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Sommaire

Titre 1 : l’Histoire Constitutionnelle


CHAPITRE I : LA FRANCE RÉVOLUTIONNAIRE
Section 1. Vers la fin de l’Ancien Régime
1. La séparation des pouvoirs, une arme de critique de l’absolutisme
2. La définition du despotisme et la séparation des pouvoirs
1. L’exemplarité américaine
2. La transformation des Etats généraux en assemblée nationale
SECTION 2 : LA CONSTITUTION DE 1791 : ELABORATION ET FONCTIONNEMENT
1. L’ELABORATION DE LA CONSTITUTION DE 1791
A. LA DDHC DU 26 AOUT 1789
B. LA MISE EN APPLICATION DE DECRETS CONSTITUTIONNELS
2. Les principes et fonctionnement de la Constitution de 1791
A. Les grands traits de la Constitution de 1791
B. La pratique de la Constitution de 1791
Section 2 : La Convention nationale et les Constitutions de 1793 et de l’an II
A. Le règne de la Convention Nationale
B. Le travail constituant de la Convention
C. Le texte de la constitution montagnarde, la constitution de l’An I
A. La réaction thermidorienne
B. L’œuvre thermidorienne : la constitution de l’an III
CHAPITRE 2 : LA FRANCE DU XIXe SIECLE OU LES HESITATIONS
CONSTITUTIONNELLES 1799-1870
SECTION 1 : L’avènement du Premier Empire (1799- 1804)
a) Des Assemblées affaiblies
b) La puissance consulaire
A. Les apparences de la démocratie
a) Le suffrage universel confiné
b) Le suffrage universel manipulé
B. Une pratique institutionnelle prévisible
Section 2 : Le consulat viager et l’empire
1. L’organisation des pouvoirs publics
2. La marche de l’empire libéral
Titre 2 : Typologie constitutionnelle
Chapitre 1 : Les différentes formes d’organisation étatique
1. La définition juridique traditionnelle de l’Etat
2. La critique de la définition traditionnelle
1. Etat unitaire et confédération d’Etat
A. L’état unitaire
B. Les Etats régionaux
C. La confédération d’Etats
2. L’Etat fédéral
CHAPITRE 2 : LES DIFFÉRENTS RÉGIMES POLITIQUES
Section 1 : Le modèle anglais, ou le régime parlementaire
1. La naissance du parlementarisme
A. L’apparition de la balance des pouvoirs
B. L’émergence de la responsabilité politique des ministres
C. Le système britannique comme modèle du parlementarisme
2. Les mutations du système britannique
A. L’évolution du rapport de force entre les deux chambres
B. L’évolution des rapports de force entre le Parlement et l’exécutif
Section 2 : Le système des Etats Unis, modèle du « régime présidentiel »
1. Les organes fédéraux
A. Le Congrès
B. Le président des Etats Unis
2. Le fonctionnement global du système américain
3. Une exemplarité américaine ?
Section 3 : La classification théorique des politiques
1. Exposé de la classification théorique
2. Critique de la classification théorique
3. Histoire de la classification théorique

TITRE 1 : LA JUSTIFICATION PAR LA CONSTITUTION : LE


CONSTITUTIONNALISME
CHAPITRE I : LA NOTION DE CONSTITUTION ET LE CONSTITUTIONNALISME
Section 1 : Les définitions de la Constitution et le constitutionnalisme
1. La Constitution comme machine destinée à garantir la liberté (conception mécaniste)
A. La constitution ou la distribution des grands pouvoirs
B. La distinction entre pouvoir constituant et pouvoir constitué
2. La Constitution comme ensemble de norme obligatoire (conception normatives)
A. Constitution souple et constitution rigide
B. La forme constitutionnelle
Section 2 : Le contenu de la Constitution
1. Le contenu de la Constitution formelle
2. Le contenu de la Constitution matérielle
A. L’accroissement des compétence de l’organe exécutif
B. L’émergence d’une théorie erronée de la séparation des pouvoirs
CHAPITRE 2 : LA PROTECTION DE LA CONSTITUTION
Section 1 : Avant la justice constitutionnelle : des garanties internes aux garanties externes
1. Les garanties internes de la Constitution
2. L’émergence de l’idée des garanties externes à la Constitution
Section 2 : La justice constitutionnelle aujourd’hui : les modalités de l’intervention au juge
1. Les modèles de justice constitutionnelle
2. La diversité des formes de justice constitutionnelle
Section 3 : Après la justice constitutionnelle : perspective critiques
1. La question de la légitimité du contrôle juridictionnel de constitutionnalité
A. Des justifications diverses
a. Un contrôle institué pour assurer la suprématie de la constitution
b. Un contrôle institué pour protéger la souveraineté du peuple
c. Un contrôle institué pour garantir les Droits de l’Homme
B. Des justifications discutables
2. Quelques perspectives démocratiques pour la justice constitutionnelle
CHAPITRE 3 : L'ÉLABORATION DE LA CONSTITUTION
Section préliminaire : Pouvoir constituant et pouvoir de révision
Section 1 : La pratique du pouvoir constituant originaire
Section 2 : La pratique du pouvoir de révision
1. La nature des limites au pouvoir de révision
A. L’encadrement procédural
B. Les limites de fond
2. Le contrôle des limites

TITRE 2 : LES JUSTIFICATIONS DANS LA CONSTITUTION


CHAPITRE 1 : LA SOUVERAINETÉ
Section 1 : La souveraineté comme justification
1. Les concepts de « souveraineté » dégagés par Carré de Malberg
2. Le concept justificatif de la souveraineté
Section 2 : Le titulaire de la souveraineté
1. La présentation traditionnelle : souveraineté nationale et souveraineté populaire comme idéologies
antagonistes
2. Critique de la présentation traditionnelle : souveraineté nationale et souveraineté populaire comme
théories justificatives
CHAPITRE 2 : LA REPRESENTATION
Section 1 : La notion de représentation
1. La signification de la représentation
2. La signification du mandat
Section 2 : Représentation et démocratie
1. Election, démocratie et représentation
2. La notion de démocratie représentative
Le Droit Constitutionnel étudie :
● les textes adoptés en 1958
● les constitutions de la Vème, IIIème et IVème république

On étudiera également :
● l'histoire constitutionnelle française
● le droit comparé
● le droit général de la théorie de l’Etat

Le droit constitutionnel est un ensemble de règles qui régit le pouvoir et des théories et principes qui le
justifient et le fondent. La première partie de ce cours étudiera la structuration des pouvoirs et ses
justifications.

Titre 1 : l’Histoire Constitutionnelle

La Révolution française (1789) a mis en place le constitutionnalisme, une théorie limitant le pouvoir
par la constitution. Elle a été suivie par les révolutions américaine et française et s'est achevée en 1799
avec la chute du Second Empire et l'arrivée de la IIIème République. Elle a marqué une rupture avec
l'ancien régime et a permis la construction des principes constitutionnels qui sont encore utilisés
aujourd'hui, notamment l'art 6 de la DDHC. Cet article fait référence au contexte et à ce que l'on voulait
dire par cette loi plutôt qu'à la théorie de Rousseau.

Tout le cours va donc servir à ne pas faire de l’histoire factuelle, mais plus comment les hommes de
l’époque justifiaient ce qu’ils étaient en train de faire.

CHAPITRE I : LA FRANCE RÉVOLUTIONNAIRE

La Révolution française a duré 10 ans jusqu'au 18 brumaire an VIII (1799) et le coup d'état de Napoléon,
qui a mis en place de nouvelles lois et la séparation des pouvoirs. Le terme "ancien régime" désigne
l'envers politique de la révolution et ce qu'il y avait avant celle-ci. Entre 1799 et 1958, il y a eu 15
constitutions et autant d'Etats différents.

Section 1. Vers la fin de l’Ancien Régime

La Révolution française (1789) a mis à bas un régime pluriséculaire et a été provoquée par la crise
économique. Louis XVI a convoqué les Etats Généraux (1614) pour trouver des solutions, et le Tiers

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Etat a formé l'Assemblée Générale et l'Assemblée Constituante pour détruire l'ancien régime. Deux
idées principales sont apparues :
● la critique de l'absolutisme
● l'idée de pouvoir constituant

Ces principes ont permis la séparation des pouvoirs et l'autonomie de la nation pour décider de sa propre
constitution.

1. La séparation des pouvoirs, une arme de critique de l’absolutisme

La distinction entre pouvoir législatif et exécutif, reconnue par des philosophes comme Montesquieu
ou Locke, a été introduite par les Lumières pour critiquer l'absolutisme. Rousseau compare le système
politique à un corps humain et affirme que la conjonction des deux pouvoirs est nécessaire pour
accomplir des actes. Le législatif est hiérarchiquement supérieur à l'exécutif, puisque ce dernier
accomplit la volonté de l'autre. Selon Rousseau, le souverain est celui qui exprime la volonté politique
du corps législatif.

La séparation des pouvoirs, fustigée par les penseurs de l'Ancien Régime, vise à critiquer l'absolutisme
du roi qui exerçait la puissance législative et exécutive. Cette situation, où une autorité cumule exécutif
et législatif, est caractéristique d'un Etat despotique.

2. La définition du despotisme et la séparation des pouvoirs

La liberté politique est définie comme l'obéissance aux lois. La Révolution a mis en avant l'idée que
l'homme se sent libre quand il est soumis aux lois de la nature. Montesquieu a affirmé que tout homme
qui a du pouvoir est tenté à en abuser, ce qui a donné naissance au concept de constitutionnalisme et du
scepticisme de l'être humain. Un monarque absolu peut modifier les lois à sa guise, ce qui empêche les
sujets de prévoir leur comportement.

La séparation des pouvoirs est la définition contraire au despotisme, garantissant la liberté politique.
Elle implique que les compétences et l'autorité ne soient pas cumulées par une seule personne. On doit
donc éviter d'utiliser le terme "pouvoir" et plutôt utiliser "autorité" ou "organe" pour désigner les
autorités et "fonction" ou "compétences" pour désigner les compétences.

La séparation des pouvoirs, introduite par Montesquieu dans L'esprit des lois (XVIIIe siècle), est un
consensus entre philosophes pour éviter tout cumul de fonctions législatives, exécutives et judiciaires.
Cette négativité doit être complétée par une répartition positive des pouvoirs, qui donnera une
constitution.

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La constitution est une organisation des pouvoirs qui garantit et préserve les droits du citoyen. Avant la
Révolution, le mot était utilisé pour caractériser une certaine organisation des pouvoirs. Montesquieu
décrit la constitution d'Angleterre, qui est un modèle d'organisation car elle a la liberté pour objet. Elle
est composée de deux chambres, des communes et des Lords, et le roi dispose d'un droit de véto. La
DDHC énonce la séparation des pouvoirs comme étant la constitution et l'art. 16 a été voté à l'unanimité.

Depuis l'Antiquité, on distingue trois formes de pouvoir :


● l'oligarchie
● la monarchie
● la démocratie

Montesquieu (17e siècle) affirme que l'Angleterre est un régime mixte, parfait, et qu'on pourrait choisir
notre Constitution. Les théories du contrat social (Hobbes, Rousseau) proposent un contrat fictif pour
obéir à l'Etat, contre la sécurité d'une société. L'état de nature (jamais existé) est imaginé comme
horrible, justifiant le contrat social.

Le contrat social est une théorie qui justifie l'obéissance à l'État en échange de la sécurité. Elle a été
développée par Locke et Rousseau. La forme du gouvernement et la Constitution sont décidées par :
● le peuple, selon Vattel
● la nation, selon l'abbé Sieyès

1. L’exemplarité américaine

Les colons des colonies nord-américaines de la couronne britannique, mécontents de leur manque de
représentation à la chambre des communes, adoptent en 1776 la déclaration d'indépendance basée sur
l'idée de Locke selon laquelle le peuple a le droit de changer sa forme de gouvernement si celui-ci viole
ses droits. Ils élaborent des constitutions écrites pour leurs nouveaux états et, en 1790, créent à
Philadelphie une constitution fédérale pour réunir les 13 états. Cette constitution donne à l'Europe le
concept de pouvoir constituant, c'est-à-dire le pouvoir de créer une constitution librement choisie.

2. La transformation des Etats généraux en assemblée nationale

Louis XVI attend des doléances et le Tiers Etat revendique le doublement de ses députés et le vote par
tête. L'abbé Sieyès exprime dans son opuscule Qu’est-ce que le tiers état que le Tiers Etat est tout et
politiquement rien, et demande à être quelque chose. Le pouvoir constituant déclare que le pouvoir ne
peut appartenir qu'au peuple et le peuple demande le vote par tête, ce qui représente la démocratie. La
DDHC de 1789 rapportera cette fonction.

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L'abbé Sieyès pose les bases pour que les représentants du tiers Etat prennent le contrôle des Etats
Généraux en 1788. Le 17 juin 1789, ils se déclarent Assemblée nationale et s'attribuent le pouvoir
d'interpréter et de présenter la volonté générale. Le 23 juin, le roi tente de réagir en déclarant nulles les
délibérations du 17 juin, mais Mirabeau défend leur position. C'est le plus grand moment de la
Révolution.

Le 20 juin 1789, le roi a fermé les portes de l'Assemblée nationale, ce qui a conduit à la formation de la
salle du jeu de paume où les membres ont prêté le serment du jeu de paume. Le 27 juin, le roi a accepté
la fusion des ordres pour former l'Assemblée nationale constituante, qui a ensuite énoncé la Constitution
en 1791.

SECTION 2 : LA CONSTITUTION DE 1791 : ELABORATION ET


FONCTIONNEMENT

1. L’ELABORATION DE LA CONSTITUTION DE 1791

On cherche à établir une Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ce qui est rapide

A. LA DDHC DU 26 AOUT 1789

La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (DDHC) a été élaborée entre le 20 et le 26 août
1789. Elle s'inspire des principes des Lumières, notamment de la protection des droits naturels et de la
séparation des pouvoirs de Montesquieu. Elle a été laissée incomplète à partir de l'article 17 et est
devenue un catéchisme juridique. Elle sert de référence au Conseil Constitutionnel et a une prétention
universelle.

La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (DDHC) de 1789 est une déclaration de principes
naturels plutôt qu'un texte juridique. Elle contient des concepts sociaux et politiques, ainsi que des droits
naturels, tels que le droit à la liberté et à la propriété. La loi doit définir des limites à ces droits, mais
elle doit également respecter certaines limites pour protéger ces droits. La DDHC a mis fin à l'Ancien
Régime et à son manque de respect pour les citoyens.

Le roi est encore très respecté et il est donc difficile de le faire tomber et d’instaurer une nouvelle
constitution, c’est pour cela que l’instauration de celle-ci est plus difficile.

B. LA MISE EN APPLICATION DE DECRETS CONSTITUTIONNELS

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L'Assemblée générale (AG) a eu une double mission :
● réorganiser la sté
● faire des lois

Mounier a expliqué qu'il fallait d'abord réorganiser la sté et ensuite faire les lois. L'AG a donc décidé
que tous les décrets constitutionnels seraient à application immédiate. Cette double mission a permis de
faire pression sur le roi pour qu'il applique les lois de la manière voulue.

L'Assemblée Nationale a voté 19 articles constitutionnels entre le 28 août et le 1er octobre 1789, qui
définissaient la forme générale de l'organisation du pouvoir public. Le roi a accepté ces articles sous
pression populaire le 5 octobre, formant une Constitution provisoire. Entre 1789 et 1791, le corps
législatif était permanent et unique, refusant le bicamérisme prôné par les USA et l'Angleterre.

Le 11 septembre 1789, un véto suspensif est accordé au roi, lui permettant de sanctionner ou non les
lois votées par les députés. Si le roi refuse une loi, elle peut être adoptée après 6 ans maximum. La
Révolution vise à renverser la monarchie absolue et à instaurer une monarchie constitutionnelle avec
séparation des pouvoirs. Le véto suspensif est l'un des 19 premiers articles constitutionnels, mais le roi
n'a pas pu l'utiliser car les députés décidaient si un décret était constitutionnel ou législatif.

Entre 89 et 91, l'Assemblée joue un rôle législatif supérieur à celui du roi. Après l'épisode de Varennes
(21 juin 1791), l'Assemblée révise les décrets pour renforcer la place du roi et adopte la Constitution le
3 septembre 1791. Le roi jure fidélité le 13 septembre et la Constitution est promulguée le 14.

2. Les principes et fonctionnement de la Constitution de 1791

A. Les grands traits de la Constitution de 1791

La DDHC de 1789 affirme que la souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui est une entité
abstraite. Elle est inaliénable et ne peut être exercée que par des représentants qui agissent au nom de
la Nation et expriment sa volonté générale. L'art. 3 de la DDHC précise que le corps législatif et le roi
sont les représentants de la Nation. Le roi, qu'il soit élu ou non, participe au législatif et représente donc
la Nation.

Le corps législatif est constitué de députés élus pour 2 ans. La constitution de 1791 donne le droit de
voter aux citoyens actifs, qui sont choisis par la contribution fiscale. Elle prévoit également une
procédure de modification de la Constitution, qui préserve la souveraineté de la nation. Les députés de
l’assemblée constituante se sont demandés qui aurait la fonction législative. La première option était de
spécialiser les autorités, ce qui favorise le pouvoir des assemblées élues. Cependant, certains craignent
que cela ne mène à un système despotique.

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La balance des pouvoirs est un système où la fonction législative et exécutive sont confiées à deux
autorités, avec un droit de véto pour l'autorité exécutive. Cette solution a été proposée par Montesquieu
dans l'Esprit des Lois (1748) et est adoptée par l'Angleterre. Elle permet de protéger les intérêts de
chacun et de favoriser des textes plus modérés. L'assemblée a donc opté pour ce système en donnant un
droit de véto suspensif au roi (2 mois, 6 ans max). Le décret peut devenir loi sans la sanction du roi.

Le système de balance des pouvoirs en 1791 présentait un dilemme car le roi détenait à la fois le pouvoir
exécutif et une partie du pouvoir législatif. Cela pouvait entraîner des conflits entre le roi et le
législateur, car le roi pouvait refuser la sanction des lois et ainsi les modifier. Cependant, le roi ne
pouvait pas faire la loi tout seul, ce qui n'était pas contraire à la séparation des pouvoirs.

Le roi était colégislateur, partageant la fonction législative avec le corps législatif. Pour éviter toute
dépendance entre les deux autorités, elles devaient être indépendantes l'une de l'autre, disposer de leur
propre budget et sécurité. Les constituants ont donc mis en place des mesures pour garantir cette
indépendance.

La Révolution a introduit la loi comme un acte qui exprime la volonté du corps politique, même la plus
détaillée. Pour éviter que le roi ne s'émancipe de la loi dans sa tâche exécutive, il doit l'appliquer de
manière droite et stricte. Cependant, le dilemme est que si le roi est tenu responsable devant le corps
législatif, la balance des pouvoirs serait rompue. La solution est donc que le roi reste irresponsable de
non-application de la loi.

Le modèle anglais est à l'origine de la solution adoptée par les constituants. Le roi est irresponsable et
peut exercer son droit de véto librement. Pour l'exercice de sa fonction exécutive, il est assisté par 6
ministres qui doivent contresigner chacun les actes du roi (loi du contreseing). Ces ministres sont tenus
responsables devant le corps législatif et peuvent être accusés pour les délits par eux commis contre la
sureté nationale et la Constitution de 1791. Ils sont alors jugés par une Haute Cour nationale. Si le corps
législatif ne met pas en œuvre une loi, cela peut mener au despotisme.

La Constitution de 1791 établit le droit de véto du roi, qui peut l'exercer sans contreseing d'un ministre.
Pour l'exécution de la loi, les ministres doivent contresigner et sont menacés de démission s'ils
appliquent mal la loi.

B. La pratique de la Constitution de 1791

L'assemblée constituante avait voté pour un système de balance des pouvoirs entre le corps législatif et
le roi. Cependant, après l'épisode de Varennes (1791), le roi et le corps législatif se sont disputés à
propos de lois et de décrets. Le roi utilisait son véto de manière insincère et le corps législatif reprochait
au ministre Delessart de manquer de fermeté. Ce dernier a été arrêté, traduit en justice et a démissionné.
Les ministres sont considérés comme pénalement responsables et doivent appliquer la loi.

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La démission du ministre Delessart marque l'apparition de la responsabilité politique devant le corps
législatif, comme en UK. Le 10 août 1792, sous la pression de la foule parisienne, le corps législatif
suspend le roi de ses fonctions et incarcère sa famille, sortant des règles constitutionnelles. Des élections
sont organisées pour choisir ceux qui rédigeront une nouvelle Constitution, sous le nom de Convention
Nationale, avec le suffrage masculin direct, sans distinction entre citoyens passifs et citoyens actifs. La
Convention Nationale se réunit pour la première fois le 21 septembre 1792.

Section 2 : La Convention nationale et les Constitutions de 1793 et de l’an II

La Convention Nationale a aboli la monarchie et décidé de décapiter le roi, ce qui a provoqué une guerre
et une insurrection en Vendée. Pour y répondre, elle a adopté deux textes:
● l'An I de la République
● l'An III

Ces textes ont mis en place la Constitution régionale, le gouvernement révolutionnaire et les
Constitutions Girondines et Montagnardes de 1793.

A. Le règne de la Convention Nationale

La Convention nationale (1792-1795) exerce un pouvoir constituant et crée des autorités pour leur
attribuer des pouvoirs. Cependant, elle abuse de ses pouvoirs et crée un organe exécutif provisoire. Le
concept de salut politique est alors soulevé pour concentrer les pouvoirs dans des comités proches des
ministres, dont le Comité de Salut Public qui finit par absorber les pouvoirs de la Convention et de ses
ministres. Cette situation de despotisme mène à la Terreur (1793-1794).

B. Le travail constituant de la Convention

Les Girondins tiennent la Convention les premières années et Condorcet rédige la Constitution
Girondine, mais elle n'est pas achevée à cause de la Vendée. Les Montagnards prennent le relais et
adoptent 6 textes :
● la Constitution Montagnarde du 24 Juin 1793

qui est ratifiée à une écrasante majorité. Cependant, la Convention Nationale décide de suspendre sa
mise en œuvre à cause de la guerre et déclare qu'elle sera le centre public de l'action du gouvernement
jusqu'à la paix. Une fois la paix revenue, les équilibres politiques ayant changé, la Constitution
Montagnarde est abandonnée.

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C. Le texte de la constitution montagnarde, la constitution de l’An I

La Constitution de 1793 est considérée comme la plus démocratique de l’histoire française. Elle met
l'accent sur l'égalité des citoyens et le droit à l'insurrection, et instaure le suffrage universel masculin.
Elle établit une spécialisation des pouvoirs entre l'exécutif (pouvoir exécutif) et le législatif (pouvoir
législatif). Le corps législatif est élu au suffrage universel et peut rendre des décrets, mais ne peut
proposer des lois que pour lesquelles un référendum est nécessaire. L'exécutif est composé de 24
membres non élus désignés par le corps législatif et ne peut que mettre en œuvre les lois.

La Convention a élaboré deux textes :


● la Constitution girondine
● la Constitution montagnarde, ratifiée le 24 juin 1793

Cela a permis au gouvernement révolutionnaire d'agir efficacement. En 1794, la Terreur s'est achevée
et le Comité de Salut Public a été destitué, ainsi que Robespierre le 9 Thermidor an II. La Convention
thermidorienne et la Constitution de l'an III ont mis fin à la Révolution.

A. La réaction thermidorienne

Après la Terreur et l'exécution de Louis XVI et Robespierre, la Convention thermidorienne décide de


conserver les outils qui ont servi à maintenir la terreur et de mettre en œuvre la Constitution
Montagnarde de l'an I. Cependant, suite à des manifestations populaires, elle décide de rédiger une
nouvelle Constitution, la Constitution du 5 fructidor de l'an III (22 août 1795).

B. L’œuvre thermidorienne : la constitution de l’an III

La Constitution de l'an III instaure une division dans l'unité du pouvoir législatif, avec le Conseil des
Cinq Cents et la Chambre des Anciens, élus par suffrage universel mais avec des conditions d'âge
différentes. L'autorité exécutive est concentrée dans le Directoire, assisté de ministres, et doté d'un
pouvoir règlementaire et diplomatique/militaire. Les corps exécutif et législatif ne peuvent pas se
destituer l'un l'autre.

Le législatif est supérieur à l’exécutif et il est impensable que ce dernier s'oppose à l'application des
lois. En cas de mauvaise exécution, les directeurs peuvent être accusés et traduits devant une haute cour
de justice, ce qui est appelé responsabilité pénale. Une hiérarchie a été mise en place entre le corps
législatif et le Directoire, ce qui a mené à un coup d'Etat le 18 brumaire an VIII par Napoléon Bonaparte
et à la mise en place du consulat le 22 frimaire an VIII.

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CHAPITRE 2 : LA FRANCE DU XIXe SIECLE OU LES
HESITATIONS CONSTITUTIONNELLES 1799-1870

SECTION 1 : L’avènement du Premier Empire (1799- 1804)

Napoléon Bonaparte a toujours été à la tête du consulat (1799) et de l'empire (1804). Il a accru son
pouvoir personnel sous couvert de démocratie et les institutions adoptées en l'An VIII sont devenues
les institutions de l'empire.

a) Des Assemblées affaiblies

Napoléon invente le Tribunat et le Corps Législatif, divisés en deux chambres qui se renouvellent par
cinquième tous les ans. Ils ne se réunissent que 4 mois par an et n'ont pas le droit à l'initiative des lois.
Le Tribunat peut proposer des lois qui sont ensuite discutées par le Corps Législatif qui les adopte ou
les rejette. Cette méthode est inspirée de Sieyès qui considère le gouvernement comme un système avec
des rôles spécifiques. Le Sénat Conservateur est la chambre centrale, composée de 60 membres, qui
procède à des nominations et valide ou rejette des actes non conformes à la Constitution.

b) La puissance consulaire

Les consuls Bonaparte, Cambacérès et Lebrun, nommés par la constitution de l’an VIII, sont les chefs
du gouvernement. Le premier consul exerce seul les pouvoirs du consulat, notamment des pouvoirs :
● budgétaires
● militaires
● diplomatiques
● normatifs

Le conseil d’Etat, qui fournit des aides juridiques aux ministres, deviendra plus tard la plus haute
juridiction administrative.

A. Les apparences de la démocratie

a) Le suffrage universel confiné

Sieyès (1789) proposait de restreindre le suffrage universel en élisant un dixième des citoyens dans
chaque arrondissement pour former une liste communale. Cette liste élirait ensuite les membres de la
liste départementale, qui nommeraient ceux de la liste nationale.

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b) Le suffrage universel manipulé

Les fonctionnaires de l’an VIII ont demandé l'assentiment du peuple pour valider la Constitution. Pour
cela, ils ont mis en place une procédure qui consistait à inscrire son nom sur le oui ou sur le non dans
sa commune. Cependant, cette procédure a été manipulée et l’adhésion était plus grande qu’elle ne
l’était réellement.

B. Une pratique institutionnelle prévisible

En 1801, Bonaparte a exclu 130 Jacobins du territoire français sans loi, mais en consultant le Sénat et
en obtenant un certificat de constitutionnalité via un Senatus Consult. Cette procédure lui a permis de
passer au consulat viager, à vie, puis à l'empire.

Section 2 : Le consulat viager et l’empire

Le 16 thermidor an XIII, Napoléon devient empereur et le pouvoir personnel s'accroît. Le 2 avril 1814,
Louis XVIII revient au pouvoir et octroie une Charte limitant ses pouvoirs. Après un échec de Napoléon
à reprendre le pouvoir, Benjamin Constant écrit les actes supplémentaires aux constitutions des empires.
Le 25 février 1848, la IIème République est proclamée et le suffrage universel masculin est instauré.
La nouvelle constitution du 4 novembre 1848 est démocratique et sociale, avec l'ajout de "fraternité" à
la devise "liberté, égalité, fraternité".

La Constitution de 1848 établit un équilibre entre l'assemblée et le PDR, entre législatif et exécutif, et
les rend mutuellement indépendants. Le président est élu pour 4 ans au suffrage universel et ne peut pas
se représenter directement. Il nomme ses ministres et n'a pas de droit de véto ni de dissolution.
L'initiative des lois est partagée entre le président et les députés. Cependant, le parlementarisme,
l'indépendance et la spécialisation ne sont pas consacrés dans la constitution.

Tocqueville, membre de l’assemblée constituante, a souligné l'impuissance du président et son étroit


dépendance vis-à-vis de l'assemblée. Le véto de l’autorité exécutive a été rejeté car il rappelait la
monarchie et menait à une domination de l’assemblée. Pour donner plus d'autorité au président, il a été
nommé par suffrage universel direct. Louis Napoléon Bonaparte a gagné en popularité et a été élu le 10
décembre 1848.

Louis Napoléon Bonaparte déclare un Coup d'Etat en 1851 pour rétablir le suffrage universel et instaurer
le Second Empire. Le 14 janvier 1852, une nouvelle Constitution est approuvée par le peuple et le
système de vote est basé sur le suffrage universel. Cependant, la pratique du vote est compliquée par :
● la propagande

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● la pression sur les opposants

1. L’organisation des pouvoirs publics

Napoléon III est élu président pour 10 ans par la Constitution, avec le monopole du pouvoir législatif
et exécutif. Il peut dissoudre le corps législatif, initier et sanctionner les lois, et nommer et révoquer ses
ministres. Le 21 nov. 1852, un sénatus-consulte ratifie son titre d'empereur et le 2 déc. il devient
Napoléon III. Malgré son pouvoir personnel, l'empire ne va pas vers plus de centralisation.

2. La marche de l’empire libéral

Sous le Second Empire, les députés peuvent critiquer et discuter la manière de gérer le gouvernement.
En 1866, ils peuvent adopter une loi sans l'aval du Sénat. Le 21 mai 1870, le sénatus-consulte est adopté
à plus de 90% et modifie la Constitution, passant à un empire libéral. Cependant, Napoléon perd contre
Bismarck et le 4 septembre 1870, une assemblée constituante est convoquée pour former la IIIème
République.

Titre 2 : Typologie constitutionnelle

Chapitre 1 : Les différentes formes d’organisation étatique


La notion d’Etat

1. La définition juridique traditionnelle de l’Etat

L'Etat est composé d'un peuple, d'un territoire et d'une puissance publique. Pour qu'il existe, ces trois
conditions doivent être réunies :
● une population
● un territoire
● une puissance publique pour maintenir la population sur ce territoire

2. La critique de la définition traditionnelle

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Selon Kelsen, l'Etat est un ordre juridique qui ne peut être défini par des éléments tels que le territoire,
la population ou la puissance publique, car ces éléments ne peuvent être identifiés que parce qu'ils sont
soumis à l'ordre juridique. Weber définit l'Etat par la contrainte de la violence légitime, rendue légitime
par un ordre juridique. Kelsen conclut que l'Etat est une personne morale juridique qui est la
personnification de l'ordre juridique et qui possède un patrimoine qui peut agir en justice.

L'Etat est un ordre juridique centralisé, où les normes principales sont concentrées dans un seul texte.
En France, toutes les normes sont reliées à cette norme centrale. La classification des formes
d'organisation étatique (19/10/2021) va du plus au moins centralisé et comprend :
● les états unitaires
● les états fédéraux
● les confédérations d'Etat

1. Etat unitaire et confédération d’Etat

A. L’état unitaire

La décentralisation est un type de gouvernance qui permet aux autorités locales de prendre des normes
en application des normes nationales. Elle est justifiée par le fait que les minorités délocalisées puissent
décider de leurs lois. Dans un Etat unitaire, la centralisation consiste à confier aux mêmes autorités
centrales le soin d'adopter les normes nationales et locales.

L'opposition centralisation / décentralisation est un outil pour caractériser le degré de centralisation ou


de décentralisation d'un Etat. Plus les normes locales sont importantes, plus la décentralisation est
effective. La déconcentration est une forme de centralisation, car elle consiste à faire des lois locales
par une autorité locale nommée par l'autorité centrale. La France a fait un effort de décentralisation en
adoptant des lois en 1982 et 2003.

La France est un Etat unitaire, avec des transferts de compétences de l'autorité centrale vers des autorités
locales. La loi détermine les matières décentralisées, qui sont secondaires et stratégiques. Ces
délégations sont définies de manière à ce que l'autorité centrale puisse les reprendre. Les autorités
locales sont des manifestations de la norme nationale.

B. Les Etats régionaux

La décentralisation est très importante dans certains États, comme l'Italie (Constitution de 1948) et
l'Espagne (Constitution de 1978). Les régions ont un organe législatif, un président et peuvent s'auto-
organiser. La Constitution définit les compétences exclusives de l'État et les compétences concurrentes

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entre les régions et l'État. En Espagne, les communautés autonomes peuvent statuer sur des matières
spécifiques et même en rajouter. La Catalogne a ainsi imposé le catalan dans le programme scolaire.
Cependant, lorsqu'elle a demandé une indépendance par référendum, l'Etat central a annulé le
référendum et accusé pénalement les responsables.

Le Royaume-Uni de Grande-Bretagne a mis en place la dévolution en 1998 avec les Scotland Act,
Governement of Wales Act et Northern Ireland Act. Ces lois ont transféré des responsabilités aux
territoires et créé des parlements locaux avec des gouvernements dirigés par des ministres. En 2010,
une revendication d'indépendance en Ecosse a été faite et, suite à la sortie du Royaume-Uni de l'UE, un
nouveau référendum pourrait être organisé. Le parlement écossais est devenu très fort et le parlement
anglais est très hostile.

C. La confédération d’Etats

Une confédération est une association d'États qui mettent en commun certaines compétences et créent
des autorités pour les exercer, tout en conservant leur souveraineté. Les États-Unis sont un exemple de
confédération, avec la Déclaration d'Indépendance de juillet 1776 et l'Acte de Confédération de
novembre 1777. D'autres exemples incluent la Confédération allemande et ses Länder, ou la
Confédération helvétique entre 1815 et 1848. Une confédération peut être une étape vers l'Etat fédéral,
mais pas toujours, comme la Communauté des Etats indépendants qui s'est formée et a pris fin peu de
temps après. Cette organisation est instable car elle résulte de la tension entre les Etats qui veulent
conserver leur souveraineté et ceux qui veulent s'unir plus sérieusement.

2. L’Etat fédéral

L'Etat fédéral est un État composé d'entités qui ont toutes les caractéristiques d'un État et qui peuvent
prendre plusieurs titres (Etats, Länder, cantons ou provinces). Il est régi par une constitution qui définit
la manière dont le pouvoir est exercé et qui donne aux Etats fédérés une grande autonomie. Il se
distingue de la confédération d'Etats car les entités qui le composent ne sont plus liées par un traité mais
par une véritable constitution. Il obéit au principe d'autonomie et les Etats fédérés ne peuvent plus gérer
leurs relations internationales, seul l'État fédéral le peut.

Le principe de participation et de superposition caractérise les Etats fédéraux. Les Etats fédérés
participent à la création de lois fédérales et à la révision constitutionnelle. Le droit fédéral s'impose au
droit fédéré et une cour constitutionnelle peut annuler les lois fédérées si elles ne sont pas conformes à
la constitution fédérale. Les constitutions fédérées sont similaires à la constitution fédérale, mais elles
peuvent comporter des procédures de démocratie directe et de référendum qui n'existent pas au niveau
fédéral. Les Etats fédérés peuvent donc avoir une manière de gouverner différente.

En Allemagne, la constitution de 1949 a été élaborée sous l’influence des Alliés, divisant les pouvoirs
verticalement et horizontalement pour éviter une centralisation excessive. Les Länder ont des droits

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exclusifs régionaux, d’autres exclusifs à l’Etat fédéral et d’autres concurrents. Avec la mondialisation,
le niveau fédéral devient de plus en plus influent, notamment pour les affaires étrangères et l’économie.
Cependant, cette catégorisation a été critiquée car elle empêche de voir les logiques communes entre
fédération et confédération. La souveraineté est un point important à considérer, mais les Etats peuvent
l’esquiver.

L'UE est une confédération car elle est basée sur un traité entre Etats et nécessite une majorité d'Etats
pour modifier les actes. Les frontières entre Etats régionaux et fédéraux sont floues, mais il existe une
échelle de centralisation et de décentralisation. Par exemple, la France s'est décentralisée alors qu'elle
était essentiellement un Etat centralisé. La différence entre l'UE et les USA est que les UK peuvent
sortir librement alors que le Texas ne pourrait pas le faire.

CHAPITRE 2 : LES DIFFÉRENTS RÉGIMES POLITIQUES

Adhémar Esmein a proposé une classification des régimes politiques selon leur manière de répartir les
pouvoirs :
● régime parlementaire (inspiré du modèle britannique)
● régime présidentiel (inspiré du modèle étasunien)
● régime d'assemblée

Cette classification a été proposée à la fin du XIXème siècle, alors que les deux modèles étaient encore
proches.

Section 1 : Le modèle anglais, ou le régime parlementaire

La constitution anglaise est un système de rapport de force qui évolue au fil du temps. Elle n'est pas
écrite et se compose de lois et de coutumes. Ces dernières peuvent être modifiées si le rapport de force
change. Les institutions peuvent agir de manière récurrente sans que cela soit écrit nulle part.

1. La naissance du parlementarisme

A. L’apparition de la balance des pouvoirs

Le système tripartite britannique, où le pouvoir est divisé entre le roi, la Chambre des Lords et la
Chambre des Communes, a été créé en 1204 avec la Charte Magna Carta. En 1640, Charles Ier est forcé
d'abolir sa prérogative royale et de convoquer le Long Parliament. En 1658, la Chambre est rétablie et
en 1688, Guillaume et Marie Stuart sont appelés en échange du Bill of Rights de 1689. Montesquieu

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qualifie ce modèle de gouvernement de modèle idéalisé car il mélange les trois formes simples de
gouvernement :
● oligarchie
● démocratie
● monarchie

En 1787, les Etats-Unis s'inspirent de ce système pour leurs Chartes.

26/10/2021

B. L’émergence de la responsabilité politique des ministres

Le système de la balance des pouvoirs attribue le pouvoir législatif aux chambres et au roi, et l'exécutif
au roi et ses ministres. Les chambres des communes et des lords ne pouvaient pas contrôler le roi, mais
ont mis en place la procédure de l'impeachment pour accuser un ministre de crime. La chambre des
lords jouait alors un rôle juridictionnel et pouvait juger les ministres. Les crimes n'étaient pas totalement
définis, mais les chambres pouvaient accuser un ministre d'avoir commis un acte contraire à la loi, à la
constitution des UK ou d'avoir mal utilisé son pouvoir diplomatique.

Les ministres étaient pénalement responsables et pouvaient être traduits en cour nationale car ils
contresignaient les actes du roi, ce qui a inspiré les constituants français en 1791. En Angleterre, les
ministres du roi hésitaient à contresigner des actes limite limite, ce qui a fait pression sur le pouvoir
exécutif et a permis aux ministres d'accroître leur pouvoir. Avec la dynastie des Hanovre, dont le
premier prince ne parlant pas anglais, les ministres sont devenus la réelle autorité exécutive en Grande
Bretagne et le droit de véto absolu n'a plus été utilisé après 1708.

Sous la pression de la Chambre des Communes, le roi se détache de l'autorité exécutive et les ministres
sont de plus en plus soumis à la responsabilité politique. La Chambre des Communes gagne alors en
influence et les ministres démissionnent lorsqu'ils sentent que leur action est désapprouvée. Le premier
à le faire est Walpole en 1782, suite à un vote de défiance. La responsabilité des ministres devient alors
politique et non plus pénale, et le pouvoir politique apparaît.

Le régime parlementaire est un système politique où le gouvernement ne peut exister qu'avec le soutien
de la Chambre des Communes. Il est apparu sous la Balance des Pouvoirs et a failli en France à deux
reprises sous une monarchie parlementaire. Il a été finalement adopté en 1875 avec la IIIème
République. Il implique que le gouvernement ne peut gouverner qu'avec la confiance des chambres et
que la fonction exécutive fait plus que de seulement appliquer la loi.

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C. Le système britannique comme modèle du parlementarisme

Le parlementarisme est un régime politique qui se caractérise par :


● un gouvernement qui gouverne tant qu’il a la confiance des chambres
● la possibilité pour la majorité parlementaire d'exprimer sa défiance à son égard par une motion
de censure ou par une question de confiance
● la possibilité pour l’autorité exécutive de demander la dissolution des chambres parlementaires,
ce qui constitue un contrepouvoir

Cette combinaison de règles permet un équilibre des forces et une résolution démocratique des
désaccords entre la majorité et son gouvernement.

Le régime européen est un modèle très répandu et théorisé. Il est copié par de nombreux régimes
européens, mais les pratiques divergent. Les doctrines rétrospectives sont donc utilisées pour créer des
régimes.

2. Les mutations du système britannique

Le régime britannique a servi de modèle pour :


● la balance des pouvoirs (Montesquieu)
● le parlementarisme (France)

Il est en constante évolution, résultant des rapports de force entre les autorités, le Parlement et l'exécutif.

A. L’évolution du rapport de force entre les deux chambres

La Chambre des Communes est composée de 650 députés élus au suffrage universel direct, introduit en
1918 pour les hommes et 1928 pour les femmes. La Chambre des Lords, quant à elle, est composée de
800 membres nommés sans limite. Jusqu'en 1999, elle était composée de lords héréditaires, à vie et
spirituels. Le cabinet exécutif disposait alors d'un moyen pour influencer le pouvoir législatif. En 1911,
le pouvoir de la Chambre des Lords a considérablement diminué, notamment en matière judiciaire. En
2005, la Cour Suprême du Royaume-Uni a été créée et est entrée en vigueur en 2009. En 1948, le droit
de véto suspensif des Lords a été réduit à 1 an. La Chambre des Lords est donc de moins en moins
encline à résister à la Chambre des Communes.

Le Parlement britannique est souverain, avec la Chambre des Communes élue au suffrage universel et
la Chambre des Lords consultative. Le roi n'a plus de prérogatives et ne participe plus à la vie politique.
Le droit de véto suspensif est conservé.

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B. L’évolution des rapports de force entre le Parlement et l’exécutif

La reine détient encore des pouvoirs formels en matière diplomatique et de traités, mais la majorité de
ses pouvoirs ont été absorbés par le cabinet qui exerce seul le pouvoir exécutif. Cette relation entre la
reine et le Parlement est influencée par le scrutin uninominal majoritaire à un tour, qui provoque le
réflexe de vote utile et favorise le bipartisme.

Le bipartisme est une caractéristique du Royaume-Uni depuis longtemps. Il conduit à ce qu'un seul parti
obtienne une majorité absolue des sièges au Parlement tous les 40 ans. Cela donne au cabinet une
majorité parlementaire stable et le droit de voter les lois proposées. Le Premier Ministre est le leader
désigné du parti gagnant et a une légitimité démocratique. Cependant, le parti peut le pousser dehors si
ils doutent de sa capacité à les amener à une deuxième nomination aux élections. Le droit de dissolution
du Premier Ministre est utilisé pour fixer la date des élections.

Le Fixed Term Parliament Act de 2011 a remplacé la pratique précédente et fixe les élections
parlementaires tous les 5 ans. Il prévoit également deux circonstances pour la dissolution :
● un vote de défiance suivi d'une période de 14 jours sans nouveau gouvernement
● l'Early Parliamentary Election Act, qui met fin exceptionnellement au mandat de la Chambre
des Communes

Le régime britannique est caractérisé par un gouvernement fort et stable, mais cette stabilité est mise à
mal par l'apparition de forces politiques déstabilisantes.

Section 2 : Le système des Etats Unis, modèle du « régime présidentiel »

1. Les organes fédéraux

La Constitution américaine divise le pouvoir législatif entre le Congrès (Art. 1er, Sec. 1), le pouvoir
exécutif au Président (Art. 2) et le pouvoir judiciaire à la Cour Suprême (Art. 3). En 1803, l'arrêt
Marbury v. Madison a défini le rôle de la Cour Suprême dans l'interprétation de la Constitution et a
permis à la Cour de prendre des décisions sociales importantes, telles que :
● la fin de la ségrégation
● la peine de mort
● l'avortement et la contraception
● le mariage gay

La Cour est composée de 9 juges nommés à vie par le Président et approuvés par le Sénat.

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A. Le Congrès

Le système américain est un système bicaméral, avec la chambre des représentants et le Sénat. Les
représentants sont élus pour deux ans selon le scrutin uninominal majoritaire à un tour (XVIIIème
siècle) et les sénateurs pour six ans selon le compromis du XVIIIème siècle (17ème Amendement de
1816).
Les représentants sont élus dans le cadre de l’Etat fédéré, avec des circonscriptions pouvant être
arrangées pour donner un avantage décisif (gerrymandering). Chaque État, quelle que soit sa population,
choisit deux sénateurs.

Le Congrès des États-Unis est composé de deux chambres, la Chambre des représentants et le Sénat,
qui partagent le pouvoir législatif et permettent aux États de participer à la législation. Seul un membre
du Congrès peut déposer un texte de loi, bien que le Président puisse contourner ce monopole. Le
Congrès a également des prérogatives sur l'exécutif, notamment en créant des commissions
parlementaires pour surveiller le gouvernement. Le Sénat a le pouvoir de donner son consentement à
deux décisions du Président, notamment pour les nominations de hauts fonctionnaires fédéraux et les
juges de la Cour Suprême (Budget and Accounting Act de 1921). Donald Trump a pu en nommer deux.

Le Sénat des USA est responsable de l'acceptation des traités nationaux, mais la majorité des 2/3 des
sénateurs est nécessaire pour ratifier un traité. Cependant, le Président peut contourner cette loi grâce
aux « executive agreements ». En 1973, le Président peut engager des troupes à l’étranger sans
déclaration de guerre, mais il doit obtenir l'accord du Congrès avant 60 jours. L'impeachment, emprunté
aux anglais, permet à la Chambre des représentants de mettre en accusation le Président et les agents
civils des USA pour des hauts et délits. Le Sénat juge et peut destituer le Président avec une majorité
des 2/3.

L'impeachment aux États-Unis n'a pas connu la même évolution qu'en Angleterre, où la responsabilité
pénale est passée d'individuelle à politique. Cela s'explique par le fait que le Sénat ne peut destituer le
président qu'à la majorité des 2/3, ce qui est difficile dans un système bipartite. De plus, le vice-président
qui le remplace n'est pas choisi par les chambres. Cependant, l'impeachment reste une menace qui peut
contraindre le président à ne pas agir n'importe comment, et est un moyen de contrôle du Congrès.
Johnson (1868) et Nixon (1974) ont failli être destitués, et Clinton (1998) a été soumis à un
impeachment politique.

B. Le président des Etats Unis

Les États-Unis élisent leur président par un système de suffrage indirect. Les partis politiques
choisissent leurs candidats lors de conventions nationales, puis les citoyens élisent les grands électeurs
(538, dont 3 pour Washington DC depuis 1961). Les grands Etats les plus peuplés ont plus de

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représentations que les plus petits. Les grands électeurs ont le choix entre les deux candidats
présélectionnés par les partis politiques lors des primaires.

Les grands électeurs votent pour leur candidat en décembre et le président est élu le deuxième lundi de
janvier. Pour gagner, il faut obtenir 270 voix. Cependant, le bipartisme s'est installé aux États-Unis dans
les années 1820 et la majorité absolue est désormais systématique. Cela a déjà conduit à des
déformations en 1800 (Thomas Jefferson) et 1824 (John Adams). Le bipartisme peut aussi créer des
distorsions si les résultats sont très proches dans certains États (1867, 1988, 2000, 2016). Les citoyens
peuvent alors voter dans des swing states pour influencer le résultat.

Le président est la seule autorité exécutive au niveau fédéral et est élu pour 4 ans avec son vice-
président. Ce dernier n'a que peu de fonctions officielles et ne peut voter que pour trancher en cas de
partage des voix. Le président peut exercer jusqu'à deux mandats, une pratique instaurée par George
Washington et formalisée par la Constitution en 1951. Selon l'article 2 section 1, le président a le
pouvoir de :
● nommer des personnalités fédérales
● réglementer
● disposer de prérogatives diplomatiques et militaires
● demander aux membres du Congrès de déposer des lois en son nom

Le président des États-Unis a le droit de véto selon la section 7 de l’article 1 de la Constitution. Il peut
s'opposer à des textes législatifs et annoncer des projets lors de l'État de l’Union annuel devant le
Congrès. Le Congrès peut surmonter ce droit de véto si la majorité des 2/3 des deux chambres vote en
sa faveur. Le président dispose de 10 jours pour renvoyer le texte avec des objections, ce qui s'appelle
le pocket veto. La tentative de line item veto a été déclarée inconstitutionnelle par la Cour Suprême.
Depuis le XVIIIe siècle, le pouvoir du président a augmenté et le droit de véto est devenu plus
fréquemment utilisé. Le président peut également nommer des juges fédéraux et à la Cour Suprême
avec le consentement des sénateurs.

2. Le fonctionnement global du système américain

Le régime parlementaire est un système où l'exécutif et le législatif sont séparés et où les deux autorités
n'ont aucun moyen de se destituer l'une et l'autre. Les chambres ne peuvent pas destituer le président
sauf impeachment et le président ne peut pas destituer les chambres. Une chambre peut dissoudre le
gouvernement et l'exécutif peut en dissoudre au moins une. Le régime parlementaire se base sur une
correspondance politique entre le gouvernement et le Parlement pour gouverner.

Dans un régime présidentiel, les partis politiques sont des machines électorales et il y a un manque de
discipline partisane. Cela se traduit par des négociations constantes entre la présidence et les chambres.

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C'est ce système de checks and balances, ou balance des pouvoirs, qui permet de maintenir le
gouvernement. Cependant, des blocages peuvent survenir, comme le plus gros blocage de l'histoire de
l'Amérique entre Trump et le Sénat.

3. Une exemplarité américaine ?

Le modèle du régime présidentiel s'inspire d'une pratique particulière et est principalement représenté
par le régime américain. Cependant, d'autres exemples existent, notamment des régimes latino-
américains, des régimes à la limite autoritaires et les régimes français de 1791 et de l'an III, qui ne
possèdent pas de droit de dissolution et de responsabilité politique. Ces régimes sont très hétérogènes,
ce qui soulève des questions quant à la catégorie du régime présidentiel.

Section 3 : La classification théorique des politiques

1. Exposé de la classification théorique

Adhémar Esmein (XIXe) a catégorisé les régimes politiques en les opposant les uns aux autres
(UK/USA). Il définit la séparation des pouvoirs comme une spécialisation et une indépendance des
pouvoirs pour un équilibre. Il distingue 3 catégories :
● régimes à séparation stricte (USA)
● régimes à séparation atténuée (régimes parlementaires)
● régimes d'assemblée (irrespect de la séparation des pouvoirs)

2. Critique de la classification théorique

La classification des régimes politiques pose un problème car elle doit être maniable et basée sur des
critères simples et identifiables. La Vème République est une opposition binaire basée sur la séparation
souple ou stricte des pouvoirs, mais ce critère ne s'applique pas à la réalité. Pour se rattraper, on a donc
deux critères :
● l'élection au suffrage universel
● la responsabilité politique du gouvernement

Cela forme quatre classes, mais cette description est trop complexe. Il faut donc trouver des critères
plus précis, comme l'élection indirecte du président des USA et l'impeachment qui a des critères de
responsabilité politiques.

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La classification des régimes politiques n'apporte pas de valeur scientifique et ne permet pas de
comprendre le fonctionnement des régimes. Les critères doivent être identifiables et apporter quelque
chose à la sélection. Par exemple, le fait que le président soit élu par suffrage universel ne révèle rien
sur le fonctionnement du système américain. Les règles d'habilitation et les conditions pour un pouvoir
ne sont pas suffisantes pour expliquer le fonctionnement des régimes, ce qui explique les grandes
différences entre les régimes des différentes catégories.

3. Histoire de la classification théorique

Adhémar Esmein a présenté en 1887 une classification des régimes parlementaires, qui selon lui
respectent la séparation des pouvoirs. Il a défendu la IIIème République, accusée de cumuler les
pouvoirs dans les mains de l'Assemblée, en proposant une séparation souple des pouvoirs avec des
exceptions. Il a ainsi essentialisé les concepts et a placé les USA dans cette catégorie, bien que la
séparation ne soit pas si rigide. La Constitution est une justification du pouvoir, qui est limité et dont
l'exercice est légitime.

TITRE 1 : LA JUSTIFICATION PAR LA CONSTITUTION :


LE CONSTITUTIONNALISME

Le constitutionnalisme est une théorie développée au XVIIIème siècle qui affirme que le pouvoir
politique doit être limité par une Constitution. Celle-ci doit être protégée et maintenue par son auteur.

CHAPITRE I : LA NOTION DE CONSTITUTION ET LE


CONSTITUTIONNALISME

Section 1 : Les définitions de la Constitution et le constitutionnalisme

La Constitution est l’idée de machine destinée à garantir les libertés.

1. La Constitution comme machine destinée à garantir la liberté (conception mécaniste)

A. La constitution ou la distribution des grands pouvoirs

La Constitution est un document qui sépare et distribue les pouvoirs entre plusieurs autorités. Elle n'était
pas considérée comme une norme obligatoire à l'époque révolutionnaire, mais aujourd'hui elle est un
moyen de contrôler les institutions. Montesquieu a dit que « Il faut que par la disposition des choses, le

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pouvoir arrête le pouvoir », ce qui signifie que les pouvoirs doivent être bien répartis pour créer un
équilibre. La Constitution est donc un moyen de garantir la séparation des pouvoirs.

B. La distinction entre pouvoir constituant et pouvoir constitué

La distinction entre pouvoir constituant et pouvoir constitué a été mise en avant par Sieyès (1789) : le
pouvoir constitué ne doit pas avoir un pouvoir constituant car il en abuserait. Rousseau (1762) n'accorde
pas de pouvoir constituant. La Constitution doit donc être protégée des modifications des autorités
constituées, notamment le pouvoir législatif, pour éviter l'arbitraire.

2. La Constitution comme ensemble de norme obligatoire (conception normatives)

A. Constitution souple et constitution rigide

La rigidité des lois est une procédure spéciale qui rend plus difficile la modification de la Constitution.
Les régimes à procédure spécifique sont considérés comme rigides, avec des degrés de rigidité allant
de très dur à pratiquement similaire. La souplesse de la Constitution, en revanche, ne nécessite pas de
procédure spécifique.

B. La forme constitutionnelle

La Constitution est un texte difficile à modifier, qui ne contient pas toutes les lois. On distingue deux
sens à ce mot :
● le sens matériel (l’ensemble des règles relatives à l’organisation des pouvoirs publics)
● le sens formel (l’ensemble des règles qui figurent dans le texte constitutionnel)

Ces deux sens ne se recouvrent pas, il est donc important de les distinguer.

Section 2 : Le contenu de la Constitution

La section est diachronique : qu’est-ce qui a changé dans la matière des textes et qu’est-ce qui est a
changé dans l’organisation de la Constitution depuis le XVIIIème.

1. Le contenu de la Constitution formelle

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Les constitutions écrites sont devenues plus précises et plus normatives au fil des années. Elles incluent
des déclarations de droits et des décisions symboliques (langue commune, drapeau commun). Elles
rappellent le respect des droits de l'homme et sont devenues plus précises et plus normatives.

2. Le contenu de la Constitution matérielle

Le développement de la justice constitutionnelle et l'accroissement des pouvoirs exécutifs sont les deux
tendances lourdes du XIXème siècle. La justice constitutionnelle est un système très répandu qui
protège la Constitution, tandis que les pouvoirs exécutifs ont considérablement augmenté, ce qui a
conduit à une mauvaise interprétation de la séparation des pouvoirs. Les pays les plus réfractaires à la
Constitution sont ceux où l'exécutif domine.

A. L’accroissement des compétence de l’organe exécutif

Le XIXème siècle voit l'idée de séparation des pouvoirs entre le législatif et l'exécutif se développer,
basée sur les théories de Montesquieu et Rousseau. Cependant, la mise en pratique est plus complexe,
notamment pour les pouvoirs militaires et diplomatiques. En France, le législatif négocie mais l'exécutif
décide de l'envoi des troupes. La séparation des pouvoirs n'est donc pas parfaite, le pouvoir
réglementaire et le droit d'initiative des lois étant des exemples de pouvoirs partagés.

Depuis le XVIIIème siècle, le pouvoir exécutif a évolué et dispose désormais d'un avantage naturel sur
les députés pour produire une législation efficace. Les organes exécutifs ont donc un pouvoir exécutif
en plus de législatif, ce qui leur donne une très grande position. En France, 90% des lois adoptées
viennent du gouvernement, ce qui s'applique dans les trois types de régimes d'Esmein. Cela montre un
grand changement par rapport au pouvoir exécutif du XVIIIème siècle qui était seulement la bouche de
la loi.

B. L’émergence d’une théorie erronée de la séparation des pouvoirs

Le XIXème siècle a vu l'organe exécutif acquérir des pouvoirs législatifs, militaires et diplomatiques.
Cette assimilation de tout ce que l'autorité exécutive faisait à la fonction a conduit à un énorme pouvoir
exécutif. Pour équilibrer cela, les auteurs du XIXème siècle ont appliqué la séparation des pouvoirs du
XVIIIème siècle, en interdisant le cumul de pouvoirs.

CHAPITRE 2 : LA PROTECTION DE LA CONSTITUTION

Pour comprendre ce que signifie la justice constitutionnelle, il faut se demander ce qui se passait avant
la justice constitutionnelle.

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Section 1 : Avant la justice constitutionnelle : des garanties internes aux garanties externes

Par garanties internes, on se dit qu’il y a un mécanisme dans la Constitution pour la protéger, et par
garanties externes, qu’il y a un tiers qui protège. 23/11/2021

1. Les garanties internes de la Constitution

La protection des pouvoirs est assurée par des moyens internes, tels que :
● le droit de véto, qui permet à l'exécutif de préserver ses fonctions face au législatif

Cette idée de checks and balances, ou balance des pouvoirs, est issue de Montesquieu (17e siècle) et
consiste à « arrêter le pouvoir ». La conception machiniste de la Constitution (19e siècle) vise à ce que
les pouvoirs s'auto-préservent. Cependant, cette idée est remise en cause aujourd'hui.

2. L’émergence de l’idée des garanties externes à la Constitution

L'abbé Sieyès (1795) a formulé l'idée de garantie externe à travers le jury constitutionnel. Il a critiqué
le système de balance des pouvoirs et proposé une maison où chaque autorité concourt à la conception
de la loi. Pour cela, il a mis en place une autorité extérieure neutre, la jurie constitutionnelle, pour
vérifier que les autres autorités n'excèdent pas leurs compétences et protéger la Constitution.

Le jury constitutionnel, composé d'une centaine de membres d'hommes sages et expérimentés, a été
créé en l'an VIII pour perpétuer la Constitution. Il a servi à Napoléon pour avoir plus de pouvoir et a
été un précurseur de la justice constitutionnelle. Cette dernière a été mise en place pour la première fois
dans le cas Marbury v. Maddison en 1803 aux États-Unis, où le Chief Justice John Marshal a déclaré
que la Constitution était supérieure à la loi et qu'un juge devait être nommé pour la justice
constitutionnelle.

Section 2 : La justice constitutionnelle aujourd’hui : les modalités de l’intervention au


juge

Il y aurait aujourd’hui deux grands modèles de justice constitutionnelle :


● le modèle américain
● le modèle européen

1. Les modèles de justice constitutionnelle

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La justice constitutionnelle est le fait qu’il y a des juges qui sont capables de faire respecter la
constitutionnelle aux autorités. On distingue deux modèles de contrôle :
● décentralisé (USA) : n'importe quel juge peut établir le contrôle et appliquer la Constitution.
● centralisé (Europe) : une cour spécialisée est chargée de ce contrôle (République Tchèque 1920,
Autriche 1948, Allemagne 1949, Italie après la Seconde Guerre Mondiale, etc.).

Le modèle européen et américain peuvent être opposés en deux catégories :


● Aux États-Unis, tous les juges peuvent faire un contrôle de constitutionnalité, mais les décisions
peuvent être contestées et des recours peuvent être intentés jusqu'à la Cour suprême.
● En Europe, seule la Cour constitutionnelle peut faire ce contrôle, mais des systèmes de
questions préjudicielles peuvent être invoqués pour demander à un juge ordinaire de vérifier la
constitutionnalité d'une loi.

2. La diversité des formes de justice constitutionnelle

Le contrôle de constitutionnalité peut être effectué selon différents critères :


● le contrôle a priori (France) et a posteriori (USA)
● le contrôle par voie d'action ou d'exception
● le contrôle in abstracto ou in concreto
● les effets erga omnes ou inter partes

Ces distinctions ont été utilisées pour opposer le modèle américain (contrôle décentralisé, a posteriori,
in concreto, par voie d'exception, effets inter partes) et le modèle européen (contrôle centralisé, a priori,
in abstracto, par voie d'action, effets erga omnes). La Cour suprême américaine et la Cour
constitutionnelle française présentent ces caractéristiques et la France voulait être le modèle européen.

Les auteurs français ont cherché à créer un modèle français en combinant les deux modèles de droit
(civil et coutumier). Cependant, les formes et les principes varient selon les pays, ce qui rend impossible
l'application d'une forme constante ou radicale.

Section 3 : Après la justice constitutionnelle : perspective critiques

L'institution de la justice constitutionnelle est un développement des modèles existants. Elle soulève
des questions, notamment celle de la légitimité du contrôle juridictionnel de constitutionnalité (CJC).

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1. La question de la légitimité du contrôle juridictionnel de constitutionnalité

A. Des justifications diverses

a. Un contrôle institué pour assurer la suprématie de la constitution

Le juge suprême John Marshall a déclaré que pour que la Constitution soit la norme suprême, il faut un
juge pour la faire respecter, y compris au législateur. C'est ce qu'on appelle le principe de la suprématie
de la Constitution. Cependant, cet argument est fallacieux car il existe des systèmes sans juge
constitutionnel pour assurer la suprématie de la Constitution. Ainsi, pour que la Constitution soit
suprême, il faut démontrer pourquoi il faut instaurer un contrôle de constitutionnalité des lois.

b. Un contrôle institué pour protéger la souveraineté du peuple

Le contrôle de constitutionnalité est un mécanisme qui permet de s'assurer que les représentants
respectent les limites de la Constitution, écrite par le vrai souverain. L'abbé Sieyès a posé la première
question sous la Convention nationale : qui garde les gardiens ? Thibaudeau a répondu en présentant un
jury constitutionnaire et en soulignant le dilemme infini. Louis Favoreu a popularisé la théorie de
l'aiguilleur, selon laquelle l'organe de contrôle de constitutionnalité n'est pas là pour s'opposer aux
volontés du législateur actuel, mais pour lui indiquer la voie à suivre pour entreprendre des réformes.
Les Américains appellent cela la Dead hand of the Past.

c. Un contrôle institué pour garantir les Droits de l’Homme

Le juge constitutionnel est un moyen pour protéger les minorités et les Droits de l’Homme contre la
majorité. Alexander Bickel a mis en avant la difficulté contre majoritaire pour contrer cette menace.
Avant l'existence du contrôle constitutionnel, on s'assurait que les lois ne discriminent pas les minorités.

B. Des justifications discutables

Les juges constitutionnels interprètent les textes constitutionnels en utilisant le langage naturel, qui est
ambigu et vague. Cette interprétation va donner vie à des normes constitutionnelles. Lorsqu'un
législateur vote une loi qui viole la liberté d'expression, le juge constitutionnel peut substituer son
interprétation à celle du législateur et rendre celle-ci invalide. Cependant, le juge peut choisir une
technique d'interprétation qui peut donner un résultat différent. Cela montre que la prise de décision des
juges constitutionnels est une décision politique.

Le juge constitutionnel ne définit pas la suprématie de la Constitution, mais sa vision personnelle. Cette
approche rend difficile l'alliance avec la démocratie.

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2. Quelques perspectives démocratiques pour la justice constitutionnelle

La justice constitutionnelle est une solution pour contrer la méfiance des hommes politiques envers les
minorités. Pour améliorer la situation, un jury constitutionnel composé de citoyens tirés au sort pourrait
être institué. Ce jury statuerait sur des questions de valeurs, à partir d'arguments présentés par les parties.

CHAPITRE 3 : L'ÉLABORATION DE LA CONSTITUTION

Le pouvoir d’élaborer la Constitution, aussi connu comme pouvoir constituant, il y a aussi le pouvoir
de révision qui est le pouvoir de modifier une Constitution, qu’il faut distinguer.

Section préliminaire : Pouvoir constituant et pouvoir de révision

Le pouvoir constituant dérivé permet de modifier ou de créer une Constitution, mais est limité par celle-
ci. Il est ambigu car il est censé avoir une double nature, et pose des problèmes théoriques (cf. Sieyès).
Une procédure de révision de la Constitution est donc nécessaire pour modifier celle-ci, et elle est plus
difficile à modifier qu'une loi.

Section 1 : La pratique du pouvoir constituant originaire

La Constitution est produite par l'Etat et peut être ratifiée par un petit groupe de personnes ou par une
assemblée élue par le peuple. La forme la plus démocratique est la Convention de 1791, qui implique
une délibération et une adoption par une assemblée élue, puis une ratification par le peuple. D'autres
formes plus novatrices, comme les tables rondes, sont également utilisées, où les partis politiques encore
puissants après un régime totalitaire sont invités à participer à une table ronde pour élaborer une
Constitution, puis à une assemblée avec un juge constitutionnel pour s'assurer que les règles sont
respectées.

Section 2 : La pratique du pouvoir de révision

1. La nature des limites au pouvoir de révision

A. L’encadrement procédural

L'encadrement procédural pour modifier la Constitution est plus difficile que pour une loi. Il implique :

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● des délais
● une majorité qualifiée
● une troisième chambre pour la révision

En France, le délai est de 30 ans, au Portugal de 5 ans. Le souverain peut intervenir de manière directe
ou indirecte, par exemple pour ratifier des traités constitutionnels. Les ¾ des Etats fédérés sont
nécessaires pour la ratification.

30/11/2021

B. Les limites de fond

Les constitutions peuvent prévoir des aspects qui ne peuvent pas être révisés, appelés clauses d'éternité
ou clauses pétrifiées. Exemple :
● l'article 9 alinéa 5 de la IIIème République française
● l'article 139 de l'Italie
● l'article 79 alinéa 3 de l'Allemagne

Aux États-Unis, l'article interdisant la privation d'une égale représentation au Sénat nécessite une
unanimité, ce qui est impossible. Ces clauses sont des directives politiques au pouvoir constitutionnel
dérivé.

Après l'émergence des doctrines et des cours constitutionnels, les cours ont vu cela comme une directive
pour faire respecter les normes aux institutions de révisions.

2. Le contrôle des limites

Le juge constitutionnel peut modifier un texte constitutionnel, mais ne peut pas renverser le pouvoir de
révision. Cela implique une idée supra constitutionnelle, selon laquelle certains principes sont plus
importants que d'autres et ne peuvent pas être modifiés. Cependant, il y a un problème théorique et
pratique d'identification de ces principes, car ils sont vagues et débattus.

Le problème pratique est que l'appréciation des principes revient au juge, une autorité non élue, ce qui
est difficile politiquement. En France, le Conseil Constitutionnel s'est déclaré incompétent à vérifier la
constitutionnalité des lois de révision depuis le 26 mars 2003. Dans d'autres pays, certains juges
constitutionnels se prétendent compétents mais n'ont jamais dit que les lois de révision étaient
inconstitutionnelles. Cependant, cela s'est déjà produit au Brésil et en Inde. L'idée selon laquelle on
devrait être soumis au gouvernement des lois plutôt qu'au gouvernement des hommes revient à la mode.

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Malheureusement, c'est une utopie car les lois sont interprétées par les hommes, donc le seul moyen de
limiter le pouvoir des hommes est le pouvoir d'autres hommes.

TITRE 2 : LES JUSTIFICATIONS DANS LA CONSTITUTION

La démocratie est un système de représentation qui remplace la nomination par Dieu par l’élection par
le peuple. Les gouvernants ne sont pas censés exercer leur propre volonté, mais celle de la Nation. La
souveraineté et la représentation sont les principes fondamentaux de ce système.

CHAPITRE 1 : LA SOUVERAINETÉ

La souveraineté est un mot très fréquemment utilisé et mystérieux. Il a été employé à des fins variées à
travers l'histoire. Dans le cadre du droit, elle se réfère à la représentation et à la justification.

Section 1 : La souveraineté comme justification

1. Les concepts de « souveraineté » dégagés par Carré de Malberg

La souveraineté est la qualité de l’Etat qui n’a pas de supérieur et qui possède l’autorité suprême. Elle
se manifeste par le pouvoir de l’Etat de faire la guerre, de rendre justice, etc. En France, elle s’est
affirmée au Moyen-Âge avec le détachement de l’autorité du pape et l’instauration d’un pouvoir
suprême unique et indivisible. Aujourd’hui, elle peut être partagée avec l’UE, ce qui n’est pas le cas en
Allemagne.

Pourquoi dit-on que le Parlement et le peuple sont souverains en même temps dans le deuxième sens,
en tant qu’organe suprême. C’est parce qu’il y a un quatrième sens à ajouter.

2. Le concept justificatif de la souveraineté

Le Parlement est l'organe suprême de l'État qui exerce sa souveraineté au nom du peuple. Selon l'article
3, la souveraineté réside essentiellement dans la Nation. On peut donc parler de principauté. Il existe au
moins 4 définitions de la souveraineté, dont celle de Michel Troper.

Section 2 : Le titulaire de la souveraineté

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On a la présentation traditionnelle avec une opposition de qui devrait être entre la souveraineté du
peuple ou de l’entité de la Nation.

1. La présentation traditionnelle : souveraineté nationale et souveraineté populaire comme idéologies


antagonistes

La souveraineté populaire est le principe selon lequel le peuple réel qui se trouve sur le territoire est
souverain. Le vote est un droit et la représentation un moindre mal. Il faut un mandat impératif pour lier
l’élu à ses électeurs. La souveraineté de la Nation signifie que le véritable souverain est une idée fixe et
non le peuple actuel. Le droit d’élire est défini par la Constitution et non un droit. La théorie de
l’électorat fonction justifie le suffrage censitaire. Le mandat impératif est refusé et le mandat
représentatif choisi.

On voit que les deux sont bien distincts et opposés entre les deux, mais c’est un peu plus nuancé que
ça.

2. Critique de la présentation traditionnelle : souveraineté nationale et souveraineté populaire comme


théories justificatives

Les systèmes juridiques ne sont pas des copies conformes des théories, mais des décisions croisées. Les
décisions produisent les théories, et non l'inverse.

CHAPITRE 2 : LA REPRESENTATION

La représentation est quand les gouvernants commandent les gouvernés en prétendant que les gouvernés
sont les souverains.

Section 1 : La notion de représentation

1. La signification de la représentation

La représentation est une fiction qui consiste à affirmer que certaines personnes agissent à la place d'une
entité abstraite. Originaire du droit privé, elle permet que tout ce que le représentant fait soit considéré
comme si le représenté l'avait fait. Dans un régime représentatif, le souverain ne peut transmettre que
l'exercice de sa souveraineté, car sa souveraineté est inaliénable. Cependant, la théorie selon laquelle la
nation n'a de volonté que celle des représentants est inexacte, car la Nation a une volonté propre.

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2. La signification du mandat

Le contrat de mandat permet à un mandataire d'agir en lieu et place du mandant. En 1791, l'exercice de
la souveraineté était réservé à l'autorité législative, le corps législatif et le roi. Les fonctions d'exécution
ne sont pas considérées comme de l'exercice de la souveraineté. Le mandat représentatif est adopté car
le représentant ne représente pas ses électeurs, mais la Nation.

Résumé: Condorcet (1743-1794) affirme que, en tant que mandataire du peuple, il doit exprimer les
idées du peuple et non les siennes, et que l'indépendance de ses opinions est son premier devoir envers
le peuple.

Section 2 : Représentation et démocratie

1. Election, démocratie et représentation

L'élection n'est pas historiquement liée à l'idée démocratique. Selon Bernard Manin (Le principe du
gouvernement représentatif, 1997), il existe trois types de gouvernement selon le nombre de
gouvernants :
● monarchie (hérédité)
● aristocratie (élection des meilleurs)
● démocratie (tirage au sort)

Au XIXe siècle, on ne parlait pas de démocratie car on la pensait archaïque et on ne parlait pas
d'aristocratie car trop proche de l'élection. L'élection était alors utilisée pour rompre avec la monarchie.

La revendication démocratique est l'élargissement du suffrage à la base censitaire, car tous les citoyens
sont égaux et devraient avoir le droit de voter. Depuis la Révolution, les représentants du corps législatif
sont élus et sont appelés "représentants de la nation". Cette notion permet à des autorités élues, comme
le PDR, de revendiquer une fonction de représentant.

2. La notion de démocratie représentative

Le régime représentatif est un moindre mal pour éviter que le peuple gouverne directement, car il est
incapable de le faire. Il est donc nécessaire de lui faire nommer des représentants qui vont gouverner en
son nom, grâce à un suffrage universel. Cependant, le représentant ne peut pas représenter la Nation,
car la volonté de la Nation peut être différente de celle des électeurs. La démocratie est donc une
aristocratie déguisée, mais le suffrage universel permet à tous de participer à l’élection et les élus
doivent tenir compte de la volonté de leurs électeurs. Les électeurs se sont donc organisés en partis

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politiques qui présentent des programmes, de sorte que l’électeur choisisse un parti plutôt qu’une
personnalité.

Le régime représentatif, sur lequel Kelsen se fonde, est en crise car les partis politiques ne cherchent
plus à ressembler à leurs électeurs. Cela se traduit par un manquement de représentation pour les
femmes et les ouvriers, notamment aux États-Unis où l'on vote pour une seule personne.

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