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Depuis les années 1970, la normalisation comptable considère que l'objectif principal
l'information comptable s'apprécie donc par l'aide qu'elle est susceptible d'apporter à
Tous les utilisateurs des états financiers n'ont cependant pas les mêmes objectifs.
Les investisseurs cherchent avant tout à prévoir l'évolution de la valeur de la société afin
de déterminer s'ils doivent acheter ses titres et vendre ou conserver ceux qu'ils
ils cherchent donc plutôt à estimer son risque de défaillance. C'est la capacité de la
comptabilité à fournir des informations utiles à ces deux objectifs qui est examinée dans
ce chapitre.
l'entreprise, autrement dit de déterminer sa « juste valeur » (fair value). L'IASB définit
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celle-ci comme « le prix qui serait reçu pour la vente d'un actif... lors d'une transaction
normale entre des intervenants du marché à la date d'évaluation » (IAS 13, § 9).
Selon cette définition, la meilleure estimation de la juste valeur d'un bien correspond
bien. Si l'acheteur accepte de payer l'actif un certain prix, c'est parce qu'il en attend
des revenus futurs au moins équivalents. Le prix maximal qu'il est prêt à payer, autrement
dit à décaisser, correspond donc à la valeur actuelle de ses encaissements futurs. De son
côté, le vendeur, qui se prive de ces revenus, exige d'en recevoir au minimum l'équivalent
actuel. Le seul prix susceptible de satisfaire les deux parties est donc la valeur actuelle
n
CF t
V 0= ∑ ❑
t =1
¿¿
pour tenir compte de la spécificité de ce type de bien. En effet, une entreprise n'est pas
un actif isolé comme une machine ou un immeuble, mais un portefeuille d'actifs. Elle
possède toute une série d'éléments (constructions, matériels, équipements, etc.) qui
contribuent à son fonctionnement. Or, ces actifs ont des durées de vie différentes ;
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certains seront hors d'usage prochainement, alors que d'autres continueront à
fonctionner pendant de nombreuses années. Pour obtenir les cash-flows prévus, il faudra
donc effectuer des investissements de façon à remplacer les actifs arrivés en fin de vie
∞
CFOt −I t
V 0=∑ ❑
t =1
¿¿
prendre en compte tous les flux monétaires futurs, d’où le remplacement de n par le signe ∞.
à la date t, diminué des investissements nécessaires la même année pour obtenir les cash-
flows attendus les années suivantes. Cette différence est appelée free cash-flow (FCF).
∞
FCF t
V 0= ∑ ❑ ¿ ¿
t =1
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Etant donné que les prévisions deviennent très hasardeuses au-delà d'une certaine
date, cette formule doit être simplifiée pour être rendue opérationnelle. La solution
généralement retenue consiste à prévoir les flux de trésorerie disponibles sur une
augmenteront chaque année au même taux (le taux d'inflation par exemple). La formule
n
FCF t en cas de free cash-flows constants au-delà de n(4)
V 0= ∑ ❑
t =1
¿¿
ou
en cas de free cash-flow croissantau-delà de n(5)
n
FCF avec g = taux de croissance attendu des free cash-
V 0= ∑ ❑ ¿ ¿ t flows à partir de l’année n+1 (avec g <k)
t =1
Les investissements à effectuer chaque année I t sont fonction de l’âge des actifs en
donc en définitive que de deux éléments : les flux de trésorerie d'exploitation attendus
et le risque de l'entreprise. Une information est donc utile aux investisseurs si elle l'aide
à prévoir les flux de trésorerie futurs. C'est la raison pour laquelle l'IASB précise que
«les investisseurs, les préteurs et les autres créateurs actuels et potentiels ont […]
besoin d'informations qui les aident à évaluer les perspectives d'entrées nettes futures
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1.2. Quel est le meilleur prédicteur des cash-flows futurs ?
alors que le cash-flow net ne mesure que la variation de la trésorerie. Le résultat est
donc une mesure de la performance plus globale que le cash-flow. Les deux sont
Les accruals représentent les charges non décaissées (dotations aux amortissements
besoin en fonds de roulement (variations des stocks, des créances et des dettes
d'exploitation). La relation précédente peut donc s'écrire de manière plus précise ainsi :
Puisque la valeur de l'entreprise est fonction des cash-flows d'exploitation futurs, il est
flux de trésorerie futurs. A priori, le résultat semble mieux placé puisqu'il représente la
trésorerie, c'est-à-dire le changement de valeur d’un actif parmi d'autres, qui plus est
Mais l'inconvénient du résultat est qu'il est plus facilement manipulable que le cash-flow.
Il comprend en effet des accruals dont le montant est fortement subjectif, car fonction
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du jugement du comptable (choix des durées d'amortissement, estimation des provisions)
et des décisions de gestion de l'entreprise (niveau des stocks, durée du crédit accordé
aux clients, utilisation ou non du crédit fournisseur). Le cash-flow est beaucoup plus
partir des relevés bancaires. La possible manipulation des accruals et donc du résultat
suggère que le cash-flow actuel puisse être un meilleur prédicteur des cash-flows futurs.
Mais il est possible aussi que la manipulation des accruals renseigne sur les cash-flows à
venir. On suppose en effet que les dirigeants ont tendance à diminuer le résultat
lorsqu'ils anticipent une détérioration des performances futures, afin d'assurer une
l'excellence des prévisions des dirigeants. Quel que soit le cas, le montant des accruals
peut donc avoir une valeur prédictive, à condition cependant que le marché soit capable de
Compte tenu de ces différents arguments, la théorie ne permet pas de prévoir lequel du
cash-flow ou du résultat est le plus capable de prévoir les cash-flows futurs. La réponse à
résultat ou autre) consiste à régresser le cash-flow d'une année avec la valeur de cet
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CFOt = α+ β I t −n +ε t
Un tel modèle indique s'il existe une relation significative entre le cash-flow d'une
Les résultats des premières études empiriques sont contradictoires. Aux Etats-Unis
Bowen er al. (1980) n'ont pas constaté de différence entre le cash-flow et le résultat
quant à la prévision des cash-flows des deux années suivantes. Greenberg et al. (1986)
aboutissent au contraire à la conclusion que, dans la majorité des cas, le résultat s'avère
un meilleur prédicteur des cash-flows futurs que le cash-flow lui-même. Dechow et al.
(1998) ont développé un modèle théorique selon lequel le résultat devrait être supérieur
au cash-flow pour la prévision des cash-flows des années suivantes. L'étude empirique
Etant donné que la différence entre le résultat et le cash-flow correspond aux accruals,
sur la capacité des accruals à prévoir les cash-flows futurs. Pour étudier celle-ci, Barth
et al. (2001) ont eu l'idée de décomposer les accruals en leurs éléments constitutifs
(variation des créances et des dettes d'exploitation, variation des stocks, charges
d'amortissements et de provisions, etc.). Ils ont observé une relation significative entre
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chacune de ces composantes et les flux de trésorerie futurs. Ils ont également vu qu'en
composantes des accruals), il est possible d'obtenir de meilleures prévisions des flux de
futurs que le cash-flow lui-même. L'étude de Kim et Kross (2005), qui couvre les années
1973 à 2000, montre même que cette supériorité a augmenté dans le temps. La précision
des prévisions semble s'être également significativement accrue pendant la période. Les
auteurs attribuent cette évolution à une augmentation de la prudence dans le temps. Ils
ont en effet constaté que l'amélioration de la capacité prédictive des résultats a surtout
concerné les secteurs dont le niveau de prudence comptable (mesuré par le montant des
A priori, on peut penser que cet indicateur est un bon prédicteur des cash-flows parce
qu'il mesure la variation totale des capitaux propres durant la période (hors apports et
retraits des actionnaires), alors que le résultat net n’en représente qu'une partie. D'un
autre côté, le résultat global comprend des plus et moins-values ayant un caractère non
définitif, ce qui justifie d'ailleurs que ces éléments ne sont pas comptabilisés dans le
résultat net. On peut donc penser qu'en raison du caractère transitoire de certains de
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ses éléments le résultat global a une capacité prédictive moindre que le résultat. L’étude
de Dhaliwal et al. (1999) confirme cette intuition. Elle montre en effet que le résultat
Une des critiques couramment adressées au résultat net est qu'il comprend des éléments
peu utiles à l'évaluation de l'entreprise, car non récurrents. C'est la raison pour laquelle
certaines sociétés financières comme Standard & Poor’s ou I/B/E/S utilisent des
résultats pro forma obtenus en excluant certaines charges jugées non pertinentes. Doyle
et al.(2003) se sont demandé si les résultats ainsi ajustés ont une capacité prédictive
supérieure à celle du résultat calculé selon les normes comptables. Ils ont constaté que
les charges exclues par I/B/E/S pour le calcul de son résultat pro forma sont utiles à la
prévision des cash-flows futurs, ce qui tend à montrer que la capacité prédictive du
Une des limites des études précédentes est qu'elles ont toutes été réalisées aux États-
Unis. Elles comparent donc la capacité prédictive du cash-flow à celle du résultat calculé
déterminer si les conclusions sont identiques lorsque le résultat est basé sur les IFRS.
D’autre part, comme les IFRS se sont donné pour but de faciliter la prévision des cash-
flows, ce qui n'était pas le cas des règlementations nationales antérieures, une
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1.3 La prévision du risque de l'entreprise
La valeur de l'entreprise ne dépend pas uniquement des cash-flows futurs. Elle est aussi
fonction du risque attaché à ceux-ci, risque qui détermine le taux d'actualisation des
cash-flows (taux k dans les équations 1 à 5). Il est donc pertinent de se demander quels
sont les déterminants de ce risque et, en particulier, si celui-ci peut être estimé à partir
de données comptables.
Le risque d'un actif peut être décomposé en deux éléments : le risque systématique et le
risque spécifique. Ce dernier est, comme son nom l'indique, propre à l'entreprise.
spécifique n'est donc pas rémunéré. La seule fraction du risque pour laquelle le marché
exige un rendement est le risque systématique, qui peut être éliminé par diversification.
Le risque systématique d'un actif est mesuré par son coefficient bêta qui, comme on l'a
βi = Cov(R ¿ ¿ i , R m )
¿
Var ( R¿ ¿ m) ¿
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Comme indiqué au chapitre 3, le coefficient bêta du marché est, par construction, égal à
1. Un actif ayant un ß supérieur à 1 est donc plus risqué que le marché, et un actif ayant
un B inférieur à 1 moins risqué. Plus le bêta est élevé, plus la valeur de l'actif réagit
permet d'estimer la rentabilité exigée par le marché compte tenu du niveau de risque de
cet actif. Selon le Capital Asset Pricing Model (CAPM), cette rentabilité est égale à:
Ri = R f + β i ¿ ¿- R f ¿
Puisque le risque systématique est le seul que le marché accepte de rémunérer, les
chercheurs se sont focalisés sur cette partie du risque, autrement dit sur les
plupart datent des années 1970 et 1980. Selon Ryan (1997), elles ont montré que la
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Le coefficient bêta apparait également positivement lié au risque d'exploitation (mesuré
par la variabilité des prix et des quantités), à l'effet de levier d'exploitation (c'est-à-
dire à l'importance des charges fixes par rapport à la marge sur les coûts variables) et au
niveau d'endettement. Ces résultats ne sont pas surprenants compte tenu de la similitude
est donc logique qu'il soit fonction de la volatilité du résultat, même si, en théorie, la
relation avec la volatilité des cash-flows devrait être encore plus forte si, comme on le
suppose, ce sont les cash-flows, et non les résultats, qui déterminent la valeur des
actions.
la manière dont ils élaborent leurs prévisions et à l'écart entre celles-ci et les
performances réelles des entreprises 'Cet intérêt du monde académique pour cette
profession s'explique par deux raisons. La première est que les prévisions des analystes
boursière de l'entreprise. La seconde est que ces prévisions sont aisément disponibles,
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