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Partie II : L’organisation du contenu de la publicité

La publicité n'a nullement pour objectif de transmettre des idées, mais plutôt de faire
vendre des produits. Concernant les produits et services, la publicité ne peut
naturellement pas vanter les qualités de ceux dont la vente est interdite.

En outre, pour certains biens dont la vente est autorisée, le développement d'un
message publicitaire autour d'eux sera prohibé. Tel est le cas du tabac dont le
préjudice sur les organismes humains est prouvé.

Le message publicitaire quant à lui sera considéré comme franc, s'il exprime la vérité
sur le bien ou le service qu'il entend promouvoir, qu'il s'agisse de son existence, de
ses qualités substantielles ou de son prix.

Le message publicitaire, peut s'ouvrir à la fantaisie, mais il doit respecter la vérité, en


n'induisant pas les consommateurs en erreur. Le législateur tunisien a, en effet
interdit la publicité trompeuse dans la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux
techniques de vente et à la publicité commerciale ainsi que la loi n° 92-117 du 7
décembre 1992 relative a la protection du consommateur (chapitre I).

Pareillement, le message publicitaire, ne doit pas nuire aux concurrents par son
contenu déloyal, en essayant de détourner leur clientèle (chapitre I).

Chapitre I / La publicité trompeuse

La publicité, par définition, insiste sur les qualités supposées d'un produit sans en
souligner les défauts. Elle passe surtout sous silence les conditions de production
des produits qu'elle cherche à faire vendre.

Une publicité mensongère est en langage courant, comme son nom le laisse
supposer, une publicité contenant des éléments faux, ou conçus pour induire en
erreur. Elle consiste pour un annonceur (soit le fournisseur soit l'agent de la publicité)
à diffuser des informations inexactes visant a tromper le public sur les produits ou les
services qu'il vante, sur les engagements qu'il prend à l'égard de la clientèle ou sur
les qualités qu'il possède.

En effet, la publicité est qualifiée de "mensongère" lorsqu'elle contient des éléments


faux, que ce soit dans sa présentation, ses indications ou ses allégations, ou bien
quand elle est de nature à induire en erreur le consommateur suite à des
présentations ambigües, utilisation de termes trompeurs, omission d'une indication,
inscription illisible.

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Donc la publicité serait mensongère lorsqu'elle contient une information fausse, alors
qu'une publicité de nature à induire en erreur, même si elle ne comporte pas
forcément de fausses informations, se révélera trompeuse pour le consommateur,
par l'interaction ou l'omission de certains éléments dans le message.

Un message fonctionnant toujours à sens unique, émanant de l'annonceur, ayant


comme cible le consommateur pour stimuler sa demande et l'inciter à la
consommation soit de produit ou de service qu'il vante, c'est un message libre.

Mais cette liberté ne doit pas être total et abusive, puisqu'elle risque de servir les
intérêts antisocial de l'annonceur au détriment de consommateur.

Dans une relation entre un annonceur et un consommateur, ce dernier est la partie la


plus faible et qui pourrait être victime d'un vice de consentement, car l'annonceur est
un professionnel par définition, qui maitrise parfaitement ce qu'il fait en raison de
l'expérience acquise dans l'exercice de son métier, ainsi l'annonceur ne va pas être
victime ni d'une erreur, ni d'un dol.

En matière de preuve de l'erreur, le juge a un pouvoir d'appréciation pour analyser la


psychologie de la victime en fonction de l'âge, du sexe, la condition des personnes et
les circonstances de la cause, selon l'article 48 du C.O.C; cette appréciation
subjective peut porter atteinte aux intérêts de la partie qui est en état d'infériorité
technique.

Concernant le dol, l'article 56 du C.O.C prévoit qu'il peut résulter d'une réticence qui
consiste en une omission volontaire par une personne d'un fait qu'elle a obligation de
révéler. Ainsi il apparait que la réticence dolosive sanctionne un manque
d'information suite un silence fautif et une omission volontaire d'une chose que le
professionnel devrait dire.

Si le vendeur a choisi de cacher l'information, dans une intention frauduleuse, s'il


connait l'information et s'il connait son importance pour l'acheteur et en vertu de
l'article 655 du C.O.C, ce dernier aura droit aux dommages en cas des vices cachés.

En droit comparé, une réaction législative s'est établie pour faire face à la publicité
trompeuse; elle se justifie, par le fait que la publicité trompeuse risque d'avoir des
conséquences néfastes sur le plan économique et social.

Etant donné que son caractère trompeur peut affecter le comportement économique
des consommateurs en les trompant par des fausses choix et des décisions d'achat
sur la base de motivations irrationnelles ainsi qu'elle nuit aux concurrent puisque
vanter mensongèrement un produit, constitue un moyen déloyal de concurrence et
elle cache son propre défaut, la loi n° 92-117 du 7 décembre 1992 relative a la
protection du consommateur dans son article 13, a interdit expressément la publicité
trompeuse.

La loi a adopté une définition large de la publicité trompeuse (section I), elle a été
érigée en un délit méritant une sanction rigoureuse (section II).

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section I / une définition large du délit de la publicité trompeuse

La loi n° 92-117 du 7 décembre 1992 relative à la protection du consommateur


constitue le premier texte qui interdit dans son article 13 d'une manière explicite la
publicité mensongère: «Est interdite toute publicité pour des produits comportant
sous quelque forme que ce soit, des allégations ou indications fausses ou de nature
à induire en erreur lorsque celles-ci portent notamment sur un ou plusieurs des
éléments ci-après :

- l'existence du produit, sa nature, sa composition, ses qualités substantielles,

-sa teneur en principes utiles, son espèce, ou son origine ainsi que sa quantité, ou
son mode et sa date de fabrication ;

- les propriétés, prix et conditions de vente des produits objet de la publicité ;

- les conditions de leur utilisation et les résultats attendus ;

- les modalités et procédés de vente du produit ;

- l'identité, la qualité ou l'aptitude de l'annonceur.

Cette interdiction s'applique dès l'instant où la publicité est diffusée en Tunisie et


quelque soit le support publicitaire».

Suivant cet article, les publicités qui trompent ou peuvent tromper les personnes qui
les reçoivent sont interdites et leur caractères trompeurs dépend d'une série de
critères.

C'est une définition large, qui illustre le souci du législateur tunisien de ne rien laisser
échapper aux organes chargés de la répression de la fraude. En effet, pour

que le délit de la publicité mensongère soit constitué, il faut établir que la publicité est
fausse ou qu'elle est de nature a induire le consommateur en erreur quel que soit le
support utilisé (paragraphe I), d'autre part l'article 13 pose le problème
d'interprétation pour le caractère intentionnel de publicité trompeuse (paragraphe II) .

Paragraphe I / Une incrimination large du délit de la publicité


trompeuse:

Suivant l'article 13 de la loi n° 92-117 du 7 décembre 1992 relative à la protection du


consommateur, il y a plusieurs actes de nature différente qui décrivent le délit de la
publicité trompeuse, le législateur tunisien a adopté une définition étendu de type
ouverte. Il s'agit d'une publicité fausse ou de nature à induire en erreur, il faut en
plus, que cette publicité soit diffusée en Tunisie quelque soit le support publicitaire
utilisé, donc le délit est constaté des l'instant ou la publicité est diffusée en Tunisie.

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Outre que l'article 13, les articles 35 et 36 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative
aux techniques de vente et a la publicité commerciale fixent les éléments
nécessaires a la formation des actes de délit de la publicité mensongère.

Suivant la loi, la publicité mensongère contient des indications fausses ou de nature


à induire en erreur, il s'agit en outre d'une publicité véhiculée a partir d'un support
publicitaire ayant pour objet un produit. Le mot «allégations » qui est synonyme
d'«affirmation, de déclaration relativement à des faits dont l'existence reste à prouver
ou relativement à des prétentions fantaisistes.

Concernant les <<indications>,, elles peuvent être définies comme des


renseignements et qui sont plus détaillés et plus précis que les premiers; les
allégations et les indications peuvent être écrites ou orales. Sont visés, donc, les
textes écrits ou parlés et les messages exprimés par un dessin, une photographie ou
un film, et tout mode d'expression graphique ou sonore suggérant certaines idées au
public des consommateurs.

Sans contenir des affirmations explicitement fausses, un message publicitaire peut


être de nature à induire le consommateur en erreur en cas d'ambiguïté, par exemple,
l'utilisation d'une langue étrangère.

A ce propos, la circulaire du 7 décembre 1992 adressé aux gouverneurs, de la part


de ministre de l'intérieur, qui les recommande l'utilisation de la langue arabe en
matière d'affichage publicitaire, illustre bien cette idée; ainsi que l'arrêté du président
de la municipalité de Tunis du 10 septembre 1957 exigeant l'emploi de la langue
arabe sur les affiches placées sur la voie publique de la ville de Tunis, de même, le
département de la publicité a l'E.R.T.T évoque parmi les normes déontologiques que
les messages publicitaires doivent respecter le bon usage de la langue arabe.

En fait, ambiguïté constitue certainement une caractéristique du message publicitaire


qui se trouve limité dans un espace temporaire bien déterminé, mais la publicité ne
doit pas nuire aux intérêts des consommateurs.

En effet, ce qui compte en publicité c'est d'établir une communication, elle pourrait
être incriminée du moment où le message transmis est trompeur, l'article 13 exige
que les allégations ou indications soient fausses ou «de nature à induire en erreur»;
de cette définition, on remarque que la publicité est trompeuse et par là interdite si
elle est fausse ou simplement de nature à induire en erreur.

Une publicité est fausse lorsqu'elle comporte un message contraire à la réalité. Pour
être qualifié de fausse, les allégations et indications doivent porter sur des faits
mesurables et vérifiables, la loi a énuméré une liste d'éléments sur les quels pourrait
porter la publicité trompeuse: l'existence du produit, sa nature, sa composition, ....,
l'identité, la qualité ou l'aptitude de l'annonceur.».

Le législateur a confié au juge un certain pouvoir dans l'estimation du délit, il s'agit


d'une appréciation subjective, basée sur le contenu même du message publicitaire et
sur l'analyse de la psychologie de la victime en fonction de l'âge, du sexe, la
condition des personnes et les circonstances de la cause, et ce selon l'article 48 du

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C.O.C en matière de preuve de l'erreur; ce qui peut porter atteinte à la liberté de
message publicitaire.

Autre que la publicité fausse, le législateur a interdit la publicité de nature à induire


en erreur le consommateur, lorsqu'elle omet, dissimule ou fournit de façon
incompréhensible, ambigüe une information importante ou lorsqu'elle n'indique pas
sa véritable intention commerciale.

La publicité peut être aussi de nature à induire en erreur, en gardant le silence; elle
contente de diffuser une vérité partielle qui, est susceptible de tromper les
destinataires. Ce manque d'information de la part de l'annonceur est sanctionné par
la loi s'il aboutit à une erreur ou une confusion chez le récepteur, la réticence est un
silence fautif, une omission volontaire d'une chose qui doit être annoncé au
consommateur.

Cacher une information dans une intention frauduleuse, est pénalisé par la loi; en
effet, l'article 655 du C.O.C prévoit que l'acheteur aura droit aux dommages en cas
de vices cachés.

Malgré les pratiques de la publicité trompeuse en Tunisie, on remarque que la


jurisprudence tunisienne est absente à ce propos.

Pour être diffusée, la publicité a besoin d'un support, ce qui parait évident, la nature
de ce dernier est indifférente selon la loi, pour incriminer la publicité mensongère, et
ce suivant l'article 13 de la de la loi n° 92-117 du 7 décembre 1992 relative a la
protection du consommateur qui stipule dans sa seconde paragraphe «est interdite
toute publicité sous quelque forme que soit...».

En effet, les supports de publicité utilisés pour faire connaitre au public un produit ou
un service peuvent être répréhensibles :

- affichage dans les médias (presse, spots de cinéma et de télévision, radio,

publireportage) ;

- prospectus, brochures, catalogues, panneaux d'hommes-sandwichs ;

- emballage d'un produit ;

- étiquette fixée sur un article ou sur la vitrine d'un magasin ;

L'article 13 de la loi n° 92-117 du 7 décembre 1992 relative a la protection du


consommateur la publicité mensongère exige une deuxième condition pour dénoncer
une publicité mensongère, c'est qu'elle est interdite dès l'instant où elle est diffusée
en Tunisie, donc la diffusion constitue un acte de formation de cette infraction. La
publicité est condamnable a partir du moment où elle entraine un risque
d'interprétation fausse de la part de la personne qui reçoit le message.

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Pour être incriminée, le message publicitaire trompeur doit être diffusé en Tunisie
selon l'article 13, le choix de ce critère peut se justifier par le souci du législateur de
protéger le consommateur tunisien contre les répercussions de cette publicité.

Concrètement parlant, la publicité diffusée en Tunisie échappe au contrôle suite à la


prolifération croissante de sa diffusion depuis l'étranger, et ce avec l'arrivée de
nouveaux moyens tel que les satellites. En fait, la publicité véhiculée essentiellement
par des masse - média est devenue aujourd'hui Transfrontière.

L'absence de contrôle ne risque pas de poser un problème, lorsque le produit, objet


de la publicité trompeuse diffusée en Tunisie depuis l'étranger n'est pas
commercialisé sur nos marchés. L'indisponibilité de produit empêche normalement la
publicité de produire ses répercussions.

C'est la situation inverse qui risque de poser problème, lorsque le diffusion de la


publicité trompeuse est accompagnée de l'écoulement du produit sur le marché
tunisien (cette situation peut être aggravée, surtout avec la nouvelle politique
d'ouverture et de la libéralisation de commerce adopté par la Tunisie), ou bien
lorsque la diffusion de la publicité se fait et les produits ne sont pas encore
disponibles sur le marché.

Il suffit que la publicité soit fausse ou de nature à induire en erreur pour qu'elle soit
sanctionnée, faut-il encore une intention coupable pour former la publicité
trompeuse?

Paragraphe II / le caractère intentionnel du délit de publicité trompeuse

Pour que le délit de publicité mensongère soit constitué, il faut établir que la publicité
est fausse ou qu'elle est de nature a induire le consommateur en erreur sans que
l'élément intentionnel ne soit exigé. Le législateur tunisien a seulement repéré
l'élément matériel dans sa définition du délit de publicité trompeuse, dans l'article 13,
ce qui nous mène a poser la question si l'intention est nécessaire pour la constitution
de ce délit.

Ce silence quant a la nature de l'infraction peut être interprété comme une


consécration du principe énoncé par l'article 37 du code pénal, qui par définition,
suppose que le mensonge ne peut être qu'intentionnel, le mensonge de bonne foi
n'existe pas.

En droit pénal tunisien, la règle générale suppose que toute infraction est par
principe intentionnelle et que la mauvaise foi est l'une des conditions de
l'incrimination en matière de crime et de délit.

Suivant l'article 37 du code pénal: «Nul ne peut être puni que pour un fait accompli
intentionnellement, sauf dans les cas spécialement prévus par la loi », il existe donc
un lien de dépendance entre la responsabilité pénale et l'intention coupable.

Ainsi l'article 53 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de vente et
à la publicité commerciale admet que: « Compte tenu des dispositions du code

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pénal, est puni d'une amende de 300 a 10000 dinars quiconque se soustrait ou tente
de se soustraire aux contrôles du respect des dispositions de la présente loi en
mettant, de quelque manière que ce soit, les agents habilités par l'article 52 de la
présente loi dans l'impossibilité d'accomplir leurs missions, et notamment :

- en refusant aux agents susvisés l'accès aux locaux de production, de fabrication,


de dépôt, de vente ou de distribution ;

- en refusant de remettre ou en dissimulant tout document comptable, technique ou


commercial nécessaire au contrôle ;

- en refusant de présenter les messages publicitaires ou les éléments justificatifs

- en refusant de mettre a la disposition des agents du contrôle relevant du ministère


chargée du commerce, les moyens ou équipements nécessaires pour la visualisation
des messages publicitaires ;

- en fermant les locaux du commerce pendant les horaires habituels du travail pour
éviter le contrôle.

Le ministre chargé du commerce peut ordonner la fermeture, d'une durée maximale


d'un moi, de ou des établissements objet des infractions sus-indiquées.

Le délit ne peut être pénalement sanctionné que s'il est commis intentionnellement,
et l'auteur de l'acte doit prouver le contraire, cette idée est consolidée par l'article 37
de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de vente et a la publicité
commerciale: «L'annonceur doit être en mesure de prouver l'exactitude des
allégations, indications ou présentations annoncées.

Il faudra donc prouver la loyauté de l'annonceur quant à la conception de son


message publicitaire.

Malgré la diversité des textes, cela ne permet pas de saisir la publicité dans son
intégralité surtout avec l'évolution qu'elle connait depuis quelques années et qu'elle
est appelée a connaitre.

En vérité, le législateur ne peut pas répondre à tous les problèmes de la publicité ;


l'autodiscipline reste indispensable principalement pour deux raisons :

- la rapidité de l'évolution de la publicité exige la liberté et la souplesse, qui ne


peuvent pas être offertes par la règle de droit ;

- elle peut jouer un rôle éducatif qui respecte la déontologie et les codes de conduite
créés par les professionnels eux-mêmes.

La publicité doit être véridique, loyale, identifiable; pour atteindre ses objectifs,
l'autodiscipline exige que les professionnels de la publicité (annonceurs, agences de
publicité, supports) soient tenus de respecter les normes requises et que les organes
de contrôle doivent, de leur côté, veiller au bon respect de ces normes et indiquer les
dérapages par les voies légales.

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En effet, l'autodiscipline peut jouer un rôle complémentaire au droit et elle permet
surtout d'en compenser les lacunes, ainsi l'autodiscipline et législation sont les deux
moyens qui permettent d'instaurer l'idéal équilibre dans le rapport consommateurs-
annonceurs.

La publicité a besoin du consommateur, pour gagner sa confiance, elle ne doit pas le


manipuler ou le tromper, elle doit tenir compte de ses intérêts ; elle doit contribuer à
éclairer son choix et amener plus de liberté a son acte d'achat.

L'organisation de la Défense du Consommateur œuvre pour sensibiliser et informer


le consommateur sur la question tout en relevant tout dévoiement et tout excès qui
risquent de nuire au consommateur ou a son budget.

Elle le fait en organisation responsable et consciente de l'importance et de la portée


de la publicité et en concertation avec les parties concernées.

Il est a noter que la publicité mensongère a été expressément interdite par le


règlement de la publicité a ERTT qui a imposé que les annonces publicitaires ne
peuvent être diffusées sur antenne qu'après obtention d'un « visa de passage »
délivré par la commission de la communication publicitaire radiodiffusée et télévisée
instituée auprès de l'ANPA, et ce dans le but de veiller au respect des intérêts des
téléspectateurs et des auditeurs, et de vérifier que le produit est en conformité avec
les normes techniques et les règles déontologiques exigées.

section II / Poursuite et sanction de la publicité trompeuse

En Tunisie, la poursuite judiciaire constitue le seul moyen de lutte contre la publicité


mensongère , il n'y a pas un organe qui assure une intervention préventive, il n' y a
même pas un code de la déontologie de la publicité et de dispositions relatives a
l'éthique de la profession au sein du texte de la loi 71-22 et des autres textes qui
régissent le secteur et à défaut d'une instance à l'instar du Bureau de vérification de
la publicité tel est le cas de la France où on peut trouver cet organe de contrôle qui
ayant pour mission est de mener une action en faveur d'une publicité loyale,
véridique et saine dans l'intérêt des professionnels de la publicité, des
consommateurs et du public.

Dans le secteur publicitaire tunisien, le contrôle répressif exercé après la diffusion du


message publicitaire, constitue la règle générale. La loi tunisienne a institué les
règles spécifiques pour constater le délit de la publicité trompeuse( 1), elle autorise
en plus la répression de l'infraction ainsi que son auteur(2).

Paragraphe I / Constatation du délit

Seuls les officiers de la police judiciaire ont la qualité pour dresser les procès
verbaux constatant les infractions. Cependant, vu la nature de l'infraction publicitaire,
une personne spécialisée doit intervenir pour la détecter et cette personne
n'appartient pas forcément à la police judiciaire.

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A ce propos, l'article 52 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de
vente et à la publicité commerciale a prévue que: «Les infractions aux dispositions de
la présente loi sont constatées et poursuivies par les agents du contrôle économique,
les officiers de la police judiciaire et les agents de la réglementation municipale dans
les conditions prévues par la loi n° 91-64 du 29 juillet 1991 relative à la concurrence
et aux prix et ensemble les textes qui l'ont complétée ou modifiée».

Les agents du contrôle économique régissant le corps du contrôle économique et les


agents de la réglementation municipale sont désignés par arrêté du Ministre chargé
du commerce.

Remarquant qu'au sein de cette commission, il n'y a pas un service chargé


spécialement du contrôle en matière de la publicité, en plus, le contrôle exercé n'est
ni systématique, ni régulier en matière de la publicité, c'est juste en cas d'infraction
non pas pour des mesures préventives; ce qui prouve que la publicité en Tunisie
occupe encore une position marginalisée.

Suivant la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de vente et à la


publicité commerciale, l'auteur de l'infraction peut prouver «l'exactitude des
allégations, indications ou présentations annoncées en apportant les justifications au
ministre chargé de commerce avant qu'il prend les mesures conservatoires par la
cessation de la publicité ou même la fermeture des établissements objet de
l'infraction et ce dans un délai d'un mois renouvelable.

Le législateur a facilité le rôle des agents de contrôle, en leur offrant des pouvoirs
assez importants; il a surtout garantit l'efficience de l'exercice de ces pouvoirs, en
érigeant en délit le refus de la part de l'annonceur de communiquer le message
publicitaire en question ou les éléments justificatifs et en générale tout ce qui peut
porter atteinte a l'accomplissement de leurs missions de contrôle.

Paragraphe II / La répression du délit de publicité trompeuse

Des sanctions ayant pour objet la condamnation aussi bien de l'auteur de l'infraction,
ainsi que la publicité trompeuse elle-même.

Concernant l'auteur de l'infraction, et dans le but de garantir l'efficacité de la


répression des infractions publicitaires, le législateur a facilité la preuve, c'est
l'annonceur qui doit établir l'exactitude de sa publicité et sa conformité aux
dispositions légales.

En raison de la pluralité des intervenants, il semble délicat de déterminer l'auteur de


l'infraction. En effet, l'annonceur fournit des renseignements relatifs au produit ou
service qu'il vante, ensuite l'agence de publicité se charge de la conception du
message publicitaire, et enfin le support assure la diffusion.

En droit tunisien, et suivant l'article 39 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux
techniques de vente et a la publicité commerciale:«L'annonceur est responsable à
titre principal de l'infraction commise, si le contrevenant est une personne morale, la
responsabilité incombe à ses dirigeants...», en outre, l'article 40 de la même loi

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dispose que: «L'annonceur et l'agent de publicité sont solidairement responsables
des infractions commises dans une opération de publicité, et touchant à l'ordre public
économique».

En matière publicitaire, c'est l'annonceur qui a donc la charge de veiller à ce que la


publicité ne soit pas fausse ou de nature à induire en erreur; en cas de manquement
à cette obligation, sa responsabilité devra être engagé, par conséquent. Ce choix
nous semble justifié, l'annonceur est normalement le mieux placé pour connaitre ses
produits ainsi que leurs caractéristiques; on suppose que si le message contient des
indications fausses ou de nature à induire en erreur, c'est parce que l'annonceur
avait fourni à l'agence publicitaire des informations erronées ou incomplètes. D'autre
part, on peut présumer le consentement de l'agent de publicité, c'est sur lui que pèse
l'obligation de vérifier le contenu du message publicitaire avant sa diffusion.

Le législateur a sanctionné le délit de publicité trompeuse par une peine principale et


des peines complémentaires.

A titre principale, l'article 51 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques
de vente et a la publicité commerciale sanctionne l'auteur de l'infraction par une
amende variant entre 500 a 10.000 dinars , et l'article 35 de la loi n° 92-117 du 7
décembre 1992 relative a la protection du consommateur le condamne par une
amende de 1000 dinars a 20000 dinars.

Le législateur a prévu d’autres mesures complémentaires pour condamner la


publicité mensongère et d'arrêter ses effets nocifs sur le public. Se sont, en fait, des
mesures facultatifs, leur application dépend du bon vouloir du tribunal compétent ou
bien du ministre chargé du commerce qui peuvent soit prononcer soit rejeter la
demande de cessation de la publicité trompeuse.

C'est ce qui semble se dégager de l'article 41 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998


relative aux techniques de vente et à la publicité commerciale et qui dispose que le
tribunal compétent peut ordonner la diffusion, aux frais du condamné, d'une ou de
plusieurs annonces rectificatives suite a l'émission du message trompeur, se sont
des annonces rectificatives de la publicité objet de l'infraction; ce qui permet de
réparer le trouble social causé par l'infraction. Il s'agit ainsi d'une véritable contre-
publicité, dont le but est de corriger dans l'esprit du public l'erreur diffusée
auparavant.

D'autre part, le tribunal peut ordonner la cessation de la publicité sur réquisition du


ministre chargé du commerce ou du procureur de la République, suivant l'article 43
de la loi précité. Constituant une mesure restrictive de la liberté de la publicité,
l'arrêté de cessation de la publicité doit être adaptée et proportionnée aux faits qui
l'ont motivé.

En revanche, en droit tunisien et selon l'article 54 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998


relative aux techniques de vente et a la publicité commerciale, il n'y a aucun
préjudice aux droits des tiers.

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Chapitre II / La publicité déloyale

La publicité déloyale est une publicité dont le message discrédite ou critique


directement ou indirectement de manière injuste, le nom, les qualités ou la
communication d'un produit, d'une marque ou d'une entreprise; c'est un abus de
pratique commerciale d'une entreprise par rapport à une autre.

On va étudier la publicité comparative en premier lieu (section I) et les moyens


juridiques à recourir si cette publicité soit déloyale ensuite (section II).

Section I / La publicité comparative

La création de publicités efficaces est l'un des objectifs primordiaux des agences de
publicité et des annonceurs mais aussi une de leur grande source d'inquiétude. C'est
pourquoi, ils sont sans cesse a la recherche de nouvelles stratégies permettant a
leurs messages d'atteindre leur cible de la façon la plus efficace. C'est ainsi que la
publicité comparative, qui fut longtemps prohibée, est de plus en plus utilisée. Il
semblerait que ce format ait des bienfaits tant pour le consommateur en lui donnant
plus d'information que pour le marché en assurant plus de transparence.

Dans son communiqué datant du 13 Août 1979, la FTC (Federal Trade Commission)
définit la publicité comparative comme une publicité qui compare plusieurs marques
de façon objective sur des attributs mesurables ou sur le prix et identifie les marques
par leur nom, symbole ou toute autre information distinctive.

C'est aux Etats-Unis que les premières versions de publicités comparatives sont
apparues et c'est dans ce pays qu'elles sont le plus utilisées à l'heure actuelle.

En Tunisie, il n'y a pas de texte de loi précis traitant la publicité comparative, mais
plutôt une loi relative a la publicité commerciale en général.

Ainsi, en droit Tunisien, la publicité comparative n'est pas formellement interdite,


aucun texte ne l'a réglementé. On constate encore une fois, l'absence d’une
jurisprudence tunisienne relative à la question.

En l'absence de textes juridiques adaptés exclusivement à la publicité audiovisuelle


et dans le but d'adopter une ligne de conduite dans l'acceptation des spots conforme
à la réglementation Tunisienne et notamment celle relative à la protection du
consommateur et à la concurrence, L'ERTT puis l'ANPA se sont fait collaborer dans
leurs décisions par une commission consultative composée de représentants de cet
établissement et de différents départements.

En règle générale, les annonces publicitaires ne peuvent être diffusées sur antenne
qu'après l'obtention d'un « visa de passage » délivré par la commission de la
communication publicitaire radiodiffusée et télévisée instituée auprès de l'ANPA, et
ce dans le but de veiller au respect des intérêts des téléspectateurs et des auditeurs,

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et de vérifier que le produit est en conformité avec les normes techniques et les
règles déontologiques exigées.

La commission a pour objectifs de trouver une adéquation entre la liberté


d'expression commerciale manifestée par les annonceurs et la responsabilité qui
incombe a l'ERTT, et c'est dans un but d'autodiscipline qu'elle veille entre autre lors
de l'examen des spots a éviter : la publicité comparative, la publicité mensongère, la
publicité sur l'alcool, le tabac et la violence

Concrètement la publicité comparative figure, mais généralement, sous formes


indirectes.

Afin de maintenir la licéité de principe de la publicité comparative, l'annonceur qui


opte à une telle pratique devrait respecter certaines conditions qui découlent de
l'exigence de la loyauté dans le domaine de la concurrence d'une manière générale.

Selon le code international des pratiques loyales en matière de publicité, la publicité


comparative est licite dès lors qu'elle respecte les conditions suivantes :

- elle n'est pas trompeuse (notamment, elle ne comporte pas d'affirmations,


d'indications ou de représentations susceptibles d'induire en erreur sur diverses
caractéristiques du produit ou service, sur le vendeur...) ;

- elle compare des produits ou services répondant aux mêmes besoins ou ayant les
mêmes objectifs ;

- elle compare objectivement une ou plusieurs caractéristiques essentielles,


pertinentes, vérifiables et représentatives des dits produits ou services. Le prix peut
faire partie de ces caractéristiques;

- elle n'engendre pas de confusion sur le marché entre l'annonceur et un concurrent,


entre marques ou signes distinctifs ;

- elle ne discrédite et ne dénigre pas les concurrents ou leurs produits ou services ;

- elle ne tire pas indûment profit de la notoriété attachée a une marque, un signe
distinctif d'un concurrent ;

- elle ne présente pas un produit ou un service comme une imitation ou une


reproduction d'un produit ou d'un service portant une marque ou un nom commercial
protégé ;

- pour les produits ayant une appellation d'origine, elle se rapporte dans chaque cas
à des produits ayant la même appellation.

Par ailleurs, toute comparaison qui fait référence à une offre spéciale doit indiquer de
manière claire et non équivoque la date a laquelle l'offre prend fin. Il est indiqué, si tel
est le cas, que l'offre spéciale vaut jusqu'à épuisement des produits ou services
(mention que l'on rencontre régulièrement : offre valable jusqu'a épuisement du stock

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ou bien offre limitée). Si l'offre n'a pas encore commencé, sa date de début sera
indiquée; l'offre spéciale peut porter sur le prix ou d'autres conditions spécifiques.

Section II / Les moyens juridiques contre la publicité comparative


déloyale

En Tunisie, il n'y a pas de texte de loi précis traitant de la publicité comparative, mais
seulement la loi relative à la publicité commerciale en général notamment l'article 36
de la loi n°98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de vente et à la publicité
commerciale. La publicité comparative n'est donc pas explicitement autorisée par la
loi tunisienne.

Néanmoins, l'absence de texte spécifique interdisant la publicité déloyale ne doit pas


faire obstacle à leur condamnation. Le droit tunisien offre aux concurrents lésés, des
moyens pour agir contre cette publicité.

L'auteur d'un acte de concurrence déloyale peut voir sa responsabilité civile mise en
cause dans le cadre d'une action en concurrence déloyale exercée par toute
personne victime de ses actes déloyaux. Outre le risque de dommages-intérêts, il
court le risque de se voir empêché d'exercer son activité ou gêné dans son exercice
tant qu'il n'a pas mis fin à ses pratiques.

Si la publicité déloyale est fondée sur des informations fausses ou de nature à


induire en erreur, elle peut être condamnée comme une publicité trompeuse; le
concurrent lésé peut lui même déclencher la mise en mouvement de l'action publique
en se constituant partie civile.

La publicité comparative doit s'appuyer sur des «faits objectivement vérifiables »


selon l'article 6 du code international des pratiques loyales en matière publicitaire.

Cette règle permet d'éviter les affirmations purement subjectives et sans preuve,
mais la réglementation en Tunisie n'a pas encore instauré une loi traitant la publicité
comparative et les pratiques sur le marché tunisien consolide cette idée.

La publicité peut ainsi, être nuisible par son contenu aussi bien aux consommateurs
qu'aux concurrents, si elle est trompeuse ou si elle se transforme en un moyen de
concurrence déloyale.

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