Vous êtes sur la page 1sur 36

Consolidation

comptable

La consolidation comptable consiste à


établir les états financiers d'un groupe de
sociétés, pour publication mais aussi
pour ses besoins internes. Elle agrège
pour cela les comptabilités de chacune
des sociétés qui composent ce groupe et
opère des retraitements afin de faire
comme s'il ne s'agissait que d'une entité
unique. Le mot « consolidation » est ici
un anglicisme dérivé de to consolidate,
qui signifie « grouper ».

Les états financiers consolidés (ou


« comptes » consolidés), dont le bilan
consolidé, le compte de résultat
consolidé et le tableau de financement
consolidé, sont établis comme s’il
s’agissait d’une seule et même
entreprise. Sous certaines conditions,
l’établissement des comptes consolidés
est obligatoire.

Enjeux
Dans les comptes individuels d’une
société susceptible d’établir des
comptes consolidés, la valeur des titres
inscrite au bilan est le seul élément
d’information dont on dispose sur une
participation détenue. Cette valeur reflète
généralement le coût d’acquisition des
titres.

L’objectif des comptes consolidés est de


fournir au lecteur externe une vision plus
économique de l’activité, du patrimoine
et du résultat d’un ensemble d’entités
détenues par une entreprise
consolidante. Les comptes consolidés
s’affranchissent des règles fiscales et
juridiques de séparation des patrimoines
sur lesquelles reposent les comptes
individuels pour mettre en avant une
vision purement économique. Pour cela,
ils reposent sur le principe de
prééminence de la réalité économique
sur la forme juridique (Substance over
form).

Les états financiers consolidés


permettent de parvenir à une traduction
fidèle de la performance et de la
situation financière d’un groupe ainsi que
des flux de trésorerie qu’il génère.
Finalement, ils présentent un ensemble
d’entités comme s’ils n'en formaient
qu’une seule.

La technique principale de la
consolidation est de substituer à la
valeur des titres détenus par la société
mère l'ensemble des actifs et passifs
sous contrôle direct ou indirect de la
société consolidée (filiale). Lorsque la
société consolidante ne détient pas la
totalité du capital de la société fille, la
portion non détenue apparaît au passif
du bilan sous la dénomination d'intérêt
minoritaire.

En résumé, les retraitements opérés ont


pour but :

d'éliminer les conséquences des


échanges qui ont pu se faire entre des
sociétés du groupe (pour les variables
de flux : achats et ventes, intérêts
versés ou reçus, dividendes versés ou
reçus ; pour les valeurs bilantielles :
créances et dettes réciproques de
nature financière ou commerciale,
profits internes latents sur les stocks
acquis auprès d'une autre société du
groupe et présent à la date de clôture,
et surtout les détentions de titres des
sociétés entre elles : les capitaux
propres d'une filiale ainsi que ses titres
de participation détenus chez sa mère
sont annulés) ;
d'homogénéiser les pratiques
comptables des différentes sociétés
(par exemple en rendant homogène les
durées d'amortissement qui seraient
différentes pour des raisons fiscales,
en intégrant les immobilisations
faisant l'objet d'un crédit-bail, en
intégrant certains passifs sociaux
(stock-options)) ;
de convertir les états financiers de
sociétés du groupe qui ne seraient pas
établis dans la devise utilisée pour la
consolidation ;
de ne faire apparaître que l'aspect
économique des transactions, hors
des exigences purement fiscales de la
comptabilité sociale.

Caractéristiques de la
consolidation comptable

Notion de groupe en consolidation


Un groupe est un ensemble d'entités qui
ont chacune une personnalité juridique
différente. D’un point de vue économique,
un groupe est composé d’un ensemble
d’unités juridiquement autonomes qui
dépendent d’un même centre décisionnel
appelé société-mère. Très généralement,
la relation de dépendance qui résulte de
cette organisation s’inscrit dans la
perspective d’une stratégie globale de
développement et se traduit par la
détention directe ou indirecte de droits
de vote dans le capital des sociétés
dépendantes.

Le groupe est une société-mère ainsi que


toutes ses filiales. On entend par filiale
une entité contrôlée par une autre entité
(sa mère). L’idée fondamentale sur
laquelle repose l’existence du groupe est
la notion de contrôle au sens anglais de
ce mot (to control signifiant diriger ou
maîtriser). De ce fait, on peut définir le
groupe comme une « entité de contrôle ».

La norme internationale IAS 27 États


financiers consolidés et individuels (2003)
traitait explicitement de cette notion :

« Une société mère est présumée exercer


le contrôle lorsqu’elle détient directement
ou indirectement la majorité des droits
de vote d’une entreprise ou lorsqu’elle
peut diriger les politiques financières et
opérationnelles de l’entreprise en vertu
de statuts ou de contrats ».

La norme IFRS 10 États financiers


consolidés s'est substitué à la norme IAS
27 en matière de consolidation et a
redéfini la notion de contrôle.

Ces normes donnent la possibilité de


consolider une entreprise sans détenir de
participation majoritaire, mais à condition
d'exercer le contrôle de celle-ci. Il en est
de même dans la norme française CRC
99-02. Aux États-Unis, le contrôle est
défini plus strictement, car seul le
contrôle de la majorité des droits de vote
permet de consolider une entreprise au
sein de son groupe.

Le contrôle de la société mère est défini


comme le pouvoir de décider de la
politique financière et de l’activité d’une
entreprise, de façon à en retirer des
profits. Les groupes ne sont pas définis
directement par le code de commerce.

Obligations légales et règlementaires

La loi du 3 janvier 1985 a institué en


France l'obligation d'établir et de publier
des comptes consolidés, pour les
sociétés commerciales et les entreprises
publiques. Cette loi a été adoptée en
application de la 7e directive européenne.
Elle est intégrée dans le code de
commerce. Selon l'article L 233-16 du
code de commerce, les sociétés
commerciales établissent et publient
chaque année à la diligence du conseil
d'administration, du directoire, du ou des
gérants, selon le cas, des comptes
consolidés, ainsi qu'un rapport sur la
gestion du groupe, dès lors qu'elles
contrôlent de manière exclusive ou
conjointe une ou plusieurs autres
entreprises. L'article L 233-21 du code de
commerce précise que les comptes
consolidés doivent donner une image
fidèle du patrimoine, de la situation
financière et du résultat de l'ensemble
constitué par les entreprises comprises
dans le périmètre de consolidation.

Le règlement CRC 99-02 du Comité de la


réglementation comptable, relatif aux
comptes consolidés, homologué par
arrêté du 22 juin 1999, expose les Règles
et méthodes relatives aux comptes
consolidés (RMCC) qui doivent être
appliquées obligatoirement par les
sociétés commerciales et les entreprises
publiques soumises à l'obligation
d'établir des comptes consolidés.

Le Conseil et le Parlement européen ont


adopté le règlement IAS 2005 du 7 juin
2002. Ce règlement oblige les sociétés
cotées sur un marché réglementé dans
l'Union européenne, à présenter leurs
comptes consolidés conformément aux
normes internationales IFRS
(International Financial Reporting
Standards), pour les exercices débutant
à partir du 1er janvier 2005.

Le code de commerce (art. L 233-24)


indique que les sociétés commerciales
sont dispensées de se conformer aux
règles comptables régissant les comptes
consolidés (art. L 233-18 à 23)
lorsqu’elles utilisent les normes
comptables internationales adoptées par
règlement de la Commission européenne.
Cette disposition permet donc aux
sociétés, même non cotées, d'opter pour
l'application des IFRS. Elles sont alors
dispensées d'établir des comptes
consolidés conformes au règlement
français CRC 99-02.

Périmètre et méthodes de
consolidation

Le périmètre de consolidation définit la


composition de l'ensemble à consolider.
Il comprend toutes les entreprises
contrôlées (contrôle exclusif ou contrôle
conjoint) ou sous influence notable
(règlement CRC 99-02, art. 1 000).
La méthode de consolidation des
sociétés dépend :

de la nature du contrôle de l'entité


détenue;
du pourcentage de contrôle que la
société consolidante détient
directement ou indirectement sur ces
entités.

Trois méthodes existent : intégration


globale, mise en équivalence et
intégration proportionnelle.
Méthodes de consolidation (selon le règlement CRC 99-02)

Conditions Type de contrôle Méthode

Cont rôle exclusif de


> 50 % des droit s de vot e Int égrat ion globale
droit

> 40 % des droit s de vot e et désignat ion


pendant 2 exercices
Cont rôle exclusif de
Int égrat ion globale
de la majorit é des organes d'administ rat ion, fait
cont rôle et surveillance

Influence dominant e en vert u d'une convent ion Cont rôle exclusif


Int égrat ion globale
ou d'une clause convent ionnel

Mise en
≥ 20 % et ≤ 50% des droit s de vot es Influence not able
équivalence

Exploit at ion en commun d'une filiale


Int égrat ion
Cont rôle conjoint
Exist ence d'un accord cont ract uel proport ionnelle

hors périmèt re de
< 20 % des droit s de vot e Aucune
consolidat ion
Méthodes de consolidation (selon les normes internationales IFRS)

Type de
Conditions Méthode
contrôle

Cont rôle
> 50 % des droit s de vot e Consolidat ion
d'une filiale

moins de 50 % des droit s de vot e mais :


a) pouvoir sur plus de la moit ié des droit s de
vot e en vert u d’un accord avec d’aut res
invest isseurs ;

b) ou pouvoir de diriger les polit iques financière


et opérat ionnelle de l’ent it é en vert u d’un
t ext e réglement aire ou d’un cont rat  ;

c) ou pouvoir de nommer ou de révoquer la


Cont rôle
majorit é des membres du conseil Consolidat ion
d'une filiale
d’administ rat ion ou de l’organe de direct ion
équivalent , si le cont rôle de l’ent it é est exercé
par ce conseil ou cet organe ;

d) ou pouvoir de réunir la majorit é des droit s de


vot e dans les réunions du conseil
d’administ rat ion ou de l’organe de direct ion
équivalent , si le cont rôle de l’ent it é est exercé
par ce conseil ou cet organe.

Influence
not able sur
≥ 20 % et <50% des droit s de vot es une Mise en équivalence
ent reprise
associée

Mise en équivalence (la


mét hode de la
Exploit at ion en commun d'une coent reprise
Cont rôle consolidat ion
Exist ence d'un accord cont ract uel conjoint proport ionnelle en cas de
cont rôle conjoint n'est
désormais plus aut orisée)

< 20 % des droit s de vot e hors Aucune


périmèt re de
consolidat ion
Pourcentages d’intérêts et de
contrôle

Le pourcentage d’intérêts de la société


mère dans une filiale exprime la fraction
du capital de la filiale qui appartient
directement ou indirectement à la société
mère. Ce pourcentage représente
l’intéressement financier de la société
mère dans ses filiales et sous-filiales.

Le pourcentage de contrôle de la société


mère dans une filiale exprime le
pourcentage de droits de vote dont
dispose la société mère à chaque
assemblée générale. Ce pourcentage
représente le contrôle exercé par une
société mère dans ses filiales et sous-
filiales.

Lorsqu’il existe des sous-filiales, le


pourcentage d’intérêts n’est pas
obligatoirement égal au pourcentage de
contrôle. Pour déterminer le type de
contrôle et la méthode de consolidation,
on retient le pourcentage de contrôle. En
revanche pour établir les comptes
consolidés, on retient le pourcentage
d’intérêts.

On distinguera trois types de contrôles


différents : contrôle exclusif, contrôle
conjoint et influence notable.

Contrôle exclusif
De droit : lorsque le pourcentage de
contrôle est supérieur (ou égal) à 50 %.
De fait : lorsque le pourcentage de
contrôle est supérieur à 40 %, qu'aucun
tiers ne possède plus et que la société
mère a procédé à la majorité des
désignations des membres des
organes d'administration, de direction
ou de surveillance ; Cas justifié par
RMCC.
CAS IFRS Le contrôle de fait n'est pas
présumé si la société Mère possède
plus de 40 % (de 40 % à 50 %) de droit
de vote et qu'aucun d'autre actionnaire
n'a plus. Il faut prouver qu'elle a ou
qu'elle peut nommer la majorité des
membres des organes
d'administrations, de direction ou de
surveillance.
Contractuel lorsque ce contrôle est
contractualisé ou présent dans les
clauses statutaires, il peut donc même
exister dans l'hypothèse où la société
mère n'aurait aucune participation dans
la filiale considéré
Contrôle conjoint

Lorsque la société est détenue et


exploitée par un nombre limité d'associés
et qu'un accord contractuel prévoit
l'exercice du contrôle conjoint.

Influence notable
Lorsque la société détient au moins 20 %
des droits de votes (pourcentage de
contrôle de 20 %), ce qui lui donne le
pouvoir de participer à la direction d'une
entreprise sans en avoir pour autant le
contrôle.

Exemple

Par exemple si une société mère A,


détient directement :

55 % de participations dans une filiale


B qui détient 35 % de C
20 % de participations dans une filiale
C
23 % de participations dans une filiale
D

Alors :

A exerce un contrôle exclusif de droit


sur B avec un pourcentage de contrôle
et d'intérêt de 55 % ;
On considère donc que A contrôle les
participations de B, son pourcentage
de contrôle sur C est donc de 20 + 35
= 55 %, cependant son pourcentage
d'intérêt n'est que de 0,55 * 0,35 + 0,2 =
39,25 %, ainsi A exerce également un
contrôle exclusif sur C ;
Avec seulement 23 % des
participations dans D et en supposant
l'absence de contrat qui viendrait
établir un autre équilibre des pouvoirs
(comme un contrôle conjoint par
exemple), A a une influence notable sur
D.

Pratique de la consolidation
Le processus de consolidation consiste
à cumuler les comptes des filiales et
ceux de la société mère, tout en éliminant
les comptes et opérations réciproques à
l’intérieur du groupe. Plusieurs étapes
sont nécessaires afin d’établir les
comptes consolidés ou comptes du
groupe.
Les comptes consolidés se composent
des éléments suivants :

un bilan consolidé,
un compte de résultat consolidé,
une annexe comptable consolidée,
et un rapport de gestion du groupe[1].

Écritures de consolidation

À partir des tableaux, on doit enregistrer


la reprise des bilans, des comptes de
résultat, et les retraitements. Ces
opérations sont enregistrées dans le
journal de consolidation.

Les écritures de consolidation peuvent


être classées en trois catégories :
les conversions : opérations visant à
établir convertir dans la devise de
présentation des états financiers les
comptes de sociétés du périmètre qui
sont tenus dans une devise différente
les retraitements : opérations visant à
rendre les évaluations homogènes
les ajustements : opérations visant à
rendre les comptes et opérations
intragroupe réciproques
les éliminations : opérations visant à
supprimer les doubles emplois ou
éliminer les titres
Les conversions sont effectuées
comme suit
Les comptes du compte de résultat
sont convertis au cours moyen de la
période,
Les comptes de bilan sont convertis au
cours à la date de clôture des états
financiers, sauf pour les comptes de
capitaux propres qui sont convertis
aux taux historiques.
Les retraitements

Les retraitements peuvent eux-mêmes


être classés en plusieurs catégories :

les écritures d'harmonisation : dès que


les hétérogénéités d'évaluation sont
significatives, un retraitement est
pratiqué,
les écritures résultant de la législation
fiscale : provisions règlementées ou
suppression des subventions des
capitaux propres,
les écritures de traitement d'impôt
différé,
les écritures de retraitement des actifs
et passifs à juste valeur,
les écritures de retraitement liés aux
méthodes d'évaluation préférentielles :
contrats de location-financement,
provisions pour indemnités de fin de
carrière, neutralisation des écarts de
conversion actif et passifs, étalement
des frais d'emprunts, méthode de
l'avancement pour les travaux en
cours.
Les ajustements

Ces opérations visent à reconstituer la


réciprocité des comptes intragroupe au
bilan et des opérations intragroupe pour
les charges et les produits. Ces
opérations peuvent avoir des effets sur
les résultats : corrections comptables ou
décalage d'opérations, différences de
change. Lorsqu'elles n'ont pas d'effet sur
les résultats : ce sont des opérations de
reclassements.

Les éliminations
les opérations d'éliminations peuvent être
résumées par les catégories suivantes :

les éliminations des comptes et


opérations réciproques sans effet sur
les résultats,
les éliminations des résultats internes :
marge en stocks, cession interne
d'actif,
les éliminations des provisions
relatives aux entreprises consolidées,
les éliminations des titres.

États de synthèse

Le groupe établit le bilan consolidé, le


compte de résultat consolidé et l'annexe
des comptes consolidés. Selon le
règlement français ANC 2020-01,
l'annexe comprend notamment un
tableau de variation des capitaux propres
et un tableau des flux de trésorerie. Selon
les normes IFRS, ces deux tableaux
constituent des états distincts de
l'annexe. Le rapport de gestion du groupe
expose la situation de l’ensemble
consolidé. Les comptes consolidés
doivent être réguliers et sincères et
donner une image fidèle du patrimoine,
de la situation financière de l’ensemble
des sociétés appartenant au périmètre
de consolidation. L’objectif du bilan, du
compte de résultat consolidés, de
l'annexe, du tableau de variation des
capitaux propres, du tableau des flux de
trésorerie et du rapport de gestion est de
communiquer aux partenaires une
information économique et financière sur
le groupe. L’interprétation des différents
documents comptables consolidés doit
tenir compte des caractéristiques
propres aux groupes.

Les autres règles liées aux comptes


consolidés

En plus des documents liés aux comptes


annuels consolidés, il convient d’établir
un rapport de gestion consolidé.

Les comptes consolidés doivent être


communiqués aux associés ou
actionnaires, approuvés par l’assemblée
générale annuelle et déposés chaque
année au greffe du tribunal de commerce
compétent.

Enfin, les sociétés qui établissent des


comptes consolidés ont l’obligation de
nommer 2 commissaires aux comptes[1].

Notes et références
1. « Les comptes consolidés :
présentation et fonctionnement |
Compta-Facile » (http://www.compt
a-facile.com/les-comptes-consolides
-presentation-et-
fonctionnement/)  [archive], sur
www.compta-facile.com (consulté le
19 avril 2017)

Voir aussi

Article connexe

International Financial Reporting


Standards (IFRS)

Lien externe

Bibliographie

Portail du management
Portail de la finance
Ce document provient de
« https://fr.wikipedia.org/w/index.php?
title=Consolidation_comptable&oldid=18955251
2 ».

La dernière modification de cette page a été


faite le 4 janvier 2022 à 15:13. •
Le contenu est disponible sous licence CC BY-SA
3.0 sauf mention contraire.

Vous aimerez peut-être aussi