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MANAMANI
Rétrécissement mitral RM
Objectif
- Poser le diagnostic d’un rétrécissement mitral
- Savoir prescrire les examens para cliniques pour confirmer le diagnostic de RM et
l’évaluer
- Identifier l’étiologie
- Connaitre les principes de prise en charge.
-
Plan :
I. INTRODUCTION – DEFINITION
II. ETIOLOGIES
III. PHYSIOPATHOLOGIE
IV. DIAGNOSTIC
1. Signes fonctionnels
2. Signes physiques
3. Signes radiologiques
4. Signes électro cardiographiques
5. L'échocardiographie-Doppler : est un examen essentiel
6. Signes hémodynamiques
VII. EVOLUTION
VIII. TRAITEMENT
1. Médical
2. Chirurgical
Rétrécissement mitral Pr. L. MANAMANI
I. INTRODUCTION – DEFINITION
1. Anatomie
La valve mitrale comprend 2 valves de surfaces inégales, séparées par 2 profondes incisures
appelées commissures, et fixées sur un anneau fibreux.
Ces valves sont amarrées aux parois du ventricule gauche par des cordages tendineux partant
de 2 piliers ventriculaires (l' un antérieur, l' autre postérieur).
La surface mitrale normale est de 4 à 6 cm2 chez l'adulte.
2. Définition
Le rétrécissement mitral (RM) se définit comme une surface mitrale inférieure à 2,5 cm2.
Le terme de rétrécissement mitral serré est réservé aux surfaces mitrales inférieures à 1,5 cm2.
II. ETIOLOGIES
On distingue :
- Le RM congénital : rare, lié à une anomalie d'insertion des cordages, des piliers, à une valve
mitrale en parachute ou hypoplasique.
- Le RM acquis : presque toujours d'origine rhumatismale, même si un antécédent de RAA
n'est retrouvé que dans 50 à 75 % des cas. Il survient alors 5 à 15 ans après les accès
articulaires mais touche parfois les jeunes enfants dans les pays du tiers monde.
Le RM prédomine chez la femme (3 à 4 fois plus fréquent).
Seul le RM acquis sera traité dans ce cours.
III. PHYSIOPATHOLOGIE
Le RM réalise un barrage diastolique au flux sanguin auriculo-ventriculaire gauche.
L'augmentation de pression intra-auriculaire gauche va retentir progressivement sur toutes les
structures situées en amont de la valve mitrale. L'oreillette gauche se dilate progressivement.
L'augmentation de pression se transmet de façon rétrograde aux veines et capillaires
pulmonaires avec initialement résistances artérielles pulmonaires normales (hypertension
pulmonaire modérée, post-capillaire, dite passive, régressant après traitement).
Le maintien de l'obstacle mitral peut créer à un stade ultérieur des altérations définitives des
parois artériolaires pulmonaires, constituant un 2ème barrage artériolaire pulmonaire, cette fois
pré-capillaire, peu réversible. On retrouve alors un gradient entre pression pré-capillaire
(pression artérielle pulmonaire ou PAP) et pression postcapillaire (pression capillaire
artérielle pulmonaire ou PCAP) supérieur à 15 mmHg.
Le retentissement sur le cœur droit se manifeste d'abord par une hypertrophie ventriculaire
droite (HVD) puis une insuffisance ventriculaire droite (IVD) avec augmentation de la
pression diastolique VD.
Rétrécissement mitral Pr. L. MANAMANI
IV. DIAGNOSTIC
1. Signes fonctionnels
- La dyspnée d'effort est le maitre symptôme. Son importance est habituellement un bon reflet
du degré de sténose ; voir un œdème pulmonaire d'effort ou nocturne, indicateur de sténose
mitrale serrée.
- Palpitations (troubles du rythme auriculaire),
- hépatalgies d’effort ou permanentes (IVD) ,
- hémoptysies (poumon cardiaque du RM),
- accident embolique artériel (AC/FA, thrombus intra auriculaire gauche)
2. Signes physiques
- Palpation
A la pointe :
. Frémissement diastolique (ou cataire) se renforçant parfois en pré-systole,
. La fermeture mitrale, palpable à l'apex, (sensation de chiquenaude lors du choc apexien)
. La vibration d'ouverture mitrale, traduisant le claquement d'ouverture mitrale
Au creux épigastrique : signe de Harzer
3. Signes radiologiques
La silhouette cardiaque a un aspect triangulaire avec
- à gauche, arc moyen rectiligne ou saillant (tronc pulmonaire élargi, auricule gauche
dilatée).
- A droite, l'arc inférieur est modifié avec apparition d'un double contour traduisant
l'hypertrophie auriculaire gauche.
Les artères pulmonaires sont élargies, avec opacités floues dans les régions péri-hilaires,
aspect réticulo ou micro-nodulaire aux bases réalisant l'aspect de poumon mitral,
redistribution vasculaire pulmonaire vers les sommets et des lignes de Kerley (opacités fines
linéaires horizontales).
3. Signes électrocardiographiques
- une hypertrophie auriculaire gauche
- une hypertrophie ventriculaire droite
- passage en AC/FA, précédé par des extrasystoles auriculaires ou des accés d'AC/FA
paroxystiques.
Rétrécissement mitral Pr. L. MANAMANI
5. Signes hémodynamiques
Le cathétérisme n'est nécessaire que s'il persiste un doute sur le degré de sténose mitrale au
terme du bilan non invasif, notamment échocardiographique.
Il permet la mesure d'un gradient de pression inférieur à 10 mmHg entre artère pulmonaire et
capillaire pulmonaire en cas d'HTAP passive, supérieure à 15 mmHg en cas d'HTAP pré-
capillaire.
VII. EVOLUTION
- Les accidents évolutifs communs à toutes les valvulopathies rhumatismales : récidive
rhumatismale, insuffisance cardiaque, greffe bactérienne rare.
- Complications auriculaires
* Troubles du rythme auriculaire ; extrasystoles auriculaires, tachycardie supra-ventriculaire
(Flutter, AC/FA). L'AC/FA marque souvent un tournant évolutif de la maladie, favorisant les
accidents thrombo-emboliques et précipitant la défaillance cardiaque.
* Thrombose intra-auriculaire gauche : siégeant le plus souvent dans l'auricule gauche.
* Embole systémique : peuvent intéresser tous les territoires (cérébral, rénal, rétinien, etc...).
VIII. TRAITEMENT
1. Médical
Il constitue en fait le traitement des complications ou leurs préventions.
- abstention d'efforts importants.
- régime désodé
- diurétiques : en cas de décompensation cardiaque gauche.
- En cas d' AC/FA : traitement anti-coagulant, et antiarythmique. (une cardioversion
peut être également proposée en fonction du caractère récent de 1'AC/FA, de l'absence
de dilatation de l'OG et de thrombus dans l'OG).
2. Chirurgical
L'indication opératoire doit être envisagée devant tout rétrécissement mitral serré, et dans
toutes les formes symptomatiques (dyspnée d'effort, OAP, hémoptysies, IVD).
- La commissurotomie à cœur fermé : n'est actuellement guère utilisée
- La commissurotomie à cœur ouvert : plus complète et plus efficace. Elle peut être associée à
une annuloplastie tricuspidienne en cas d'IT fonctionnelle associée.
Elle nécessite toutefois l'emploi d'une CEC, exposant donc à certaines complications.
- Le remplacement valvulaire mitral : réservé au RM avec larges calcifications, ou
coexistence d'une fuite mitrale constitue.
Les prothèses mécaniques ou les bioprothèses peuvent être utilisées.
-Commissurotomie percutanée permet à l'aide d'un ballon de dilatation introduit par voie
veineuse fémorale la réalisation d'une véritable commissurotomie après cathétérisme trans
septal. Cette technique nécessite toutefois des valves souples, un appareil sous valvulaires peu
remanié, l'absence de thrombus auriculaire gauche et l'absence de fuite mitrale importante
associée.