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Université Abdou Moumouni de Niamey

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG)


COURS DE COMPTABILITE DES ASSURANCES
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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION A L’ASSURANCE

I) DEFINITION
Selon le Professeur Hémard : "L’assurance est une opération par laquelle une partie,
l’assuré, se fait promettre, moyennant une rémunération (la prime ou cotisation), pour lui ou
pour un tiers en cas de réalisation d’un risque, une prestation par une autre partie, l’assureur,
qui prenant en charge un ensemble de risques, les compense conformément aux lois de la
statistique".
Cette définition appelle quelques commentaires et précisions sur les termes suivants :
risque, sinistre, prime, compensation des risques.

I.1- LE RISQUE
C'est un événement dommageable de réalisation incertaine.
Il peut aussi s’agir d’un évènement de réalisation certaine, mais à une date inconnue
C’est l’éventualité (de survenance) de l’évènement aléatoire couvert par l’assurance
Nous pouvons noter que le concept d’assurance ne peut être séparé de la notion
de risque.
N. B. : Il convient de noter à toutes fins utiles que le mot risque peut avoir d'autres
acceptions :
il désigne la personne ou la chose placée sous la garantie de l'assurance. Exemple une
usine assurée contre l'incendie constitue un "risque incendie" et on précise même "risque
industriel"
il désigne en assurance Incendie la classification des murs extérieurs. Exemple : on
parlera de 1er risque pour un bâtiment construit en dur.

I-2- LE SINISTRE
C'est l’événement dommageable susceptible d’entraîner la garantie de l'Assureur.
Ce sont les pertes et dommages que subissent les assurés lorsque se réalise
l’événement aléatoire qui a motivé la souscription du contrat d'assurance.

1-3 LA MUTUALISATION

Par expérience, on sait que si le risque potentiel se réalise, les dommages dont
s'accompagne cette réalisation peuvent atteindre certaines personnes - ou certains
biens - sur qui pesait la menace ; d'autres personnes et d'autres biens (la grande
majorité) seront épargnés.

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Il y a donc une répartition possible de la charge de ces dommages potentiels entre tous
ceux qui redoutent la réalisation d'un même risque.

Pour ce faire il convient de grouper avant la survenance du sinistre tous les individus
qui accepteront de participer à la réparation des dommages subis par l'un ou l'autre
d'entre eux.

C’est le fondement même du concept de la mutualité.

Une notion importante apparaît ici ; c'est celle de la nécessaire sélection des risques
que l'assureur doit opérer.

Il faut en effet constituer des groupes qui présentent un certain nombre de


paramètres communs, c’est-à-dire qu'il faut constituer des ensembles homogènes
qui se prêtent aux hypothèses préalablement définies dans les modèles
mathématiques élaborés par les actuaires.

1-4- LA PRIME
C’est la somme payée par l’assuré en contrepartie des garanties accordées par
l’assureur.
C'est le prix de vente du "Produit Assurance" :
On connaît les principes de détermination du prix de vente d'un produit matériel.
Prix de vente = Prix de revient + Bénéfice
Une des particularités de l'assurance réside dans ce qu'on appelle l'inversion du cycle
de production.
En effet, à la différence d’un industriel, l’Assureur ne connaît pas à l’avance le prix de
revient de son produit, c’est-à-dire le coût total des paiements qui seront effectués au profit
des assurés victimes de sinistres garantis.
La difficulté en assurance réside donc dans le fait que l'Assureur doit prévoir le
nombre de sinistres qui auront lieu afin qu'ils soient compatibles avec le nombre de risques
assurés. Il doit donc faire à l'avance l’évaluation la plus exacte possible du nombre et du
montant des sinistres probables afin de pouvoir couvrir lesdits sinistres. Pour y parvenir
l'Assureur a recours d'une part à des techniques mathématiques, en particulier le calcul des
probabilités, et d'autre part à la statistique.

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En effet, à partir des statistiques des événements passés, le calcul des probabilités
permet à l'Assureur d’établir un montant de prime cohérent avec la masse de sinistres qu'il
devra couvrir.
Pour une meilleure compréhension du sujet, il est utile d’entamer un développement
sur le calcul des probabilités et sur la Loi des Grands Nombres.

II) DE L’IMPORTANCE DE LA STATISTIQUE DANS LA DETERMINATION DE LA PRIME


D’ASSURANCE

II.1. STATISTIQUE ET LOI DES GRANDS NOMBRES

L’information occupe une place importante dans la vie d’un individu, d’une unité
économique ou d’un pays. En effet, l’information permet de connaître la situation d’un fait et
de décider de l’action en toute rationalité. Par exemple, pour fixer un prix d’achat d’un bien il
est nécessaire de connaître les coûts des facteurs de production. En particulier, l’assureur a
plus que besoin de l’information compte tenu du phénomène de l’inversion du cycle de
production dans l’industrie de l’assurance. Davantage d’informations devront être réunies par
l’assureur pour lui permettre de vendre au mieux ses produits d’assurances.

La recherche de l’information emprunte plusieurs directions dont l’une est la


technique d’enquête qui consiste à observer une partie de la population appelée échantillon.
Cette technique a l’avantage d’être moins coûteuse et d’obtenir des résultats identiques à ceux
du recensement en vertu de la Loi des Grands Nombres.
Essentiellement, la Loi des Grands Nombres indique que lorsque l'on fait un tirage
aléatoire dans une série de grande taille, plus on augmente la taille de l'échantillon, plus les
caractéristiques statistiques du tirage (l'échantillon) se rapprochent des caractéristiques
statistiques de la population.
L’exemple le plus fréquent utilisé pour illustrer la Loi des Grands Nombres est le
lancer d’un dé à six (6) faces. Il faut observer les différents lancers afin de déduire de la
probabilité d’apparition d’une face. La probabilité est la modélisation du hasard parce que le
calcul de probabilités pose pour postulat que le hasard obéit à des lois.
La fréquence est différente de la probabilité mathématique; mais plus le nombre
d’expériences tentées est grand, plus l’écart entre les deux(2) ratios se réduit ; la fréquence se
rapproche alors de la probabilité. C'est ce constat qui a amené le mathématicien suisse
Jacques BERNOULLI à énoncer au début du 18ème siècle la Loi des Grands Nombres sur
laquelle repose le fondement mathématique des assurances.
Si au bout de 10 lancers, on observe les résultats suivants :

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N° de la face Nombres
de dessus d'apparition Fréquence
(A) (B) (B/10)
1 2 0,2
2 1 0,1
3 1 0,1
4 2 0,2
5 1 0,1
6 3 0,3
Total 10 1

On ne peut pas à priori donner les probabilités d’apparition de chacune des faces. Il
faut suffisamment augmenter le nombre de lancers afin de pouvoir tirer des conclusions
probantes.
Supposons que maintenant le dé est lancé 6000 fois et les résultats soient les suivants :

N° de la face Nombres
de dessus d'apparition Fréquence
(A) (B) B/6000
1 990 0,165
2 1001 0,167
3 1006 0,168
4 998 0,166
5 1002 0,167
6 1003 0,167
Total 6000 1

6000 lancers est un large échantillon pouvant permettre de déduire que la probabilité
d’apparition de chaque face est la valeur limite de la fréquence d’apparition de chacune des
six faces. Cette valeur limite est de 0,1666… ou tout simplement 1/6. Avec ce dé on conclut
avant même le lancer du dé que chacune des faces à la même probabilité d’apparition soit 1/6.
On dit que le dé est parfait. Les résultats peuvent être différents si le dé n’est pas parfait, mais
seul l’expérience du lancer peut permettre de donner les probabilités d’apparition des faces.
Il convient de signaler qu’un nombre de lancers supérieur à 6000 donnerait les mêmes
résultats car plus on lance plus on se rapproche des valeurs vraies limites.
Pour illustrer encore davantage cette loi, intéressons-nous à l’exemple suivant :
Supposons que le ministère de la santé d’un pays CIMA Vie décide de connaître la proportion
des ses habitants atteint d’une maladie X. Faute de moyens financiers, le ministère décide de
procéder à un sondage. Si 10 personnes sont interrogées, il est clair qu’on aura une proportion
des malades qui s’écarte de la proportion réelle des malades de la population toute entière.
Mais si au lieu de 10, on interroge 100 000 personnes l’écart entre la proportion des malades
de l’échantillon et celles de la population totale sera réduit. Ainsi à partir d’une certaine taille
n de l’échantillon, il n’y aura plus d’écart significatif entre les deux proportions. Ce qui
illustre bien la Loi des Grands nombres.

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II.2. APPLICATION DE LA LOI DES GRANDS NOMBRES À L’ASSURANCE


Sans la formalisation de la Loi des Grands Nombres, l'assurance n'aurait jamais pu se
développer avec un tel essor. En effet, cette loi permet aux assureurs de déterminer les
probabilités que les sinistres dont ils sont garants se réaliseront ou non.
L’assureur dispose d’un portefeuille d’assurés. Il dispose des informations relatives à
la sinistralité de l’année N-1 de ces assurés. A l’année N lors de la fixation du prix de vente
du produits d’assurances, il utilisera les informations de la sinistralité de l’année N-1 parce
qu’en vertu de la Loi de Grands Nombres il sait que cette sinistralité restera identique ou
variera le plus faiblement possible. Il ne peut se rassurer de cette hypothèse que s’il dispose
d’un nombre suffisant d’assurés (Une taille assez grande de son portefeuille). Compte tenu
des incertitudes de l’évaluation des probabilités, l’assureur est amené le plus souvent à ajouter
à son tarif un coefficient de sécurité.
On notera que ces statistiques qui présentent une importance capitale et qui exigent
beaucoup de rigueur dans l'analyse sont effectués par des spécialistes, en l’occurence les
actuaires.

II.2.1. LA DÉTERMINATION DE LA PRIME


Du fait de l’inversion du cycle de production dans l’assurance, l’assureur
s’appuie sur les statistiques du passé pour prévoir ce qui pourrait se produire dans
l’avenir s’agissant particulièrement du nombre des sinistres et de leur importance en
coût.
De manière pratique, considérons une société d’assurance ayant un groupe de N
assurés dans une catégorie donnée de son activité.
Si au cours de la période de garantie n sinistres ont été enregistrés, la fréquence f des
sinistres est donnée par :

n
f 
N (1)

En considérant que la charge totale des sinistres supportée par l’assureur est égale à S,
le coût moyen des sinistres sera :

S
c 
n (2)

La prime pure P payée par chaque assuré pouvant être définie comme la contribution de
chaque membre de la mutualité à la charge totale des sinistres, l’assureur la détermine en
répartissant cette charge sur les N assurés de la mutualité qu’il gère.
Soit :
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S
P
N (3)

Or de (2) on déduit que S = n*c.


L’expression (3) devient par conséquent :

n*c n
P  *c  f *c
N N
La prime pure moyenne est donc le produit du coût moyen des sinistres par la
fréquence de leur survenance.
Ces deux paramètres sont indépendants et restent sujets à des variations, le présent
ne reflétant jamais exactement le passé.
L’assureur doit donc suivre leur évolution pour pouvoir apporter les corrections
nécessaires de tarif. L’élaboration des données statistiques doit donc être une tâche
permanente et suivie pour minimiser les écarts entre les prévisions et les réalisations
effectives.
Supposons que l’assureur dispose des statistiques suivantes en 2006 :
- Nombre total d’assurés de son portefeuille X : 1000
- Fréquence des Sinistres : 10 % (100 sur 1000 des assurés sont sinistrés)
- Coût moyen d’un sinistre : 1 000 UC
Si au terme se ses opérations de surveillance de son portefeuille l’assureur constate
que la fréquence d’apparition des sinistres évolue de 1% chaque année et que le coût moyen
de ces sinistres augmente de 3% chaque année sous l’effet de l’inflation, alors il demandera la
prime pure P suivante n années après 2006:
En 2006+n on aura les statistiques suivantes :
n n
- Fréquence : 10 %(1+1%) =10%(1,01)
n n
- Coût moyen : 1 000(1+ 3%) =1 000(1,03)
n n
Ainsi la prime pure P de l’année n=10% x 1 000 (1,01) x (1,03) .

II.2.2. APPLICATIONS DE DETERMINATION DE LA PRIME


Soit une société d’assurance dénommée IDEAL ASSUR qui vend des contrats
d’assurance automobile et dont le portefeuille est composé d’un ensemble de 10 000 assurés

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à la fin de l’exercice 2006. On considérera pour simplifier que tous les assurés ont souscrit la
garantie obligatoire (la Responsabilité Civile) sans les autres garanties facultatives.
L’assureur, compte tenu des informations statistiques dont il dispose, sait qu’au cours
de chaque année d’assurance, 8 % des assurés sont sinistrés et que le coût moyen du sinistre
s’élevé à 2 000 000 Francs.
Au début de l’année 2007, il demandera à chacun des assurés la prime suivante :
Prime=2 000 000x 8% soit un montant de 160 000 Francs.
A ce montant IDEAL ASSUR peut ajouter un coefficient de sécurité (avec pour
contrainte la présence de sociétés concurrentes sur le Marché) s’il estime que son portefeuille
n’est pas très suffisant pour se rassurer de la variation de ces chiffres.

On terminera ce chapitre sur l’importance de l’information statistique en signalant que


d’autres options s’offrent à l’assureur pour se protéger contre les écarts inhérents à
l’utilisation des statistiques du passé : En effet la nécessité de constituer des ensembles
homogènes explique également en partie le recours à deux opérations techniques et juridiques
qui permettent d’éviter que le calcul des probabilités ne soit faussé par un nombre et/ou un
montant excessif de sinistres.
Il s'agit d'une part de la coassurance et d'autre part de la réassurance.

* LA COASSURANCE

C'est l’opération par laquelle plusieurs entreprises d'assurance garantissent un


même risque, chacune d'entre elles prenant en charge une fraction convenue de ce risque
sans solidarité avec les autres.

Les risques faisant l'objet d'une coassurance sont garantis dans le cadre d'un
contrat unique appelé police collective, qui est rédigé par la société apéritrice et signé par
la suite par chacun des coassureurs et par l’assuré.

La Société Apéritrice (également appelé l’Apériteur) agit comme le mandataire des


coassureurs. En effet, non seulement elle établit le contrat, mais elle encaisse la prime et
la repartit entre les coassureurs. En outre, elle instruit et règle les sinistres pour le compte
des autres coassureurs, mais leur réclame par la suite le remboursement de leurs quotes-
parts respectives.

.
* LA REASSURANCE

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C'est l’opération par laquelle une entreprise d'assurance, la cédante, s'assure à son tour
auprès d'une autre société, le réassureur, (encore appelée cessionnaire), pour tout ou
partie des risques qu'elle assure.

La technique de la réassurance permet notamment à l'Assureur de diluer le risque en se


protégeant contre les écarts de probabilité et de rendre son portefeuille homogène en
ne conservant que la partie des risques correspondant à sa capacité financière.

Il est à noter que malgré l’opération de réassurance, l'assureur reste le seul garant du
règlement des sinistres à l'assuré, ce dernier n'étant lié au réassureur par aucun lien
contractuel (article 4 du Code CIMA).

Après ces définitions et notions générales, il convient de noter que l'assurance recouvre en
réalité de nombreuses catégories d’opération, ce qui nous amène à parler non pas de
l'assurance en général, mais plutôt des assurances

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