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Chapitre 2 : Théorie et pratique dans la morale. Rapports du plaisir et de la peine avec la vertu.
"Puisque le présent travail n'a pas pour but la spéculation pure comme nos autres ouvrages (car ce n'est
pas pour savoir ce qu'est la vertu en son essence que nous effectuons notre enquête, mais c'est afin de
devenir vertueux, puisque autrement cette étude ne servirait à rien)
EE, I, 5 : l'éthique = science pratique et normative, dont l'objet = nous rendre meilleurs
il est nécessaire de porter notre examen sur ce qui a rapport à nos actions, pour savoir de quelle façon nous
devons les accomplir, car ce sont elles qui déterminent aussi la caractère de nos dispositions morales, ainsi
que nous l'avons dit.
Or le fait d'agir conformément à la droite règle est une chose communément admise et qui doit être pris pour
base [...]"(selon l'Académie notamment)
nous y reviendrons plus tard => VI, 13 : "droite règle" = phronesis
mettons-nous d'accord...
a. notre exposé, roulant sur les actions qu'il faut faire, doit s'en tenir aux généralités et ne pas entrer
dans le détail. sur le terrain de l'action et de l'utile, il n'y a rien de fixe. il appartient toujours à l'agent
lui-même d'examiner ce qu'il est opportun de faire, comme dans le cas de l'art médical, ou navigation.
b. indication : les vertus morales sont naturellement sujettes à périr à la fois par excès et par défaut.
c. non seulement vertus ont pour origine les mêmes actions qui président aussi à leur disparition, mais
encore leur activité se déploiera dans l'accomplissement de ces mêmes actions : vigueur du corps a
sa source dans nourriture abondante, nombreuses fatigues qu'on endure ; mais c'est là aussi actions
que l'homme vigoureux se montre particulièrement capable d'accomplir.
d. signe distinctif de nos dispositions = plaisir ou peine s'ajoutant à nos actions.
1. l'h qui s'abstient des plaisirs du corps et se réjouit de cette abstention = un modéré ; si s'en afflige
= intempérant ; l'h qui fait face au danger et trouve plaisir = courageux... plaisirs et peines = ce sur
quoi roulent la vertu morale
importance du plaisir et de la peine ds conduite morale 8 arguments
1 à cause du plaisir que ns en ressentons qu'on commet le mal : Platon Lois II 653a, il faut amener les
enfants à trouver plaisirs et peines là où il convient car saine éducation c'est ça 2 si vertus concernent
passions, et si passion et action s'accompagnent logiqt de peines et plaisirs, vertus aura rapport à
peines et plaisirs 3 les sanctions se font par ces moyens : châtiment = une sorte de cures et cures obéit
à loi des opposés 4 toute disposition de l'âme est par sa nature en rapport et conformité avec genre de
choses qui peuvent la rendre meilleure ou pire or c'est à cause de plaisirs e tpeines que hommes
deviennent méchants car poursuivent ou fuient plaisirs ou peines alors que faut pas ou de la façon
dont il ne faut pas, ou selon tout autre modalité rartionnelement déterminée ; c'est pq certains certains
définissent vertus comme état d'impassibilité et de repos = erreur car s'expriment en termes
absolus, sans ajouter la façon qu'il faut et de la façon qu'il ne faut pas ou au moment où il faut...
=> qu'il soit donc établi que la vertu éthique est celle qui tend à agir de la meilleure façon au
regard des plaisirs et des peines, et que le vice fait tout le contraire 5 trois facteurs entraînent nos
choix : le beau, l'utile, le plaisant (accepté par A voir Top I, 13, III, 3) en face de ces facteurs l'h
vertueux peut tenir bonne conduite, le méchant exposé à faillir et spécialement face à plaisir ;
intéressant = le plaisir accompagne tout ce qui dépend de notre choix, puisque même le beau et
l'utile nous apparaissent comme une chose agréable. 6 dès l'enfant, aptitude au plaisir a grandi en
nous ; impossible à déraciner ce sentiment ; de plus, nous mesurons nos actions à peu près tous au
plaisir et à la peine, donc nécessaire de centrer toute notre étude sur ces notions... 7 + difficile de
combattre le plaisir que les désirs de son coeur or la vertu comme l'art a pour objet ce qui est +
difficile, car le bien = de plus haute qualité quand contrarié 8 (argument ?)
"Or ces conditions n'entrent pas en ligne de compte pour la possession d'un art quel qu'il soit, à l'exception
du savoir lui-même, alors que, pour la possession des vertus, le savoir ne joue qu'un rôle minime ou même
nul, à la différence des autres conditions, lesquelles ont une influence non pas médiocre, mais totale, en tant
précisément que la possession de la vertu naît de l'accomplissement répété des actes justes et modérés."
"Mais nous ne devons pas seulement dire de la vertu qu'elle est une disposition, mais dire encore quelle espèce
de disposition elle est. Nous devons alors remarquer que toute "vertu", pour la chose dont elle est "vertu",
a pour effet à la fois de mettre cette chose en bon état et de lui permettre de bien accomplir son oeuvre
propre : par exemple, la "vertu" de l'oeil rend l'oeil et sa fonction également parfaits, car c'est par la vertu de
l'oeil que la vision s'effectue en nous comme il faut."
autre exemple : la vertu du cheval, Ménon, 71e, 72a
a. la vertu de l'homme ne saurait être qu'une disposition par laquelle un homme devient bon et par
laquelle aussi son oeuvre propre sera rendue bonne.
b. dans tout ce qui est continu et divisible, il est possible de distinguer le plus, le moins, et l'égal, et
cela soit dans la chose même, soit par rapport à nous, l'égal étant quelque moyen entre l'excès et le
défaut.
"J'entends par moyen dans la chose ce qui s'écarte à égale distance de chacun des deux extrêmes, point
qui est unique et identique pour tous les hommes, et par moyen par rapport à nous ce qui n'est ni trop, ni
trop peu, et c'est là une chose qui n'est ni une, ni identique pour tout le monde."
exemple : si 10 = beaucoup ; 2 = peu, 6 = le moyen pris dans la chose, car dépasse et est dépassé par
quantité égale ; moyen par rapport à nous : si pour la nourriture d'un tel, 10 mines = bcp ; 2 = peu :
s'en suit pas qu'on doit prescrire 6 : cette quantité peut être aussi beaucoup pour la personne, ou peu,
pour Milon peu, pour débutant, beaucoup.
si donc toute science aboutit ainsi à la perfection de son oeuvre, en fixant le regard sur le moyen et y
ramenant ses oeuvres (artistes ont les yeux fixés sur cette médiété, de là habitude de dire qu'on ne
peut rien y retrancher ou ajouter), et si la vertu, comme la nature, dépasse en exactitude et en valeur
tout autre art, c'est le moyen vers lequel elle devra tendre ;
=> question de la vertu morale = elle qui a rapport à des affections et des actions ; matières en
lesquelles il y a excès, défaut, et moyen
"Ainsi donc, la vertu est une disposition à agir d'une façon délibérée, consistant en une médiété relative à
nous, laquelle est rationnellement déterminée et comme la déterminerait l'homme prudent. Mais c'est une
médiété entre deux vices, l'un par excès et l'autre par défaut; et c'est encore une médiété en ce que certains
vices sont au-dessous, et d'autres au-dessus du "ce qu'il faut" dans le domaine des affections aussi bien
que des actions, tandis que la vertu, elle, découvre et choisit la position moyenne. C'est pourquoi dans
l'ordre de la substance et de la définition exprimant la quiddité, la vertu est une médiété, tandis que dans
l'ordre de l'excellence et du parfait, c'est un sommet."
nous ne devons pas nous en tenir à des généralités ; application aux vertus particulières ; parmi les
exposés traitant de nos actions, ceux qui sont d'ordre général sont plus vides, et ceux qui
s'attachent aux particularités plus vrais ; car les actions ont rapport aux faits individuels, et nos
théories doivent être en accord avec eux.
1. en ce qui concerne peur et témérité, courage est une médiété ; parmi ceux qui pèchent par excès,
celui qui le fait par manque de peur n'a pas reçu de nom (beaucoup d'états n'ont d'ailleurs ps de
nom), tandis que celui qui le fait par audace = un téméraire, celui qui tombe dans l'excès ds crainte
et manque d'audace = un lâche
2. plaisirs et peines, la médiété = la modération, l'excès le dérèglement ; gens qui pèchent par défaut
par rapport aux plaisirs sont rares : on peut les appeler les insensibles, même si l'ont pas reçu de nom
3. action de donner et celle d'acquérir des richesses, médiété = libéralité ; l'excès et le défaut =
prodigalité et parcimonie
pr l'instant simple esquisse... on y reviendra + tard (IV, 1)
4. en ce qui concerne honneur et mépris, la médiété = la grandeur d'âme ; l'excès = on l'appelle sorte
de boursouflure ; le défaut = la bassesse d'âme
5. en ce qui concerne la colère, il y a excès et faut, et médiété... états pratiquement dépourvus de
dénomination... débonnaire, irascible, indifférent [d'autres]
6. il existe aussi dans les affections et dans tout ce qui se rapporte aux affections des médiétés...
trois dispositions : deux vices, une seule vertu ; ces diverses dispositions sont opposées les unes aux
autres, la contrariété maxima est celle des extrêmes l'un par rapport à l'autre plutôt que par rapport au
moyen ; il y a des extrêmes qui manifestent une certaine ressemblance avec le moyen, par exemple
dans le cas de la témérité par rapport au courage ; à l'égard du moyen dans certains cas c'est le défaut
qui lui est le plus opposé... sinon l'excès ; pourquoi ? raison peut provenir de la chose même ; ou de
notre nature éprouvant un certain penchant pour certaines choses : elles paraissent plus contraires
au moyen