cela
englobe t’il tous les actes qui sont contraire à l’objet social de la société en question ?
35
Il convient de préciser que le législateur n’a pas précisé les modalités selon lesquelles ces faits seront portés à
l’AG. Mais tout porte à croire ceux-ci doivent être conforme aux règles régissant la convocation et la tenue des
AG.
36
Le législateur n’a pas précisé si le dirigeant contre lequel les allégations sont portées aura ou non le droit de
s’y opposer. Il convient de se demander si l’AG disposera des moyens pour démontrer la véracité des faits portés
à leurs connaissances.
37
Cette règle de présomption de responsabilité ne peut être efficace que si l’AG a des preuves des allégations
des dirigeants. Ces derniers peuvent dans certains cas juste chercher un responsable et donc faire de fausse
déclaration

38
Art 354 al.2 de la loi 17-95 stipule « Aucune décision de l’assemblée générale ne peut avoir pour effet
d’éteindre une action en responsabilité contre les administrateurs, le directeur général et, le cas échéant, le
directeur général délégué ou les membres du directoire pour faute commise dans l’accomplissement de leur
mandat. »
39
C’est l’action « ut universi »

40
Dans ce cas celui-ci peut dès lors engager une action contre son prédécesseur.
41
Le mode classique : SA à conseil d’administration et son directeur et le mode dualiste : SA à directoire et à
conseil de surveillance
28
du conseil ou les différents dirigeants de la société n’auront plus la langue liée et pourront
désigner les responsables des préjudices causés à la société car seul leurs responsabilités seront
retenues. L’action sociale peut également être intenté par un ou plusieurs des associés dans
l’intérêt de la société42contre les dirigeants. L’action sociale qu’elle soit intentée par les
dirigeants ou par un ou plusieurs associés doit se faire en toute liberté et sans contrainte car elle
est d’ordre public43. L’action sociale a pour but la réparation du dommage causé à la société.
Ainsi, une fois l’action intentée abouti, les dommages et intérêts sont versés à la caisse de la
société.

L’action individuelle est intenté par un associé ayant subi un dommage personnel du fait du
dirigeant. Les associés peuvent également saisir collectivement le dirigeant pour le préjudice
subi par chacun d’eux44. Dans le cadre de cette action les dommages et intérêts qui seront versés
par le responsable reviendrons à l’associé lésé. Cependant, celui-ci ne peut exercer cette action
que si le préjudice subit est distinct de celui causé à la société.

La charge de la preuve incombe aux personnes exerçant l’une des deux actions suivantes. Qu’il
s’agisse de l’action sociale ou l’action individuelle, elles doivent être intentées dans les 3 années
suivant le fait dommageable ou sa dissimulation. Outre les dommages et intérêts les dirigeants
sont tenus de verser au profit de la société des bénéfices, dans le cas où ces actes et faits commis
en ont générés. Ces derniers se verrons refuser la direction, la gestion, l’administration, la
représentation, le contrôle direct ou indirect d’une société dans une période de douze mois.

Bien qu’entretenant une relation civile les dirigeants sociaux, peuvent par un certain nombre
d’actes engagé leur responsabilité pénale. (paragraphe2)

42
C’est l’action dite « ut singuli »

43
Art 354 de la loi 17-95 stipule «Est réputée non écrite toute clause des statuts ayant pour effet de subordonner
l’exercice de l’action sociale à l’avis préalable ou à l’autorisation de l’assemblée générale, ou qui comporterait
par avance renonciation à cette action Aucune décision de l’assemblée générale ne peut avoir pour effet
d’éteindre une action en responsabilité contre les administrateurs, le directeur général et, le cas échéant, le
directeur général délégué ou les membres du directoire pour faute commise dans l’accomplissement de leur
mandat »

44
Art 352 al.4 « Les actionnaires qui, sur le fondement des dispositions du premier alinéa, entendent demander
aux administrateurs, aux membres du directoire ou au directeur général et, le cas échéant, au directeur général
délégué la réparation du préjudice qu’ils ont subi personnellement en raison des mêmes faits peuvent donner à
l’un ou plusieurs d’entre eux le mandat d’agir en leur nom devant la juridiction compétente sous les conditions
suivantes : 1) le mandat doit être écrit et mentionner expressément qu’il donne au ou aux mandataires le pouvoir
d’accomplir au nom du mandant tous les actes de procédure ; il précise, s’il y a lieu, qu’il emporte le pouvoir
d’exercer les voies de recours ; 2) la demande en justice doit indiquer les prénom, nom et adresse de chacun des
mandants ainsi que le nombre d’actions qu’ils détiennent. Elle précise le montant de la réparation réclamée par
chacun d’eux »

29
Paragraphe 2 : La responsabilité pénale

« La responsabilité pénale d’une personne est engagée lorsqu’elle commet une infraction à la
loi sanctionnée par une peine ». Dans le souci d’une transparence sans faille dans le
fonctionnement de la société le législateur prévoit, en plus des dispositions relatives à la
responsabilité civile des dirigeants, tout un arsenal qui permet de retenir leurs responsabilités
sur le plan pénal. Selon la doctrine, « la responsabilité pénale des dirigeants se définit en tant
qu’obligation de répondre de ses actes délictueux accomplis dans le cadre de l’exercice des
fonctions de direction en subissant une peine correspondante fixée par la loi pénale ». Ainsi
dans le cadre de leurs fonctions et tout au long de la société, les dirigeants engagent par leurs
actes, leurs responsabilités pénales.

En matière de responsabilité pénale il est nécessaire de déterminer les personnes qui peuvent
engager leur responsabilité. Ainsi il convient de distinguer entre les dirigeants de droit et les
dirigeants de fait. En ce qui concerne les premiers ce sont des personnes45qui ont été investi
officiellement par la loi et les statuts des fonctions de direction. Contrairement à eux, le
dirigeant de fait46 est celui qui, sans avoir été nommé dirigeant par les statuts ou par une décision
de l’organe compétent, en assume les fonctions47. Ainsi la responsabilité des dirigeants de fait
n’exclut pas la responsabilité des dirigeants de droit et ces derniers seront retenu coupable des
infractions dont ils sont responsables. Il faut préciser que dans une SA à conseil
d’administration, le président de ce dernier ayant pour fonction la direction de la société peut
engager sa responsabilité pénale48. Cependant il existe des cas où la loi retient également
responsabilité des membres du conseil, des directeurs généraux extérieurs au conseil 49. Dans le
cas d’une société à directoire et à conseil de surveillance, sont responsables, les membres de
ces organes. Qu’ils soient des dirigeants de droit ou des dirigeants de faits, ces derniers peuvent
engagés pénalement leurs responsabilités en cas de fautes commises. « Le dirigeant d’une

45
Ils peuvent être soit des personnes physiques ou soit des personnes morales régulièrement désigné pour la
direction de la société.

46
Cette qualité ne peut pas être présumé alors il incombe à la personne qui s’en prévaut d’en porter la preuve

47
Il est soumis en matière de responsabilité aux mêmes conditions applicables aux dirigeants de droit (Art 374
de la loi 17-95)

48
Les administrateurs non dirigeants ne peuvent pas engager pénalement leurs responsabilités.

49
C’est le cas de l’abus de biens sociaux, absence de comptes annuels ; la distribution des dividendes fictifs

30
société commerciale a des obligations qu’il doit honorer. Les pouvoirs qui lui sont conférés
revêtent une telle importance que les conséquences d’une infraction sont parfois extrêmes. » Il
est prévu une liste des infractions qui peuvent engager la responsabilité pénale et le législateur
a prévu au titre XIV de la loi 17-95 aux sanctions pénales. Ainsi aux différentes infractions que
peuvent commettre les dirigeants que cela soit lors de la constitution de la société, dans
l’administration et la direction de la société ou même des infractions relatives aux AG, les
responsables sont punis par les dispositions prévues à cette effet mais aussi parfois les
dispositions du code pénal reçoivent application.

Les cas de responsabilité pénale sont prévus par le droit des sociétés. C’est le cas notamment
de l’abus de droit qui se défini comme « un délit commis par les dirigeants des sociétés
commerciales qui, de mauvaises foi, ont détourné les biens (meubles ou immeubles) ou les
encaissements de la société ou les pouvoirs sociaux dont ils sont investis, pour faire en faire un
usage contraire à l’intérêt social ou à des fins personnelles ou favoriser une autre société dans
laquelle ils sont intéressés directement ou indirectement » Ainsi dans le souci de protéger la
société des sanctions sont prévues pour réprimer ces actes. En effet l’abus des droits sociaux
est puni en vertu de l’article 384-3 de la loi 17-9550. Sont également tenus pour responsables
les dirigeants qui présentent des comptes annuels qui sont infidèles51. En effet c’est sur la base
de ces comptes que les investisseurs jugent les potentiels de la société. Les comptes donnent
une image de la solvabilité de la société. De ce fait il est impératif que cette image ne soit pas
erronée. Cette publication infidèle des comptes annuels peut se traduire par une « surévaluation
ou la sous-évaluation des stocks » ou soit par une omission de l’inscription des dettes sociales
ou des créances. Ce délit est sanctionné par l’Art 384 al.2 de la loi 17-9552

50
Art 384 « Seront punis d’un emprisonnement de un à six mois et d’une amende de 100 000 à 1 000 000 de
dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement les membres des organes d’administration, de direction ou de
gestion d’une société anonyme » : al. 3 qui, de mauvaise foi, auront fait, des biens ou du crédit de la société, un
usage qu’ils savaient contraire aux intérêts économiques de celle-ci à des fins personnelles ou pour favoriser une
autre société ou entreprise dans laquelle ils étaient intéressés directement ou indirectement »

51
Même en l’absence de distribution de dividende, le législateur sanctionne la publication des comptes annuels
infidèles.

52
« qui, même en l’absence de toute distribution de dividendes, auront sciemment publié ou présenté aux
actionnaires, en vue de dissimuler la véritable situation de la société, des états de synthèse annuels ne donnant
pas, pour chaque exercice, une image fidèle du résultat des opérations de l’exercice, de la situation financière et
du patrimoine, à l’expiration de cette période ; »

31
« La responsabilité pénale des dirigeants connaît des limites qui permettent à ces derniers de
prévenir le risque qu’ils encourent à l’engagement de leur responsabilité.» Les causes
d’exonération de la responsabilité pénale du dirigeant peuvent être de plusieurs sortes. Le
dirigeant n’est pas responsable lorsque les faits ont été commis sous contrainte physique ou
morale. La force majeure ne peut exonérer le dirigeant que s’il était incapable de le prévoir d’y
résister et de l’éviter. Lorsque le dirigeant délègue53 ses pouvoirs à une personne qui agit dans
des domaines précis en son nom de la société, il n’est en aucun cas exonéré de sa responsabilité
pénale. L’exonération n’est effective que lorsqu’ils prouvent qu’il n’a pas lui-même exercer les
fonctions qui ont donné lieu à l’infraction. Si la délégation est valable alors la responsabilité du
délégataire sera engagée.

Le législateur se préoccupant de la bonne gouvernance de la société, octroie, en dehors des


sanctions qui pèse sur les dirigeants en vue d’éviter les abus de leurs parts, aux actionnaires un
certains nombres de droits que ceux-ci peuvent exercer et faire valoir au sein de la société.

53
« La loi ne précise pas une forme exacte de cette délégation mais l’idéale serait une forme écrite. Le
délégataire quant à lui doit avoir une fonction qui n’est pas trop éloigné de celui du dirigeant »
32
Section II : L’information et le droit des actionnaires

Les actionnaires de la SA jouissent d’un certain nombre de droit qui constituent un contrepoids
devant les pouvoirs exorbitants dont sont investis les organes dirigeants. En effet ces droits
permettent aux actionnaires de garder un regard sur les fonctions des dirigeants sociaux.
Conformément aux dispositions du code de bonnes gouvernances « les droits des actionnaires
et associés et leurs traitements équitable doivent être respecté conformément aux législations
et à la réglementation en vigueur et sans coût pour l’actionnaire ». « L'information sous toutes
ses formes, générales ou spéciales, permanente (paragraghe1) ou périodique (paragraphe2), a
pour finalité de permettre à l'actionnaire de prendre connaissance de la marche des affaires au
sein de la société. Elle est aussi un moyen de protéger l'investissement fait par l'actionnaire car
c'est à partir de l'image qu'elle lui donne de la vie sociale qu'il décidera de céder, conserver ou
accroître les valeurs qu'il détient »

Paragraphe 1 : L’information permanent des actionnaires

Pour une bonne gouvernance de la société, il faut que les informations circulent au mieux et
que les actionnaires puissent disposer des documents nécessaires relatifs à la vie de la société.
Le législateur conscient de cela permet à ces derniers de demander ces informations. Ainsi le
droit à l’information est un droit dont les actionnaires bénéficient et qui est attaché à leurs
actions. « Tout actionnaire a droit à l’information sur les résultats, la gestion des affaires
sociales et la vie sociale de l’entreprise en général. Il ne doit en aucun cas se faire refuser la
possibilité de consulter les documents financiers de la société et toute autre information jugée
non confidentielle. » Le droit à l’information permanente permet à l’actionnaire de demander
la communication d’un certain de documents à tout moment et tout au long de la vie sociale54.Ce

54
Art 146 de la loi 17-95 « Tout actionnaire a droit, à toute époque, d’obtenir communication des documents
sociaux visés à l’article 141 et concernant les trois derniers exercices ainsi que des procès-verbaux et feuilles de
présence des assemblées générales tenues au cours de ces exercices.»

33
droit peut être exercé aussi bien par l’actionnaire lui-même que par son mandataire55.
Concernant les documents communiqués aux actionnaires, il faut préciser que « les documents
et les procès-verbaux de l’année ne sont pas communicables ». les actionnaires ont le droit
d’être informer sur les comptes annuels de la société, sur les rapports du président, selon le cas
du conseil d’administration ou du conseil de directoire et de surveillance, qui sont soumis à
L’AG. Les actionnaires ont également le droit d’être informer des bilans sociaux ainsi des
rapports des commissaires au compte. Le tableau sur la situation de la société, durant chaque
cinq dernières années d’exercices. Les actionnaires ont également droit à la communication des
feuilles de présences et les procès-verbaux des AG correspondant aux trois dernières années
d’exercice. Les actionnaires ou leurs mandataires peuvent prendre copies des documents. Pour
une bonne compréhension et une analyse correcte des documents, les actionnaires peuvent se
faire assister par un expert. Les actionnaires, disposent de certains moyens d’action contre la
société, lorsque leurs droits à l’information ne sont pas respecter. Ainsi « Si la société refuse en
totalité ou en partie la communication de documents contrairement aux dispositions des articles
141, 145, 146, 147 et 150, l'actionnaire auquel ce refus a été opposé peut demander au président
du tribunal statuant en référé, d'ordonner à la société, sous astreinte56 de communiquer les
documents dans les conditions prévues auxdits articles. » Lorsque le juge fait droit à la
demande, l’astreinte et les frais de la procédure sont aux frais des dirigeants accusés. S’il s’avère
que le refus de communication de certains documents ont porté préjudices à un ou plusieurs
actionnaires, ceux-ci peuvent demander la réparation des dommages et intérêts. En outre les
actionnaires lorsqu’ils soupçonnent que certaines opérations de la société sont contraires à
l’objet social, peuvent recourir à un expert indépendant qui est chargé de recueillir les
informations nécessaire pour mettre les actionnaires aux courants des actes pris dans le cadre

55
Art 150 « Les droits reconnus à l’actionnaire par les articles 141, 145 et 146 sont exercés par lui-même ou par
son mandataire, dûment habilité, au siège social. Le droit de communication des documents, prévu aux articles
visés à l’alinéa précédent, appartient également à chacun des copropriétaires d’actions indivises, au nu-
propriétaire et à l’usufruitier d’actions, ainsi qu’aux propriétaires de certificats d’investissement et de droit de
vote.»

56
« Si la société refuse de communiquer ou de donner accès aux documents mentionnés ci-dessus, les
actionnaires peuvent demander au président du tribunal de commerce statuant en référé :
– soit d’enjoindre sous astreinte aux dirigeants de les communiquer,
– soit de désigner un mandataire chargé de procéder à cette communication. »

34
de la gestion de la société. L’expertise de gestion est un droit reconnu aux actionnaires de la SA
aux termes des dispositions de l’article 157 al.1 de la loi 17-9557.
Les actionnaires bien que bénéficiant de la communication d’un certain nombre de document
tout au long de la vie de la société, ils disposent de certaines informations spéciales. Il n’exerce
ce droit qu’à une certaine période de l’année. (Paragraphe 2)

Paragraphe 2 : Droit d’information préalable à une assemblée

Le droit d’information préalable à une AG est un droit dont les actionnaires jouissent
uniquement lors de la tenue d’une Assemblée Générale58. Ceux-ci exercent ce droit contre d’une
part les organes de gestion (Conseil d’Administration ou Directoire, liquidateur) et d’autre part
les organes de contrôle59 (Conseil de Surveillance, Commissaire aux Comptes). Ainsi dès la
convocation de l’AG, les actionnaires doivent prendre connaissance d’un certain nombre
d’information, conformément aux dispositions de l’article 140 de la loi 17-95. Ainsi avant la
tenue de l’AG, les actionnaires peuvent se renseigner sur l’ordre du jour de la prochaine
Assemblée, les comptes annuels, le texte des projets de résolutions etc... Dans le but de
renforcer le droit de communication des actionnaires l’article 123 bis de la loi 17-95 modifiée
et complétée par la loi 78-12 fait une autre obligation aux sociétés cotées60. Le législateur dans
un esprit de protection des actionnaires élargie le champ des informations fourni aux

57
« Un ou plusieurs actionnaires représentant au moins le dixième du capital social peuvent demander au
président du tribunal, statuant en référé, la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de présenter un rapport
sur une ou plusieurs opérations de gestion. »

58
Ce droit s’exerce aussi bien lors d’une Assemblée Générale ordinaire, extraordinaire ou spéciale
59
Il en est de même dans le cadre du droit d’information permanent.
60
« Les sociétés faisant publiquement appel à l’épargne sont tenues, trente jours au moins avant la réunion de
l’assemblée des actionnaires, de publier un avis de convocation à l’assemblée dans un journal figurant dans la
liste fixée par les textes législatifs et réglementaires en vigueur. Cet avis comprend les indications prévues à
l’article 124 ainsi que le texte des projets de résolutions qui seront présentés à l’assemblée par le conseil
d’administration ou le directoire, complétées par une description précise des procédures que les actionnaires
doivent suivre pour participer et voter à l’assemblée, en particulier des modalités de vote par procuration ou par
correspondance. L’avis de réunion peut ne pas comprendre les informations énumérées au 1er alinéa lorsque
celles-ci sont publiées sur le site Internet de la société, au plus tard, le jour même de la publication dudit avis de
la réunion. Dans ce cas, ce dernier mentionne l’adresse du site Internet précité »

35
actionnaires. Ainsi aux termes de l’article 142, le rapport de gestion fourni aux actionnaires a
un contenu désormais élargie61. En Effet l’exercice de ces droits sont protégés par des sanctions.
Ainsi lorsque l’ensemble des documents nécessaire à l’information d’une assemblée n’est pas
mis à la disposition des actionnaires, l’AG dont les documents ne sont pas communiqués est
annulée62. L’actionnaire peut comme c’est le cas dans le cadre de l’information permanente
« peut demander une injonction sous astreinte prononcée par le président du tribunal de
commerce statuant en référé » Il convient de préciser également que cette obligation
d’information des actionnaires dans les conditions prescrites est mis à la charge des
dirigeants sous peine d’une amande de 8000 à 40000 dirhams, sans préjudice de tout
action en dommages et intérêts contre la société pour la réparation du préjudice subi par
l’actionnaire privé de son droit à l’information 63.

En ce qui concerne les modalités d’exercice du droit d’information, il convient de


préciser que l’actionnaire doit se rendre sur le lieu du siège social pour pouvoir obtenir
la communication des documents, qu’il s’agisse du droit d’information permanent ou du
droit d’information préalable à une AG. Ainsi « l’actionnaire doit venir chercher les
informations dans les locaux administratifs où sont tenus les documents de la société.
L’information est quérable et non portable ». Il convient de préciser que l’actionnaire à
la possibilité de se faire assister par un conseil 64. L’actionnaire a également le droit de
choisir, une représentation par le biais d’un mandataire. Le choix de celui-ci n’est pas
réglementé par la loi.

Le législateur recherchant fortement une protection pour les actionnaires mais également une
durée de vie conséquente pour la société, à travers les nouvelles dispositions de la loi 20-19 a
tenté d’apporter des nouvelles pratiques dont avait besoin la société ou de modifier celles
existantes qui paraient moins adaptées aux besoins de celle-ci. Ces besoins se faisant sentir dans
la société à responsabilité limitée, il a modifié et complété également les dispositions
applicables à la société à travers la loi 21-19 modifiant et complétant la loi 5-96.

61
Art 142 al.2 « Ce rapport de gestion doit également faire ressortir la liste des mandants des administrateurs ou
membres du conseil de surveillance dans d’autres conseils d’administration ou conseils de surveillance ainsi que
leurs emplois ou fonctions principaux
62
« Il appartient au juge du fond d’apprécier la gravité de la violation du droit à l’information pour pouvoir
prononcer la nullité de l’Assemblée »

M. EL Mernissi, L. EL Mernissi « Traité marocain du droit des sociétés » Lexis Nexis, coll. « Mena »
Page 379
64
Celui-ci peut être ou non un professionnel. La liberté est laissée à l’actionnaire.
36
Partie II : Le droit des
associés dans la société à
responsabilité limitée

37
Chapitre 1 : La participation à la vie sociale par les
associés

Reconnue au Maroc comme étant la forme sociale la plus répandue, la SARL est une société
qui trouve son origine dans la loi allemande du 29 Avril 1892 sous le sigle "GmbH". La SARL
est une société commerciale par la forme dont la gouvernance est gérée et organisée par un seul
organe de direction et d'administration représenté par un ou plusieurs gérants. Elle est une
société qui ne nécessite aucune capitale sociale légale conformément aux dispositions de
l'article 46 de la loi 5-96 modifiée et complétée par la loi 24-10 et est fixé librement par les
parties dans les statuts. La SARL est une société hybride, de ce fait, elle tient des formes des
sociétés de personnes et de capitaux, en ce sens, son capital social peut être constitué d'apports
en numéraire, d'apport en nature et dans certains cas expressément prévu par la loi d'apport en
industrie. Elle est constituée d'une personne65 ou de plusieurs personnes qui disposent d'un
certain nombre de droits et dont le nombre maximum est de cinquante. Les associés d'une SARL
disposent de droit collectif ainsi que de droit individuel. La participation à la vie sociale est un
droit individuel et peut être patrimonial: la participation aux résultats de la société (Section2),
et extrapatrimonial : le droit à l'information et aux votes. (Section1)

65
Dans ce cas on parle de la SARL a associé unique

38
Section I : Le droit à l’information et le droit aux votes

Dans une SARL, les associés disposent des droits qu'ils peuvent exercer à titre individuel et
à titre collectif. Parmi ses droits individuels, l'associé a le droit de participer aux votes (II),
toutefois ce droit de vote ne peut être effectif sans une information préalable (I).

Paragraphe 1 : Le droit à l’information

Manque de dispositions relatives au droit à l'information, ce dernier peut être considéré


comme le droit qui permet aux associés de connaître le fonctionnement de la société ainsi que
le déroulement des activités. Ce droit permet la communication des documents relatifs à la vie
sociale de la société par le gérant à l'associé, le droit à l'information peut être permanent ou
occasionnel et est d'ordre public66.
Le droit à l'information permanent : Ce droit permet à l'associé d'avoir la communication
au cours de l'année (toute époque) des documents nécessaires à la vie sociale de la société. À
ce titre, l'art 70 al 4 de la loi 5-96 dispose que l'associé a le droit d'obtenir à toute époque la
communication des livres , des inventaires, des états de synthèse, du rapport des gérants, et le
cas échéant du rapport du commissaire aux comptes, et des procès-verbaux concernant les trois
dernières années. À noter que la communication de ses documents se fait par l'associé au siège
social de la société, ce dernier peut également conformément à l'alinéa 6 du même article être
assisté d'un conseiller. En effet, l'exercice du droit d'information permanent ne peut être fait que
par l'associé, ce qui suppose qu'il ne peut être représenté par un mandataire, mais peut être
assisté par un conseiller, à titre d'exemple un juriste ou un comptable. La communication des
informations se fait par la délivrance des copies exception faite aux inventaires67 ; l'associé ne
peut directement consulter que les informations de l'exercice en cours. À noter que
conformément aux dispositions de l'article 81 de la loi 5-96 tout associé non gérant peut deux
fois par exercice poser par écrit des questions au gérant sur tout fait de nature à compromettre
la continuité de l'exploitation. Le droit à l'information permanent est un droit d'ordre public
dont la violation donne lieu à des sanctions68; à cet effet, toute clause statutaire contraire est

66
Art 70 al 7 de la loi 5-96

67
Art 70 al 5 de la même loi
68
al.7 du même Art

39
réputée non écrite. Précisons que lorsque les associés ne peuvent obtenir la production, la
communication ou la transmission des documents au cours des trois dernières années, « ils
peuvent demander au président du tribunal de commerce statuant en référé d'enjoindre sous
astreinte au gérant de les communiquer ou soit de désigner un mandataire chargé de procéder à
cette communication » ; notons également que les charges relatives à cette action sont dues par
le gérant. Toujours dans le cadre des sanctions, en cas du refus de communiquer les
informations aux associés, et par manque de dispositions relatives aux droits à l'information,
l'application de l'art 337 de la loi 17-95 relatives aux sociétés anonymes, dispose que le refus
d'opposer à un associé désireux d'exercer son droit de communication peut rendre nul
l'assemblée générale ou la consultation écrite69, de même que l'omission de communiquer ses
documents à l'associé est susceptible d'une amende allant de 2000 dirhams à 20000 dirhams (art
110 al 1). L'associé a donc droit d'être informé de tout dans la société, de surveiller en quelques
sortes ses investissements, à fin d'éviter tout risque futur d'insolvabilité, de rappeler à l'ordre le
gérant lorsqu'il s'écarte de l'objet de la société et d'apporter des améliorations dans le
fonctionnement de la société.
Le droit à l'information occasionnel : Le droit à l'information occasionnel consiste à la
communication des documents aux associés avant l'assemblée générale, elle est dite
occasionnelle dans la mesure qu'elle a lieu uniquement au moment de la préparation
d'assemblée générale ordinaire. La communication des documents dans ce cadre contrairement
à la communication des documents permanents se fait périodiquement. Ainsi conformément à
l'article 70 Al 2 de la loi 5-96 la communication aux associés se fait quinze jours au moins avant
l'assemblée générale. Le droit à l'information occasionnel porte, conformément à l'alinéa 1 du
même article, sur le rapport de gestion, l'inventaire et les états de synthèse ; notons également
que ses documents sont soumis à l'approbation des associés réunis en assemblée, dans le délai
de six mois à compter de la clôture de l'exercice. Cette information préalable à l'AG est donnée
par le gérant de la société aux associés, pendant les quinze jours précédant l'AG, les documents
à communiquer sont disponibles au siège social de la société et les associés peuvent en prendre
connaissance et en faire une copie. De même l'alinéa 3 de l'article 70 précise qu’à compter de
la communication des documents, tout associé à droit de poser par écrit des questions
auxquelles le gérant est tenu de répondre au cours de l'assemblée. Ce droit peut être exercé aussi
bien par un associé majoritaire qu'un associé minoritaire puisque la loi 21-19 dans son article1,
accorde aux associés minoritaire le droit de requérir l'inscription d'un ou plusieurs résolutions

69
Cours du droit des sociétés du professeur ABDELALI ABBOUR page 57

40
à l'ordre du jour70 ; il est à préciser que ces questions doivent être conformes aux questions qui
seront débattues au cours de l'assemblée c'est à dire en rapport avec l'ordre du jour de
l'assemblée, dans le cas où le gérant se verra confronter aux questions qui ne sont pas en rapport
avec l'ordre du jour, il peut seulement donner une explication orale ; ces questions doivent être
fournis au gérant dans un délai assez suffisant afin de lui permettre de préparer la réponse. Ce
droit de communication préalable à l'AG est très important pour chaque associé, il leur permet
d'avoir une vue sur le fonctionnement de la société, afin de préparer les questions qui sont
transmises au gérant avant l'AG, ainsi que de préparer à l'avance des propositions d'amélioration
et des suggestions (tout ce qui peut concourir au bon fonctionnement de la société) ; de même,
ses différentes informations sont destinées à permettre à l'associé de prendre sa décision en
toute connaissance de cause de la situation de la société ainsi que d'apprécier les portées des
résolutions qui lui sont présentés à l'AG et de décider pleinement et sereinement du sens de son
vote71. Le droit à l'information occasionnel, étant un droit d'ordre public, le refus du gérant de
communiquer ses informations dans les quinze jours avant l'AG est sanctionné d' une amende
allant de 2000 dirhams à 10 000 dirhams (art 111 de la loi 5-96), notons que le refus ou le non-
respect de ce droit d'information peut également entraîner la nullité des délibérations de
l'assemblée, l'opportunité de prononcer cette nullité est laissé au libre appréciation du juge 72 .
Ainsi le droit à l'information occasionnel des associés est primordial et impérativement, ce droit
s’exerce aussi d'une manière individuelle comme le droit à l'information permanent.
De ce fait nous pouvons conclure que le droit à l'information d'une manière générale est capital
aux associés et leur permet d'être au courant du fonctionnement, de l'évolution de la société
dont la violation conformément à l'alinéa 7 de l'art 70 est réputée non écrite.
L'associé dans la même perspective d'exercer ses droits extrapatrimoniaux, dispose à l'instar
du droit à l'information du droit de vote qui est un droit politique.

70
Art 71 al 4 de la loi 5-96 modifiée et complétée par la loi 21-19
71
Cours du droit des sociétés du professeur ABDELALI ABBOUR page 58

72
M. El Mernissi, L. El Mernissi «Traité marocain du droits des sociétés » lexis news page 251
41
Paragraphe 2 : Le droit de participer aux votes

Le droit de participer aux votes est un droit qui permet aux associés de prendre part aux
décisions relatives à la société, ainsi tout associé, qu'il soit un associé minoritaire ou majoritaire
à le droit de participer aux votes à tout moment. A cet égard l'art 72 al 1 de la loi 5-96 dispose
que chaque associé a le droit de participer aux décisions et dispose d'un nombre de voix égal à
celui des parts sociales qu'ils possèdent. En effet l'exercice de ce droit est essentiel et ne peut
en aucun cas être limité ou interdit par les dispositions statutaires. Dans l'exercice de ce droit
de vote, l'associé peut être, aux termes de l'alinéa 2 de l'art 72, représenté par son conjoint à
moins que la société ne comprenne que les deux époux ou peut également être représenté par
son associé lorsque la société est composé de deux associés, il peut de même être représenté
par une autre personne lorsque les statuts de la société le lui autorise73 et ne peut constituer d'un
mandataire pour voter du chef d'une partie de sa part et voté en personne de l'autre part 74. S'il
désire donner mandat, celui-ci ne peut être que global et porté totalement sur les parts, toute
clause contraire à ses dispositions est réputée non écrite. L’associé dans l’exercice de ce droit
de vote à la différence du droit à l’information peut être représenté.
Rappelons de ce fait que le droit de vote est attaché à l'action et est proportionnel au
pourcentage ou voix détenue par l'associé dans le capital social 75. Ainsi une action correspond
à une voix. Lorsque l'associé à de voix importante dans la société, ça lui permet d'avoir une
prise un peu élevée dans les votes et lui permet d'avoir satisfaction en cas de décision collective.
Le droit de vote a lieu à l'Assemblée Générale et peut porter sur des propositions de contrats
par exemple, des projets, la nomination du ou des gérants, sur le changement des statuts etc...
Toutefois ce droit de vote ne doit pas être confondu avec le droit de prendre part à l'Assemblée
Générale qui consiste en une convocation. À noter également que le droit de vote est un droit
politique exercé par les associés et qui garantit leur droit financier, et revêt dans l'esprit de
beaucoup un caractère quasi sacré qui conduit à ce qu'il soit perçu par les dernières citadelles
imprenable du droit des sociétés76.

73
Art 72 al 4 de la loi 5-96
74
Al 5 du même art

75
Etant donné même que la SARL est une société dont la responsabilité des associés est limitée à leur apport
76
CMS Francis Lefebvre : « le droit de vote de l’associé dans tous ses états »
42
Section II : La participation aux résultats

Les associés de la SARL, de même qu'ils participent aux droits extrapatrimoniaux, jouissent
des droits patrimoniaux c'est à dire des droits pécuniaires, ainsi ses droits pécuniaires concerne
les dividendes et le boni de liquidation. Le droit au dividende a lieu en cas de distribution de
celle-ci et est soumise à des modalités (I), et le boni de liquidation a lieu en cas de liquidation
judiciaire (II).

Paragraphe 1 : les modalités de distribution des dividendes

La SARL de même que toutes les autres sociétés commerciales, est créée pour un but lucratif,
celui de se faire des bénéfices. Cette notion de bénéfices est même appuyée par l'art 982 du
DOC qui dispose que « la société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent
en commun leurs biens ou leur travail, ou tous les deux à la fois, en vue de partager le bénéfice
qui pourra en résulter ». Le bénéfice est la rentabilité réalisée par la société au cours de l'année,
elle se distingue ainsi du dividende qui consiste en une partie des bénéfices versés aux associés.
De ce fait, tout associé à droit aux partages des dividendes ; étant une société à responsabilité
limitée, le partage des dividendes se fait par rapport aux parts sociales détenues par chaque
associé. Ce dividende perçu par les associés ne peut pas être assimilée à un salaire77, ni regarder
comme la restitution du capital social, c'est la contrepartie des apports effectués par l'associé.
Elle peut se présenter sous forme numéraire78, en nature79. Le droit aux dividendes est très
essentiel pour les associés, c'est le pourquoi de leur investissement, la décision de ce partage
revient à l'AG dans des conditions légales prévues, qui approuve en premier lieu les comptes
de l'exercice clos dans un délai de six mois à compter de la clôture de l'exercice, de constater
l'existence des sommes distribuables et enfin fixer le montant des dividendes80.
La distribution des dividendes dans une SARL est soumise au respect de certaines modalités,
ses modalités sont votées par l'Assemblée Générale et fixées par elle-même ou par le gérant (art
83 bis de la loi 5-96 modifiée et complétée par la loi 21-19). Cela peut consister à titre d'exemple

77
En ce sens que le salaire est la contrepartie effectué et se paye tous les mois, alors que la dividende n’a pas
lieu tout le temps, ils ne sont également pas soumis au même traitement fiscal
78
Versement d’une somme d’argent
79
Sous forme d’action dans la société
80
Cours du droit des sociétés de Madame le professeur dyaâ SFENDLA

43
en la reconnaissance en premier lieu de l'existence du dividende distribuable ; ensuite fixé la
part qui revient à chaque associé et puis passer au partage. La distribution de ce dividende est
faite en proportion de la participation de chaque associé dans le capital social, l'objectif est donc
d'assurer un partage équitable. Le partage des dividendes ne se fait pas à tout moment, en ce
sens l'art 83 bis de la loi 5-96 modifiée et complétée par la loi 21-19 dispose que la mise en
paiement des dividendes doit avoir lieu dans un délai maximum de neuf mois après la clôture
de l'exercice, ce délai peut être prolongé par une ordonnance du président du tribunal de
première instance, statuant en référé à la demande du gérant. L'intérêt d'attendre ses neuf mois
avant de procéder aux partages consiste à faire au préalable les comptes et à évaluer les
bénéfices. La SARL est une société hybride dans laquelle l'apport en industrie81 peut être
accordé dans des cas limités par la loi, en ce sens, concernant le dividende perçu par l'apporteur
en industrie, l'art 1036 du DOC autorise à ce qu'une part supérieure à celle des autres associés
lui soit accordée. Cette distribution de dividende a lieu après que toutes les dettes de la société
ont été écoulées. De ce fait l'AG ne peut en aucun cas procéder à ce partage si la société à
cumuler des dettes sur des années consécutives, sauf s'il décide de la diminution du capital
social, dans le cas contraire un tel partage sera considéré comme fictif. De même, cette
distribution a lieu lorsque les réserves ont été déduites des Bénéfices, toutefois lorsque le taux
des réserves atteint 20% du capital social elle ne se prélève point.
Il est à préciser que ce droit dont jouissent les associés n'est pas absolu, l'AG peut en toute
souveraineté décidé de ne pas partager le dividende et de mettre le bénéfice en réserve
systématique sans toutefois en abuser. De même l'assemblée générale peut déroger au principe
du partage de dividende en fonction de la proportion de la part de l'associé, il peut décider
d'introduire dans les statuts un partage d'égalité entre les associés ou accordé plus ou moins à
certains associés que ce qu'ils auront s'il se base sur le principe de la proportionnalité, tout en
évitant les clauses léonines82.
De même que les associés de la SARL jouissent des dividendes, ils contribuent aussi aux
pertes et ce en fonction de leur parts dans le capital social, car la société est un contrat aléatoire
est un investissement à risque. La contribution aux pertes des associés est un corollaire de leur
droit aux dividendes, à noter qu'ils ne contribuent pas aux pertes à chaque fois qu'ils se
présentent, mais les pertes sont comptabilisées. Cette contribution permet de déterminer la
personne qui supportera le plus le poids de la société.

81
Ce type d’apport ne rentre dans le capital social
82
Une clause qui permet d’accorder l’ensemble des dividendes à un associé, ou de l’exclure des dividendes, ou
encore l’exonérer des dettes
44
La contribution aux pertes des associés se différencie de l'obligation des dettes sociales de
la société qui peut même emmener la société à la liquidation. Ainsi les droits pécuniaires dont
jouissent l'associé ne se résument pas uniquement au dividende mais inclus également le boni
de liquidation. (Paragraphe2)

Paragraphe 2 : Le Boni de liquidation

Le boni de liquidation est un droit pécuniaire dont jouit l'associé, il désigne la somme répartie
entre les associés en cas de dissolution ou liquidation de la société. La SARL est une société
qui n'est dissoute que lorsqu'un jugement de liquidation a été prononcé83. Cette décision de
liquidation peut provenir d'un accord volontaire des parties ou d'un accord involontaire ; elle ne
se dissout pas non plus en cas du décès d'un associé84 . Ainsi il y'a liquidation le plus souvent
dans une société, lorsque celle-ci se trouve en difficulté de régler ses créanciers, lorsqu'elle fait
face à l'insolvabilité c’est-à-dire lorsque ses passifs dépassent largement ses actifs. Face à ses
difficultés financières, la société procède par décision judiciaire à la vente de ses actifs, des
biens dont elle dispose, ainsi la somme récoltée sert de base à payer tous les créanciers sociaux.
Une fois ses créanciers libérés, le liquidateur réunit les associés de la SARL et procède à la
répartition du boni qui se fait en fonction des parts sociales détenues par chacun d'eux dans le
capital social, en d'autres termes le boni de liquidation apparaît lorsqu'il reste encore des
excédents après que toutes les dettes soient payées. Manque de dispositions spéciales et propre
au SARL concernant le boni de liquidation, il faut ainsi se référer aux dispositions générales et
communes à toutes les sociétés.
« Ce boni dont jouit l'associé après que la liquidation a été faite s'analyse fiscalement comme
un dividende, fruit d'un résultat non distribué et génère de ce fait une imposition ». Le boni de
liquidation ne doit pas être confondu avec la plus-value qui est « un gain résultant de la vente
volontaire des parts sociales ou d'actions ». Cette distribution à lieu à l'assemblée après que les
comptes soient approuvés par les associés. Le boni de liquidation se calcule selon deux
méthodes : on a « la méthode soustractive qui consiste à effectuer la différence entre deux
variables les capitaux propres et le capital, elle est la méthode la plus utilisée en pratique et la
méthode additive qui consiste à ajouter différentes postes figurants au passifs du bilan de
liquidation ».

83
Art 85 de la loi 5-96

84
Ce qui permet de distinguer les sociétés d’une entreprise

45
Le calcul du boni de liquidation est délicat, il est donc nécessaire de faire appel aux
professionnels compétents. Il est à préciser qu'à la différence du boni de liquidation, la vente
des biens de la société peut donner lieu au déficit couramment appeler le mali de liquidation85.
La distribution du boni se fait en fonction des règles de proportionnalité des apports. Toutefois
cette modalité peut être modifiée par les associés qui peuvent en décider autrement. Dans une
SARL à associé unique, le boni est accordé totalement à l'associé unique. La distribution du
boni de liquidation a pour effet de radier la société dans le registre de commerce. Autrement dit
la distribution du boni de liquidation met fin à la société. Ainsi tout associé ayant bénéficié de
ce boni perd tous les droits prévus aux associés envers la société en question.
En guise de conclusion, l'associé bénéficie des droits pécuniaires qui sont le droit aux
dividendes et le droit au boni de liquidation, qui sont les fruits du résultat de la société.
En plus de ces droits extrapatrimoniaux et patrimoniaux qu’il exerce à titre individuel, la loi
reconnait à l’associé un certain nombre de droit qu’il peut exercer avec plusieurs autres
associés. Ces droit leurs permettent de participer à la prise de décision aux assemblées générales
de la société. (Chapitre2)

85
Il s’agit « d’un résultat négatif dans le compte de liquidation de la société »
46
Chapitre 2 : La prise de décisions en Assemblée
Générale

L’Assemblée Générale est l’organe souverain aussi bien dans la SARL que dans les autres
sociétés commerciales. Sa convocation traduit une bonne gouvernance de la société mais aussi
le respect des obligations prévu par la loi 5-96. Au cours de l’AG sont prises beaucoup de
décisions qui peuvent jouer considérablement sur les différents associés mais également sur la
vie de la société. Le législateur, de ce fait, tente toujours par des réformes à permettre que la
société soit dirigée de manière raisonnable et surtout adapté à ses besoins. Ainsi compte tenu
de l’importance des décisions prises en AG et même quelques soit la nature des décisions qui y
sont prises (Section1), celle-ci est réglementée par la loi. (Section2)

Parmi les questions portées à l’ordre du jour d’une AG, peuvent figurer les questions relatives
à la cession des parts. (Section3)

47
Section I : Les Assemblée Générales des SARL

La société à responsabilité limitée tient des Assemblées Générales pour discuter des intérêts de
la société. Ainsi la prise de certaines décisions ont lieu au cours de l’assemblée générale
ordinaire (Paragraphe1) Mais d’autres interviennent uniquement lors des AG extraordinaire
(Paragraphe2).

Paragraphe 1 : L’AG ordinaire

L’AG de la SARL est organisée en principe pour prendre les décisions outre celles que le gérant
peut prendre seul (celles relative à la gestion normale de la société). Cependant ces prises de
décisions ne touchent en aucun cas la modification des statuts. La convocation de l’AGO est
une étape importante car elle permet de veiller à une meilleure administration de la société et
de revoir les éventuelles stratégies à adopter pour la nouvelle année. L’AGO a lieu au moins
une fois par an. Ainsi six mois après la clôture de l’exercice, les associés se réunissent en AG86.
Les associés réunis en AGO donnent autorisation au gérant pour effectuer un ou plusieurs
actes87, ils statuent sur les comptes annuels de la société. Au cours des Assemblée Générales
Ordinaires, les associés procèdent également à la nomination du gérant ou du commissaire au
compte s’il n’en existe pas ou de les remplacer. En d’autres termes toutes les décisions qui ne
touchent pas les statuts sont prises lors des AGO. Les raisons de la tenue d’une AGO sont
multiples. Ainsi les associés peuvent se réunir pour discuter des modalités des congés annuels,
d’approuver les différentes conventions qui ont été signé entre la société et l’un des associé ou
le gérant. Il faut préciser que la révocation du gérant peut également être décidée lors de l’AGO
à condition que ce dernier ne soit pas un gérant statutaire. Au cours de l’Assemblé Générale
Ordinaire, sont émises également des avis sur les questions se rapportant à la gestion et qui sont
portés à l’ordre du jour.
Il convient de préciser que l’Assemblée générale ordinaire n’est pas négligée par le législateur
du fait que les décisions qui y sont prises ne modifient pas les statuts bien au contraire, celle-ci

86
Art 70 al.1 de la loi 5-96 « : Le rapport de gestion, l'inventaire et les états de synthèse établis par les gérants,
sont soumis à l'approbation des associés réunis en assemblée, dans le délai de six mois à compter de la clôture de
l'exercice »
87
Il s’agit en outre des actes qui sont prévues dans les statuts et qui sont soumis à une autorisation de la part des
associés.

48
est bien règlementée. Ainsi le législateur prévoit une majorité requise pour les votes à l’AGO.
En effet si lors d’une première consultation ou d’une AGO la majorité prévue n’est pas
respectée, les associés sont convoqués une seconde fois et sont tenus de respecter une nouvelle
majorité88. Il faut préciser qu’il y a des cas où les statuts peuvent prévoir la majorité absolue
pour toutes les décisions prises en AGO. Cependant la loi leur interdit de prévoir une majorité
qui excède la majorité légale permise.89Il faut souligner que la participation à l’AG n’est pas
limitée. Ainsi peuvent prendre part l’ensemble des associés de la société, les gérants non
associés, un commissaire aux comptes et un huissier etc. L’associé qui ne pourra pas y participer
a le droit de se faire représenter90.
En outres de ces catégories de décisions qui peuvent être pris par les associés en AGO et selon
la majorité requise, il existe certaines décisions qui nécessitent la tenue d’une Assemblée
Générale Extraordinaire. (Paragraphe2)

Paragraphe 2 : L’AG extraordinaire

L’Assemblée Générale Extraordinaire est, contrairement à l’AGO, convoqué lorsque la


délibération des questions qui sont portées à l’ordre du jour risque de modifier les statuts de la
société. Ainsi l’AGE est celle qui peut permettre aux associés de prendre des décisions qui
peuvent modifiés les statuts. Les associés se réunissent en AGE pour discuter des modalités de
transformation de la SARL en une forme sociale, ils peuvent également se réunir dans le but de
discuter de la possibilité ou de modifier le capital social (soit l’augmenter ou le diminuer). Si la
société à réaliser une perte de plus de la moitié du montant du capital social, ceux-ci se
réunissent afin de discuter des possibilités de dissolution de la société. Lorsque la société
envisage de faire une fusion, ses modalités sont discutées en Assemblée Extraordinaire. L’AGE
peut également avoir à son ordre du jour les questions relatives au changement du siège social
ou lorsqu’ils entendent modifier l’objet social de la société. La redistribution des parts sociales
est également décidée en AGE. Comme prévu dans le cas des Assemblée Générale Ordinaire,

88
Art 74 de la loi 5-96 « Dans les assemblées générales ou lors des consultations écrites, les décisions sont
adoptées par un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié des parts sociales. Si cette majorité n'est pas
obtenue, et sauf stipulation contraire des statuts, les associés sont, selon les cas, convoqués ou consultés une
seconde fois, et les décisions sont prises à la majorité des votes émis, quel que soit le nombre des votants ».
89
Art 75 al.2 de la loi 5-96 « Toute modification des statuts est décidée par les associés représentant au moins les
trois-quarts du capital social. Toute clause exigeant une majorité plus élevée est réputée non écrite ».
90
Ce représentant peut être soit un autre associé de la société ou soit une autre personne
49
les décisions doivent être prises en respectant la majorité requise à l’article 75 al.2 de la loi 5-
96. Au vue de l’importance et de la portée des décisions pris en Assemblée Générale
Extraordinaire, les personnes pouvant prendre part ne sont pas limité, car plus il y aura des
personnes concernées plus les questions seront bien débattues afin de ne porter préjudice à
aucun des associés. Il convient de préciser qu’un associé qui se trouve dans l’impossibilité
d’assister à un AGE a le droit de se faire représenter. A cet effet le législateur a laissé le soin à
l’associé de choisir son représentant mais dans la limite prévue par la loi et les statuts. Il n’a
pas non plus précisé s’il s’agira du même représentant qui sera présent à chaque absence de
l’associé ni même le nombre d’absence que peut comptabiliser un associé.

La réunion des associés en Assemblée Générale que cela est lieu une fois dans l’année ou que
celle-ci intervienne extraordinairement à chaque fois qu’il est question d’une décision touchant
le statut de la société, il convient de respecter un certain nombre de procédure. Les associés
sont ainsi soumis au respect de ces règles relatifs au Assemblée Générale (Section II) afin
d’assurer la validité des décisions qui y sont prises.

50
Section II : Les règles relatifs aux AG

L’Assemblée générale d’une SARL est tenue de respecter un certain nombre de règles. Ces
règles leurs sont communes et concernent leur convocation (paragraphe1) ainsi que leur tenue.
(paragraphe2)

Paragraphe 1 : La convocation de L’AG

Le gérant de la SARL a en principe l’obligation de convoquer l’assemblée générale (AGO ou


AGE) pour prendre des décisions, mais à défaut de celui-ci le commissaire au compte est lui
aussi habilité à le faire91. Aux termes des dispositions de l’art 71 al.4 de la loi 5-96 modifiée et
complétée par la loi 21-19, ce droit de convocation est également aux associés. Cependant
peuvent demander la convocation d’une AG, seules les associés qui détiennent « ou détenant,
s'ils représentent au moins le dixième des associés, le dixième des parts sociales ». Cette
assouplissement par le législateur va désormais permettre aux associés de pourvoir demander
la réunion en AG. Il faut préciser que la réunion des associés détenant la limite requise par la
nouvelle loi est plus raisonnable et peut être plus facile à réunir que la limite fixé par la loi 5-
96 car cette limite faisait obstacle à la volonté ou aux besoins des associés de convoquer à l’AG.

Lorsque le droit de convoquer à l’AG est exercé par ceux qui en sont habilités, cette convocation
doit être notifié aux associés afin qu’ils puissent prendre les dispositions nécesssaires. Pour
éviter tout conflit relatif à la certitude de l’envoi ou celui de la réception et surtout pour être sûr
que les associés sont informés le législateur a prévu des dispositions. Ainsi la convocation à
l’AG doit être fait dans un délai de 15 jours et doit être, notifié aux associés par lettre
recommandée avec accusé de réception.92. Le respect de cette lettre constituera une preuve qui
sera contre toute action en demande la nullité de l’AG.

Dans l’hypothèse où on est en présence de plusieurs gérants, le droit de convocation peut être
exercé par chacun d’eux et si les statuts les prévois, tous les gérants peuvent exercés

91
Art 71 al.2 de la loi 5-96 « ……La convocation est faite par le gérant ou, à défaut, par le ou les commissaires
aux comptes, le cas échéant »
92
Ibidem « Les associés sont convoqués aux assemblées générales quinze jours au moins avant leur réunion, par
lettre recommandée avec accusé de réception qui indique l'ordre du jour »
51
collectivement ce droit. Il convient de préciser que si le gérant de la société néglige la demande
et refuse de donner suite à la demande faite par les associés pour convoquer l’AG ceux-ci ont
le droit de saisir le tribunal pour que celui désigne un mandataire qui sera habilité à convoquer
l’Assemblée générale et à fixer également son ordre du jour93. Il convient de préciser que le
législateur n’a pas prévue au bout de combien de temps l’associé doit considérer le silence du
dirigeant. Il est également resté muet par rapport au nombre de fois que l’associé doit renouveler
sa demande. Il faut toutefois noter que le législateur en offrant aux associés ce droit, permet de
lutter contre les comportements des gérants qui se montrent peu réceptif à la demande que leur
adresse les associés. Mais pour que le juge saisi désigne le mandataire il faut une preuve que
l’associé en question a bel et bien saisi le gérant d’où l’importance d’une mise en demeure
préalable attestant le refus du gérant.

Conformément aux dispositions de la loi 5-96, l’Assemblée générale une fois convoqué doit
avoir un ordre du jour bien détaillé. Celui-ci permet aux associés d’être informer sur les
questions qui seront abordées lors de l’AG. Les associés ont désormais le droit d’inscrire ou de
demander l’inscription d’un ou de plusieurs questions à l’ordre du jour. Cependant lesdits
associés doivent représentés au moins cinq pour cent du capital social94. La nouveauté apporter
par la loi 21-19 va permettre aux associés de plus participer aux AG. Dans le sens où ces
derniers peuvent également avoir des votes concernant un point qu’il estime nécessaire pour le
bon fonctionnement de la société. Ainsi ils vont participer plus activement à la vie de la société
mais encore faut-il qu’il détienne le nombre de parts exigées. L’ordre du jour est lui aussi
envoyé aux associés lors de l’envoie de la convocation et selon les mêmes procédés. Il convient
de préciser que les questions inscrites à l’ordre du jour revêt une importance considérable. En
effet l’Assemblée Générale ne va délibérer que sur ses questions. Autrement dit aucunes
questions étrangères c’est-à-dire qui ne fait parti de l’ordre du jour ne peut être débattues. Ainsi
pour éviter toute sorte de confusion il faut que les questions soient libellées de manière explicite
de façon à ce que la lecture de l’ordre du jour soit à lui seul suffit et qu’il n’est pas besoin de
recourir à d’autres documents. Suite à cela on n’en conclut que l’ordre du jour à un caractère
impératif. Le législateur en conférant un tel caractère à l’ordre du jour il visait la protection des
associés mais aussi celui du gérant ou le cas échéant celui du commissaire au compte ou du
mandataire ayant été désigné par le tribunal de commerce. Il convient de préciser que même si
la loi ne le prévoit il faut que les associés soient informés du lieu de la tenue de la réunion. Mais

93
Art 71 al.7 « Tout associé, après avoir vainement demandé au gérant la tenue d'une assemblée générale, peut
demander au président du tribunal, statuant en référé, la désignation d'un mandataire chargé de convoquer
l'assemblée générale et de fixer son ordre du jour »

94
Art 71 al.5 de la loi 5-96 modifié et complété par la loi 21-19.
52
pour une bonne gouvernance de la société là où la loi garde le silence, les statuts fixent les
règles. Ainsi la loi permet aux associés de fixer dans leur statut le lieu de la tenue de leur
réunion. En effet lorsque ceux-ci fixeront dans les statuts, le siège social comme le lieu de la
réunion alors ils vont devoir s’y conformer. Dans le cas où les associés n’ont eux aussi rien
prévu dans les statuts alors la détermination de la date et du lieu de la réunion incombe selon le
cas au gérant, au commissaire au compte et au mandataire désigner par le tribunal. Une fois que
la date et le lieu sont désignés il convient de les préciser dans la lettre recommandée avec accusé
de réception envoyé à chaque associé à titre d’information. La convocation est alors envoyée
aux associés en respectant un délai de 15 jours entre la convocation et la tenue de l’AG.

Une fois que les conditions exigées sont respectés l’AG peut avoir lieu. (La tenue de l’AG)

Paragraphe 2 : La tenue de L’AG

L’AG de la SARL peut avoir lieu une fois que toutes les conditions prévues pour sa convocation
ont été respecté. Tous les associés peuvent prendre part à l’AG sauf si l’un d’entre eux ne le
peut pas95. Dans ce cas il a le droit de se faire représenter et dans les conditions prévues par le
l’art 72 les alinéas 2 et 4 de la loi 5-96. IL faut préciser que le droit de participer à l’AG est un
droit dont dispose tous les associés96. Ainsi il ne peut y avoir dans les statuts une clause qui
prévoit un quota de parts sociale pour prendre part à l’AG. Le droit de participation à l’AG peut
être également exercé par le commissaire au compte si la société en dispose bien évidemment
mais celui-ci ne pourra pas prendre part au scrutin. Dans l’hypothèse où l’associé décide de se
faire représenter, le mandat dont sera investi son représentant n’est valable que pour les AG qui
porteront sur le même ordre du jour. Autrement dit le représentant de l’associé absent à un AG
ne peut le représenté avec ce mandat que lorsque la nouvelle l’AG convoqué porte sur les
mêmes questions pour lesquels le mandat lui a été donné97. La loi précise que le « mandat ne
peut être que globale ». En effet il est interdit à l’associé de donner mandat à une personne pour
qu’il vote une partie des décisions en son nom et que lui-même procède au vote des autres
décisions en son propre nom98, la loi précise d’ailleurs que toute clause contraire est réputée

95
Le législateur n’a pas prévue les cas d’indisponibilités dans lesquels l’associé peut demander à être représenté.
Etant donné que la convocation a pour objectif de prévenir chacun d’eux afin qu’ils soient présent à l’AG.
96
Il faut préciser que la limite prévue à l’al.4 de l’article 71 concerne la convocation de l’AG. Une fois la
convocation faite tous les associés ont le droit de participation.
97
Il est à noter que la loi n’a pas précisé la durée de validité du mandat.
98
Art 72 al. 5 «Il ne peut constituer un mandataire pour voter du chef d'une partie de ses parts et voter en
personne du chef de l'autre partie. »
53
non écrite. Le droit de participation est exercé par chaque associé par rapport à la valeur de ces
parts sociales. Autrement dit le nombre de voix dont dispose l’associé au cours de l’AG est lié
au nombre de parts qu’il détient au sein de la société. Le droit de vote lors de l’AG dont dispose
l’associé ne peut être exercer que par lui-même, ou par son mandat. Ce droit ne peut être
cessible.

En ce qui concerne sa présidence, l’AG est présidée par le gérant en cas de gérant unique et par
l’un des gérants en cogérance en cas de pluralité de gérants. Il est possible que le gérant ne soit
pas associé, dans ce cas l’AG est alors présidée par l’associé qui est présent99. Celui-ci peut ou
non détenir les parts élevées dans la société. Il faut préciser que la loi ne fait mention d’aucune
sanction de nullité, le cas échant prononcé contre un AG qui n’a pas été dirigé par un associé
qui le nombre de parts le plus élevées. Les associés sont tenus lors de l’AG d’inscrire leur nom,
prénom, la date et le lieu de la réunion sur une feuille de présence. Celui-ci est rempli par un
mandataire dans le cas où celui-ci représente un associé absent100. A la fin de l’Assemblée
Générale, cette feuille de présence prend la forme d’un procès-verbal à travers l’ajout d’un
certain nombre d’information à savoir : la date du début et de clôture de l’AG, l’identité de son
président, les questions portées à l’ordre du jour qui y sont délibérer ainsi que les résultats des
votes101. Dans le cas des AGO par exemple lorsqu’il est porté à l’ordre du jour des questions
ayant trait à la validation des comptes annuels de la société après l’exercice clos, la présence
d’un expert-comptable peut être indispensable dans ce cas le procès-verbal peut faire mention
de la présence de celui-ci 102 Le procès-verbal est établi et signé par la personne ayant présidée
l’AG. Le non-respect par le gérant ou par toute personne ayant présidé l’AG, de l’obligation
d’établir un PV est punie par la loi103. Lorsque les questions inscrits à l’ordre du jour de l’AG
ont été régulièrement adopté et selon les majorités requise en fonction de la nature de la décision

99
Il faut préciser que lorsque la présidence de l’AG doit être assurée par un associé les statuts prévoient les
modalités de cette présidence.
100
La loi est silencieuse dans le cas où le mandataire est un autre associé de la société. Est ce qu’il est autorisé
à inscrire son propre nom et le nom de celui qu’il représente ou comme c’est le cas de l’interdiction prévue à
l’art 72 al. 5, cette possibilité est elle aussi interdit.
101
Art 73 al.1 de la loi 5-96 « Les délibérations des associés sont consignées dans un procès-verbal, indiquant la
date et le lieu de la réunion, les prénom et nom des associés présents ou représentés et la part de chacun d'eux, le
rapport et les documents présentés et un résumé des délibérations, ainsi que les projets de résolutions soumises
au vote et le résultat du vote ».
102
L’identité des personnes présentes à l’AG n’est pas préciser sur une liste exhaustive mais tout dépend de
l’AG mais aussi de la nature des questions portées à l’ordre du jour de celle-ci.
103
Art 112 de la loi 5-96

54
(décision prise en AGO et celle prise en AGE), celle-ci s’impose à tous les associés qu’ils soient
présents, absent et même dissidents.

L’action en nullité de l’AG n’est introduite, que si les décisions qui y sont prises n’ont pas
respecté les règles relatives à la majorité dans les prises de décisions. Le gérant est habilité à
intenter cette action. Mais il possible que celui-ci soit lui-même l’auteur de la violation de la
règle du quorum. Dans ce cas un associé agissant à titre personnel ou plusieurs associés agissant
de manière collective peuvent intenter une action engageant la responsabilité civile du gérant
et ce par le biais de l’action sociale. Dans le même sens toutes décisions qui n’ont pas été porté
à l’ordre du jour mais qui ont été délibéré sont considérés comme nulle.

Section III: Les décisions des AG relatifs à la cession des parts

Les associés d’une Sarl reçoivent en contrepartie des apports faits à la société des parts sociales
dans le capital social de la société. Ces parts sociales représentent la propriété des associés.
Puisqu’il lui appartient, l’associé de la Sarl peut vendre sont bien ou le céder. Il est même libre
de le transmettre, mais sous réserve du respect de certaines formalités. Pour procéder à la
cession des parts l’associé se doit de libérer de la totalité de la valeur de ces parts. Ainsi « les
parts cédés doivent être entièrement libéré ». L’associé qui décide de quitter la société peut
céder ses parts soit à une tierce personne, à un autre associé de la société, ou à un de ses parents
ou à son conjoint. Lorsque la cession est faite à un conjoint ou à un parent elle n’est pas soumise à
l’obtention de l’agrément des autres associés. Il est possible que les associés eux-mêmes prévoient dans
les statuts certaines conditions que doivent respecter cette cession104. Concernant la cession à un autre
associé, elle est également libre mais il peut arriver que « les associés demandent un équilibre
permettant ainsi une répartition des parts sociales à céder afin de conserver leur pourcentages ».
Lorsque la part sociale est cédée à un tiers celle-ci n’est faite qu’après l’accord des associés à
la majorité105. Ainsi l’associé doit notifier son projet de cession aux autres associés pour qu’ils
puissent en accorder l’agrément. Cette notification peut se faire aussi bien par le cédant que par
le cessionnaire. En effet la loi est restée silencieuse sur la qualité de la personne pouvant faire
la notification de même que le délai que doit respecter cette notification. Lorsque la notification
n’a pas été faite mais que les parts sont cédées, ladite cession est considérée comme nulle. Après

104
Arrêt de la Cour Suprême n°1201 du 03/11/2004

105
Art 58 al.1 de la loi 5-96 dispose: « Les parts sociales ne peuvent être cédées à des tiers qu'avec le
consentement de la majorité des associés, représentant au moins les trois quarts des parts sociales »

55
la notification du projet de cession106, le gérant convoque les associés à une AG. Il peut s’agir
d’une AG Ordinaire ou d’une AG extraordinaire. Ainsi le gérant convoque dans un délai de
huit jours un AGO qui aura à son ordre du jour les questions relatives à cette cession. Au cours
de celle-ci les associés vont délibérés sur le projet de cession. Cependant il existe des cas où les
associés votent unanimement en faveur de la cession et en de pareil cas la réunion de
l’assemblée n’est plus nécessaire107. Lorsqu’après un délai de trente jours, la notification n’a
pas donné lieu à la réunion de l’AG on considère l’obtention de l’agrément comme étant
tacite108. La décision prise par les associés lors de l’AG doit être notifié au cédant. En effet les
associés soient qu’ils confirment ou infirment109 le projet, ils doivent informer le cédant par
lettre recommandée avec accusé de réception. Dans le cas les associés votent pour la cession
des parts et étant donné que cela entraine la modification des statuts de la société, la tenue d’une
AGE est de rigueur. Celle- ci aura pour but de discuter de la modification apportée par la cession
des parts sur les statuts de la société.

Le vote à l’AGE portant sur la modification des statuts doit respecter une majorité du trois quart
des associés selon les dispositions de la loi 5-96. Lorsque la cession des parts de la société porte
sur plus de cinquante pour cent du capital social, cette demande doit être accompagnée d’un
rapport établi par le gérant de la société. Il s’agit d’une nouveauté apportée par la loi 21-19
modifiant et complétant la loi 5-96. Le législateur en vue de la protection du patrimoine
sociétale soumet désormais une telle cession a un rapport du gérant afin d’évaluer les motifs de
la cession. Ce rapport permettra d’éviter des cessions nuisibles aux intérêts de la société. A
travers ce rapport, les associés auront une vue plus éclairé sur le bienfondé ou non du projet de
cession. Ainsi désormais le législateur à travers ces nouvelles dispositions renforce le contrôle
de la cession des parts de la société110.

106
La notification doit être faite par lettre recommandée avec accusé de réception. En vue de s’assurer de la
réception certaine de la notification.
107
Ce vote unanime même si rend inutile la réunion de l’AG, la notification du projet aux associés demeure
obligatoire.
108
Ce qui signifie que la cession a été acceptée par associés. (Art 58 al.2)
109
Art 58 al.3 de la loi 5-96
110
Art 75 al.5 et suivant de la loi 5-96 telle que modifiée et complété par la loi 21-19.
56
Conclusion Générale
Ce mémoire de fin d’étude avait pour objectif d’étudier ‘’comment les nouveautés
introduites en 2019 relatives au droit des sociétés ont impacté la vie des sociétés commerciales
au Maroc’’. Ainsi il a été question d’étudier cet impact d’une part sur les sociétés anonymes et
d’autres parts sur les sociétés à responsabilité limitée.

Concernant les sociétés anonymes, le législateur a introduit un nouvel organe assurant


une certaine objectivité et neutralité dans les prises de décisions. En effet, à travers
l’introduction des administrateurs indépendants, le conseil d’administration ou le conseil
desurveillance est désormais composé d’un membre ayant un but essentiel : faire passer en
premier l’intérêt de la société étant donné que ce dernier y est entierement indépéndant.
Cependant l’ analyse des deux lois, de certains ouvrages et articles nous a permi de remarquer
que le législateur fait planer des doutes sur les compétences que l’administrateur indépendant
doit avoir ce qui risque de nuir à la société. Ces membres sont en principes des aides pour
protéger les intérêts de la société. les dispositions les concernant doivent être claires afin
qu’aucune interprétation personnelle ne leurs soient donnée. Le législateur fait planer désormais
une présomption de responsabilité sur les dirigeants sociaux. Ils sont désormais responsable
également des infractions qui ont été commis en dehors des intérêts des la société. Par la
nouvelle loi, le législateur va faire cesser certains complots fait entre les administrateurs car
désormais même les administrateurs innoscents seront tenus coupables si ces derniers ne
dénoncent pas les vrais responsables. Mais étant donné que le législateur n’a prévu ni les
modalités suivants lesquels les faits doivent être portés devant l’AG ni les méthodes permettant
de verifier les allégations, tout porte à croire que cet élargissement et cette présomption de
responsabilité de l’équipe dirigeante sont moins rigides qu’ils ne paraissent.

En ce qui concerne les sociétés à responsabilité limité, la nouvelle loi a renforcé le droit
des associés minoritaires. Ils sont désormais autorisés à convoquer l’AG ( tout en respectant les
dispositions en la matière) et à inscrire à l’ordre du jour de celle-ci. Pour protéger l’interêt de
la société, le légilateur a permi à l’AG d’avoir son mot à dire lorsque les parts d’une certaine
57
importance sont en jeux. Ainsi à la fin de nos recherches nous avons alors remarqué que la loi
20-19 et la loi 21-19 ont apporté beaucoup de changements dans la vie des sociétés. Par respect
aux dispositions de ces nouvelles lois, que ce soit l’administration ou la particpation des
associés à la vie de la société ou même dans leur prises de décisions à l’AG, les sociétés
commerciales en l’occurrence les SA et les SARL ont vu leur gouvernance modifée. Cependant
ces modifaications sont-elles suffisantes pour une bonne gouvernance des sociétés ? Ainsi le
législateur conscient des réalités de la société essaye à chaque fois que le besoin se fait ressentir
d’adapter la vie des sociétés sous réserve que ces modifications soient favorables pour la
société. Dans ce sens et pour améliorer le climat des affaires, en avril dernier le conseil du
gouvernement a approuvé le projet de la loi 19-20 modifiant et complétant les lois 17-95 et 5-
96. Ce projet de loi a proposé des modifications notamment relatives à la SAS. Le législateur
vise t’il une nouvelle forme juridique de société ?

58
Bibliographie
Cette bibliographie ne prétend pas être exhaustive. Certaines références dans les notes de bas
de pages de cette étude n’y sont pas reprises.

Ouvrage :
- M. EL Mernissi, L. EL Mernissi « traité marocain de droit des sociétés »

Codes et lois :

- Le code marocain de bonnes pratiques et de gouvernance des entreprises et des


établissements publics de 2008
- La loi 17-95 relative aux sociétés anonymes, promulguée par le dahir n° 1-96-124 du
14 rabbi II 1417 (30 août 1996)

- Le dahir n° 1-97-49 (5 chaoual 1417) portant promulgation de la loi n° 5-96 sur la


société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en commandite
par actions, la société à responsabilité limitée et la société en participation (B.O. 1er
mai 1997).
- La loi 78- 12 modifiant et complétant la loi 17-95 relatif aux sociétés anonymes au
Maroc
- Le dahir n° 1-19-78 portant promulgation de la loi n° 20-19
- Le dahir n° 1-19-79 du 26 avril 2019 portant promulgation de la loi n° 21-19.
- Le dahir nº 1-08-18 du 17 joumada I 1429 (23 mai 2008) portant promulgation de la
loi n° 20-05 modifiant et complétant la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes.

Webographie :

- Ace-fr.cdn.ampproject.org « SA à conseil d’administration


- Economie.gouv.fr « conseil d’administration

59
- Fnh.ma « gouvernance des entreprises : le rôle central de l’administrateur
indépendant »
- Le coindesentrepreneur.fr « SA à conseil de direction et conseil de surveillance »
- https://agadirinvest.com/wp-content/uploads/2019/10/EbookARTEMIS.pdf
- http://www.fsjesumi.ac.ma/avis/cours_en_ligne/fd/s4/COURS_DE_DROIT_DES_S
OCIETES-NOUVELLE-VERSION.pdf
- https://adala.justice.gov.ma/production/legislation/fr/Nouveautes/Sociétés%20anony
mes.pdf
- https://www.thelegalhive.com/2019/06/18/reforme-de-la-sarl-au-maroc-une
protection-accrue-des-associes-minoritaires/
- Entreprises.cci-paris-idf.fr
- Entreprises-et-droit.fr
- captaincontrat.com

Articles et Autres :

- Abdelali Belhaj, L’EXPERTISE DE MINORITÉ EN DROIT MAROCAIN.


- Hicham KAHKAHNI, Séminaire explicatif sur les modalités de fonctionnement d’une
assemblée générale ordinaire.
- Kamal HABACHI, La Notion d’Administrateur Indépendant en droit Marocain

60
Table des matières
Remerciements ...................................................................................................................................... 3
Liste des abréviations ............................................................................................................................ 4
Sommaire ............................................................................................................................................... 5
Introduction Générale........................................................................................................................... 6
Partie 1 : La société Anonyme et la loi 20-19 .................................................................................... 11
Chapitre 1 : La gouvernance des SA ............................................................................................. 12
Section I : L’Administration de la Société Anonyme ............................................................... 13
Section II : L’Introduction d’Administrateurs Indépendants ................................................ 21
Chapitre 2 : La responsabilité des dirigeants sociaux et le droit des actionnaires .................... 26
Section I : La responsabilité des dirigeants sociaux ................................................................. 27
Section II : L’information et le droit des actionnaires ............................................................. 33
Partie II : Le droit des associés dans la société à responsabilité limitée ......................................... 37
Chapitre 1 : La participation à la vie sociale par les associés...................................................... 38
Section I : Le droit à l’information et le droit aux votes .......................................................... 39
Section II : La participation aux résultats ................................................................................ 43
Paragraphe 2 : Le Boni de liquidation ........................................................................................ 45
Chapitre 2 : La prise de décisions en Assemblée Générale.......................................................... 47
Section I : Les Assemblée Générales des SARL ....................................................................... 48
Section II : Les règles relatifs aux AG ....................................................................................... 51
Section III: Les décisions des AG relatifs à la cession des parts ............................................. 55
Conclusion Générale ........................................................................................................................... 57
Bibliographie.................................................................................................................................... 59
Table des matières ........................................................................................................................... 61

61
Auteurs (Adjowa Marie DJIKPO et Virémine Espoire AZIAGNON)

Université Ibn Tofail de


Kénitra
LES NOUVEAUTÉS INTRODUITES EN 2019 AUX LOIS RELATIVES AUX
SOCIÉTÉS AINSI QUE LEURS APPORTS : LA LOI 20-19 ET 21-19

Résumé
Les lois 17-95 et 5-96 ont subit en 2O19 des modifications par les lois 20-19 et 21-19. Ces
modifications découlent de la volonté du législateur de se conformer à la réglémentation de la
banque mondiale mais aussi de rafraîchir l’environnement des affaires. La problématique est la
suivante : quelles sont les impacts que ces nouvelles lois ont eu sur les sociétés commerciales ?
Pour répondre à cette problématique nous avons analysé et comparé les anciennes et les nouvelles
lois. Nous avons etudié la vie des sociétés selon les lois 17-95 et les lois 5-96 afin d’en déduire les
impactes des nouvelles dispositions. Nos études ont été appuyé par certains ouvrages et articles.

THE NOVELTIES INTRODUCED IN 2019 TO THE LAWS RELATING TO


COMPANIES AND THEIR CONTRIBUTIONS: THE LAW 20-19 AND 21-19

Abstract
Laws 17-95 and 5-96 were amended in 20-19 and 21-19. These modifications result from the will
of the legislator to conform to the regulation of the world bank but also to refresh the business
environment. The problem is the following: what are the impacts that these new laws have had on
commercial companies? To answer this question, we analyzed and compared the old and new laws.
We have studied the life of the companies according to the laws 17-95 and the laws 5-96 in order
to deduce the impact of the new provisions. Our studies were supported by some books and articles.

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