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Item 241
Goitre, nodules thyroïdiens
et cancers thyroïdiens
Goitre
I. Définition
II. Épidémiologie
III. Facteurs favorisants
IV. Démarche diagnostique
Connaissances
V. Diagnostic étiologique
VI. Prise en charge thérapeutique
Nodules thyroïdiens
I. Définition, contexte
II. Épidémiologie
III. Mode de découverte
IV. Enjeux du diagnostic et de la prise en charge
V. Stratégie diagnostique
VI. Prise en charge
Cancers thyroïdiens
I. Mode de découverte 157
II. Anatomie pathologique
III. Prise en charge thérapeutique initiale
IV. Prise en charge thérapeutique suivant le type de cancer
Situations de départ
17 Amaigrissement.
21 Asthénie.
24 Bouffées de chaleur.
25 Hypersudation.
148 Goitre ou nodule thyroïdien.
165 Palpitations.
194 Analyse du bilan thyroïdien.
225 Découverte d’une anomalie cervico-faciale à l’examen d’imagerie médicale.
284 Consultation de suivi et éducation thérapeutique d’un patient avec hypothyroïdie.
328 Annonce d’une maladie chronique.
352 Expliquer un traitement au patient (adulte, enfant, adolescent).
▼
Rang Rubrique Intitulé Descriptif
A Diagnostic positif Connaître les trois principaux diagnos- Basedow, Hashimoto, thyroïdite
tics étiologiques de goitres subaiguë de De Quervain
A Diagnostic positif Connaître les trois principales complica- Hyperthyroïdie, compression, cancer
tions évolutives d’un goitre
A Examens Connaître les examens complémentaires TSH, échographie…
complémentaires à réaliser en première intention en
présence d’un goitre
A Définition Connaître la définition d’un nodule thyroïdien
A Diagnostic positif Connaître les deux problématiques Sécrétant ? Malin ?
à résoudre en présence d’un nodule
thyroïdien
A Diagnostic positif Connaître les éléments de l’interrogatoire et de l’examen clinique permettant la
découverte et l’évaluation initiale d’un nodule
A Examens Connaître les examens complémentaires TSH, calcitonine
complémentaires de première intention pour explorer un
nodule thyroïdien
B Examens Connaître la place de la cytologie dans la prise en charge d’un nodule thyroïdien
complémentaires
B Définition Connaître les principaux types histologiques des cancers thyroïdiens
B Prise en charge Connaître les principes de la prise en Savoir ne pas prescrire d’opothérapie
charge du goitre et des nodules (à
158
l’exception du cancer)
Goitre
I. Définition
A On parle de goitre devant une augmentation du volume thyroïdien diffuse ou localisée
(goitre nodulaire). Le volume thyroïdien normal varie suivant l’âge et la surface corporelle.
B Les critères échographiques sont un volume thyroïdien > 16 ml chez l’adolescent, > 18 ml
chacun des lobes excède celle de la dernière phalange du pouce (définition OMS). L’existence
d’un goitre ne préjuge pas du fonctionnement thyroïdien.
II. Épidémiologie
C
Il s’agit d’une pathologie rencontrée chez plus de 10 % de la population, touchant 3 fois
plus souvent les femmes que les hommes et dont la prévalence augmente avec l’âge (fig. 12.1).
Item 241 Goitre, nodules thyroïdiens et cancers thyroïdiens 12
Connaissances
B La déficience iodée, même relative, constitue le principal facteur goitrigène. Elle augmente,
Interrogatoire :
Démarche
− Gêne ?
diagnostique
− Dysthyroïdie ?
− Nodule(s) ?
Clinique : TSH Échographie − Volume ?
− Plongeant ? − Thyroïdite ?
− Nodule(s) ?
− Adénopathie(s) ?
↔ ↓ ↑
Goitre
simple
− T4 libre − T4 libre
− Anticorps anti-récepteurs TSH − Anticorps anti-TPO
Goitre − Scintigraphie ? − Anticorps anti-Tg ?
nodulaire
non
fonctionnel
Goitre Maladie de Thyroïdite de Thyroïdite de
nodulaire Basedow ? De Quervain ? Hashimoto ?
fonctionnel
Causes
rares
Goitre simple Goitres auto-immuns,
ou nodulaire inflammatoires, autres
A. Interrogatoire
Il précise les antécédents familiaux de maladie thyroïdienne, l’existence d’une gêne fonction-
nelle (déglutition, respiratoire) ou d’éventuels symptômes de dysthyroïdie.
B. Examen clinique
La palpation cervicale retrouve l’hypertrophie thyroïdienne ascensionnant à la déglutition,
apprécie l’importance du goitre, son caractère homogène ou non, la présence éventuelle
d’adénopathies. Il faut rechercher le caractère plongeant du goitre, que l’on suspecte lorsque
le pôle inférieur des lobes n’est pas perçu lors de la déglutition. On recherche des signes de
dysthyroïdie (hyperthyroïdie ou hypothyroïdie).
C. Biologie
• En première intention : dosage de la TSH.
• En deuxième intention, si la TSH est anormale :
– dosage de T4 pour quantifier l’importance de la dysfonction hormonale ;
– si TSH augmentée, dosage des anticorps anti-thyroperoxydases ou anti-thyroglobine (en
cas de négativité des anticorps anti-TPO) à la recherche d’une thyroïdite auto-immune
de Hashimoto ;
– si TSH basse, suivant le contexte :
– goitre diffus, sujet jeune : dosage des anticorps anti-récepteurs de la TSH pour élimi-
ner une maladie de Basedow ;
Item 241 Goitre, nodules thyroïdiens et cancers thyroïdiens 12
– goitre plurinodulaire : scintigraphie thyroïdienne à la recherche d’un goitre multino-
dulaire toxique.
D. Échographie thyroïdienne
Surtout utile lorsque le goitre est irrégulier, à la recherche de nodules, elle permet aussi d’appré-
cier l’aspect du parenchyme à la recherche d’une thyroïdite (aspect hypoéchogène), de mesu-
rer le volume du goitre et de suivre son évolution. Il s’agit d’un examen opérateur-dépendant.
V. Diagnostic étiologique
Dans l’immense majorité des cas, il s’agit d’un goitre simple pouvant avoir évolué vers une
forme multinodulaire. Ce terme désigne les hypertrophies de la thyroïde normofonctionnelles
(sans hyperthyroïdie ni hypothyroïdie), non inflammatoires (pas de thyroïdite), débutant géné-
ralement à l’adolescence mais pouvant être diagnostiquées plus tardivement.
Initialement, l’hypertrophie est diffuse et homogène (fig. 12.3), le plus souvent modérée. Le
Connaissances
parenchyme est souple, régulier. La TSH est normale et les anticorps antithyroïdiens négatifs
permettent d’exclure une thyroïdite auto-immunitaire ou une maladie de Basedow.
Au fil des années et des décennies, le goitre se remanie et certaines cellules acquièrent des
mutations activatrices ou oncogéniques conduisant à l’apparition de nodules fonctionnels et
de nodules non fonctionnels (fig. 12.4). C’est au stade de goitre plurinodulaire (fig. 12.5)
161
A B
162
A. Principaux risques évolutifs d’un goitre
1. Hyperthyroïdie
En raison de l’augmentation progressive de volume des nodules hyperfonctionnels, le goitre
s’autonomise avec survenue d’une hyperthyroïdie qui reste longtemps fruste (TSH basse,
dosages de T4 et T3 normaux) puis évolue vers la thyrotoxicose avec risque de complications
cardiaques. La scintigraphie retrouve une alternance de plages fixantes et hypofixantes confir-
mant le goitre multinodulaire toxique. Il s’agit de la première cause d’hyperthyroïdie chez le
sujet âgé. Le passage en hyperthyroïdie peut être déclenché par une injection iodée lors d’un
scanner par exemple. Il n’est pas rare que des manifestations cardiaques (troubles du rythme à
type de fibrillation auriculaire, insuffisance cardiaque) révèlent un goitre autonomisé méconnu
(cf. Item 242 – Hyperthyroïdie).
Connaissances
Fig. 12.6. A Radiographie de trachée montrant un élargissement du médiastin supérieur (flèches
rouges) et une déviation trachéale (flèche violette) sous l’effet d’un goitre plongeant.
(Source : CEEDMM, 2021.)
163
A B
3. Cancer thyroïdien
Un cancer thyroïdien est présent dans 4 à 5 % des goitres plurinodulaires. Les nodules suspects à
l’échographie doivent bénéficier d’une cytoponction (cf. infra, section « Nodules thyroïdiens »).
Connaissances
4. Autres causes
C
Les autres causes sont exceptionnelles :
• trouble de l’hormonosynthèse en relation avec diverses anomalies moléculaires (transpor-
teur de l’iode, TPO, deshalogénase, pendrine, Tg). Le diagnostic est évoqué par le contexte
164 familial, l’ancienneté du goitre depuis la petite enfance avec souvent hypothyroïdie
congénitale ;
• sécrétion inappropriée de TSH : la TSH normale ou modérément augmentée s’accompagne
de dosages de T4 et T3 élevés. Cette discordance biologique peut etre liée à un adénome
thyréotrope ou un syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes (cf. Item 242 –
Hyperthyroïdie).
• Goitre nodulaire
• Euthyroïdien
Surveillance
• Sans suspicion malignité
• Sans gêne
• Goitre nodulaire
• Hyperthyroïdie
Chirurgie
• Nodule suspect
• Symptomatique
• Sujet âgé
Iode 131
• Hyperthyroïdie
Connaissances
(Source : CEEDMM, 2021.)
clés
Points
• Les goitres diffus homogènes s’organisent au fil des décennies en goitres plurinodulaires.
• Au stade plurinodulaire, les goitres peuvent être responsables de complications : compression locale,
hyperthyroïdie, cancer thyroïdien. 165
• Le dosage de la TSH est l’examen de première intention.
• Beaucoup des goitres simples de l’adulte peuvent bénéficier de la seule surveillance. La chirurgie des
goitres est particulièrement indiquée pour les goitres symptomatiques, hyperfonctionnels ou morpho-
logiquement suspects.
• L’iode 131 constitue une alternative thérapeutique pour les goitres compressifs, hyperfonctionnels des
sujets âgés et fragiles.
Nodules thyroïdiens
I. Définition, contexte
A On désigne sous le nom de nodule une hypertrophie localisée de la glande thyroïde, de
forme généralement arrondie ou ovalaire. La majorité des nodules thyroïdiens sont bénins. Un
certain nombre d’entre eux (de l’ordre de 5 %) sont des cancers, généralement de très bon
pronostic ; 10 % des nodules sont hyperfonctionnels à risque d’hyperthyroïdie. Pour la patho-
logie nodulaire thyroïdienne, on considère que les nodules sont soit bénins soit malins, et que
la transformation d’un nodule bénin en nodule malin n’est pas possible (ou excessivement
rare). Cette notion justifie la possibilité de suivi des nodules considérés comme bénins par la
stratégie d’exploration actuellement proposée.
Connaissances
II. Épidémiologie
C
Il s’agit d’une pathologie très fréquente, touchant 3 à 4 fois plus souvent les femmes que
les hommes. La prévalence clinique (nodules palpables) est de 4 à 7 % chez la femme et 1 à
2 % chez l’homme. La prévalence échographique est beaucoup plus élevée, de l’ordre de
20 %. La prévalence des nodules augmente avec l’âge et, au-delà de 50 ans, plus de 50 % des
femmes ont un ou des nodules thyroïdiens à l’échographie.
Ces éléments ont conduit en 2017 à la mise en place d’une task force internationale qui déconseille les
échographies thyroïdiennes systématiques, demande de ne pas explorer les micronodules (< 10 mm) et
de bien peser la balance bénéfice-risque avant chirurgie pour limiter le surdiagnostic et les conséquences
des chirurgies inutiles : santé (complications opératoires), qualité de vie (diagnostic de cancer, traitement
substitutif), coûts.
V. Stratégie diagnostique
A L’objectif est de dépister un nodule hyperfonctionnel à risque d’hyperthyroïdie et de ne pas
passer à côté d’un cancer (fig. 12.9). Il n’est pas utile d’explorer les nodules de moins de 1 cm
de diamètre sauf contexte particulier.
Item 241 Goitre, nodules thyroïdiens et cancers thyroïdiens 12
Nodule thyroïdien
Deux questions !
Sécrétant ? Malin ?
Connaissances
Non diagnostique Bénin Indéterminé Malin Indéterminée
4 = Néoplasme folliculaire
Risque malignité (%) – <3 15 30 60 99 5 = Suspect de malignité
Conduite à tenir
Suivi ! Autre bilan ?
IRAthérapie Seconde
clinique Suivi ? Chirurgie
Lobectomie ponction
échographie Chirurgie ?
A. Évaluation initiale
1. Interrogatoire
Il précise les antécédents personnels (notamment irradiation cervicale dans l’enfance), fami-
liaux (cancers thyroïdiens médullaires notamment), d’éventuels symptômes d’hyperthyroïdie.
2. Palpation cervicale
Elle précise les caractéristiques du nodule : isolé ou non, consistance, volume, évolutivité et
recherche des adénopathies. Le caractère très ferme ou dur, irrégulier, la présence de signes
compressifs ou d’adénopathies sont suspects mais inconstants et la plupart du temps les
nodules cancéreux ne diffèrent pas à l’examen clinique des nodules bénins. L’évolutivité et la
taille ne sont pas synonymes de malignité même s’il faut de méfier des nodules de plus de 3 ou
4 cm de diamètre ou de ceux qui augmentent rapidement de volume (plus de 20 % en un an).
3. Bilan initial
Il repose sur :
• l’échographie thyroïdienne (fig. 12.10 et 12.11) :
Connaissances
Bénin
EU-TIRADS 3 Nodule
isoéchogène
Bas risque bien limité
EU-TIRADS 4 Nodule
modérément
Risque hypoéchogène,
intermédiaire à marges
régulières
E
H L Coupe Coupe
longitudinale Vue de face longitudinale
AV HT AV
HT BS D G HT BS
A Coupe longitudinale Coupe transversale Le nodule est plus épais que large et plus épais que haut
Connaissances
Lobe droit Lobe gauche
E Coupe Coupe
longitudinale Vue de face longitudinale
H
L AV HT AV
HT BS G HT BS
D
169
BS
Hauteur Épaisseur Largeur AR AR
B Coupe longitudinale Coupe transversale Le nodule est plus haut qu’épais et plus large qu’épais
B. Évaluation secondaire
La TSH est basse
Il s’agit probablement d’un adénome fonctionnel (10 % des nodules). Ces nodules peuvent
évoluer vers une hyperthyroïdie (adénome toxique, cf. fig. 13.4 au chapitre 13) et sont a priori
bénins (d’où l’absence de nécessité le plus souvent de réaliser une cytoponction). On dose
la T4L pour apprécier l’importance de l’hyperthyroïdie et on réalise une scintigraphie thyroï-
dienne (technétium 99 ou iode 123) qui montre le caractère hyperfonctionnel du nodule. Le
nodule est dit extinctif lorsqu’il apparaît seul fixant, le tissu sain étant freiné (fig. 12.12).
caractère mal limité, forme non ovalaire), mesurant plus d’un cm de diamètre et comportant
une composante solide ; d’autant plus s’il existe un contexte à risque : antécédent familial de
cancer médullaire de la thyroïde, antécédents de radiothérapie dans l’enfance (risque de can-
cer thyroïdien multiplié par 7) ou lorsque la présentation clinique est suspecte (adénopathies,
métastases).
170
Les nodules découverts fortuitement lors d’une TEP-FDG doivent également bénéficier d’une
cytoponction car ils sont malins dans 30 à 40 % des cas. Pour les nodules faiblement ou non
suspects, la ponction n’est réalisée que s’ils mesurent plus de 15 à 20 mm.
A Les résultats de la cytoponction reposent sur la classification de Bethesda, qui permet d’éva-
luer le risque de malignité et ainsi de proposer une conduite à tenir pour chacune des six
catégories (cf. fig. 12.9).
• Les nodules thyroïdiens ont une forte prévalence, sont de découverte souvent incidentale et le plus
souvent bénins (95 %).
• Ne pas dépister ni explorer les micronodules (< 1 cm).
• Les nodules hyperfonctionnels sont à risque d’évolution vers une hyperthyroïdie et ne sont pratique-
ment jamais malins.
• Stratégie diagnostique bien codifiée à respecter pour éviter des chirurgies inutiles.
• Examens de première intention : TSH et échographie :
– si TSH basse : scintigraphie thyroïdienne à la recherche d’un nodule toxique ;
– si TSH normale ou élevée : cytoponction échoguidée en cas de nodule à risque à l’échographie.
• Dosage de la calcitonine systématique avant chirurgie.
• Indications thérapeutiques dictées par le résultat des explorations, notamment classification cytolo-
gique de Bethesda.
Cancers thyroïdiens
Connaissances
B Le cancer de la thyroïde est le plus fréquent des cancers endocriniens.
C
Son incidence est en augmentation depuis une trentaine d’années dans tous les pays
industrialisés. Il représente 1,5 % des cancers et le quatrième cancer chez la femme. Environ
8 500 nouveaux cas de cancers de la thyroïde sont actuellement diagnostiqués chaque année
en France, dont 75 % survenant chez la femme.
Le pronostic d’ensemble est bon, avec une survie à 10 ans supérieure à 90 %, mais 5 à 10 %
d’entre eux ont une évolution défavorable et sont responsables de la mortalité spécifique de 171
ce cancer (0,3 % de la mortalité globale par cancer).
I. Mode de découverte
A Le plus souvent le diagnostic est évoqué devant un nodule thyroïdien mis en évidence par
l’examen clinique ou, de plus en plus fréquemment, de découverte fortuite à l’occasion d’un
examen d’imagerie.
Les caractéristiques du nodule peuvent faire suspecter un cancer s’il est dur, irrégulier adhé-
rent, rapidement progressif et parfois associé à des adénopathies mais, le plus souvent, il s’agit
d’un nodule isolé d’allure banale.
Plus rarement, le cancer thyroïdien sera révélé par :
• une adénopathie cervicale ;
• des signes de compression : paralysie récurrentielle ;
• des flushes et/ou une diarrhée en lien avec un cancer médullaire (calcitonine) : rare, signant
une forme évoluée déjà métastatique ;
• des symptômes en lien avec une localisation métastatique pulmonaire ou osseuse (frac-
ture pathologique) ; si on suspecte une origine thyroïdienne, on recherche si la métastase
exprime des marqueurs thyroïdiens : thyroglobuline ou calcitonine.
B Il est fréquent aujourd’hui de découvrir des microcarcinomes de façon fortuite sur pièce de
Connaissances
mopathologique est connu, pour guider la prise en charge thérapeutique ultérieure.
1. Traitement hormonal
Le traitement de lévothyroxine est administré à dose légèrement supraphysiologique pour
freiner la TSH après chirurgie dans les formes à haut risque de récidive et en cas de maladie
récidivante ou métastatique. L’objectif est de prévenir le risque de récidive et/ou ralentir la pro-
gression de la maladie. Lorsque le patient est en rémission, il n’est pas nécessaire de conserver
le freinage, l’hyperthyroïdie biologique exposant à des risques cardiaques (troubles du rythme
de type arythmie complète par fibrillation auriculaire) et osseux (ostéoporose). La TSH est
maintenue dans la moitié inférieure des valeurs normales. Le taux de TSH est mesuré au moins
6 semaines (pour atteindre l’état d’équilibre) après le début du traitement pour l’adaptation de
la posologie. Par la suite, une surveillance annuelle ou biannuelle est suffisante.
raison d’une majoration transitoire du risque de fausse couche. Une scintigraphie corporelle
totale (fig. 12.13) est systématiquement réalisée et permet de visualiser d’éventuels foyers
tumoraux et de réaliser ainsi le bilan d’extension. Lorsque la chirurgie a été complète, on
observe simplement un reliquat thyroïdien cervical. La présence de fixations extracervicales
indique l’existence de métastases ganglionnaires ou à distance. Un dosage de thyroglobuline
est systématiquement réalisé.
174
Fig. 12.13. C Scintigraphie corporelle totale après administration d’iode radioactif retrouvant un
petit résidu thyroïdien postopératoire.
(Source : CEEDMM, 2021.)
3. Surveillance
Les récidives peuvent être tardives, imposant un suivi prolongé. La surveillance biologique
repose sur le dosage de TSH pour s’assurer que le traitement substitutif est adéquat et le
dosage de thyroglobuline (marqueur du cancer) pour dépister une récidive ganglionnaire ou
métastatique. La concentration plasmatique de thyroglobuline doit être indétectable après thy-
roïdectomie complétée par l’administration d’une dose d’iode radioactif. Une concentration
plasmatique élevée traduit une maladie persistante ou récidivante et conduit à la réalisation
d’examens complémentaires. L’échographie cervicale (fig. 12.14) a de meilleures performances
que la palpation pour le diagnostic des récidives ganglionnaires et permet la réalisation de
cytoponctions pour affirmer la récidive. En cas de suspicion de récidive métastatique, le bilan
pourra être complété par un scanner thoracique et/ou une tomographie par émissions de
positons au fluorodéoxyglucose (TEP-FDG) qui permet une imagerie « corps entier » et qui a
une bonne valeur pronostique.
Item 241 Goitre, nodules thyroïdiens et cancers thyroïdiens 12
Fig. 12.14. C Adénopathie suspecte à l’échographie chez un patient suivi pour cancer thyroïdien
papillaire.
Connaissances
(Source : CEEDMM, 2021.)
Métastases à distance
Les métastases à distance (< 10 %) siègent principalement au niveau des poumons (fig. 12.15)
et du squelette. Elles sont présentes au diagnostic dans la moitié des cas et souvent associées
à une récidive cervicale. Lorsque les métastases sont multiples, le traitement de référence
reste l’iode 131. Il n’est efficace que lorsque les métastases sont fixantes. Des guérisons sont
obtenues dans un tiers des cas après administrations itératives, le plus souvent chez des sujets
jeunes présentant de petites métastases pulmonaires bien différenciées.
Les cancers ne fixant pas l’iode radioactif sont dénommés cancers réfractaires. Le pronostic est
mauvais. La prise en charge thérapeutique fait appel à la radiothérapie, aux traitements locaux
et aux thérapeutiques ciblées qui sont mis en œuvre par des équipes spécialisées.
La chimiothérapie est considérée comme peu efficace. La radiothérapie n’est que palliative. En
cas de métastase unique ou menaçante, on fait appel en fonction de la localisation à des trai-
tements locaux (chirurgie d’exérèse, radiofréquence, cimentoplastie, radiothérapie externe).
Lorsque les métastases sont disséminées et évolutives, les patients peuvent bénéficier des
progrès thérapeutiques récents que représentent les thérapeutiques moléculaires ciblés qui
permettent d’obtenir des stabilisations prolongées. Dans tous les cas, il faut maintenir un
traitement de L-T4 à dose frénatrice.
Connaissances
176
Fig. 12.15. C Scintigraphie corporelle totale retrouvant des images cervicales, médiastinales et une
miliaire pulmonaire.
(Source : CEEDMM, 2021.)
B. Cancers anaplasiques
Les cancers anaplasiques se manifestent le plus souvent par une tuméfaction cervicale rapide-
ment progressive, dure, adhérente, chez un sujet âgé. Le cancer est souvent déjà métastatique
au diagnostic. On a recours à la chirurgie ou à la biopsie pour confirmer le diagnostic histo-
logique. L’iode radioactif n’a aucune efficacité. Il s’agit d’une urgence thérapeutique. Le
traitement repose sur des protocoles de radiochimiothérapie. Le pronostic reste très péjoratif.
C. Cancers médullaires
Leur traitement est chirurgical et la qualité du geste initial conditionne le pronostic. La rémis-
sion n’est obtenue que dans les formes sans atteinte ganglionnaire. Un envahissement gan-
glionnaire est souvent présent au diagnostic, imposant un curage extensif.
Ceci explique l’intérêt de réaliser systématiquement un dosage de calcitonine lors du bilan préopératoire
d’un nodule thyroïdien.
Le traitement thyroxinique est prescrit à doses substitutives. L’iode radioactif est sans intérêt.
La surveillance repose sur le dosage de calcitonine, couplé au dosage d’ACE. Lorsque la calci-
tonine est indosable 3 mois après chirurgie, le patient est en rémission et doit être surveillé par
des dosages annuels de calcitonine.
Item 241 Goitre, nodules thyroïdiens et cancers thyroïdiens 12
Lorsque la calcitonine reste détectable, le patient est en maladie persistante et doit être confié
à une équipe spécialisée. Le bilan de localisation ne doit être pratiqué que pour des valeurs
de calcitonine > 150 μg/l car il est constamment négatif pour des valeurs plus faibles. Une
forme métastatique à distance est suspectée pour des valeurs de calcitonine > 500 μg/l. Les
métastases sont le plus souvent hépatiques, pulmonaires et osseuses. Le diagnostic de locali-
sation repose sur le scanner (temps précoces) ou l’IRM hépatique, le scanner thoracique, l’IRM
osseuse. La TEP-FDG est moins performante que dans les autres formes de cancer thyroïdien.
Dans les formes avec maladie persistante, même métastatiques, l’évolution peut être très
lente. Le temps de doublement de la calcitonine constitue un très bon indicateur pronostique.
Lorsqu’il est supérieur à 2 ans, la survie des patients est comparable à celle de la population
générale, alors que le pronostic est très mauvais lorsqu’il est inférieur à 6 mois.
Le traitement des formes métastatiques repose sur des traitements locaux (chimio-embolisa-
tion de lésions hépatiques, radiofréquence, radiothérapie). Dans les formes avec localisations
disséminées, la chimiothérapie est rarement efficace. Des stabilisations prolongées peuvent
être obtenues avec les thérapeutiques ciblées.
Les cancers thyroïdiens médullaires surviennent dans un contexte familial dans 30 % des cas :
néoplasie endocrinienne multiple de type 2 (NEM2). Le diagnostic de cancer médullaire impose
Connaissances
donc la réalisation d’une étude génétique à la recherche d’une mutation germinale de l’onco-
gène RET (encadré 12.1). Dans ce contexte, compte tenu des risques chirurgicaux en cas de
phéochromocytome méconnu, il est prudent de réaliser un dosage préopératoire des dérivés
méthoxylés (métanéphrines) en cas de suspicion de cancer médullaire.
Encadré 12.1
Mutation du gène RET
C
La découverte d’une mutation conduit : 177
• d’une part, à compléter le bilan à la recherche des autres lésions de NEM2 . Quel que soit le génotype, le
cancer médullaire est observé dans 100 % des cas et fait le pronostic de la maladie, mais sa précocité et son
agressivité varient suivant la mutation en cause. Les autres atteintes possibles sont un phéochromocytome,
une hyperparathyroïdie, très rarement un syndrome malformatif (NEM2B). Les trois formes principales sont
présentées dans le tableau 12.2 ;
• d’autre part, à organiser une enquête familiale chez les apparentés, qui sera réalisée dans le cadre
d’une consultation d’oncogénétique. La découverte d’une mutation chez un apparenté peut conduire
à la réalisation d’une thyroïdectomie prophylactique à un âge dépendant du type de mutation (relation
génotype-phénotype).
C
Tableau 12.2. Phénotype des néoplasies endocriniennes multiples de type 2.
NEM2A (60 %) Cancer médullaire thyroïdien 100 %
Phéochromocytome 60 %
Hyperparathyroïdie 5–20 %
NEM2B (5 %) Cancer médullaire thyroïdien précoce et de mauvais pronostic 100 %
Phéochromocytome 50 %
Morphotype marfanoïde
Neuromes sous-muqueux
Ganglioneuromatose digestive
FMTC (35 %) Cancer médullaire thyroïdien isolé 100 %
Survenue plus tardive
FMTC, Familial Medullary Thyroïd Carcinoma. Ces formes sont volontiers associées à des hyperplasies des cellules C et/ou à des
lésions plurifocales, mais ceci n’est pas constant.
(Source : CEEDMM, 2021.)
Connaissances
clés
Points
• Les cancers thyroïdiens ont un bon pronostic d’ensemble.
• Il s’agit le plus souvent de cancers bien différenciés de type papillaire.
• Les cancers anaplasiques sont rares mais de très mauvais pronostic.
• Les cancers médullaires sont familiaux dans 30 % des cas, pouvant s’intégrer dans une NEM2.
• La prise en charge dépend du type histologique et doit être discutée en réunion de concertation pluri-
disciplinaire (RCP) dès le diagnostic de certitude établi.
178