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Cours Introduction À Létude de Droit Support N 1 Groupe 1 Et 2
Cours Introduction À Létude de Droit Support N 1 Groupe 1 Et 2
Support de cours N° 1
Groupe : 1 et 2
Introduction
Pour la plupart d'entre vous, le droit est une matière nouvelle. Pourtant un peu
comme l'air, le droit nous entoure. C'est donc à la découverte de cet inconnu proche
qu'il convient de se lancer.
1
évolution. Ainsi, chaque droit a une série d'antécédents dont il est issu: droit
romain, droit musulman, droit anglo-saxon etc.
L'observation de ces réalités fait reconnaître, depuis longtemps, que toute vie
sociale repose, en partie, sur une organisation juridique: « pas de société sans droit
». En effet, dans l'inconscient des hommes existe déjà l'idée de droit. Idée vague
selon laquelle: lorsque plusieurs être se trouvent ensemble, surgit aussitôt quelque
besoin d'ordonner leurs conduites, et pour cela, si éparses et informelles qu'elles
puissent être, ces règles composent un ensemble: le droit. Cette approche
élémentaire ensuite, se précise, surtout si la vie en société humaine se développe. Il
se produit des regroupements de règles, et même de Codes: le Code de la route, par
exemple, est un ensemble de règles de droit, de règles juridiques1.
Le mot Droit a donc plusieurs sens. Ainsi, en tant que système, le droit peut
être regardé sous deux angles complémentaires qui correspondent aux deux
acceptions courantes du mot: le Droit (avec une majuscule) et le droit (avec une
1
TERRE (François), Introduction générale au droit, Dalloz, N 1 p. 1
2
CORNU (Gérard), Vocabulaire juridique, Association Henri CAPITANT, éd. PUF, 2007.
2
minuscule). Le Droit constitue donc un ordre, un système juridique, et ce, par la
coordination de ces deux éléments fondamentaux.
Dans un premier sens, le Droit est un ensemble de règles régissant les relations
de personnes vivant en société, et sanctionnées par une contrainte émanant de
l'autorité publique. On pariera ainsi du droit du commerce, du droit du travail, et
plus largement du droit marocain.
Donc, le droit objectif est fait de règles, des institutions du droit. Aussi, toutes
additionnées, les règles de droit constituent le système juridique marocain. Il va
sans dire qu'elles sont nombreuses, peut-être trop nombreuses. Par ailleurs, les
règles de droit ont les objets les plus divers puisqu'elles s'étendent à toute activité
humaine.
Afin de traiter l'ensemble des questions que soulève cette partie, on va devoir
déterminer en premier lieu les règles de droit (titre 1). Puis on verra comment
peut-on les classer (titre 2) et d'où émanent elles (titre 3).
L'étude du droit objectif soulève toute une série d'interrogations que l'on
traitera successivement, tel que le fondement du droit (chapitre 2) et les caractères
de la règle de droit qui la distinguent des autres règles applicables en société
(chapitre 3). Mais avant, on ne peut ignorer l'existence des droits étrangers. A cet
égard, le droit comparé enseigne que le droit des divers Etats relève de familles
différentes. Il est tout d'abord nécessaire de présenter brièvement les grands
systèmes de droit (chapitre 1).
4
Le droit, à la différence de la médecine, n'a pas une vocation à l'universalité.
La médecine soigne de la même manière avec les mêmes médicaments dans le
monde entier.
Il n'en va pas de même du droit. Chaque Etat a son propre droit et ses propres
institutions. Prenons l'exemple du droit de la famille, les règles du mariage, du
divorce, des successions différent d'un pays à un autre. Donc, la perception du droit
varie suivant les peuples ou les continents. Il y a également l'influence de la
religion qui entre en jeux.
A cet effet, les comparatistes s'efforcent de regrouper les divers droits au sein
de grandes familles ou, ou dit-on plus volontiers, de grands systèmes. Et ce
regroupement s'opère en fonction d'un certain nombre de paramètres: l'idéologie (le
marxisme-léninisme des pays soviétique), la religion (pour les pays musulman) etc.
5
Il faut toutefois bien comprendre qu'au sein de chaque grande famille il peut y
avoir
des différences importantes, tel est notamment le cas entre le droit français et le
droit allemand qu'il est d'usage de regrouper au sein de la même famille des droits
romano-germanique3.
Mais certains auteurs préfèrent y voir deux groupes distincts: les droits latins
représentés par l'Italie, la France, l'Espagne, le Portugal et la Belgique, et les droits
germaniques comprenant l'Allemagne, l'Autriche, la Scandinavie et la Suisse.
3
DAVID (René) et JAUFFRET-SPINOSI (Camille), Les grands systèmes de droit contemporains, Dalloz, Paris, 2002.
6
A la vérité, à partir du même fond, ces droits ont évolué différemment, en
fonction de leurs coutumes antérieures, de la religion, de leur culture. Partout
cependant, dans ces pays, on classe les règles dans les mêmes catégories, on
emploie le même vocabulaire, issu de la science des romanistes. Partout, aussi, à
notre époque, on considère que la base du droit se trouve dans la législation, et cette
conception a conduit de façon générale à promulguer des codes, notamment des
codes civils. Bref, les nombreux pays ayant adopté les concepts et les grandes
divisions de la famille romano-germanique procèdent de la même manière pour
appliquer le droit et rendre la justice.
La France, qui s'est dotée d'un Code civil en 1804 réalisant ainsi son
unification juridique interne, a entraîné dans son sillage la Belgique, le
Luxembourg, les Pays bas, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, le Québec, la Louisiane
et un certain nombre. Ce Code a aussi déteint, sous l'influence des juristes français,
sur le droit des anciennes colonies françaises. L'Allemagne a codifié son droit civil
en 1900 dans le B.G.B. dont se sont inspirés l'Autriche et la Suisse. Actuellement,
après la réforme de plusieurs Codes civils européens dont l'Espagne et l'Italie, c'est
le B.G.B qui a été le centre de cette réforme.
Ainsi, les droits des deux sous-groupes se caractérisent par une conception
identique de la règle de droit, laquelle vient de la loi et présente un caractère
général; elle n'est pas une directive très précise et détaillée donnée au juge pour
résoudre des cas concrets, mais une règle générale laissant au juge un certain
pouvoir d'interprétation et d'appréciation, plus important toutefois en France qu'en
Allemagne, pour l'appliquer au cas concrets qui lui sont soumis. Aussi cette règle
de droit provient du droit écrit. Ainsi, le droit écrit permet certitude, interprétation
et raisonnement. Il est porteur de choix la « Loi», émanation de l'autorité
législative, s'est substituée aux traditions, elle s'adapte aux évolutions du corps
7
social et souvent les accompagne. Il arrive même qu'elle mue ou qu'elle soit
purement rapportée et remplacée notamment lorsque les besoins s'en font sentir. De
cette conception il s'ensuit que la jurisprudence et la doctrine jouent un rôle
important d'interprétation et de complément de la règle de droit. Concernant les
autres caractéristiques, on pourrait dire brièvement4 que cette famille consacre:
L'essentiel
De nombreux pays, situés sur presque tous les continents, se sont largement
inspirés et ont intégré ce grand système juridique contemporain en apportant
4
Voir le titre consacré aux sources du droit.
8
quelques corrections ou aménagements correspondant aux besoins légitimes
locaux.
5
Common Law signifie: Droit commun à toute l'Angleterre, par opposition aux nombreuses coutumes locales.
9
saisi, le juriste anglais va chercher les précédents; c'est-à-dire les décisions rendues
dans des affaires du même type, argumenter sur les ressemblances ou les
différences des situations de fait qui seraient de nature à justifier que le juge
retienne une même décision ou une décision différente.
Ces différences fondamentales entre la common Law et le droit civil des pays
romano-germaniques rend particulièrement difficile la recherche de règles
communes et donc d'une harmonisation des droits entre ces deux systèmes.
Lorsqu'est née (aux environs du Xllème siècle) la common Law, elle s'est
rapidement répandu en fondant ses propres règles et une procédure précise. Mais
dès la fin du XV ème siècle, le système de la common law, branche ainée du droit
anglais, est critiqué et concurrencé par un autre système moins formaliste, plus
proche des préoccupations quotidiennes des personnes et surtout des justiciables:
l'equity6.
6
Ensemble de décisions équitables et morales.
10
La common Law, jugée contraignante en raison d'un formalisme très marqué,
mécontente vivement les particuliers. Ces derniers insatisfaits des décisions de
common Law vont se tourner vers la Couronne royale afin qu'elle corrige certains
excès de cette branche majeure du droit anglais. Cette pratique du recours au
Chancelier du Roi bientôt se systématise. Le Chancelier rend des décisions
équitables, morales visant non pas à modifier la common Law, mais à les
compléter, à l'amender ou à la corriger selon les cas.
11
Contrairement au droit romano-germanique, les droits anglais et américain
accordent une place de choix aux décisions jurisprudentielles, le droit écrit, les
codes, n'ayant qu'un rôle secondaire, subalterne.
La question qui se pose est celle de savoir la place occupée réellement par
la loi et la coutume?
Quant à la coutume (custom), elle occupe un rôle encore plus effacé que celui
dévolu à la loi.
On en conclut, qu'il y a d'énormes écart entre ces deux systèmes que tout
rapprochement serait quasi impossible.
12
Il s'agit ou plutôt il s'agissait des droits des pays de l'Est, c'est-à-dire de
l'URSS et d'autres pays adeptes (pays socialistes d'Europe), qui étaient inspirés de
l'idéologie marxiste-léniniste. Dans ces pays, on avait créé une société de type
entièrement nouveau « société communistes ». Ces droits socialistes se
caractérisaient par la socialisation de tous les moyens de production, et notamment
du sol; la propriété de ces biens appartenait à l'Etat, aux kolkhozes (coopératives
agricoles) à l'exception des biens d'usage ou de consommation personnelle. De ce
fait, ces droits étaient en opposition totale avec les droits des pays dits capitalistes
où la règle était au contraire la liberté de l'appropriation privée.
Cette évolution rend les anciens pays de l'Est, surtout ceux déjà intégrés à un
pays occidental (1'Allemagne réunifiée) ou nouveaux membres de l'Union
européenne tels que la Pologne, la république Tchèque, la Hongrie, etc., très ouvert
à l'adoption des règles de droit civil comparables à celles de la famille
Romano-Germanique.
Tous les droits sont plus ou moins influencés par la religion, mais ils ne sont
pas pour autant des droits religieux.
On entend par droit religieux un droit qui trouve sa source dans une religion.
Ainsi,
13
une religion, détermine la vie, les relations contractuelles, le statut personnel ou les
rapports de voisinage de leurs adeptes et de leurs membres, et l'exemple le plus
remarquable est celui du droit musulman. L'islam fournit au droit musulman toutes
ses règles.
L'essentiel est que: le droit musulman tire son fondement et ses principes
juridiques
de la Loi musulmane, la charia. La science du droit musulman (al fiqh) est
plurielle: plusieurs sources fondent et animent ce droit (le Coran, la sunna, l'idjmaa
et le raisonnement analogique). Aussi, les traditions, les coutumes et les règles de la
vie quotidienne, souvent adaptées au temps modernes, viennent prolonger les
sources du fiqh interprété par les docteurs de la loi. Il y a, en réalité, autant de
droits musulmans que d'Etats respectueux du Coran.
14
Devant l'existence de tant de lois et de règles juridiques en général, qui
touchent tous les domaines de la vie, on pourrait légitimement se poser la question
sur le sens de l'adage, « nul n'est censé ignorer la loi »7, encore faut-il que la loi et,
plus généralement, les règles de droit soient accessibles à chacun et intelligibles.
L'adage paraît énoncer une présomption de connaissance de la loi. Mais comme
cette présomption ne souffre pas de preuve contraire (on dit qu'elle est irréfragable:
c'est-à-dire qu'on ne peut contredire), la maxime signifie en réalité: celui qui ignore
la loi demeure, malgré son ignorance, soumis à la loi. S'il viole la loi, son ignorance
de la loi ne le justifie pas. Autant dire qu'il n'est même pas recevable à offrir de
prouver qu'il ne connaissait pas la loi car son ignorance, à la supposer démontrée,
ne constituerait pas pour lui une cause justificative. A l'excuse prétendue: «je ne
savais pas ... », « je croyais que…», L'Etat répond: « je ne veux pas savoir... ». La
règle s'applique tout spécialement, en matière pénale, au délinquant qui ne peut
échapper à l'application de la loi, même en démontrant qu'il ne se savait pas en
infraction.
7
Adage consacré par le droit marocain dans l'article 2 du Code pénal.
15
le principe (c'est-à-dire, ériger en règle que l'ignorance a valeur d'excuse).
Au moins, devrait-on permettre au juge d'écarter, par exception, l'application de la
maxime dans le cas où il apparaîtrait, compte tenu de la date du texte, de la
personnalité de l'intéressé et des circonstances, que cette application serait trop
rigoureuse: mesure de modération.
Pour les juristes, chez lesquels on suppose une formation de base éprouvée par
une expérience professionnelle, la question de la connaissance du droit de déplace,
Est-ce à dire qu'elle se simplifie? La présomption générale de connaissance se
double, en ce qui les concerne, d'une présomption spéciale de qualification: le juge
connaît le droit qu'il a mission de dire (juridiction). Mais la même présomption
pèse sur les auxiliaires de justice (avocats etc.) dont les devoirs et la responsabilité
sont lourds envers ceux qui font appel à leurs services. Cependant même pour les
juristes praticiens et chercheurs, plusieurs phénomènes concourent à compliquer la
tâche des praticiens du droit: la prolifération des lois, aggravée d'une certaine
instabilité (les lois se multiplient et elles changent), la spécialisation des
connaissances qui en approfondit mais en limite le champ. Donc pour les praticiens
et chercheurs qui ont à relever ce défi, la maîtrise et la mise à jour des
connaissances passe par une documentation technique: journal officiel, les codes.
Ce n'est toutefois qu'une accessibilité partielle au droit dans la mesure où la
jurisprudence, c'est-à-dire, la manière habituelle de juger, fait partie du droit où elle
est d'accès fort difficile pour un simple citoyen.
16
C'est à ce grand public que pensait Montesquieu lorsqu'il écrivait que « les lois
ne doivent point être subtiles: elles sont faites pour des gens de médiocre
entendement; elles ne sont point un art de logique, mais la raison simple d'un bon
père de famille». Cependant, il n'y a pas que la loi il y a également la jurisprudence
qui devrait être à la portée de tous ...
Après avoir fait le tour des grands systèmes juridiques existants, il est temps
de raisonner dans un autre contexte, on se demandant quelle est l'objet de la règle
de droit, son fondement, ses caractéristiques: puise-t-elle sa source dans la religion?
Dans la morale, dans les mœurs, ou dans un droit naturel qui s'imposerait à tous?
Pour bien cerner le droit, on ne pourra pas se contenter d'une définition sommaire,
il va falloir rechercher ses caractéristiques, ses fondements et ce qui la différencie
des autres règles de conduite. C'est ainsi que l'on pourra atteindre un grand degré de
précision dans notre démarche qui consiste à cerner le droit. Le droit, est une œuvre
humaine. En d'autre terme, c'est qu'à la différence d'une religion révélée, le droit
peut contenir des imperfections que l'on peut rejeter, c'est une question
philosophique qui concerne la justification de la règle de droit. Ce point sera abordé
dans le chapitre consacré au fondement du droit.
Donc, avant d'étudier les caractères de la règle de droit et d'en examiner les
branches, commençons d'abord par les racines de l'arbre: qu'est ce qui mène vers la
règle de droit? Qu'est ce qui l'inspire? Ainsi, rechercher quelles sont les racines du
droit conduit à s'interroger sur son fondement et ses finalités. L'histoire des idées
sur le droit se ramène peut-être à une réflexion fondamentale sur l'idée même de
droit. Cette attitude peut être constatée, depuis des siècles, un peu partout dans
l'univers. L'espace et le temps concourent à accroître la diversité des attitudes et des
17
opinions. C'est pourtant à partir de l'antiquité gréco-latine que l'on expose
habituellement les principales tendances.
Cette matière est pour les uns, une émanation de la philosophie du droit et,
pour d'autres, une approche scientifique, proche de la « dogmatique juridique »,
c'est-à-dire de la partie de la science du droit consacrée à l'interprétation et à la
systématisation des normes.
La règle de droit par laquelle s'extériorise l'ordre juridique et qui n'en est ainsi
que l'élément formel ne peut être détachée du fond du droit, autrement dit des
fondements et des finalités du système juridique. Ainsi, lorsqu'on parle de
fondement, on songe aux différentes thèses en présences et qui justifient la règle de
droit: les différentes tendances de la pensée juridique quant à la règle de droit
(section 1) car, c'est à travers ces tendances que se dessinent les finalités du droit
(section II).
18
sens de «juste» et de «justice» alors que pour les juristes, il signifie « règle de droit
». Donc, pour les uns il est un idéal; pour les autres, il est une norme positive qui
évoque la valeur obligatoire attachée à une règle de conduite.
La recherche d'une définition ne peut que s'appuyer sur les diverses thèses
ainsi soutenues, bien qu'il ne puisse être ici question d'en approfondir l'étude mais
seulement d'en faire une approche sommaire. En effet, les nuances de la pensée
juridique sont innombrables. Il ne saurait être question de se risquer à en faire une
étude détaillée ni de discuter les mérites de telle ou telle doctrine.
La plupart des auteurs décèlent, dans toute 1 'histoire des idées sur le
fondement du droit, deux grands courants dont la distinction traduit un choix
fondamental entre des tendances idéalistes (§1) et des tendances positivistes (§2). Il
s'agit là d'une des plus vieilles controverses, qui n'avait cessé d'opposer les
partisans des deux courants.
§ 1. La philosophie idéaliste
19
la recherche de la justice sur le respect de la légalité, la permanence de certaines
valeurs qui l'emportent sur celles que consacrent les hommes de l'Etat. Autrement
dit, il Y aurait au-dessus du droit positif des lois non écrites immuables et
universelles s'imposant à toutes les sociétés et que les divers législateurs devraient
donc respecter.
Selon cette doctrine, les hommes pourraient se soustraire aux règles qui
enfreignent les principes supérieurs du droit idéal. On en cite toujours par exemple
l'interpellation d'Antigone.
Pour Platon, le droit est destiné à découvrir ce qui est juste entre les hommes
et dans la conscience individuelle si bien qu'une harmonie s'impose entre la justice
et le droit. Donc, une loi injuste n'est pas une loi selon Platon.
20
droit qui est à la fois éternel et universel. Or, le droit légal varie en fonction des
particularités des hommes et de la société.
Bref, pour ce philosophe, la loi naturelle est un reflet de la loi divine éternelle
qui ordonne le monde. Donc, le droit naturel se situe entre la loi éternelle et la loi
positive. Ainsi, pour saint Thomas d'Aquin, à côté de la loi divine inscrite dans
21
l'Ancien et le nouveau testament, il y a la loi naturelle qui peut être découverte par
la raison parce qu'elle a été inscrite par Dieu dans la conscience de l'homme. La loi
humaine n'a donc, plus à être respectée si elle s'oppose aux intérêts de dieu et de la
raison.
L'idée du droit naturel a alors servi de base « au droit des gens », autrement
dit, au droit international public: « la raison naturelle» apparut comme le seul
moyen, en l'absence d'autorités supérieures aux Etats, de régir leur rapports
autrement que par la force. Le droit naturel ne procède plus alors de Dieu mais de
la nature sociale de l'homme dont la raison humaine dégage les principes d'un droit
naturel universel et immuable, fait des règles indépendantes du temps et des
civilisations et d'une absolue rigidité. Grotius admettait aussi, outre ce droit
rationnel, l'existence d'un droit volontaire issu du consentement du peuple et
consacrant des règles assises sur la volonté concordante des individus. On passe du
droit naturel objectif aux droits naturels subjectifs appartenant à l'individu dès la
naissance. En effet, ce courant de pensée a repris l'idée d'un contrat social qui
conférerait à l'individu, dès sa naissance, des droits opposables à l'Etat.
22
droits naturels. Les doctrines du droit naturel ont été l'objet de vives critiques,
notamment au XIXème siècle, de la part de l'école historique allemande qui
soutenait, avec son chef de file, Savigny, que le droit n'est que le produit de
l'évolution des peuples, et que loin d'être universel, il est propre à chaque nation. Le
droit reflète l'âme nationale et traduit les besoins et les aspirations de chaque
peuple. C'est d'ailleurs pour cette raison que beaucoup considèrent que la principale
source du droit est constituée, non par la loi, mais par la coutume.
23
du droit naturel selon Stammler varie en fonction de chaque civilisation. Comme on
le constate, il n'est plus question de règles universelles et immuables.
24
que le droit qui s'applique effectivement, à un moment donné, dans une société
donnée. C'est le droit positif.
Seulement Ihering considère que cette force de l'Etat ne doit pas être
arbitraire. Elle doit être au contraire mise au service d'une certaine finalité qu'il a
appelé « la lutte pour le droit»
8
Machiavel avait déjà auparavant soutenu que l'Etat et le droit positif ne sont nullement soumis au droit naturel ni à la morale et
que, dès que l'intérêt de l'Etat est en cause, le prince ne doit pas hésiter sur les moyens que le succès justifie a posteriori.
BERGEL, (Jean-Louis), Méthode du droit, théorie générale du droit, Dalloz, Paris, 1989.
25
Au XXème siècle, Kelsen, un autre grand juriste autrichien, a présenté une
nouvelle théorie: le système normativiste. L'école normativiste envisage
l'ordonnancement juridique en lui-même, sans même y voir une création de l'Etat.
Kelsen propose un système nouveau qui fait abstraction de la morale, de la
philosophie, de la sociologie et de la politique et de tous éléments ressortissant aux
sciences de la nature, ne s'attachant qu'à l'ordonnancement juridique. Il s'agit d'un
ordonnancement hiérarchisé. Les normes juridiques s'articulent comme une sorte de
pyramide. Ainsi, de la constitution, des lois, des décrets, des arrêtés de l'autorité
administrative jusqu'aux décisions judiciaires et aux contrats, chaque norme doit
être conforme à la norme supérieure. De ce fait, la conformité avec les règles
supérieures constitue le véritable fondement du droit.
Toute cette construction est dominée par une « norme d'origine» assez
mystérieuse, « la norme fondamentale ». Mais pour Kelsen, il faut s'en tenir à la
«théorie du pure droit », faisant abstraction de toute idéologie politique,
philosophique ou morale ... Cette théorie a été fortement critiquée 9 , Cette
conception du droit dégagée de toute considération de sociologie, de politique,
d'histoire ou d'économie s'oppose donc à celles qui relèvent du positivisme
scientifique.
26
règle de droit procède, non d'une volonté de l'Etat, mais de la société. Ainsi, le droit
positif serait l'expression (selon Durkheim) de la conscience collective du groupe.
A ce titre, il tend à améliorer les conditions de vie du groupe et à consacrer une
solidarité sociale qui constitue le but de la règle de droit, et donc son fondement.
Pour certains, le droit est un produit de l'histoire. Il est mûri par le peuple; il
exprime l'âme des nations et reflète l'évolution des peuples. Il en est le produit des
forces intérieures et silencieuses mais ne procède pas d'une idée immuable et
universelle du juste.
Plusieurs critiques ont été émises contre les deux courants du positivisme.
9
On lui a reproché de ne pas avoir pu se détacher des principes du droit naturel.
10
Plusieurs questions se posent comme par ex: le législateur doit-il s'inspirer du droit naturel pour établir le droit positif? Ou
encore, que décider lorsqu'il y a conflit entre le droit positif et naturel?
27
Si les diverses écoles de pensée nourrissent en elles-mêmes leurs propres
excès et ne parviennent pas, prises isolément, à une définition complète et
satisfaisante du droit, celle-ci ne peut procéder que d'une certaine conjonction des
théories en cause dont l'appréciation dépend des finalités que l'on reconnaît au
Droit.
Les finalités du droit sont multiples. Or, il faut les recenser et les regrouper par
affinités.
Selon quelques auteurs, le Droit doit tendre vers « le juste partage, la bonne
conduite des individus, leur sécurité, leur bien être ... »
D'autres évoquent outre les finalités traditionnelles que sont la justice, l'ordre,
la sécurité ou le progrès, des finalités politiques comme la trilogie fameuse de la
liberté, l'égalité et la fraternité etc.
A diversifier ainsi les finalités du droit, on risque de les perdre de vue. Donc,
il semblerait que les divers systèmes juridiques soient toujours confrontés à deux
grandes alternatives: la justice ou l'utilité (A) et l'individualisme ou le collectivisme
(B).
28
A. Justice ou utilité :
Le droit a-t-il pour objet de réaliser la justice? C'est une question à laquelle on
serait tenté de répondre par l'affirmative, tant il est courant d'identifier le droit à la
justice. Il serait néanmoins plus judicieux de prendre le temps de la réflexion.
Pourquoi? Parce que tout simplement, un très grand nombre de règle de droit
n'ont rien à voir avec ce qu'on ressent communément comme étant la justice. Ce
sont toutes les règles de caractère technique qui tendent à organiser la vie en
société. Il suffit d'en citer quelques exemples: les règles relatives à la circulation
des véhicules, c'est-à-dire le Code de la route, celles relatives à l'organisation des
banques, ou bien à l'organisation judiciaire.
Donc, sont seules concernées les règles de droit qui arbitrent entre les intérêts
en présence11. Or, il existe plusieurs acceptions de la justice mais alors, qu'est ce
qui est idéalement juste?
11
Ces règles doivent-elles être conformes à la justice? Et comment peut-on contrôler qu'elles soient justes? On va direct vers un
problème encore une fois de définition.
29
injuste aux yeux d'un autre. Bref, il pourrait être vain pour un juriste de s'interroger
sur l'adéquation du droit et de la justice.
La question qui se pose désormais est de savoir si cette justice doit- elle être
individuelle ou collective?
B. Individualisme ou collectivisme :
12
Sur le plan juridique, la principale expression de l'individualisme est le contrat
30
concentré, appuyé sur des moyens de contrainte parfois abusif. C'est pour ces
raisons, que des formules intermédiaires se sont développées qui associent la
protection de l'individu et les exigences de la société. Ainsi, on tient compte à la
fois des intérêts de la société et des intérêts de l'individu.
13
Il existe d'autres finalités telles que: réaliser la justice, protéger les individus et garantir leurs droits ainsi que l'intérêt général et
le bien commun. Ces finalités ne sont pas alternatives, elles coexistent.
31
Ces conceptions que traduisent les diverses écoles de pensée ne suffisent pas à
définir le Droit. Celui-ci s'exprime par des règles qui en sont les manifestations
formelles. De ce fait, ces normes juridiques correspondent toujours à des
prescriptions destinées à ordonner des relations sociales en imposant des
comportements déterminés dont le respect est assuré par l'autorité publique. Donc,
ces règles de droit sont destinées à régir la vie en société. Or, de nombreuses règles
existent sans que toutes soient des règles de droit. La règle de droit partage avec
elles un caractère général et abstrait. Mais elle s'en distingue par son caractère
obligatoire d'un type particulier.
32