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acte 1 scène 1 Phèdre, analyse et

commentaire
Mardi 25 mars

ACTE I, scène 1. Phèdre.

RAPPEL : règles à respecter à l’ouverture d’une tragédie classique :


- De dos.
- Debout.
- Entrées et sorties des personnages qui fixent les scènes.

Les figures de musicalité sont :


- assonance (répétitions de sons de voyelles).
- allitération (répétitions de sons de consones).
- il existe différentes rimes : pauvres, suffisantes ou riches (pauvre = 1 pied, suffisante = 2, et
riche = 3). La rime peut être aussi plate/suivie (A A B B), croisée (A B A B) ou embrassée (A
B B A).
On note que dans la tragédie classique, la rime est traditionnellement suivie.
- le rythme peut-être binaire, ternaire, ascendant, descendant.

La musicalité sert à mettre en valeur certains éléments d’information et dans la mesure où la


tragédie est constituée de 50% de poésie, il ne faut pas négliger cet aspect de lecture.

Dans la tragédie classique et jusqu’au XVIIème, il y avait trois actes, un prologue et un


épilogue. Dans le prologue, le lecteur était confronté à un très long monologue qui donc a été
remplacé par une scène d’exposition et un dialogue. On passe donc de 3 + 2 à 5.

Analyse de notre extrait.

(Début d’introduction cours précédent).


La scène se décompose en trois parties. La première parle de Thésée (père d’Hippolyte), la
deuxième partie parle de Phèdre (épouse de Thésée), la troisième, enfin, concerne Aricie.
Dans une première partie nous allons voir les renseignements présentés dans cet extrait,
ensuite, nous verrons en quoi cet extrait est un archétype de l’exposition classique.

Qui sont les personnages présents sur scène ? Hippolyte et Théramène, lesquels situent au
vers 5 le père d’Hippolyte (Thésée), au vers 40, Phèdre et au vers 56, Aricie.
Le « je » qui sonne au vers 1 est très important, il caractérise le départ d’Hippolyte. Nous
apprenons que Thésée est disparu « Depuis plus de six mois » (vers 5) sans que quiconque ne
sache où il est : anaphore de « J’ignore » (vers 6 et vers 7). Nous apprenons également
concernant Thésée que Théramène, le confident d’Hippolyte s’est déjà lancé à sa recherche
avec la multiplication des verbes d’action : «J’ai couru » (vers 10), « j’ai demandé » (vers 11),
multiplication des lieux les plus éloignés « l’Achéron » (vers 12), (fleuve de l’oubli). (Vers 15
à 17), le scepticisme de Théramène se fait sentir avec les questions : «Croyez-vous donc
découvrir la trace de ses pas ? ».
L’hypotypose (très longue phrase pour très long voyage) du vers 10 au 17, cette très longue
phrase imite le très long voyage qui est difficile à mettre en scène. Théramène a sa propre
interprétation du voyage de Thésée, il pense que celui-ci a une nouvelle maitresse (vers 21) :
« de nouvelles amours »Et donc la disparition de Thésée serait volontaire. vers 24 : « Cher
Théramène, arrête, et respecte Thésée » est un vers rapide, les deux synérèses (fait de
prononcer deux voyelles en un seul pied) accélèrent le débit de cette réplique et permet à
Racine la défense du Roi et la flatterie de la Reine (grâce à la double énonciation). Pourquoi ?
Car il dit : (vers 24) « Phèdre depuis longtemps ne craint plus de rivale ».
Vers 29 : «Enfin en le cherchant je suivrai mon devoir, » sa quête légitime est mise en valeur
par le mot « devoir » postposé. Au vers 30, « Et je fuirais ces lieux que je n’ose plus voir », il
y a une musicalité qui passe par le rythme, une simplicité du vocabulaire et une retenue donc
une litote qui exprime une peine infinie. Théramène s’étonne et l’exprime d’une façon longue
pour ralentir le rythme de façon à relâcher l’attention du spectateur. Les vers 32 à 36 nous
prouvent qu’il s’agit d’un dialogue entre deux amis car ce dialogue est très naturel, on y
convoque les souvenirs d’enfance.
« Quel péril, ou plutôt quel chagrin vous en chasse » (vers 38) enchaîne sur la deuxième
partie du texte. Vers 40, introduction du personnage principal : Phèdre, personnage éponyme
(personnage dont le titre contient le nom), il ne la nomme pas, toujours dans un effet de
curiosité. On note la phrase affirmative, sèche et péremptoire : « Cet heureux temps n’est
plus. » qui montre à quel point Phèdre agit de manière funeste sur le destin d’Hippolyte. C’est
Théramène et non pas Hippolyte qui va développer la méchanceté de Phèdre parce que de la
même manière que dans la préface, il dit que la trahison ne peut venir que de la confidente,
c’est le confident qui va critiquer la reine car Hippolyte est trop noble pour médire. Les deux
syllabes de « J’entends » : l’incise (mot entre deux ponctuations fortes), résume le chagrin que
Phèdre cause. Le champs lexical de la souffrance et de la persécution : « douleur », « haine »,
« chagrine », « dangereuse »… Nous constatons que l’animosité de Phèdre est un fait public
et pesant puisqu’elle mérite 6 vers jusqu’à la ligne 46. Cependant, il s’est passé quelque chose
et Phèdre est mourante, on ignore la raison de cet état.
La question reste entière, pourquoi Hippolyte part-il si Phèdre s’apprête à mourir ?
Vers 54 et 55, Hippolyte va ouvrir la troisième partie du texte qui concerne Aricie (c’est la
dernière sœur des opposants au trône de Thésée, que ce dernier à tous tué). C’est donc la seule
femme du royaume qu’Hippolyte n’a pas le droit d’aimer puisque Thésée a interdit à Aricie
d’avoir des enfants. Son histoire est rappelée à la ligne 57. Théramène rappelle la gentillesse
de cette femme, il ne comprend pas pourquoi il a besoin de fuir. On note la surprise de
Théramène qui s’exprime par de nombreux points d’interrogation pour faire d’elle un portrait
en opposition à la méchanceté de Phèdre. La clé de ce départ ligne 64 : « Si je la haïssais, je
ne la fuirais pas. » montre son amour.

Une tragédie classique qui respecte les règles.


Personnages et actions sont présenté, l’action a commencé avant l’ouverture du rideau, on est
donc dans une ouverture « in medias res » (au milieu des choses) puisque Phèdre a déjà
commencé à mourir et Hippolyte est déjà amoureux et Thésée a disparu depuis 6 mois.
On voit que la bienséance est respecté puisque ce n’est pas un monologue et surtout,
Théramène assume la charge médisante de l’extrait tout comme sa vraisemblance.
On voit que la bienséance est respecté puisque ce n’est pas un monologue et surtout,
Théramène assume la charge médisante de l’extrait tout comme sa vraisemblance.
La règle des unités : tout va se commencer et se terminer ce jour même, c’est le départ
d’Hippolyte qui provoque l’accélération de l’action, on note l’absence de situation
géographique, c’est un non-lieu.
Enfin, si l’action n’est pas clairement précisée dans les 64 premiers vers, elle l’est ensuite et
donc l’action sera pour Racine l’histoire d’amour entre Hippolyte et Aricie.
Par rapport aux versions précédentes, Hippolyte est un héros très humain, il souffre et il aime,
il a des liens forts avec son père, c'est-à-dire que selon les thèses d’Aristote, c’est un héros qui
peut inspirer l’horreur et la pitié.

Nous avons vu à travers l’étude de cette exposition qu’il s’agit d’une scène élégante et
rigoureuse qui parvient à flatter le roi tout en ménageant le spectateur, hautement
respectueuse des enseignements classiques et qui nous servira de référence pour toute analyse
classique.

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