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ANALYSE DE LA RENTABILITE

ET CHOIX DES
INVESTISSEMENTS

EKPO Kossi Dieudonné


GNON-TCHA-TCHEDRE zakiratou
TCHAGNAOU Azad A. Hakim
SOMMAIRE

• I- Introduction
• II- Notion d’ investissement
• III-Etude d’un projet d’investissement
I-INTRODUCTION

« Ne pas investir, c’est la mort lente, mal investir, c’est la mort rapide. » Octave
GÉLINIER
La naissance d’une entreprise s’opère autour d’un ou de plusieurs projets que les
promoteurs jugent rentables. Durant la vie de l’entreprise, cette dernière fait des
investissements. Avant de décider de lancer un projet, les décideurs de l’entreprise
évaluent la rentabilité du projet car les investisseurs sont attachés à la rentabilité
de leurs investissements. Il est donc primordial, avant d’engager des fonds dans
un projet, de juger de la rentabilité de ce projet : il s’agit de l’étude du projet
d’investissement.
II-NOTION D'INVESTISSEMENT

<< L’investissement est l'acquisition d'un bien susceptible d'apporter des bénéfices aux initiateurs
ou aux bénéficiaires dans un délai donné.>>
L’investissement sur le plan comptable est tout simplement une acquisition inscrite à l’actif du bilan
de l’entreprise
Un investissement, au sens financier du terme, représente un engagement d’argent, le plus souvent
ponctuel, en échange d’une espérance de revenus (cash-flows) futurs
Pour le financier, l’investissement est donc l’utilisation des ressources pour conduire une activité
afin de générer des flux de recettes. C’est donc une dépense qui est réalisée dans l’espoir d’en
retirer un profit futur. L’investissement se caractérise donc pour le financier par des variables
comme : la dépense initiale ou immédiate (I0), les cash-flows nets (CFt), la durée de vie de
l’investissement (n), la valeur résiduelle de l’investissement à la fin du projet (R), et le coût des
ressources ou le taux d’actualisation (i).
III-ETUDE D’UN PROJET
D’INVESTISSEMENT

 Identification et analyse sommaire du projet


L’identification du projet d’investissement est la première étape de l’étude du projet d’investissement. C’est la
découverte d’une opportunité d’affaires et l’analyse sommaire de cette opportunité. Elle permet de préciser les
contours du projet. Elle permet d’éclaircir les aspects suivants :
‒ Quel est le problème que l’on veut résoudre par le projet ?
‒ Quel est le projet d’investissement pour résoudre ce problème ?
‒ La solution proposée (l’investissement) est-elle adaptée au contexte des bénéficiaires et est-elle acceptée par
ces derniers ?
Il s’agit de s’assurer de façon méthodique qu’il existe un besoin et que l’offre rencontrera une demande avant
même de se lancer dans l’étude de marché.
L’identification du projet va donc du constat du problème au choix de la stratégie en passant par le diagnostic de
ce projet d’investissement.
 Découverte du problème : lors d’un échange, à travers l’observation de son
milieu de vie, lors d’une visite dans un milieu ou de l’observation de la
concurrence, etc., un problème peut retenir votre attention. L’idée de trouver
une solution à ce problème peut vous préoccuper. C’est la découverte d’un
problème. Il faut alors faire un diagnostic approfondi du problème afin de
mieux cerner le problème et envisager les solutions.
 Diagnostic et analyse des problèmes : il faut analyser le contexte et établir le
cadre logique du problème. L’analyse des problèmes consiste à rechercher les
causes des problèmes constatés, à envisager les conséquences et d’en
rechercher les solutions possibles.
 Précision des contours du projet : il s’agit après analyse du problème de
préciser l’objectif de votre projet d’investissement et de déduire concrètement
en quoi consiste votre projet d’investissement.
 Analyse de la qualité du projet : il s’agit d’analyser brièvement le projet pour
s’assurer qu’il pourra être réalisée. Il faut toujours avoir en tête les qualités
d’un bon projet d’investissement :
o Pertinence : le projet constitue-t-il une solution à un problème réel ressenti par la
population ou la clientèle ? Le produit proposé répond-il au besoin exprimé par la
clientèle ?
o Cohérence : l’offre doit s’inscrire dans le contexte socio-culturel des bénéficiaires et
tenir compte du contexte socio-politique et des pratiques administratives (cohérence
externe). L’offre concoure-t-elle effectivement à la satisfaction du besoin exprimé
(cohérence interne) ?
o Faisabilité : il s’agit de prendre en compte les moyens devant entrer la production et la
capacité des populations à acquérir le bien proposé. Il faut donc tenir compte de
l’existence des moyens financiers, matériels et humains pour réaliser la production et
du pouvoir d’achat des populations pour s’offrir le produit (donc la possibilité pour
l’entreprise d’écouler le produit).
 Montage d’un projet d’investissement et analyse de la faisabilité
 L’étude technique
Le dossier technique consiste à analyser et préciser la faisabilité technique de
l’investissement. Il faut préciser :
o Les spécifications techniques du produit ;
o Analyse du processus de production et inventaire des moyens (compétences et moyens
matériels, les immobilisations incorporelles) nécessaires pour la production ;
o Les contraintes techniques (accès aux inputs, à la main d’oeuvre, etc.) qui peuvent
survenir ;
o Analyse de la capacité de production.

 L’étude commerciale
Il s’agit fondamentalement de l’analyse de la demande et de ses déterminants. Il s’agit
fondamentalement de l’analyse :
o De l’environnement : contexte socio-économique, culturel et politique du milieu dans lequel
s’implante le projet, le niveau de vie (pouvoir d’achat) de la population, etc.
o Du marché : analyse quantitative et qualitative du marché potentiel et du marché cible.
o De l’offre et de la concurrence : analyser la disponibilité de produits substituts, analyser
l’offre de la concurrence, la politique commerciale (prix, produit, communication et
distribution) et les forces et faiblesses des concurrents.
‒ Préférences de la clientèle : il faut analyser les préférences de la clientèle en termes de
présentation du produit, du mode de distribution, de service après-vente ou de la politique de
prix entre autres pour mieux se positionner sur le marché.
‒ De la politique commerciale (prix et tarification, présentation du produit, canal et mode de
distribution, politique de communication) : il faut analyser les options de politique
commerciale à mettre en œuvre conformément à l’environnement de l’entreprise.
‒ Estimation des ventes : après l’estimation de la part de marché, il faut estimer les ventes
prévisionnelles qui en découlent.
 Le dossier financier
Le dossier financier a pour objectif d’analyser la rentabilité financière du projet.
Il s’agit principalement de faire :
‒ Le détail des investissements et estimer les coûts correspondants ; ‒ L’estimation des
charges d’exploitation ;
‒ L’analyse des sources de financement et arrêter le plan de financement ; ‒ L’estimation du
chiffre d’affaires ;
‒ L’analyse de la rentabilité financière du projet d’investissement (les éléments d’analyse de la
rentabilité financière des investissements seront exposés ultérieurement).
Il est conseillé de faire une estimation rigoureuse des coûts et des produits de sorte à ne pas
surévaluer les produits et/ou sous-évaluer les coûts risque de surévaluer la rentabilité
financière du projet.
 Le dossier juridique
Il faut analyser et préciser la forme juridique du projet. Le projet va-t-il s’insérer
dans le patrimoine de l’entreprise ? ou va-t-il être autonome ? S’il s’agit de la
naissance d’une structure nouvelle quelle sera sa forme juridique et le mode de
financement ?
 Analyse des risques
Il s’agit de faire la cartographie des risques inhérents au projet d’investissement,
de les évaluer et de décider la mise en œuvre ou non du projet conformément au
niveau des risques et de leur gestion en cas de mise en œuvre.
 Analyse de la rentabilité et choix des investissements
Quoi qu’il en soit, avant de prendre toute décision d’investissement, l’on compare
le montant à investir (dépenses) aux recettes résultantes de cet investissement.
Souvent aussi nous avons plusieurs projets et il faut trouver lequel est plus
avantageux. La décision d’investissement est une décision très délicate pour le
fait qu’elle détermine la survie de l’entreprise. Il en est ainsi pour la simple raison
que l’investissement est un choix irréversible et que les flux nets inhérents à
l’investissement déterminent la trésorerie, les résultats (performances) et ainsi
l’avenir de l’entreprise. Cette partie nous offre quelques outils d’évaluation de la
rentabilité afin d’opérer des choix des investissements judicieux. Les critères sont
nombreux : certains sont des critères d’éligibilité, c’est-à-dire de savoir si le
projet est rentable ou non ; d’autres sont des critères de comparaison ou de
classement qui permettent de choisir le meilleur dans la liste de plusieurs
investissements.
Plusieurs critères sont utilisés suivant les cas et l’état de l’environnement. Si l’on
considère que les conséquences des actions envisageables sont connues de manière
certaine, on parle de décision en univers certain. Sinon, on distingue trois cas :
‒ Les états de l’environnement qui affectent les conséquences du projet sont connus
et probabilisables de manière objective : on parle de décision en univers risqué ;
‒ Les états de l’environnement sont connus mais non probabilisables objectivement ;
cela signifie que l’on ne connaît pas leur probabilité d’occurrence mais on peut
l’estimer de manière subjective en demandant par exemple l’avis d’experts. Dans ce
cas, on parle de décision en univers incertain. On dit qu’il y a « un risque sur le
risque » ;
‒ Enfin, les états de l’environnement sont inconnus et non probabilisables ; on parle
de décision dans l’ignorance. C’est dans ce cas, la précaution est de mise et l’on fait
appel au principe de précaution. De manière général en termes de critères de choix
des investissements, l’on parle de critères en environnement certain et de critères en
environnement incertain ou aléatoire.
 Les principaux critères de sélection des projets en univers certain
Lorsque l’on parle de décision en univers certain, on étudie les conséquences des
projets dans le cadre d’un scénario unique, le plus probable à nos yeux. Avec les
hypothèses de ce scénario, les conséquences sont certaines, mais il y a un risque quant
à la réalisation d’un tel scénario car en réalité, il est inexact de prétendre connaître de
manière certaine les conséquences d’un projet puisque celles-ci concernent le futur,
par nature inconnu. Plusieurs logiques déterminent le choix des investissements pour
les entreprises. Il y a à la fois la rentabilité et le risque lié au projet. Au niveau de la
rentabilité, on peut s’intéresser à la rentabilité absolue (jugement par rapport à la
valeur actualisée nette) ou à la rentabilité relative (indice de profitabilité). Pour
certaines entreprises et surtout si l’économie évolue dans un environnement incertain,
il est préférable d’amortir très tôt les investissements engagés (délai de récupération).
Les réalités des entreprises étant différentes, chacune privilégiera l’un ou l’autre des
critères de choix. Bien entendu, chacun de ces critères présente des limites.
 Le taux moyen de rentabilité (TMR)
Ce critère répond au principe de compensation et donne une note sous la forme
d’un ratio exprimé en pourcentage. C’est le rapport du revenu annuel moyen
généré par l’investissement au montant moyen des capitaux investis dans le
projet.
𝑥 100
La prise de décision à l’aide de ce critère implique la définition d’un seuil pour
l’entreprise. Ce seuil peut être fixé de deux manières :
‒ Soit en utilisant le taux moyen de rentabilité de l’entreprise calculé sur la base
des investissements passés ;
‒ Soit en fixant un seuil basé sur un objectif de rendement futur à atteindre. On
compare ainsi ce seuil retenu au taux moyen de rentabilité. Si ce dernier est
supérieur au seuil, on retient le projet ; autrement le projet est rejeté.
Ce critère est aussi un critère de classement de projets. Si l’entreprise a plusieurs
projets, elle retiendra celui dont le taux moyen de rentabilité est le plus élevé. Ce
critère présente l’avantage considérable de par sa simplicité cependant il présente
plusieurs inconvénients :
• • Il ne tient pas compte de l’échéancier des flux financiers. En effet, deux
projets peuvent avoir le même taux moyen de rentabilité alors que l’échéancier
des flux est plus favorable pour l’un des deux. Il est donc préférable d’utiliser
ce critère pour comparer des investissements de montants initiaux proches.
• • Il ne tient pas également compte de la valeur de l’argent dans le temps. Elle
utilise des moyennes sans actualiser, elle ignore donc la valeur temporelle de
l’argent. Comme on le tient souvent, un franc aujourd’hui n’est égal pas à un
franc demain. Donc plus la durée de vie du projet est longue plus le critère
introduit un biais. Ce critère est par conséquent mieux adapté aux projets de
durée de vie courte.
• • Le choix du seuil de comparaison : se référer au passé n’est pas un critère très
objectif. De même se fixer un objectif de rentabilité à atteindre est arbitraire.
On peut ainsi abandonner certains projets rentables si l’objectif est trop
ambitieux.
 Le critère de la Valeur Actuelle Nette (VAN)
La valeur actualisée nette mesure l’avantage absolu susceptible d’un retiré d’un
investissement. Elle mesure la création nette de valeur, après remboursement de
l’investissement initial et rémunération des apporteurs de fonds. Elle est égale à la
valeur actualisée, au taux i, à la date de l’investissement, de tous les flux nets de
trésorerie qui vont être dégagés ou engagés, pendant la durée du projet, sous
déduction de l’investissement initial
Le taux d’actualisation i à retenir est le coût du capital du projet. Il représente la
rentabilité minimale qui est exigée du projet, compte tenu du risque de ce dernier.
Pour décider, un projet ne sera réalisé que lorsque sa valeur actualisée nette est
positive. Lorsque l’entreprise est amenée à choir entre plusieurs projets qui ont
des VAN positives, il faut choisir celui qui a la VAN la plus élevée. Il faut
cependant remarquer qu’il n’est pas judicieux de comparer deux projets dont les
investissements et la durée de vie sont très différents. On ne saurait attendre d’un
investissement de quelques milliers de francs le même résultat absolu qu’un
investissement de plusieurs millions de francs. Pour tenir compte de cette limite
de la valeur actualisée nette pour juger de la rentabilité de projets mutuellement
exclusifs avec des investissements initiaux très différents, on utilise un autre
critère : celui de l’indice de profitabilité.
 Le critère de l’Indice de Profitabilité (IP)
L’indice de profitabilité mesure l’avantage relatif d’un investissement. Il donne le
gain pour un franc de capital investi.
Ici, un projet est rentable que lorsque l’indice de profitabilité est supérieur à 1
c’est-à-dire lorsqu’un franc investi génère des flux nets d’une valeur supérieure à
1 franc. Pour plusieurs projets, on choisira celui qui a le plus grand indice de
profitabilité.
 Le critère du délai de récupération (DR) ou pay-back
Le délai de récupération est le temps au bout duquel le montant cumulé des cash-
flows actualisés compense le capital investi. La détermination du délai de
récupération revient à résoudre l’équation VAN (t)=0.
Le projet à retenir est celui dont le DR est le plus faible, c’est-à-dire celui qui
permet de récupérer le plus rapidement son investissement. Ce critère de choix
d’investissement est important pour les petites et moyennes entreprises qui ont un
besoin pressant de la liquidité. L’usage de ce critère repose sur le risque lié à
l’incertitude.
Plus l’on s’avance dans le futur plus l’incertitude devient grande et le risque
élevé. Les personnes averses au risque accordent donc une attention particulière à
ce critère. Pour un investissement indépendant, l’entreprise fixe un délai maximal
de récupération des fonds et tout projet ayant un DR supérieur est rejeté.
Lorsqu’il s’agit de sélectionner un investissement parmi plusieurs projets,
l’entreprise choisit celui qui présente le délai de récupération le plus court.
Mais c’est fondamentalement un mauvais critère car il ne prend pas en compte les
flux qui vont apparaître au-delà de ce délai. Il s’agit donc avant tout d’un critère
de liquidité (rapidité à récupérer de la trésorerie), et non de rentabilité comme la
VAN.
 Le critère du Taux de Rendement Interne (TRI ou TIR)
Le taux interne de rentabilité est le taux d’actualisation qui permet d’équivaloir
l’investissement initial au cumul des cash-flows actualisés. C’est donc le taux
d’actualisation qui annule la valeur actuelle nette.
Le projet est rejeté si le TIR est inférieur au taux de rentabilité minimum exigé
par l’entreprise c’est-à-dire au coût minimum des ressources. Etant donné que la
valeur actualisée nette est une fonction décroissante du taux de rentabilité, la
VAN est donc négative pour des valeurs supérieures au TIR et positive pour des
valeurs inférieures au TIR.
Généralement, on compare également au TIR de référence du secteur d’activités
du projet objet d’étude. Cela suppose donc qu’il faut estimer le TIR empirique du
secteur d’activités.
Pour plusieurs projets, on retient celui dont le TIR est le plus élevé. En effet, plus
le TIR est élevé, plus il y a de chance que le coût minimum des ressources soit en
dessous.
Il faut cependant noter que le TIR a aussi des inconvénients : lorsque le signe des
flux de trésorerie du projet change plus d’une fois, la résolution du système
d’équations peut être impossible ou conduire à l’obtention de plusieurs TIR, ce
qui n’a pas de sens économique.
 Les autres critères
Les critères de la VAN et du TRI reposent sur des définitions simples et ne
présentent, à première vue, pas de difficultés d’application particulières. En fait,
ce n’est pas tout à fait le cas. Il arrive parfois que malgré la proximité de leur
définition, l’application du critère de la VAN et du critère du TRI ne conduise pas
à la même décision lors de la comparaison de deux projets alternatifs. Ce qui
mathématiquement n’a pas de sens. Lorsqu’il en est ainsi la théorie
microéconomique nous aide à choisir : on doit maximiser la satisfaction des
actionnaires, il faut donc maximiser la VAN plutôt que de choisir le TRI.
L’autre problème inhérent à l’utilisation des deux critères précédents c’est que
nous avons fait l’hypothèse simple du non-réinvestissement des flux nets générés
par le projet. On peut réinvestir ou placer les cashflows générés jusqu’au terme du
projet. Dans ce cas on capitalise les cash-flows au taux de réinvestissement avant
d’actualiser : on parlera ainsi de VAN intégrée, de TRI intégré ou d’lP intégré. Par
exemple pour le critère de la VAN
 La problématique de l’évaluation des différentes variables
Dans l’analyse de la rentabilité des investissements, les variables cash-flows,
taux d’actualisation doivent être analysées avec beaucoup de précaution. D’abord
les cash-flows sont des flux à réaliser dans l’avenir donc il faut les estimer. Il faut
donc trouver une bonne méthode d’estimation pour ne pas surtout surévaluer les
entrées et sous-évaluer les sorties, ce qui conduirait à surévaluer les bénéfices. Un
projet non rentable peut donc être jugé rentable alors qu’en réalité il ne l’est pas.
En ce qui concerne le taux d’actualisation, il est censé représenter le coût du
capital investi. Il faut donc déterminer également ce dernier. L’investissement par
essence est une opération risquée pour la simple raison qu’elle fait intervenir des
flux futurs et dans un environnement incertain il est très difficile d’évaluer ces
flux et le risque inhérent.
Comme conséquences, les critères de décision changent donc en environnement
risqué et incertain. Certains critères essayent de prendre en compte le risque dans
l’évaluation des flux.
 Les critères de sélection en univers risqué ou incertain
Les choses n’arrivent jamais ni comme on les craint, ni comme on les espère. Si
l’on se réfère à ce proverbe, l’investissement relève plus de l’incertain que du
certain. En univers incertain, il est difficile de déterminer la rentabilité d’un projet
et encore plus compliqué de choisir le meilleur projet dans une liste de projets
disponibles.
En environnement certain, on considère que les flux générés par le projet sont
connus et uniques. Or compte tenu des risques qui pèsent sur le futur, l’évolution
de l’environnement du projet est inconnue a priori et il convient de considérer
différents scénarios. Généralement et par souci de simplification, l’on émet
l’hypothèse que le risque pèse uniquement sur les cash-flows pendant la période
d’exploitation (fluctuation de la demande et des prix et donc des recettes,
variabilité des charges).
L’on considère ainsi que le montant de l’investissement réalisé au début du projet
est connu de façon certaine ; la durée de vie projet et le taux d’actualisation sont
également connus de façon certaine.
Certaines règles de choix sont disponibles dans ce cas de figures pour aider à la
prise de décision. Pour un même projet des critères différents peuvent, comme
dans le cas des critères en environnement certain, conduire à des conclusions
contradictoires. Il faut alors choisir les critères de jugement suivant les objectifs
poursuivis et le contexte.
En univers risqué, l’on utilise les outils comme : le critère de Pascal, le critère de
Markowitz, le critère de Bernoulli, la méthode de l’équivalent1 certain, la
méthode du taux d’actualisation risqué, etc. En univers incertain, l’on fait
généralement usage : du critère de Laplace, du critère de Bernoulli, du critère de
Wald ou Maximin, du critère du Maximax, du critère de Hurwicz ou du critère de
Savage ou Minimax.
Dans la suite de ce chapitre nous présenterons quelques critères principalement
ceux utilisés en environnement incertain.
 Le critère de Pascal
Le principe est la maximisation de l’espérance mathématique. On calcule pour
chaque projet l’espérance mathématique et on choisit celui qui a l’espérance
mathématique la plus élevée.
 Les critères de Markowitz
Originellement, le critère de Markowitz (1952) est utilisé pour arbitrer entre
plusieurs titres ou portefeuilles financiers. La volatilité du titre (dispersion des
cours ou des rendements du titre) donne une information sur le risque y afférent.
L’écart-type est un indicateur de cette dispersion.
Les investisseurs préfèrent les titres les plus rentables qui ont un risque moindre.
Pour le premier critère de choix, l’on choisira le titre qui a la plus grande
espérance mathématique et le plus faible écart-type.
La limite de ce premier critère est qu’il ne tient pas compte du fait qu’un fort
écart-type puisse être compensé par une forte espérance mathématique. Si ce
premier critère ne permet pas de choisir, l’on utilise le second critère qui
privilégie le titre qui a la plus grande espérance par unité d’écart-type.
 Les méthodes d’équivalent certain et du taux d’actualisation risqué
Pour la méthode de l’équivalent certain, pour chaque année, l’on détermine
l’équivalent certain de la « loterie » des cash-flows nets conditionnés par les
scénarios.
En pratique on détermine, un coefficient d’ajustement (α < 1 et qui est plus petit
quand l’aversion du décideur face au risque est forte) qui est appliqué à
l’espérance mathématique des cash-flows conditionnels pour déterminer
l’équivalent certain des cash-flows pour l’année considéré. L’on détermine
ensuite la valeur actuelle nette en actualisant les équivalents certains au taux
d’actualisation sans risque.
L’on traite ainsi de façon séparée la prise en compte du risque et la prise en
compte du temps. En ce qui concerne la méthode du taux d’actualisation risqué,
l’on utilise le taux d’actualisation risqué dans le calcul de la VAN. Ce taux
d’actualisation est le taux d’actualisation sans risque augmenté de la prime de
risque.
Cette méthode sous-entend que le risque augmente avec le temps. Une fois ce
taux déterminé, il sert à actualiser les espérances mathématiques des cash-flows
nets pour la détermination de la VAN. Les deux méthodes conduisent au même
résultat lorsque le risque est corrélé au taux, autrement la méthode du taux
d’actualisation risqué introduit un biais.
 Le critère de Laplace
Le principe ici est la maximisation de la moyenne des performances. On calcule
pour chaque projet la moyenne des performances conditionnelles et on choisit
celui qui fournit la moyenne la plus élevée. Ici l’on ne connaissant pas la
probabilité liée à chaque scénario, en faisant la moyenne on affecte la même
probabilité à chaque scénario.
C’est l’équivalent du critère de Pascal en environnement risqué où l’on connait
bien la probabilité associée à chaque scénario.
 Le critère de Bernoulli
Pour ce critère, l’on maximise la moyenne du logarithme népérien des
performances. On calcule pour chaque projet la moyenne de l’utilité des
performances conditionnelles, l’utilité étant définie par la fonction logarithme
népérien.
En univers incertain, le critère de Bernoulli est donc fondé sur l’hypothèse
d’équiprobabilité des états de l’environnement possibles. On choisit le projet
ayant la moyenne la plus élevé.
 Le critère de Wald ou Maximin
On maximise la performance la plus faible. Le critère de Wald est un critère «
pessimiste » ou « prudent » qui limite le risque. C’est le critère que privilégient
les personnes averses au risque.
Pour chaque action, on considère la pire des situations (gain min). Puis on retient
l’action la moins pire, c’est-à-dire qui maximise le minimum des gains.
 Le critère du Maximax
Avec ce critère on maximise la plus grande performance. On considère pour
chaque action le cas le plus favorable (gain max) et on retient l’action qui assure
le plus grand gain max.
Il s’agit ici de l’attitude d’une personne optimiste et risquo-phile. Ce critère est
optimiste puisqu’il laisse espérer le profit maximum.
Mais il peut être assorti du risque maximum car il ne tient pas compte des pertes
éventuelles associées au projet dans le cadre des autres scénarios
 Le critère de Hurwicz
Dans ce cas l’on maximise une somme pondérée de la meilleure et de la plus
mauvaise performance. On définit un degré de pessimisme (α) et un degré
d’optimisme (1 – α) puis, pour chaque stratégie, on sélectionne le pire et le
meilleur résultat.
On calcule ensuite une combinaison linéaire de ces performances en pondérant la
pire par α et la meilleure par (1 – α). Le critère de Hurwicz consiste alors à
maximiser cette combinaison linéaire.
Pour α = 0 (décideur très optimiste), on retrouve le critère du Maximax et pour α
= 1 (décideur très pessimiste), le critère du Maximin (Wald). On retient le projet
qui a la moyenne pondérée la plus élevée.
 Le critère de Savage ou Minimax
Le critère de Savage consiste à minimiser le regret maximal que pourrait
entraîner un mauvais choix.
Ce critère repose sur la notion de regret. Le regret ou manque à gagner mesure la
différence entre ce que l’on aurait pu obtenir si l’on avait su quel état se
réaliserait et ce que l’on obtient effectivement.
On retient l’action dont le regret max est le plus faible possible. Pour chaque
scénario, le regret est la différence entre la performance maximale pouvant être
obtenue et celle qui est obtenue pour ce même scénario compte tenu de la
décision retenue.

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