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La publicité n'a nullement pour objectif de transmettre des idées, mais plutôt de faire
vendre des produits. Concernant les produits et services, la publicité ne peut
naturellement pas vanter les qualités de ceux dont la vente est interdite.
En outre, pour certains biens dont la vente est autorisée, le développement d'un
message publicitaire autour d'eux sera prohibé. Tel est le cas du tabac dont le
préjudice sur les organismes humains est prouvé.
Le message publicitaire quant à lui sera considéré comme franc, s'il exprime la vérité
sur le bien ou le service qu'il entend promouvoir, qu'il s'agisse de son existence, de
ses qualités substantielles ou de son prix.
Pareillement, le message publicitaire, ne doit pas nuire aux concurrents par son
contenu déloyal, en essayant de détourner leur clientèle (chapitre I).
La publicité, par définition, insiste sur les qualités supposées d'un produit sans en
souligner les défauts. Elle passe surtout sous silence les conditions de production
des produits qu'elle cherche à faire vendre.
Une publicité mensongère est en langage courant, comme son nom le laisse
supposer, une publicité contenant des éléments faux, ou conçus pour induire en
erreur. Elle consiste pour un annonceur (soit le fournisseur soit l'agent de la publicité)
à diffuser des informations inexactes visant a tromper le public sur les produits ou les
services qu'il vante, sur les engagements qu'il prend à l'égard de la clientèle ou sur
les qualités qu'il possède.
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Donc la publicité serait mensongère lorsqu'elle contient une information fausse, alors
qu'une publicité de nature à induire en erreur, même si elle ne comporte pas
forcément de fausses informations, se révélera trompeuse pour le consommateur,
par l'interaction ou l'omission de certains éléments dans le message.
Mais cette liberté ne doit pas être total et abusive, puisqu'elle risque de servir les
intérêts antisocial de l'annonceur au détriment de consommateur.
Concernant le dol, l'article 56 du C.O.C prévoit qu'il peut résulter d'une réticence qui
consiste en une omission volontaire par une personne d'un fait qu'elle a obligation de
révéler. Ainsi il apparait que la réticence dolosive sanctionne un manque
d'information suite un silence fautif et une omission volontaire d'une chose que le
professionnel devrait dire.
En droit comparé, une réaction législative s'est établie pour faire face à la publicité
trompeuse; elle se justifie, par le fait que la publicité trompeuse risque d'avoir des
conséquences néfastes sur le plan économique et social.
Etant donné que son caractère trompeur peut affecter le comportement économique
des consommateurs en les trompant par des fausses choix et des décisions d'achat
sur la base de motivations irrationnelles ainsi qu'elle nuit aux concurrent puisque
vanter mensongèrement un produit, constitue un moyen déloyal de concurrence et
elle cache son propre défaut, la loi n° 92-117 du 7 décembre 1992 relative a la
protection du consommateur dans son article 13, a interdit expressément la publicité
trompeuse.
La loi a adopté une définition large de la publicité trompeuse (section I), elle a été
érigée en un délit méritant une sanction rigoureuse (section II).
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section I / une définition large du délit de la publicité trompeuse
-sa teneur en principes utiles, son espèce, ou son origine ainsi que sa quantité, ou
son mode et sa date de fabrication ;
Suivant cet article, les publicités qui trompent ou peuvent tromper les personnes qui
les reçoivent sont interdites et leur caractères trompeurs dépend d'une série de
critères.
C'est une définition large, qui illustre le souci du législateur tunisien de ne rien laisser
échapper aux organes chargés de la répression de la fraude. En effet, pour
que le délit de la publicité mensongère soit constitué, il faut établir que la publicité est
fausse ou qu'elle est de nature a induire le consommateur en erreur quel que soit le
support utilisé (paragraphe I), d'autre part l'article 13 pose le problème
d'interprétation pour le caractère intentionnel de publicité trompeuse (paragraphe II) .
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Outre que l'article 13, les articles 35 et 36 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative
aux techniques de vente et a la publicité commerciale fixent les éléments
nécessaires a la formation des actes de délit de la publicité mensongère.
En effet, ce qui compte en publicité c'est d'établir une communication, elle pourrait
être incriminée du moment où le message transmis est trompeur, l'article 13 exige
que les allégations ou indications soient fausses ou «de nature à induire en erreur»;
de cette définition, on remarque que la publicité est trompeuse et par là interdite si
elle est fausse ou simplement de nature à induire en erreur.
Une publicité est fausse lorsqu'elle comporte un message contraire à la réalité. Pour
être qualifié de fausse, les allégations et indications doivent porter sur des faits
mesurables et vérifiables, la loi a énuméré une liste d'éléments sur les quels pourrait
porter la publicité trompeuse: l'existence du produit, sa nature, sa composition, ....,
l'identité, la qualité ou l'aptitude de l'annonceur.».
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C.O.C en matière de preuve de l'erreur; ce qui peut porter atteinte à la liberté de
message publicitaire.
La publicité peut être aussi de nature à induire en erreur, en gardant le silence; elle
contente de diffuser une vérité partielle qui, est susceptible de tromper les
destinataires. Ce manque d'information de la part de l'annonceur est sanctionné par
la loi s'il aboutit à une erreur ou une confusion chez le récepteur, la réticence est un
silence fautif, une omission volontaire d'une chose qui doit être annoncé au
consommateur.
Cacher une information dans une intention frauduleuse, est pénalisé par la loi; en
effet, l'article 655 du C.O.C prévoit que l'acheteur aura droit aux dommages en cas
de vices cachés.
Pour être diffusée, la publicité a besoin d'un support, ce qui parait évident, la nature
de ce dernier est indifférente selon la loi, pour incriminer la publicité mensongère, et
ce suivant l'article 13 de la de la loi n° 92-117 du 7 décembre 1992 relative a la
protection du consommateur qui stipule dans sa seconde paragraphe «est interdite
toute publicité sous quelque forme que soit...».
En effet, les supports de publicité utilisés pour faire connaitre au public un produit ou
un service peuvent être répréhensibles :
publireportage) ;
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Pour être incriminée, le message publicitaire trompeur doit être diffusé en Tunisie
selon l'article 13, le choix de ce critère peut se justifier par le souci du législateur de
protéger le consommateur tunisien contre les répercussions de cette publicité.
Il suffit que la publicité soit fausse ou de nature à induire en erreur pour qu'elle soit
sanctionnée, faut-il encore une intention coupable pour former la publicité
trompeuse?
Pour que le délit de publicité mensongère soit constitué, il faut établir que la publicité
est fausse ou qu'elle est de nature a induire le consommateur en erreur sans que
l'élément intentionnel ne soit exigé. Le législateur tunisien a seulement repéré
l'élément matériel dans sa définition du délit de publicité trompeuse, dans l'article 13,
ce qui nous mène a poser la question si l'intention est nécessaire pour la constitution
de ce délit.
En droit pénal tunisien, la règle générale suppose que toute infraction est par
principe intentionnelle et que la mauvaise foi est l'une des conditions de
l'incrimination en matière de crime et de délit.
Suivant l'article 37 du code pénal: «Nul ne peut être puni que pour un fait accompli
intentionnellement, sauf dans les cas spécialement prévus par la loi », il existe donc
un lien de dépendance entre la responsabilité pénale et l'intention coupable.
Ainsi l'article 53 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de vente et
à la publicité commerciale admet que: « Compte tenu des dispositions du code
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pénal, est puni d'une amende de 300 a 10000 dinars quiconque se soustrait ou tente
de se soustraire aux contrôles du respect des dispositions de la présente loi en
mettant, de quelque manière que ce soit, les agents habilités par l'article 52 de la
présente loi dans l'impossibilité d'accomplir leurs missions, et notamment :
- en fermant les locaux du commerce pendant les horaires habituels du travail pour
éviter le contrôle.
Le délit ne peut être pénalement sanctionné que s'il est commis intentionnellement,
et l'auteur de l'acte doit prouver le contraire, cette idée est consolidée par l'article 37
de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de vente et a la publicité
commerciale: «L'annonceur doit être en mesure de prouver l'exactitude des
allégations, indications ou présentations annoncées.
Malgré la diversité des textes, cela ne permet pas de saisir la publicité dans son
intégralité surtout avec l'évolution qu'elle connait depuis quelques années et qu'elle
est appelée a connaitre.
- elle peut jouer un rôle éducatif qui respecte la déontologie et les codes de conduite
créés par les professionnels eux-mêmes.
La publicité doit être véridique, loyale, identifiable; pour atteindre ses objectifs,
l'autodiscipline exige que les professionnels de la publicité (annonceurs, agences de
publicité, supports) soient tenus de respecter les normes requises et que les organes
de contrôle doivent, de leur côté, veiller au bon respect de ces normes et indiquer les
dérapages par les voies légales.
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En effet, l'autodiscipline peut jouer un rôle complémentaire au droit et elle permet
surtout d'en compenser les lacunes, ainsi l'autodiscipline et législation sont les deux
moyens qui permettent d'instaurer l'idéal équilibre dans le rapport consommateurs-
annonceurs.
Seuls les officiers de la police judiciaire ont la qualité pour dresser les procès
verbaux constatant les infractions. Cependant, vu la nature de l'infraction publicitaire,
une personne spécialisée doit intervenir pour la détecter et cette personne
n'appartient pas forcément à la police judiciaire.
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A ce propos, l'article 52 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de
vente et à la publicité commerciale a prévue que: «Les infractions aux dispositions de
la présente loi sont constatées et poursuivies par les agents du contrôle économique,
les officiers de la police judiciaire et les agents de la réglementation municipale dans
les conditions prévues par la loi n° 91-64 du 29 juillet 1991 relative à la concurrence
et aux prix et ensemble les textes qui l'ont complétée ou modifiée».
Le législateur a facilité le rôle des agents de contrôle, en leur offrant des pouvoirs
assez importants; il a surtout garantit l'efficience de l'exercice de ces pouvoirs, en
érigeant en délit le refus de la part de l'annonceur de communiquer le message
publicitaire en question ou les éléments justificatifs et en générale tout ce qui peut
porter atteinte a l'accomplissement de leurs missions de contrôle.
Des sanctions ayant pour objet la condamnation aussi bien de l'auteur de l'infraction,
ainsi que la publicité trompeuse elle-même.
En droit tunisien, et suivant l'article 39 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux
techniques de vente et a la publicité commerciale:«L'annonceur est responsable à
titre principal de l'infraction commise, si le contrevenant est une personne morale, la
responsabilité incombe à ses dirigeants...», en outre, l'article 40 de la même loi
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dispose que: «L'annonceur et l'agent de publicité sont solidairement responsables
des infractions commises dans une opération de publicité, et touchant à l'ordre public
économique».
A titre principale, l'article 51 de la loi n° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques
de vente et a la publicité commerciale sanctionne l'auteur de l'infraction par une
amende variant entre 500 a 10.000 dinars , et l'article 35 de la loi n° 92-117 du 7
décembre 1992 relative a la protection du consommateur le condamne par une
amende de 1000 dinars a 20000 dinars.
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Chapitre II / La publicité déloyale
La création de publicités efficaces est l'un des objectifs primordiaux des agences de
publicité et des annonceurs mais aussi une de leur grande source d'inquiétude. C'est
pourquoi, ils sont sans cesse a la recherche de nouvelles stratégies permettant a
leurs messages d'atteindre leur cible de la façon la plus efficace. C'est ainsi que la
publicité comparative, qui fut longtemps prohibée, est de plus en plus utilisée. Il
semblerait que ce format ait des bienfaits tant pour le consommateur en lui donnant
plus d'information que pour le marché en assurant plus de transparence.
Dans son communiqué datant du 13 Août 1979, la FTC (Federal Trade Commission)
définit la publicité comparative comme une publicité qui compare plusieurs marques
de façon objective sur des attributs mesurables ou sur le prix et identifie les marques
par leur nom, symbole ou toute autre information distinctive.
C'est aux Etats-Unis que les premières versions de publicités comparatives sont
apparues et c'est dans ce pays qu'elles sont le plus utilisées à l'heure actuelle.
En Tunisie, il n'y a pas de texte de loi précis traitant la publicité comparative, mais
plutôt une loi relative a la publicité commerciale en général.
En règle générale, les annonces publicitaires ne peuvent être diffusées sur antenne
qu'après l'obtention d'un « visa de passage » délivré par la commission de la
communication publicitaire radiodiffusée et télévisée instituée auprès de l'ANPA, et
ce dans le but de veiller au respect des intérêts des téléspectateurs et des auditeurs,
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et de vérifier que le produit est en conformité avec les normes techniques et les
règles déontologiques exigées.
- elle compare des produits ou services répondant aux mêmes besoins ou ayant les
mêmes objectifs ;
- elle ne tire pas indûment profit de la notoriété attachée a une marque, un signe
distinctif d'un concurrent ;
- pour les produits ayant une appellation d'origine, elle se rapporte dans chaque cas
à des produits ayant la même appellation.
Par ailleurs, toute comparaison qui fait référence à une offre spéciale doit indiquer de
manière claire et non équivoque la date a laquelle l'offre prend fin. Il est indiqué, si tel
est le cas, que l'offre spéciale vaut jusqu'à épuisement des produits ou services
(mention que l'on rencontre régulièrement : offre valable jusqu'a épuisement du stock
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ou bien offre limitée). Si l'offre n'a pas encore commencé, sa date de début sera
indiquée; l'offre spéciale peut porter sur le prix ou d'autres conditions spécifiques.
En Tunisie, il n'y a pas de texte de loi précis traitant de la publicité comparative, mais
seulement la loi relative à la publicité commerciale en général notamment l'article 36
de la loi n°98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de vente et à la publicité
commerciale. La publicité comparative n'est donc pas explicitement autorisée par la
loi tunisienne.
L'auteur d'un acte de concurrence déloyale peut voir sa responsabilité civile mise en
cause dans le cadre d'une action en concurrence déloyale exercée par toute
personne victime de ses actes déloyaux. Outre le risque de dommages-intérêts, il
court le risque de se voir empêché d'exercer son activité ou gêné dans son exercice
tant qu'il n'a pas mis fin à ses pratiques.
Cette règle permet d'éviter les affirmations purement subjectives et sans preuve,
mais la réglementation en Tunisie n'a pas encore instauré une loi traitant la publicité
comparative et les pratiques sur le marché tunisien consolide cette idée.
La publicité peut ainsi, être nuisible par son contenu aussi bien aux consommateurs
qu'aux concurrents, si elle est trompeuse ou si elle se transforme en un moyen de
concurrence déloyale.
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