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Les effets de commerce

.
reg l es d e D
· ro it commu n et p lu
En effet la cession de créance est régie par les
précisément par les articles 204 et 205 COC. d' u ne créance ou
, . sio n co ntr ac tue I l e
D'abord, l'article 204 prevo1t que «1a ces · s» mais J'art
e
- . em en t des p rti
d'un droit, d'une action est parfaite par le consen t
a
. , ce ssI . O 11 précise
«Le
·
205 relatif a l'opposab111te et 1' e ffï
.· ic a cité de ce tte
. . . , r 1 a s1·gi1ific a tion
cessiomiaire n'est saisi a l'egard du de'b.1teur et d es tiers que pa
tr ns fert fa .
ite p ar ce dernier
du transfert faite au débiteur, ou par l'accept ation du a
_
dans un acte ayant date certaine». ,
. .
-La cess10n est donc soumise à des fonna11tes · , et des, procedu res 1 ourdes et
. . . . date
couteuses (s1gm . .fi1cat10n par 1m1ss1er . notaire, ou accepta • t,·on par acte ayant
. et
certame),
. ce qm est mcompat1b
. . le avec les 1mper . , at11s -� de I a VI·e comme rct. a 1e
surtout Ja matière cambiaire qui nécessite Ja rapidité des transacti ons.
�La transmission des effets de commerce doit se faire par des procédures p lus
· · ·
simples, plus rapides et moms couteuses car 1·1 s , agi·t d' ms · truments de paiement
et de crédit qui doivent circuler rapidement en assurant au porteur le maximum
de sécurité.
C'est pour quoi Je droit cambiaire a privilégié des modes de transn1ission plus
simples et plus rapides que les modalités de la cession de créance
*L'endossement: une sin1p1e signature apposée (généralement) au dos du titre
avec sa remise au porteur
* La tradition : La remise du titre de main en main (1nais cela suppose que le
titre soit au porteur ou endossé au porteur c.à.d. sans indication du 110111 du
bénéficiaire).
L'arrêt de 1a Cour de cassation civile 11° 46476 du 13 nov. 1997 a souligné
l'importance de ce caractère négociable en ces ternies:
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�, - -=-•1 ., ,.,.J li b:ill - .Ltl. J bill 1·-:.t·ts �,
c.j� (.J "-? _ _) • c.j�'-! .J � -· �-� '. Jll (.)A
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... .)fa o-1} �� jj.J6-'-I' � c.:,��, �_;-uûl obls Lf_J�' u__;.JI � J jj.Ju..JI _;l �I �fa.
2-le caractère monétaire :
L'effet de commerce doit comporter l'indication de sa valeur en monn
aie parc e
qu'il constitue un instrument de paiement. Il constate une créa
nce en s onune
d'argent qui doit être certaine et liquide.
3 - le court terme:
L'effet de commerce est un instrument de créd
it à court terme. Ce cou rt terme
n�a pas été dé ni p le législateur et
� � 1a doctrine estime qu'il ne doit
d:passer 3 mo1s. Mais, dans la pas
pratique, le terme des effets de comm
depasse souvent les 3 mois. erce
L'intérêt de respecter le
court tenue c'est qu'il permet au porte
ur de l'effet de

2
de
commerce de mobiliser sa créance auprès d'une banque par la technique
l'escompte.
En principe, le porteur doit attendre I échéance pour réclamer Je paiement au
débiteur, mnis il peut obtenir un paiement anticipé, en transmettant son effet de
commerce à un banquier qui deviendra le porteur du titre et attendra les 3 mois
pour réclamer le paiement au débiteur.
- Le banquier accepte cette mobilisation de la créance contre rémunération et
après déduction des intérêts.

Section 2 - Les fonctions des effets de commerce:


Sur le plan économique, la fonction des effets de commerce, surtout de la lettre
de change (considérée comme prototype des effets de commerce) a connu une
évolution historique.
1- la fonction initiale: La fonction de transfert ou de change :
-A l'origine, le commerçant qui voulait se procurer du change dans un autre
pays, surtout à l'occasion des foires, s'adressait à son banquier pour conclure un
contrat de change, il lui remettait de l'argent, en contre partie le banquier lui
remettait une lettre adressée au banquier étranger lui donnant l'ordre de payer la
somme indiquée au porteur de la lettre de change avec la désignation de son
nom.
-L'utilisation de la lettre de change en tant qu'instrument de transfert présentait
un intérêt sur le plan de la sécurité car elle était nominative et évitait à son
porteur le transport risqué de l'argent.
-Actuellement, cette fonction est dépassée et le transfert d'argent se fait par
d'autres procédés plus modernes (virements bancaires / cartes de paiement /
chèques de voyage...)
2- la fonction de paiement :
- La fonction économique de la lettre de change a évolué du moment où 'elle a
été utilisé pour effectuer un paiement dans le même lieu où elle a été émise. Elle
s'est détachée du contrat de change pour devenir un instrument de paiement.
- Cette nouvelle fonction a pu se développer grâce a certaines techniques
juridiques telles que la possibilité de circulation du titre par simple signature
alors qu'il était au départ nominatif et ne permettait que le paiement de son
porteur.
- Elle a été renforcée par la sécurité et les garanties de paiement offertes par le
droit cambiaire.
- Actuellement, cette fonction de paien1ent est plutôt assurée par le chèque

3
même si théoriqucm nt ln lettre de han e peul être utilisée comme instrument
1

de paiement lorsqu clic c t payable ù vu (1 ès sa présentation).


3 - la fonction de crédit :
- Les E.C conslitu nt des instruments de crédit ù court terme clans la mesure où
le débiteur ne devra payer la somme indiquée sur le titre qu'après une certaine
échéance. C'est le cas essentiellement de la lettre de change et du billet à ordre
(contrairement au chèque qui est utilisé comme instrument de paiement)
D'autant plus le même titre peut assurer une chaine d'opérations de crédit et de
mobilisation de créances, puisqu'il peut circuler jusqu'à la date de son échéance.

---ection 3 - Enumération des effets de commerce:


1- la lettre de change:
C'est le prototype des effets de commerce, régie par les articles 269 et suivants
C.Com. Il s'agit d'un titre négociable qui peut circuler par voie d'endossement
et souvent utilisée comme instrument de crédit à court terme.
2 - le billet a ordre:
Il s'agit également d'un titre négociable régi par les articles 339 et suivants
C.Com. C'est un écrit par lequel une personne appelée souscripteur s'engage à
payer, à une échéance déterminée, une somme d'argent à l'ordre d'une autre
personne appelée bénéficiaire.
- En pratique, le billet à ordre est généralement utilisé dans le secteur bancaire.
3 - le warrant :
C'est une forme particulière du billet à ordre, accompagnée d'une garantie
donnée par le souscripteur parce qu'il confère au bénéficiaire un nantissement
sur des marchandises déposées dans un magasin général (avec dé possession) ou
dans les locaux du souscripteur (sans dépossession).
4 - le chèque:
Régi par les articles 346 et suivants C.Com.
L'appartenance du chèque à la catégorie des effets de commerce a été largement
discutée par la doctrine et il est, à priori, exclu de cette catégorie dans la mesure
où il est exclusivement un instrument de paiement et non de crédit.
C'est un titre payable à vue et sa provision doit exister dès la date de son
émission. À défaut, des sanctions pénales sont prévues pour l'émission d'un
chèque sans provision.
- Mais certains auteurs assimilent le chèque aux effets de commerce en raison
des ressemblances qu'il présente avec la lettre de change au niveau du régime
juridique applicable (formalisme, caractère négociable, solidarité des signataires,

4
droits et recour du porteur impayé... )
- D'ailleurs les an lais définis cnt le chèque comme étant une lettre de change
payable à vue et tirée sur un bnnquicr.
- D'autres auteurs, par contre, contestent cette assimilation et insistent sur la
distinction entre les instruments de crédit et les instruments de paiement.

À coté de ces eflèts de commerce traditionnels, la pratique a donné lieu à


d'autres fonnes telles que : les bons de caisse émis par les banques, les
bordereaux de cession de créances professionnelles (qui permettent à une
entreprise de céder par simple endossement ses créances professionnell es à une
banque qui lui en verse immédiatement le montant), la lettre de change relevé (
traduite sur une bande magnétique qui va circuler et qui sera présentée au
paiement)...

fi) Les spécificités du droit cambiaire :


Le Droit cambiaire est l'ensemble des règles qui régissent la lettre de change et
par extension les autres effets de commerce.
�.J�I tJI.JJ�I Ji wl�I ù_il\j/ùy.all c.:t,-ï'-9

NB : selon le « Vocabulaire juridique », le terme cambiaire signifie : ce qui est


relatif à la lettre de change et par extension aux autres effets de commerce.
� Le rapport cambiaire = rapport né de la lettre de change
- Eri°gagement cambiaire = engagement résultant de la signature apposée sur
la lettre de change.
- Débiteur cambiaire = débiteur sur la base de la lettre de change.

Ce droit se caractérise par la rigueur et le formalisme.

Section 1- La rigueur:
La rigueur du droit cambiaire par rapport au droit commun tend à protéger le
porteur du titre et surtout à encourager la circulation et assurer le paiement à
l'échéance.
Cette rigueur se manifeste à travers plusieurs dispositions particulières:
1) Le droit cambiaire n'admet pas les conditions résolutoires ou suspensives de
paiement, l'ordre de payer ainsi que l'engagement de payer doivent êtres purs et
simples c.à.d. inconditionnels.
2) Il y'a une solidarité présumée entre tous les signataires de la lettre de change

5
pour garantir le paiement au porteur alors qu'en matière civile la solidarité ne se
présume pas et doit être prévue de manière expresse.
3) l'engagement cambiaire est soumis au principe de l'indépendance des
signatures c.à.d. que chaque signataire est obligé par sa seule déclaration de
volonté, matérialisée par sa signature, et ce indépendamment de la régularité des
autres signatures apposées sur le même titre.
Ainsi, par exemple, si le titre comporte une signatw·e émanant d'un Î11capable ou
une fausse signature, seul cet engagement serait nul/ la validité du titre et des
autres signatures n'est pas atteinte ----+ les autres signataires ne peuvent se
prévaloir de ce vice pour échapper à leurs obligations.
4) L'échéance est de rigueur en matière cambiaire (art.338) et le débiteur ne
peut pas bénéficier d'un délai de grâc�, alors qu'en matière civile et
commerciale le juge peut accorder un délai raisonnable pour l'exécution de
l'obligation.
Cette rigueur de l'échéance joue également a l'égard du porteur lui même
puisqu'il doit respecter certaines obligations pour réclamer le paiement à cette
échéance.
5) des procédures particulières doivent être respectées en cas de défaut de
paiement qui doit être solennellement constaté dans un protêt établi par un
huissier notaire et déposé au greffe du tribunal.
(protêt faute de paiement)
c��' r� ��, �)
6) En matière de procédures et voies d'exécution, le porteur d'une lettre de
change impayée (qui a respecté ses obligations à l'échéance) peut obtenir contre
le tiré accepteur et les autres signataires du titre, une injonction de payer
exécutoire 24h après sa notification, nonobstant appel. JI s'agit donc d'une
simplification des procédures et une rapidité dans le recouvrement.
7) Des poursuites pénales peuvent être engagées contre le tireur d'un chèque
sans provision (if; en cas d'inexécution d'une obligation civile)

Section 2 - Le formalisme cambiaire:


Contrairement au consensualisme du droit commun où l'échange des
consentements des parties suffit pour la validité de l'obligation, c'est le
formalisme qui est consacré en matière cambiaire c.à.d. que la validité de
l'obligation est subordonnée au respect des formes impératives déterminées par
le législateur. Mais, il faut préciser que le formalisme cambiaire se justifie par le
rôle économique du titre en tant qu'instrument de paiement et de crédit parce

6
que c'est ce formalisme qui garantit le paiement, facilite la circulation du titre et
qui assure la protection et la sécurité _juridique aussi bien pour le porteur que
pour les signataires du titre (il invite à la réflexion et permet à chaque
signataire de savoir avec précision l'étendue de son engagement).
- Parmi les manifestations de ce formalisme
1) Le fom1alisme se manifeste notanm1ent à travers l'art 269 C.Com qui exige
des mentions obligatoires pour la validité du titre et prévoit sa nullité, en tant
que tel, s'il ne remplit pas les conditions prescrites par la loi.
2) C'est la loi qui fixe la signification et la portée de chaque signature
apposée sur la lettre de change scion son emplacement. c.à.d. que le législateur
établit des présomptions de forme.
exp: l'art 285 prévoit que «la simple signature du tiré opposée au recto de la
lettre de change vaut acceptation»
- la simple signature au verso est présumée être un endossement.
- L'art 289 considère que toute autre signature au recto que celle du tiré ou du
tireur est présumée un aval (une garantie/ une caution).
3) Les mentions qui ne sont pas insérées dans la lettre de change mais dans
d'autres documents (acte séparé) n'ont pas la valeur de l'engagement cambiaire
-. principe de l'autosuffisance du titre (il doit se suffire à lui-même).
4) Certaines notions sont définies par la seule référence à la forme et à
l'apparence.
Ex.: la définition du porteur légitime selon 1' art 279 C. C «celui qui justifie de
son droit par une suite ininterrompue d'endossements» (-. il suffit donc de
consulter le titre pour se pron oncer sur la qualité du porteur).

Ce cours portera sur l'étude de 3effets de commerce


Titre I : La lettre de change.
Titre II : Le billet a ordre.
Titre ID : Le chèque.

7
Titre 1-L: lcHrc de change-
�----- ------------------- - ------- -�

Le législateur ne définit pas directement la lettre de change et se contente dans


l'art 269 CC d'énumérer les mentions obligatoires que doit contenir ce titre, tout
en précisant qu'il s'agit d'un acte de commerce par la forme« la loi répute acte
de commerce, entre toutes personnes, la lettre de change »
Mais il ressort de cet article qu'il s'agit d'un titre émis par une personne
appelée «tireur» et donnant à une autre personne appelée «tiré» l'ordre
de payer, à une échéance déterminée, une somme d'argent à une tierce
personne appelée« bénéficiaire>> ou à l'ordre de celle-ci.
-À partir de cette définition et des autres textes qui régissent la lettre de change,
nous pouvons dégager les différents aspects de ce titre qui seront traités
confonnément au plan suivant
Chapitre I : La création de la lettre de change
Chapitre II: La provision
Chapitre ID: L'acceptation
Chapitre IV: L'endossement
Chapitre V : Le paiement.

Chapitre I : La création de la lettre de change:


Avant d'étudier les conditions de création de la lettre de change (de forme et de
fond), il convient de s'arrêter sur le mécanisme de la lettre de change pour
comprendre les circonstances de sa création et la nature des rapports qui en
découlent.
Sectionl - Les circonstances de création de la lettre de change:
Ssl - Le mécanisme de la lettre de change:
Plusieurs questions se posent à partir de la définition de la lettre de change
- Pourquoi une personne crée une lettre de change ?
- Pourquoi elle donne à une autre personne l'ordre de payer ?
- Pourquoi la lettre de change est crée au profit d'une tierce personne ?
�on va prendre un cas concret pour comprendre ce mécanisme en raisonnant
sur l'exemple de création d'une L.C à l'occasion d'une vente à crédit:
- Un commerçant A vend sa marchandise à un client B pour le prix de 10 milles
dinars. L'opération s'analyse juridiquement à l'origine en un contrat de vente et

a
plus précisément une vente à crédit (c'est le cas le plus fréquent en pratique).
Cette opération vn se réaliser techniquement au moyen d'un titre <le crédit.
C'est le vendeur A (créancier de 13) qui va créer un titre reconnaissant sa
créance. n va donc tirer une lettre de change sur son client 13.
Ce dernier «accepte» généralement la lettre de change et s'engage à payer à
une certaine échéance (généralement dans 3 mois).
- L'ù1térêt du tiré (l'acheteur) est évident: pratiquement, il ne paiera que dans 3
mois --+ il va bénéficier, au moyen de la lettre de change, d'un crédit à court
tenne + s'il s'agit d'un commerçant, il aura le temps de revendre la marchandise
avant que la lettre de change ne lui soit présentée au paiement.
- Mais, le vendeur émet La lettre de change dans son intérêt personnel parce
qu'il va l'utiliser pour régler ses dettes à l'égard d'une tierce personne (son
fournisseur ou le fabriquant)
--+ C'est pourquoi il va donner à l'acheteur l'ordre de payer cette tierce personne

C.
NB : Le tireur peut également émettre la lettre de change à son ordre, en
indiquant son nom en tant que bénéficiaire, et l'utiliser à son tour pour se
procurer du crédit auprès d'une banque par l'escompte ( Il demande à un
banquier, contre remise de la lettre de change, de lui avancer tout de suite la
somme indiquée, après déduction de l'intérêt de la créance, calculé d'après le
temps restant à courir jusqu'à l'échéance et d'une commission).
-+ Le tireur peut ainsi mobiliser sa créance auprès de son banquier, ce qui lui
permet de bénéficier d'un crédit.
- La chaine de crédit ne s'arrête pas là parce que le banquier peut soit conserver
la lettre de change jusqu'à l'échéance et la présenter au paiement au tiré soit la
faire réescompter par un autre banquier ou par la banque centrale.

A- Les personnes qui participent au mécanisme de la lettre de change


1- Le tireur : C'est la personne qui crée la lettre de change (le créancier) et
donne l'ordre à une autre personne (le tiré) de payer à une certaine date une
somme d'argent à une 3 ème personne (le bénéficiaire) ou à l'ordre de celle-ci.
Dans notre exemple, le tireur= le vendeur A.
2- Le tiré: C'est la personne qui reçoit l'ordre de payer à une autre personne.
En pratique, il accepte généralement cet ordre et s'engage à payer à
l'échéance.
Dans notre exemple, le tiré= l'acheteur B.

9
3- Le héné lïcia ·n, : C'est la personne au profit de laquelle la lettre de change
a été émise-+ celui auquel ou ù l'ordre duquel le paiement doit être fait.
Dans notre excmpl1::, le bénéficiaire = le fournisseur C.
NB : il peut y avoir intervention d'autres personnes puisque le bénéficiaire peut
également:
soit conserver la lettre de change jusqu'à l'échéance et la présenter lui­
même au paiement,
- soit, sans attendre l'échéance, parce qu'il est lui même débiteur à l'égard
d'une 4éme personne D transmettre la lettre de change à cette personne en
l'endossant à son profit.
-+ D devient le porteur de la lettre de change et peut aussi l'endosser à l'un de
ses créanciers ... et ainsi de suite, jusqu'à l'échéance.
-+la lettre de change peut circuler jusqu'à son échéance-+ à cette date, elle sera
présentée au paiement par le dernier porteur au débiteur tiré. ( Entre temps elle
aura chaque fois servi à une nouvelle opération de crédit).

B - Les rapports entre ces personnes


La lettre de change établit 2 rapports juridiques entre 3 personnes (ou un rapport
triangulaire).
1- Le rappo1i entre le tireur (vendeur) et le tiré (l'acheteur):
Il s'agit d'un rapport de créance.
Le tireur est créancier du tiré. C'est pourquoi il peut lui donner l'ordre de
payer la lettre de change.
Cette créance du tireur contre le tiré s'appelle la provision.
NB : Ce rapport de créance est extérieur au titre, il est généralement préexistant
c'est le rapport fondamental sur la base duquel a été émise la lettre de change.

2- Le rapport entre le tireur (vendeur) et le bénéficiaire (fournisseur):


Il s'agit également d'un rapport de créance.
Le bénéficiaire est créancier a l'égard du tireur. C'est pourquoi le tireur
émet la lettre de change au profit du bénéficiaire.
- Cette créance du bénéficiaire contre le tireur s'appelle valeur fournie (il s'agit
de l'équivalent qui a été fourni au tireur par le fournisseur, en échange de quoi le
tireur lui a souscrit la lettre de change).
-+ La lettre de change permet ainsi au tireur de régler sa dette à l'égard du
bénéficiaire en lui cédant la créance qu'il a contre le tiré.

10
- La valeur fournie est également la créance entre l'endosseur et l'endossataire.

tl.13 _: - lt' rnppurt entre k h01101ïciuirc et k tir(n'est pas un rapport préexistant


-> C'est le résultat de l'acceptation de la lettre de change par le tiré.

- le rapport entre le bénéficiaire et un nouveau porteur du titre nait de


l'endossement.
- En pratique, la circulation de la lettre de change est réduite
+ il est fréquent que la lettre de change ne met en relation que 2 personnes ->le
tireur est en même temps le bénéficiaire (il donne l'ordre au tiré de le payer
lui-même)
-> rapport bilatéral entre (tiré/ tireur- bénéficiaire).

l
Tiré(acheteur (B)) Le dernier porteur a l'échéance

� ::'<>o�

�����
��.,,.
..�" �
Tireur (vendeur (A) .; Bénéficiaire(fournisseur (C))
;;;;:;;;;;;:;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;-
Rapport de crfance
(valeur furnie)

Ss2 - La nature iuridigue de la lettre ., .


de ch. a- nge:
. -- .

A - Nature com merciale de la lettre de change


- Il ressort de l'art 269 CC al 1 que la lettre de change est un acte de commerce
par la forme.
Cela signifie que la signature de la lettre de change, à quelque titre que ce soit
(par le tireur, le tiré ou un endosseur. .. ) constitue un acte commercial quelle que
soit l'activité ou la profession du si gnataire.
- Il en résulte que le signataire de la lettre de change est soumis à la rigueur du
droit cambiaire que1le que soit son activité mais les signatures répétées des
lettres de change ne confèrent pas au signataire la qualité de commerçant.
B - La dualité du rapport fondamental et du rapport cambiaire
- Lorsqu'une personne crée une lettre de change ou appose sa signature sur une
lettre de change elle ne le fait pas sans raison.
En effet, l'engagement cambiaire se justifie par l'existence d'un rapport
juridique préexistant entre les parties, ce rapport est appelé rapport fondamental.
Il y a lieu de faire quelques précisions concernant ces 2 rapports

11
• Le rapport: cambiairc est le rnpport né de la lettre de change c.�1.d. de la
signat11re apposée sur cc titre (lors de sa création, son acceptation, son
endossement ... )
- C'est un engagement cambiaire qui naît directement de la signature du
tùre + C'est un engagc1ncnt rigoureux soumis aux règles spéciales du
droit cambiaire.
• Le rapport fondamental c'est un rapport préexistant el extérieur au titre
(extra-cambiaire) mais il est ù I' origine de sa création ou de sa
transmission.
1- La LTr,111cc de provision: C'est la créance du tireur contre le tiré et qui
est à l' origine de la création de la Lettre de change (1er rapport
fondamental).
2- La valeur fournie : C'est la créance du bénéficiaire contre le tireur et
qui est à l' origine de la remise de la lettre de change (c'est la raison pour
laquelle le tireur émet la lettre de change au profit du bénéficiaire).
3- La valeur fournie: C'est également la créance de,l'endossataire contre
l'endosseur, qui justifie la transmission de la lettre de change par
endossement.

Le droit tunisien comme le droit français admet une conception dualiste de


ces rapports -+ il y'a une certaine coexistence et une superposition des deux
rapports (malgré l'indépendance et l'autonomie du rapport cambiaire)
Ainsi, l'émission de la lettre de change n'entraine pas novation (extinction
d'une obligation moyennant la constitution d'une obligation nouvelle qui lui est
substituée)
-+ Elle n'entraine pas l'extinction du rapport initial -+ ce rapport de créance ne

disparait pas , il survit et continue à jouer un rôle important surtout dans


certaines hypothèses (nullité du titre en tant que lettre de change pour vice de
forme -+ dans ce cas il peut servir de base pour agir en justice et pour réclamer
le paiement malgré qu'il n'a plus la valeur d'une lettre de change mais d'un titre
de créance soumis aux règles du droit commun + en cas de prescription sur le
plan cambiaire +en cas de défaut d'acceptation ... ).
-+ Grâce à cette dualité, le rapport fondamental ne disparait pas totalement mais

il est masqué par le rapport cambiaire.

12
- Par contre le droit allemand admet une conception abstraite du rapport
carnbiaire et dissocie la lettre de change des rapports contractuels qui lui sont
extérieurs (c'est un rappo11 abstrait+ détaché de sa cause)
----+ l'émission de la lettre de change entraine novation c.à.d. extinction des

rapports préexistants (dissociation totale entre la lettre de change et le rapport


fondamental qui était à la base du rapport cambiaire).

u
,.,ccfionl - Ll'S contlitio11s d, forml' (Le form:tibmc· r: ml i: ire):
- C est le J)rincipc de l'aulosuflîsancc du titre qui permet à la lettre de change
de circuler rapidement et de jouer son rôle en tant qu'instrument de crédit en
toute sécurité.
- confonnément à ce principe, la lettre de change doit se suffire à elle-même
c.à.d. qu'elle doit comporter toutes les mentions nécessaires pour renseigner les
tiers et pour protéger le porteur ainsi que les signataires du titre.
- Y. Chaput a pu dire à ce propos qu'il s'agit d'un« formalisme ennuyeux mais
facile à comprendre car il évite toute hésitation sur la portée du titre et permet
une vérification facile de sa validité fonnelle».
- Mais il convient de distinguer entre les mentions obligatoires exigées par l'art
269 CC et les mentions facultatives qui peuvent être ajoutées par les parties

Sous-sectionl : Les mentions obligatoires :


- D'abord, il faut préciser que la loi n'exige pas de façon expresse la rédaction
d'un écrit comme condition de validité de la lettre de change mais cette
exigence évidente est prévue de manière indirecte dans l'art 269 CC et peut être
déduite même des termes employés par le législateur (un titre, le texte, la
rédaction). -+L'écrit est donc un élément constitutif de la lettre de change qui
est exigé non seulement à titre de preuve mais à titre de validité.
Le législateur ne précise pas la nature ni la forme de cet écrit. Donc,
théoriquement, il peut s'agir d'un acte authentique ou sous seing privée,
manuscrit ou imprimé. Mais, en ·pratique, la lettre de change n'est jamais établie
sous forme authentique parce que c'est une source de frais incompatible avec
l'impératif de rapidité. De même, elle n'est jamais établie sous forme totalement
manuscrite parce qu'elle n'inspire pas confiance et peut être falsifiée. En effet,
la pratique recourt plutôt à des formulaires imprimés de la lettre de change avec
l'utilisation de plus en plus fréquente d'un modèle standardisé (surtout dans la
pratique bancaire).
- On doit préciser également que la loi n'exige pas que les mentions indiquées
sur la lettre de change soient rédigées par une personne détenninée. Elles
peuvent être rédigées par une ou plusieurs personnes, par les parties ou par les
tiers. L'essentiel est que la lettre de change doit contenir les mentions
obligatoires qu'il convient d'énumérer (parag.1), avant de déterminer les
sanctions applicables en cas du non respect de ce fonnalisme (parag.2)

1
rnra ra lh l : Enumér: tion d s mentions ohli ratoirc,:
- L'article 269 exige 8 mention pour la validité de ln lettre de change.
I - Lad ·non1ination d' ll'tln• ,k rhanc�,·:
- Cette mention doit être insérée dans le texte même du titre et exprimée dans la
langue employée pour la rédaction du titre. Le but de cette mention est d'éviter
les problèmes d'interprétation quant à la nature du titre et attirer l'attention des
signataires sur le caractère cambiaire de leur engagement et sa rigueur.
2 - Lt• manda n�•r ·t sim lk ,Il' p:�n·r une som_mc dét •nninCc:
- Il s'agit plutôt d'un ordre de payer parce que le terme «mandat» n'est pas
employé ici dans son sens civiliste et technique.
Cet ordre doit être inconditionnel (pur et simple) vu la rigueur du droit
cambiaire et il doit porter sur tme somme d'argent déterminée vu le caractère
monétaire des effets de commerce.
NB : La stipulation des intérêts n'est pem1ise que pour les lettres de change
payables à vue ou à un certain délai de vue (lorsque la date du paiement est
connue, les intérêts doivent être calculés à l'avance et intégrés dans la somme).
+ L� somme doit être indiquée en chiffres et en lettres pour éviter la
falsification. Selon 'art 272 CC , en cas de différence entre le montant inscrit en
chiffres et le montant inscrit en lettres, la LC vaut pour la somme écrite en toutes
lettres. lorsque le montant est écrit plusieurs fois et en cas de différence, la lettre
de change ne vaut que pour la moindre somme.
3 - Le nom de celui qui doit payer (le tiré) :
- C'est une mention obligatoire pour pem1ettre au porteur d'identifier la
personne à laquelle il va réclamer le paiement à l'échéance � si le nom du tiré
n'inspire pas confiance, le porteur peut refuser le paiement par la lettre de
change.
NB: on constate que l'article se contente du nom dti tiré et n'exige pas
l'indication de son domicile. Or, le lieu du paiement ne correspond pas toujours
au domicile du tiré ce qui donne lieu en pratique à des problèmes dans
l'exécution.
4 - Indication de l'échéance (la date où le paiement doit être fait) :
- C'est une mention indispensable en raison de la rigueur de l'engagement
cambiaire puisque le paiement doit être fait à l'échéance sans aucune possibilité
de délai de grâce. De même, certaines obligations pèsent sur le porteur à
l'échéance.
-➔ Il doit présenter la lettre de change au paiement et à défaut de paiement il doit

dresser un protêt+ les délais de prescription...

2
- Selon l'article 290 cc, l'échéance ne peut être fixée que de 4 manières:
1) à vue:
Le porteur peut présenter la lettre de change au paiement quand il veut, à
condition de ne pas dépasser le délai d'un an à partir de sa création.
- La lettre de change est payable immédiatement dès sa présentation -c'est
ce qui explique que ce type de LC est rarement utilisé en pratique parce qu'on
utilise plutôt le chèque comme instrument de paiement.
2) à un certain délai de vue(« payez à 3 mois de vue ... »):
Le porteur peut choisir la date de présentation mais il ne peut exiger le paiement
qu'après l'expiration du délai a vue (après la présentation).
3) à jour fixe :
C'est l'hypothèse la plus simple et la plus courante puisque la date de paiement
est directement fixée sur la lettre de change.
4) à un certain délai de date (« payez à 3 mois de date... ») :
Le porteur n'est payé qu'à l'expiration du délai qui court à partir du jour de la
création de la lettre de change.
- Ces 4 modalités sont les seules valables, ce qui entraine la nullité des lettres
de change tirées à d'autres échéances ou à échéances successives (même en cas
de vente avec facilités de paiement, il doit y avoir création de plusieurs lettres de
change avec des échéances différentes et non pas une seule lettre de change à
échéances successives).
5 - Le lieu ùu paiement :
- C'est l'endroit où le porteur doit présenter son titre pour être payé.
NB : Il s'agit d'une créance quérable c.à.d. que c'est le porteur qui doit
présenter le titre et réclamer le paiement à l'échéance.
Le lieu du paiement ne correspond pas toujours au domicile du tiré. Les parties
peuvent indiquer un autre lieu de paiement et insérer une clause facultative de
domiciliation qui se fait généralement auprès de la banque du tiré.
6 - Le nom du bénéficiaire :
_- C'est celui auquel ou à l'ordre duquel le paiement doit être fait. Le législateur
a exigé cette mention pour interdire les lettres de change créées en blanc ou au
porteur.
NB : cette interdiction peut être facilement détournée puisque le bénéficiaire
peut être le tireur lui même (lorsque la lettre de change est créée entre 2
personnes)+ la loi permet l'endossement au porteur ou en blanc.
-+ Le tireur peut, dès la création de la lettre de change, indiquer son nom en tant

3
que bénéficiaire et endo, cr la lettre au porteur ou cn blanc.
7 - 1 ah' •f fil'''- d · tTrafion :
- L'intérêt d indiquer l:i date de créntion : clic permet de vérifier la capacité du
tireur+ calculer cert:iins dél:iis..
- L'indication du lieu de création permet de déterminer les règles de compétence
te1Titoriale mais n titre subsidiaire (outre le tribunal du lieu du domicile du
défendeur le p011eur peut choisir le tribunal du lieu de création de la lettre de
change ou celui du paiement).
S - La signa1t11'l' ,lu tir 11r {celui gui rnu·t la lettre de change}
- Cette signature est essentielle parce que le tireur est le premier à s'engager sur
le plan cambiaire. Elle matérialise sa volonté en tant que créateur du titre et
l'engage en tant que Ier garant du paiement.
- La loi n'exige que la signature du tireur mais en pratique son nom apparait
toujours sur la lettre de change.
- En droit tunisien, la signature doit être manuscrite alors qu'en droit français
elle peut être apposée par tout procédé non manuscrit (cachet, griffe).
Elle doit être nonnalement apposée au recto et au bas de l'acte.

Paragraphe 2 : Sanction du non respect du formalisme cambiaire :


- On doit distinguer entre l'omission d'une mention obligatoire (défaut
d'indication), l'inexactitude (indication d'une mention erronée) et l'altération
(modification d'une mention)
A- Sanction de l'omission d'une mention obligatoire :
-Selon l'art 269 CC «le titre dans lequel une des énonciations indiquées aux
alinéas précédents fait défaut ne vaut pas comme lettre de change, sauf dans
les cas détenninés par les alinéas suiva�ts ... »
� En principe la sanction du formalisme est la nullité du titre incomplet en
tant que lettre de change parce que les mentions obligatoires sont exigées à
titre de validité.
Mais ce formalisme cambiaire rigoureux connait quelques atténuations
* D'abord )a nullité n'est pas totale, elle ne joue que sur le terrain cambiaire
c.à.d. que le titre incomplet ne vaut pas comme lettre de change mais il conserve
une valeur juridique certaine. Il subit simplement une disqualification (une
conversion par réduction).
+ La sanction n'est pas systématique � elle est parfois écartée par le législateur
lui même

4
-+L art 269 C énon c certain s rè Jlcs de su J Jléance pour remplacer les
mentions manquantes et éviter la nullité (la théorie des é uivalents).
+ La lettre de change incomplète Jeut être ré ulariséc (c'est la possibilité
d'ajouter la mention qui manque.)
� On constate que le formalisme de la lettre de change n'est pas rigide parce
que les mentions obligatoires peuvent paraitre contraignantes et rigoureuses
mais leur absence n'est pas sanctionnée par la nullité systématique et complète
de la lettre de change.
1) Spécificité tic la sanction = nullité en tanf que lettre de change (fhéoric de
la rom·cr_-ion m r rédurtion) :
- Aux tennes de l'article 269 CC, le titre ipcomplet « ne vaut pas comme
lettre de change » --+ la sanction est donc la nullité de ce titre en tant que lettre
de change + c'est une nullité d'ordre public qui peut être opposée à tout
porteur, même s'il est de bonne foi (L'omission est apparente sur le titre et le
porteur peut la constater).
+ Le tiré, même accepteur, peut refuser le paiement sur la base de ce titre en tant
que lettre de change
+ Cette nullité peut être soulevée d'office par le juge parce que les dispositions
de l'article 269 CC sont considérées comme des dispositions d'ordre public.
--+ C'est une nullité absolue mais on doit préciser que c'est une nullité
spécifique et différente de la nullité au sens classique du terme (la nullité en
droit commun).
En effet, cette nullité ne joue que sur le terrain cambiaire puisque le titre perd sa
valeur en tant que L.C. Mais, il n'est pas frappé d'une nullité totale+ n'est pas
dépourvu de toute efficacité juridique
-+il est seulement disqualifié -+il subit une conversion par réduction : il s'agit
d'une transformation qui entraîne le changement de la nature juridique du titre
avec une réduction de sa valeur juridique.
NB : La conversion par réduction est admise même en droit commun (l'article
328 COC prévoit « l'obligation qui est nulle comme telle mais qui a les
conditions de validité d'une autre obligation légitime, doit être régie par les
règles établies pour cette obligation »)
---+- Le titre qui ne vaut pas comme lettre de change pourrait valoir comme un

billet à ordre s'il remplit les conditions requises par l'article 339 CC pour la
validité du billet à ordre.

5
li faut préci er que dans cc cas la lettre de change est nulle en tant que telle
mais elle cons rvc la qualité de titre cambiairc (effet de commerce) -+ le titre
demeure régi par les règles du droit cambiaire.
NB : hypothèse très rnre vu le formalisme qui régit le billet à ordre (presque les
mêmes mentions obligatoires)
- lorsque la lettre de change ne remplit pas les conditions requises pour la
validité du billet à ordre, elle peut valoir comme titre de créance ordinaire
Somnis aux règles de droit commun.
* Lorsque le titre est signé par le débiteur (tiré), il peut valoir comme une
reconnaissance de dette (de la part du tiré à l'égard du tireur)
-+ce titTe pennet à son porteur d'agir sur sa base et d'obtenir une in jonction de
payer.
* Lorsque le titre n'est pas signé par le tiré, il peut valoir comme une promesse
de payer (émanant du tireur à l'égard du bénéficiaire).
* Il peut être considéré comme un simple commencement de preuve par
écrit (une lettre de change incomplète qui ne comporte ni la signature du tiré ni
celle du tireur peut être considérée comme une sin1ple présomption et doit être
renforcée par d'autres moyens de preuve)
NB : Dans ces différents cas la conversion fait sortir le titre du droit cambiaire
�il est soumis aux règles du droit commun.
- La lettre de change incomplète et donc nulle en tant que titre cambiaire mais
elle conserve une valeur judiciaire certaine et subsiste en tant qu'engagement
juridique susceptible de produire des effets.
- Ainsi cette nullité ne permet pas aux parties d'échapper aux obligations qu'elles
ont contractées sur le terrain du droit commun
� Les parties restent tenues en raison du rapport juridique fondamental
préexistant à la création de la lettre de change.
� Le porteur peut exercer des recours sur le plan du droit commun et peut
obtenir une injonction de payer conformément à l'article 59 CPCC (à condition
que l'origine de sa créance soit contractuelle et qu'elle soit certaine et
déterminée dans son montant).

2) Les règles de suppléance = théorie des éguh,alents :


- L'article 269 CC établit un forinalisme de substitution en édictant des
dispositions supplétives pour remplacer certaines mentions obligatoires
manquantes et échapper à la nullité

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1- A défaut d'indication de l'échéance, la lettre de change est considérée comme
payable:\ ,1 11c c'est-à-dire dès sa présentation.
2- A défaut d'indication spéciale, le lieu désigné à coté du nom du tiré est
réputé être le lieu tic paiement et le lieu du domicile du tiré.
3- A défaut d'indication du lieu de création, la lettre de change est considérée
comme souscrite (créée) dans le lieu désigné à côté du nom du tireur.

NB : les cas de suppléance légale constituent des exceptions qui doivent être
normalement d'interprétation restrictive, mais la jurisprudence (française et
tunisienne) a créé d'autres cas de suppléance.
Ainsi, par exemple, l'absence de l'indication du nom du bénéficiaire+ l'absence
de la signature du tireur au recto du titre, ont été parfois suppléées par sa
signature au verso en tant que premier endosseur (ce qui suppose qu'il était lui­
même le bénéficiaire)

NB : Lorsque l'équivalent de la mention obligatoire existe sur la lettre de


change, il pennet d'échapper à la nullité � la lettre de change est considérée
comme parfaitement valable �n y a sauvetage de la lettre de change (sinon, le
titre serait nul en tant que tel).

3) La régularisation du titre incomplet :


La régularisation consiste à ajouter les mentions initialement omises à
postériori c.à.d. après l'émission d'une lettre de change incomplète.
a- L'admission de la régularisation :
- Le principe de la régularisation des lettres de change incomplètes n'a pas été
réglementé par le législateur, ni en droit tunisien ni en droit français, et
l'interprétation étroite de l'article 269 CC s'oppose, à priori, à toute faculté de
régularisation. Pourtant, le principe de la régularisation a été admis, aussi bien
par la jurisprudence que par la d�ctrine, pour des considérations d'ordre
pratique en raison de la fréquence des cas de création de lettres de change
incomplètes et de l'insécurité juridique qu'entrainerait leur annulation dans les
échanges commerciaux.
� La régularisation a été essentiellement admise pour protéger le porteur
+ favoriser la circulation des lettres de change.
NB: En droit tunisien, le principe de la régularisation peut-être admis par
référence aux règles générales. La doctrine (essentiellement Mr. Youssef knani)

7
a con idér q11, l'mti ·I, 3 C) ... s •1011 lequel « la con lïrnwtion ou la rntifîcation
d'une obli 1utio11 1111II • de plein droit n'a aucun effet» 11c s'appl iquc pas à la
régulnri ntion de ln 1 ·ttrc de han ,c parce qu'elle ne constitue pas une
rcnoncintion il une condition d'ordre public mais clic exprime plutôt le respect de
l'ordre public en complétnnt dans un Droit marqué par le formalisme la mention
qui manque.
- En plus, aucune disposition légale (même l'article 269 CC) n'impose que les
mentions de la lettre de change soient rédigées par la même personne.
_. Les pai1ies qui s'engagent par la lettre de change peuvent participer à
l'établissement du titre et à la rédaction des mentions en utilisant à cet effet
plusieurs écritures.

La régularisation pose un risque de fraude c'est pourquoi e11e doit être


soum.ise à des conditions.
b- les conditions de la régularisation :
-1- La régularisation doit se faire avant la présentation au paiement.
#- Si le titre incomplet est présenté au paiement tel qu'il est (avant la
régularisation) �il est nul comme LC
-2- La condition la plus importante est relative au respect de la volonté des
parties et surtout du tiré.
c:::> La régularisation est donc rejetée si elle est effectuée un.ilatéralement par
l'une des parties en violation de l'accord express ou tacite conclu avec l'autre
partie.
Ainsi, par exemple, le tireur peut après l'acceptation du tiré, procéder à la
régularisation de la lettre de change par l'indication de l'échéance mais à
condition de respecter ce qui a été convenu entre les deux parties.
NB : Il faut préciser que l'accord des parties est généralement tacite et peut
être déduit des usages surtout dans le secteur bancaire.
C'est ainsi par exemple que la jurisprudence admet la régularisation effectuée
par la banque qui ajoute son nom en tant que bénéficiaire sur la lettre de change
remise pour l'escompte
-.c'est tout à fait logique d'interpréter les signatures du tireur et du tiré sur une
lettre de change· dépourvue du nom du bénéficiaire comme étant un accord ou
une autorisation tacite et préalable pour le bénéficiaire ou un porteur subséquent
de compléter le titre de son nom.
-3- La doctrine et la jurisprudence françaises ajoutent une autre condition en
considérant que l'irrégularité doit être minime. Mais la distinction entre

8
iITégularilé mmm1e et mention essentielle est assez délicate et peut poser
problème, c'est pourquoi la Convention de la CNUDCJ s'est prononcée sur ce
problème en admellanl la possibilité de régularisation si le titre présente des
conditions minima d'existence, et en exigeant que le titre comporte, au moins,
la dénomination et la signature du souscripteur (la signature du tireur).
- En pratique c'est la régularisation du nom du bénéficiaire qui est largement
admise en jurisprudence, la justification est que le nom du bénéficiaire est
indifférent pour le tiré accepteur � il est le débiteur principal de la lettre de
change à l'égard de tout porteur de b01me foi.

B- l .'inrxaditndc d'une mcnfinn obligatoire :


- L'omission d'une mention obligatoire entraîne la nullité de la lettre de change
sur le plan fonnel parce qu'il s'agit d'un vice apparent, opposable même au
porteur de bonne foi.
Par contre l'inexactitude est un vice caché, parce que la mention obligatoire
existe mais elle est erronée, il s'agit plutôt d'une supposition d'une mention qui
n'entraine pas la nullité du titre sur le plan cambiaire et formel (la théorie
de l'apparence et l'autosuffisance du titre).
- Mais la sanction de la nullité peut être admise si l'inexactitude de la mention
tend à dissimuler l'absence d'une condition essentielle de validité (condition de
fond).
C'est le cas, par exemple, quand il s'agit de l'indication d'une fausse date pour
dissimuler l'incapacité du signataire. Dans ce cas, l'incapacité est une cause de
nullité + elle est opposable même au porteur de bonne foi.
-t En dehors de cette hypothèse, c'est le régime de la simulation de droit
commun qui doit s'appliquer (art.26 coc).
� Dans les rapports entre les parties �c'est la situation réelle gui prévaut sur
la situation simulée.
-t À l'égard des tiers� les parties ne peuvent pas opposer la situation réelle
(l'inexactitude de la mention) aux tiers de bonne foi (qui ignorent la réalité)
+ Le tiers de bonne foi peut
- Soit se prévaloir de l'apparence (invoquer la mention mensongère)
- Soit contester cette apparence et invoquer l'inexactitude pôur se prévaloir de
la situation réelle.
NB: La preuve de la simulation incombe à celui qui l'invoque et peut-être
établie par tout moyen.

9
- II faut préciser que le législateur tunisien à traité le problème de la signature
inexacte dans l'article 273 CC qui a consacré le principe de l'indépendance
des signatures.
Selon l'alinéa 2 de cet article « Si la lettre de change Porte des signatures fausses
ou des signatures de personnes imaginaires, les obligations des autres signataires
n'en sont pas moins valables»
-La fausse signature n'entraîne pas la nullité des engagements des autres
signataires + la lettre de change demeure valable à leur égard puisqu'elle les
engage.
- Sur le plan pénal malgré que le législateur n'a pas prévu de règles spéciales en
matière de falsification de la lettre de change, l'indication d'une mention erronée
peut constituer une infraction par application des règles générales du code pénal
(délit d'escroquerie, infraction de faux ou usage de faux)
c:l���,J.
Ç- l'altél'·ation d'une mention obligatoire :
- L'altération peut être définie comme étant la modification du texte initial de
la lettre de change intervenue sans le consentement des intéressés.
- Les altérations les plus fréquentes en pratique sont celles relatives au montant
de la lettre de change ou à la date de l'échéance. Ces altérations présentent un
danger pour les signataires parce qu'elles entraînent une modification dans leur
situationjuridique et dans l'étendue de leurs engagements.
- En Droit tunisien, l'altération est régie par l'article 334 CC qui a également
consacré le principe de l'indépendance des signatures en opérant une
distinction entre les signataires antérieurs à l'altération (qui sont tenus par les
ternies du texte originel) et les signataires postérieurs (qui sont tenus dans les
termes du texte altéré).
+ L'auteur de l'altération est sanctionné sur le plan pénal pour faux et usage de
faux.
-+NB : l'altération d'une mention obligatoire n'entraine pas la nullité formelle
du titre.

Sous-section2 : Les mentions facultatives :


- En vertu du principe de la liberté contractuelle, les parties peuvent insérer dans
la lettre de change des mentions facultatives à côté des mentions obligatoires à
condition de ne pas porter atteinte aux principes du droit cambiaire.

10
- Ces mentions peu enl fi mer sur la lettre de change dès sa création ou être
ajoutée au cours de a circul:.ition.
- Si lie sont iu érécs dès la création, clics lient fous les signataires
f Si elles ont :1jouCécs au cours de la circulaUon, elles ne lient que les
signah1ircs postérieurs à leur insertion.

Pam1i les mentions focullativcs, on peut citer


*La clause de domiciliation :
C est la clause la plus fréquente en pratique. Elle consiste à indiquer, sur la lettre
de change, que le paiement sera fait au domicile d'un tiers (domiciliataire).
Il s'agit généralement d'une banque ou d'un établissement financier (mais, 1e
domiciliataire peut-être également toute autre personne capable de payer).
L'intérêt de cette clause : elle permet le paiement par prélèvement sur un
compte bancaire ou même par w1 virement bancaire quand il s'agit de deux
banques.
*Clause de retour sans frais ou sans Protêt : C'est une clause qui dispense le
porteur qui présente la lettre de change au paiement à l'échéance de faire dresser
_j�J)
protêt (en cas de non-paiement par le tiré+ en cas de refus d'acceptation). è�
Cette clause encourage la circulation de la lettre de change. ��
*La valeur fournie : Elle consiste à indiquer la valeur fournie par le
bénéficiaire au tireur (cause de la remise du titre au bénéficiaire ex. valeur
fournie en marchandises/ valeur Fournie en service).
*Clause sans garantie : C'est une clause qui permet au signataire qui l'insère de
s'exonérer de la garantie.
,.w (
Il faut préciser que le tireur ne peut pas s'exonérer de la garantie de paiement.
Cette clause n'encourage pas ]a circulation de la lettre de change.
*Clause« non-à-ordre » ou « non endossable » : Le titre ne peut plus être
transmis par endossement mais il peut être transmis dans la fom1e et avec les
effets d'une cession de créance de droit commun..
*Clause d'aval: consiste à garantir le paiement de la lettre de change (c'est un
cautionnement spécifique car il a le caractère cambiaire)
*Clause relative aux intérêts : La stipulation d'intérêts n'est possible que dans
les lettres de change payab]es à vue ou à un certain délai de vue.

11
Section3 - Les conditions de fond :
- La création de la lettre de change est un acte juridique qui est soumis pour sa
validité aux conditions générales de l’article 2 COC (consentement, capacité,
objet et cause) mais ces conditions présentent certaines particularités en matière
cambiaire.
Paragraphe 1 : Le consentement :
- Comme tout acte juridique la création de la lettre de change requiert pour sa
validité une volonté valable de s’obliger.
Concrètement, c’est la signature du tireur apposée sur la lettre de change qui
exprime son consentement et sa volonté de s’engager.
≠ Le problème se pose lorsqu’il s’agit d’une fausse signature.
Dans ce cas, le prétendu signataire ainsi que ses héritiers peuvent désavouer la
signature en cause et le juge ordonne généralement une expertise pour une
vérification d’écriture.
- La fausse signature n’engage pas le prétendu signataire (dont on a imité la
signature) et elle est opposable même au porteur de bonne foi parce que la volonté
de s’engager fait défaut.
Mais, malgré que la signature du tireur constitue une mention obligatoire dont
l’absence entraine la nullité du titre en tant que lettre de change, la fausse signature
n’entraine pas la nullité du titre pour 2 raisons essentielles :
1-D’abord en vertu de la théorie de l’apparence parce que la fausse signature
ne constitue pas un cas d’omission (formellement, le titre est complet).
2-Ensuite, par application du principe de l’indépendance des signatures prévu
par l’article 273 alinéa 2 selon lequel les autres signatures apposées sur la lettre
de change restent valables et engagent leurs auteurs.
« Si la L.C porte des signatures fausses ou des signatures de personnes
imaginaires, les obligations des autres signataires n’en sont pas moins valables »
- Sur le plan pénal, la fausse signature expose son auteur à la sanction prévue pour
l’infraction de faux (15 ans d’emprisonnement).

Paragraphe 2 : La capacité :
- la capacité est régie par les règles de droit commun (CSP & COC) mais les
textes régissant la lettre de change comportent quelques dispositions spéciales
qui s’appliquent en cas de création de la lettre de change par un incapable ou par
un représentant.

1
A – Création de la lettre de change par un incapable:
- L’article 273 CC alinéa 1 prévoit que « Les lettres de change souscrites par des
mineurs non commerçants sont nulles à leur égard, sauf les droits respectifs des
parties conformément à l’article 13 COC ».
→ Le mineur (non-commerçant) ne peut pas créer une lettre de change mais son
représentant légal peut le faire s’il est autorisé à exercer le commerce pour son
compte et c’est la date de création de la lettre de change qui permet de se
prononcer sur la capacité du tireur (C’est pourquoi on l’exige en tant que mention
obligatoire).
- Si le mineur incapable crée une lettre de change, elle est nulle à son égard
(seulement) et il peut se prévaloir de cette nullité même a l’égard du porteur de
bonne foi.
Mais, cette L.C reste valable à l’égard des autres signataires et les engage sur
le plan cambiaire.
Par ailleurs, et par application de l’article 13 COC, la nullité ne doit pas permettre
au mineur de s’enrichir au détriment de son cocontractant qui a exécuté ses
obligations c.à.d. qu’il doit lui restituer la valeur de l’enrichissement et du profit
qu’il a tiré.
Il convient de préciser que l’article 273 CC ne vise que la situation de l’incapable
mineur à l’exclusion des autres incapables majeurs, tels que le dément, le faible
d’esprit et le prodigue. Ces personnes ne peuvent créer une lettre de change à
partir du jugement d’interdiction (et même avant ce jugement lorsqu’il s’agit d’un
état notoire).
De même, le failli ainsi que le condamné à une peine supérieure à 10 ans
d’emprisonnement n’ont pas le droit d’émettre des lettres de change.

B – Le pouvoir (La création de la lettre de change par représentation) :


- Les textes régissant la lettre de change comportent 2 articles relatifs au pouvoir :
*1- L’article 270 CC qui prévoit que la lettre de change peut être tirée pour le
compte d’un tiers.
*2- L’article 273 alinéa 3 relatif à la création de la lettre de change par un
mandataire (au nom et pour le compte d’un tiers).
1- Le tirage pour compte :
- Le tireur peut créer la lettre de change pour le compte d’un tiers sans déclarer le
nom de ce dernier.
Il ya donc un tireur pour compte qui est le tireur apparent parce que c’est lui
qui se présente aux tiers comme le véritable créateur du titre et qui le signe de son

2
propre nom, mais ce tireur agit en réalité pour le compte d’une autre personne
qui lui a donné l’ordre de le faire.
- L’intérêt de cette forme de création de la lettre de change apparaît lorsque le
donneur d’ordre ne veut pas se manifester pour des raisons politiques ou
commerciales (ne veut pas révéler ses engagements).
- En ce qui concerne les effets de ce tirage pour compte, c’est le tireur pour
compte qui est personnellement engagé, sur le plan cambiaire, à l’égard des
porteurs successifs de la lettre de change. Et en cas de défaut de paiement par le
tiré, c’est lui qui est poursuivi en tant que premier garant de paiement parce que
le donneur d’ordre n’est pas un débiteur cambiaire et le porteur est protégé par
l’apparence.
≠ Mais entre les parties c.à.d. entre le tireur pour compte et le donneur d’ordre
ce sont les règles du mandat du droit commun qui s’appliquent :
→Le tireur pour compte doit se conformer aux instructions du donneur d’ordre +
à l’égard du tiré c’est le donneur d’ordre qui doit lui fournir la créance de
provision + si jamais le tiré paye à découvert, il peut agir en remboursement contre
le donneur d’ordre et il n’a pas d’actions contre le tireur pour compte.

2- Création de la lettre de change par le mandataire :


- Contrairement au tireur pour compte, le mandataire crée la lettre de change au
nom et pour le compte du mandant qui peut être soit une personne physique
soit une personne morale
1-Pour les personnes physiques : Le mandataire précise généralement qu'il signe
« par procuration » et indique le nom du mandant.
Lorsqu’il agit dans les limites du mandat, le problème ne se pose pas parce qu'il
n'assume aucune obligation personnelle à l’égard des porteurs de la lettre de
change → c’est le mandant qui est engagé sur le plan cambiaire.
≠ le problème se pose lorsque le mandataire dépasse les limites de ses pouvoirs,
ou lorsqu'il agit sans mandat.
→ Dans ce cas, l'article de 273 alinéas 3 CC prévoit que c'est lui qui serait
personnellement engagé en vertu de la lettre de change.
2-Pour les personnes morales : C'est la personne physique qui agit au nom de la
société (gérant/ PDG) qui peut émettre des lettres de change au nom et pour le
compte de la société, mais dans les limites de ses pouvoirs Légaux et statutaires.

3
Paragraphe 3 : L'objet :
- Par définition l'objet de l’engagement cambiaire ne peut être qu'une somme
d'argent. D'ailleurs, c'est pourquoi l'article de 269 CC exige comme mention
obligatoire « le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ».

Paragraphe 4 : La cause:
- En général, la cause de l’engagement cambiaire n’est pas indiquée sur la lettre
de change. Mais, par application des règles du droit commun (article 68 COC)
L'existence de la cause est présumée et elle est réputée licite jusqu'à preuve du
contraire.
- En revanche la création d'une lettre de change sans cause ou pour une cause
illicite entraîne la nullité d'ordre public.
- Le problème de la cause se pose lorsque la création de la lettre de change ne se
justifie pas par l'existence d'un rapport de créance entre les parties mais par une
complaisance qui a pour objectif l'obtention d'un crédit de manière frauduleuse,
ce type de lettre de change est appelé : effets de complaisance. ) ‫( سندات المجاملة‬

A – Définition des effets de complaisance :


- René Roblot définit les effets de complaisance comme étant « ceux destinés à
tromper les tiers sur les relations existant entre les signataires, ou entre ces
derniers et les autres personnes indiquées sur le titre et qui, dans l'esprit des
parties, ne doivent pas contraindre le complaisant à décaisser effectivement les
sommes indiquées ».
- Il ressort de cette définition que l'effet de complaisance se caractérise par :
* l'absence de toute opération commerciale ayant servi de base à l'émission de
l'effet (absence de provision c.-à-d. de toute créance du tireur contre le tiré)
* l'absence de l'intention de payer
* ce sont des titres destinés à tromper les tiers.

- En pratique, les effets de complaisance sont généralement destinés à l'escompte


et utilisés pour se procurer du crédit auprès d'une banque de manière frauduleuse.
- L'hypothèse classique d'un effet de complaisance c'est lorsqu'il s'agit d'un
commerçant qui passe par des difficultés financières (et qui cherche à se procurer
du crédit de manière frauduleuse), il demande à un ami de l'autoriser à tirer sur lui
une lettre de change et ce dernier l'accepte par complaisance (malgré qu’il n’est
pas débiteur à son égard d'aucune créance).

4
Le tireur complu promet au tiré complaisant de lui fournir, avant l’échéance, les
sommes nécessaires au paiement, ou de retirer le titre pour qu’il ne lui soit pas
présenté au paiement.
Ensuite, il fait escompter la lettre de change par un banquier (ignorant les
conditions de son émission)
→ Ainsi, l'effet de complaisance permet au tireur complu (grâce à la complaisance
du tiré) d’obtenir les liquidités dont il a besoin + de bénéficier d'un crédit à court
terme.
La complaisance du tiré s'explique généralement par des rapports de famille,
d'amitié ou d'affaires (société mère/ filiale, Société / administrateur…).
- La complaisance peut-être réciproque (tirage croisé) lorsque deux commerçants
en difficulté tirent chacun sur l'autre une lettre de change et accepte une autre de
même valeur.
- Les effets de complaisance peuvent se compliquer lorsqu'il s'agit de traite
cavalerie (renouvellement du tirage).
- Généralement le tireur ne dispose pas à l'échéance des sommes nécessaires, il
retire la lettre de change et la remplace par une autre lettre de change d'un montant
supérieur qui est accepté soit par le même tiré soit par un autre également
escompté pour obtenir les liquidités nécessaires pour assurer le paiement de la
lettre de change.
B - Les dangers des effets de complaisance :
*Danger pour le porteur de bonne foi (surtout pour le banquier escompteur) : il
risque de ne pas être payé à l'échéance
*Danger pour le tiré complaisant : Il croit que le service qu’il a rendu au complu
ne lui coûte rien alors qu'il peut être obligé de payer le titre au porteur de bonne
foi et s’il paye, il est privé de tout recours cambiaire contre le complu.
*Danger pour le tireur complu lui-même : Il s'agit d'un mauvais service qui
prolonge artificiellement son existence commerciale et qui peut aggraver sa
situation (ces L.C sont généralement impayées → renouvellement avec montant
supérieur + peut être retenu comme indice de cessation des paiements).
*Danger pour les créanciers du complu : Il s'agit d'un prolongement artificiel
qui ne fait que différer l'ouverture de la faillite de leur débiteur ou son règlement
judiciaire, ce qui conduit à une réduction du gage des créanciers.
+ Ils sont trompés et induits en erreur sur la situation et la solvabilité de leur
débiteur et peuvent ainsi se fier à la fausse apparence et continuer leurs
transactions avec lui.

5
*Danger pour l'économie et pour l'intérêt général : Il s’agit d'une mauvaise
utilisation du crédit, une forme artificielle est malsaine qui est contraire aux
bonnes mœurs des affaires.
C - les sanctions des effets de complaisance = la nullité :
- Certains auteurs admettent la validité des lettres de complaisance parce qu’elles
ne sont condamnées expressément par aucun texte, et la provision n’est pas une
condition de validité de la lettre de change mais la majorité de la doctrine et de la
jurisprudence Admettent la nullité des effets de complaisance sauf que le
fondement de cette nullité a été controversé.
1- Fondement de la nullité :
Plusieurs fondements ont été avancés :

1- Absence de provision : puisque le tiré accepte la lettre de change par


complaisance donc il n'est pas débiteur à l'égard du tireur.
≠ Ce premier fondement a été critiqué parce que la provision n'est pas une
condition de validité de la lettre de change → son absence n'est pas une cause de
nullité.
2 - Absence de cause : ce fondement a été aussi critiqué parce que l'engagement
du complaisant a une cause: l’intention de rendre service au complu (+son service
est parfois rémunéré)
+ L’engagement du complu a aussi une cause : se procurer du crédit par
l'escompte.
3 - l’illicéité de la cause (le véritable fondement de la nullité): La cause de
l'engagement des parties est contraire à l’ordre public
→ Ils trompent les tiers afin d'obtenir un crédit sur la base d'une opération fictive.
En droit tunisien c'est sur la base de l'article 67 COC que les effets de
complaisance sont frappés de nullité absolue.
NB : il convient de préciser que malgré son caractère d’ordre public, cette nullité
est inopposable au porteur de bonne foi →pour lui, l’effet de complaisance est
valable et produit ses effets contre tous les signataires.

2 - les effets de la nullité dans les rapports des parties (complaisant-


complu) :
- Les effets de complaisance sont frappés de nullité d'ordre public + cette nullité
produit tous ses effets dans les rapports entre les parties.
Il en résulte que le tiré, même accepteur, peut refuser d'exécuter son engagement
à l'égard du tireur complu qui ne peut pas le contraindre à payer. Mais, le problème

6
se pose lorsque le tiré complaisant a été obligé de payer l’effet au porteur de
bonne foi.
→ Dans ce cas, il ne dispose d'aucun recours cambiaire contre le tireur en raison
de la nullité de l'effet de complaisance mais il dispose d'un recours extra cambiaire
(action en répétition →la jurisprudence française et tunisienne ont reconnu au
complaisant le droit d'agir contre le complu sur la base de l'enrichissement sans
cause/art.71 coc).
- Mais en droit tunisien on n’a même pas besoin de recourir à l'enrichissement
sans cause → l'action en répétition est possible sur la base de l'article 77 COC
selon lequel « ce qui a été payé pour une cause contraire à la loi, à l’ordre public
et aux bonnes mœurs peut être répété ».
3- les effets de la nullité sur la situation des tiers :
- Il s'agit généralement du porteur de l'effet de complaisance, qui est le plus
souvent dans la pratique le banquier escompteur.
Une distinction fondamentale s'impose entre le porteur de bonne foi et le porteur
de mauvaise foi.
a) Le porteur de bonne foi :
- C’est celui qui a fait confiance à la forme du titre + qui s’est fié légitimement à
sa régularité formelle + ignorait la complaisance et les circonstances de l'émission
du titre au moment où il l’a acquis.
NB : l’accord de complaisance n’est pas apparent → la bonne foi est présumée.
- Ce porteur de bonne foi est protégé par le principe de l'inopposabilité des
exceptions, consacré dans l'article 280 CC.
→la nullité de l'effet de complaisance est inopposable au porteur de bonne foi (le
tiré/complaisant ne peut pas se prévaloir de la nullité du titre qu’il a accepté pour
refuser de payer le porteur de bonne foi)
+ A l'égard de ce porteur de bonne foi, l'effet de complaisance est valable et
produit tous ses effets contre tous les signataires (malgré le caractère d'ordre
public de la nullité) → il peut exercer les recours cambiaires contre tous les
signataires.

b) Le porteur de mauvaise foi :


- Ce porteur peut se voir opposer la nullité de l'effet de complaisance
+ Cette nullité peut-être invoquée aussi bien par le tiré accepteur que par tout
signataire.
→ Il est donc privé de tous les recours cambiaires contre tous les signataires qui
ne sont pas engagés à son égard.

7
- Il convient de préciser que le porteur est considéré de mauvaise foi s'il connaît
la nature de l'effet c.à.d. le vice de complaisance, même s'il n'a eu aucune
participation frauduleuse.
→ Une différence avec la notion de mauvaise foi de l'article 280 CC qui suppose
que le porteur agit sciemment au détriment du débiteur.
→ La conception de mauvaise foi dans le cadre de l'effet de complaisance est plus
large et plus sévère à l'égard du porteur (la simple connaissance suffit).
De plus la jurisprudence apprécie, parfois, la mauvaise foi du banquier
escompteur de manière plus sévère encore, puisqu'il s'agit d'un professionnel qui
doit s'assurer, avant d'accepter des effets à l'escompte, de leur caractère sérieux.
→ Certains indices devraient attirer l'attention du banquier escompteur sur la
probabilité de complaisance, tels que l'existence de lien de parenté ou le tirage
entre une société mère et sa filiale…
→ En cas de négligence, il risque d'être réputé de mauvaise foi, pcq il aurait dû
douter du vice de complaisance et prendre les précautions nécessaires.
Mais, même s'il s'agit d'un banquier, il ne faut pas oublier que c'est un porteur +
sa bonne foi est présumée → c’est au signataire qui invoque la nullité du titre
d’établir la preuve de la mauvaise foi du porteur (par tous les moyens).
+ Même si le porteur de mauvaise foi est privé de tout recours cambiaire, il ne
faut pas oublier que lorsqu'il a escompté l'effet, il a payé une somme d'argent au
tireur → il est donc logique qu'il dispose d'un recours extra cambiaire (action en
répétition) contre ce tireur complu.

-NB : Le banquier escompteur (de mauvaise foi) peut engager sa responsabilité


civile envers les tiers (plus précisément envers les créanciers du complu) sur la
base des règles de droit commun.
- La faute du banquier c'est que l’escompte d’un effet de complaisance en
connaissance de cause signifie qu'il a accordé un crédit fictif et un soutien
financier injustifié qui permet au complu de conserver une fausse apparence de
solvabilité + peut donc contribuer à tromper les tiers sur sa situation + réduire le
gage des créanciers (ceci va différer l'ouverture de la faillite de leur débiteur ou
de son règlement judiciaire) → il s'agit d'un prolongement artificiel et
préjudiciable aux créanciers.
+ Les parties (complaisant et complu) peuvent également engager leur
responsabilité civile à l'égard des créanciers.

8
+ Le complu peut être aussi poursuivi sur le plan pénal pour escroquerie (‫)التحيل‬
conformément à l’art.291 C.P ou banqueroute (‫ )التسبب في اإلفالس‬conformément à
l’art.290 C.P.

9
Chapitre II : La provision:
La provision ne constitue pas une véritable condition de validité de la lettre de
change. Mais elle a une grande incidence sur la situation des parties et surtout
sur les droits du porteur.
C’est ainsi, par exemple, qu’en pratique le tiré n’accepte généralement la lettre
de change que s’il a déjà reçu provision.
Pour le porteur, la créance de provision constitue une garantie fondamentale de
paiement qui renforce sa situation et s’ajoute aux garanties du Droit cambiaire.
Ce rôle de garantie supplémentaire apparait surtout dans certaines hypothèses où
le porteur n’a pas le droit d’agir sur le plan cambiaire (exp : nullité du titre pour
vice de forme, lettre de change non acceptée par le tiré, prescription
cambiaire…) → dans ces différentes hypothèses, c’est la provision qui lui
permet d’agir pour réclamer le paiement par application des règles du droit
commun.
- Le législateur tunisien a consacré l’article 275 à la provision. Ce texte nous
permet de dégager successivement : les Spécificités de la créance de provision
(Section1), les droits du porteur sur la provision (Section2) et la preuve de la
provision (Section3)
Section I : Spécificités de la créance de provision :
Paragraphe 1 : Définition de la provision (article 275 alinéa2) :
- Le législateur a défini la provision dans l’alinéa 2 de l’article 275 « Il y a
provision si, à l'échéance de la lettre de change, celui sur qui elle est fournie est
redevable au tireur, ou à celui pour le compte de qui elle est tirée, d'une somme
au moins égale au montant de la lettre de change. »
- Il s'agit de la créance du tireur contre le tiré qui constitue le rapport
fondamental sur la base duquel la lettre de change a été créée.
- Sur le plan terminologique, l’origine de la provision c’est le terme latin
«providere» qui signifie prévoir.
→ Le tireur doit prévoir le paiement du titre qu’il a émis or ce paiement ne peut
avoir lieu que si le tireur est créancier a l’égard du tiré.
Paragraphe 2 : Les conditions d'existence de la provision :
A - Détermination de la personne qui doit fournir la provision :
- L'article de 275 alinéa 1 CC « La provision doit être faite par le tireur ou par
celui pour le compte de qui la lettre de change sera tirée, sans que le tireur pour
le compte d'autrui cesse d'être personnellement obligé envers les endosseurs et le
porteur seulement. »

1
- Cet alinéa met à la charge du tireur l'obligation de fournir provision c'est-à-
dire, il doit être concrètement créancier à l'égard du tiré à l'échéance (il lui a
délivré une marchandise ou rendu un service).
- Cet alinéa traite également l'hypothèse particulière du tirage pour compte, en
considérant que la provision doit être fournie par le donneur d'ordre (et non par
le tireur apparent).
B - Le moment de la constitution de la provision :
- La créance doit exister au plus tard le jour de l'échéance, il n'est pas nécessaire
qu'elle soit préalable ou qu'elle existe le jour même de l’émission de la lettre de
change.
Il en résulte que, contrairement au chèque, la lettre de change peut être
valablement créée sans provision, il suffit que le tireur devienne ultérieurement
créancier du tiré et ce au plus tard au jour de l'échéance.
- Cette spécificité de la lettre de change par rapport au cheque s’explique par la
fonction de crédit que la lettre de change est appelée à remplir.
→ ainsi, le tireur peut émettre la lettre de change et l’utiliser pour régler ses
dettes ou pour se procurer du crédit par l’escompte avant même de livrer la
marchandise au tiré, c'est-à-dire avant d’être créancier a son égard, mais avec
l’intention de le faire avant l’échéance (ce qui distingue cette hypothèse de celle
des effets de complaisance).
C - Le montant de la provision :
- Cette créance doit être au moins égale au montant de la lettre de change c'est-à-
dire qu'elle doit être égale ou supérieure.
La provision intégrale ne soulève pas de problème mais le législateur ne s'est
pas expressément prononcé sur la question de la provision partielle (inférieure
au montant de la lettre de change).
- A priori et selon une interprétation littérale de l’alinéa 2, on pourrait déduire
qu’il n'y a pas provision si à l’échéance la créance du tireur contre le tiré est
inférieure au montant de la lettre de change.
≠ Cette interprétation semble inappropriée parce que le législateur reconnaît
dans d'autres textes, certains effets juridiques à la provision partielle
→ C’est ainsi que l'article 285 alinéa 4 permet au tiré de restreindre son
acceptation à une partie de la somme indiquée sur la lettre de change.
+ De même, l'article 295 interdit au porteur de refuser un paiement partiel.
D - Caractères de la provision :
- Cette Créance fondamentale doit remplir les conditions de validité prévues par
la théorie générale des obligations.

2
Il en résulte, qu’une créance entachée de nullité ne saurait constituer une
provision valable.
C’est le cas par exemple si la provision est représentée par une créance d'une
dette de jeux ou de pari ou toute autre cause immorale. Cette provision serait
nulle (pour cause illicite). Mais, il faut préciser que la nullité ou même
l'inexistence de la provision n'entraîne pas la nullité de la lettre de change à
l'égard du porteur de bonne foi qui peut réclamer et obtenir le paiement parce
qu'il est protégé par le principe de l'inopposabilité des exceptions.
- Cette créance doit être certaine, liquide et exigible pour conférer au porteur la
garantie d'être payé
+ Elle ne peut pas être soumise à une condition ou à un terme plus éloigné0 que
l'échéance.
-Si la provision ne présente pas ces caractères, le tiré peut refuser l'acceptation.
Mais, s’il accepte, il ne serait pas en droit d’opposer cette exception au porteur
de bonne foi.
Paragraphe 3 : les sources de la créance de provision (la cause de provision):
- La provision est toujours constituée par une créance de somme d'argent.
Cette créance peut avoir pour cause une livraison de marchandises, mais même
dans ce cas, la provision n'est pas constituée par les marchandises elles-mêmes
mais par la créance qui nait au profit du tireur c.à.d. par la valeur/le prix de la
marchandise.
cette créance peut également résulter d'une prestation de service, de l’octroi
d'un prêt ou de certaines pratiques bancaires (tels que l’ouverture d'un crédit ou
la remise d’effets de commerce…).

Section II : Les droits du porteur sur la provision (le transfert de la provision) :


- L'alinéa 3 de l'article 275 prévoit que « la propriété de la provision est
transmise de droit aux porteurs successifs de la lettre de change ».
- Il en résulte que le tireur de la lettre de change cesse d'être titulaire de la
créance contre le tiré → cette créance est transmise au porteur de la lettre de
change qui devient le titulaire de la créance de provision.
- Cette transmission s’explique par le rôle de garantie puisqu’elle constitue une
garantie supplémentaire de paiement (lorsque le porteur ne peut pas agir sur la
base du titre, en tant que lettre de change, il conserve le droit de réclamer le
paiement sur la base de la créance de provision).

3
- A cet égard il faut préciser que l’expression « propriété » de la provision est
inappropriée parce qu’il ne s’agit pas d’un droit réel mais d’un droit personnel,
un droit de créance.
- Le transfert de la provision se fait de droit c'est-à-dire de manière automatique
avec l’endossement et il n’est subordonné à aucune formalité malgré que la
provision est une créance fondamentale.

Section III : La preuve de la provision :


- Le législateur réglemente la charge de preuve dans les alinéas 4, 5 et 6 de
l'article 275 CC.
- alinéa 4 : L'acceptation suppose la provision. (Une présomption)
- alinéa 5 : Elle en établit la preuve à l'égard des endosseurs.
- alinéa 6 : Soit qu'il y ait ou non acceptation, le tireur seul est tenu de prouver,
en cas de dénégation, que ceux sur qui la lettre était tirée avaient provision à
l'échéance ; sinon, il est tenu de la garantie, quoique le protêt ait été fait après les
délais fixés.
- L'interprétation de ces alinéas a donné lieu à une jurisprudence abondante en
raison de: L’importance pratique du régime de la preuve + La contradiction
apparente entre les alinéas 4 et 6

Alinéa 4 Alinéa 6
- il y a une présomption l'acceptation - la charge de preuve incombe au
suppose la provision tireur (exigence de preuve directe)

 Pour concilier entre ces deux alinéas, la jurisprudence et la doctrine ont


déterminé à chacun un champ d'application propre
→ Il convient donc de faire la distinction entre le domaine d’application de la
présomption de l’alinéa 4 et le domaine d’application de l’alinéa 6.

Paragraphe 1 : signification et domaine d'application de la présomption


(alinéa 4):
- Selon cette présomption, l'acceptation fait présumer la provision.
→ celui qui invoque l'existence de la provision est dispensé de la prouver dès
lors que la lettre de change a été acceptée par le tiré.
* La justification de cette présomption est simple :
- Puisque, si le tiré à accepté la lettre de change et a pri l'engagement de la payer
à l'échéance c'est qu'il s'est reconnu débiteur à l'égard du tireur c'est-à-dire qu’il
a déjà reçu la provision.
4
- Cette présomption peut être invoquée par le porteur, même s’il est en même
temps tireur (rapport bilatéral où le tireur est lui-même le bénéficiaire)
+ L’alinéa 5 précise qu’elle en établit la preuve a l’égard des endosseurs
→ Même les endosseurs peuvent bénéficier de cette présomption dans le cadre
de leurs recours en remboursement contre le tiré-accepteur (cela suppose que
c’est un endosseur qui a été obligé de payer le porteur en tant que garant de
paiement).
→la présomption joue dans les rapports suivants :
- tiré-accepteur / porteur (tiers)
- tiré-accepteur / tireur-porteur (rapport bilatéral)
- tiré-accepteur / endosseurs
 Toutes ces personnes sont dispensées de la charge de preuve dans leurs
recours contre le tiré accepteur.

Paragraphe 2 : Force de la présomption :


- La force de cette présomption diffère selon le type de rapport :

tiré-accepteur / tireur-porteur tiré-accepteur /porteur ou


(rapport bilatéral) endosseur (rapport triangulaire)
- La présomption est simple - La présomption est
dans certains cas le tiré peut accepter malgré qu’il irréfragable.
ne soit pas débiteur à l'égard de tireur. - Si le tiré a accepté, c’est qu’il
Exp : Il peut accepter dans la perspective de s’est reconnu débiteur a l’égard
recevoir la provision avant l’échéance (commande du tireur + devient par son
d’une marchandise qui n’est pas encore livrée lors acceptation engagé sur le plan
de l’acceptation). cambiaire a l’égard du porteur.
- Il peut accepter une lettre de change en paiement
d'une marchandise qui s'avère avariée ou non + le porteur est protégé par
conforme à la commande. l’apparence et par le principe de
- il peut y avoir annulation ou inexécution du l’inopposabilité des exceptions
contrat initial (après l’acceptation)… →le tiré ne peut pas opposer au
→ Dans ces différentes hypothèses et puisque le porteur de bonne foi le défaut de
tireur-porteur est lui-même partie dans le rapport provision parce qu'il s'agit d'une
fondamental, il ne peut pas se prévaloir de sa bonne exception fondée sur les
foi ou de son ignorance du vice (il en est le rapports personnels des parties.
responsable !)
→ La présomption est donc simple et le tiré peut la
combattre par la preuve contraire.
+le principe de l’inopposabilité des exceptions ne
s’applique pas dans ce rapport →le tiré peut
opposer au tireur-porteur le défaut de provision
pour justifier le refus de paiement.

5
Paragraphe 3 : domaine exclu de la présomption →l'exigence d'une preuve
direct (alinéa 6) :
- La présomption est exclue dans les rapports entre tireur et porteur.
En effet, lorsque le tiré refuse le paiement et nie l'existence de la provision, le
porteur a le droit de poursuivre le tireur en tant que garant de paiement
→dans le cadre de ce recours, le tireur ne peut pas se prévaloir de la
présomption de l’alinéa 4
+ Il doit rapporter la preuve directe de la provision
≠ sinon il sera tenu de la garantie c'est-à-dire qu’il sera obligé de payer le
porteur même si ce dernier est négligeant (s’il n’a pas dressé le protêt ou qu’il
l’a fait après les délais).
- Dans ce cas le tireur ne peut être dispensé de son engagement que s'il prouve
qu'il a fourni la provision.
NB : L’alinéa 6 ne concerne que les rapports triangulaires (le porteur impayé par
le tiré agit contre le tireur en tant que garant du paiement)
≠ l’exigence d’une preuve directe n’a pas de signification dans le rapport
bilatéral + la garantie du tireur n'a aucun sens puisque c'est lui qui demande le
paiement.
→dans ce cas, le tireur-porteur bénéficie de la présomption+ le tiré ne peut pas
se prévaloir de l’alinéa 6.
Pourtant, on constate qu’en pratique le tiré invoque généralement l’alinéa 6 pour
mettre à la charge du tireur la preuve de la provision alors que le rapport est
bilatéral ≠ le tireur invoque généralement l’alinéa 4 (même lorsqu’il est
poursuivi par le porteur).
+ La présomption est également exclue lorsque le tiré n'a pas accepté la lettre de
change → dans ce cas le défaut d’acceptation fait présumer qu’il n’y a pas de
provision et celui qui invoque son existence doit prouver qu’elle a été fournie.

6
Chapitre III : L’acceptation :

- Le législateur a défini l'acceptation dans l'article 287 CC selon lequel « par


l'acceptation le tiré s'oblige à payer la lettre de change à l'échéance… »
- Il s'agit donc de l’engagement cambiaire que prend le tiré de payer le montant
de la lettre de change à l'échéance.
- Il faut préciser que l'acceptation n'est pas une condition de validité de la lettre
de change mais elle présente plusieurs intérêts et a une incidence très
importante sur la situation des parties et sur les droits du porteur.
- Généralement, la L.C est présentée à l’acceptation par le tireur lui-même avant
la remise du titre au bénéficiaire. Mais selon l’article 283, la lettre de change
peut être, jusqu'à l’échéance, présentée à l’acceptation par le porteur ou même
par un simple détenteur.
- Lorsque la lettre est présentée à l’acceptation, le tiré doit normalement
répondre immédiatement mais il peut exceptionnellement demander une 2ème
présentation le lendemain de la première.
Il convient de préciser qu’il s’agit, en principe, d’une faculté et non pas d’une
obligation pour le porteur.
De même, l’acceptation est, en principe, facultative pour le tiré.

Section1 - le caractère facultatif de l'acceptation :


- En principe, le tiré n'est pas obligé d'accepter la lettre de change, même s'il a
reçu provision et qu'il est débiteur sur le plan extra-cambiaire. La justification
c'est que l’acceptation va l’engager sur le plan cambiaire et aggraver sa
situation, or le législateur n'impose pas l'engagement cambiaire au débiteur
même si sa dette fondamentale est certaine (cet engagement suppose une
expression de volonté)
 En principe, l'acceptation a un caractère facultatif. Mais, ce principe reçoit
deux exceptions (une exception légale et une exception conventionnelle) où
l'acceptation devient obligatoire pour le tiré.
Paragraphe 1 - Exception légale (Obligation légale) contrat de fourniture
de marchandise :
- D’après l'article 283 alinéa 9, l'acceptation est obligatoire lorsque la lettre de
change est créé en exécution d'un contrat de vente de marchandise, passé entre
commerçants et que la le tireur a satisfait aux obligations contractuelles (il a
fourni la provision en livrant la marchandise).

1
- Ces 3 conditions sont cumulatives (on élimine tous les autres contrats, les actes
mixtes, ainsi que les actes entre non commerçants)
- si elles sont réunies, le tiré doit accepter la lettre de change dès l'expiration
d'un délai conforme aux usages normaux du commerce en matière de
reconnaissance de marchandise.
- Si le tiré qui a reçu la provision refuse de donner son acceptation, il perd le
bénéfice du terme et sa dette extra cambiaire devient immédiatement exigible.
Paragraphe 2 - Exception conventionnelle : promesse d'acceptation :
- Le tiré peut s'engager dans le contrat de vente ou dans un autre acte extra-
cambiaire, à accepter, ultérieurement, les lettres de change qui seraient,
ultérieurement, émises par le tireur en exécution de leur contrat.
- Il s’agit d’une promesse d’acceptation et l’inexécution de cette obligation de
faire, peut donner lieu à des dommages et intérêts.

Section 2 - les conditions d'acceptation :


Paragraphe 1 - Les conditions de fond :
- Comme tout acte juridique, l'acceptation est soumise aux conditions de l'article
2 COC, il doit y avoir capacité, consentement, cause licite, objet.
- Mais ces conditions de droit commun doivent êtres complétées par certaines
exigences particulières :
*L'acceptation doit être pure et simple → l'acceptation conditionnelle qui
apporte une modification aux énonciations de la lettre de change vaut comme un
refus d'acceptation.
* Mais, l'acceptation peut-être partielle c'est-à-dire que le tiré peut la restreindre
à une partie de la somme indiquée sur le titre (généralement en cas de provision
partielle)
→ Dans ce cas, le tiré serait cambiairement tenu dans les limites de son
acceptation.
*L'acceptation est irrévocable c'est-à-dire que le tiré qui a donné son acceptation
ne peut pas la rétracter après la restitution du titre.
Paragraphe 2 - Les conditions de forme :
- Sont prévues par l'article 285 CC :
- l'acceptation doit être écrite sur la lettre de change.
- Elle peut être exprimée par l'expression « accepté »ou toute autre formule
équivalente suivie de la signature du tiré (indispensable)
- elle peut résulter de la seule signature apposée au recto du titre et cette
signature doit être manuscrite.

2
Section 3- les effets de l'acceptation :
Paragraphe 1 - L'engagement cambiaire du tiré :
- L'article 287 CC précise que « par l'acceptation le tiré s'oblige à payer la lettre
de change à l'échéance ».
- En effet, avant l’acceptation le tiré n’est pas partie dans la lettre de change.
C’est le tireur qui est considéré comme le débiteur principal, alors que le tiré
n'est pas engagé sur le plan cambiaire parce qu'il n'a pas participé à la création
du titre et il n'est tenu que dans la limite de son obligation fondamentale. Mais, à
partir de l’acceptation, le tiré devient partie à la lettre de change, il prend
l’engagement cambiaire de payer le porteur à l’échéance et il devient le débiteur
principal.
Paragraphe 2 - L'action directe du porteur :
- A partir de l'acceptation le tiré devient obligé directement et personnellement
à l'égard du porteur.
- Et à partir de cette date, le porteur acquiert un droit irrévocable qui lui permet,
conformément à l'article de 287 alinéa 2, d’exercer une action directe résultant
de la lettre de change.
-cette action directe sur le plan cambiaire appartient à tout porteur de la LC et
elle est indépendante de l’action extra-cambiaire, fondée sur la transmission de
la provision.
Paragraphe 3 - Les effets de l’acceptation sur le plan extra- cambiaire :
- Sur le plan extra-cambiaire, l’acceptation renforce la situation du porteur et
consolide ses droits sur la créance fondamentale puisqu’elle constitue une
reconnaissance de la dette + elle établit la présomption de l’existence de la
provision → elle lui permet d’agir contre le tiré sur le plan extra-cambiaire (sur
la base de son obligation fondamentale).
- ce recours fondé sur la transmission de la provision présente un grand intérêt
pour le porteur, surtout, en cas de défaillance sur le plan cambiaire (nullité du
titre en tant que LC, prescription cambiaire...)

Section 4 - les effets du refus d'acceptation :


- Malgré le caractère facultatif de l'acceptation, le défaut d'acceptation rend la
lettre de change suspecte, puisque le porteur peut légitimement redouter le
défaut de paiement à l'échéance, c'est pourquoi le défaut d'acceptation est
considéré comme un incident qui produit des effets aussi bien à l'égard du tiré
qu'à l'égard des autres signataires.

3
Paragraphe 1 - Effets à l'égard du tiré :
A- La déchéance du terme :
- Le tiré non-accepteur n'est pas engagé sur le plan cambiaire, donc aucun
recours cambiaire n’est possible contre lui. En revanche, sur le plan extra-
cambiaire le tiré demeure débiteur à l'égard de tireur en vertu de son obligation
fondamentale, et puisqu'il a refusé l'acceptation, il perd le bénéfice du terme et
sa dette devient immédiatement exigible → l'article 283 CC prévoit dans son
dernier alinéa que « le refus d'acceptation entraîne de plein droit la déchéance du
terme aux frais et dépens du tiré ».
- Il convient de préciser que cette déchéance du terme ne concerne que la
créance du tireur contre le tiré (la provision) qui devient immédiatement
exigible, donc seul le tireur peut exiger le paiement immédiat du tiré, en
revanche le porteur ne peut pas agir avant l'échéance contre le tiré, ni sur le plan
cambiaire ni sur le plan extra cambiaire parce que son droit sur la provision est
un droit éventuel jusqu'à l’échéance.
Donc le seul recours possible du porteur contre le tiré non-accepteur est le
recours extra cambiaire sur la base du transfert de la provision et ce recours ne
peut être exercé qu’à l’échéance et il est soumis aux règles du droit commun.
B - La responsabilité du tiré pour avis tardif du refus d'acceptation :
- Conformément a l’article 284 CC, le tiré doit répondre au porteur qui a
présenté la lettre de change à l’acceptation tout de suite, mais il peut demander
une seconde présentation le lendemain de la première. S’il ne répond pas
rapidement, il peut engager sa responsabilité à l’égard du porteur.
La rapidité est nécessaire pour permettre au porteur de prendre les mesures
conservatoires et d’exercer les recours anticipés contre les garants (le retard peut
lui causer un préjudice).
Paragraphe 2 -Les effets à l'égard des garants du paiement (recours
anticipés):
- En principe le porteur a le droit de demander le paiement et d'exercer ses
recours cambiaires contre tous les signataires à l’échéance de la lettre de
change. Mais, l’article 306 CC permet exceptionnellement au porteur d’agir
contre les endosseurs, le tireur et les autres obligés même avant l’échéance en
cas de refus total ou partiel d’acceptation.
- Ce texte tend à protéger les droits du porteur qui peut redouter le défaut de
paiement à l'échéance parce que le refus d'acceptation rend la lettre de change
suspecte, il n'est donc pas obligé d’attendre l’échéance, et un recours lui est
immédiatement ouvert contre les garants du paiement.

4
- pour exercer ce recours, le porteur doit établir un protêt faute d'acceptation
dans les délais fixés pour la présentation à l'acceptation (avant l’échéance) mais
le porteur peut être dispensé de cette obligation si la lettre de change comporte la
clause retour sans frais / sans protêt.
- Le porteur doit également informer les signataires du défaut d'acceptation.
- si le porteur n’établit pas le protêt, il est déchu de ses droits de recours contre
tous les signataires mais cette déchéance n’a lieu a l’égard du tireur que s’il
justifie qu’il a fourni la provision ≠ le tireur qui n'a pas fourni provision ne peut
pas échapper aux recours du porteur même s’il est négligeant.
→la négligence du porteur entraine la déchéance de ses recours contre tous les
signataires, sauf à l’encontre du tireur qui n’a pas fourni provision.

5
Chapitre IV: L’endossement:

- L'endossement est une technique cambiaire de transmission des titres.


En effet, la lettre de change est un titre négociable qui est appelé à circuler et
cette circulation doit être rapide mais elle doit également assurer au porteur le
maximum de sécurité.
- C’est la raison pour laquelle le législateur ne s’est pas contenté des modalités de
la cession de créance de droit commun, parce qu’elles ne permettent pas de
répondre aux impératifs de rapidité et de sécurité.
- Ainsi le Droit cambiaire a privilégié la technique de l’endossement qui constitue
un mode de transmission simple et rapide puisqu’il peut se réaliser par une simple
signature apposée généralement au dos du titre.
- L'endossement peut être effectué à titre de procuration ou de gage mais on va se
limiter dans le cadre de ce cours à l’étude de l’endossement translatif
(endossement de principe).
- Cet endossement est régi par les articles 276 et suivants du code de commerce
qui fixent les conditions de validité de cet engagement cambiaire et réglementent
ses effets.
Section1- Les conditions de l'endossement :
Paragraphe 1 : Les conditions de forme :
- L’article 276 alinéa 8 réglemente la forme de l’endossement en précisant que
« l'endossement doit être écrit sur la lettre de change ou sur une feuille qui y est
attachée (allonge). Il doit être signé par l’endosseur ».
- Ce texte qui constitue l'une des manifestations du formalise cambiaire exige que
l'endosseur appose sa signature manuscrite sur le titre lui-même ou sur une allonge
(lorsque la lettre de change a beaucoup circulé et ne comporte plus d’espace pour
une nouvelle signature).
- Sur le plan terminologique, l'endossement devrait, a priori, figurer au dos du titre
mais aucun texte n'interdit l'endossement au recto.
- Ce dernier doit, donc, être considéré comme valable, sauf s'il s'agit d'un
endossement en blanc parce que l'art 276 exige dans son dernier alinéa que cet
endossement soit inscrit au dos de la lettre de change (pour éviter toute confusion
avec l’aval).
- Il ressort de l'article 276 que l'endossement peut avoir 3 formes : Il peut être
nominatif, en blanc ou au porteur.

1
1 - L'endossement nominatif :
- C’est celui qui indique le nom de l’endossataire avec la formule " endossé au
profit de Mr. x " ou toute autre formule équivalente, suivie de la signature de
l’endosseur.
2 - L'endossement en blanc :
- Cet endossement ne désigne pas le nom du bénéficiaire et peut même consister
dans la simple signature de l'endosseur apposée au verso de la lettre de change.
- Le bénéficiaire de cet endossement en blanc dispose de plusieurs alternatives
puisqu’ il peut :
* soit compléter le blanc en indiquant son propre nom.
* soit endosser, à son tour, la lettre de change en blanc.
* soit endosser le titre en indiquant le nom d’une tierce personne en tant
qu'endossataire.
* soit faire circuler la lettre de change par simple tradition (remise de main en
main) sans porter aucune indication ou signature sur la lettre de change et dans
cette dernière hypothèse ,il n’est pas tenu sur le plan cambiaire et ne garantit pas
le payement.
3 - L'endossement au porteur :
- Il comporte la mention "au porteur" et a la même valeur qu’un endossement en
blanc (il permet de détourner l‘interdiction d’émettre des lettres de change au
porteur).

- L’endossement peut comporter certaines mentions facultatives telles que


l’indication de sa date, l’interdiction d’un nouvel endossement, l’exclusion de la
garantie, la clause retour sans frais ...

Paragraphe 2 : Les conditions de fonds :


A- Les conditions relatives aux parties (à l’endosseur) :
- L’endosseur contracte un engagement cambiaire qui obéit, en tant qu’acte
juridique, aux conditions de validité de l’article 2 COC.
- Il doit y avoir un consentement non vicié ; ainsi la fausse signature n’engage
pas l’endosseur apparent (prétendu) pour absence de consentement et constitue
une exception opposable même au porteur de bonne foi.
- Mais en vertu du principe de l'indépendance des signatures, la lettre de change
ainsi que les obligations des autres signataires restent valables.
- La cause de l’endossement doit exister et être licite. Il s'agit de la valeur fournie
par l’endossataire à l'endosseur.

2
L’endossement qui se fonde sur une cause illicite ou dépourvu de cause serait
nul mais cette nullité est inopposable au porteur de bonne foi.
- L'endosseur doit avoir la capacité commerciale vu le caractère cambiaire de son
engagement et la commercialité formelle de la lettre de change.
- Le pouvoir requis pour l’endossement est le même que celui pour la création de
la lettre de change (l’endosseur doit être le propriétaire du titre ou son mandataire).

B- Les conditions relatives à l'acte de l’endossement:


- l’endossement doit être inconditionnel et la loi répute non écrite toute condition
à laquelle il serait subordonné.
- Il doit être intégral, c’est à dire porter sur tout le montant de la lettre de change.
→L’endossement partiel est nul selon l’Article 276 alinéa 6.
- L'indication de la date de l’endossement n’est pas obligatoire. Mais, pour
produire tous ses effets, il doit intervenir avant l’expiration du délai fixé pour
dresser protêt faute de paiement (2 jours qui suivent l’échéance)
- L’endossement postérieur au protêt n’est pas nul selon l'art 282 mais ne produit
que les effets d’une cession de créance (surtout opposabilité des exceptions).
- Lorsque l'endossement n’est pas daté, le législateur établit une présomption dans
l'art 282 al 2 selon laquelle « l'endossement est censé avoir été fait avant
l'expiration du délai fixé pour dresser le protêt ». Mais, il s’agit d’une présomption
simple qui admet la preuve contraire.

Section 2 : Les effets de l’endossement :


- L'endossement transmet tous les droits de l’endosseur à l’endossataire et cette
transmission s’accompagne de deux garanties fondamentales prévues par l’article
278 (obligation de garantie qui pèse sur l’endosseur) et par l'article 280(principe
de l’inopposabilité des exceptions).
Paragraphe 1 : L'effet translatif (transmission des droits de l'endosseur à
l'endossataire) :
- L article 277 alinéa 1 dispose que : « l’endossement transmet tous les droits
résultant de la lettre de change ».
- Il en résulte que l’endossataire acquiert tous les droits de l’endosseur contre le
tiré et contre les garants de paiement. Mais l’article 277 précise qu’il s’agit de
droits résultants de la lettre de change, c'est-à-dire des droits propres en tant que
porteur en vertu du principe de l’autosuffisance du titre (des droits incorporés dans
le titre).

3
- Cette transmission porte sur la propriété de la lettre de change, ainsi que les
suretés et privilèges qui garantissent le paiement de cette créance cambiaire. Mais
elle porte également sur la créance de provision puisqu’elle est transmise de droit
aux porteurs successifs de la lettre de change (art 275).
- L’endossement transmet, en outre, à l’endossataire la qualité de porteur légitime
habilité à demander le paiement à l’échéance puisque cette notion est définie par
référence à la chaine ininterrompue des endossements.
- L art 279 prévoit que « le détenteur d’une lettre de change est considéré comme
porteur légitime s’il justifie de son droit par une suite ininterrompue
d’endossements, même si le dernier endossement est en blanc.. ».

Paragraphe 2 : L'obligation de garantie de l’endosseur :


- L art 278 prévoit que : « l’endosseur est, sauf clause contraire, garant de
l'acceptation et du paiement.. » De même, l’art 274 prévoit que : « le tireur est
garant de l'acceptation et du paiement.. »
- Cette obligation de garantie de l'endosseur est beaucoup plus large que
l'obligation du cédant en matière de cession de créance.
- En effet, selon l'art 213 COC le cédant ne garantit que sa qualité de créancier +
l’existence de la créance au moment de la cession + le droit d'en disposer
. → ne garantit pas le paiement à la place du débiteur cédé.
En revanche, le tireur et les endosseurs garantissent la solvabilité du débiteur (tiré)
et s’engagent à payer à sa place en cas de défaillance.
- Cette obligation de garantie se justifie par le souci de faciliter la circulation des
lettres de change et d’assurer la sécurité du porteur.
→ Ce dernier n’accepte d’être payé par une lettre de change tirée sur un inconnu
que parce que le cédant est garant du paiement.
- Cette obligation de garantie qui pèse sur l’endosseur ne fait pas disparaitre celle
des endosseurs antérieurs, ce qui augmente au fur à a mesure des endossements
les chances d'obtenir le paiement (ils sont tous tenus solidairement)
→ L'endossement a donc pour effet de rendre tous les endosseurs garants
solidaires du paiement envers le porteur.
- La mise en œuvre de cette garantie est simple : lorsqu'il y a refus d'acceptation
ou de payement par le tiré, le porteur peut agir contre son endosseur et contre tous
les signataires individuellement ou collectivement et il n'est même pas obligé de
respecter l'ordre de leur engagement puisqu’il peut se retourner contre les
signataires antérieurs qui restent garants à son égard (art 310).

4
Mais il faut préciser que la garantie de l’endosseur n’est pas d’ordre public. Elle
peut être exclue ou restreinte par une clause de l'endosseur. L'endosseur peut donc
s'exonérer de la garantie de l'acceptation et du paiement contrairement au tireur
qui ne peut s’exonérer que de la garantie d’acceptation (il est toujours garant du
paiement).
La clause d’exonération doit être mentionnée sur la lettre de change pour qu’elle
soit opposable aux porteurs postérieurs.

Paragraphe 3 : L inopposabilité des exceptions :


- Ce principe prévu par l’art 280 est une règle originale du droit cambiaire et
constitue une dérogation aux règles de droit commun. C'est pourquoi, son
domaine est limité et il est soumis à des conditions.
A- Originalité du principe :
- En matière de cession de créance, le cessionnaire se présente comme l'ayant
cause du cédant (art 204 COC).
- Le cessionnaire est substitué de droit au cédant. Il acquiert donc un droit dérivé
et c’est le même droit qui appartenait au cédant.
- Il ne peut pas acquérir plus de droits que n’en avait son cédant puisque l’art 551
COC pose le principe selon lequel nul ne peut conférer à autrui plus de droits qu’il
n’en a lui même.
- Il en résulte que le cessionnaire acquiert la créance telle qu’elle est avec toutes
ses qualités (droit au paiement, droit sur les accessoires et les suretés etc. ...) mais
également avec tous ses vices. (Article 212)
- C’est ce qui explique que le débiteur cédé peut opposer au cessionnaire toutes
les exceptions, c’est à dire les vices et les moyens de défense qu’il pouvait opposer
au cédant (nullité, extinction de la créance etc. ...) pour justifier le refus de
paiement.
- Le principe en droit commun c’est l’opposabilité des exceptions consacrée par
l'art 217 du COC « le débiteur peut opposer au cessionnaire toutes les dispositions
qu’il aurait pu opposer au cédant, si elles étaient déjà fondées au moment de la
cession.. »
- En revanche, en matière d’endossement, l’art 280 CC pose le principe inverse
(inopposabilité des exceptions) « les personnes actionnées en vertu de la lettre de
change ne peuvent pas opposer au porteur les exceptions fondées sur leurs
rapports personnels avec le tireur ou avec les porteurs antérieurs, à moins que le
porteur en acquérant la lettre n’ait agit sciemment au détriment du débiteur ».

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- C’est une règle originale du droit cambiaire et dérogatoire aux règles de droit
commun parce que l’endossataire n'est pas l'ayant cause de l'endosseur et
n'acquiert pas un droit dérivé mais il acquiert un droit propre et direct en raison
de sa possession du titre (son droit résulte directement du titre).
- L'endossement transmet donc au porteur un droit nouveau, c’est à dire une
créance modifiée et purgée.
- il a pour effet de purger le titre de ses vices et des exceptions qui deviennent
inopposables au porteur.
- Il en résulte que le porteur acquiert la créance avec ses qualités, à l’ exclusion
de ses vices. Et il se trouve ainsi dans une situation meilleure que celle de son
cédant. Il acquiert plus de droits.
- les vices qui grevaient la créance n’ont d’effet que contre le créancier cédant.
En revanche, le débiteur ne peut plus opposer ces vices au cessionnaire.
- Ce principe se justifie par le souci de protection du porteur et de favoriser la
circulation des effets de commerce.
- En effet le porteur acquiert, en toute sécurité, la lettre de change sans se
renseigner sur les rapports juridiques existants entre le tireur et le tiré ou entre
l’endosseur et les précédents signataires, il peut légitimement se fier à l'apparence
parce que ses droits sont incorporés dans le titre lui-même.
Mais, il faut préciser que le principe de l'inopposabilité des exceptions n'est pas
absolu. Il est soumis à certaines conditions.
B - Les conditions d'application du principe :
- Le principe d'inopposabilité est soumis à des conditions relatives au porteur
d'une part et aux exceptions d'autre part.
1 - Conditions relatives au porteur de la lettre de change :
- L'article 280 exclut l'application du principe lorsque le porteur qui a acquis la
lettre de change a « agi sciemment au détriment du débiteur ».
-Ce porteur est qualifié de porteur de mauvaise foi et il n'est pas protégé par
l’inopposabilité des exceptions.
- La notion de mauvaise foi telle que définie dans cet article suppose l'existence
de deux éléments :
* un élément matériel (agir) : il s’agit d’une action, une manœuvre frauduleuse ;
* un élément moral psychologique (sciemment) : C'est la conscience du
dommage, l'intention de nuire au débiteur.
- Il ressort aussi de cette définition que la simple connaissance du vice est
insuffisante pour conférer au porteur la qualité de mauvaise foi.

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- En effet, le porteur qui connaît l’exception surtout l'absence de provision, peut
légitimement penser que cette exception disparaîtra et que la provision sera
fournie avant l'échéance.
Encore faut-il que le porteur soit conscient du préjudice causé au débiteur en le
mettant dans l'impossibilité de se prévaloir d'une exception qu'il aurait pu opposer
au tireur ou à un autre débiteur cambiaire.
Mais, en pratique, l'appréciation de ces éléments soulève des difficultés sur le
terrain de la preuve.
- La conscience du dommage étant par définition un phénomène psychologique
interne, sa preuve ne peut être établie que par des indices. D’ailleurs, lorsqu'il
s'agit d'un professionnel (banquier escompteur) la connaissance de l'exception
risque de se confondre avec la conscience du dommage, c'est le cas par exemple
lorsque le banquier connaît les difficultés financières de son client tireur, ce qui
laisse à supposer qu'il ne fournira pas la provision au tiré à l'échéance. Cette
connaissance de l'exception peut-être retenue comme l'un des indices de la
conscience du dommage chez le porteur professionnel qui est souvent réputé de
mauvaise foi.
- Il convient, cependant, de préciser que le banquier n'est pas présumé connaître
l’exception, c'est-à-dire qu'il n'est pas présumé de mauvaise fois. En effet, c'est la
bonne foi du porteur qui est toujours présumée c'est de dire qu'il appartient au
débiteur cambiaire d'établir la preuve de la mauvaise foi du porteur.
- Mais puisque la mauvaise foi est un fait juridique, sa preuve peut-être établie par
tous moyens et notamment par présomptions et indices avec la possibilité de
recours à une expertise.
- Il ressort également de l'article 280 que la mauvaise foi du porteur doit être
appréciée au moment de son acquisition du titre (« en acquérant la lettre »). En
revanche, si le porteur prend conscience du dommage après l'acquisition de la
lettre, il ne sera pas considéré comme de mauvaise foi.
- L'appréciation de la mauvaise foi relève du pouvoir souverain des juges de fond,
mais elle est soumise au contrôle de la cour de cassation sur la qualification des
faits.

+ En outre, le porteur doit se présenter comme un porteur légitime qui justifie de


son droit par une suite ininterrompue d'endossements
+ Il doit être un tiers étranger au rapport personnel entre tiré et tireur et par
rapport au débiteur auquel il demande le paiement.

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- En effet lorsque le rapport est bilatéral, le tireur-porteur se présente comme le
cocontractant direct du tiré et comme le sujet propre de l'exception, ce qui l'exclut
du bénéfice de l'inopposabilité des exceptions.
→ Il serait injuste d'ouvrir au tireur qui n'a pas fourni de provision une action
directe contre le tiré tout en lui permettant de se prévaloir du principe
d'inopposabilité des exceptions.
Il en est de même pour le bénéficiaire à l'égard du tireur et pour l’endossataire à
l'égard de son endosseur.

B - conditions relatives aux exceptions :


- L'article 280 prévoit l'inopposabilité des exceptions fondées sur les rapports
personnels avec le tireur ou avec les porteurs antérieurs.
À contrario les exceptions qui ne sont pas fondées sur les rapports personnels sont
opposables même au porteur de bonne foi.
1 – Les exceptions opposables à tout porteur (même de bonne foi) :
Il s’agit des exceptions et des moyens de défense qui ne sont pas fondés sur les
rapports personnels + qui peuvent être invoqués par le débiteur cambiaire pour
justifier le refus de paiement :
* Les exceptions fondées sur un vice apparent du titre telles que l'absence de
l'une des mentions obligatoires prévues par l'article 269.
- la justification : la protection du porteur est fondée sur l’apparence et
l’autosuffisance du titre → il doit donc vérifier la régularité formelle du titre.
* Les mentions facultatives sont opposables aux porteurs successifs à condition
qu'elles soient insérées dans la lettre de change.
* L'exception fondée sur l'absence de consentement, surtout lorsqu'il s'agit d'une
fausse signature
→ À défaut de consentement, l'obligation cambiaire ne peut prendre naissance
→ Donc le porteur ne peut pas réclamer le paiement au prétendu « débiteur » dont
la signature a été imitée.
* L'exception fondée sur l’incapacité du débiteur peut être invoquée par
l'incapable (ou son représentant) contre tout porteur, même s'il a usé de
manœuvres frauduleuses pour induire son cocontractant en erreur sur sa capacité
(art.10 coc).
Cette opposabilité se justifie par la protection de l'incapable qui l'emporte sur la
protection du porteur.
NB : dans les 2 derniers cas (absence de consentement et incapacité), malgré qu'il
s’agisse d'un vice qui n'est pas apparent, le porteur n’est pas protégé par le principe

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de l’inopposabilité des exceptions. Mais, il est protégé par le principe de
l'indépendance des signatures, en vertu duquel seul l'incapable ou le prétendu
signataire peut invoquer l'exception, elle ne peut pas être invoquée par les autres
signataires qui demeurent engagés par la lettre de change (art. 273).

2 – Les exceptions inopposables au porteur de bonne foi:


- il s'agit des exceptions fondées sur les rapports personnels, cambiaires ou
extra cambiaires, et qui ne peuvent être invoquées par les débiteurs cambiaires
pour justifier le refus de paiement (sauf si le porteur est de mauvaise fois):
* les exceptions fondées sur la nullité ou la disparition du rapport fondamental
(extra-cambiaire)
Exp :
- l'absence ou insuffisance de provision,
- défaut de la valeur fournie par un endosseur
- Le paiement ou l'extinction de la créance fondamentale par compensation ou
résolution du contrat initial.
(Cass. 4911 du 10/02/2006→ paiement au tireur = exception inopposable au
porteur de bonne foi)
- Les causes de nullité du rapport fondamental, même si cette nullité est d'ordre
public (le cas d'absence de cause ou cause illicite…)
* Les exceptions fondées sur la nullité de l'obligation cambiaire elle-même
Exp : absence de cause ou cause illicite (c'est le cas pour la nullité des effets de
complaisance qui est inopposable au porteur de bonne foi).
- Les clauses facultatives qui ne figurent pas sur la lettre de change (sont
inopposables au porteur).

→ Le principe de l’inopposabilité des exceptions purge la lettre de change de tous


ces vices qui restent opposables entre les parties concernées seulement.

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Chapitre V : Le paiement :

Section1 - Les conditions du paiement :


Paragraphe1 - Le moment du paiement :
- Le paiement de la lettre de change doit être fait à présentation. D’ailleurs, cette présentation
est obligatoire pour le porteur le jour même de l'échéance, ou au plus tard dans les 2 jours
ouvrables qui suivent selon l'article 294.
- Cette obligation de présentation au paiement est spécifique au droit cambiaire puisqu’en Droit
commun, le créancier n'est pas obligé de réclamer le paiement à l'échéance.
D’autant plus, l'échéance en droit cambiaire revêt un caractère impératif ce qui marque la
rigueur de ce droit qui se manifeste à travers plusieurs règles :
*Selon l’article 296, le porteur ne peut être contraint de recevoir paiement avant l’échéance. Le
tiré qui paye avant l'échéance le fait à ses risques et périls.
*Selon l'article 315, le porteur qui ne présente pas la lettre de change au paiement dans les
délais est considéré comme porteur négligeant et il est sanctionné par la déchéance.
*Selon l'article 338, le législateur interdit les délais de grâce « aucun délai de grâce n’est
admis.. » (Sauf en cas de recours anticipés contre les garants, ou en cas de force majeure)

Paragraphe 2 - le lieu du paiement :


- l'indication du lieu de paiement est une mention obligatoire dans la lettre de change.
En principe, le paiement doit avoir lieu au domicile du tiré (débiteur) car la dette cambiaire est
une dette quérable.
Mais la lettre de change peut comporter une clause de domiciliation qui se fait le plus souvent
auprès d'une banque. Dans ce cas la clause de domiciliation s'impose au porteur.

Paragraphe 3 - les vérifications préalables au paiement :


- Pour qu’il soit libératoire, le paiement doit être fait entre les mains du porteur légitime.
C’est pourquoi le législateur oblige le débiteur auquel on réclame le paiement à procéder aux
vérifications nécessaires conformément à l'article 296 alinéa 3 « il est obligé de vérifier la
régularité de la suite des endossements, mais non la signature des endosseurs. »
- Il en résultat que le tiré doit avant de payer, vérifier si la personne qui lui présente la lettre de
change a la qualité de porteur légitime. Mais, il s'agit simplement de vérifier la légitimité
formelle, apparente puisqu'il n'est pas en mesure de vérifier l'authenticité des signatures ni la
capacité ou les pouvoirs des endosseurs.

Paragraphe 4 - Cas de perte ou de vol de la lettre de change :


- Le porteur dépossédé (suite à la perte ou au vol de son titre) peut conformément à l'article
299 faire opposition au paiement auprès du tiré. C’est-à-dire qu'il peut avertir le tiré pour qu'il
ne paye pas une autre personne. (Aucune forme spéciale n’est exigée pour la validité de cette
opposition mais il vaut mieux que le tiré soit averti par huissier notaire, pour établir la preuve).
- Ensuite conformément à l'article 302 « Il peut demander le paiement de la lettre de change
perdue ou volée et l’obtenir, par une ordonnance sur requête en justifiant de sa propriété par ses
livres et en donnant caution ».
1
- Ce moyen de preuve est cité par le législateur à titre indicatif puisque le porteur n'est pas
toujours commerçant, la preuve peut être rapportée par tout moyen.

Section 2 - Les recours du porteur impayé :


Paragraphe 1 - les recours possibles :
- Le porteur doit exercer en principe ce recours à l'échéance, mais la loi lui permet
exceptionnellement d'exercer ce recours de manière anticipée.
A -Recours à l'échéance (art.306 al.1) :
- En principe les recours du porteur légitime contre les débiteurs cambiaires sont exercés à
l'échéance, en cas de défaut de paiement de la lettre de change, ces recours sont soumis à une
double condition :
1- Présenter la lettre de change au paiement à l’échéance, dans le délai légal (dans les 2 jours
ouvrables qui suivent).
2 - Faire dresser un protêt pour constater le défaut de paiement dans le même délai (c'est-à-dire
dans les 2 jours ouvrables qui suivent l'échéance).
+ Donner avis à son endosseur (information de la chaîne des signataires) .
NB : ce recours est ouvert quelle que soit la cause du défaut de paiement (refus / impossibilité,
force majeure...)
-Le défaut de paiement est constitué même en cas paiement partiel → dans ce cas le porteur ne
peut pas refuser le paiement partiel, mais il dispose d'un recours pour le surplus.
B – Recours anticipé :
- l'article 306 permet exceptionnellement au porteur d'exercer ses recours avant l'échéance dans
certains cas.
1- en cas de refus total ou partiel d'acceptation.
2- en cas de faillite du tiré (ou cessation de paiement, ou saisie de ses biens).
3- en cas de faillite du tireur lorsque la lettre est non acceptée.
 Le point commun entre ces trois situations c'est que le porteur a très peu de chances d'être
payé dès la réalisation de ces événements.  Il est inutile d'attendre l'échéance.
- Pour exercer ces recours anticipés le porteur doit dresser un protêt faute d'acceptation et
procéder à l'information de la chaîne des signataires.
- Il convient de préciser que dans ce cas, les garants du paiement vont être exposés à
l'obligation de payer avant l'échéance ce qui est imprévisible, c'est pourquoi le législateur
admet une atténuation à la rigueur des délais et leur permet de demander par ordonnance sur
requête des délais de grâce, qui ne peuvent dépasser l'échéance.
-le recours anticipé est une faculté pour le porteur ≠ une obligation
Le porteur ne peut exercer ces recours anticipés que contre les garants du paiement ≠ contre le
tiré non accepteur.

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Paragraphe 2 – Les débiteurs cambiaires exposés aux recours :
-Il ressort des articles 306 et 310 que le porteur a le droit d'agir contre tous ceux qui ont signé la
lettre de change en qualité de tireur, tiré- accepteur, endosseur, donneur d'aval et tous les autres
obligés.
 Toutes ces personnes sont solidairement tenues envers le porteur→ il peut les poursuivre
individuellement ou collectivement + il n'est pas tenu de s'adresser à son endosseur, ni de
respecter l'ordre dans lequel ces signataires se sont obligés.
+ Même s'il agit contre l’un des obligés, cette action ne l'empêche pas d'agir contre les autres
signataires.
Mais, le porteur ne peut pas exercer ses recours contre les garants qu'après avoir justifié de la
défaillance du tiré.

- Il convient de rappeler que l'existence des recours cambiaires n’interdit pas au porteur
d'exercer l’ action de droit commun, issue du rapport fondamental (sur la base de la provision).
- l'intérêt de la coexistence de ces deux actions apparaît lorsque le porteur ne peut pas agir sur le
plan cambiaire (défaut d’acceptation, nullité du titre en tant que LC, prescription..).

- Outre ces deux actions, l’article 310 alinéa 3 précise que « le même droit appartient à tout
signataire d’une lettre de change qui a remboursé celle-ci » → le signataire qui a payé le porteur
acquiert également le droit d'agir contre tous les autres débiteurs qui ont signé avant lui et qui
sont garants du paiement à son égard (action récursoire).
Exemples : l'action d'un endosseur contre tous les signataires antérieurs / l'action du tireur (qui
a fourni provision) contre le tiré-accepteur / l'action du tiré qui a payé le porteur contre le tireur
qui n'a pas fourni provision.

Paragraphe 3 - La déchéance du porteur (la sanction du porteur négligent) :


- Conformément à l'article 315 le porteur est considérée négligent lorsqu'il ne respecte pas les
obligations nécessaires pour l'exercice des recours cambiaires, surtout s'il ne présente pas la
lettre de change ou ne dresse pas de protêt dans les délais.
Ce porteur négligent est sanctionné par la déchéance c.à.d. qu’il perd le droit d’agir contre les
endosseurs et contre les autres obligés à l'exclusion du tiré-accepteur et du tireur qui n'a pas
fourni provision.
NB : seul le tireur qui a fourni provision peut bénéficier de la déchéance du porteur négligent ≠
s’il n’a pas fourni provision, il ne peut pas se prévaloir de la négligence du porteur pour
échapper à son obligation de garantie du paiement (sinon, il y’aurait enrichissement sans cause)
+ Le tiré accepteur ne peut pas se prévaloir de la déchéance du porteur
→ Même si le porteur est négligent, il conserve le droit d’agir contre ces 2 débiteurs
principaux.

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Paragraphe 4 - la prescription :
- Le délai de prescription pour les actions contre le tiré-accepteur est de 3 ans.
- Le délai pour les actions du porteur contre le tireur et les endosseurs est d'un an.
- Le délai des actions des endosseurs les uns contre les autres ou contre le tireur est de 6 mois.

NB : cette prescription abrégée (courte) ne joue que sur le plan cambiaire (elle éteint les actions
cambiaires seulement) ≠ survie des actions extra-cambiaires qui restent soumises à la
prescription de droit commun (15 ans)
C.Cass. du 27 février 2008
Exp : action contre le tiré sur la base de la provision, action de l’endossataire contre son
endosseur sur la base de la valeur fournie..

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