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CPFA

(2021-2022)

ASSURANCE VIE ET
CAPITALISATION

Enseignant : KOFFI Konan David


Contrôleur des Assurances
kkonandavid@gmail.com
INTRODUCTION

Le présent cours est une initiation à l’assurance vie. Il se propose donc d’expliquer
les concepts de base de cette discipline très scientifique avec un minimum de formules
mathématiques. O n s’efforcera donc de décrire les notions de base nécessaires à la
compréhension afin de permettre aux étudiants de dialoguer et d’interpréter la note
technique de n’importe quel contrat d’assurance vie et capitalisation.

Le premier chapitre décrit les distinctions qui sont faites entre les assurances
dommages et des assurances de personnes notamment l’assurance vie et capitalisation.

Pour mieux assimiler le chapitre III, le deuxième chapitre fait un bref rappel des
éléments techniques nécessaires à la tarification et au provisionnement des assurances vie.

Le troisième chapitre traite essentiellement des assurances sur la vie qui


garantissent la personne dans l’éventualité d’un décès prématuré ou dans ses chances de
survie. Ces assurances sur la vie constituent la composante principale des assurances de
personnes. Elles feront l’objet principal de ce cours.

Le quatrième chapitre traite de l’assurance collective qui connait une croissance


remarquable dans la zone.

Un cinquième chapitre est consacré à la notion de participation aux bénéfices,


fondamentale dans la commercialisation des produits d’assurances vie.

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CHAPITRE I : GENERALITES

Les différentes catégories d’assurances peuvent être regroupées en deux grandes familles de
garanties selon que le critère de distinction soit juridique ou technique.

I. REGROUPEMENT SUIVANT UNE DISTINCTION JURIDIQUE DES GARANTIES


Selon la nature juridique, on distingue les assurances dommages des assurances de
personnes :
Les assurances de personnes sont des assurances qui ont pour but de garantir la
personne dans son intégrité physique, dans l’éventualité d’un décès ou dans ses chances de
survie.
Elles s’opposent aux assurances dites assurances dommages dont l’objectif est de
garantir les biens de l’assuré et les dommages qu’il pourrait causer à autrui.
Les assurances de personnes se subdivisent principalement en trois classes :
o les assurances contre les accidents corporels (ou assurance individuelle
accident) ;
o l’assurance maladie ;
o l’assurance sur la vie.
Les deux premiers types d’assurance de personnes garantissent la personne dans son
intégrité physique. Le dernier type garantit la personne dans ses chances de survie ou dans
l’éventualité d’un décès.
Quant aux assurances dommages, elles se subdivisent en :
o assurances de choses ;
o assurances de Responsabilité Civile (RC).
La répartition des assurances suivant la nature juridique se résume ainsi :

Les assurances Assurances portant sur le


de choses
Les assurances patrimoine. Ces assurances
dommages sont régies par le principe
Les assurances de
responsabilité indemnitaire.
Répartition civile
suivant la
nature juridique Assurances portant sur
Les assurances
l’intégrité physique des
vie
personnes. Les assurances vie
Les assurances
de personnes Les assurances et individuelles accident sont
maladie et régies par le principe
individuelles
forfaitaire.
accident

Deux principes sont appliqués en matière de règlement des sinistres. Ce sont :

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 Le principe indemnitaire : Principe cardinal en assurances de dommages


Selon ce principe, l’assureur n’est tenu qu’à l’indemnisation du préjudice subi. Le
montant dû à l’assuré ne peut excéder le montant du dommage. Ce principe vise à placer
l’assuré dans la situation patrimoniale qui était la sienne avant la survenance du sinistre, sans
enrichissement fortuit.
Le principe indemnitaire a pour corollaire la subrogation de l’assureur dans les droits et
actions de l’assuré pour agir contre le responsable du dommage afin de récupérer le montant
de ses débours à due concurrence.
Le principe indemnitaire commande l’interdiction de cumul de garanties portant sur un
même risque. L’assurance ne peut être une source d’enrichissement sans cause. En cas de
cumul, l’assuré ou le souscripteur est tenu de le déclarer à l’assureur. Dans ce cas, chacun des
assureurs participe à l’indemnisation du sinistre dans le respect du principe indemnitaire. Dans
la pratique, l’assuré s’adresse à l’assureur de son choix pour obtenir l’intégralité de son
indemnité. Les assureurs concernés se répartissent entre eux l’indemnité ainsi payée.

 Le principe forfaitaire : Principe cardinal en assurances vie


L’assurance vie ou les assurances individuelles accident portent sur des personnes
humaines et celles-ci n’ont pas de prix ou de valeur quantifiable. Aussi, les sommes assurées
dans un contrat d’assurance vie sont-elles fixées librement par le souscripteur en fonction de
ses besoins et de ses moyens.
En cas de sinistre, la prestation de l’assureur sera la somme assurée, en dehors de toute
autre considération. Il n’y a pas de notion de sous assurance ou sur-assurance puisqu’il n’y a
pas de valeur mesurable de la personne assurée.
L’assurance vie est par conséquent un contrat non indemnitaire. Ce qui permet le cumul
de plusieurs polices portant sur la même personne assurée.
L’assureur n’a pas recours contre le tiers responsable du sinistre. Le principe de
subrogation n’existe donc pas dans le cadre des assurances soumises au principe forfaitaire.

Remarques :
On notera toutefois que l’assurance contre les accidents corporels et l’assurance
maladie bien qu’étant des assurances de personnes sera soumise au principe indemnitaire
lorsque les garanties de l’assureur se limitent uniquement aux remboursements de frais
médicaux et pharmaceutiques et d’hospitalisation engagés par l’assuré à la suite d’un
accident ou d’une maladie.
Le principe forfaitaire : les sommes versées en cas de sinistre sont connues d’avance et
fixées à la souscription du contrat ;
Le principe indemnitaire : les sommes effectivement versées en cas de sinistres ne sont
pas connues d’avance et elles ont pour but de réparer le préjudice réellement subi. Elles ne
peuvent en aucun cas dépasser le montant de la valeur assurée au moment du sinistre.

II. REGROUPEMENT SUIVANT UNE DISTINCTION TECHNIQUE


En matière d’assurance, on distingue deux techniques de gestion :

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 La technique de répartition :
Dans ce système de gestion, l’assureur mutualise les risques en répartissant entre les
assurés sinistrés la masse des primes versées par l’ensemble des membres de la mutualité. Il
s’agit d’une forme de solidarité que l’assureur organise au sein de la mutualité des assurés.
En d’autres termes, les primes émises au cours d’un exercice donné vont servir à
indemniser les sinistres qui vont survenir au cours de cet exercice. Ainsi les assurés non
sinistrés au cours de l’année d’assurance auront perdu leurs primes au profit des assurés
sinistrés.
Les assurances gérées suivant cette technique sont généralement de durée annuelle
avec de possibilité de reconduction tacite d’année en année.
On retrouve dans cette famille d’assurances, certaines assurances de personnes
notamment les assurances individuelles accident et maladie.

 La technique de la capitalisation :
Dans ce système de gestion, il n’y a pas une véritable mutualisation des risques. Ici,
l’assureur met de côté une partie de la prime qui est capitalisée selon les techniques de
mathématiques financières afin de constituer le capital forfaitaire garanti prévu au contrat.
Au terme du contrat, l’assuré se voit donc accordé un capital qui est fonction des seules
primes qu’il a versées dont une partie a été mise en réserves et capitalisée par l’assureur pour
tenir ses engagements.
La technique de capitalisation suppose donc deux éléments fondamentaux : la durée
du contrat généralement longue et le taux d’intérêt technique.
La répartition des assurances suivant le mode de gestion se résume ainsi :

Les assurances gérées en répartition : Mutualisation des risques


Il s’agit des assurances avec répartition des primes
communément appelées IARD
(Incendie Accidents Risques Divers) entre les assurés sinistrés

Répartition suivant le ou Assurances non vie


mode de gestion
Assurances à long terme
Les assurances gérées par gérées par placement
capitalisation : Assurance vie
d’une partie des primes
versées à un taux d’intérêt

Remarque 1 :
Ne pas confondre la technique de capitalisation et la branche « capitalisation » de
l’article 328 du code CIMA:
o la capitalisation en tant que technique financière consiste à calculer le montant
dont disposera une personne investissant un capital initial pour une certaine
durée et à un certain taux, au terme de l’opération ;

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o les contrats de la branche 23 (capitalisation) de l’article 328 du code CIMA sont


une catégorie particulière de contrats qui ne font pas intervenir la notion de
risque lié à la mortalité. Outre la non exposition à un risque sur la vie humaine,
ces contrats peuvent prévoir des remboursements anticipés par tirage au sort.

Remarque 2 :
Les assurances de dommages sont gérées uniquement suivant la technique de
répartition.
En assurances de personnes, les deux techniques de gestion peuvent être utilisées
suivant la nature du risque :
o la technique de la capitalisation pour l’assurance vie ;
o la technique de la répartition pour les assurances individuelles accident et
maladie.
La technique de répartition organise dans l’année une totale solidarité entre les assurés
regroupés dans la mutualité tandis que les assurances gérées en capitalisation se dénouent
généralement sur plusieurs années avec des garanties qui sont fonction des rendements
financiers de l’assureur et des efforts de cotisations de l’assuré.
Attention : pour les contrats temporaires décès, du fait de la modicité du montant de
provision mathématique, elle ne peut être suffisante à garantir le capital assuré pour un
contrat donné. Pour ces contrats, en réalité, l’assureur les gère en répartition. D’où en
pratique, dans certaines sociétés, les contrats collectifs décès à cheval sur deux exercices sont
provisionnés par la méthode des provisions pour risques en cours.

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CHAPITRE II : NOTIONS DE BASE DE L’ASSURANCE VIE

I. HISTORIQUE
L’assurance vie est apparue au moyen âge comme une garantie accessoire de
l’assurance maritime. Son développement a par la suite été entravé par de nombreux interdits
religieux et politiques.
Ce n’est qu’au début du XVIIème siècle, avec l’émergence des techniques actuarielles et
l’élaboration des premières tables de mortalité, que l’assurance vie a connu un essor véritable.
En effet, les bases scientifiques du calcul des probabilités, qui va servir de fondement
aux calculs actuariels, ont été lancées par les découvertes de Blaise Pascal et de Christiaan
Huyghens au milieu du XVIIème siècle.
Presque simultanément John Gaunt et William Petty inventent ce qui deviendra la
statistique et donnent la première estimation de l’espérance de vie des habitants de Londres.
En 1690, Edmond Halley, professeur à l’Université d’Oxford et astronome réputé (une
comète célèbre porte d’ailleurs son nom) construit la première table de mortalité sur des
bases scientifiques. Cette date marque le début de l’assurance vie. La première compagnie
d’assurance vie fut créée en Angleterre en 1762.

II. DEFINITIONS
II.1. Définition juridique
Le contrat d’assurance vie est un contrat par lequel, en échange d’une ou plusieurs
primes payables par la souscripteur, l’assureur s’engage à verser au bénéficiaire désigné une
somme déterminée (capital ou rente) en cas de décès de l’assuré ou de survie de ce dernier,
ou à un terme fixé dès la souscription.
Une seule personne peut être à la fois souscripteur du contrat, assuré (celui sur la tête
duquel repose le risque) et bénéficiaire des prestations prévues au contrat. Mais il peut aussi
s’agir de deux, voire trois personnes distinctes.

II.2. Définition technique


L’assurance sur la vie est une opération comportant des engagements dont l’exécution
dépend de la durée de la vie humaine.
En ce qui concerne le souscripteur, l’exécution de ses engagements est conditionnée
au fait qu’il soit envie. Son décès provoque l’arrêt du paiement des cotisations.
S’agissant de l’assureur, le versement des prestations est effectué soit lorsque l’assuré
est en vie à l’issue d’une période déterminée, soit au décès de l’assuré lorsque ce décès
intervient dans une période prévue au contrat.

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II.3. Quelques spécificités


Un caractère non indemnitaire : L’assurance vie porte sur des personnes et celles-ci
n’ont pas de « prix ».
Le paiement de la prime est facultatif : Le contrat d’assurance vie est principalement
une opération volontaire. À ce sujet, l’article 73 du code CIMA précise que l’assureur n’a pas
d’action pour exiger le paiement des primes afférentes aux contrats d’assurance vie ou de
capitalisation.
Un caractère aléatoire : En assurance vie, le caractère aléatoire est défini par la
probabilité de gain ou de perte dépendant de la réalisation d’un événement incertain lié à la
durée de vie humaine.
L’organisation particulière de la production : L’assurance vie est une opération victime
de plusieurs préjugés freinant sa commercialisation. Très peu de personnes viennent l’acheter
au guichet des compagnies. Les sociétés d’assurance vie qui souhaitent développer
efficacement leur production, n’ont d’autres alternatives que de créer des structures et
stratégies commerciales appropriées à la vente de ces produits. Comme le dit l’adage
« l’assurance vie ne s’achète pas mais se vend ».

IV. BASES TECHNIQUES DE L’ASSURANCE VIE


IV.1. Rappel de mathématiques financières
IV.1.1. Valeur acquise par une suite d’annuités

La formule mathématique générale, avec la méthode des intérêts composés,


permettant de calculer le capital acquis ou valeur acquise noté au terme d’une période n, pour
un taux d’intérêt périodique i et pour un capital initial C est la suivante :
, = .(1 + )
Les annuités sont une suite de paiements effectués à intervalle régulier d’une année.
Il convient toutefois de distinguer les annuités payables d’avance des annuités payables
à terme échu.
• Annuités payables d’avance :
 1  i n  1
C n,i  a.1  i n  a.1  i n 1  ...  a.1  i   a.1  i .  
 i 

• Annuités payables à terme échu :
 1  i n  1
C n,i  a.1  i n 1  a.1  i n 2  ...  a  a.  
 i 

Exemple :
On considère une suite d’annuités constante de 10 000 F CFA payable sur 10 ans (taux
d’intérêt 5%).
Lorsque ces annuités sont payables d’avance, le capital acquis est :

 1,0510 1 
10000.1,05.   132.067,87
  
 5% 8
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Lorsque ces annuités sont payables à terme échu, le capital acquis est :

 1,0510 1
10000.   125.778,93
   
 5% 

IV.1.2. Valeur actuelle par une suite d’annuités


Définition : L’actualisation financière est l’opération inverse de la capitalisation
financière. Elle consiste à calculer le capital à investir pour obtenir au terme d’une période
donnée un certain capital C sur la base d’un taux d’intérêt correspondant à cette période.
La formule mathématique générale, avec la méthode des intérêts composés,
permettant de calculer la valeur actuelle d’une somme S à percevoir dans n années, pour un
taux d’actualisation périodique i est la suivante :

VA S
n,i  n
1 i
Exemple :
Le capital que devrait investir un investisseur aujourd’hui au taux d’intérêt de 5%, pour
obtenir 100 000 F dans deux (02) ans est :

100.000
C  90 702,95 F CFA
1  5%
2

On calcule également la valeur actuelle d’une suite d’annuités constante payables


pendant n années. Cette valeur actuelle est égale à la somme des valeurs actuelles des
paiements successifs.
• Annuités payables d’avance :

 1  1  i  n 
VA   a1  i 1   a1  i ( n 1)   i )   
a ... a(1
n,i
 i 
• Annuités payables à terme échu :

 
VA  a1  i 1   a1  i n  a 1  1  i  n 
...
n,i
 i 

IV.1.3. Taux équivalent et taux proportionnel


Les principes et formules présentées supra demeurent valables pour des calculs
effectués sur des périodes différentes de l’année. Il convient alors de s’assurer que tous les
paramètres de calcul ont la même « dimension ». Ainsi, par exemple des calculs mensuels
devront reposer sur des durées mensuelles et des taux mensuels.

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Le passage d’un taux annuel à un taux périodique (semestriel, trimestriel ou mensuel


par exemple) s’effectue de la manière suivante :
• Taux proportionnel :
taux annuel
Taux pérodique proportionnel 
Nombre de périodes dans l'année

• Taux équivalent :
1

Taux périodique équivalent  1  taux annuel


Nombre de périodes dans l'année
1

Exemple :
Pour un taux annuel de 3,5%, le taux mensuel s’élève à:
Proportionnel : , %

Équivalent : (1,035 − 1)
Remarque : Dans les opérations d’assurance sur la vie, la méthode de capitalisation
pratiquée par les assureurs est la méthode des intérêts composés.

IV.2. Paramètres techniques de tarification en assurance vie


IV.2.1. Taux d’intérêt
Définition : Le taux d’intérêt technique est le taux garanti par l’assureur dans les
contrats d’assurance vie et de capitalisation. C’est ce taux que l’assureur utilise pour la
tarification du contrat.
Ce taux d’intérêt représente le taux de rendement minimum que l’assureur anticipe sur
les placements qu’il va réaliser en investissant les primes encaissées. L’assureur s’oblige en
quelque sorte à obtenir de ses placements un rendement annuel au moins égal au taux
d’intérêt technique.
Le Principe de prudence : La réglementation fixe par prudence un plafond de taux
d’intérêt technique. Cela implique pour les assureurs de ne pas formuler des hypothèses trop
optimistes sur les rendements financiers des placements. C’est en effet en utilisant un taux
d’actualisation faible (taux d’intérêt technique) que l’on anticipe les produits financiers les
plus faibles et ce d’autant plus nettement que les engagements sont lointains.
De ce fait, il peut arriver que lors de la souscription du contrat, le taux d’intérêt garanti
par l’assureur soit inférieur aux taux « du moment » pratiqués par les banques ou les marchés
financiers. Cet écart constitue une marge de sécurité nécessaire pour l’assureur qui n’a, en
principe, aucune certitude sur le niveau du taux de rendement que lui procurera le placement
des primes futures.
Il ne faut pas en conclure cependant que les assurés sont lésés pour autant. Cette
pratique tarifaire prudente sera en effet complétée ex post par le mécanisme de participation
aux bénéfices.
Le régime général : L’article 338 du code CIMA fixe le plafond du taux d’intérêt
technique à 3,5% sous réserve des dispositions de l’article 338-2 du même code. Le taux

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d’intérêt garanti par l’assureur dans les contrats d’assurance vie et de capitalisation est donc
fixé librement par celui-ci, dans la limite du plafond défini par la réglementation.
Il convient de faire remarquer que la réglementation n’oblige pas l’assureur à garantir
un taux d’intérêt technique. Un produit d’assurance vie sans taux d’intérêt technique est dit
« contrat à taux technique zéro » ou simplement « contrat à taux zéro ». Pour ces contrats, la
rémunération se limitera éventuellement à la participation bénéficiaire.
Exception : le régime des taux majorés : L’article 338-2 du code CIMA cite les contrats
pour lesquels l’assureur est autorisé à appliquer des taux majorés, c’est-à-dire des taux
d’intérêt technique supérieurs au plafond de 3,5%.
Ainsi, sous certaines conditions, les tarifs des contrats vie et capitalisation à prime
unique d’une durée maximale de 10 ans, ainsi que des contrats de rente viagère immédiate
souscrits par des personnes âgées d’au moins 65 ans peuvent être établis d’après un taux
d’intérêt supérieur au plafond de 3,5%.
Pour chaque tarif concerné (contrats à taux majorés), l’assureur doit cependant
respecter les règles suivantes :
o l’actif représentatif des engagements correspondant à ces contrats doit être isolé
dans la comptabilité de l’entreprise ;
o cet actif doit pouvoir procurer un taux de rendement supérieur d’au moins un tiers
au taux d’intérêt du tarif. Cette dernière règle est désignée sous le nom de « règle
des ». Ainsi, pour garantir un taux d’intérêt technique de 4%, l’actif correspondant
aux engagements de ce contrat doit procurer un rendement de .4% = 5,33%.
Lorsque cette règle n’est plus respectée pour les nouveaux placements effectués
au cours de l’exercice, ces contrats cessent d’être présentés au public.

IV.2.2. Mesure de la mortalité


 Facteurs influençant la mortalité
L’âge : C’est le facteur le plus évident et celui dont l’influence est la plus forte sur la
mortalité. L’observation des statistiques démographiques montre en effet que le taux annuel
de mortalité décroît durant les premières années de la vie, pour augmenter ensuite de
manière continue. Dans la pratique, l’âge est le paramètre le plus déterminant dans la
tarification des contrats vie.
Le sexe : Le sexe dit « faible », possède en réalité une solide constitution. La mortalité
des hommes est nettement plus forte que celle des femmes. En règle générale, l’espérance
de vie à la naissance d’une femme est de dix ans environ supérieure à celle des hommes.
La profession : La profession joue un rôle déterminant dans la mortalité: Il existe en
effet une inégalité sociale devant la mort: Selon que l’on est cadre ou non cadre, instituteur
ou agriculteur, ingénieur ou ouvrier, on a quelques années d’espérance de vie en plus ou en
moins. Ce critère est rarement utilisé par les assureurs vie faute de statistiques suffisantes.
Le pays : Le pays est, de fait, un élément important car il implique toute une série de
facteurs qui ont une influence sur la vie des populations. Il s’agit des coutumes, du niveau de
vie, des conditions climatiques…

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 Table de mortalité
Définition : Une table de mortalité est une table qui, prenant une population d’individus
à la naissance (souvent ramenée à l0 = 1.000.000 pour des raisons de simplicité), indique le
nombre de survivants et le nombre de personnes décédées de cette population initiale à un
âge donné (exemple nombre de survivants à 50 ans pour un million de naissances 50 ans plus
tôt).
La connaissance de la table de mortalité d’une population permet de modéliser de
manière fine les évolutions démographiques probables de cette population.
Le code CIMA impose, en son article 338 modifié par le règlement
0006/CIMA/PCMA/PCE/2012 du 04 octobre 2012, l’usage de tables de mortalité différentes
pour les assurances en cas de décès et les assurances en cas de vie :
o pour les assurances en cas de décès, les assureurs doivent utiliser la table de
mortalité CIMA-H de la population masculine, peu importe le sexe de l’assuré ;
o pour les assurances en cas de vie, les assureurs doivent utiliser la table de
mortalité CIMA-F de la population féminine, peu importe le sexe de l’assuré.
La réglementation oblige ainsi les assureurs à établir leurs tarifs en se basant sur des
hypothèses pessimistes, puisque dans les deux cas (assurance en cas de décès et assurance
en cas de vie) le tarif qui en résulte est le plus élevé.
Au plan purement actuariel, cette prudence somme toute justifiée, revient à intégrer
de fait une marge technique dans les tarifs des assureurs. Cette marge, qui s’apparente à un
chargement de sécurité implicite, permet de protéger l’assureur contre une évolution
défavorable de la mortalité (contrats en cas de décès) ou contre un allongement de
l’espérance de vie (contrats en cas de vie).
Ce chargement de sécurité ne s’analyse pas pour autant comme un coût
supplémentaire à la charge des assurés, puisque les résultats techniques excédentaires
entrent dans le calcul de la participation aux bénéfices.
Les principales mesures pouvant être tirées de cette table sont présentées ci-après :
o Le nombre de survivants par âge : Quelle que soit la manière dont elles ont été
construites, les tables de mortalité se présentent toujours sous la forme d’un
tableau qui indique, à partir de l’effectif initial composant la population
observée, le nombre de personnes qui survivent année après année, et ce,
jusqu’à l’extinction complète de cette population.
o Dans le cas de la table CIMA-H du code CIMA, sur 1.000.000 de naissances, seules
990 853 survivront jusqu’à 10 ans, 895 561 jusqu’à 50 ans, 432 348 à 80 ans. La
table suppose par ailleurs qu’aucune personne ne survivra au-delà de 106 ans. Il
s’agit de l’âge limite de la table.
o Le nombre de décès par âge : Il s’agit du nombre de décès qui intervient à un
âge donné. Ainsi suivant la table CIMA-H, 313 décès interviendront à l’âge de 10
ans 6 395 décès interviendront à l’âge de 50 ans et 27 049 interviendront à l’âge
de 80 ans.

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IV.3. Traduction mathématique du risque viager


Les calculs actuariels de l’assurance vie sont basés sur un modèle probabiliste simple
présenté ci-dessous. Il s’agit essentiellement d’une famille de variables aléatoires indexées
par l’âge de l’assuré.
 Le nombre de survivants par âge:
Le nombre de survivants à l’âge x est noté, dans la littérature actuarielle, .
Ainsi, pour la table CIMA-H du code CIMA présentée plus haut, on a:
= 1 000 000
= 966 281
= 815 120
=0
 Le nombre de décès par âge:
Le nombre de décès entre l’âge et l’âge + 1 noté correspond à la diminution de
la taille de la population. Ainsi, on a :
é è à = à − à +1
Avec les symboles actuariels on a :
dx lx lx1

Exemple : le nombre de décès par âge:


Avec la table CIMA-H, le nombre de décès entre les âges 40 et 41 est égal :
= −
= 942 539 − 939243 = 3 296

 Le taux annuel de décès par âge et le taux de survie par âge


Le taux annuel de décès ou la probabilité de décès à un âge x donné, noté q
correspond au rapport entre le nombre de décès annuel à cet âge et le nombre de survivants
à cet âge.

De cette mesure, on en déduit la probabilité de survie entre les âges x et x + 1, notée


par l’expression suivante :
=1− =1− = −

Exemple : le taux annuel de décès par âge et le taux de survie par âge
La probabilité de décéder entre les âges 40 et 41 est égale à :

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q = = = 0,003497

= 1 − = 1 − 0,003497 = 0,996503

 La probabilité de survie d’un âge à un autre


La probabilité annuelle de survie sur une année a été présentée ci-dessous. L’extension
de ce calcul sur plusieurs années permet de déterminer la probabilité de survie entre un âge
x et un âge x + n . Cette dernière probabilité est notée et on a :

La probabilité de décès entre l’âge x et un âge x + n , noté , se déduit aisément et


on a :
= 1 − = −

Exemple : la probabilité de survie d’un âge à un autre


La probabilité de décéder entre les âges 40 et 50 est égale à :
= = = 0,049841

= 1− = 1 − 0,049841 = 0,950159

 La notion de valeur actuelle probable


En mathématiques financières classiques, c’est-à-dire déterministes, la valeur actuelle
d’un capital de 1 F CFA payable dans n années, est donnée par la formule : ( ) , où i est le
taux d’intérêt annuel, supposé constant sur la période considérée.
Dans ce contexte, on considère que le capital sera payé de façon certaine.
Lorsque le paiement du capital sus indiqué est lié à la réalisation éventuelle d’un
évènement, il est nécessaire de multiplier le facteur d’actualisation indiqué plus haut par la
probabilité de réalisation de cet événement. On parle alors de valeur actuelle probable.
En assurance vie, l’exécution des engagements des parties est liée au décès ou à la
survie de l’assuré. Aussi l’actualisation des engagements des parties au contrat tient-elle
compte de cet aspect viager qui sera traduit en termes de probabilité de décès ou de survie.
Le contrat d’assurance vie est un contrat par lequel en échange d’une prime, l’assureur
s’engage envers une personne (dite souscripteur ou contractante) à verser à une tierce
personne (dite bénéficiaire) une somme déterminée à l’avance (soit sous forme de capital ou
sous forme de rente) en cas de décès ou de survie à une époque déterminée d’une autre
personne (dites assuré).

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Le problème principal de l’assureur vie est de pouvoir déterminer à la date de


souscription d’un contrat quelconque, la valeur d’un engagement à long terme dont la
réalisation n’est pas certaine. Pour cela il utilise la notion de valeur actuelle probable qui
combine à la fois la notion de valeur probable (calcul de probabilité) et celle de valeur actuelle
(mathématiques financières).

Définition : La valeur actuelle probable d’un engagement est définie comme le produit
de la valeur actuelle de cet engagement par la probabilité de réalisation de l’engagement.
Cette notion permet à l’assureur d’évaluer ces engagements et donc de les
provisionner suffisamment.
Exemple : Calculer la valeur actuelle probable (VAP) de l’engagement qui consiste à
verser un capital de 1000 000 Fcfa à un homme âgé de 30 ans si celui-ci atteint son 40ème
anniversaire. On suppose que le taux de placement reste constamment égal à 3,5% pendant
les 10 années suivant l’engagement.
Valeur actuelle de l’engagement= 1000 000 * (1,035)-10 = 708 918, 81
Probabilité de réalisation engagement : 10P30 = l40/l30 = 942 539 /946 990 = 0,9754
VAP engagement : 708 918,81 * 0,9754 = 687 651

IV.4. Principes de tarification et de calcul des provisions mathématiques


IV.4.1. Tarification
 Le principe d’équilibre
L’idée maîtresse de ce principe est d’établir à la souscription du contrat une parfaite
équivalence entre les engagements de l’assureur et ceux de l’assuré. Etant entendu que
l’assurance vie mêle des aspects viagers et financiers, la traduction concrète de cette
équivalence se fera au travers des valeurs actuelles probables des engagements des
contractants.
On retrouvera donc les 2 aspects de l’assurance vie : l’opération financière (valeur
actuelle) et le risque viager (valeur probable). Plus précisément on peut résumer le principe
d’équilibre à la formule suivante :
A la souscription du contrat :

Valeur actuelle probable des engagements futurs de l’assureur

Valeur actuelle probables des engagements futurs de l’assuré

Lorsque cette égalité est appliquée hors considérations des chargements inhérents au
contrat, on obtient une simple équation du premier degré à une inconnue, la prime pure. Les
autres paramètres étant fixés, on peut donc en déduire la valeur de cette prime pure.

 La prime pure
Définition

15
CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

La prime pure d’un contrat d’assurance sur la vie correspond au coût probable du
risque. Elle établit l’égalité, à la souscription du contrat, entre la valeur actuelle probable des
engagements futurs de l’assureur et la valeur actuelle probable des engagements futurs de
l’assuré, abstraction faite des chargements de gestion et de commercialisation.
Ainsi le calcul de la prime pure d’un contrat d’assurance sur la vie s’effectue en 3 étapes :
o définition des engagements respectifs de l’assureur et de l’assuré à partir des
clauses du contrat ;
o évaluation actuarielle de ces engagements (VAP des engagements) ;
o application du principe d’équilibre.

 Les chargements
Dans la pratique, la société d’assurance doit exposer certains frais pour faire face à ses
obligations. Il s’agit notamment de dépenses engagées :
o pour l’acquisition des contrats (frais de commercialisation, commissions aux
apporteurs, sélection des risques, préparation des dossiers, etc.) ;
o pour la gestion des contrats (encaissement des primes, modification des
garanties, courrier, comptabilisation, direction générale, etc.) ;
o pour le règlement des prestations (règlement des rentes et des capitaux, litiges,
etc.).
L’assureur devra donc trouver les ressources nécessaires pour faire face à ces frais de
gestion et de commercialisation. Ces ressources, appelées chargements, viennent en
majoration de la prime pure, cette dernière ne garantissant que le risque viager.
Les chargements sont donc des recettes pour l’entreprise. Ils viennent équilibrer les
frais de gestion et de commercialisation. Ces chargements sont soit proportionnels aux
capitaux garantis, soit proportionnels aux cotisations ou égaux à un montant fixe.
En général, on rencontre les types de chargements ci-après :
o Chargements d’acquisition : destinés à couvrir les frais d’acquisition du contrat.
Ils sont généralement exprimés en fonction de la prime.
o Chargements de gestion du contrat : destinés à couvrir les frais de gestion
annuels de toute nature, pendant toute la durée du contrat. Ils sont
généralement exprimés en fonction des capitaux garantis.
o Chargements de gestion des primes : destinés à couvrir les frais de gestion des
primes périodiques pendant la durée de paiement des primes. Ils sont souvent
exprimés en fonction des capitaux garantis.
o Chargements d’encaissement : destinés à couvrir les frais d’encaissement des
primes. Ils sont généralement exprimés en fonction de la prime et sont
considérés comme des chargements de gestion.
o Chargements sur prestations : destinés à couvrir les frais de règlement des
prestations. Ils sont considérés comme des chargements de gestion.
Pour la tarification, chaque type de chargements est pondéré par la probabilité que le
contrat soit encore actif. En effet, le contrat n’engendrera des frais que s’il est en vigueur.

16
CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Ainsi par exemple un contrat en cas de décès n’engendrera pas de frais d’encaissement de
primes après le décès de l’assuré
La fixation du niveau des chargements par les entreprises n’est pas totalement libre.
L’article 338 du code CIMA stipule en effet que les tarifs doivent comporter des chargements
permettant la récupération par l’entreprise d’un montant de frais justifiable et raisonnable.
 La prime d’inventaire
La définition de la prime d’inventaire se résume à la formule suivante :
Prime d’inventaire=Prime pure + Chargements de gestion

 La prime commerciale
La définition de la prime commerciale est donnée par la formule suivante :
Prime commerciale=Prime d’inventaire + Chargements d’acquisition

 Le tarif
Le tarif est un barème, généralement exprimé par âge et par durée de contrat, qui
associe un niveau de prime commerciales à un niveau de prestations garanties. Il varie en
fonction de :
o des tables de mortalité qui donnent des indications sur les probabilités de survie
ou de décès entre deux âges donnés;
o du taux d’intérêt technique qui permet d’actualiser la valeur future des
engagements probables des parties;
o des chargements de gestion et d’acquisitions qui permettent de couvrir les frais
engagés par l’assureur.

III.4.2. Définition et méthodes de calcul des provisions mathématiques


 Définition
La provision mathématique se définit comme la dette de l’assureur à l’égard de l’assuré
pour faire face aux engagements contenus dans le contrat. Elle apparaît au passif du bilan de
l’assureur et constitue une épargne destinée à couvrir les dépenses à venir.
Plus précisément, la provision mathématique est définie dans le code CIMA comme
étant égale à la différence entre les valeurs actuelles probables des engagements
respectivement pris par l’assureur et par l’assuré.

 Méthodes de calcul
Selon l’article 334-2 du code CIMA, la provision mathématique doit être calculée en
faisant la différence entre les Valeurs Actuelles Probables (VAP) des engagements respectifs
de l’assureur et de l’assuré.

17
CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Cette méthode est appelée méthode prospective ou méthode réglementaire. Elle peut
être synthétisée à travers la formule suivante :
PM = VAP des engagements futurs de l’assureur - VAP des engagements futurs de l’assuré

Ou encore :
PM = VAP des prestations futurs -VAP de l’ensemble des primes

Ces deux formules sont équivalentes à la suivante :


PM+VAP de l’ensemble des primes = VAP des prestations futurs

 Méthode prospective
A partir de cette égalité, on peut dire qu’avec les primes ou fractions de primes qu’il a
« mises de côté » sous forme de PM et les primes qu’il percevra dans le futur, l’assureur sera
en mesure de payer les prestations futures.
Pour le calcul des valeurs actuelles probables, l’article 334-4 du code CIMA recommande
l’utilisation des tables de mortalité et des taux d’intérêt mentionnés à l’article 338 du même
code.
En ce qui concerne les contrats à taux majorés, l’article 334-6 du code CIMA stipule que
les provisions mathématiques doivent être calculées d’après un taux d’intérêt technique au
plus égal au plus faible des taux d’intérêts suivants :
o soit le taux du tarif ;
o soit le taux de rendement réel diminué d’un cinquième, de l’actif représentatif
des engagements correspondants.

 Méthode rétrospective
Dans cette approche, les provisions mathématiques sont appréhendées comme étant
la valeur actualisée viagèrement de l’écart entre les primes versées par l’assuré et les
prestations probables de l’assureur sur la période déjà écoulée, c’est-à-dire on capitalise les
excédents de primes par rapport aux besoins de couverture.
Cette méthode est très peu utilisée dans la pratique.

 Méthode comptable ou par récurrence


Cette méthode permet de calculer les provisions mathématiques de proche en proche
à partir d’une époque donnée jusqu’à l’exercice inventorié. Les PM d’une année donnée sont
calculées à partir des PM supposées connues de l’année précédente.
L’utilisation de cette méthode pour calculer la PM à la clôture d’un exercice nécessite
de connaître la PM à l’ouverture et de s’assurer que cette PM a été suffisamment calculée.
Sinon l’application de la méthode de récurrence ne fera que reconduire les erreurs passées
d’évaluation de la provision.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

La méthode se résume à la formule de récurrence suivante appelée équation d’équilibre


comptable :

PM à l’ouverture de l’exercice
+
Primes versées au cours de l’exercice
+
Produits financiers
=
Prestations probables
(Calculés sur la base de la table de mortalité CIMAH ou CIMAF selon la nature de la garantie)
+
Frais probables
(Pris égaux aux chargements escomptés dans le calcul des PM)
+
PM probable à la clôture de l’exercice
(Calculés sur la base de la table de mortalité CIMAH ou CIMAF selon la nature de la garantie)

IV.5. Différentes formes de la prime


Dans un contrat d’assurance vie le souscripteur peut payer la prime sous deux formes :

IV.5.1. Forme unique

Le souscripteur verse la totalité de la prime en une seule fois à la souscription du


contrat. Il se libère donc de ses engagements contractuels à la souscription et reste couvert
pendant toute la durée du contrat.

Prime unique (PU)

IV.5.2. Forme périodique


Le souscripteur paie sa prime régulièrement selon une périodicité (annuelle,
semestrielle, trimestrielle ou mensuelle) choisie par lui et pendant une durée inférieure ou
égale à la durée du contrat.

P P P P P

PU IV.5.3. Comparaison des différentes formes de primes


P’ P’ P’ P’ P’ P’ P’ P’ P’ P’

P P P P P
On a : PU > P > P’

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

IV.6. Différentes formes de prestations


IV.6.1. Définition
Lors de la survenance du risque ou au terme du contrat pour les contrats en cas de vie,
l’assureur peut verser au bénéficiaire du contrat soit un capital unique, soit une rente. Dans
un certain nombre de contrats, lorsque certaines conditions sont réunies, l’assureur peut
verser avant terme, à la demande de l’assuré, la provision mathématique constituée sur le
contrat. Il s’agit là d’une opération de rachat.

IV.6.2. Option Capital


Dans ce cas, l’assureur calcule le montant de la prestation à servir en fonction des
termes du contrat. L’engagement de l’assureur est connu de façon certaine lors de la
réalisation du risque assuré à l’exception des contrats « Décès emprunteurs » où la prestation
est égale au capital restant dû du prêt. Le bénéficiaire perçoit l’intégralité du bénéfice du
contrat en une seule fois, sous forme de versement unique.

Capital garanti

IV.6.3. Option Rente

Le bénéficiaire perçoit régulièrement selon une périodicité annuelle, semestrielle,


trimestrielle ou mensuelle une somme généralement constante dite rente ou arrérage sur une
durée certaine ou aléatoire en fonction de la durée de vie résiduelle du bénéficiaire.
Cette rente peut être payable d’avance (la rente est payée au début de chaque période)
ou payable à terme échu (la rente est payée à la fin de chaque période).

Rentre payable d’avance

R R R R R R R R R

R R R R R R R R R
Rentre payable à terme échus

La rente est dite certaine lorsque le nombre de rentes prévues au contrat est connu
d’avance. Ces rentes sont payées que l’assuré soit en vie ou non. Elles ne sont soumises à
aucun aléa.
La rente est dite viagère lorsque son versement est effectué tant que l’assuré est en
vie.
La rente viagère peut être réversible : il s’agit du versement au bénéficiaire d’une rente
pendant sa durée de vie, et à compter de son décès, le service de la rente continue au profit
d’un deuxième bénéficiaire (conjoint ou enfant), jusqu’au décès de ce deuxième bénéficiaire.
Cette rente peut être reversée en totalité (100%) ou en partie (80%, 50%, etc.).

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

IV.6.4. Notion de contre-assurance


La contre-assurance est une garantie qui intervient dans les contrats en cas de vie et qui
permet au souscripteur de récupérer tout ou partie des primes versées en cas de décès de
l’assuré. Dans ce cas, la contre assurance s’assimile à un contrat temporaire décès avec
évolution du capital assuré suivant une progression arithmétique.
Il s’agit donc d’une garantie « décès » qui vient compléter la garantie Vie et qui prévoit
le remboursement des primes nettes versées, avec ou sans intérêts en cas de décès de l’assuré
avant l’échéance.

IV.6.5. Rachat
 Définition
Le rachat est la rupture anticipée du contrat par le versement au souscripteur, à sa
demande, de la provision mathématique du contrat éventuellement diminuée d’une pénalité
pour rupture anticipée de contrat. La pénalité est au plus de 5% pour les contrats rachetés
avant leur dixième anniversaire.
On distingue le rachat partiel et le rachat total :
o le rachat partiel consiste à mettre à la disposition de l’assuré une partie de sa
provision mathématique sans mettre fin au contrat.
o le rachat total met fin au contrat par le versement de l’intégralité des provisions
mathématiques éventuellement diminuée d’une
pénalité. Conditions nécessaires pour le rachat :
L’article 74 du code CIMA précise que l’assureur ne peut refuser le rachat du contrat si
l’une au moins des deux conditions suivantes est remplie :
o 15% des primes prévues au contrat ont déjà été versées,
o deux primes annuelles ont été payées.
Pour les contrats de micro-assurances, la deuxième condition est ramenée à une prime
annuelle (article 702 du code CIMA).

 Contrats ne pouvant être rachetés


La liste des contrats ne pouvant être rachetés est donnée par l’article 77 du code CIMA.
Il s’agit des contrats suivants :
o Les assurances temporaires en cas de décès
o Les rentes viagères immédiates ou en cours de service
o Les assurances de capitaux de survie
o Les assurances rentes de survie
o Les assurances en cas de vie sans contre-assurance
o Les rentes viagères différées sans contre-assurance.
On remarquera qu’il s’agit de contrat dont la garantie de l’assureur n’est pas certaine.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

IV.6.6. Avance sur police


L’avance sur police est une opération par laquelle l’assureur consent au souscripteur un
prêt dans la limite de la valeur de rachat du contrat. En conséquence, pour que l’avance puisse
être accordée, le contrat doit avoir une valeur de rachat.
L’avance sur police ne fait pas partie en tant que telle des prestations du contrat. Elle
permet cependant au souscripteur de faire face à des besoins ponctuels en attendant
l’échéance prévue pour le paiement des prestations prévues au contrat.
L’avance représente un prêt de l’assureur au souscripteur, ce dernier doit non
seulement rembourser ce prêt, mais verser des intérêts pour compenser la perte de revenus
des placements correspondants subie par l’assureur.
Le taux d’intérêt annuel auquel est consentie l’avance doit être clairement indiqué à
l’assuré au moment de l’opération.
Le règlement n°0003/CIMA/PCMA/PCE/2014 a modifié l’article 74 pour encadrer le taux
d’intérêt des avances. Cet article dispose désormais que le taux ne doit être inférieur au taux
d’intérêt technique maximum, prévu à l’article 338, augmenté du taux de participation aux
bénéfices distribués du dernier exercice clôturé plus deux points.
Le taux effectif global de l’avance doit être inférieur ou égal au plafond prévu à l’article
74 sans pouvoir excéder 7% (article 74-1 du code CIMA).
Lors de l’octroi d’une avance, l’assureur est tenu de remettre au contractant un tableau
d’amortissement de l’avance ainsi qu’une notice lui expliquant les modalités de calcul des
intérêts et de remboursement de l’avance (art 74 du code CIMA modifié).

IV.7. Deux formes d’exploitation de l’assurance vie


Le public ne ressent pas toujours comme indispensable la souscription d’un contrat
d’assurance vie (contrairement à certaines assurances obligatoires). Par conséquent, les
assureurs vie ont conçu des méthodes de distributions originales pour attirer le grand public
vers les produits d’assurance vie. Ainsi, la distribution des produits vie se fait principalement
sous deux formes selon que la clientèle est constituée de particuliers ou de personnes
morales. Cela a conduit à une classification des produits vie en deux grandes branches, à
savoir :
o la branche individuelle (dite également la grande branche) ;
o la branche collective (dite aussi la branche groupe).
 La grande branche
Elle regroupe des contrats qui ont été souscrits à titre individuel par des particuliers.

 La branche collective
Elle regroupe des contrats qui ont été souscrits par des personnes physiques ou
morales au profit des membres d’un groupe donné.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Le tableau ci-dessous présente ces deux formes de l’assurance vie.


FORME DE CLIENTELE BESOINS CLIENTELE
SOUSCRIPTION
Contrats souscrits à titre Contrats sur mesure avec
GRANDE BRANCHE Particuliers
individuel libre fixation des capitaux
Contrats souscrits par une
Contrats étudiés en
personne morale ou Entreprises, association
BRANCHE COLLECTIVE fonction des besoins du
physique au profit d’un syndicats
groupe
groupe

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

CHAPITRE III : L’ASSURANCE VIE INDIVIDUELLE

I. ASSURANCE VIE INDIVIDUELLE SUR UNE SEULE TETE


I.1. Définition (Rappel)
Le contrat d’assurance vie est un contrat par lequel, en échange d’une ou plusieurs
primes payables par la souscripteur, l’assureur s’engage à verser au bénéficiaire désigné une
somme déterminée (capital ou rente) en cas de décès de l’assuré ou de survie de ce dernier,
ou à un terme fixé dès la souscription.
Une seule personne peut être à la fois souscripteur du contrat, assuré (celui sur la tête
duquel repose le risque) et bénéficiaire des prestations prévues au contrat. Mais il peut aussi
s’agir de deux, voire trois personnes distinctes.
L’assurance vie individuelle regroupe les contrats qui ont été souscrits à titre individuel.
Celle-ci s’oppose à l’assurance vie collective.

I.2. Contrat d’assurance vie à deux finalités principales


I.2.1. Finalité de prévoyance
L’assurance vie permet au souscripteur de préserver sa famille ou des bénéficiaires des
conséquences pécuniaires de sa disparition.

I.2.2. Finalité d’épargne


L’assurance vie permet au souscripteur de constituer une épargne qui sera disponible
pendant les vieux jours du bénéficiaire dans le futur. Quel que soient les motivations du
souscripteur (prévoyance ou épargne), il y a nécessairement constitution d’une épargne.
Ainsi, la constitution d’une épargne est une caractéristique de l’assurance vie. C’est pourquoi
le paiement de la prime en assurance vie n’est pas obligatoire (article 73 du code CIMA). En
effet, on ne peut pas obliger une personne à épargner car le fait d’épargner dépend
étroitement de la situation financière du souscripteur qui peut changer dans le temps.
En plus les intérêts ayant motivé la souscription du contrat peuvent disparaître à tout
moment. Par conséquent, si à la souscription du contrat le souscripteur était obligé de payer
les primes pendant toute la durée sous peine de sanctions quelconques peu de personnes
s’engageraient dans une option d’assurance vie à long terme qui risquerait de paraître très
lourd ou inutile pour elles dans le temps.
Remarque: L’obligation de paiement de la prime par l’assuré (article 12 du code CIMA)
ne concerne pas les assurances vie.
L’alinéa 1 de l’article 73 du code CIMA doit s’interpréter comme l’impossibilité pour
l’assureur de poursuivre le souscripteur pour non-paiement des primes en justice. Cependant,
rien n’empêche l’assureur de se faire payer les primes impayées par compensation sur le
montant des sommes exigibles. Toutefois le cas des assurances en cas de décès, la
compensation demeure problématique lorsque le bénéficiaire de bonne foi a ignoré
l’interruption du paiement des primes par le souscripteur.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

I.3. Intervenants aux contrats


I.3.1. Assureur

L’assureur sera toujours une personne morale. Seules les sociétés anonymes et les
sociétés d’assurance mutuelle peuvent présenter des opérations d’assurance vie à condition
d’avoir obtenu un agrément.
Une société anonyme d’assurance vie est réputée commerciale par sa forme et son
objet. Le code CIMA prévoit que le capital social pour cette forme de société est d’un milliard
de F CFA, non compris les apports en nature et libéré aux ¾.
La société d’assurance mutuelle est une société civile par nature. La définition légale
(article 330 du code CIMA) prévoit en effet qu’elle a un objet non commercial. L’objet de la
société d’assurance mutuelle n’est pas de dégager des profits mais d’assurer ses adhérents
au meilleur coût et aux meilleures conditions. Ces derniers ont donc la double qualité de
« actionnaires » et d’assurés. Les sociétés d’assurance mutuelle doivent disposer d’un fond
d’établissement d’au moins 800 millions de F CFA entièrement versé.
Les entreprises d’assurance doivent respecter le principe de spécialisation de
l’agrément. Ce principe de non cumul des activités vie et non vie vise à éviter l’utilisation
d’actifs affectés à la représentation de provisions vie (opération de long terme) pour le
règlement de sinistres d’assurance non vie (opération de court terme).
Le tableau suivant récapitule le numéro, le libellé et les branches concernant les
différentes banches relatives à l’assurance vie :

 L’assureur et les branches d’assurance vie


N° de la banche des
articles 328 et 717 du Libellés Garanties
code CIMA

Article 328 : 20 Toute opération comportant des engagements dont


Vie-Décès
l'exécution dépend de la durée de la vie humaine.
Article 717 : 11, 12

Assurances liées à des Toutes opérations comportant des engagements


21 fonds dont l'exécution dépend de la durée de la vie
d'investissement humaine et liées à un fonds d'investissement.

Toute opération d'appel à l'épargne en vue de la


Article 328 : 23 capitalisation et comportant, en échange de
Capitalisation versements uniques ou périodiques, directs ou
Article 717 : 13, 14 indirects, des engagements déterminés quant à leur
durée et à leur montant

I.3.2. Souscripteur
Il s’agit de la personne qui signe la police et paie la prime. Dans le cadre de l’assurance
individuelle, le souscripteur est une personne physique agissant à titre individuel.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Remarques :
Toute personne intéressée au contrat (bénéficiaire par exemple) peut se substituer au
souscripteur pour payer les primes (article 72 du code CIMA).
Une personne physique pour souscrire un contrat d’assurance vie, doit être
juridiquement capable. Ainsi, un mineur non émancipé ou un majeur en tutelle ne peut pas
souscrire un contrat d’assurance vie. Mais ces catégories de personnes physiques avec
l’assistance et l’autorisation de leurs tutelles légales peuvent souscrire un contrat d’assurance
vie.

I.3.3. Assuré
C’est la personne physique dont le décès ou la survie déclenche le paiement du capital
ou de la rente prévue au contrat.

Remarques :
L’assuré est nécessairement une personne physique.
Une personne peut souscrire un contrat d’assurance vie sur sa propre tête (article 58
du code CIMA).
Il est aussi admis qu’une personne souscrive un contrat d’assurance vie sur la tête d’un
tiers (article 58 du code CIMA).
L’article 58 permet l’assurance réciproque : plusieurs personnes peuvent souscrire un
contrat d’assurance vie sur la tête de chacune d’elles par un contrat unique.
Si dans le cas d’un contrat d’assurance en cas de vie, aucune précaution relative à
l’assuré n’est prise, dans l’hypothèse d’une assurance en cas de décès souscrite par une
personne sur la tête d’une autre, il est nécessaire de prendre des précautions. En effet, le
paiement des prestations étant subordonné à la mort de l’assuré cela peut amener le
bénéficiaire du contrat à faire disparaître physiquement l’assuré. Pour prévenir de telles
pratiques immorales ou criminelles, le législateur a pris certaines mesures :

o L’assuré doit donner son consentement par écrit à l’assurance en cas de décès
souscrite sous sa tête (article 59). Le consentement est donné au plus tard lors
de la souscription du contrat par exemple en signant la police. Pour toute
cession, mise en gage ou transfert de bénéfice du contrat à un tiers pendant la
vie du contrat, l’assureur devra exiger le consentement de l’assuré. Il en est de
même en cas de modification des sommes assurées. En principe si l’assuré retire
son consentement pendant l’existence du contrat, l’assureur devra résilier le
contrat. La sanction en cas de non-respect de cette disposition est la nullité
absolue du contrat (article 59).
o Il est formellement interdit de souscrire un contrat d’assurance vie en cas de
décès sur la tête d’un mineur âgé de moins de 12 ans, d’un majeur en tutelle ou
d’une personne placée dans un établissement psychiatrique (art 60). On écarte
ainsi les personnes incapables d’apprécier véritablement les conséquences de
leur consentement.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

 Cas particulier d’un mineur de plus de 12 ans


La souscription d’un contrat d’assurance vie en cas de décès sur la tête d’un mineur de
plus de 12 ans exige deux conditions (art 61) cumulatives :
o le consentement personnel du mineur ;
o l’autorisation écrite (avec indication de la somme assurée) de son représentant
légal.
Les sanctions en cas de non-respect de ces dispositions sont prévues à l’article 60 du
code CIMA.

Qui peut être assuré ?


Assurances en cas décès Assurance en cas de vie
Majeurs ordinaires OUI NON
Majeurs en tutelle NON OUI
Aliéné NON OUI
-12 ans NON OUI
OUI si
Mineurs
+12 ans - consentement personnel du mineur OUI
- autorisation écrite de son représentant

I.3.4. Bénéficiaire
 Définition :
Le bénéficiaire de l’assurance est la personne physique ou morale à qui l’assureur
versera le capital ou les rentes, dont les montants sont fixés contractuellement.
Le bénéficiaire d’une garantie en cas de vie recevra le capital ou les rentes si l’assuré est
vivant à l’échéance du contrat. Pour cette garantie, c’est généralement le contractant assuré
qui est lui-même bénéficiaire.
Le bénéficiaire d’une assurance décès recevra le montant de la garantie si l’assuré
décède avant la fin du contrat. Dans ce cas, le bénéficiaire est toujours un tiers au contrat, que
le souscripteur a voulu avantager, protéger financièrement ou rembourser s’il a contracté un
prêt auprès de lui.
Dans les contrats mixtes, la rédaction de la clause tiendra comptes des bénéficiaires en
cas de décès de l’assuré, et des bénéficiaires en cas de vie de l’assuré au terme du
contrat. Qui peut être bénéficiaire?
Le bénéficiaire peut être une personne physique née ou à naitre ou une personne
morale.
Le contractant peut désigner autant de bénéficiaires qu’il le souhaite. Soit des
bénéficiaires conjoints, par parts égales ou inégales, soit des bénéficiaires successifs :
Exemple: mon épouse, à défaut mes enfants, à défaut mes héritiers.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

La désignation du bénéficiaire se fait sur la proposition et doit figurer au contrat, elle


peut se faire par avenant ou par testament (article 68 du code
CIMA). Absence de désignation du bénéficiaire
Dans ce cas, le capital stipulé au contrat ira aux héritiers conformément à l’article 70
du code CIMA.
 Changement de bénéficiaire
Le bénéficiaire peut ignorer les dispositions prises en sa faveur. Le contractant pourra
à tout moment changer de bénéficiaire aussi longtemps que le bénéfice du contrat n’a pas été
accepté par ce dernier.
 Acceptation par le bénéficiaire et révocation
Cette acceptation :
o peut être faite sous n’importe quelle forme,
o et rend la désignation irrévocable. En effet, selon l’article 69 du code CIMA, « la
stipulation en vertu de laquelle le bénéfice de l’assurance est attribué à un
bénéficiaire déterminé devient irrévocable par l’acceptation expresse ou tacite
du bénéficiaire. »
 Bénéficiaire acceptant
Le bénéficiaire est dit acceptant lorsque celui-ci a fait connaître qu’il accepterait le
bénéfice de l’assurance souscrite à son profit soit en signant la police d’assurance ou l’avenant
indiquant sa nomination soit en adressant une lettre pour faire connaître son accord à
l’assureur soit en en se substituant au souscripteur pour payer les primes. Dans ce cas
contraire, le bénéficiaire est dit non acceptant. C’est le cas lorsque le bénéficiaire a été désigné
sans qu’il ne le sache.
 Révocation du bénéficiaire
Seul le souscripteur peut révoquer le bénéficiaire qu’il a désigné. La révocation peut
être expresse (le contrat avise l’assureur de sa décision de révoquer le bénéficiaire) ou tacite
(en rachetant le contrat). Cette révocation n’est pas possible lorsque le bénéficiaire est
acceptant (article 69 du code CIMA). Lorsque le bénéficiaire n’est pas acceptant le droit de
révoquer appartient au souscripteur seul et ce droit ne peut être exercé ni par les héritiers ni
par les créanciers du souscripteur du vivant de ce dernier. Ce droit peut être exercé par les
héritiers du souscripteur après la mort de celui-ci trois mois plus tard après que le bénéficiaire
non acceptant ait été mis en demeure par acte extrajudiciaire d’avoir à déclarer s’il accepte le
bénéfice du contrat (article 69 du code CIMA).
Remarque :
ll est possible de révoquer un bénéficiaire même acceptant dans les cas suivants :
o s’il a causé volontairement la mort de l’assuré ; dans ce cas le contrat cesse ses
effets à son égard et l’épargne constitué au titre du contrat est versé par
l’assureur au contractant ou à ses ayants droits à moins qu’ils ne soient
condamnés eux-mêmes comme auteurs ou complices du meurtre de l’assuré.
o s’il s’est rendu coupable de tentative de meurtre de l’assuré ; le souscripteur
peut alors demander le changement du bénéficiaire même si celui-ci est
acceptant (article 78 du code CIMA).

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Remarques :
Dans certains cas le souscripteur peut autoriser l’assuré à désigner lui-même le
bénéficiaire (cas des contrats collectifs).
Pour les époux mariés sous le régime de la communauté, l’assureur peut exiger le
consentement du conjoint dans le choix du bénéficiaire.
Pour un souscripteur incapable juridiquement celui-ci doit intervenir personnellement
dans le choix du bénéficiaire avec l’assistance de son représentant légal.
Dans le cas des contrats d’assurance vie en cas de décès, l’assuré doit donner son
consentement par écrit à la désignation du bénéficiaire (article 59 du code CIMA).
La désignation du bénéficiaire peut intervenir à tout moment situé entre la date de
souscription du contrat et sa date terme.
 Mode de désignation du bénéficiaire
o Désignation directe ou nominative : le souscripteur désigne nommément le
bénéficiaire. C’est le mode de désignation le plus sûr qui évite tout risque
d’erreur ;
o Désignation indirecte : le souscripteur indique seulement la qualité des
bénéficiaires sans les nommer. Dans ce cas c’est la personne qui a la qualité de
bénéficiaire au jour de l’exigibilité des prestations qui les reçoit.
 Exemples de désignation
indirecteMon conjoint ;
Mes enfants nés et à naître
;Mes héritiers.
Remarques :
Le mode de désignation indirecte peut poser en pratique des problèmes. Dans le cas
d’un divorce par exemple, le bénéficiaire « Mon conjoint » désigne-il celui au moment de la
signature du contrat ou celui au moment du paiement de la prestation par l’assureur ? Il est
donc important que des précisions complémentaires soient apportées dans ce mode de
désignation.
La désignation d’un bénéficiaire n’est pas obligatoire. Ainsi lorsque l’assurance en cas
de décès a été souscrite sans désignation de bénéficiaire, les prestations prévues au contrat
font partie du patrimoine ou de la succession du contractant (article 70 du code CIMA).
 Attribution du bénéfice d’un contrat vie
L’attribution peut être faite :
o A titre gratuit : dans ce cas le bénéficiaire ne paie rien au contractant. C’est le cas
le plus courant.
Exemple : un contrat souscrit par un père au profit de ses enfants.
o A titre onéreux : l’attribution du bénéfice du contrat est faite en contrepartie
d’une obligation que le souscripteur a vis-à-vis du bénéficiaire.
Exemple : l’assurance vie souscrite en garantie d’un prêt bancaire.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

 Droits du bénéficiaire
Lorsque le bénéficiaire est déterminé, celui-ci dispose d’un droit propre à l’égard de
l’assureur à partir de la date de souscription du contrat (article 71 du code CIMA). Par
conséquent :
o les prestations payables au décès de l’assuré à un bénéficiaire déterminé ou à
ses héritiers ne fait pas partie de la succession de l’assuré.
o les prestations versées à un bénéficiaire déterminé ne peuvent être réclamées
ni par les héritiers ni par les créanciers de l’assuré.

I.3.5. Exemples de relations entre les intervenants


Selon les cas, le souscripteur, le bénéficiaire et l’assuré peuvent être la même personne
ou des personnes distinctes. L’assureur étant toujours présent dans un contrat, on peut
affirmer que les personnes intervenant au contrat seraient au minimum de deux (02) et au
maximum de quatre (04).
 Schémas courants

 Souscripteur = Assuré = Bénéficiaire + Assureur


Il y a 2 intervenants (pas possible dans le contrat en cas de décès).

 Souscripteur = Assuré ≠ Bénéficiaire + Assureur


Il y a 3 intervenants.

 Souscripteur ≠ Assuré ≠ Bénéficiaire + Assureur

Il y a 4 intervenants.

I.4. Principaux contrats d’assurance vie individuelle


L’exécution des contrats d’assurance vie dépend de la durée de la vie humaine (survie
ou décès). Il en résulte une classification des produits d’assurance vie en 3 classes principales
en fonction du risque assuré :
o les contrats en cas de vie ;
o les contrats en cas de décès ;
o les contrats en cas de vie et en cas de décès ou contrats mixtes.
A ces trois principales classes on ajoute les assurances complémentaires qui viennent
compléter les garanties souscrites dans le cadre des contrats en cas de vie.

I.4.1. Contrats en cas de vie


Les formules d’assurance en cas de vie garantissent le versement d’un capital ou d’une
rente à un bénéficiaire désigné si l’aléa est la survie de l’assuré à un âge donné ou à une date
donnée.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Les principales formules d’assurance en cas de vie proposées par les compagnies sont
: Le capital différé sans contre assurance
C’est une formule de contrat d’assurance vie qui consiste :
o pour l’assureur à payer un capital à un bénéficiaire désigné si l’assuré est vivant
à une date fixée à l’avance. En cas de décès de l’assuré avant la date fixée
l’assureur ne paie rien. Les primes déjà payées par le contractant lui restent
acquises ;
o pour le souscripteur à payer une prime unique à la souscription ou des primes
périodiques tant que l’assuré est en vie.

10 ans

1/1/2015 En cas de décès En cas de vie => capital =


Capital = 0 K 31/12/2024

Le capital différé est destiné à satisfaire les besoins d’épargne ou de placement, c’est
un bon moyen de se constituer une épargne à moyen terme ou un complément de retraite à
long terme.
L’inconvénient de ce contrat est qu’en cas décès de l’assuré avant le terme du contrat,
les primes versées sont perdues.

 Le capital différé avec contre assurance


C’est la même définition qu’un capital différé sans contre assurance. Mais ici en cas de
décès de l’assuré avant le terme du contrat l’assureur rembourse le cumul des primes déjà
versées par le souscripteur au bénéficiaire.

10 ans

01/01/2015 Décès de l’assuré 31/12/2024


Versement = capital
Versement = ΣP=6P au contrat

Si P = 10.000 F => Versement = 60.000 F en cas de décès.


La contre assurance est le remboursement du cumul des primes déjà versées. Ce
contrat a les mêmes avantages que le capital différé sans contre assurance avec en plus la
contre assurance. Cependant la contre assurance rend la prime chère.

 La rente viagère immédiate


C’est une formule qui consiste :

31
CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

o pour l’assureur : à verser dès la souscription du contrat une rente à terme échu
ou payable d’avance au bénéficiaire désigné au contrat et cela jusqu’au décès de
l’assuré.
o pour le souscripteur : à payer une prime unique à la souscription du contrat.

PU R R R R R R R R R

(Donc ici pas de durée de contrat)

Remarque :
Les prestations de l’assureur commençant immédiatement à la souscription du contrat,
il est évident que la prime soit unique et donc payée en une seule fois à la souscription. Pour
la même raison il n’y a pas de contre assurance, dans les contrats de rente viagère immédiate.
Cependant, il est possible d’envisager le remboursement de tout ou une partie de la prime
unique si un nombre minimum de rentes n’a pas encore été payé.
Avantage :
La rente viagère permet de garantir un revenu régulier à l’assuré jusqu’à son décès et
évite les soucis de la gestion d’un capital.
Inconvénients :
Le choix d’une rente viagère immédiate entraîne l’aliénation du capital. Ce qui est
préjudiciable en période de forte inflation. En plus le risque de décès prématuré entraîne une
faible récupération de la prime unique payée.

 La rente viagère différée sans contre assurance


C’est une formule qui consiste :
o pour l’assureur : à verser une rente au bénéficiaire désigné à partir d’une
certaine époque (dite différée) et si l’assuré est en vie à cette époque. La rente
est servie jusqu’au décès de l’assuré. En cas de décès de l’assuré avant le terme
du différé, l’assureur ne paie.
o pour le souscripteur : à payer une prime unique à la souscription ou des primes
périodiques pendant une durée inférieur ou égale (≤) à la durée du différé.

à terme échu
différé R’ R’ R’ R’ R’

PU payable d’avance
En cas de décès pendant le
différé C=O

32
CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Avantage : même avantage que la rente viagère immédiate. C’est un contrat qui est
bien indiqué pour les personnes qui désirent se constituer une retraite à vie surtout si ces
personnes n’ont pas d’héritiers.
Inconvénients : idem contrat rente viagère.

 La rente viagère différée avec contre assurance


 C’est le contrat rente viagère différé décrit ci-dessus avec la contre assurance.
Dans ce cas si l’assuré décède avant le terme du différé, l’assureur versera le
cumul des primes déjà payées. Ce contrat a les mêmes avantages et
inconvénients que la rente viagère différée sans contre assurance avec une
prime plus élevée.
Différé R’ R’ R’ R’ R’ à terme échu

PU
En cas de décès pendant le payable d’avance
différé C=∑

 La rente temporaire immédiate


C’est une formule qui consiste :
o pour l’assureur à verser dès la souscription du contrat une rente au bénéficiaire
désigné jusqu’à une date fixée au contrat tant que l’assuré est en vie.
o pour le souscripteur à payer une prime unique.

R’ R’ R’ … R’

R R R … R

PU

Remarque : pour les mêmes raisons indiquées dans le cas de la rente viagère
immédiate, il n’y a pas de contre assurance et la prime est unique.
Avantages et inconvénients
Ce sont les mêmes que le contrat rente viagère immédiate. L’interruption de la rente à
une époque donnée rend cette formule peu attrayante et constitue un inconvénient
supplémentaire.

 La rente temporaire différée sans contre assurance


C’est une formule qui consiste :
33
CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

o pour l’assureur : à verser une rente au bénéficiaire désigné après une certaine
époque dite différée si l’assuré est en vie à cette période et au plus tard jusqu’à
une date donnée. En cas de décès de l’assuré pendant le différé, l’assureur ne
paie rien.
o pour le souscripteur : à payer une prime unique à la souscription ou à payer des
primes périodiques pendant le différé.

à terme échu
différé R’ R’ R’ R’ R’

P P P P P R R R R
R
PU payable d’avance
En cas de décès pendant le
différé C=O Terme du contrat

Avantages et inconvénients : Idem pour le contrat rente viagère mais cette formule est
moins répandue.

 La rente temporaire différée avec contre assurance


 C’est la rente temporaire différée avec en plus la contre assurance. Dans ce cas
si l’assuré décède avant la fin du différé, l’assureur versera le cumul des primes
déjà payées. Ce contrat a les mêmes avantages et inconvénients que le contrat
rente temporaire différé sans contre assurance.

à terme échu
différé R’ R’ R’ R’ R’

P P P P P R R R R
R
PU payable d’avance
En cas de décès pendant le

différé C=∑ Terme du contrat

 Tableau récapitulatif des contrats en cas de vie

PU = prime unique PP = prime périodique


Forme de Contre-
Type de contrat garanties prestation
prime assurance
Paiement d’un capital au terme du contrat si l’assur
Capital différé PU ou PP Capital Oui
est en vie à cette date
Rente viagère Paiement d’une rente dès la souscription du contra
PU Rente Non
immédiate tant que l’assuré est en vie
Paiement d’une rente au terme du différé si l’assur PU
Rente viagère différée Rente Oui
est en vie à cette date jusqu’au décès de l’assuré PP

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Paiement d’une rente dès la souscription du contra


Rente temporaire
tant que l’assuré est en vie et jusqu’à la date terme PU Rente Non
immédiate
du contrat
Paiement d’une rente au terme du différé si l’assur
Rente temporaire PU
est en vie à cette date et jusqu’à la date terme du Rente Oui
différée PP
contrat tant que l’assuré est en vie

I.4.2. Contrats en cas de décès


Les formules d’assurance vie en cas de décès garantissent le paiement d’un capital ou
d’une rente si l’assuré vient à décéder avant une date fixée d’avance ou à n’importe quel
moment.
Dans ce genre d’assurance l’évènement aléatoire est les décès de l’assuré avant une
date donnée.
Les principales formules d’assurance en cas de décès proposées par les compagnies
sont :

 La temporaire décès
Par ce type de contrat l’assureur garantit le paiement d’un capital fixé à l’avance à un
bénéficiaire désigné si l’assuré décède avant la date terme du contrat. Si l’assuré est vivant au
terme du contrat, l’assureur ne paie rien. Cette formule est généralement commercialisée
sous deux formes :
o à capital constant : quelle que soit l’époque du décès le capital garanti ne varie
pas. Il reste constamment égal au capital garanti à la souscription du contrat.
o à capital décroissant : le capital garanti décroit au fil du temps.
La première forme sert à faire de la prévoyance, la deuxième forme sert à garantir les
prêts bancaires. On parle alors de temporaire décès en couverture de prêt.
Durée du contrat

En cas de vie C=O


En cas de décès , versement du
capital garanti Terme du contrat
Avantages et inconvénients
Ce contrat permet à l’assuré de faire de la prévoyance au moindre coût pour sa famille
au cas où il venait à décéder avant une certaine époque. La temporaire décès à couverture de
prêt favorise le crédit.
Les primes sont à fonds perdus s’il est en vie au terme du contrat. L’emprunteur à la
qualité d’assuré et la banque a la qualité de bénéficiaire dans le cas du temporaire décès en
couverture de prêt.

 La vie entière immédiate


Dans un contrat vie entière immédiate, l’assureur s’engage à verser un capital au décès
de l’assuré, quel que soit la date de survenance du décès.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Date de souscription

En cas de décès quel que soit la date, versement du


capital garanti

Remarque : dans un tel contrat le souscripteur a le choix entre payer une prime unique
à la souscription ou payer une prime périodique viagère ou payer une prime périodique
temporaire.
Avantage et inconvénient
Ce contrat permet à l’assuré de faire de la prévoyance à vie au profit de ses ayants-
droits. Son inconvénient est le niveau élevé des primes.

 La vie entière différée


Dans un contrat vie entière différée, l’assureur s’engage à verser un capital au décès de
l’assuré quelle que soit la date de survenance du décès au-delà d’une période dite différée. Si
le décès survient pendant le différé, l’assureur ne paie rien.
Ici le souscripteur peut payer soit :
o une prime unique
o des primes périodiques de durée inférieure ou égale à la durée du différé.

Date de souscription

Différé

En cas de décès C=0 En cas de décès quel que soit


la date, versement du capital
garanti

Avantages et inconvénients : idem contrat vie entière immédiate.

 La temporaire rente éducation


L’assureur s’engage à verser une rente au décès de l’assuré jusqu’à, l’échéance du
contrat. A l’échéance du contrat si l’assuré est en vie, l’assureur ne paie rien. Le souscripteur

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

peut payer une prime unique à la souscription ou des primes périodiques de durée ≤ à la durée
du contrat.

En cas de décès

Avantages et inconvénients
Le contrat permet de garantir les études de l’enfant. Il a les mêmes inconvénients que
la temporaire décès.

 Tableau récapitulatif des contrats en cas de décès


PU = prime unique
PPV = prime périodique viagère payable tant que l’assuré est en vie
PPT = prime périodique temporaire payable pendant une durée donnée tant que l’assuré est en vie.
Forme Contre-
Nom du contrat Garanties Prestation
prime assurance
Paiement d’un capital si l’assuré décède
Temporaire décès PU/PP Capital Non
avant la fin du contrat
PU
Paiement d’un capital au décès de l’assuré
Vie entière immédiate PPV Capital Non
quelle que soit la date du décès
PPT
PU
Paiement d’un capital au décès de l’assuré
Vie entière différée PPV Capital Oui
quelle que soit la date du décès
PPT
Paiement d’une rente au décès de l’assuré
Temporaire rente éducation PU/PP Rente Non
jusqu’à la date terme du contrat

I.4.3. Contrats mixtes


Les assurances en cas de vie ou les assurances en cas de décès présentent en général
l’inconvénient de ne pas garantir une prestation certaine. C’est le cas d’un contrat de capital
différé si l’assuré décède pendant la durée du contrat. Il en est de même pour une temporaire
décès si l’assuré est en vie au terme du contrat.
La contre-assurance lorsqu’elle est envisageable constitue un palliatif mais limité car
les primes sont remboursées sans intérêts. Pour ces raisons et pour d’autres raisons d’autres
psychologiques les assureurs proposent en général des formules dites mixtes. Ce sont des
formules qui garantissent simultanément en cas de vie ou en cas de décès. Ainsi dans ce genre
d’assurance, l’assureur s’engage à verser un capital ou une rente au bénéficiaire désigné
quelles que soient les circonstances, décès ou survie de l’assuré.
Les principales formules mixtes commercialisées par les assureurs sont :

 L’assurance mixte

37
CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

L’assureur s’engage à verser un capital au bénéficiaire désigné lors du décès de l’assuré


s’il se produit au cours de la durée du contrat ou au terme du contrat si l’assuré est toujours
en vie en ce moment.
L’assurance mixte correspond en fait à la somme d’une assurance temporaire décès et
d’un capital différé.
En général, le capital prévu en cas de décès et identique au capital prévu en cas de vie.
Dans ce cas, on parle de contrat mixte proprement dite ou mixte classique. Cependant, il se
peut qu’on veuille privilégier soit la composante décès soit la composante vie en proposant
une formule ou la garantie décès est plus ou moins élevée par rapport à la garantie vie. Dans
ce cas on parle de contrat mixte combinée.
Le souscripteur peut payer soit une prime unique soi des primes périodiques.

Date de souscription Terme du contrat

Durée du contrat

En cas de décès, En cas de décès la date,


versement du capital versement du capital garanti C
garanti C

Avantages et inconvénients
Les prestations sont certaines et les primes ne sont jamais à fonds perdus.
La cherté des primes est l’inconvénient.

 L’assurance à terme fixe


L’assurance à terme fixe prévoit le versement d’un capital à la date terme du contrat
que l’assuré soit en vie ou non à cette date. Ainsi, si l’assuré décède en cours de contrat le
capital n’est pas tout de suite versé à la date du décès, on attend le terme du contrat pour
verser le capital.

Date de souscription Terme du contrat

Durée du contrat

Versement du capital
que l’assuré soit en
vie ou non
Remarque :

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Dans ce contrat l’aléa se trouve dans le paiement de la prime lorsqu’elle est payée
périodiquement. Dans le cas où la prime est unique le contrat terme fixe devient un contrat
d’épargne pure.
Avantages et inconvénients : Idem contrat mixte.

 La rente éducation mixte


Par ce contrat l’assureur garantit :
o En cas de vie de l’assuré au terme du différé (période de paiement des primes) le
versement d’une rente certaine payable à termes échus pendant une durée fixée
au contrat (généralement = 5 ans).
o En cas de décès de l’assuré pendant le différé, le versement d’une rente dont le
montant est une fraction de la rente certaine en cas de vie (généralement la
moitié). Le versement de cette rente commence à la première date anniversaire du
contrat suivant la date du décès, suivi de la rente certaine prévue en cas de vie et
d’un capital à la date du décès.

Durée du contrat

Différé : Période de paiement de prime)

R2

l’assuré, Versement de
En cas de vie de l’assuré
rente R1
Versement de rente R2

On a : = où 0 < <1

Remarque :
Le versement de l’assureur est soit :
o ΣR1 + ΣR2en cas de décès de l’assuré pendant le différé
o ΣR2 en cas de vie ou de mort de l’assuré au terme du différé.

 Tableau récapitulatif des contrats mixtes


PU = prime unique PP = prime périodique
Forme Contre-
Nom du contrat Garanties Prestation
prime assurance
Paiement d’un capital :
- au terme si l’assuré est vivant à cette
Mixte date PU/PP Capital Non
- au décès de l’assuré s’il survient avant la
fin du contrat.
Paiement d’un capital au terme du contrat
Terme fixe PU/PP Capital Non
que l’assuré soit vivant ou non à cette date

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Paiement d’une rente :


- au terme du contrat sur une durée donnée
si l’assuré est vivant à cette date
Rente et
Rente éducation mixte - au décès de l’assuré jusqu’au terme du PU/PP Non
Capital
différé suivi du versement de la rente en
cas de vie
- paiement d’un capital au décès de l’assuré
I.4.4. Contrats vie-épargne
Depuis un certain temps (notamment en France et en zone CIMA), en plus des contrats
d’assurance en cas de vie décrits ci-dessus souscrit dans le but d’épargner, les assureurs vie,
pour concurrencer les produits bancaires de type compte d’épargne et satisfaire aux besoins
de la clientèle attirée par des placements financiers rentables, ont élaborés de nouveaux
produits assimilables à des pures options d’épargne très proches sinon identiques au compte
d’épargne bancaire. Ces contrats dits contrats vie-épargne ou produits modernes sont de
pures produits d’épargne prévoyant en cas de décès de l’assuré avant le terme du contrat le
versement de l’épargne acquise.
Ces contrats sont à la limite des contrats d’assurance vie et des produits financiers.
Dans ces contrats la notion d’épargne est très voisine de celle des contrats d’assurance en cas
de vie mais il s’en distingue par le fait que dans les contrats d’assurance en cas de vie, les
prestations prévues ne sont pas versées si l’assuré décède avant la fin du contrat.
 Fonctionnement
Les contrats vie-épargne sont des produits à cotisations définies permettant à l’assuré
de construire un complément de retraite. Il comporte en option au choix du contractant une
garantie décès.
Pour chaque assuré, l’assureur ouvre un compte alimenté par les primes nettes de
chargement et majorées par les intérêts. Ainsi, à chaque instant la valeur du compte retraite
de l’assuré est égale au cumul des primes nettes et des intérêts. Si le contrat comporte une
option décès les primes versées sur le compte retraite seront diminuées de la prime décès.
Au terme du contrat si l’assuré est en vie, l’assureur versera seulement la valeur du
compte retraite au terme même si l’assuré avait opté pour la garantie décès à la souscription
du contrat.
Remarques
La contre-assurance ici est la valeur du compte d’épargne. L’assureur ne paie donc rien
au titre de la garantie décès et la prime décès déduite de la prime totale lui restent acquises.
Si l’assuré décède en cours du contrat, l’assureur restituera la valeur du compte
retraite à la date du décès + éventuellement le capital décès si l’assuré avait choisi cette
option.
Les contrats vie-épargne seront classés dans les contrats en cas de vie.
Ici les primes peuvent être à versement libre.
En plus, lorsque la prime est périodique ou unique le souscripteur peut à tout moment
faire des versements exceptionnels supplémentaires qui permettent au contractant
d’augmenter son capital à terme.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

I.4.5. Garanties complémentaires (article 328-2 du code CIMA)


 Principe
Selon les dispositions de l’article 328-2 du code CIMA, en contrepartie du versement de
primes additionnelles, des garanties complémentaires relevant normalement de l’assurance
non vie peuvent être ajoutées à la garantie principale vie ou décès. Il s’agit donc d’une
dérogation au principe de spécialisation prévu à l’article 326 du code CIMA.
Dans ce cas, toutefois, le contrat doit préciser que ces garanties prennent fin au plus
tard en même temps que la garantie principale.
Les garanties complémentaires viennent compléter les garanties de base souscrites par
l’assuré et lui permettre ainsi de poursuivre son acte de prévoyance même dans certaines
périodes difficiles.
Ces garanties complémentaires encore appelées « assurances accessoires » par le code
CIMA concernent :
o L’incapacité professionnelle de travail,
o Le décès accidentel,
o L’invalidité à la suite d’accident ou de maladie,
o Le risque perte d’emploi (Conseil des Ministres Ouagadougou avril 2009).

 Le décès accidentel
Le décès accidentel peut être défini comme celui qui survient par suite d’une atteinte
corporelle, provenant de l’action violente et soudaine d’une cause extérieure et indépendante
de la volonté de l’assuré.
En cas de décès accidentel, une prestation complémentaire vient s’ajouter à la
prestation principale : il s’agit le plus souvent du doublement du capital décès. Dans ce cas, il
est versé à l’assuré un capital supplémentaire égal au capital décès de base.
Dans certains contrats, lorsque le décès accidentel résulte d’un accident de la
circulation, le capital décès est alors triplé.

 L’invalidité absolue et définitive


La garantie consiste à assimiler au décès un état d’invalidité, appelé invalidité absolue
et définitive. Cet état d’invalidité fait l’objet de prestations identiques à celles prévues en cas
de décès.
L’état d’invalidité est constaté par le médecin traitant de l’assuré. Toutefois, l’assureur
se réserve le droit d'apprécier la réalisation du risque par ses propres médecins-conseils.
L’assuré est déclaré en invalidité absolue et définitive s’il est reconnu définitivement
incapable de se livrer à la moindre activité, et si son état de santé nécessite l’assistance d’une
tierce personne pour effectuer les actes ordinaires de la vie.
Dans la pratique, cette notion s’assimile à l’invalidité permanente totale.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

 L’incapacité professionnelle de travail


Elle désigne l’impossibilité momentanée, pour un assuré, d’exercer son activité
professionnelle, du fait de la survenance d’un accident ou d’une maladie.
Pour l’incapacité, on distingue généralement deux garanties :
o l’exonération du paiement des primes pendant la période d’incapacité. Ainsi,
après une période franchise, la compagnie d’assurance vie prend en charge, en
totalité ou partiellement, les cotisations relatives à l’ensemble des garanties
(principales et complémentaires), dues au titre de la police.
o Le versement d’indemnités journalières à l’assuré tant que dure son incapacité
et dans la limite du montant total prévu au contrat.

 Le risque perte d’emploi


En raison du chômage de masse dont sont victimes les populations africaines, il est à
constater sur certains marchés que plusieurs personnes bien que titulaires d’un contrat
« décès emprunteurs » ont perdu leur bien immobilier saisi pour faute de remboursement d’un
prêt par suite de perte d’emploi.
Cette situation qui a tendance à se multiplier accentue la pauvreté des populations
concernées. Elle crée un besoin d’assurance que ne peuvent couvrir malheureusement le
marché de l’assurance non vie, très peu de compagnies d’assurance non vie étant agréées
pour cette branche. De ce fait, sur la plupart des marchés de la CIMA, les compagnies
d’assurance vie, sous la pression des établissements de crédit, proposaient comme garantie
complémentaire au contrat « décès emprunteurs », le risque « perte d’emploi ».
Face à cette réalité et afin d’assurer une meilleure couverture aux assurés susceptibles
d’être confrontés à de telles difficultés, le Conseil des Ministres des Assurances, lors de sa
réunion d’avril 2009 tenue à Ouagadougou a introduit le risque perte d’emploi parmi les
risques complémentaires prévues à l’article 328-2 du code CIMA.
En cas de réalisation du risque perte d’emploi dans le cadre d’un contrat principal décès
emprunteurs, l’assureur remboursera directement à la banque le solde du capital restant dû,
dans la limite de la quotité assurée.

I.9. Branche capitalisation


 Définition
La branche de capitalisation est une branche spécifique du code CIMA (branche 23) qui
regroupe les contrats qui font appel à l’épargne en vue de la capitalisation et comportant, en
échange de versements uniques ou périodiques, directs ou indirects, des engagements
déterminés quant à leur durée et à leur montant.
Ainsi les contrats relevant de cette branche prévoient le paiement d’un capital constitué
par :
o les sommes versées par le contractant, sous forme de prime unique ou prime
périodiques, et déduction faites des chargements;
o Les intérêts capitalisés;

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

o Les participations aux bénéfices.


o Il s’agit d’une catégorie de contrats qui ne font pas intervenir le risque viager.
Dans ces contrats, le décès du souscripteur ou du détenteur du bon n’a pas
d’impact sur la continuité du contrat à moins qu’un rachat émanant des futurs
porteurs ou des héritiers intervienne entre-temps.
Ces contrats sont souvent appelés titres de capitalisation ou bons de capitalisation.

 Spécificités
Outre la non exposition à un risque reposant sur la vie humaine, les particularités du
titre ou contrat de capitalisation par rapport au contrat d’assurance vie sont les suivantes :
o Le contrat de capitalisation peut être souscrit en faveur d’une personne
dénommée, à ordre ou au porteur. Ce contrat peut être transmis à tout instant
à une tierce personne, sans formalité particulière, aussi bien à titre onéreux que
gratuit.
o Le contrat peut prévoir des remboursements anticipés par tirage au sort. Ces
derniers ont lieu au maximum une fois par mois. La sortie du contrat à l’un de
ces tirages entraîne le remboursement anticipé du capital garanti à terme.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

II. ASSURANCE VIE INDIVIDUELLE SUR PLUSIEURS TETES


Dans la pratique on se limite à deux têtes.
II.1. Assurance vie individuelle sur deux têtes
On considère un groupe de deux têtes x et y. Le décès du groupe intervient de deux
manières :
o soit au décès de l’une des deux têtes x ou y. On parle alors de groupe s’éteignant
au 1er décès ;
o soit après le décès des deux têtes x et y. On parle alors de groupe s’éteint au
2ème décès.

 Quelques exemples de contrats sur deux têtes


 Le capital différé sur deux têtes (2ème cas : décès de x et y)
Le capital est payable au terme du contrat si au moins une des deux têtes est vivante.
 La temporaire décès sur deux têtes (2ème cas : décès de x et y)
Le capital est payable au décès du dernier s’il survient avant le terme du contrat.
 Le contrat mixte sur deux têtes
Le capital est payable soit au premier décès s’il survient avant le terme du contrat soit
au terme du contrat si les deux têtes sont vivantes à cette date.

II.2. Assurances de survie


Les assurances de survie garantissent le paiement d’un capital ou d’une rente au décès
d’une tête x à condition que la tête y soit vivante au moment du décès de la tête x. Dans ces
types de contrat en absence de contre assurance, si le décès de la tête y survient avant celui
de la tête x, l’assureur est libéré de tout engagement.
Les assurances de survie sont donc des assurances sur des têtes pour lesquelles, il n’y a
pas de symétrie entre les rôles joués par les différentes têtes contrairement au premier
groupe de contrat déjà décrit.
 Exemples d’assurance de
survie La rente de conjoint
Au décès du conjoint, l’assureur s’engage à verser au conjoint survivant une rente
jusqu’au décès de ce dernier ou jusqu’à une date indiquée au contrat (mariage par exemple).

 L’assurance dotale
L’assurance versera le capital au bénéficiaire vivant (y) au terme du contrat que l’assuré
x soit vivant ou non à cette date.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

CHAPITRE IV : L’ASSURANCE VIE COLLECTIVE


I. GENERALITES
Le développement des assurances de groupe ou collectives est lié à la mise en place des
différents régimes sociaux obligatoires. En outre, elles jouent un rôle capital en matière de
prêt ou de crédit.
En tant que moyen collectif de prévoyance o u de préparation de la retraite, la
souscription de contrats groupe est un acte solide de politique sociale pour les entreprises.
En outre, l’assurance groupe décès constitue pour les organismes de crédit,
notamment les banques un moyen de se couvrir contre les conséquences d’un décès
prématuré d’un emprunteur.

I.1. Définition:
Le code CIMA en son article 95 définit la notion de contrat collectif ou contrat groupe
comme étant un contrat souscrit par une personne morale ou un chef d’entreprise en vue de
l’adhésion d’un ensemble de personnes répondant à des conditions définies au contrat, pour
la couverture :
o des risques dépendant de la durée de la vie humaine,
o des risques portant atteinte à l’intégrité physique de la personne ou liés à la
maternité,
o des risques d’incapacité de travail ou d’invalidité,
o du risque de chômage.
Le code stipule que les adhérents doivent avoir un lien de même nature avec le
souscripteur. Cette condition assure la validité du contrat et l’homogénéité du groupe assuré.
En pratique, le lien qui unit le souscripteur et les membres du groupe est de nature
contractuelle. Il s’agit le plus souvent :
o du contrat de travail conclu avec un employeur;
o du contrat de prêt conclu avec un établissement de crédit;
o du fait d’être titulaire d’un compte auprès d’un établissement financier;
o de l’adhésion à une association.

I.2. Intervenants au contrat collectif


I.2.1. Société d’assurance
Il s’agit des mêmes entreprises d’assurance pratiquant les opérations d’assurance vie
individuelles.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

I.2.2. Souscripteur
Le souscripteur est la personne qui conclut le contrat d’assurance groupe avec
l’assureur.
Dans la pratique, il s’agit le plus souvent :
o de sociétés civiles ou commerciales ;
o d’organismes professionnels ;
o d’associations ;
Dans ces différents cas, le souscripteur souscrit le contrat groupe au profit de ses
salariés ou de ses membres.
o d’établissements de crédit.
Les établissements de crédit, outre le fait qu’ils peuvent souscrire des contrats groupe
au profit de leurs salariés, concluent également des contrats groupe emprunteurs au profit
de leurs débiteurs, ils souscrivent également des contrats groupe décès au profit de leurs
titulaires de comptes.

I.2.3. Adhérents
Comme indiqué plus haut les adhérents doivent avoir un lien de même de nature avec
le souscripteur.
Outre le lien de même nature qui unit les adhérents avec le souscripteur, les adhérents
doivent également satisfaire à des conditions définies au contrat.
Les adhérents représentent ici les assurés. Il s’agit des personnes sur les têtes
desquelles pèse l’opération d’assurance.

I.2.4. Bénéficiaires
Le bénéficiaire est fonction de la nature des garanties. Il peut être :
o l’assuré lui-même pour les garanties retraite, Indemnité Fin de Carrière et
invalidité ;
o le conjoint survivant pour les contrats prévoyance collective décès avec la
garantie « Rente de veuve » ;
o les enfants pour les contrats prévoyance collective décès avec la garantie
« Rente enfants » ;
o l’établissement de crédit pour les contrats décès emprunteurs.

II. FORMATION ET LA GESTION DU CONTRAT COLLECTIF


II.1. Adhésion
II.1.2. Information de l’adhérent
Le souscripteur est tenu :

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

o de remettre à l'adhérent un document établi (notice d’information) par


l'assureur qui définit les garanties et leurs modalités d'entrée en vigueur ainsi
que les formalités à accomplir en cas de sinistre ;
o d’informer par écrit les adhérents des modifications qu'il est prévu, le cas
échéant, d'apporter à leurs droits et obligations.
L'adhérent peut dénoncer son adhésion en raison de ces modifications. Il n’est alors
plus tenu au paiement des cotisations. En contrepartie, il ne bénéficie plus des garanties du
contrat sauf :
o lorsque les prestations sont en cours de versement au moment de la
modification;
o pour les contrats collectifs gérés en capitalisation pour lesquels la cessation de
paiement des cotisations n’entraîne qu’une réduction des garanties lorsqu’il
s’agit de droits individualisés et définitivement acquis.
Toutefois, la faculté de renonciation n'est pas offerte à l'adhérent lorsque le lien qui
l'unit au souscripteur rend obligatoire l'adhésion au contrat.
L’adhésion au contrat est indispensable pour la mise en place de la garantie. Cette
adhésion est soit facultative, soit obligatoire. Dans les deux cas, la forme de l’adhésion peut
être soit écrite (elle se matérialise alors par un bulletin d’adhésion ou de souscription) soit
simplement tacite.

II.1.2. Adhésion facultative


Le code CIMA ne définit pas la notion d’adhésion facultative. Dans ces conditions, c’est
au sens le plus large qu’il faut entendre cette notion. Il s’agit de contrats groupe auquel des
personnes assurables, c’est-à-dire ayant un lien de même nature avec le souscripteur et
répondant aux conditions définies au contrat, choisissent librement d’adhérer.
Comme son nom l’indique, les assurables auront le droit de souscrire ou de refuser
l’assurance proposée au groupe. On parle alors de groupes dits « ouverts ».
Ce type de contrat comporte le plus souvent un risque important d’antisélection. Il
faudra donc veiller à un contrôle médical nettement plus strict que pour les contrats collectifs
à adhésion obligatoire.

II.1.3. Adhésion obligatoire


L’adhésion à un contrat d’assurance vie est dite obligatoire lorsque les membres du
groupe sont tenus d’y adhérer. On parle alors de groupes dits « fermés ». Dans la pratique, on
distingue l’adhésion obligatoire de nature contractuelle et l’adhésion obligatoire de nature
consensuelle.
L’adhésion obligatoire de nature contractuelle : C’est le cas par exemple des contrats
ayant pour objet de garantir un prêt. Le contrat de prêt en lui-même comporte l’obligation
d’adhérer au contrat d’assurance : Il est donc obligatoire pour l’emprunteur de souscrire à
cette adhésion.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Il est en de même d’un salarié qui rejoint une entreprise après la mise en place d’un
contrat d’assurance groupe : Il est donc obligé d’adhérer à la convention, cette obligation
entrant dans le cadre de son contrat de travail.
L’adhésion obligatoire de nature consensuelle : C’est le cas par exemple lorsque la mise
en place du contrat groupe résulte d’un référendum ayant obtenu l’accord de la majorité du
personnel de l’entreprise. Cette adhésion est obligatoire même si les cotisations sont
entièrement à la charge du salarié.

II.1.4. Forme de l’adhésion


L’adhésion à un contrat d’assurance groupe peut résulter :
o le plus souvent de la signature d’un document écrit appelé généralement
bulletin d’adhésion,
o mais peut aussi être présumée sans signature d’un bulletin d’adhésion pour un
membre du groupe lorsque ce dernier s’est acquitté d’une partie des cotisations.
Il s’agit d’une manifestation tacite de la volonté du membre d’adhérer au
contrat. Cette forme d’adhésion peut poser un certain nombre de problème
dans la mesure où elle n’est pas matérialisée par un document écrit.

II.2. Exécution du contrat


II.2.1. Détermination de la prime
Le principe général de tarification de la prime en assurance de groupe est le même que
celui de l’assurance individuelle. Ainsi, l’assureur distingue-t-il la prime pure, les chargements
d’acquisition et de gestion et éventuellement les chargements fiscaux.
Cependant, le fait que le contrat collectif assure un ensemble d’individus fait que la
prime est en général variable et son montant exact n’est parfois déterminé qu’à la fin de la
période de couverture du risque.
Le montant de la prime appelée est donc susceptible de varier, d’une part, en fonction
du nombre d’adhérents assurés et, d’autre part, en fonction de la base de calcul du risque
(tranches de salaires, encours de crédit…). Dans ce cas, le montant de la prime émise en début
de contrat constitue une prime provisionnelle déterminée à partir, soit de données
historiques, soit de données prévisionnelles. Cette prime provisionnelle fait l’objet d’une
régularisation en fin de période avec l’émission, le cas échéant, d’une prime de régularisation.

II.2.2. Paiement de la prime


En assurance collective, la prime peut être à la charge du souscripteur du contrat, de
l’adhérent, ou enfin répartie entre les deux (part patronale, part « salarié », par exemple).
Mais en principe, sauf convention contraire, c’est le souscripteur qui est débiteur de la
prime, même si l’adhérent contribue au paiement de cette dernière, en partie ou en totalité.
Le montant total de la prime est donc payé à l’assureur par le seul souscripteur. Celui-ci
se charge donc de récupérer auprès de chaque adhérent la contribution qui lui échoit (par
exemple, par prélèvement sur les salaires dans le cas d’une entreprise).

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

L’article 97 du code CIMA établit l’obligation qu’a l’adhérent de payer sa cotisation au


souscripteur. Cet article décrit la procédure de mise en demeure à entreprendre par le
souscripteur lorsque l’adhérent n’a pas payer ses primes.

II.3. Modifications du contrat

Au cours de la vie du contrat groupe, certaines modifications peuvent être nécessaires.


C’est le cas par exemple, lorsque le groupe assuré évolue de manière importante avec pour
conséquences une modification des conditions tarifaires ou des garanties offertes.
A chaque fois, les adhérents doivent en être informés.
Une fois encore, le législateur a souhaité protéger l’adhérent : seules les informations
dont ce dernier a eu connaissance lui sont opposables.
L'adhérent peut dénoncer son adhésion en raison de ces modifications. Il n’est alors
plus tenu au paiement des cotisations. En contrepartie, il ne bénéficie plus des garanties du
contrat sauf :
o lorsque les prestations sont en cours de versement au moment de la
modification;
o pour les contrats collectifs gérés en capitalisation pour lesquels la cessation de
paiement des cotisations n’entraîne qu’une réduction des garanties lorsqu’il
s’agit de droits individualisés et définitivement acquis.

II.4. Prestations
II.4.1. Exigibilité du montant des prestations
Selon l’article 16 du code CIMA, lors de la réalisation du risque ou à l'échéance du
contrat, l'assureur doit exécuter dans le délai convenu la prestation déterminée par le contrat
et ne peut être tenu au-delà. Les différentes prestations doivent cependant être payées dans
les délais mentionnés à l’article 74 du code CIMA.
Le débiteur des prestations est donc l’assureur et non le souscripteur.
Les formalités à accomplir en cas de sinistre doivent être décrites dans la notice
d’information remise à l’adhérent lors de son adhésion au contrat.

II.4.2. Nature des prestations

La nature des prestations en assurance groupe varie selon le type de contrat. Ces
prestations seront étudiées plus bas dans le cadre de la revue des différents types de contrats
groupe.

III. PRINCIPAUX CONTRATS COLLECTIFS EN ASSURANCE VIE


III.1. Contrats prévoyance collective décès
III.1.1. Garantie
L’objet de ce contrat est de verser, en cas de réalisation du risque garanti :
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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

o un capital décès ou invalidité,


o des prestations d’incapacité temporaire de travail par le biais du versement
d’indemnités journalières destinées à compenser la perte de salaire de
l’adhérent,
o et ou une rente viagère (rente de conjoint ou rente éducation, dénommée
également « rente d’orphelin. »).

III.1.2. Capital assuré


Le montant de la garantie peut être forfaitaire ou fonction du salaire de base de
l’adhérent et de sa situation de famille.

III.1.3. Valeur de rachat et valeur de réduction


Comme la temporaire décès individuelle, ce contrat n’admet ni valeur de rachat, ni
valeur de réduction.

III.1.4. Durée du contrat


Ce contrat est conclu généralement pour une durée d’un an.

III.1.5. Primes et tarification


 Cas des contrats groupes à adhésion facultative
Dans ce cas, la tarification est effectuée comme s’il s’agissait d’une juxtaposition de
contrats individuels qui sont tarifés selon les principes de tarification des contrats en cas de
décès et des rentes viagères immédiates.
 Cas des contrats groupes à adhésion obligatoire
La prime est déterminée en appliquant un taux de prime unique à l’ensemble du
groupe. La détermination de ce taux de prime se fait à partir d’une méthode dite
« pesée actuarielle ». Lorsque le groupe est connu avec précision, la démarche de la pesée
actuarielle repose sur les éléments suivants :
o pour chaque individu du groupe, l’assureur détermine tout d’abord le montant
du capital (ou de la rente) à garantir, en fonction du salaire de base de l’intéressé
et de sa situation de famille ;
o il calcule ensuite le montant de la prime correspondante, comme s’il s’agissait
d’un contrat individuel, puis il totalise l’ensemble des primes ainsi obtenues ;
o il rapporte enfin la prime totale à la masse salariale totale garantie (capitaux
totaux garantis), afin de déterminer le taux de prime unique.
Le taux de prime ainsi obtenu est exprimé en pourcentage des capitaux garantis. Il est
appliqué de manière uniforme à tous les individus du groupe. Ce système de taux de prime
unique institue une solidarité entre les moins jeunes et les jeunes, et entre les personnes qui
n’ont pas d’enfants à charge et ceux qui en ont.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Ce taux de prime correspond à un âge dans le tarif individuel décès qui est l’âge moyen
actuariel du groupe. Cet âge moyen actuariel constitue le meilleur indicateur synthétique de
la dynamique démographique du groupe et de la répartition des capitaux par âge :
o si les adhérents jeunes s’avèrent sans cesse plus nombreux, l’âge moyen
actuariel décroît ;
o à contrario si, par exemple le groupe n’est plus alimenté, alors l’âge moyen
actuariel croît et le tarif augmente en fonction de l’intensité du vieillissement.

III.2. Contrats décès emprunteurs


III.2.1. Généralités
L’assurance vie est devenue un élément essentiel dans la politique de mise en place des
crédits au niveau des banques et établissements financiers. Elle offre à ces organismes la
garantie que leurs crédits seront remboursés en cas de décès ou d’invalidité absolue et
définitive de leurs débiteurs.
En effet, si l’organisme de crédit est en mesure d’estimer le risque d’insolvabilité
d’ordre économique de son débiteur, il reste impuissant face au décès prématuré de celui-ci
avant d’avoir remboursé la totalité de son prêt.
En conséquence, les banquiers et autres établissements de crédit se sont entièrement
tournés vers les assureurs vie pour garantir les risques inhérents à l’intégrité physique de leurs
emprunteurs.
L’octroi du prêt est généralement subordonné à l’adhésion de l’emprunteur à ce
contrat d’assurance. E n conséquence, il s’agit le plus souvent de contrats à adhésion
obligatoire.
Ce contrat peut être souscrit dans le cadre d’une assurance individuelle.

III.2.2. Garantie
Dans ce contrat, l’assureur se substitue à l’emprunteur assuré si ce dernier vient à
décéder avant le terme du prêt. L’assureur verse en une seule fois à l’établissement prêteur
une somme égale au capital restant dû à la date du décès, majoré des intérêts courus depuis
la dernière échéance de remboursement.

III.2.3. Primes
Le tarif est logiquement fonction de l’âge de l’assuré à la souscription et du taux
d’intérêt du prêt. Deux modes de tarification peuvent être utilisés par les assureurs. Tous deux
se caractérisent par un taux de prime qui demeure constant pendant la durée du contrat. Ce
taux est soit fonction du capital initial, soit fonction du capital restant dû. Dans le premier cas,
la prime d’assurance demeure fixe pendant la durée du prêt. Dans le second cas, la prime
d’assurance décroît en fonction de l’évolution du capital restant dû.
En ce qui concerne les contrats « groupe emprunteurs », certains assureurs prévoient
un taux unique de prime s’appliquant à tous. Selon le choix opéré par l’établissement de
crédit, ce taux s’applique soit au capital initial, soit au capital restant dû. Dans un souci

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

d’équité et dans le but d’éviter que les jeunes souscripteurs payent trop pour les moins jeunes,
certaines sociétés proposent des tarifs groupe segmentés par âge.
Dans la pratique, la plupart des entreprises d’assurance vie de la zone CIMA utilisent un
taux unique pour l’ensemble des clients de l’établissement bancaire. Ce taux fortement
influencé par la concurrence est négocié entre l’assureur et l’établissement de crédit. En plus
des commissions, certaines conventions accordent à l’établissement de crédit une
participation bénéficiaire sur le portefeuille « décès emprunteurs ». Il convient de préciser que
cette pratique présente un grand risque de sous tarification.

III.2.4. Rachat et réduction


Ce contrat n’a ni valeur de rachat, ni valeur de réduction.

III.2.5. Capital garanti


Le capital garanti est le capital restant dû au moment du décès. Il est fonction du
tableau d’amortissement fourni par l’organisme prêteur. Ce tableau d’amortissement devrait
contenir toutes les informations relatives au prêt. Notamment, le montant de l’annuité
constante que devra verser l’emprunteur pour rembourser son prêt, la répartition de chaque
annuité de remboursement en intérêt et en amortissement du principal, le capital restant dû
à chaque échéance.
La connaissance des capitaux restant dus successifs permet aux assureurs de calculer
le montant du capital moyen assuré au cours de chaque année.
Il convient de préciser que le capital garanti peut porter soit sur le principal du prêt
restant à rembourser, soit sur l’encours global y compris les intérêts. Dans ce dernier cas la
prime varie en fonction du taux d’intérêt du prêt.

III.3. Contrats retraite collective


III.3. 1. Généralités
Dans la plupart des pays de la CIMA, les régimes publics de retraite servent à leurs
assurés sociaux au moment de la retraite des revenus de substitution très faibles.
Mis en place à l’origine pour mettre les personnes âgées à l’abri de la pauvreté, la
plupart de ces régimes connaissent souvent des difficultés financières et des problèmes de
gouvernance.
Face à cette situation, la plupart des entreprises souscrivent à des contrats collectifs de
retraite complémentaire visant à assurer à leurs salariés une rente additionnelle au moment
de leur départ à la retraite.
A travers certains de ces contrats, une partie de la sécurité de la vieillesse des
travailleurs est garantie par l’auto financement, autrement dit par l’épargne pour soi-même,
en déplaçant la consommation de leurs jeunes années productives vers leur troisième âge,
époque de la vie où la consommation est supérieure au revenu.
On distingue les contrats retraite collective à cotisations définies et les contrats retraite
collective à prestations définies.

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

III.3.2. Contrats retraite collective à cotisations définies


 Définitions
Il s’agit de contrats d’assurance groupe sur la vie à adhésion obligatoire, souscrits par
un employeur au bénéfice de ses salariés. Ces contrats visent à garantir aux bénéficiaires des
droits certains de retraite supplémentaire grâce au versement de cotisations prédéterminées.
Ces contrats sont appelés à « cotisations définies » car l’obligation de l’employeur ne
porte que sur le versement d’un montant prédéterminé de cotisations et non sur un niveau
de prestation de retraite.
Une caractéristique fondamentale de ces contrats réside dans le principe de
constitution de droits à pension de retraite certains. En effet, les droits constitués par le
versement de cotisations pour le compte des salariés leur sont acquis même si ces derniers :
o quittent l’entreprise avant l’âge normal de départ à la retraite,
o ou décèdent avant leur départ en retraite.
Toute mise en place de garanties collectives de retraite par un employeur au profit de
ses salariés se traduit par deux liens contractuels différents :
o d’une part, le régime de retraite formalisant l’engagement pris par l’employeur
à l’égard de ses salariés,
o et d’autre part, le contrat d’assurance groupe souscrit par l’employeur auprès
d’un assureur pour couvrir tout ou partie des engagements pris au titre du
régime.

 Fonctionnement du contrat -Phase d’activités du


salarié Mise en place du contrat
Lors de la souscription de ce contrat, l’assureur demande les caractéristiques propres
au régime de retraite préalablement mis en place par l’employeur. Il s’agit des caractéristiques
suivantes :
o la définition de la catégorie de salariés bénéficiaires du régime,
o l’assiette des cotisations, il peut s’agir de tout ou partie de la rémunération,
o le taux de cotisation.
 Gestion des comptes individuels
La phase d’activités est caractérisée par la tenue de comptes retraite individuels
ouverts au nom de chaque salarié concerné. Ces comptes individuels sont :
o d’une part, constitués par les versements de cotisations effectués par
l’employeur déduction faite des chargements retenus par l’assureur pour
couvrir les frais d’acquisition et de gestion administrative du contrat,
o et d’autre part, alimentés par la participation aux bénéfices techniques et
financiers de l’assureur.
Lors du départ à la retraite, le salarié ayant atteint l’âge requis demande la liquidation
de ses droits soit sous forme de capital unique égal au solde atteint par le compte retraite,
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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

soit sous forme rente viagère. Dans ce dernier cas, l’assureur procède à la transformation du
solde de son compte individuel (ce solde va correspondre au capital constitutif de rente) en
rente viagère.
Une fois son montant initial calculé, la rente est servie par l’assureur directement au
bénéficiaire selon une périodicité prévue au terme du contrat d’assurance groupe.
En pratique, la rente est souvent payée à terme échu suivant une périodicité
trimestrielle.
La rente peut de plus, faire l’objet d’une revalorisation annuelle constituée de la
participation aux bénéfices techniques et financiers de l’assureur.

III.3.3. Contrats retraite collective à prestations définies


 Définitions
Il s’agit de contrats d’assurance groupe sur la vie à adhésion obligatoire, souscrits par
un employeur au bénéfice de ses salariés. Ces contrats visent à garantir aux bénéficiaires des
droits certains de retraite supplémentaire prédéterminés dont l’acquisition est subordonnée
à la présence du salarié dans l’entreprise souscriptrice lors de son départ à la retraite.
Ces contrats sont appelés à « prestations définies » car l’obligation de l’employeur ne
porte que sur le versement d’un montant prédéterminé de prestations de retraite, et non sur
un niveau de cotisations.
Ces contrats, caractérisés par une obligation de résultat de la part de l’employeur,
s’opposent ainsi aux contrats à cotisations définies dans lesquels l’employeur n’a qu’une
obligation de moyens.
 Fonctionnement du contrat -Phase d’activités du
salarié Mise en place du contrat
Lors de la souscription de ce contrat, l’assureur demande les caractéristiques propres
au régime de retraite préalablement mis en place par l’employeur. Il s’agit des caractéristiques
suivantes :
o la définition de la catégorie de salariés bénéficiaires du régime ;
o les prestations prévues au moment du départ à la retraite (le niveau de la
prestation est souvent fonction du dernier salaire ou de l’ancienneté, exemple
40% du dernier salaire ou 0,6% du dernier salaire par année d’ancienneté).
Les cotisations sont déterminées en fonction des évaluations actuarielles des
engagements et du niveau atteint par un fonds collectif défini ci-après.
 Gestion collective du fonds
La phase d’activités est caractérisée par la gestion d’un fonds collectif. A la différence
des contrats retraite à cotisations définies, la gestion des droits ne peut être individualisée
dès lors que ceux-ci ne sont acquis et définitivement connus pour chaque assuré qu’au
moment de la retraite.
Le fonds collectif est :

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

o d’une part, constitués par les versements de cotisations effectués par


l’employeur déduction faite des chargements retenus par l’assureur pour
couvrir les frais d’acquisition et de gestion administrative du contrat,
o et d’autre part, alimentés par la participation aux bénéfices techniques et
financiers de l’assureur.

III.3.4. Contrats retraite par capitalisation collective en points


Lors de la phase d’activités, les cotisations versées sont immédiatement converties en
points (encore appelés « unités de rentes ») en fonction de la valeur d’acquisition du point
préalablement déterminés. Le nombre de points acquis est déterminé de la manière suivante
:

Cotisation versée
Nombre de points acquis 
Valeur d'acquisition du point

Lors du départ à la retraite, le nombre de points acquis par le salarié pendant toute la
phase d’activités est transformé en rente en fonction de la valeur de service du point
préalablement déterminé. La valeur de la rente initiale est alors déterminée de la façon
suivante :
Tout au long de son service, la rente est revalorisée en fonction de l’évolution de la
valeur de service du point.
Le principe de fonctionnement de ce type de régime est le suivant:

III.3.5. Contrats indemnité de fin de carrière (IFC)


 Principes généraux
 Origine des Indemnités de Fin Carrière
Toutes les entreprises sont tenues de verser à leurs salariés qui partent en retraite, une
indemnité minimum de départ à la retraite. Il s’agit d’une obligation légale qui résulte soit du
code du travail, soit des conventions collectives. Elle peut être renforcée par un accord interne
à l’entreprise.
Les conventions collectives peuvent aussi renforcer cette obligation légale dans la
mesure où elles permettent de prendre en compte les spécificités de chaque métier,
notamment les disparités d'organisation (usine à feu continu, travail de bureau à horaires
fixes, professions du loisir travaillant les jours normalement chômés...), la pénibilité du travail
et les conditions sociales particulières. Ainsi, suivant les conventions collectives applicables,
les indemnités de fin de carrière peuvent être plus ou moins élevées selon le secteur
d’activités considéré.
Ces indemnités sont généralement fonction du dernier salaire annuel et du nombre
d’années de service dans l’entreprise.
Le tableau ci-après donne un exemple de barème Indemnité Fin de Carrière.
 Exemple de barème d’indemnités de fin carrière

55
CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

Barème d'Indemnités de Fin de Carrière


Anciennetés Indemnités
de 5 à 10 ans d'anciennenté 3 mois de salaire
de 11 à 15 ans d'ancienneté 6 mois de salaire
de 16 à 20 ans d'ancienneté 9 mois de salaire
A partir de 21 ans d'ancienneté 12 mois de salaire

Comme indiqué plus haut ce barème peut être généreux suivant la disposition légale
appliquée. Dans tous les cas, ce sont toujours les modalités les plus favorables à l‘employé
qui s'appliquent.
Pour le financement de cette obligation, l’employeur a le choix entre deux options :
Soit gérer en interne le paiement de ces indemnités légales. Dans ce cas, il peut
constituer des provisions internes (solution fiscalement peu intéressante dans certains pays),
ou verser au salarié au moment venu les indemnités prévues lorsque ce dernier remplit les
conditions requises. Dans ce dernier cas, il s’agit d’une gestion à vue qui consiste à payer ces
indemnités légales à partir des ressources courantes de l’entreprise dans l’exercice de leur
paiement, ce qui peut provoquer des tensions de trésorerie. C’est le cas par exemple lorsqu’il
y a des départs groupés à la retraite.
Souscrire un contrat d’assurance auprès d’une compagnie d’assurance vie en vue
d’externaliser la gestion des flux financiers nécessaires aux paiements de ces indemnités.
Dans ce cas :
o La charge financière des Indemnités de Fin de Carrière est répartie sur plusieurs
années, par le moyen de cotisations annuelles ajustées, évitant ainsi les à-coups
de trésorerie (en cas de départ groupés de salariés)
o Dans la plupart des pays de la CIMA, les cotisations versées sont déductibles
dans l'année de leur versement des bénéfices imposables de l'entreprise et
exonérées de charges sociales.
o Les produits financiers générés par les provisions mathématiques allègent la
charge de cotisation par la technique de l’actualisation.
Au final, l’externalisation de la gestion de l’IFC auprès d’un assureur permet d’optimiser
la gestion de ces engagements et d’alléger le bilan de l’entreprise
cliente. Définition
Le Contrat IFC est un contrat d’assurance vie par lequel l’assureur s’engage, en
contrepartie des primes reçues, à verser aux membres du personnel de la Contractante, au
moment de leur départ à la retraite, une indemnité déterminée conformément aux
dispositions du Code du Travail ou de la Convention Collective ou d’un Accord d’Entreprise
particulier.
Il s’agit de contrats à prestations définies : En effet, l’obligation de l’employeur porte
sur le versement d’un montant prédéterminé de prestations en cas de départ en retraite et
non sur un niveau de cotisations.
Ces contrats se caractérisent par des modalités de fonctionnement similaires à celles
des autres contrats de retraite à prestations définies.
 Fonctionnement
 Phase d’activités

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

L’IFC étant née d’une obligation légale résultant des conventions collectives ou du code
du travail, son financement en termes de cotisations est à la charge exclusive de l’employeur.
Ces cotisations sont déterminées en fonction des études actuarielles effectuées par les
services techniques de l’assureur. Ces études actuarielles prennent en compte le passif social
ou dette actuarielle (il s’agit des droits acquis par chaque salarié au moment des études)
existant au moment de la souscription du contrat et l’actualisation des engagements futurs
qui naitront encore du fait de la présence de l’employé dans l’entreprise.
Cette actualisation prend en compte un certain nombre d’aléas lié à présence du salarié
dans l’entreprise au moment de son départ à la retraite. Ces aléas concernent entre autres :
o la probabilité de ne pas décéder pendant la période d’activités,
o la probabilité de ne pas démissionner,
o la probabilité de ne pas être licencié.
Ces cotisations ainsi déterminées sont affectées à un fonds collectif dédié à l’entreprise
et rémunéré au taux d’intérêt technique et par la participation bénéficiaire.
 Phase de versement des prestations
A la différence des contrats retraite à cotisations définies ou à prestations définies, la
gestion des prestations des contrats IFC se résume au versement unique d’un capital.
Le montant de l’IFC est en principe versé par l’assureur au salarié partant à la retraite
en fonction du barème IFC et dans la limite des sommes disponibles dans le fonds collectif.
Toutefois, afin de faciliter les procédures de gestion administrative, les contrats
prévoient généralement en pratique que l’assureur donne mandat à l’employeur d’effectuer
pour son compte les versements d’IFC lors des départs en retraite, charge à ce même
employeur d’obtenir le versement des prestations correspondantes auprès de l’assureur dans
la limite du fonds collectif.

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CHAPITRE V. LA PARTICIPATION BENEFICIAIRE

I. PRINCIPES
GENERAUX
Définition
La participation aux bénéfices correspond aux sommes alloués aux assurés en
complément des intérêts techniques.

 Pourquoi une participation bénéficiaire en assurance vie ?


En assurance vie, les engagements de l’assureur et donc les éléments retenus pour
l’élaboration des tarifs des contrats sont évalués sur des bases prudentes tant :
o pour les éléments techniques (prise en compte des tables en cas de vie ou en
cas de décès pour tarifer le risque viager, anticipation des frais de gestion) ;
o que pour les éléments financiers (actualisation des engagements sur la base de
taux d’intérêt plafonnés par la réglementation).
Par ailleurs, compte tenu fait que les opérations d’assurance vie se déroulent sur le long
terme, il peut arriver que les paramètres techniques utilisés pour la tarification présentent des
distorsions avec la réalité du portefeuille engendrant ainsi en faveur de l’assureur les
différents résultats ci-après :
Un résultat technique qui se décompose comme suit :
o Le résultat de mortalité qui correspond à la différence entre la mortalité
théorique qui correspond à celles des tables réglementaires et la mortalité
réelle. Ainsi dans les contrats en cas de décès, l’assureur réalisera un bénéfice de
mortalité lorsque la mortalité réelle du portefeuille est inférieure à la mortalité
théorique du portefeuille. Dans les contrats en cas de vie, l’assureur réalisera un
bénéfice de mortalité lorsque la survie réelle des assurés est inférieure à la survie
théorique résultant de la table de mortalité réglementaire.
o Le résultat de gestion qui provient de la différence entre les frais de gestion et
d’acquisition réels et les chargements de gestion et d’acquisition définis
contractuellement.
Un résultat financier qui provient de la différence entre les taux de rendement réels
des placements de l’assureur et le taux d’intérêt technique.
Le mécanisme de la participation bénéficiaire a pour but de réduire ces distorsions en
associant les assurés à la gestion technique et financière de l’assureur par le biais de
l’attribution d’une participation aux bénéfices dont le calcul intervient à la clôture de chaque
exercice.

 Double aspect (légal et contractuel) de la participation aux bénéfices


La participation aux bénéfices revêt un double aspect. En effet :
o d’une part, le code CIMA impose le versement d’un montant minimal annuel
(dite « participation légale »),

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

o d’autre part, les conditions générales ou particulières des contrats


commercialisés fixent les modalités de rémunération de l’épargne pour la partie
dépassant le taux d’intérêt technique (participation dite « contractuelle »). Dans
la zone CIMA, la plupart des conditions générales reprennent les dispositions du
code CIMA en matière de clauses de participation bénéficiaire.

 Le principe
Le principe de la participation bénéficiaire est fixé par l’article 81 du code CIMA qui
prévoit que « les entreprises d’assurance sur la vie ou de capitalisation doivent faire participer
les assurés aux bénéfices techniques et financiers qu’elles réalisent ».
En plus de l’obligation de distribution, la loi impose aux compagnies d’assurance vie un
montant minimal de participation bénéficiaire dont les modalités de détermination sont
également fixées par le code CIMA.

II. LES MODALITES DE CALCUL DU MONTANT MINIMAL


REGLEMENTAIRE Dispositions réglementaires sur le montant
minimum
Pour chaque entreprise, le montant minimal de la participation aux bénéfices à
attribuer au titre d’un exercice est déterminé globalement à partir d’un compte de
participation aux résultats, dont il convient de présenter les deux composantes essentielles :
o la composante technique qui fait ressortir, outre les résultats de gestion, les
résultats de mortalité, c’est-à-dire les gains de mortalité réelle des assurés par
rapport à la mortalité théorique prévue par les tables. 90% du solde créditeur du
compte technique est inscrit en recette dans le compte de participation aux
résultats.
o la composante financière qui fait apparaître les bénéfices financiers provenant
des revenus des placements représentant les engagements de l’assureur. La
part des produits financiers figurant en recettes du compte de participation aux
résultats est égale à 85% du solde du compte financier établi selon les règles de
l’article 84 du code CIMA.
Le montant minimal annuel de la participation aux résultats est le solde créditeur du
compte de participation aux résultats. Et le montant minimal de la participation aux bénéfices
est égal à ce solde diminué du montant des intérêts crédités aux provisions mathématiques.

 Les contrats concernés


Sont concernés par le mécanisme de la participation bénéficiaire minimale « les contrats
individuels et collectifs de toute nature » à l’exception des contrats collectifs en cas de décès
(prévoyance décès groupe, décès groupe emprunteurs) et des contrats à capital variable
(contrats en unités de comptes).

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CPFA (2021-2022) Assurance Vie et Capitalisation

 Distinction entre participation aux résultats et participation aux bénéfices


Le code CIMA définit d’une part, la participation aux résultats et d’autre part, la
participation aux bénéfices.
La participation aux résultats est un ensemble plus large qui représente la somme des
intérêts techniques et la participation aux bénéfices.
A l’inverse, la participation aux bénéfices est obtenue en diminuant le solde du compte
de participation aux résultats des intérêts techniques.

 La distribution de la participation bénéficiaire calculée :


Le montant de la participation aux bénéfices des assurés peut être porté directement
aux provisions mathématiques des contrats ou porté, totalement ou partiellement, à une
provision dite « provision pour participation aux excédents ».
Les sommes portées à cette dernière provision sont affectées à la provision
mathématique ou versées aux assurés au cours des trois exercices suivant celui au titre
duquel elles ont été portées à la provision pour participation aux excédents.
Lorsque l’entreprise décide de distribuer la participation bénéficiaire, elle peut le faire
par affectation d’un bonus sur le niveau des provisions mathématiques ou par une
revalorisation directe des garanties prévues au contrat. Dans le premier cas, l’assuré bénéficie
d’un capital additionnel libéré de primes et dans le second cas, les garanties, les primes et les
provisions mathématiques augmentent dans la même proportion.

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