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La religion
Définition : Foi : avoir une croyance, croire en quelque chose = adhésion ferme et entière de
l’esprit vis-à-vis d’une entité, d’un être, d’un dogme.
La religion renvoie à la fois à une forme de croyance intérieure et à l’appartenance à une
communauté culturelle et cultuelle. En tant que croyance, la religion peut être définie comme une
série d’attitudes de l’esprit qui adhère à un énoncé ou à un fait sans pouvoir en administrer de
preuves complètes. Croire signifie que l’on tient quelque chose pour vrai sans pouvoir prouver
pleinement de sa véridicité.
Croyance : adhérer à une proposition tenue pour vraie sans détenir des preuves objectives.
Savoir adhérer à une proposition tenue pour vraie qu’on est en mesure de prouver, de démontrer,
de justifier = les sens amènent de la connaissance.
Religion : eb de croyances ou de rites collectifs orientés vers une nature supérieure, voire divine
se manifeste d’abord sous la forme d’un sentiment intérieur s’appuyant sur la reconnaissance du
sacré, la croyance en des êtres surnaturels (polythéisme) ou d’un Dieu personnel (monothéisme).
Il existe aussi des religions sans Dieu (bouddhisme)
Ce qui est sacré = quelque chose qu’on adore et qu’on ne remet jamais en cause.
“Religare” signifie à la relier, dans le sens où religion relie l’homme à dieu, et rassembler les
hommes entre eux. Cette étymologie valorise la fonction de religion = la définit comme lien social.
Émile Durkheim : le dénominateur commun de toutes les religions repose sur une division
nette entre les réalités sacrées et les réalités profanes
- le sacré regroupe l’ensemble des coutumes, des traces matérielles ou immatérielles, des rites,
des miracles, des textes fondateurs, des personnes, soit des manifestations qu’une puissance
supérieure est à l’œuvre ≠ le profane regroupe tout ce qui est non-sacré
- religion et société sont interdépendantes : une croyance collective a une importance sociale
essentielle = caractère unificateur car donne opportunité aux hommes de constituer des
communautés (le terme « Église » est le nom qu’il donne à cette communauté qui se construit
autour de la religion)
DONC la religion n’est pas qu’un système de pensée, elle unit en une même communauté morale
tous ceux qui y adhèrent par des pratiques religieuses = contribue à civiliser hommes en imposant
règles morales
B. Croire et savoir
- croire, c’est tenir pour vrai sans pouvoir démontrer avec certitude ce à quoi on donne son
assentiment (approbation)
- savoir, c’est au contraire avoir la connaissance certaine et vraie de ce que l’on affirme / s’appuie
sur preuves et démonstrations
La religion est un acte de croyance. L'adepte d'une religion est un croyant.
- Elle est une disposition d'esprit mais qui consiste à affirmer ce que l'on conçoit indépendamment
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de tout raisonnement (on assume que notre jugement ou prise de position repose sur une
conviction, une intuition qu’on ne peut pas objectivement fonder.)
DONC la valeur de la croyance dépend uniquement de la valeur de son affirmation et non de sa
possible vérification = elle est une confiance absolue exprimant une conviction, elle a en commun
avec le savoir d'être certaine tout en étant d'une autre nature.
- Il s’agit d’une certitude sans preuve = la certitude de la foi est d'un autre ordre que la certitude
d'un théorème mathématique car elle ne repose pas sur la raison mais sur la volonté.
DONC la foi religieuse est irrationnelle au sens où la certitude qu'elle engendre n'est pas de l'ordre
de la raison mais de l'intimité du cœur.
- Définition première de ces deux mots est « tenir pour vrai » : la différence entre croire et savoir
ne porte pas sur le contenu mais dans la manière d’accéder à ce contenu = la vérité d’une
croyance ne la transforme pas en savoir
Que ce soit dans sa dimension individuelle, incarnée par la foi, ou sa dimension collective, la
religion est un phénomène universel.
Freud : définit la religion comme une croyance qui repose sur trois désirs fondamentaux /
une tripe fonction de la religion :
- Rassure : un besoin affectif de protection où Dieu est à l’image d’une figure paternelle et
protectrice (protection divine et béatitude finale au milieu des vicissitudes) / rassure humanité face
à finitude de son existence (vie après la mort = donner un sens à existence) ;
- Explique : un besoin intellectuel de mieux se comprendre et mieux comprendre le monde où la
religion apporte des réponses aux grandes questions existentielles / éclaire hommes sur origine et
formation de l’univers (Pourquoi vivons-nous ? Pourquoi meurt-on ? Quel est le sens de la vie ?) ;
- Régule : un besoin moral de justice où l’enfer condamne méchants et les bons sont remerciés au
paradis / règles pour organiser la société
La religion rassure l’homme face à la conscience de sa propre fin.
Durkheim, Formes élémentaires de la vie religieuse : définit religion comme 1 lien social.
- La religion, dont l’étymologie vient de « religare » relie les hommes entre eux à l’intérieur d’une
communauté
- Une société dont les membres sont unis CAR ils se représentent de la même manière le monde
sacré = des croyances collectives, elles sont partagées et permettent de former des liens sociaux
- La religion est publique, il n’existe pas de religions composée d’une seule personne (≠ croyance
individuelle)
- Un argument qui peut surprendre = aujourd’hui, la religion est privée (en France avec laïcité, un
des principes de la République)
Karl Marx : “La religion est l’opium du peuple”, une illusion qui vise essentiellement peuple.
- L’opium est une drogue qui endort instantanément la personne qui en prend, la plongeant dans
un sommeil profond en proie à des rêves aussi étranges qu’effrayants (état d’euphorie et
somnolence) = fonction aliénation
- En comparant la religion à cette drogue, il sous-entend que l’objectif de la religion est d’endormir
le peuple afin de l’empêcher de se révolter, cesse de se soucier de son état actuel (misère) = la
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classe dirigeante, représentée par la classe bourgeoise, utilise cette ruse pour se protéger contre
toute révolte.
- Pouvoir anesthésiant de la religion, soulage souffrances = la misère et la pénibilité de la vie
trouveront un réconfort dans une autre réalité : le paradis.
- Masquer aux hommes leur misère actuelle / leur vie réelle est invivable = espoir bonheur futur
- La religion délivre le peuple de ses angoisses et de sa liberté / effet d’assouplissement de
conscience , d’oubli de soi et de sa propre réalité = résignation à condition misérable, dans
l’attente d’un au-delà meilleur
- Ce bonheur peut être atteint à condition de respecter certaines valeurs telles que l’humilité, la
non-violence, le pardon, etc.
- Le fanatique est celui dont la conviction religieuse est telle qu'elle le rend incapable d'envisager
ou de tolérer une autre option que la sienne.
- Voltaire : Dictionnaire philosophique : les délires prophétiques de l’imagination peuvent conduire
à « tuer pour l'amour de Dieu » = on comprend pourquoi la religion peut être à l'origine de guerres
et conduire au terrorisme, à l'instrumentalisation de la peur.
- Kant : ce qui définit le fanatisme, c'est d'abord la perte de contrôle de la raison qui finit par
tomber dans l'idolâtrie : le fanatique confond dans la religion sa dimension intérieure (la foi) et sa
dimension extérieure (le culte).
Le culte est un moyen d'exercer et de consolider sa foi, mais ce n'est pas une fin en soi = le
fanatique relègue sa foi au profit du culte : les croisades, l'Inquisition (tribunal contre hérésie) les
attentats concrétisent ce phénomène. Pour éviter la dérive fanatique, il insiste sur les limites
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nécessaires que la raison doit imposer aux comportements passionnels de la religion ; la religion
naturelle défend ainsi des principes moraux universels libérés du culte institutionnel.
- La croyance : l’action, fait de croire une chose vraie, vraisemblable ou possible = avoir la foi (du
latin « fides » signifiant croyance, confiance)
Bien qu’il ne puisse prouver son existence, le religieux doit avoir confiance en Dieu, et ce, même
lorsqu’il n’est pas en mesure de comprendre sa volonté. (Cette confiance est illustrée dans
la Genèse de la Bible où Abraham obéit à la volonté de Dieu : sacrifier son seul fils unique, Isaac.
Abraham ne sait pas pourquoi Dieu lui demande de réaliser cette action, il lui fait simplement
confiance.)
- La raison : faculté propre à l’homme, par laquelle il peut connaître, juger et se conduire selon des
principes = exige des preuves
Nous avons donc deux termes distincts : la raison, ou la théorie scientifique dont les vérités
établies ont un caractère provisoire et la croyance où les vérités religieuses sont certaines et
immuables.
La foi religieuse n’est pas compatible avec la raison / Il est vain d’essayer de prouver
l’existence de Dieu de manière rationnelle
Simone Weil : la perception du divin se fait par l’amour et non pas par l’intellect
Kierkegaard : la foi est un « saut qualitatif » qui n’a pas besoin de connaissances savantes
de textes religieux, il est irrationnel
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- Saut dans le vide, dans l’inconnu, je ne connais rien en Dieu, un mystère = je sais uniquement
qu’il me recueillera, attitude fidéiste = entrée en religion, entrée dans l’inconnu (pas pcq l’on est
savant qu’on maitrise mieux que paysan analphabète) : « plonger en Dieu »
- Après saut : l’angoisse disparaît car je m’en remet à Dieu / plus peur de ce qui va se passer
après (après une vie de débauches)
- La religion naturelle préconisée par de nombreux philosophes du siècle des lumières (Rousseau)
s’oppose aux institutions religieuses (clergé, Église) ainsi qu’à toute vérité dont le fidèle doit
adhérer.
- Possibilité d’accéder à la divinité par le biais d’un raisonnement ou sentiment intérieur et
indépendant de tout contexte institutionnel
- L’être humain n’a donc pas besoin d’institutions religieuses pour être proche de Dieu = usage de
la raison permet à la fois de ressentir Dieu à travers les lois de la nature et d’adopter une attitude
morale.
- Connaissance du divin indépendante de toute révélation, par la seule lumière naturelle de raison
- Grâce à l’usage de sa raison, l’homme a donc accès à l’enseignement de la religion naturelle.
La foi religieuse peut être compatible avec la raison / Les arguments rationnels pour
prouver l’existence de Dieu
Leibniz :
- Il se demande pourquoi l’univers, la réalité, la terre et les humains existent.
- L’existence selon lui repose sur une intentionnalité, cette dernière étant appelée Dieu par les
hommes.
Il est courant d'entendre opposer la science et la religion. Nous avons le sentiment que chaque
avancée de l'explication scientifique se traduit par un recul des croyances religieuses. Des raisons
existent à cela. L'Europe a été marquée par des conflits retentissants entre ces deux modes de
pensée, comme en témoigne la condamnation de Galilée, et l'époque des Lumières a estimé que
la religion était une superstition qui disparaîtrait avec les progrès des sciences de la nature.
Cependant, il est clair qu'aujourd'hui, le développement de la connaissance scientifique n'a pas
supprimé la pensée religieuse.
La science : au sens large désigne un savoir = fondé, démontré, qui ne varie donc pas
avec les circonstances
- sciences expérimentales = démonstration, preuve, vérification = sciences « dures »
DONC susceptibles de nous apporter vérités définitives, certitudes ou évides universalité
- progrès = perspectives de connaissance infinies
CCL : La religion est un frein à la science et relève de la superstition : ne peuvent pas être liées
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≠ science et religion peuvent se compléter : l’une apportant des réponses que l’autre ne peut
donner CAR les vérités auxquelles ils prétendent accéder ne sont pas de même nature
Pascal, Pensées : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la
foi. Dieu sensible au cœur, non à la raison »
- Dieu n’a pas à être compris, son existence n’a pas à être prouvée, mais il doit être senti = Dieu
s’adresse à la sensibilité, et non à la raison.
Descartes : Dieu est le « garant des vérités éternelles ». Un athée, selon lui, ne peut
parvenir à établir des vérités, puisque Dieu ne peut garantir la validité de ses
raisonnements, fussent-ils de nature mathématique.
La religion cesse malgré tout, une fois les thèses de Galilée et de Copernic reconnues comme
justes, d’être compétente pour expliquer la nature, le monde physique. La science devient
une discipline autonome. Cela signifie-t-il que la science n’a plus besoin de la religion ? Sans
doute.
Mais ce que l’on condamne précisément dans la religion, et dans la croyance en général,
c’est la dimension de superstition qu’elle renferme. Pour que la science progresse, il faut
que la croyance, désormais synonyme d’ignorance, recule. En cela la science exclut la
croyance. Il faut, a déclaré Descartes lui-même, accéder « à une connaissance claire de
soi et de Dieu ». Même pour Descartes, la raison doit accompagner la foi. Sans la raison, la
foi est de la superstition.
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- la croyance religieuse est le fruit de l’imagination des hommes, qui ont conçu un dieu à leur
image ; elle doit disparaître pour que la vérité apparaisse, puisqu’elle est liée à l’ignorance et à la
crainte des hommes
- sa pensée, dans son époque, fait scandale. Dieu serait plutôt la Nature toute entière ; Deus Sive
Natura : « Dieu, c’est-à-dire la Nature ». Il n’existe pas de phénomènes irrationnels, mais il existe
seulement des domaines inconnus que la raison n’a pas encore explorés.
Kant : fait l’examen des preuves qui ont été apportées à l’existence de Dieu, en y donnant
une dimension rationnelle – présentées notamment par Descartes et Leibniz au
XVIIe siècle – les réfute une par une.
- il montre que la raison doit être circonscrite, et que le domaine de la connaissance – de la
science – reste limité. Il reste des « choses » auxquelles la raison n’a pas accès.
- il explique que pour ce qui concerne les 3 postulats de la raison pratique (la liberté, l’immortalité
de l’âme et l’existence de Dieu), nous ne pouvons rien prouver du tout : « Je dus donc renoncer
au savoir, pour faire place à la croyance », écrit-il dans la Critique de la raison pratique.
- dans la mesure où la raison ne peut apporter de preuves concernant la liberté de l’homme,
l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu, nous devons les postuler, et y croire, sachant que
nous ne pourrons les prouver.
Freud : la religion est une superstition, une illusion qui permet aux hommes de surmonter
leurs angoisses
- juge la religion dangereuse, puisqu’il la considère comme une maladie de civilisation. Le
diagnostic est clair : il faut débarrasser la civilisation moderne de Dieu, et « tuer le père », afin que
les individus deviennent réellement adultes ; Freud assimile Dieu, en effet, à l’autorité paternelle.
Les hommes doivent sortir de l’infantilisation.
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Les philosophes ont d’abord reproché à la religion, la crainte superstitieuse et la faiblesse dans
lesquelles elle risque de maintenir les hommes.
Marx :
- religion est une forme d’idéologie = reflet déformé des conditions d’existence sociales des
hommes et instrument de conservation des rapports de domination
- l’homme opprimé exprime dans la religion sa volonté d’un monde meilleur ≠ en se projetant dans
un au-delà imaginaire, il s’interdit de transformer réellement ses conditions matérielles d’existence
- pouvoir de détournement de l’attention et de manipulation / instrument d’anesthésie des masses
face aux injustices sociales
Conclusion :
La religion est à la fois un refuge pour l’être humain et une protection pour la société. La religion
permet à l’individu de canaliser ses angoisses quant à la finitude de sa propre existence et de
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trouver des réponses aux questions existentielles. La foi est une alternative à la raison, une
certitude aussi puissante que le raisonnement et qui vient du cœur.
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