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6.

La religion

Définition : Foi : avoir une croyance, croire en quelque chose = adhésion ferme et entière de
l’esprit vis-à-vis d’une entité, d’un être, d’un dogme.
La religion renvoie à la fois à une forme de croyance intérieure et à l’appartenance à une
communauté culturelle et cultuelle. En tant que croyance, la religion peut être définie comme une
série d’attitudes de l’esprit qui adhère à un énoncé ou à un fait sans pouvoir en administrer de
preuves complètes. Croire signifie que l’on tient quelque chose pour vrai sans pouvoir prouver
pleinement de sa véridicité.

Croyance : adhérer à une proposition tenue pour vraie sans détenir des preuves objectives.
Savoir adhérer à une proposition tenue pour vraie qu’on est en mesure de prouver, de démontrer,
de justifier = les sens amènent de la connaissance.

Religion : eb de croyances ou de rites collectifs orientés vers une nature supérieure, voire divine
se manifeste d’abord sous la forme d’un sentiment intérieur s’appuyant sur la reconnaissance du
sacré, la croyance en des êtres surnaturels (polythéisme) ou d’un Dieu personnel (monothéisme).
Il existe aussi des religions sans Dieu (bouddhisme)
Ce qui est sacré = quelque chose qu’on adore et qu’on ne remet jamais en cause.

Religion au sens figuré : adhésion passionnée à l'égard d'une entité.

“Religare” signifie à la relier, dans le sens où religion relie l’homme à dieu, et rassembler les
hommes entre eux. Cette étymologie valorise la fonction de religion = la définit comme lien social.

A. Les caractéristiques du fait religieux

 Émile Durkheim : le dénominateur commun de toutes les religions repose sur une division
nette entre les réalités sacrées et les réalités profanes
- le sacré regroupe l’ensemble des coutumes, des traces matérielles ou immatérielles, des rites,
des miracles, des textes fondateurs, des personnes, soit des manifestations qu’une puissance
supérieure est à l’œuvre ≠ le profane regroupe tout ce qui est non-sacré
- religion et société sont interdépendantes : une croyance collective a une importance sociale
essentielle = caractère unificateur car donne opportunité aux hommes de constituer des
communautés (le terme « Église » est le nom qu’il donne à cette communauté qui se construit
autour de la religion)
DONC la religion n’est pas qu’un système de pensée, elle unit en une même communauté morale
tous ceux qui y adhèrent par des pratiques religieuses = contribue à civiliser hommes en imposant
règles morales

 La religion est un phénomène social universel, un ensemble de pratiques communes réalisées


par une communauté ET qui instaure une distinction fondamentale entre ce qui appartient au
domaine sacré et ce qui appartient à celui du profane

B. Croire et savoir
- croire, c’est tenir pour vrai sans pouvoir démontrer avec certitude ce à quoi on donne son
assentiment (approbation)
- savoir, c’est au contraire avoir la connaissance certaine et vraie de ce que l’on affirme / s’appuie
sur preuves et démonstrations
La religion est un acte de croyance. L'adepte d'une religion est un croyant.
- Elle est une disposition d'esprit mais qui consiste à affirmer ce que l'on conçoit indépendamment

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de tout raisonnement (on assume que notre jugement ou prise de position repose sur une
conviction, une intuition qu’on ne peut pas objectivement fonder.)
DONC la valeur de la croyance dépend uniquement de la valeur de son affirmation et non de sa
possible vérification = elle est une confiance absolue exprimant une conviction, elle a en commun
avec le savoir d'être certaine tout en étant d'une autre nature.
- Il s’agit d’une certitude sans preuve = la certitude de la foi est d'un autre ordre que la certitude
d'un théorème mathématique car elle ne repose pas sur la raison mais sur la volonté.
DONC la foi religieuse est irrationnelle au sens où la certitude qu'elle engendre n'est pas de l'ordre
de la raison mais de l'intimité du cœur.
- Définition première de ces deux mots est « tenir pour vrai » : la différence entre croire et savoir
ne porte pas sur le contenu mais dans la manière d’accéder à ce contenu = la vérité d’une
croyance ne la transforme pas en savoir

I. Quelles sont les raisons de l’universalité de la religion ?

Que ce soit dans sa dimension individuelle, incarnée par la foi, ou sa dimension collective, la
religion est un phénomène universel.

Donner un sens à sa mort

 Freud : définit la religion comme une croyance qui repose sur trois désirs fondamentaux /
une tripe fonction de la religion :
- Rassure : un besoin affectif de protection où Dieu est à l’image d’une figure paternelle et
protectrice (protection divine et béatitude finale au milieu des vicissitudes) / rassure humanité face
à finitude de son existence (vie après la mort = donner un sens à existence) ;
- Explique : un besoin intellectuel de mieux se comprendre et mieux comprendre le monde où la
religion apporte des réponses aux grandes questions existentielles / éclaire hommes sur origine et
formation de l’univers (Pourquoi vivons-nous ? Pourquoi meurt-on ? Quel est le sens de la vie ?) ;
- Régule : un besoin moral de justice où l’enfer condamne méchants et les bons sont remerciés au
paradis / règles pour organiser la société
La religion rassure l’homme face à la conscience de sa propre fin.

Son rôle dans la constitution d’une société

 Durkheim, Formes élémentaires de la vie religieuse : définit religion comme 1 lien social.
- La religion, dont l’étymologie vient de « religare » relie les hommes entre eux à l’intérieur d’une
communauté
- Une société dont les membres sont unis CAR ils se représentent de la même manière le monde
sacré = des croyances collectives, elles sont partagées et permettent de former des liens sociaux
- La religion est publique, il n’existe pas de religions composée d’une seule personne (≠ croyance
individuelle)
- Un argument qui peut surprendre = aujourd’hui, la religion est privée (en France avec laïcité, un
des principes de la République)

Une réponse à la dureté de la vie

 Karl Marx : “La religion est l’opium du peuple”, une illusion qui vise essentiellement peuple.
- L’opium est une drogue qui endort instantanément la personne qui en prend, la plongeant dans
un sommeil profond en proie à des rêves aussi étranges qu’effrayants (état d’euphorie et
somnolence) = fonction aliénation
- En comparant la religion à cette drogue, il sous-entend que l’objectif de la religion est d’endormir
le peuple afin de l’empêcher de se révolter, cesse de se soucier de son état actuel (misère) = la
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classe dirigeante, représentée par la classe bourgeoise, utilise cette ruse pour se protéger contre
toute révolte.
- Pouvoir anesthésiant de la religion, soulage souffrances = la misère et la pénibilité de la vie
trouveront un réconfort dans une autre réalité : le paradis.
- Masquer aux hommes leur misère actuelle / leur vie réelle est invivable = espoir bonheur futur
- La religion délivre le peuple de ses angoisses et de sa liberté / effet d’assouplissement de
conscience , d’oubli de soi et de sa propre réalité = résignation à condition misérable, dans
l’attente d’un au-delà meilleur
- Ce bonheur peut être atteint à condition de respecter certaines valeurs telles que l’humilité, la
non-violence, le pardon, etc.

La fonction éthique (morale) de la religion

 Mircea Eliade : Le Sacré et le Profane


- la religion impose à l’être humain des normes et des valeurs qui vont orienter, conduire son
existence = se conformer à l’enseignement des mythes, en imitant les dieux
- le sacré représente une réalité transcendante, souvent associée au divin, à la spiritualité ou à
des manifestations supérieures de l'existence = marqué par des rituels, des symboles et des
expériences qui évoquent un sentiment de transcendance et de connexion avec quelque chose de
plus grand que soi-même.
- le profane englobe tout ce qui est ordinaire, quotidien et matériel, dépourvu de cette dimension
transcendante.
- la religion agit comme un médiateur entre le sacré et le profane = offre un ensemble de normes,
de croyances et de pratiques qui encadrent la vie humaine et la dirigent vers le sacré = intégrées
dans rituels religieux, les textes sacrés et les enseignements spirituels
DONC fournissent un cadre moral et éthique qui guide les actions et les choix des individus, leur
permettant de vivre en harmonie avec les forces sacrées qui sous-tendent l'univers = influencent
les décisions individuelles et collectives, façonnant les sociétés et les cultures à travers le temps.

 Kant : l’existence de Dieu, une nécessite morale


- le respect d’une loi morale n’a de sens que s’il existe un Dieu juste accordant le bonheur aux
hommes vertueux = il est moralement nécessaire d’admettre existence Dieu
- il s’agit d’un postulat, c’est-à-dire une proposition théorique, théoriquement indémontrable, mais
pratiquement (moralement) nécessaire.
- morale kantienne : croyance admissible que si elle est compatible avec morale (sous contrôle
rationnel), avec souverain bien CAR une croyance non rationnelle peut être dangereuse pour la
moralité (foi aveugle d’Abraham, qui sacrifie son fils Isaac par obéissance à Dieu, est
condamnable comme contraire à la loi morale)

Le fanatisme : quand la foi tombe dans l’excès

- Le fanatique est celui dont la conviction religieuse est telle qu'elle le rend incapable d'envisager
ou de tolérer une autre option que la sienne.
- Voltaire : Dictionnaire philosophique : les délires prophétiques de l’imagination peuvent conduire
à « tuer pour l'amour de Dieu » = on comprend pourquoi la religion peut être à l'origine de guerres
et conduire au terrorisme, à l'instrumentalisation de la peur.
- Kant : ce qui définit le fanatisme, c'est d'abord la perte de contrôle de la raison qui finit par
tomber dans l'idolâtrie : le fanatique confond dans la religion sa dimension intérieure (la foi) et sa
dimension extérieure (le culte).
Le culte est un moyen d'exercer et de consolider sa foi, mais ce n'est pas une fin en soi = le
fanatique relègue sa foi au profit du culte : les croisades, l'Inquisition (tribunal contre hérésie) les
attentats concrétisent ce phénomène. Pour éviter la dérive fanatique, il insiste sur les limites

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nécessaires que la raison doit imposer aux comportements passionnels de la religion ; la religion
naturelle défend ainsi des principes moraux universels libérés du culte institutionnel.

II. Quels sont les liens entre croyance et raison ?

A. Deux termes opposés

- La croyance : l’action, fait de croire une chose vraie, vraisemblable ou possible = avoir la foi (du
latin « fides » signifiant croyance, confiance)

Bien qu’il ne puisse prouver son existence, le religieux doit avoir confiance en Dieu, et ce, même
lorsqu’il n’est pas en mesure de comprendre sa volonté. (Cette confiance est illustrée dans
la Genèse de la Bible où Abraham obéit à la volonté de Dieu : sacrifier son seul fils unique, Isaac.
Abraham ne sait pas pourquoi Dieu lui demande de réaliser cette action, il lui fait simplement
confiance.)

- La raison : faculté propre à l’homme, par laquelle il peut connaître, juger et se conduire selon des
principes = exige des preuves

Nous avons donc deux termes distincts : la raison, ou la théorie scientifique dont les vérités
établies ont un caractère provisoire et la croyance où les vérités religieuses sont certaines et
immuables.

La foi religieuse n’est pas compatible avec la raison / Il est vain d’essayer de prouver
l’existence de Dieu de manière rationnelle

 Pascal : la raison et la croyance sont deux ordres distincts


- La foi se sent avec le cœur, il n’est pas possible, qu’elle fasse l’objet d’une démarche rationnelle.
- “Le cœur a ses raisons que la raison ignore” ne concerne pas le sentiment amoureux que l’on
peut éprouver par un être qui nous est cher, mais de l’amour qu’on porte à Dieu = illustre le fait
que la raison ne peut comprendre ce que le cœur sait (contexte religieux)
- La foi étant avec un acte du cœur, pour la raison, c’est un fait qui n’est pas compréhensible.
- L'adhésion à Dieu, quand on est croyant, doit se faire uniquement de manière émotionnelle = il y
a 3 composants dans notre être (sens, intellect, cœur) = adhérer à la religion avec le cœur,
charité, donc de façon passionnelle.
- On ne cherche pas de preuve sur Dieu, il s’agit d’un rapport d’amour/de dévotion CAR chercher
des preuves c'est se mettre au même niveau que Dieu, c’est une hérésie (doctrine condamnée
par Église)
- Le pari de Pascal s'adresse aux sceptiques : il leur demande ce qu’ils gagnent s'ils croient ou
non à Dieu. Si je parie que Dieu existe et si Dieu existe je gagnerai le salut. Si je parie que Dieu
n'existe pas et dieu existe je vais en enfer.
DONC si on pense qu'il n'existe pas et il existe pas = on gagne rien et pareillement si on y croit et
qu’il n’existe pas  + à gagner à croire en l'existence de dieu qu'à croire en sa non-existence
(croire en Dieu est raisonnable)

 Simone Weil : la perception du divin se fait par l’amour et non pas par l’intellect

 Kierkegaard : la foi est un « saut qualitatif » qui n’a pas besoin de connaissances savantes
de textes religieux, il est irrationnel

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- Saut dans le vide, dans l’inconnu, je ne connais rien en Dieu, un mystère = je sais uniquement
qu’il me recueillera, attitude fidéiste = entrée en religion, entrée dans l’inconnu (pas pcq l’on est
savant qu’on maitrise mieux que paysan analphabète) : « plonger en Dieu »
- Après saut : l’angoisse disparaît car je m’en remet à Dieu / plus peur de ce qui va se passer
après (après une vie de débauches)

- Crainte et Tremblement : il analyse le rapport qu’entretient l’homme face à la foi religieuse, au


divin / il relate l’histoire d’Abraham et de son fils Isaac.
Le sacrifice d’Isaac est un épisode de la Genèse dans lequel Dieu demande à Abraham de
sacrifier son fils = Abraham place sa confiance totale en Dieu. Il prend “la foi” et ne s’interroge pas
sur intentions de Dieu. Si Abraham avait mis à profit sa raison plutôt que sa foi, il se serait
demandé “Mais si Dieu est bon, pourquoi me demande-t-il de sacrifier mon fils ?”. En raisonnant
ainsi, Abraham aurait perdu la foi, il n’aurait pas pu avoir confiance en Dieu. Toutefois, il a choisi
de revêtir sa foi en se dépouillant de “sa raison terrestre" = comprenant qu’il existe une dimension
plus large que le simple entendement de l’être humain. En agissant de telle façon, il n’était pas
possible pour Abraham que sa foi soit troublée. Même s’il n’avait aucune certitude, Abraham avait
confiance en Dieu et savait que son fils serait épargné. Et c’est ce qu’il s’est passé : la foi
d’Abraham n’a pas flanché et Dieu a épargné son fils, Isaac = sacrifice d’un bouc à la place.
- La foi est une alternative à la raison pour le croyant = confère une certitude et une détermination
aussi puissante que celle apportée par la raison.

 Al Ghazali : la foi religieuse possède une dimension mystique


- soufisme : courant mystique de l’islam qui vise au pur amour de Dieu = atteindre Dieu par la
passion, l’intuition et les sens (analogue à une relation amoureuse)

B. Connecter la croyance et la raison

o Une religion naturelle

- La religion naturelle préconisée par de nombreux philosophes du siècle des lumières (Rousseau)
s’oppose aux institutions religieuses (clergé, Église) ainsi qu’à toute vérité dont le fidèle doit
adhérer.
- Possibilité d’accéder à la divinité par le biais d’un raisonnement ou sentiment intérieur et
indépendant de tout contexte institutionnel
- L’être humain n’a donc pas besoin d’institutions religieuses pour être proche de Dieu = usage de
la raison permet à la fois de ressentir Dieu à travers les lois de la nature et d’adopter une attitude
morale.
- Connaissance du divin indépendante de toute révélation, par la seule lumière naturelle de raison
- Grâce à l’usage de sa raison, l’homme a donc accès à l’enseignement de la religion naturelle.

La foi religieuse peut être compatible avec la raison / Les arguments rationnels pour
prouver l’existence de Dieu

 Averroès : raison au service de la religion, usage de la raison primordial lorsque nous


lisons les textes sacrés, mieux les interpréter
- La croyance et la raison, la foi et le savoir, sont 2 formulations pour énoncer une même vérité
DONC les contradictions qui existent entre la foi et le savoir trouvent leur origine dans le
mysticisme des textes sacrés = lors de leurs lectures, il faut donc faire appel à la raison afin de les
interpréter afin qu’ils s’accordent aux énoncés de la raison.
- Selon lui, ce sont uniquement les philosophes, c’est-à-dire les individus éclairés ayant consacrés
du temps à l’étude, qui ont pour obligation de recourir à la raison pour comprendre le Texte révélé.
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≠ pour les autres (théologiens, non philosophes) cela est déconseillé, voire interdit. Si on prétend
propager la parole de Dieu, cela implique qu’on la connaisse parfaitement

 Saint Thomas : chercher rationnellement des preuves


- Argument cosmologique : science qui étudie structure, origine et évolution de l’Univers
- Puisque Dieu nous a donné des facultés pour penser = on devrait les utiliser pour trouver des
preuves à la religion / prouver l’existence de Dieu et pour qu’il y ait plus d’adhérents.

 Kant : Critique de la Raison pure


- La complexité de l’univers a forcément eu besoin d’un créateur et prouverait l’existence de Dieu
= ordre si bien établi dans le monde et nature parfaitement orchestrée ne peut être le fruit du
hasard.
- Ce qui nous amène à croire à l’existence de Dieu n’est pas fondé uniquement sur nos désirs,
notre raison essaye également de croire en son existence.

 Descartes : argument ontologique


- Pour prouver l’existence de Dieu, il élabore un raisonnement qui repose sur une démonstration
mathématique : “un être parfait possède toutes les qualités, donc Dieu, qui est un être parfait,
possède l’existence”.
- Renier l’existence de Dieu revient à lui retirer une qualité et donc à faire de lui un être imparfait =
conclut qu’il est contradictoire de prétendre que Dieu est parfait s’il n’existe pas.
- Le doute hyperbolique a permis d’aboutir à la conclusion que Dieu existe car on a pas pu se
créer nous-même, et quelqu’un de parfait a dû nous créer. La preuve que Dieu existe est que
nous existons.

 Leibniz :
- Il se demande pourquoi l’univers, la réalité, la terre et les humains existent.
- L’existence selon lui repose sur une intentionnalité, cette dernière étant appelée Dieu par les
hommes.

III. Science et Religion

Il est courant d'entendre opposer la science et la religion. Nous avons le sentiment que chaque
avancée de l'explication scientifique se traduit par un recul des croyances religieuses. Des raisons
existent à cela. L'Europe a été marquée par des conflits retentissants entre ces deux modes de
pensée, comme en témoigne la condamnation de Galilée, et l'époque des Lumières a estimé que
la religion était une superstition qui disparaîtrait avec les progrès des sciences de la nature.
Cependant, il est clair qu'aujourd'hui, le développement de la connaissance scientifique n'a pas
supprimé la pensée religieuse.

 La science : au sens large désigne un savoir = fondé, démontré, qui ne varie donc pas
avec les circonstances
- sciences expérimentales = démonstration, preuve, vérification = sciences « dures »
DONC susceptibles de nous apporter vérités définitives, certitudes ou évides  universalité
- progrès = perspectives de connaissance infinies

 La religion : appartient à l’irrationnel, au ressenti


- foi religieuse n’évolue pas = relève d’une croyance et non d’un savoir

CCL : La religion est un frein à la science et relève de la superstition : ne peuvent pas être liées

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≠ science et religion peuvent se compléter : l’une apportant des réponses que l’autre ne peut
donner CAR les vérités auxquelles ils prétendent accéder ne sont pas de même nature

La croyance s’adresse à la sensibilité et non à la raison

 Pascal, Pensées : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la
foi. Dieu sensible au cœur, non à la raison »
- Dieu n’a pas à être compris, son existence n’a pas à être prouvée, mais il doit être senti = Dieu
s’adresse à la sensibilité, et non à la raison.

Dieu comme « garant des vérités éternelles » ?

 Descartes : Dieu est le « garant des vérités éternelles ». Un athée, selon lui, ne peut
parvenir à établir des vérités, puisque Dieu ne peut garantir la validité de ses
raisonnements, fussent-ils de nature mathématique.

Les dogmes religieux comme frein au progrès scientifique

- Historiquement, la révolution scientifique s’effectue lorsque l’on passe de l’explication


géocentrique du monde (aristotélicienne) à l’explication héliocentrique (copernicienne) : la Terre
n’est plus au centre du monde.
- Cette découverte marque l’apogée du conflit entre la science et la religion, et le refus notoire de
la religion d’admettre une vérité qui bouleverse l’ordre établi.
- Au XVIIème siècle : Giordano Bruno (qui démontre possibilité existence d’un univers infini habité
par de nombreuses planètes comme la nôtre) est brûlé vif / Galilée est condamné par l’Église pour
avoir fait paraître son Dialogue sur les 2 grands systèmes du monde : il considère comme périmés
à la fois le géocentrisme et la physique d’Aristote, et soutient les thèses de Nicolas Copernic.

La séparation nécessaire de la science et de la religion : dénonciation superstition

La religion cesse malgré tout, une fois les thèses de Galilée et de Copernic reconnues comme
justes, d’être compétente pour expliquer la nature, le monde physique. La science devient
une discipline autonome. Cela signifie-t-il que la science n’a plus besoin de la religion ? Sans
doute.

 « Je n’ai plus besoin de l’hypothèse de Dieu », déclare le physicien Simon Laplace à


Napoléon qui lui demande quel principe garantit la validité de son système.

Mais ce que l’on condamne précisément dans la religion, et dans la croyance en général,
c’est la dimension de superstition qu’elle renferme. Pour que la science progresse, il faut
que la croyance, désormais synonyme d’ignorance, recule. En cela la science exclut la
croyance. Il faut, a déclaré Descartes lui-même, accéder « à une connaissance claire de
soi et de Dieu ». Même pour Descartes, la raison doit accompagner la foi. Sans la raison, la
foi est de la superstition.

 Spinoza, l’Éthique : « la volonté de Dieu est un asile d’ignorance ».


- il est dangereux d’imaginer que Dieu a des intentions, ou une volonté et qu’il puisse désirer, par
exemple, que les hommes soient meilleurs, ou soient créés à son image = l’idée que nous nous
faisons de Dieu doit changer.

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- la croyance religieuse est le fruit de l’imagination des hommes, qui ont conçu un dieu à leur
image ; elle doit disparaître pour que la vérité apparaisse, puisqu’elle est liée à l’ignorance et à la
crainte des hommes
- sa pensée, dans son époque, fait scandale. Dieu serait plutôt la Nature toute entière ; Deus Sive
Natura : « Dieu, c’est-à-dire la Nature ». Il n’existe pas de phénomènes irrationnels, mais il existe
seulement des domaines inconnus que la raison n’a pas encore explorés.

Science et religion aujourd'hui

 Kant : fait l’examen des preuves qui ont été apportées à l’existence de Dieu, en y donnant
une dimension rationnelle – présentées notamment par Descartes et Leibniz au
XVIIe siècle – les réfute une par une.
- il montre que la raison doit être circonscrite, et que le domaine de la connaissance – de la
science – reste limité. Il reste des « choses » auxquelles la raison n’a pas accès.
- il explique que pour ce qui concerne les 3 postulats de la raison pratique (la liberté, l’immortalité
de l’âme et l’existence de Dieu), nous ne pouvons rien prouver du tout : « Je dus donc renoncer
au savoir, pour faire place à la croyance », écrit-il dans la Critique de la raison pratique.
- dans la mesure où la raison ne peut apporter de preuves concernant la liberté de l’homme,
l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu, nous devons les postuler, et y croire, sachant que
nous ne pourrons les prouver.

La religion comme « maladie de la civilisation »


Il faut donc distinguer religion et superstition, dans le sens où la religion serait en quelque sorte
une « croyance légitime » et s’opposerait à la superstition comme croyance illégitime : celle-ci
serait essentiellement basée sur la crainte des hommes, sur leur crainte de la mort, par exemple.
Il est plus rassurant de penser que l’âme est immortelle, et qu’en quittant l’existence terrestre,
nous accédons à une existence céleste ≠ aux yeux de ceux qui ne possèdent pas la foi religieuse,
il n’y a pas lieu de distinguer la superstition de la croyance.

 Freud : la religion est une superstition, une illusion qui permet aux hommes de surmonter
leurs angoisses
- juge la religion dangereuse, puisqu’il la considère comme une maladie de civilisation. Le
diagnostic est clair : il faut débarrasser la civilisation moderne de Dieu, et « tuer le père », afin que
les individus deviennent réellement adultes ; Freud assimile Dieu, en effet, à l’autorité paternelle.
Les hommes doivent sortir de l’infantilisation.

 Bertrand Russel, Science et Religion : oppose la religion et la science


- il explique que la méthode scientifique s’oppose en tout point à la religion = au cours de l’histoire,
celle-ci n’a cessé de s’opposer au développement des sciences
- il faut donc lutter contre cette dernière si l’on veut que la science continue sa progression, dans
la mesure où sa finalité reste d’améliorer les conditions d’existence des hommes.
- la religion génère en outre, selon lui, de dangereux fanatismes = certains événements passés et
récents ne peuvent que lui donner raison

IV. La critique de la religion

La détresse et l’impuissance de l’homme

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Les philosophes ont d’abord reproché à la religion, la crainte superstitieuse et la faiblesse dans
lesquelles elle risque de maintenir les hommes.

 Nietzsche : « Dieu est mort »


- contexte monothéiste : si Dieu existe, il est éternel = ne peut pas mourir DONC soit il existe soit il
n’existe pas ≠ il ne peut pas y avoir une existence finie de Dieu
DONC paradoxal si on considère que l’immortalité est l’un des attributs de Dieu
- il s’agit plutôt de la croyance des hommes en Dieu qui a disparu, étant donné que Dieu
n’existerait que par notre foi = désaffection des hommes envers religion
- signe déclin sentiment religieux dans civilisation occidentale, humanité devrait se séparer de ce
concept et accepter le dynamisme voire le chaos de l’existence = il n’y a plus désormais de
domaine suprasensible ou d’arrière monde réconfortant vers lql les hommes puissent se tourner
- nihilisme des sociétés modernes où les hommes ne croient plus en rien : l’homme libéré des
entraves de la religion
- nouvelle morale et valeur suprême : volonté de puissance, force de création et d’innovation que
l’homme découvre en lui-même
- Surhomme : affirmation de soi, autodépassement de l’homme qui surmonte sa propre humanité,
ses aspirations, ses désirs = hommes sont appelés à devenir des maîtres, des hommes
supérieurs riches de leurs potentialités créatrice

 Sartre : Sans Dieu, l’homme est condamné à être libre


- « Il n’y a pas de nature humaine puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. » : existence
humaine, le vécu subjectif de chacun ne peut se réduire à une essence déterminée, à une
« nature humaine » définie a priori par un principe divin
- l’athéisme est une nécessite, sans laquelle il n’est pas envisageable de maintenir la liberté
CAR s’il est la créature de Dieu, l’homme ne peut être défini comme une liberté qui écrit son projet
d’existence = l’homme ne peut être libre que si « l’existence précède l’essence »
- c’est l’homme qui décide lui-même du sens qu’il veut donner à son existence = découle de ses
propres choix et actes qu’il accomplit librement
- morale sartrienne : morale de la liberté et de l’action = homme a la capacité de choisir, à tout
instant, son comportement sans déterminations extérieures
- il ne peut échapper à cette liberté infinie car le refus de choisir et de s’engager est aussi un choix

 Spinoza : « La volonté de Dieu, cet asile d’ignorance »


- foi se caractérise par entière confiance, refus de critique = se rapproche du dogmatisme, un
obscurantisme volontaire (opposé à la diffusion de l’instruction, de la culture)
- à inverse de l'irrationalité religieuse, une théorie scientifique est rationnelle car elle accepte d'être
réfutée.

 Marx :
- religion est une forme d’idéologie = reflet déformé des conditions d’existence sociales des
hommes et instrument de conservation des rapports de domination
- l’homme opprimé exprime dans la religion sa volonté d’un monde meilleur ≠ en se projetant dans
un au-delà imaginaire, il s’interdit de transformer réellement ses conditions matérielles d’existence
- pouvoir de détournement de l’attention et de manipulation / instrument d’anesthésie des masses
face aux injustices sociales

Conclusion :
La religion est à la fois un refuge pour l’être humain et une protection pour la société. La religion
permet à l’individu de canaliser ses angoisses quant à la finitude de sa propre existence et de
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trouver des réponses aux questions existentielles. La foi est une alternative à la raison, une
certitude aussi puissante que le raisonnement et qui vient du cœur.

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