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Tunisie Medicale

Criminalité chez le jeune adulte : A propos de 97 cas


d’expertise psychiatrique pénale.

Journal : La Tunisie Médicale


Manuscript ID : TUNISMED-2016-0499
Type : ARTICLES ORIGINAUX
Date de soumission : 28/08/2016
Auteurs : Feki Ines :Service de psychiatrie
“A”, CHU Hédi CHAKER – 3029
- SFAX – TUNISIE / faculte de
medecine de sfax ,
Zouari Lobna :Service de
psychiatrie “C”, CHU Hédi
CHAKER – 3029 - SFAX –
TUNISIE / faculte de medecine
de sfax ,
Omri Sana :Service de
psychiatrie “C”, CHU Hédi
CHAKER – 3029 - SFAX –
TUNISIE / faculte de medecine
de sfax,
Gassara Imen :Service de
psychiatrie “C”, CHU Hédi
CHAKER – 3029 - SFAX –
TUNISIE / faculte de medecine
de sfax,

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Maalej Manel :Service de


psychiatrie “C”, CHU Hédi
CHAKER – 3029 - SFAX –
TUNISIE / faculte de medecine
de sfax,
Maalej Manel :Service de
psychiatrie “C”, CHU Hédi
CHAKER – 3029 - SFAX –
TUNISIE / faculte de medecine
de sfax,
Charfi Nada :Service de
psychiatrie “C”, CHU Hédi
CHAKER – 3029 - SFAX –
TUNISIE / faculte de medecine
de sfax,
Ben Thabet Jihen :Service de
psychiatrie “C”, CHU Hédi
CHAKER – 3029 - SFAX –
TUNISIE / faculte de medecine
de sfax,
Zouari Nasreddine :Service de
psychiatrie “C”, CHU Hédi
CHAKER – 3029 - SFAX –
TUNISIE / faculte de medecine
de sfax ,
Maalej mohamed :Service de
psychiatrie “C”, CHU Hédi
CHAKER – 3029 - SFAX –
TUNISIE / faculte de medecine
de sfax,

Mot clés Adolescent, jeune adulte, Crime,


Droit pénal, Expertise,
Psychiatrie légale, Troubles
mentaux.

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L’auteur correspondant confirme aux noms des co auteurs que :

- Tous les auteurs ont contribué à la préparation du manuscrit et sont au courant de


son contenu.
- Ce manuscrit n’a pas été publié ou en cours de soumission dans un autre journal.
- Il n’y a aucun conflit d’intérêt pour chaque auteur avec le contenu du manuscrit.
- En cas d’acceptation pour publication, les auteurs doivent transférer le copyright du
manuscrit au journal.

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Lettre de motivation

Cher maitre

Merci de bien vouloir accepter pour publication dans votre journal cet article
intitulé "criminalité chez le jeune adulte:97 cas d'expertise psychaitrique
pénale".

Tout en restant à votre disposition pour toute information ou éventuelle


correction, veuillez accepter mes salutations les plus sincères

Dr Imen Gassara

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Résumé

Pré-requis

L’adolescence comme problématique psychopathologique est de plus en


plus décrite dans la littérature scientifique actuelle, dans les revues et
ouvrages de psychologie ou d’éducation en particulier.

But

Cet article se propose de dresser le profil du jeune adulte délinquant.


Matériels et méthodes

Notre étude était de type rétrospectif. Elle a porté sur les dossiers de sujets,
âgés entre 16 ans et 20 ans révolus, examinés dans le cadre d’expertises
psychiatriques en droit pénal.

Résultats

L’échantillon se composait de 97 sujets. Nous avons trouvé que l’inculpé


adressé pour expertise était, dans la majorité des cas de sexe masculin,
célibataire, sans qualification professionnelle et n’avait pas dépassé le
niveau des études primaires. Il avait des antécédents psychiatriques et des
antécédents judiciaires dans presque le un tiers des cas. Les principales
infractions étaient : homicide ou tentative d’homicide (25,7 %), coups et
blessures (11,3 %), vol (36,1 %), délits sexuels (7,3 %). Sur le plan
nosographique, 49,5 % avaient une personnalité antisociale, 11,3 %
souffraient de schizophrénie et 24,7 % de retard mental. La démence au
sens légal a été retenue pour 29,9 %.

Conclusion

Au terme de notre étude, nous posons le problème de la prophylaxie de la


délinquance chez les jeunes. En général, ce terme englobe les précautions
à prendre pour empêcher les maladies et les troubles psychiques ; mais les
problèmes de santé mentale ne constituent qu’une partie du grand chapitre
de l’inadaptation, qui prépare la déviance et parfois la délinquance.

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5 TITRE EN FRANÇAIS : Criminalité chez le jeune adulte : A propos de
6
7 97 cas d’expertise psychiatrique pénale.
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TITRE EN ANGLAIS : Criminality among young adult : About 97
10 cases of Forensic Psychiatric Expertise
11
12 TITRE COURT : Criminalité chez le jeune adulte
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14
15
16 Auteurs : I Feki**, L Zouari*, S Omri*, I Gassara*, M Maalej*, N
17
18 Charfi*, J Ben Thabet*, N Zouari* , M Maâlej*.
19
20 (*) Service de psychiatrie “C”, CHU Hédi CHAKER – 3029 - SFAX –
21
22 TUNISIE
23
24 (**) Service de psychiatrie “A”, CHU Hédi CHAKER – 3029 - SFAX –
25
26 TUNISIE
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30
ADRESSE DE CORRESPONDANCE :
31 Docteur Imen Gassara : Service de psychiatrie « C », CHU Hédi
32
33 Chaker, route El Aïn km 1 ; 3029 Sfax - Tunisie.
34
35 Tel : 94731941
36
37 E-mail : imengassara@gmail.com
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40 Conflit d’intérêts : aucun
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6 Résumé :
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Pré-requis
8
9 L’adolescence comme problématique psychopathologique est de plus en
10 plus décrite dans la littérature scientifique actuelle, dans les revues et
11
12 ouvrages de psychologie ou d’éducation en particulier.
13 But
14
15
Cet article se propose de dresser le profil du jeune adulte délinquant.
16 Matériels et méthodes
17 Notre étude était de type rétrospectif. Elle a porté sur les dossiers de
18
19 sujets, âgés entre 16 ans et 20 ans révolus, examinés dans le cadre
20 d’expertises psychiatriques en droit pénal.
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22
Résultats
23 L’échantillon se composait de 97 sujets. Nous avons trouvé que l’inculpé
24 adressé pour expertise était, dans la majorité des cas de sexe masculin,
25
26 célibataire, sans qualification professionnelle et n’avait pas dépassé le
27 niveau des études primaires. Il avait des antécédents psychiatriques et des
28
29 antécédents judiciaires dans presque le un tiers des cas. Les principales
30 infractions étaient : homicide ou tentative d’homicide (25,7 %), coups et
31
blessures (11,3 %), vol (36,1 %), délits sexuels (7,3 %). Sur le plan
32
33 nosographique, 49,5 % avaient une personnalité antisociale, 11,3 %
34 souffraient de schizophrénie et 24,7 % de retard mental. La démence au
35
36 sens légal a été retenue pour 29,9 %.
37 Conclusion
38
39
Au terme de notre étude, nous posons le problème de la prophylaxie de la
40 délinquance chez les jeunes. En général, ce terme englobe les précautions
41 à prendre pour empêcher les maladies et les troubles psychiques ; mais
42
43 les problèmes de santé mentale ne constituent qu’une partie du grand
44 chapitre de l’inadaptation, qui prépare la déviance et parfois la
45
46
délinquance.
47
48 Mot-clés : Adolescent, jeune adulte, Crime, Droit pénal, Expertise,
49
50 Psychiatrie légale, Troubles mentaux.
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Abstract :
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5 Background
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7 Adolescence as psychopathological problem is increasingly described in
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the current scientific literature in journals and psychology literature or
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12 education in particular.
13
14 Aim
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This article aims to raise the profile of the criminal young adult .
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19 Methods
20
21 Our study was retrospective kind. It covered topics folders, aged between
22
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16 and 20 years old, examined in the context of psychiatric expertise in
24
25
26 criminal law.
27
28 Results
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30
We found that the defendants who were examined by forensic psychiatric
31
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33 experts were, in most cases, male, single, without professional
34
35 qualifications and did not exceed primary level education. They had
36
37
38 psychiatric records and legal antecedents in almost half of cases. The
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40 main offenses were: homicides or homicide attempts (25.7%), assaults
41
42
43 and injuries (11.3%), theft (36.1%) and sexual offenses (7.3%).
44
45 Concerning the diagnosis, 49.5% had an antisocial personality disorder,
46
47
48 11.3% suffered from schizophrenia and 24.7 % had mental retardation.
49
50 Lunacy was observed in 29.9% of the cases.
51
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Conclusion
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55 At the end of our study, we set the problem of prevention of juvenile
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delinquency. In general, this term includes the precautions to be taken to
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5 prevent the diseases and the mental health disorders; By this, we mean
6 social educational and politic measures to prevent crime. It is a legitimate
7
8 prevention of the behaviors deviating in the children, the teenagers and
9 even the adults.
10
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12 Keywords:
13 Teen, Young adult, Crime, Criminal law, Expertise, Forensic psychiatry,
14
15 mental disorders.
16
17
18
INTRODUCTION
19 La criminalité en général et, plus particulièrement, la criminalité chez les
20 jeunes suscite de plus en plus de crainte (1). Les publications spécialisées
21
22 tout comme la presse et les médias nous offrent périodiquement des
23 débats sur la criminalité avec violence chez cette population dans les
24
25 contextes situationnels les plus diversifiés (2). La violence des jeunes est
26 devenue ainsi, depuis quelques décennies un problème de santé publique
27
(3).
28
29 La quête d'identité, la recherche d'indépendance, les conflits familiaux et
30 personnels qui dominent l'adolescence sont propices à la commission de
31
32 délits comme expression des difficultés de cette période de vie et comme
33 exploration des limites morales et sociales (4).
34
35
L’objectif de notre étude était de dresser le profil du jeune
36 délinquant et de mettre en exergue la spécificité de la délinquance chez
37 l’adulte jeune et ce à travers le bilan d’une activité de dix-huit ans
38
39 d’expertises psychiatriques en droit pénal.
40
41
42
SUJETS ET MÉTHODES
43 Notre étude était de type rétrospectif. Elle a porté sur 97 dossiers
44 de sujets, âgés entre 16 ans et 20 ans révolus, qui ont été examinés, dans
45
46 le cadre d’expertises psychiatriques en droit pénal, au service de
47 psychiatrie « C », au CHU Hédi Chaker à Sfax en Tunisie, entre le 1 er
48
49
janvier 1994 et le 31 décembre 2012.
50 Pour chaque cas, nous avons transcrit sur une fiche les
51 renseignements recueillis à partir des dossiers, concernant des données
52
53 sociodémographiques (âge, sexe, état civil, situation professionnelle,
54 zone de résidence, niveau d'études, contexte familial),
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56 cliniques (antécédents psychiatriques personnels, diagnostic
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5 nosographique selon la classification classique), procédurales (situation
6 de l’inculpé au moment de l’expertise, questions posées à l’expert, délai
7
8 infraction-expertise), criminologiques (antécédents judiciaires
9 personnels, nature des infractions, motifs des infractions) et
10
11
médicolégales (conclusion de l’expertise).
12 La saisie des données et l'analyse statistique ont été réalisées par le
13 logiciel SPSS (version 20). Pour l'étude descriptive, les variables
14
15 qualitatives ont été exprimées en pourcentage, alors que les variables
16 quantitatives ont été exprimées en moyennes avec leurs écarts types.
17
18
RÉSULTATS :
19 Les inculpés jeunes adultes représentaient 13,76 % (97 cas) parmi les
20 sujets examinés (705 cas) dans le cadre des expertises pénales effectuées
21
22 entre le 1er janvier 1994 et le 31 décembre 2012.
23 1. Étude générale de la série
24
25 Dans la série étudiée, le sex-ratio H/F était de 18,4. La moyenne d’âge
26 était de 19 ans 3 mois ± 0,98, avec des extrêmes de 16 et 20 ans. Le taux
27
des célibataires était de 97,9 %. Soixante-quinze pour cent des sujets
28
29 vivaient dans des zones urbaines ou semi-urbaines. Quarante-trois
30 (44,3 %) résidaient dans des quartiers populaires réputés être à haut degré
31
32 de délinquance.
33 Le taux de ceux qui avaient des niveaux d’études primaires, secondaires
34
35
et universitaires représentaient, respectivement, 57,7 %, 37,1 % et 5,2 %
36 des cas. La notion de redoublement scolaire était retrouvée dans 74,2 %
37 des cas.
38
39 Sur le plan professionnel, six étaient lycéens, treize étaient des ouvriers
40 qualifiés et soixante-dix-huit étaient sans qualification professionnelle.
41
42
Une carence affective durant le jeune age a été signalée par 12,4 %, avec
43 un père décrit comme violent dans 16,5 % des cas.
44 Des antécédents de suivi psychiatrique ont été relevés chez 33 %, et
45
46 12,5 % avaient été hospitalisés en psychiatrie au moins une fois.
47 Des antécédents judiciaires ont été retrouvés chez 28,9 %, parmi eux
48
49
63 % avaient été incarcérés auparavant au moins une fois.
50 2. Données criminologiques
51 Au moment de l’expertise, 18,6 % étaient en liberté et 81,4 % étaient en
52
53 détention. Les sujets en détention se distinguaient de façon
54 statistiquement significative de ceux en liberté par plus d’antécédents
55
56 judiciaires (p=0,05).
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5 Le délai infraction-expertise était supérieur à un mois pour 43,3 %, et
6 supérieur à 12 mois pour 18,6 %. Les infractions étaient contre les
7
8 personnes dans 51,5 % des cas et contre les biens dans 39,2 % des cas
9 (tableau I). L’infraction avait été réalisée de façon non préméditée pour
10
11
36,1 % ; son but était l'obtention d'un bénéfice particulier pour 38,1 %, la
12 vengeance pour 11,3 % et sous l’influence de délire dans 3,1 %.
13 3. Données cliniques
14
15 Sur le plan nosographique (tableau II), 49,5 % étaient psychopathes,
16 24,7 % arriérés mentaux et 11,3 % schizophrènes. La schizophrénie était
17
18
de type paranoïde dans 3 cas (27,3 %), héboïdophrénique dans 4 cas
19 (36,3 %), dysthymique dans 1 cas (9,1 %) et hébéphrénique dans 3 cas
20 (27,3 %).
21
22 4. Données médico-légales
23 Le taux de ceux qui ont été considérés en état de démence au sens légal
24
25 au moment des faits était de 29,9 %. Tous les sujets atteints de
26 schizophrénie ou de psychose maniaco-dépressive étaient déclarés
27
déments au sens légal. Quatre psychopathes étaient déclarés déments au
28
29 sens légal, ils avaient tous commis des infractions au cours de
30 l’accomplissement du service national. Douze inculpés atteints de
31
32 débilité mentale étaient déclarés déments au sens légal : la débilité
33 mentale était moyenne pour 11 cas et profonde pour 1 cas.
34
35
36 DISCUSSION :
37 1. Limites de notre étude
38
39 Il nous a paru important d’élucider quelques limites de notre étude avant
40 d’entamer la discussion des résultats. Tout d’abord, notre échantillon
41
42
n’était pas représentatif de la population des jeunes adultes. En fait, il
43 était constitué seulement des inculpés pour lesquels les juges ont vu la
44 nécessité d’un examen psychiatrique. De plus, le mélange de faits de
45
46 délinquance et d'actes criminels (homicides, viols) rend la population très
47 hétérogène et ne permet pas d'en tirer des informations pertinentes.
48
49
Concernant le diagnostic, l’expert de notre étude s’était basé
50 essentiellement sur les données de l’examen psychiatrique et il n’avait
51 pas eu recours aux différentes échelles utilisées couramment en
52
53 criminologie. Enfin, pour le diagnostic, nous nous sommes référés à une
54 seule classification celle classique et nous n’avons pas fait la
55
56 correspondance avec celle américaine.
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5 2. Caractéristiques sociodémographiques
6 Nous avons trouvé que l’inculpé adressé pour expertise était, dans
7
8 la majorité des cas de sexe masculin. Gauthier et al(5) notent que les
9 acteurs des agressions et des violences urbaines sont toujours de jeunes
10
11
mâles de 15 à 25 ans, dont le taux élevé de testostérone, dû à la puberté,
12 explique un comportement d’autant plus violent qu’il est asocial,
13 c’est-à-dire non canalisé par l’éducation ou l’école. Cependant, la
14
15 délinquance des jeunes et des adolescents existe mais elle est peu décrite.
16 Certaines études confirment que les filles sont plus souvent victimes
17
18
qu’auteurs de violences. Les adolescentes commettent peu d’actes
19 criminels graves. De plus, le répertoire de leurs actes répréhensibles ne se
20 limite pas aux violations des lois criminelles. La violation des normes
21
22 morales et sociales, c’est-à-dire la déviance, occupe une place tout aussi
23 importante, sinon plus, dans ce répertoire de la marginalité (6). Dans
24
25 notre étude, on avait une prédominance de citadins. Ceci pourrait être
26 expliqué en partie par le fait que la délinquance et le degré d’urbanisation
27
ou de concentration de population sont intimement liés (7). Le taux de
28
29 ceux qui résidaient dans des quartiers populaires réputés être à haut degré
30 de délinquance était non négligeable (44,3%). En fait, les groupes de
31
32 pairs, agents majeurs de socialisation, constituent dans certaines
33 situations des cadres d’initiation à la petite délinquance (8). Les travaux
34
35
de Le Blanc et Morizot (9) montrent que l'attachement aux pairs est
36 source d'engagement envers ceux-ci, ces deux dimensions
37 s'autoalimentant. De plus, l'impact de l'attachement et de l'engagement
38
39 sur l'activité délinquante est médiatisé par la nature des affiliations. S'il
40 s'agit d'un groupe de pairs conventionnels, l'activité délinquante est rare ;
41
42
par contre, si l'adolescent s'affilie avec des pairs délinquants, ces activités
43 sont alors nombreuses, ceci indépendamment du niveau de délinquance
44 antérieure du jeune.
45
46 Le niveau scolaire des sujets de notre étude était relativement
47 limité avec un taux important de redoublement. L’école semble être un
48
49
domaine peu investi par ces jeunes adultes et leur parcours scolaire est
50 souvent marqué par les échecs, les abandons ou les renvois, un faible
51 engagement dans les activités éducatives et un manque d’intérêt marqué
52
53 pour l’instruction en général (10). De plus, les risques de transgression
54 peuvent être majorés par des carences intellectuelles et éducatives (échec
55
56 scolaire, illettrisme, absentéisme, désengagement scolaire) (11).
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5 L’importance de l’échec scolaire dans les processus de délinquance
6 juvénile est bien décrit : les délinquants enregistrés comme tels ont de
7
8 moins bons résultats, ils s’engagent moins dans les tâches scolaires, ils
9 posent plus de problèmes disciplinaires, ils font plus l’école buissonnière
10
11
(12).
12 Une carence affective durant le jeune âge a été signalée par 12,4 %, avec
13 un père décrit comme violent dans 16,5 % des cas. A ce propos,
14
15 Chopard J-L (13) souligne le rôle des perturbations de la petite enfance,
16 des carences affectives ou de la crise de couple, et la forte corrélation
17
18
entre victimisation et agression retrouvée chez les enfants et les
19 adolescents dans le passage à l’acte. Lamb (14) soutient que le fait
20 d’avoir grandi dans une famille marquée par des conflits est une
21
22 caractéristique de la plupart des criminels. En fait, les adolescents qui
23 présentent des conduites délinquantes font état d’une ambiance familiale
24
25 négative caractérisée par des problèmes de communication avec les
26 parents (15).
27
Un taux important d’antécédents judiciaires et d’incarcération était noté.
28
29 Dans ce sens, Bochereau et al (16) affirment que le facteur pronostique
30 le plus important en matière de délinquance reste le fait d'avoir déjà
31
32 commis un délit ce qui obligent à insister sur l'importance de la
33 prévention de cette récidive. De même, plus un jeune adulte fréquente
34
35
des délinquants, plus il y a de risque qu'il devienne un jour délinquant,
36 d'où le rôle aggravant que peut avoir une incarcération sur l'avenir social
37 d'un adolescent (via la stigmatisation, la construction d'une " identité
38
39 négative" et la rencontre d'adultes bien installés dans ce mode
40 d'existence). D'une certaine manière, le fonctionnement de la justice et de
41
42
l'administration pénitentiaire intervient comme cofacteur de la
43 délinquance.
44 3. Données criminologiques :
45
46 Dans notre série, le vol était l’infraction la plus commise. Ce résultat
47 rejoint les données de la littérature (16, 17) où le vol peut être commis
48
49
dans un but utilitaire pour une soirée, impulsif, souvent vécu comme un
50 simple " emprunt " ou bien il peut être considéré comme un" rituel
51 initiatique " permettant de prouver sa témérité et de justifier de son
52
53 appartenance à une bande (16). Les motivations du vol chez ces jeunes
54 sont infiniment plus complexes que leurs rationalisations secondaires.
55
56 Beaucoup de psychiatres (18) estiment que le vol peut être lié à un certain
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5 « masochisme moral » : il s’agit du vol de celui qui n’a pas dépassé ses
6 sentiments profonds de culpabilité liés à l’évolution œdipienne et liés au
7
8 désir d’autopunition. La punition qui suit le vol est seule capable
9 d’apaiser provisoirement la culpabilité.
10
11
Dans notre étude, 7,3 % des inculpés étaient des agresseurs sexuels. Les
12 études portant sur la délinquance juvénile montrent que les adolescents
13 « abuseurs sexuels » constituent un sous-groupe clinique particulièrement
14
15 vulnérable, exposé à d’éventuelles perturbations (re-victimisation,
16 toxicomanie, violence, prostitution, chantage, exploitation, etc.), à une
17
18
aggravation plus ou moins sévère de leur santé psychique avec
19 confirmation de leur psychopathologie sexuelle (dépression, suicide,
20 toxicomanie, passages a l’acte, etc.) et à un plus grand risque de
21
22 renforcement positif de leurs pulsions sexuelles (compulsion, répétition
23 des agressions sexuelles, récidive, etc.). Non seulement ces adolescents
24
25 manquent de repères fiables et/ou souffrent de décrochage social, mais la
26 plupart ont été victimes d’abus de diverse nature (psychologiques,
27
physiques ou sexuels) à l’intérieur de leur cercle familial (19).
28
29 Dans notre étude, les actes de coups et blessures représentaient 11,3 %
30 du total des infractions. Reneric et al (20) font remarquer que les
31
32 comportements agressifs, actes destructeurs, altercations physiques sont
33 fréquents chez les adolescents. Dans la majorité des cas, de tels
34
35
comportements ne sont pas pathologiques : isolés ou ponctuels,
36 contextuels, ils sont sans gravité. Ils peuvent s’inscrire dans le cadre d’un
37 développement psychoaffectif normal, surtout chez les petits et à
38
39 l’adolescence. Ces comportements peuvent néanmoins être
40 problématiques : des interventions psychothérapiques ou psychosociales
41
42
auprès de l’enfant et de sa famille, permettront d’en éviter la répétition.
43 Cependant une minorité de ces adolescents resteront incapables de se
44 maîtriser et de contrôler leur explosivité. Sur le plan psychologique, les
45
46 actes de violence commis par l’adolescent ont longtemps été analysés
47 sous des termes variés : les plus fréquents restent l’acting out, les
48
49
passages à l’acte particuliers ou désignés par les termes raptus agressif ou
50 raptus violent, qu’il soit verbal ou physique. La notion de répétition
51 n’était pas nécessairement présente. Les actes étaient analysés comme
52
53 s’intégrant à des troubles des conduites, comme l’expression transitoire
54 d’une réponse d’intolérance à une frustration ou encore comme une
55
56 recherche identitaire (21).
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5 Les inculpés auteurs d’homicide ou de tentative d’homicide
6 représentaient le quart de notre série.
7
8 Le passage à l’acte homicidaire est plus probable de se produire lorsque
9 l’identité même de la personne (le Moi) est menacée. D’autres auteurs
10
11
insistent sur les notions de perturbation du Moi ou de désintégration du
12 Moi. Le passage à l’acte représente donc une tentative d’affirmation de
13 l’adolescent par la restauration d’une image positive et juste de lui-même
14
15 (22).
16
17
18
4. Données cliniques :
19 La majorité des inculpés était atteinte de troubles mentaux. Cette
20 constatation serait liée au fait que les juges, en Tunisie, soumettent à
21
22 l’expertise psychiatrique surtout les inculpés chez lesquels ils suspectent
23 l’existence d’une maladie mentale, en se basant sur des documents
24
25 présentés ou sur le comportement de l’inculpé lors de l’instruction.
26 L’existence d’une relation entre pathologie mentale et violence est
27
connue depuis longtemps. Cependant, il est à noter que la constatation
28
29 d’un lien entre troubles mentaux et criminalité doit être considérée
30 comme un fait statistique et non d’emblée comme une relation causale,
31
32 d’autant que l’étiologie des maladies mentales et de la criminogenèse est
33 généralement complexe et multifactorielle (23).
34
35
Près de la moitié des inculpés de notre série était des psychopathes.
36 Le Moi est constamment faible chez les adolescents psychopathes,
37 faiblesse qui se traduit par une médiocre capacité de tolérance à
38
39 l’angoisse, ce qui perturbe les capacités adaptatives du Moi. On note
40 aussi une incapacité à contrôler les pulsions, une défaillance de la
41
42
sublimation, dont le corollaire est le désintérêt pour ce qui n’est pas
43 source de satisfaction immédiate. Cette faiblesse du Moi est un obstacle
44 important aux capacités d’adaptation de l’individu à son environnement
45
46 et à ses capacités d’établir des relations d’objets stables favorisant à la
47 fois la mise en acte, le clivage (par exemple, passage d’un état affectif à
48
49
un autre) et les autres mécanismes de défense qui y sont liés
50 (l’idéalisation, l’identification projective) (24).
51 Dans notre série, le un quart des inculpés présentaient une débilité
52
53 mentale. Les débiles sont suggestibles, ils se laissent facilement entraîner.
54 Chez eux l’imitation est un facteur de délinquance. Ils sont aussi
55
56 impulsifs et ne sont pas capables de contrôler leurs appétits, leurs désirs.
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5 L’étude des conditions de la délinquance des mineurs débiles mentaux
6 montre l’importance des facteurs étrangers au sujet lui-même (25).
7
8 Dans notre série, onze (11,3 %) inculpés étaient atteints de schizophrénie.
9 Les schizophrénies seraient le diagnostic psychiatrique le plus souvent
10
11
cité dans la violence, les agressions, les agressions violentes, la
12 criminalité, la criminalité violente ou l’homicide. Le lien entre la
13 schizophrénie et la violence serait directement lié à l’expression clinique
14
15 de la maladie et une grande proportion d’actes violents aurait lieu
16 directement sous l’influence d’hallucinations ou d’un délire, notamment,
17
18
d’un délire de persécution ou de jalousie, ou d’hallucinations auditives
19 (26).
20 5. Données médico-légales :
21
22 L’expert a conclu à la lucidité dans 70,1 % des cas. La réponse à la
23 question de la responsabilité chez l’adolescent est souvent difficile pour
24
25 l’expert est ce du fait de plusieurs éléments :
26 - Les caractéristiques psychologiques de l’adolescence, marquées
27
par de grands changements allant de la transformation de l’image
28
29 du corps jusqu’à l’instabilité et la propension au passage à l’acte
30 du fait même des émergences pulsionnelles.
31
32 - L’environnement et l’importance des facteurs exogènes difficiles à
33 maîtriser à cet âge, dans la genèse des actes, même si, d’un point
34
35
de vue judiciaire, cette importance est relativisée.
36 Donc en tenant compte des facteurs d’environnement et des différents
37 remaniements psychologiques propre à cet âge, il s’avère que la difficulté
38
39 expertale découle de la difficulté de poser un diagnostic (27).
40
41
42
CONCLUSION
43 Il ressort de notre étude que la délinquance chez les jeunes ne fait plus
44 l’exception actuellement, ce qui nous renvoie à l’intérêt de sa prévention
45
46 et ce à travers un soutien social, à l’organisation, non pas sans conflit,
47 mais sans danger de l’espace de l’enfant et de l’adolescent, par des
48
49
moyens sociaux et pédagogiques et par des mesures politico-sociales.
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Bibliographie :
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16 Tableau I: Répartition des inculpés selon la nature de l’infraction.
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NATURE DE L’INFRACTION N %
20 Homicide et tentative d’homicide 25 25,7
21 Viol et tentative de viol 7 7,3
22 Coups et blessures 11 11,3
23
24 Provocation volontaire d'incendie 2 2,1
25 Vol 35 36,1
26 Désertion de l'armée 5 5,2
27
Atteinte aux bonnes mœurs 4 4,1
28
29 Escroquerie 8 8,2
30 Total 97 100
31
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33
34 Tableau II: Répartition de la série selon la nosographie classique.
35
36 DIAGNOSTIC NOSOGRAPHIQUE N %
37
38 Psychopathie 48 49,5
39 Débilité mentale 24 27,4
40 Schizophrénie 11 11,3
41
42 Paranoïa 3 3,1
43 Dépression psychotique 1 1
44 Psychose maniaco-dépressive 1 1
45
46 Personnalité borderline 1 1
47 pas de trouble psychiatrique 8 8,8
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