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Mémoire de fin d'étude d'obtention de la licence

fondamentale en sciences éconmiques et gestion


sous thème:

La finance Islamique

Réalisé par : Encadré par :


HAJAR el adak NP:01811861 Mr : N. boubkari

NOURA lahmami NP: 01908460

Année universitaire : 2021 / 2022

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Dédicace:

Nous consacrons notre travail:


À notre très chère famille pour l'attention constante qu'elle n'a cessé
de me prodiguer au cours de mon parcours universitaire, pour le
sens des responsabilités qu'elle m'a inculqué depuis mon enfance.

Pour ma mère, dont l'esprit est toujours tourné vers mes études et dont
le cœur a toujours battu avec le mien.

À mes frères, à mes grands-parents et à tous ceux qui


ont été avec moi, tous les moments d'émotion au cours de
ce travail. Ils m'ont soutenu chaleureusement et m'ont encouragé tout
au long de mon parcours.

A tous mes amis qui m'ont toujours encouragé et à qui je souhaite plus
de succès.

Page 2
Remerciement:

Nous remercions Dieu de nous avoir donné la force et la volonté


de commencer et de terminer ce mémoire.

Tout d'abord ce travail ne serait pas aussi riche et n'aurait pas pu


avoir le jour sans l'aide de l'encadrement MR.Boubkari .En le
remercie pour la qualité de son encadrement exceptionnel, pour sa
patience, sa rigueur et sa disponibilité durant notre préparation de ce
mémoire.

Ainsi, ses précieux conseils et ses commentaires nous


sont permis d'améliorer notre capacité intellectuelle et la qualité
de notre travail.

Au final, nous ne pouvons clore ce paragraphe sans adresser nos


plus vifs remerciements à l'organisme enseignant FPN pour
les grands efforts qu'il fournit pour nous apporter les
connaissances nécessaires .Pour comprendre les faits et analyser
le phénomène est poser les bonnes questions.

Nous remercie évidemment nos familles, pour leur irremplaçable et


inconditionnel soutien. Leur soutien, était toujours présent pour
écarter les doutes, soigner les blessures et partager les
joies.

Mes remerciements, aussi, à toutes les personnes qui m'ont aidé


de près ou de loin dans l’élaboration de ce travail, Surtout ceux qui
ont
été tout le temps à côté de moi.

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Introduction générale :
Il y a quarante ans, la finance islamique était inconnue ou presque. Ces jours cette
pratique est présente dans plusieurs pays. Rappelons que le système financier islamique a
été
utilisé par les commerçants depuis l’arrivée de l’islam.

Il était grand temps que le Maroc prenne le " TGV " de la finance islamique.
Cela fait 30 ans de négociations avec la Banque Centrale et le Ministère des Finances sur un
projet de création de la première banque islamique en 1980 Cela ne s'est finalement pas
concrétisé.
Cependant, des contraintes supplémentaires concernant les taux d'épargne bancaires très
bas, nous ont incités à céder partiellement à la pression
Le 13 Septembre 2007 la banque centrale Marocaine (Banque Al-Maghrib) a donné le feu
vert aux établissements de crédit pour présenter au public les trois produits Ijara,
Moucharaka et
Mourabaha, et en 2009, la banque marocaine (Attijari wafa bank) a créé une filiale (en tant
que société de financement et non une banque)
Aujourd’hui, il y a, au Maroc qui est un pays en voie de développement, des tentatives à
créer un système de banque islamique qui sera capable de délivrer des micros financements
et ainsi de financer des projets privés. Alors qu’après une longue ambivalence, la
Banque centrale marocaine autorise les banques islamiques au Maroc sous l’appellation,
Toutefois, de banques participatives. L’article 54 du projet de Loi n° 103-12 précise que les
Banques participatives sont des personnes morales autoriser à exercer à titre de profession
Habituelle en concordance avec les préceptes de la Charia.

Aujourd'hui la finance islamique devient plus célèbre entre les marocaines, Alors en tant
qu’étudiant en troisième année Gestion, et dans le contexte de la réalisation d’un projet
tuteuré de fin d’étude, j’ai eu la motivation de définir cette finance islamique dont on parle
beaucoup sans vraiment Toujours connaitre ce dont il s’agit, Ainsi que l’a comparer avec la
finance conventionnelle, et tout ça pour tester l’image flow qui est devant les yeux de la
Population marocaine.
D’une part on à la finance islamique autant qu’un moyen de financement alternatifs, et de
l’autre part Le Maroc pays en voie de développement cherche les moyens juridiques de
provoquer le développement de son économie.

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La question qui se pose est de savoir si la finance islamique est une alternative
de finance conventionnelle ?
Pour traiter cette problématique posé ci-dessus on essayera de répondre a certain
question qui s'imposent :
 Qu'est-ce que l'économie islamique et ses principes fondamentales ?
 Qu'est-ce que la finance islamique et ses sources ?
 Quelles sont les fondements et les instruments de la finance islamique ?
 Quelle est la différence entre la finance classique (conventionnelle et la finance
islamique?
 Quels sont les produits alternatifs qui sont commercialisé par les institutions
marocaines?
 Quelles sont les principaux risques encourus par les institutions financières
islamiques?
Ce que on va traiter dans notre projet.

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Chapitre 1 : Approches théoriques et contexte
d’apparition de la finance islamique :
Section 1 : Définition et sources de la finance islamique :
1.1 De l’économie islamique à la finance islamique :
Parler de l’économie islamique pourrait surprendre dans le sens où on entend souvent
parler de la religion comme étant assimilée un rapport entre l’homme et Dieu
exclusivement. La société islamique n’échappe pas à cette vérité. Mais l’Islam enseigne
aussi l’économie, ses objectifs, comment posséder un capital, comment le dépenser,
l’écouler et comment distribuer la richesse parmi les citoyens de la société ?

o Définition de l’économie islamique :

L’économie islamique n’est pas une science, si l’on entend par là un système de
connaissance Fondé sur l’observation et la rationalisation logique des phénomènes réels.

Pour ce faire, et pour souligner le caractère doctrinal de l'Économie islamique, il nous


suffisait donc de dire que «la doctrine est un modèle alors que la science est une
interprétation » pour savoir que l'Économie islamique est une doctrine et non pas une
science. Aujourd’hui on parle de science économique et surtout dans les pays occidentaux
car il s’agit d’incorporation des modèles mathématiques dans l’économie, mais en réalité
l’économie n’est pas une science.

L’économie islamique désigne la pratique de l’économie en accord avec les principes de la


doctrine islamique.

Il est donc erroné d'appeler la société islamique, une société capitaliste, même lorsqu'elle
autorise la propriété privée d'un certain nombre de capitaux et de moyens de production. De
même il est erroné de l'appeler société socialiste même si elle (la société islamique) se sert
du principe de la propriété publique et de la propriété de l'État, pour certaines richesses et
certains capitaux. Et enfin, il est aussi erroné de la considérer comme un mélange de celle-ci
et de celle-là, donc Le modèle économique islamique est différent du capitalisme et du
communisme. L’argent en Islam est à Dieu et non pas à l’individu ni à l’État.

L’économie islamique essaie de créer une harmonie entre l’intérêt personnel et l’intérêt
social en changeant les préférences individuelles en fonction des priorités sociales.

L’Islam a mis en place la zakat comme pilier de l’Islam pour mieux distribuer les richesses
et subvenir aux besoins des pauvres…

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Le but de la zakat est de réaliser l’équilibre et la justice sociale, d’empêcher le monopole
de l’argent par les riches et encourager la circulation des biens.

o Les principes fondamentaux de l’économie islamique :

Dans la conception islamique de l’économie, les principes moraux ont non seulement une
valeur en soi, mais encore une influence sur l’efficience du système économique et social.

A) L’équité :

L’idée principale de l’Islam se trouve dans l’esprit de justice et de la solidarité. Cela


signifie que chacun doit gagner sa vie d’une manière morale et honnête. Ainsi qu’une
rémunération n’est juste que si elle est la contrepartie d’un véritable travail, elle ne doit pas
résulter de la thésaurisation, ou de hasard, ou encore d’un revenu perçu en l’absence de
l’activité. Le prélèvement sur les ressources de la communauté au détriment de ceux qui ont
besoin. L’économie musulmane est fondée sur l’équilibre, l’échange et donc la justice
distributive.

B) La liberté économique :

La liberté économique suppose une information largement diffusée, de manière à ce que


le prix reflète la valeur des choses et que les agents économiques puissent allouer leurs
ressources rationnellement. L’efficience suppose aussi une production au moindre coût. Les
normes islamiques établies par les jurisconsultes se positionnent dans ce cadre de réflexion.
On peut souligner les éléments suivants :

 La liberté de contracter :

Cette liberté est encadrée par des normes qui interdisent certaines pratiques aussi bien au
nom de la religion qu’en vertu de l’efficience économique. L’économie islamique repose sur
une complétude des contrats afin d’assurer une transparence dans des transactions
commerciales et financières.

 Liberté des prix :

Pour l’Islam, les prix doivent être déterminés par la rencontre de l’offre et de la demande.
Si une différence apparait entre le prix constaté et celui sur lequel les experts s’accordent, on
estime que les prix ne sont pas équitables.

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 Diffusion de l’information :

L’islam est conscient de l’importance de l’information pour le bon fonctionnement du


marché. La diffusion d’informations inexactes et avoir l’accès à l’information est
indispensable. La partie qui souffre d’une asymétrie d’information est en droit d’annuler le
contrat.

C) L’esprit d’entreprise :

L’Islam encourage l’enrichissement à condition que celui-ci soit le résultat d’une activité
qui témoigne d’un esprit d’entreprise :

 D’un effort accompagné de l’acceptation d’un engagement induisant un certain


risque, pour obtenir un résultat tangible.

 D’un effort productif conduisant à la production de valeur.

 D’un profit acquis honnêtement conformément aux règles de la Charia. Le capital


peut donc rapporter du profit à condition qu’il participe au processus productif et
qu’il soit exposé au risque de la vie des affaires, une fois obtenu, il doit être remis au
circuit économique, ce qui ne peut que favoriser le développement de la communauté
risque de la vie des affaires, une fois obtenu, il doit être remis au circuit économique,
ce qui ne peut que favoriser le développement de la communauté.

D) Les activités licites :

Les activités et produits illicites comme le commerce dans certains secteurs d’activité
(l’alcool, la viande de porc...) et les transactions portant l’or et la monnaie sont strictement
interdites dans l’économie islamique. Ces interdictions ont comme objectif soit d’éviter les
litiges éventuels dans des contrats complexes (la spéculation) soit pour respecter
strictement l’interdiction de Riba.

E) La propriété :

L’acquisition des droits de propriété peut se faire de trois manières par une activité
économique normale qui combine les ressources naturelles par un capital travail et par le
transfert de droit de même valeur par don au par héritage.

Repousser dans le futur la possibilité d’une consommation dans le présent n’est pas
valorisée par l’Islam et ne peut pas donc donner un droit de propriété. L’intérêt acquis de
cette manière est donc illégitime et illicite et il ne peut pas faire l’objet ni d’un échange ni

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d’un don. L’Islam rejette la thésaurisation et le gaspillage. Les biens doivent être utilisés
d’une manière rationnelle et équitable, sans négliger le bien-être de la société.

o Définition de La finance islamique :

Selon le professeur OULD SASS la finance islamique peut être définie comme un
nouveau système financier dont la conceptualisation se construit autour d’une subtile
conjugaison entre l’économie et l’éthique et le droit musulman des affaires commerciales,
ses finalités résident dans la volonté de faire en sorte que les produits financiers soient
compatibles avec les principes juridico-éthique de l’islam.

 Une finance éthique et responsable :

La finance islamique est une composante de la finance éthique : c’est une finance qui
n’obéit pas à la seule loi du profit mais répond à des critères tels que le développement
durable, l’environnement et la gouvernance. Ce système est construit autour d’une subtile
conjugaison entre l’économie, l’éthique et la loi musulmane.

Elle s’inscrit ainsi dans le cadre plus général des produits financiers éthiques. Elle s’adresse
à tous ceux qui souhaitent une finance plus responsable et qui intègrent dans leurs décision
investissements un certain nombre de critères extra financiers notamment la bonne foi, la
confiance, la franchise ….

 Une finance équitable :

Pour la plupart des musulmans. La finance islamique tire sa racine puise son essence
même dans l’esprit de justice, de solidarité, en un mot dans l’équité qui doit régner au sein
de la communauté, entretenant par la même la bonne entente entre les membres de celle-ci.

 Une finance au service de l’économie réelle :

À travers son principes d’adossement a des actifs tangibles réels, et a la proscription de


l’incertitude et de la spéculation, la finance islamique permet le financement de l’économie
réelle travers la création de la valeur et constitue un réel soutien à la création d’emploi.

1.2 Sources de la finance islamique:1


La finance, ou l’économie islamique en général est guidée par les valeurs de l’Islam. Dans
une économie islamique l’homme n’est pas dans une position de distribuer les ressources de
la façon qu’il veut. Il existe une limitation morale sérieuse imposée par le Saint coran et la
Sunna sur les pouvoirs des individus imprégnés par les valeurs de l’islam.

1
Soufia BENNAMARA "la finance islamique et capital-risque " mémoire de fin d'étude en MBA 2007

Page 9
Pour expliquer la dynamique de la loi islamique et son adaptabilité à tous les temps il est
essentiel de parler des sources et des bases de cette loi. Le droit musulman, Shari’a, est un
système de droit dont les principes et le contenu dérivent du Coran, parole de Dieu révélé à
son prophète Mohammed (paix et salut sur lui), des actions, conduite et paroles du prophète
(la Sunna et les hadiths). Ces sources sont à leur tour développées par le consensus (ijmâ) et
la raison (Ijtihad). Le droit musulman se conçoit comme un système de conduite dans le
domaine rituel, social, économique et personnel.

À partir de là, on peut dire que les sources de la finance islamique se divisent en deux ; les
sources principales et les sources secondaires.

o Les sources principales :

Il existe deux sources principales :

a) Le Coran 2:

C’est le livre saint de l'Islam qui rend compte du message de Dieu tel que révélé au
Prophète Mohammed –paix et bénédictions d'Allah sur lui-, il constitue la première source
en termes de loi. Tout élément tiré d'autres sources juridiques doit impérativement être en
totale conformité avec la parole de Dieu dans le Coran.

Il a un niveau d’éloquence en dehors des capacités humaines d’où son inimitabilité. Il est
une obligation de le suivre et de se conformer à toutes ses injonctions. C’est le premier
niveau de la législation musulmane et sa psalmodie est une adoration.

L’intégralité du Coran est en arabe. IL fut révélé par Allah - Exalté soit-Il – en langue
arabe dans sa forme comme dans son sens. L’exégèse du Coran ou sa traduction dans une
autre langue ne sont pas du Coran.

Le Coran fût transmis de génération en génération. Il fait preuve d’autorité légale, sa


transmission est authentique et aucun doute ne pèse sur sa légitimité.

Le Coran traite tous les aspects de la société, la vie humaine, la morale, l’économie, le
commerce, l’héritage, le mariage, la justice, … sont tous des sujets traités par le Coran.

b) La Sunna3 :

2
Lachemi siagh :"l'islam et le monde des affaire " Edition de d'organisation , paris 2003 page 21
3
Francois GUERANGEA " finance islamique une illustration de la finance éthique " dunod paris 2009 P27

Page
10
La Sunna est un recueil des traditions établies à partir du comportement et des paroles du
prophète Mohammed –paix et bénédictions d'Allah sur lui- et rapportées par ses
compagnons.

La Sunna vient immédiatement après le Coran en rang dans les sources de la législation.
Elle comporte l'explication de ce qui y est concis, l'élucidation de ce qui y est vague, la
restriction de ce qui y est absolu et traite ce qui n'y est pas évoqué.

La Sunna est donc une source indépendante de la législation en ce sens qu'elle peut
comporter des préceptes et des règles qui ne sont pas évoqués dans le Coran.

La distinction entre la Sunna et le hadith est que ce dernier est narratif, rapportant ce que
le prophète a dit, fait, approuvé ou désapprouvé. Alors que la Sunna est la pratique du
prophète - paix et salut sur lui-, c’est les normes comportementales.

o Les sources secondaires :

Même si les solutions de tous les problèmes, qu’ils soient présents ou à venir, se trouvent
dans les deux sources fondamentales citées précédemment, il existe deux sources
secondaires : l’ijmâ et l’ijtihad.

a) El Ijmâ :

C’est l’unanimité des érudits de la religion, à une époque donnée à partir des compagnons
du prophète, sur une règle légale islamique précise. Ce consensus est la résultante de la
compréhension, de l’interprétation et de l’application du Coran et de la Sunna. C’est un
mécanisme permettant d’entreprendre des législations collectives pour suivre les évolutions
et les changements. C’est la troisième source de législation se situant après la Sunna. En
pratique, l'Ijmâ n’intervient que si aucun élément du Coran ou de la Sounna ne permet de
trancher sur un cas.

Même si, théoriquement, El Ijmâ représente une source moins importante que le Coran et
la Sunna, sa valeur pratique reste élevée, car c’est dans les livres où sont exposées les
solutions consacrées par El Ijmâ que le juge va chercher les motifs de la décision qu’il va
prendre.

b) El Ijtihad :

El Ijtihad, étymologiquement « l’effort », est l’exercice de la raison et du jugement


personnel par les savants de l’Islam. Il englobe l’opinion (ra’ y), et l’analogie (qiyas) … C’est
un élément important assurant la dynamique de la Chari’a.

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11
Section 2 : Définition et catégories des banques islamiques :
2-1 Définition des banques islamiques4 :
Il existe plusieurs définitions des banques islamiques, qui se différent entre elles dans
l’élargissement des activités et leurs finalités.

La première définition ; Selon la définition formulée lors du congrès international des


banques islamiques en 1979 ; la banque islamique est une institution bancaire qui collecte
des fonds et les utilise sur la base de la charia islamique, dont le but de fonder une société
solidaire et de réaliser une certaine justice dans la répartition de richesses.

La deuxième définition : la loi bancaire islamique de Koweït n°30 de 2003 relative à la


banque centrale et à la régulation du marché financier, mentionne ainsi explicitement que
« les banques islamiques sont des institutions financières qui effectuent des opérations
bancaires (comprenant celles mentionnées dans la législation sur le commerce ainsi que
celles faisant partie des transactions généralement admises) conformément à la loi
coranique (Charia).

Les deux définitions citées ci-dessus, tournent autour des activités par les banques
islamiques et leurs objectifs sans évoquer le concept de la banque islamique comme
composante de grand système, qui est le système économique.

De ce fait la suivante définition nous parait large et exhaustive : « les banques islamiques
sont des systèmes financiers visant le développement socio-économique dans le cadre de la
charia islamiques, elles se référant aux valeurs morales dictées par la loi divine, et elles
s’employaient à la correction du rôle du capital dans la société. Ce sont des systèmes de
développement social et puisqu’elles effectuent des opérations bancaires dans la gestion des
affaires, elles se mettent au service de la société pour pouvoir réaliser son développement ,
elles emploient rationnellement ses fonds d’une manière qui réalise, avant tout, l’utilité de la
société et elles sont, enfin, sociales parce qu’elles visent, dans leur fonctionnement,
l’entrainement des individus pour mieux rationaliser leur dépenses, leurs épargnes et elles
les aident au développement de leur fonds d’une façon qui leur permettent à leurs sociétés
d’en bénéficier ».

Donc, la banque islamique diffère de la banque conventionnelle par sa définition, car elle
possède une philosophie distincte, basée sur les principes islamiques de justice sociale,

4
AMINE KADAOUI " les banques islamiques et leur impact sur l'économie national" P20-21

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12
d’équité et d’équilibre. Pour cela, elle va intégrer les lois, les pratiques, les procédures et les
instruments qui vont l’aider à maintenir et à dispenser cette justice et cette équité. En outre,
la banque islamique se distingue de la banque conventionnelle dans son rôle aussi :
l’intermédiation n’est pas la seule fonction conférée la banque islamique, elle joue aussi le
rôle d’un investisseur direct. Car son fonctionnement est basé sur le principe de partage des
pertes et des profits, alors le risque n’est pas à sa seule charge, mais il est supporté tant par
elle que par le dépositaire.

Donc c’est une véritable association qui naitra entre les deux parties.

Graphique : Présentation du bilan d’une banque islamique

Source : financededemain.com

2-2 Catégories des banques islamiques5 :


Depuis leur avènement, les banques islamiques ont revêtu différentes formes :

o Les banques islamiques de détail :

Sont celles qui assurent la fonction traditionnelle d'intermédiation. Elles reçoivent


l'argent des déposants et placent cet argent dans des projets pour les comptes de déposants.
Les opérations en amont (la collecte de fonds) et en aval (investissement) sont en principe
basée sur le même principe de partage des pertes et profits, il s'agit de banques comme
l'islamic Bank of Bahreïn, de l'islamic Bank of Qatar, l'islamic banque de Dubaï.

Les banques islamiques de détail sont implantées uniquement dans le monde islamique,
puisque la nature de leurs produits culture de ces organisations ne peut attirer qu'une
communauté musulmane. Un non musulman resterait certainement indifférent.

5
AMINE KADAOUI " les banques islamiques et leur impact sur l'économie national" P22-24

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13
Par ailleurs, les autorités monétaires en occident étaient hostiles à la création des banques
islamiques. Dr Taha professeur au Bahreïn Banking and finance institut disait : « si vous
voulez créer une banque islamique en occident regardez d'abord la réglementation. Si la
banque ne rentre pas dans le cadre légal alors elle ne pourra pas marcher ». C'est le cas
d'une banque de groupe al baraka à londrès quêtait l'objet de fermeture par la banque
d'Angleterre (la banque centrale). Selon le gouverneur de cette dernière « il y a des
difficultés de trouver des moyens satisfaisants pour permettre d'inclure les principes
bancaires tant occidentaux qu'islamiques au sein d'une structure règlementaire unique ».

Mais actuellement la plupart des pays occidentaux sont prêts à adopter cette nouvelle
forme de banque qui fait preuve de son existence dans le monde des affaires.

o Les banques d’investissement islamiques :

Sont des banque (de gros), leur objectif est de collecte de surplus de liquidité des banques
de détail et d'investissement dans des projets par exemple l'IICG (islamic investissement
company of the golfe). L'activité financer de gros est alimentée par les fonds souverains qui
sont à la recherche de placement intéressants essentiellement les banques centrales et les
investisseurs institutionnels des pays pétroliers.

o Les fenêtres islamiques :

Sont des guichets ouverts au sein des banques conventionnelles tant dans le monde arabo-
islamique que dans le monde occidental. Il s'agit d'ABN AMROBANQUE CITIBANK HSBC
SAUDI INTERNATIONAL BANK. Elles fonctionnent selon les principes de la charia. Elles
jouent un rôle crucial notamment dans la gestion de fonds et la structuration islamique ce
qui a entrainé une étroite coopération entre les banques islamiques de détail, les banques
d'investissement et les fenêtres islamique ouvertes par les banques classiques occidentales.

Il y a une grande polémique concernant la licéité de ces fenêtres car le risque de mixité de
flux halal et de flux harem est réel alors différents points de vue militent en faveur ou contre
l'existence de ces fenêtres .Certains les considérant comme non légitimes et n'existant que
pour exploiter la foi des musulmans croyants .Tandis que d'autres les considèrent comme
une source de concurrence bénéfique et génératrice d'innovations .Donc on va prendre
quelques opinions pour éclairer cette divergence .

D'une part cheikh Nidam Yaqubi, Membre des comités de la charia de plusieurs banques
islamiques, dont notamment islamic investment company of the gulf, citibank, islamic Bank
est favorable à la création des fenêtres islamiques si certaines conditions sont respectées :
« mon point de vue est qu'il n’y a pas de mal à ce que les banques conventionnelles ouvrent

Page
14
des fenêtres islamiques. Au contraire cela aidera à la propagation du concept des banques
islamiques ».

J'ai suggéré quatre conditions que les banques conventionnelles doivent respecter, si elles
veulent ouvrir des fenêtres islamiques :

Tout d'abord les objectifs de la banque doivent être authentique et pas simplement
avoir accès aux fonds des musulmans.

Il doit avoir ségrégation entre les fonds de fenêtre et ceux de la banque ou du moins
la fenêtre doit avoir un compte séparé.

Il doit avoir un contrôle qui doit être effectue par un comité de la charia.

La fenêtre doit se conformer aux standards établis par L'AOFI comme toutes autres
banques islamiques.

D'autre part, la plupart des dirigeants des banques islamiques voient que les conditions
proposées par le Cheikh Nidam Yaquabi ne trouvent pas leur application sur le terrain
pratique parce que les banques conventionnelles n'ont pas pris en compte l'activité bancaire
islamique et ne lui ont pas réservé les dispositions spécifiques qui appliquant à l'exercice de
cette activité.

D’après Abdelhak Al Kafsi, directeur général d’Islamic Finance Consulting, les fenêtres
islamiques créées par les banques occidentales sont de simples mesures défensives. C’est
une opportunité pour elles pour drainer des dépôts.

Malgré cette divergence autour de la licéité des fenêtres, ces dernières restent parfois un
moyen indispensable pour faciliter les transactions financières islamiques notamment entre
deux pays qui ont des systèmes financiers différents.

2-3 Les organes de contrôle de système et des institutions


financières islamiques :
Dans le but d’harmoniser les opérations et les activités des institutions financières
islamiques, et de les adapter à la finance internationale et d’élaborer des règles directives
afin de lutter contre des pratiques frauduleuses, plusieurs organes de contrôle se chargent
de cette mission.

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15
o La banque islamique de développement (BID) :

La banque islamique de développement est une institution financière internationale


établie à Djedda, en Arabie Saoudite depuis 1973. Elle a été créée à la suite d’une décision
des ministres des finances des pays de la conférence islamiques, qui est devenue
l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) en 2011, elle compte actuellement 56
membres. Deux bureaux représentatifs de la BID ont été mis en place en 1944, un à Ribat
capitale du Maroc et le deuxième à Kuala Lumpur capitale Malaisienne.22Ainsi, plusieurs
objectifs sont assignés à cette institution:

 Renforcer le développement économique des pays membres. Elle est aussi


responsable de l’aide de la promotion du commerce extérieur au sein de ces pays,
ainsi que les principaux souscripteurs sont l’Arabie Saoudite, la Lybie, l’Iran,
l’Egypte, la Turquie, les Emirats Arabes Unis et le Koweït.

 Fournir des capitaux sociaux pour la création de nouvelles institutions islamiques


afin de collaborer avec les banques nationales islamiques, dans le financement du
domaine des études et de la formation. Elle organise des conférences, des séminaires
en collaboration avec des institutions nationales, régionales et internationales.

 Le BID aide les banques islamiques dans les études à mener sur la « validité » et la «
faisabilité » des projets en demande de financement afin de réduire les risques
d’erreur auxquels elles sont sans arrêt confronter.

 Ainsi, la BID a pour mission de diminuer la pauvreté et de promouvoir le


développement humain, la science et la technologie et la finance.

o La Charia Board ;

La Charia Board ou le comité de la Charia est un élément clé de la structure d’une


institution financière islamique où chaque banque ou fenêtre islamique a l’obligation de
mandater un comité indépendant chargé de valider les transactions de l’établissement
conformément aux normes de la Charia. Elle est composée de quatre à sept membres23 à la
fois compétente pour interpréter la jurisprudence islamique et avec des connaissances
suffisantes en matière de finance et d’ingénierie financière. Chaque membre de comité est
sélectionné par le conseil d’administration et à la fin de chaque année le comité remet un
rapport sur l’adéquation des pratiques de banque avec la loi islamique. Et afin de surveiller
les opérations de la banque d’une manière plus fréquente, la Charia Board nomme un
comité exécutif chargé parfois mensuellement de vérifier les opérations de l’institution
financière islamique.

Page
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La divergence d’opinion entre les différents conseils de la Charia d’un pays à un autre,
avec le manque d’expert juridico-économique être considérés comme des obstacles majeurs
au développement de la finance islamique.

o L’Accounting and Auditing Organization of Islamic Financial


Institution (AAOIFI) :

C’est une organisation qui a été créée en 1991 à la suite d’une décision adoptée en 1987 par
les dirigeants de la BID, et des principales banques de l’époque et d’un accord signé à Alger
en 1990, par neuf institutions financières islamiques. Elle est située à Bahreïn et a pour rôle
d’adapter les règles de fonctionnement des institutions financières islamiques aux normes
internationales, elle essaie de se conformer aux IFRS afin d’être en adéquation avec les
normes comptables internationales. L’AAOIFI à un but non lucratif, elle est créée pour
promouvoir les principes de la Charia auprès des institutions financières islamique et des
autres acteurs du secteur. Ainsi, que la plus parts des banques islamiques se tournent vers
elle pour obtenir des orientations. L’AAOIFI établi des standards en matière d’audit, de
gouvernance d’éthique à l’attention des institutions financières qui souhaitent développer
leurs activités sur le marché de la finance islamique, et dont l’objectif est de contribuer à une
plus grande harmonisation des produits et techniques de financement islamique.

o L’Islamic Financial Services Board (IFSB) :

L’IFSB a été institué en 2002 à Kuala Lumpur en Malaisie. Ce dispositif comporte 178
membres y compris la banque mondiale, la BID et le FMI, etc.…, 42 autorités de
règlementation et de supervision, 6 organisations gouvernementales internationales et 130
banques opérant dans 34 juridictions. Il s’agit d’une institution multilatérale qui a pour
objectif de promouvoir le développement d’un secteur des services financiers islamiques,
prudent transparent créant ou en adoptant des standards internationaux existants
conformes à la Charia. Dans ce cadre, la tâche de l’IFSB est celle du comité de Bale sur le
contrôle bancaire, de l’organisation internationale des commissions de valeurs et de
l’association internationale des superviseurs d’assurance.

Section 3 : Évolution historique de la finance islamique dans le


monde:
Il y a trente ans la finance islamique ne représentait qu’une goutte d’eau dans l’océan de
la finance internationale. Mais ces dernières années elle a connu une expansion
remarquable avec un taux de croissance qui dépasse 25 %.

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17
Il est nécessaire de noter que l’apparition de cette finance est due à plusieurs facteurs, les
plus importants sont6 :

 Le renouveau religieux, comme en témoigne d’un côté l’observance grandissante


d’obligations islamiques, telles que le jeune du moins de Ramadan, le pèlerinage à la
Mecque et la Zakat. D’autre part, vers la moitié des années soixante un certain
nombre de savants musulmans tentèrent de forger une approche islamique pour
traiter les différents problèmes financiers. Notamment la question de la légitimité de
l’application de l’intérêt et la nécessité d’instaurer un système financier en conformité
avec les normes islamiques.

 L’augmentation de la manne pétrolière notamment avec les chocs pétroliers des


années 70, qui ont engendré une source de fonds accrus (Pétrodollars) pour certains
pays musulmans. Ce qui a poussé ces derniers à créer des banques islamiques.

 Les crises subies par certaines institutions financières conventionnelles révélant la


faiblesse de ces dernières et donnent la possibilité pour les institutions financières
islamiques de prendre le relais.

La finance islamique a connu un démarrage fulgurant ; le nombre d’institutions financières


islamiques est passé d’une seule en 1963 à plus de 300 aujourd’hui dans plus de 75 pays. La
majorité concentrée dans le monde musulman. Mais actuellement elles suscitent un vif
intérêt de la part de nombreux pays non musulmans.

3-1 L’évolution dans le monde musulman7 :


Les pays musulmans sont les premiers à avoir pris l’initiative d’intégrer la finance
islamique dans leur système financier. Mais cette intégration varie selon chaque pays.

o L’Égypte :

La première expérience d’une banque islamique a eu lieu en 1963 en Égypte sous la


forme d’une caisse d’épargne rurale du Mit-Ghamar, fondée par l’économiste Ahmed El
Najar. Cette dernière est inspirée de la caisse d’épargne allemande, on note que la
population rurale elle-même a joué un rôle crucial dans création de cette banque par sa
méfiance envers les institutions financières fonctionnent selon le modèle occidental. Cette
caisse d’épargne a pour objectif d’effectuer des opérations financières reposant sur le
principe de partage du profil et de perte tel que l’investissement dans les petits projets
d’agriculture par exemple. D’autre part l’octroi des aides financières pour les pèlerins. Cette
6
BAHRI OUM EL KHAIR " la finance islamique compartiment de la finance e de aujourd'hui " mémoire de magister P11
7
BAHRI OUM EL KHAIR P12-17

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18
tentative a connu un succès incontournable à compter plus de vingt succursales pendant
quatre années d’exercice mais malgré ce succès, l’expérience a pris fin en 1967 pour des
raisons politiques.

L’année 1972 a témoigné l’apparition d’une nouvelle institution bancaire la Nasser Social-
Banque. L’objectif de cette dernière était la prestation des services à caractère social pour
aider les catégories défavorisées par l’octroi des prêts sans intérêts.

Dans les années 70 plusieurs réunions et congrès islamiques se sont déroulés afin de créer
une institution supranationale basé sur les dogmes islamiques. Parmi les plus importants
congrès on cite :

 Le congrès de Caire, du 7 au 9 février, son objet est la nécessité d’appliquer la


procédure islamique dans les transactions financières.

 Le congrès de Karachi du 28 décembre 1970 ou l’Égypte présenté un projet de loi


islamique.

 Le congrès de Djeddah du 23 au 25 mars 1970 qui avait confié à l’Égypte la


préparation d’un projet de loi pour créer une banque islamique mondiale.

o Pakistan :

L’islamisation du système financier pakistanais eut lieu dans l’année 1977, durant cette
période la Charia a été introduite comme loi officielle du pays. La même année a témoigné
aussi l’implantation du conseil d’idéologie islamique qui mit en place plusieurs
recommandations visant à éliminer progressivement l’intérêt de l’industrie bancaire
pakistanais.

En 1984, la banque centrale pakistanaise impose une période de transition de deux ans,
pendant laquelle toutes les institutions financières se devaient adapter toutes leurs activités
avec les principes financiers islamiques.

L’expérience des banques islamique au Pakistan est très riche notamment dans le
domaine d’investissement, il suffit de citer la Bankers Equity Ltd qui fut créer en 1979 et
transformée en Société Moudaraba en 1981. Ses objectifs sont de promouvoir
l’investissement dans le secteur privé de l’industrie et développer le marché financier par
des concours non assortis de taux d’intérêt.

o L’Iran :

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L’islamisation du système bancaire en Iran connait le même succès qu’au Pakistan. Sauf
en deux points de différence. En premier lieu, l’islamisation officielle du système bancaire
Iranien a pris place dans le contexte révolutionnaire et démocratique. La seconde différence,
c’est que l’Iran a adopté pour un passage immédiat de son système bancaire conventionnel
vers un système bancaire islamique.

Par conséquent, l’Iran a dû nationaliser toutes ses institutions afin d’éviter les risques de
fuites des capitaux consécutives à la révolution islamique de 1979. Les deux premières
banques iraniennes islamiques sont : la Bank Saderat et Bank Mellat : Au fil des années, 671
des banques iraniennes sont devenues purement islamiques et dominent le classement des
islamiques dans le monde.

o Les pays du golfe :

La date du 20-10-1975 a été marquée par un évènement très important, c’est la création
d’une banque islamique gouvernementale dénommée la banque islamique de
développement (BID) à Dleddah.

Elle fut créée par quatre pays membres fondateurs l’Arabie Saoudite, la Lybie, les Emirats
Arabes Unis et le Koweït.

Selon ses statuts la BID a pour mission d’améliorer le développement économique et le


progrès social dans les pays membres, d’une manière indépendante des théories
occidentales. La BID suivant les préceptes da la loi islamique, peut fournir des fonds propres
et des prêts sans intérêt pour des projets de développement.

Elle joue également un rôle très intéressent dans le financement du commerce international,
elle apporte aussi son assistance technique en matière de coordination des projets de
développement.

Outre la BID, on peut trouver un second groupe dans les pays du golfe :

 Al Rajhi Trading and Exchange corporation en 1978.

 La banque islamique de Dubaï fondée en 1975.

 La Koweït Finance House créée en 1977.

 Bahreïn Islamique Bank : la première banque islamique du royaume de Bahreïn,


fondée en 1979.

 Abu Dhabi Islamique Bank créée en 1997.

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o Les pays du Maghreb :

Malgré le potentiel et le gisement de clientèle qui existe, le développement de la finance


islamique reste toujours faible dans les pays du Maghreb, sauf que certaines banques
islamiques du Golfe prennent l’initiative d’envisager une diversification géographique et
pénétrer le marché bancaire de détail au Maghreb.

 La Maroc :

Au Maroc, le concept de la banque islamique est en train d’émerger très faiblement


malgré le changement de la règlementation opéré par la Bank Al Maghrib (Banque centrale
du Maroc) qui a autorisé le 20 Mars 2007, l’offre de produits alternatives : Ijara, Mourabaha
et la Moudaraba, et ce après une longue période de refus des dits produits islamiques.

Donc les banques marocaines ont officiellement la possibilité de commercialiser ces


produits tels que Attijari Wafa Bank et BMCE.

 La Tunisie :

En 2007, la Tunisie a autorisé la création d’une banque islamique, la Zitouna Bank. Une
année après, la banque émiratie Noor Islamic Bank filiale de Dubaï Investissement Group a
pris l’initiative d’ouvrir le premier bureau de représentation en Tunisie.

L’activité principale de ce dernier réside dans l’orientation des investissements des pays
membres du conseil de coopération de la région du Golfe (CCG) vers la région de l’Afrique
de Nord (Tunisie, Algérie, Maroc).

 L’Algérie :

La Banque Al Baraka a été la première à investir le champ de la finance islamique en


Algérie, C’est en 1990 que la banque de l’agriculture et du développement rural (BADR) et le
groupe Dallah Al Baraka Djeddah (Arabie Saoudite), ont procédé à la signature d’un
protocole portant création d’une banque mixte Banque Al Baraka Algérie

Cet établissement exerce ses activités conformément à la Charia et offre des produits
bancaires islamiques aux particuliers

En Octobre 2008, une deuxième banque islamique s’installe en Algérie, il s’agit d’Al Salm
Bank Algérie. Cette dernière vise le financement des entreprises, des particuliers et des
différents secteurs comme l’agriculture.
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21
Elle est dotée d’un capital de 100 millions de dollars et dispose de deux Agences qui
emploient 60 agents. Parmi eux des cadres algériens venant d’autres banques.

Il est intéressant de noter que les pays musulmans sont différents dans l’adoption du
système financier islamique, on prend comme exemple l’Iran et le Pakistan qui ont opté
pour un changement total du système financier conventionnel vers un autre système
financier islamique. Cependant, il y a d’autres pays musulmans tel que l’Arabie Saoudite,
l’Égypte, l’Algérie, qui ont un système financier mixte ou les banques islamiques cohabitent
avec les banques conventionnelles.

3-2 L’évolution dans le monde non musulman8:


Le grand succès réalisé par la finance islamique pratiqué dans le monde musulman
intéresse de plus en plus le monde non musulman, qui veut à tout prix attirer une catégorie
d’investisseurs, qui ont un gisement très important et désirant l’investi conformément à la
Charia.

Parmi ces pays la Grande-Bretagne, la Suisse, la France, l’Allemagne et les Etats Unis.

o La Suisse :

Le 27-07-1986, une institution financière Dar Al Maal Al islami est fondée en Suisse. Elle
est parmi les plus importantes institutions financières islamiques dont le siège est à Grève.
Cette banque a pour objet de fournir des services bancaires commerciaux islamiques
(dépôts, prêts, cartes de crédit, gestion de fonds et de portefeuille).

Outre cette activité de détail, elle offre des services d’investissements.

Ce puissant groupe financier est installé dans une dizaine de pays via des filiales locales et
a participé à la fondation de plusieurs institutions financières telles que les banques
islamiques, les sociétés d’investissement commerciales, les sociétés d’assurances et les
sociétés d’affaires privées.

o L’Allemagne :

L’année 1978 est caractérisée par l’apparition de la première institution islamique en


Europe dénommé la Islam Bank System international Holding, qui est installé au
Luxemburg. Elle est la première qui a travaillé selon la théorie de la Moudaraba. À partir du
01-07-1985, elle est devenue Islamic Finance House Universal Holding (IFHUH).

8
BAHRI OUM EL KHAIR P18-21

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22
D’autre part, la majorité des institutions allemandes comme la Deutsche Bank, sont
impliquées dans la finance islamique, mais il y a encore, peu d’activité en Allemagne parce
qu’il est plus difficile de rendre les produits charia conformes aux standards de supervision.

o La Grande-Bretagne :

Londres est sans conteste la première place financière islamique et également la plaque
tournante des réflexions et discutions sue ce sujet. Par conséquent, la Grande-Bretagne est
le pays d’Europe le plus avancé et le plus ouvert à une réelle implantation du système
financier islamique.

Une trentaine pays sont actuellement activés sur le marché de la finance islamique en
Grande-Bretagne, et d’autres candidatures sont déposées.

Il existe deux modèles possibles pour les banques islamiques au Royaume Uni ; le premier
consiste à se revendiquer comme pleinement islamique, le second est considéré comme la
vitrine islamique d’organismes plus traditionnels.

Trois banques fonctionnant sur le premier modèle, sont actuellement autorisées à opérer :
l’Islamic Bank of Britain, l’Europran Islamic Investisment Bank et la Bank of London and
middle East, outre, un fonds spéculatif islamique et une compagnie d’assurance islamique
Takaful.

o La France :

Avec près de 5 millions de musulmans vivant en France, Population qui croit aussi le plus
fortement en Europe, la France en compte pas encore dans le monde de la finance
islamique, sauf quelques banques qui sont actives sue ce créneau telles que BNP Paribas qui
a créé en 2003 à Bahreïn une division islamique pour répondre à la forte demande de la
clientèle Calyons, la banque d’affaires du crédit agricole a ouvert son islamic Banking Unit
en 2004 Nataxis, une banque populaire a aussi annoncé en 2006 d’avoir participé au
financement de la flotte d’une nouvelle compagnie aérienne Koweitienne à coté de Kuwait
Fiance House deuxième banque islamique mondiale.

o Les États Unis :

Les États Unis disposent d’un réel marché pour le développement des services financiers
islamiques, grâce au nombre de musulmans qui dépasse les 6 millions dont la plupart ont
un revenu très important. En réponse à cette forte demande, plusieurs institutions ont été
lancées. Parmi celles-ci, la Lariba Bank de l’America Finance House, qui est autorisée à
opérer dans plus de 13 États américains. Cette dernière propose une panoplie de services de

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23
financement, parmi qui s’est également largement développée est l’Amaria Mutual Fund
basée à Washington, ce fonds permet aux investisseurs de placer leur argent dans un
portefeuille diversifié d’actions de compagnies conformément aux principes de la Charia.

Il est très important de citer l’initiative prise par Omar Clark Fisher qui lança en 1992, la
première société de leasing islamique qui atteignit après trois ans d’existence un portefeuille
d’investissement de plus de 6 millions de Dollars.

Si la jeunesse de la finance islamique a été dominée par un petit nombre de pays


(essentiellement l’Arabie Saoudite, l’Égypte et le Pakistan), au cours des années 70 et 80, de
nouveaux centres de finances islamiques apparaissent notamment dans certains pays
occidentaux.

Donc l’activité financière islamique est devenue mondiales avec un nombre colossal
d’établissements financiers éparpillés dans plus de 75 pays.

Chapitre 2 : La finance islamique une alternative de la


finance conventionnelle :
Section 1 : les fondements de la finance islamique :
Ce qui distingue l'approche islamique des pratiques financières conventionnelles est une
conception différente de la valeur du capital et du travail. Au lieu d'une simple relation
prêteur-emprunteur, le système financier islamique repose sur un partage plus équitable du
risque entre le prêteur et le propriétaire d'entreprise. Cette pratique découle de cinq piliers
principaux sur lesquels se base le modèle financier islamique : il s'agit de l'interdiction du
Riba (usure), l'interdiction du Gharar (spéculation) et du Maysir (incertitude), l'exigence
d'investissement dans les secteurs licites, l'obligation de partage des profits et des pertes
(P3) et enfin le principe d'adossement des investissements à des actifs tangibles de
l'économie réelle.

1.1 L’interdiction de l’intérêt (Riba)9 :


L’économie islamique est fondée sur l’interdiction du Riba. Ce mot arabe qui signifie
augmentation couvre la notion d’usure et d’intérêt. Cette pratique financière est totalement
prohibée qu’elle soit à taux faible ou élevé. D’ailleurs Martens (2001) indique que cette
interdiction est aussi présente dans les autres grandes religions à savoir la judaïque et le
christianisme à travers leurs bibles (respectivement Le Torah et l’Evangile). Riba a deux
formes principales :

9
JBIRA MOHAMED "la finance islamique" P21

Page
24
 Le Riba-Al-fadl : Il s'agit de tout surplus concret perçu lors d'un échange direct entre
deux choses de même nature qui se vendent au poids ou à la mesure.
 Riba-Annassia : Le surplus perçu lors de l'acquittement d'un dû, dont le paiement a
été posé comme condition de façon explicite ou implicite dans le contrat, en raison du
délai accordé pour le règlement différé. Riba-Annassia est le type le plus répandu
dans la société, notamment à travers les crédits, des prêts et des placements proposés
par les établissements bancaires et les organismes de financement traditionnels.

Ce qui différencie le Riba de la vente d'un bien ou d'un service, est que la contrepartie
perçue n'est considérée comme acceptable dans le droit musulman, que si elle vise à
compenser quelque chose de légitime, comme :

 La perte de valeur liée à l'usage d'un bien (dans le cas de la location d'un bien)
 L'effort fourni pour la réalisation d'un objet (dans le cas de la vente d'un bien produit
par le vendeur)
 Ou le travail accompli pour l'obtention d'un bien matériel et le risque engagé dans sa
prise en charge (dans le cas de la vente d'une marchandise achetée à autrui).

Selon l'orientaliste français Jacques Austruy la prohibition du Riba dans toutes ses formes
semble être l'une des conséquences de l'égalitarisme recherché dans la loi musulmane.
D'après lui, cette interdiction est fondée sur la double affirmation que le temps appartient à
Dieu seul et que l'argent, en lui-même, n'est pas productif. Ainsi, la Charia interdit le retrait
par le prêteur d'un quelconque avantage de son prêt, sauf si cet avantage est librement
accordé par l'emprunteur après remboursement du prêt et sans en constituer une condition
tacite ou explicite.

1.2 L’interdiction de l’incertitude et de le spéculation (Gharar et


Maysir)10 :
La Charia exige également, dans les affaires et le commerce, qu'il n'est pas permis de
conclure de transaction qui renferme du Gharar. Le Gharar peut être définit comme étant
tout flou non négligeable au niveau d'un des biens échangés et/ou qui présente en soi un
caractère hasardeux et incertain. C'est le cas notamment :

 Lorsque la vente porte sur une marchandise qui n'est pas déterminée de façon
précise.
 Lorsque la transaction est conclue sans que le prix de la marchandise ne soit fixé de
façon claire.

10
JBIRA MOHAMED "la finance islamique" p22

Page
25
 Lorsque la transaction porte sur une marchandise déterminée que le vendeur ne
possède pas encore.
 Lorsque le transfert de propriété est conditionné à un évènement hasardeux.

Ceci correspond en finance conventionnelle aux produits ou transactions à terme


caractérisés par une incertitude évidente quant à leur réalisation, tels que les Futures, les
Swaps ou les autres produits financiers plus complexes.

De la même manière, le Charia interdit les transactions basées sur le Maysir.


Étymologiquement, le Maysir était un jeu de hasard, dans le domaine économique, il
désigne toute forme de contrat dans lequel le droit des parties contractantes dépend d'un
événement aléatoire. Ainsi, chaque contrat doit avoir tous les termes fondamentaux (tels
que l'objet, le prix, les délais d'exécution et l'identité des parties) clairement définis au jour
de sa conclusion. Les juristes musulmans encouragent par ailleurs fortement la satisfaction
de toutes les conditions préalables avant la signature du contrat. Ceci différencie clairement
les banques Islamiques des institutions de prêt à intérêt, basées sur le principe que l'on peut
acheter sans payer et vendre sans détenir, ce qui alimente constamment la spéculation et
porte préjudice à la stabilité du système bancaire.

Le risque calculé d'un investissement est autorisé par la Charia, en revanche l'interdiction
des contrats à terme impliquant le Gharar et le Maysir vient du fait que le risque de fausse
anticipation d'évolution des marchés pourrait remettre en cause la réalisation de
transactions basées sur l'incertitude, la spéculation, ou même la détention délictuelle d'une
information privilégiée et préalable. Les juristes musulmans justifient également la
prohibition de ces transactions par la nécessité d'orienter les fonds disponibles au
financement de l'économie réelle, au lieu de les laisser alimenter les bulles financières vides
de toute productivité et de richesse utile.

1.3 L’interdiction des investissements illicites (Haram)11 :


La Charia exige également que tout musulman ne peut traiter des biens jugés illicites ou
Haram. En effet, il existe des exigences quant à la nature de l'activité dans laquelle un
investissement demeure conforme aux impératifs moraux et religieux tels que dictés par
l'Islam. Ainsi, les jeux de hasard, les activités en relation avec l’alcool, avec l'élevage porcin
ou encore avec l’armement, avec l’industrie cinématographique suscitant ou suggérant la
débauche et les activités liées à la pornographie en particulier constituent des secteurs
d'investissement prohibés dans l'Islam. On retrouve ce principe d'exclusion dans la finance

11
JBIRA MOHAMED "la finance islamique" p23

Page
26
éthique en faveur du développement durable et dans l'investissement socialement
responsable.

Du point de vue financier, les sous-jacents de tout type de contrats doivent également
être conformes à la Charia. Typiquement, dans le cadre d'une prise de participation sous la
forme d'actions, un certain nombre de secteurs dont les activités sont considérées comme
illicites sont à exclure de l'univers d'investissements.

1.4 Le Principe du Partage de Profits et de Pertes (3P) 12:


La notion de partage des pertes et profits est un des éléments clés dans le concept de
finance islamique car elle est le reflet des valeurs que l’Islam transmet à ses fidèles, à savoir
justice, égalité sociale et fraternité. Ce système est défini par KHAN (1984) comme étant «
un mécanisme financier qui lie le capital financier à l’industrie et au commerce sans utiliser
un intérêt ». Il s’agit donc d’un procédé qui permet aux techniques de financements
islamiques d’établir des échanges commerciaux en empêchant l’intérêt et ceci dans les règles
de la Charia. Cette technique permet en outre le partage des risques entre entrepreneur et
investisseur. Effectivement, ce dernier est directement lié au bon déroulement des affaires
lors de la transaction basée sur le principe des 3P alors que lors d’un prêt à intérêt le risque
est en partie transféré au demandeur de fond.

Le principe de partage des pertes et profits est utilisé dans plusieurs techniques de
financements islamiques tels que le Moudaraba où la banque va financer entièrement le
projet et l’entrepreneur va fournir son travail afin de faire fructifier le montant investi.

Les profits sont partagés tandis que les pertes sont entièrement assumées par la banque.
Ou encore le Mousharaka, transaction qui permet à la banque et l’entrepreneur de s’associer
pour un projet et partager les pertes et profits. Ces méthodes de financement se rapprochent
du capital risque où l’investisseur va financer la phase post-amorçage de l’entreprise. Elles
favorisent le développement des entreprises et donc de la croissance économique.

Nous comprenons rapidement que ce système suppose des risques supérieurs car,
contrairement aux banques conventionnelles, la rémunération d’un type de financement
dépend directement du rendement de l’opération et donc de la gestion du projet par
l’entrepreneur. Le financement islamique ne peut donc être viable qu’avec des clauses
contractuelles strictes permettant à la banque de s’assurer du bon fonctionnement des
affaires. Sans quoi la direction de l’entreprise partenaire pourrait maquiller ses résultats
financiers afin de diminuer la rétribution à la banque.

12
JBIRA MOHAMED "la finance islamique" P24

Page
27
De plus, dans un tel système, les critères de sélection d’un projet par la banque ne sont
plus basés sur des questions de solvabilité mais plus sur la rentabilité anticipée, laquelle est
très difficilement estimable.

1.5 La tangibilité de l’actif « Asset Backing »13 :


Toute transaction financière doit être sous-entendue par un actif pour être valide selon la
Charia. La tangibilité de l’actif signifie que toute opération doit être obligatoirement adossée
à un actif tangible, réel, matériel et surtout Détenu.

Ce principe de « Asset Backing » permet de renforcer le potentiel en termes de stabilité et


de maîtrise des risques et rassure notamment quant aux problématiques de déconnexion de
la sphère financière à la sphère réelle.

Le principe de la tangibilité des actifs est également une manière pour la finance islamique
de participer au développement de l'économie réelle par la création d'activité économique
dans les autres domaines.

Section 2 : Les instruments de la finance islamique :


Si, dans la section précédente, nous avons exposé les principes sur lesquels repose la
finance islamique, nous allons examiner présent les différents contrats que les banques
islamiques et les filiales islamiques des banques conventionnelles ont développés pour
demeurer fidèles aux prescriptives islamiques. Divers et nombreux, ceux-ci joué un rôle
prépondérant dans l’évolution croissante de la finance islamique, mais nous n’en
envisagerons que les contrats les plus utilisés.

Commençons donc par dissocier les instruments dits « participatives », tels que la
Moudaraba et la Moucharaka, de ceux dits « de financement », comme la Mourabaha, l’Ijara
et l’Istisnaa.

Le graphique ci-dessous donne un aperçu de la répartition de ces différents contrats :

13
JBIRA MOHAMED "la finance islamique" P25

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28
Graphique : Répartition des actifs islamiques par types de produits.

Source : Daily-bourse

2-1 Les instruments participatifs:


Les instruments de participation se basent sur le principe de partage des profits et des
pertes qui est à la base de l’intermédiation financière islamique du moment que cette
dernière correspond à des techniques de financement qui ouvre le droit à un profit réel et à
un intérêt tangible.

o La mousharaka 14:

La Musharaka est un contrat entre la banque et le client en vertu duquel la banque et le


client apportent chacun des capitaux en vue d'un projet spécifique. Les partenaires
apportent les fonds, mais seul un d'eux, dispose de la charge de la gestion du projet.

Les conditions de partage des profits sont prédéfinies. La répartition des bénéfices réalisés
est au prorata. Le remboursement obéit à un tableau d'amortissement qui comprend, outre
le capital principal, les bénéfices tirés par la banque pour cette opération. Les pertes sont
partagées en fonction de l'apport en capital investi.

14
JBIRA MOHAMED "la finance islamique" p 49

Page
29
Graphique n° 1 : Schéma d’un contrat Mousharaka.

Source : fr.financialislam.com

On distingue deux modes de mousharaka :

o Mousharaka daima (définitive) :

La banque participe au financement du projet de façon durable et perçoit régulièrement sa


part des bénéfices en sa qualité d'associé copropriétaire. Il s'agit en l'occurrence pour la
banque d'un emploi à long ou moyen terme de ces ressources.

o Mousharaka moutanaquissa (dégressive) :

Il s’agit d’une variante de la Mousharaka classique mais avec une différence importante
permettant à l’entrepreneur d’agrandir progressivement sa participation dans le partenariat.
Concrètement, la participation du financier est divisée en plusieurs unités et le client promet
contractuellement d’acquérir l’ensemble de ces unités sur une période donnée.

C’est un instrument souvent employé dans le cadre de financement d’un projet que
l’entrepreneur souhaiterait posséder à terme. Il pourrait également être utilisé dans le cadre
de prêts hypothécaires conforme à la Charia.

On distingue aussi deux formes de mousharaka :

o Charikat al mulk (association de fait) :

Il s'agit d'une propriété commune acquise de plein gré des associés comme dans le cas de
deux personnes acceptant en donation un même bien indivisible ou involontairement
comme dans le cas de deux personnes héritant conjointement d'un bien immobilier.
Sharikat al mulk n'est donc pas une société au sens généralement réservé à ce terme. Sa

Page
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conclusion ne nécessite pas l'offre et l'acceptation et son objet n'est pas, en général, lié à une
activité commerciale déterminée.

o Charikat al aqd (association contractuelle) :

Elle peut être considérée comme mousharaka car les parties concernées ont accepté de
leur plein gré de s'associer dans un projet d'investissement et de partager les profits et
pertes qui en découlent. Dans ce cadre ce qui est important, est que les partenaires
acceptent de supporter ensemble les risques auxquels le projet est exposé. Le contrat peut
être informel ou formel, mais il est préférable à ce que les termes du contrat soient écrits en
présence de témoins. Les termes et conditions du contrat doivent être en conformité avec la
Sharia.

o La Moudaraba15 :

La Mudaraba est une technique de financement utilisée par les banques islamiques. La
banque joue le rôle de l'investisseur (Rab el Mal). Elle s'engage à financer intégralement le
projet. En contrepartie, l'entrepreneur (Moudarib) doit assurer la gestion du projet. La
rémunération est fondée sur un pourcentage de bénéfices de l'entrepreneur fixé à l'avance.
Les pertes éventuelles doivent être supportées par le seul bailleur de capitaux. Le chef
d'entreprise renonce à une rémunération variable de son travail. Aujourd'hui, la Mudaraba
peut s'appliquer à diverses activités économiques

Graphique n° 3 : Schéma simplifie d’un contrat moudaraba.

Source : fr.financialislam.com

15
JBIRA MOHAMED "la finance islamique" P49

Page
31
2-2 Les instruments de financement :
o La Mourabaha16 :

Le mot mourabaha vient du mot arabe ribh signifiant gain ou bénéfice. Il s’agit d’un
contrat de vente au prix de revient majoré d'une marge bénéficiaire connue et convenue
entre l'acheteur et le vendeur.

Après la réalisation du contrat mourabaha, la marchandise devient la propriété exclusive


et définitive de l'acheteur final et le demeurera quels que soient les incidents qui peuvent
survenir par la suite. Toutefois, la banque peut prendre un gage sur les marchandises
vendues en garantie du paiement des prix de vente et mettre en jeu ce gage le cas échéant.
De même, elle peut tenir compte des cas de mévente du client et accorder à ce dernier un
rééchelonnement de son échéancier sans que cela n'entraîne une majoration de prix.

Pour la réalisation de cette opération certaines conditions doivent être réunies :

 L’objet de la mourabaha doit être conforme aux préceptes de la sharia.

 La banque doit acquérir le bien pour ensuite le revendre à son client avec bénéfice et
non en percevant des intérêts.

 Le prix de revient, la marge bénéficiaire de la banque et le (s) délai (s) de paiement


doivent être préalablement connus et acceptés par les deux parties.

Graphique n° 4 : Schéma d’un contrat mourabaha :

Source : fr.financialislam.com

16
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc : de la logique conventionnelle vers la vision participative" P31

Page
32
o L’Ijara17 :

Ijara vient du mot arabe oujra signifiant loyer. Pratiquement, c’est un contrat par lequel
la banque acquiert des machines et des équipements nécessaires à la réalisation d’un projet
puis en transfèrent l’usufruit au bénéficiaire pour une période durant laquelle elle conserve
la propriété de ces biens. La banque supporte tous les risques liés à la propriété c'est-à-dire
c’est à elle que revient la responsabilité d'effectuer tous travaux d'entretien et de réparation
nécessaires au maintien du bien loué dans un état de servir à l'usage auquel il est destiné.

Il s’agit d’une technique relativement récente qui implique trois acteurs :

 Le fournisseur (fabriquant ou vendeur) du bien.

 Le bailleur (la banque qui achète le bien et le loue).

 Le locataire qui loue le bien.

De la définition ressort que le contrat ijara est l’équivalent du crédit-bail ou du leasing.

Le contrat ijara se déroule de la manière suivante :

 La banque achète le bien à un vendeur, puis le loue à un client.

 Les loyers périodiques sont recouvrés par la banque.

 La propriété passe au client à la fin du contrat dans le cas d’une location-vente.

Graphique n° 5 : Schéma d’un contrat Ijara :

Source : fr.financialislam.com

17
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc : de la logique conventionnelle vers la vision participative" P32-
33

Page
33
o Le Salam18 :

Le Salam peut être défini comme un contrat de vente avec livraison différée de la
marchandise. Ainsi, contrairement à la mourabaha, la banque n'intervient pas comme
vendeur à crédit de la marchandise acquise sur commande de sa relation, mais comme
acquéreur, avec paiement comptant d'une marchandise qui lui sera livrée à terme par son
partenaire.

Le Salam présente l'avantage de permettre à la banque d'avancer directement des fonds à


son client, en se positionnant en tant qu'acheteur vis à vis de lui et en lui concédant un délai
pour la livraison des marchandises achetées.

Comparativement aux pratiques bancaires classiques, le Salam peut se substituer, au


contrat à terme dans lequel la livraison est différé alors que le paiement est au comptant.

Le contrat Salam comprend trois étapes :

 La banque effectue le paiement au fournisseur.

 Le vendeur livre les produits à la banque.

 La banque vend les produits à l’acheteur.

Graphique n° : Schéma d’un contrat Salam :

Source : Sharia-finance.lu

18
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc : de la logique conventionnelle vers la vision participative"P34

Page
34
o L’istisnaâ19 :

L'istisnaâ est un contrat d'entreprise en vertu duquel une partie MOUSTASNII «


investisseur » demande à une autre SANII « entrepreneur/fabricant » de lui fabriquer ou
construire un ouvrage moyennant une rémunération payable d'avance, de manière
fractionnée ou à terme. Il s'agit d'une variante qui s'apparente au contrat Salam à la
différence que l'objet de la transaction porte sur la livraison, non pas de marchandises
achetées en l'état, mais de produit fini ayant subi une transformation.

En effet, le vendeur s'engage à fournir dans un délai précis et a un prix convenu


préalablement le bien immobilier selon les conditions émises lors de l'élaboration des
cahiers de charges. En contrepartie, l'acheteur s'engage à payer le vendeur en fonction de
l'avancée des travaux.

Graphique n° : Schéma d’un contrat Istisnaâ :

Source : fr.financialislam.com

2-3 Les autres produits financiers islamiques :


o Les sukuk20 :

Le Sukuk est l'équivalent islamique d'une obligation où l'intérêt devient un profit prévu
à l'avance à risque quasi-nul. Cette forme d'obligation est particulièrement utilisée pour les
financements immobiliers.

Le Sukuk permet de rémunérer un placement en évitant l'usage de l'intérêt.


L'investisseur possède une part de propriété dans un actif sous-jacent. En échange, celle-ci
lui assure un revenu. Pour cela, la société émettrice doit repérer les actifs destinés à la vente

19
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc : de la logique conventionnelle vers la vision participative" P35
20
JBIRA MOHAMED " la finance islamique " p49

Page
35
afin de les proposer aux investisseurs Sukuk. Cette opération se réalise avec l'intervention
d'une société ad Hoc. Les investisseurs percevront alors l'usufruit de ces actifs en fonction
du prorata de leur investissement. Les risques de cette opération sont partagés. Les
investisseurs supportent les risques de crédit de l'émetteur et les risques liés aux actifs sont
supportés par la société ad Hoc. La particularité des Sukuk est qu'elles peuvent être cotées et
notées en fonction du marché cible.

Graphique n° : Principe de la Sukuk.

Source : fr.financialislam.com

o Arbun21 :

Montant prélevé en garantie pour l’exécution d’un contrat futur. L’acheteur paie au
vendeur un dépôt pour avoir le droit de conclure ou d’annuler la vente. En cas de non-
exécution du contrat le vendeur garde le dépôt en compensation. Si la vente est conclue le
montant du dépôt est intégré au prix d’achat.

Selon Nuradli (2001), ce type de transaction n’est pas unanimement accepté par les
différentes écoles de pensées musulmanes. D’un côté, l’école Hanafite estime que l’Arbun est
une forme de corruption et les écoles Shafiites et Malikite soutiennent que ce genre de
contrat est nul, car, selon eux, il s’agit d’une forme de tromperie et accentue le risque.

21
JBIRA MOHAMED " la finance islamique " P51

Page
36
Section 3 : Comparaison du système financier islamique et
classique :
Faire une comparaison entre les deux systèmes financiers, islamique et classique, ne serai
pas une chose facile, et ce, pour plusieurs raisons. Parmi ces raisons, les différences
profondes des interprétations des principes de la charia entre les courants de pensées
islamiques, avec une interprétation moins conservatrice de la doctrine islamique en Afrique
du nord ainsi qu’une bonne partie de l'Asie musulmane. Notre tâche sera, aussi, compliquée
par l’absence de normes communes, conjuguée au manque de données agrégées.

3-1 Comparaison entre : Le bilan des banques islamiques vs


conventionnelles :
Il existe une différence de comptabilisation entre les bilans des banques islamiques et des
banques classiques. Comme nous l’avons vu précédemment certains produits financiers
islamiques sont spécifiques à la finance islamique elle-même. L’autre différence est que
dans le bilan des banques traditionnelles il n’y a pas d’équivalence de compte PSIA (Profit
Sharing Investissment Account). Le compte PSIA est un compte d’investissement à partir
duquel les rendements de la banque y sont déterminés. Le tableau suivant met en relief
cette comparaison entre banque islamique et banque conventionnelle en termes de bilan
(actif et passif).

Page
37
Source : SUNIL KUMAR K. et IOANNIS A, 2008

Page
38
3-2 Comparaison des produits financiers islamiques vs
conventionnelle :
La plupart des produits financiers islamiques se retrouvent dans la liste de leurs homologues
classiques avec, tout de même, un vernissage de conformité à la charia. Le tableau ci-après donne
quelques correspondances entre ces produits.

L’appellation
L’appellation islamique Objet conventionnelle
correspondante
Financement d’un projet
Moudaraba par la banque avec partage Capital-investissement
des pertes et profits selon
un ratio préétabli.
Cofinancement par la
Mousharaka banque et le client avec Capital-investissement
partage des pertes et profits
selon un ratio préétabli.
Prêt sans intérêt à court
Mourabaha terme avec marge bancaire Micro-crédit
préétablie (intermédiation).
Achat d’un actif par la
Salam banque puis sa revente à Vente à terme ou
terme à son client forward
(paiement différé).
Achat d’un actif par la
Ijara banque puis location à son Crédit-bail
client avec promesse de
vente à terme.
Sukuk Emprunt obligataire adossé Emprunt Obligataire
à un contrat de crédit-bail.

Source : Errico & Farahbaksh, 1998, adapté par les auteurs de la recherche.

Page
39
3-3 D’autres points de différence22 :

Banques islamiques Banques traditionnelles

 Les avis divergent  Les dépôts des


concernant clients apportent une
l’importance de ces manne importante
dépôts dans les pour la banque
ressources de la traditionnelle.
banque islamique.  Génère un intérêt
Pour certains, cette produit mais les
manne ne services bancaires
constituerait qu’une sont pour la plupart
infime partie des payants.
ressources des  Si la banque
banques islamiques traditionnelle
(Siagh, 2001 p.30). octroie un prêt, elle
Pour d’autres, il le transfert sur le
s’agirait d’une compte de son client
importante et se rémunère avec
ressource allant un intérêt.
même jusqu'à 75%
des ressources
mobilisées pour
certaines IFI (BID,
2002. p.118).
 Ne génère aucun
intérêt en
contrepartie de la
gratuite de certains
services (chèques,
transferts de fonds
etc.)
 Lorsque la banque

22
KARIM cherif "la finance islamique : analyse des produits financiers islamiques " mémoire de BACHELOR e finance
d'entreprise , GENEVE 2008 P22-28

Page
40
islamique prête de
l’argent à ses clients
en vue de
l’acquisition d’un
bien, elle ne passe
pas par le compte
courant du client
mais directement
par le vendeur. La
banque se rémunère
avec une marge sur
la vente du bien.
 Dans le cas où le
client de la banque
souhaite un prêt pour
une cause urgente
(mariage, décès), la
banque passe par un
compte spécial ne
prélevant pas
d’intérêt. En arabe,
ces prêts se nomment
Qard Hassan.

 Le déposant accepte  Dans le bilan des


que la banque gère banques

son argent en conventionnelles, il


n’existe pas
contrepartie de frais
d’équivalent aux
de gestion appelé
comptes PSIA.
frais de Mudarib qui
Cependant, il est à
vient de Mudaraba,
noter que dans tout
ce qui veut dire comptes traditionnel
partage des pertes et le capital est supposé
profits en arabe. Ces être garanti. La
frais sont fonction banque doit donc
du profit de la pouvoir rembourser

Page
41
banque. Avec une partie du capital
l’ensemble des de tous ses déposants

dépôts, la banque à tout moment. Ce qui


n’est pas le cas du
crée un ou plusieurs
PSIA.
fonds
d’investissements
dans lesquels le
dépositaire n’a
aucun droit de
regard et de gestion
pour le compte non
restreint alors qu’il
peut décider de
l’allocation de ses
fonds avec un
compte restreint.
 Ni le capital ni le
taux de rendement
ne sont garantis.
 Selon la BID, (2002.
p. 169), les normes
de Bale II sont
applicables dans le
cas des banques
islamiques. En
revanche, la
pondération des
risques des actifs
des banques
islamiques diffère
sensiblement des
banques
conventionnelles.
Cela est notamment
le cas pour le calcul
des fonds propres

Page
42
réglementaires des
comptes PSIA. Il
est donc préférable
pour les IFI
d’utiliser des
techniques de rating
interne préconisées
par les directives de
Bale II.
 La durée des dépôts
varie entre 1 mois et
5 ans. Si le
détenteur du
compte se retire
avant la fin de
l’échéance il partage
les pertes, mais pas
les profits que le
fond aura pu
générer (Standards
& Poors, 2006,
p.13).

 Le client, a l’instar  Dans un compte


d’un d’épargne classique
PSIA non-restreint, les montants
partage les pertes et
déposes peuvent être
profits et n’a aucun
retirés à tout
droit de regard et de
moment.
gestion sur ses fonds.
Généralement, il
 L’unique différence
génère un taux
avec un PSIA non
restreint réside dans le d’intérêt fixe et
fait que le capital est connu d’avance.
garanti in-fine.
 Dans une banque  Les banques
islamique, le déposant traditionnelles ont,

Page
43
est partenaire et non avec leurs clients, des
créancier. Il pourra s’agir relations de créanciers
d’un partage des risques / débiteurs.
pour le déposant sur un
compte PPP ou d’un
partenariat de la banque
pour un prêt non
rémunère Qard Hassan.
 La banque islamique a  La banque
une fonction traditionnelle a un rôle
d’intermédiaire d’intermédiaire
commercial car financier. Elle collecte
l’ensemble des des fonds et les utilise
transactions dans des opérations de
financières sous-tend prêts.
un actif tangible et lie
acheteur et vendeur.
 Sur le marché
 Si le système financier traditionnel les
islamique veut être banques centrales ont
complet il doit se plusieurs fonctions :
munir de banques émission de billets,
centrales islamiques. régulation du marché
L’instrument majeur monétaire, banque des
de la politique banques.
monétaire est le taux Le marché
d’intérêt, outil qui interbancaire permet
n’est pas conforme à la aux banques de placer
Chariaa. Il resterait ou de refinancer
cependant aux respectivement leurs
banques centrales excédents ou leurs
islamiques les déficits de liquidités
instruments du taux de
réserve, la persuasion
morale et les
techniques d’Open
Market.
 De plus, le rôle de
préteur de dernier
recours attribue aux

Page
44
banques centrales est
difficilement
applicable dans un
contexte islamique,
toujours pour des
questions de
rémunération illicite
de l’argent prêté.
 Il n’existe par ailleurs
pas de marche
interbancaire
islamique.
En cas d’excédent de
liquidité a court terme
les banques islamiques
ne peuvent ni recevoir
ni payer d’intérêts.
Pour l’instant, il
n’existe que peu
d’instruments
monétaires liquides
islamiques.

Chapitre 3 : Les banques participatives (Islamique) au


Maroc :
Section 1 : Le développement de la finance alternative au
Maroc :
En introduisant des produits bancaires islamiques, le Maroc voulait que ces derniers
contribuent au développement du pays, surtout au niveau social et économique, et comme
ça conserver l'équilibre social et économiques que l'Etat se batte depuis toujours pour le
stabiliser. Mais la question qui se pose est ce que la finance alternative pourra-t-elle se faire
une place de choix au Maroc ?

1.1 Le Maroc vers les produits alternatifs :


Le Maroc est l’un des rares pays arabe ou les banques islamiques ne font pas partie de la
toile bancaire. Le wali de la Banque centrale a annoncé, haut et fort et à maintes reprises,
que le Maroc repousse toute idée d'implantation de banques islamiques au Maroc. A ses

Page
45
yeux, il n'est pas question de privilégier un pays du Golfe par rapport à un autre, puisque
généralement ce sont eux qui ont manifesté le plus d'intérêt ces dernières années. Zoubeir
Ben Terdeyet, fondateur d‟Isla-Invest Consulting (premier cabinet de la Finance Islamique
en France), a signalé : « Les banques commerciales marocaines veulent conserver leur part
de marché. Surtout que les banques islamiques fondent leur stratégie marketing sur le volet
religieux. Et cela risque de leur coûter cher ».

a) Le contexte de la finance alternative au Maroc23 :

Après 20 ans d’attente et de bataille avec la « Bank Al Maghrib », ce dernier a autorisé


aux banques de commercialiser quelques produits financiers islamiques comme première
expérience tout en appliquant sur celles-ci les mêmes législations de tarifications au niveau
des taxes et des impôts. Cette décision est justifiée par la volonté d'augmenter la
bancarisation mais surtout d'attirer les capitaux du Golfe qui sont très demandeurs.
L’expérience a été concluante et a même incité les responsables à signer leur accord pour
ouvrir une structure bancaire islamique.

Les produits alternatifs ont été lancés en 2007 sur le marché sans préparation. Mais il
s’agirait avant tout d’un problème de forme et de fonds :

o Problème de forme : Tout d’abord labelliser des produits financiers « halal »


signifie différencier et montrer du doigt les services financiers classiques. Pour les
banques le sujet est complexe. Positionner ces nouveaux produits par rapport à leur
offre conventionnelle s’avère délicat. Communiquer dans une même structure sur
des services si différents n’est pas aisé. Dans ce contexte, la filialisation des services
financiers alternatifs pourrait être un remède. Selon nos informations, le marché
s’orienterait vers cette alternative. Trois banques de la place auraient déposé un
dossier d’agrément auprès de Bank Al-Maghrib. Et l’enjeu est important car ces
établissements pourraient obtenir le même type d’agrément que celui accordé aux
banques conventionnelles. Avec à la clé, la possibilité de collecter des dépôts et de
pouvoir offrir à leur clientèle la panoplie classique des services bancaires tels que
chéquier, carte monétique.

o Problème de fonds également, car, très vite, le cadre fiscal est apparu inadapté.
Problèmes de droits d’enregistrement, de TVA avec double imposition. Avec une
conséquence fâcheuse. Des produits sensiblement plus chers, le surcoût constaté est
de l’ordre de 20 à 30%. Ces problèmes ont été partiellement résolus avec les lois de

23
IKRAM ZOUITENE " les produits financiers alternatifs au Maroc : cas DAR ASSAFAA " P33-35

Page
46
Finances de 2009 et 2010. Dans ce contexte, le manque d’explication et de
sensibilisation de la clientèle a pénalisé la commercialisation de ces produits.

Mais depuis le lancement des produits alternatifs en 2007, le gouvernement a cherché à


aligner leur régime fiscal sur celui des produits bancaires classiques. Ainsi, la loi de Finances
2009 a permis que les droits d’enregistrement ne se paient désormais qu’une seule fois. La
TVA a été réduite de 20 à 10% depuis la loi de Finances 2010. Par ailleurs, la taxation est
appliquée sur la marge bénéficiaire de la banque sans toucher le montant « principal » de
l’emprunt comme dans le cas d’un emprunt avec intérêts. La loi de Finances 2010 a voulu
donner un nouveau souffle au produit « Mourabaha ». Ainsi, depuis le 1er janvier 2010, le
contribuable ayant conclu un contrat de « Mourabaha » pour l’acquisition d’un logement
destiné à son habitation principale, peut bénéficier de la déduction de la rémunération
convenue d’avance avec sa banque, dans la limite de 10%, de son revenu global imposable.

Trois jours après l’entrée en vigueur de la recommandation de Bank Al-Maghrib


autorisant la commercialisation des produits islamiques, Attijariwafa Bank lève le voile sur
son offre « halal », et enfin la première banque alternative marocaine est née. Elle n’est pas
très grande et son offre n’est pas très étoffée à l’instar de celles qui existent aux quatre coins
du monde, mais elle a vu le jour. Elle s’appelle Dar Assafaa, une filiale 100% Attijariwafa
Bank.

Officiellement, il ne faut pas l’appeler banque islamique. C’est un établissement de crédit


qui offre des solutions alternatives de financement. Le choix des mots est important. Alors
que tous les pays du monde utilisent l’expression consacrée « banque islamique », au
Maroc, on considère qu’il y a un seul secteur bancaire et plusieurs offres complémentaires.

b) L’apport socio-économique des produits bancaires alternatif au Maroc24 :

Comme beaucoup de pays du tiers monde le Maroc connaît une grande crise d'habitat,
que les crédits traditionnels, n'ont pas pu résoudre, et encore plus, les banques sont même
soupçonnés de l'accentuer notamment par la spéculation , et par des crédits qui ne
répondent pas aux demandes d'un grand nombre de clients, qui ont des convictions
religieuses contraires aux principes sur lesquelles ces crédit sont basées, surtout les taux
d'intérêts prohibés par les préceptes de la charia ( 42% de ceux qui refusent les crédits
bancaires au Maroc c'est pour des motifs religieux) selon une étude faite par une association
spécialisé dans la matière.

24
IKRAM ZOUITENE " les produits financiers alternatifs au Maroc : cas DAR ASSAFAA " P35

Page
47
Donc l'introduction de ces produits va certainement encourager cette catégorie de
citoyens, pour acheter leurs propres maisons, par des produits bancaires conforme à la
chariaa, qui répondent à leurs attentes, et de cette façon on va remédier au moins
partiellement à ce fléau qui peut engendrer des problèmes sociaux, qui menace la stabilité
sociale du pays, notamment les bidonvilles que le Maroc combatte avec voracité, Il y' a aussi
un autre intérêt de plus grande importance, qui est l'épanouissement du secteur de
l'immobilier, car en donnant plus de crédits conformes aux préceptes de l'islam, en va
encourager beaucoup de gens à acheter des logements ce qui va se répercuter sur ce secteur
qui est liée avec plusieurs secteurs économiques majores.

D'autre part la finance islamique en interdisant l'intérêt, il va empêcher le favoritisme du


capital par rapport au travail, le capital doit par conséquent profiter à son détenteur et à
celui qui le profite par son travail. Et d’un autre côté elle vise à empêcher la formation au
sein de la société d'une classe détentrice des capitaux et d'une autre misérable qui
travaillerait pour le bien-être de la première, et c'est le but de la Moucharaka qui va créer
une complémentarité entre ces deux classes pour le bien de la société toute entier.

Il y a aussi l'intérêt financier du fait que ces produits ; vont certainement contribuer dans
le processus de bancarisation que le Maroc poursuit ces dernières années, car d'une part les
banques auront plus de produits à présenter, et d'autre part elles cibleront une nouvelle
catégorie de clients, qui' ont été négligé auparavant.

Il faut aussi signaler que les produits islamiques, vont aider beaucoup ceux qui
pratiquent des métiers libéraux, comme les médecins, les avocats, les notaires pour équipier
leurs bureaux, par Ijara ou Mourabaha, notamment ceux qui ont des convictions religieuses.

Enfin l'intérêt économique de ces produits réside aussi dans le fait, que c'est une manière
qui va attirer plus d'investisseurs des pays de golf, qui vont amener avec eux plus de devises
et créeront de ce fait plus d'emplois. Mais toutefois il reste de savoir si tous ces apports sont
palpables sur la pratique, ou seulement de simples spéculations théoriques.

1.2 Les acteurs de la finance alternative25 :


Le marché monétaire est l’une des principales composantes du système financier. C’est
un marché qui permet aux banques de gérer leur excédents et déficits de trésorerie et aux
intervenants d’effectuer des placements et emprunts à court, moyen et long terme. Le
marché monétaire s’inscrit dans un mouvement de modernisation après l’entrée des
produits financiers alternatifs depuis quelques années.

25
IKRAM ZOUITENE " les produits financiers alternatifs au Maroc : cas DAR ASSAFAA " p36

Page
48
Le système bancaire marocain a doté une panoplie de produits alternatifs adaptés aux
règles de la Chariaâ. Ces produits qui sont mis à la disposition de la clientèle aux côtés des
produits bancaires classiques, sont assujettis aux règles prudentielles et comptables définies
par Bank Al-Maghrib – qui souligne que le système bancaire national est apte à gérer en
même temps des produits classiques et des produits alternatifs – et le Groupement
Professionnel des Banques du Maroc (GPBM). Ainsi que l'adoption par le comité des
établissements de crédit des textes qui les régissent.

Alors quels sont les intervenants sur ce marché ? Et dans quelles mesures peuvent intervenir
?

a) Les acteurs de contrôle et de régulation26 :

o La Banque Centrale (Bank Al-Maghreb) :

La Banque Centrale du Royaume du Maroc, dénommée « Bank Al-Maghrib », est un


établissement public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elle a été
créée en 1959 en substitution à l’ancienne « Banque d’Etat du Maroc ».

Missions fondamentales de Bank Al-Maghrib :

 Exercer le privilège de l'émission des billets de banque et des pièces de monnaie


ayant cours légal sur le territoire du Royaume.

 Mettre en œuvre les instruments de la politique monétaire pour assurer la stabilité


des prix.

 Veiller à la stabilité de la monnaie et à sa convertibilité.

 Veiller au bon fonctionnement du marché monétaire et à assurer son contrôle.

 Établir et publier les statistiques sur la monnaie et le crédit.

 Gérer les réserves publiques de change.

 S'assurer du bon fonctionnement du système bancaire et veiller à l'application des


dispositions législatives et réglementaires relatives à l'exercice et au contrôle de
l'activité des établissements de crédit et organismes assimilés.

26
IKRAM ZOUITENE " les produits financiers alternatifs au Maroc : cas DAR ASSAFAA " 37-40

Page
49
 Veiller à la surveillance et à la sécurité des systèmes et moyens de paiement et à la
pertinence des normes qui leur sont applicables.

 Assurer le rôle d'agent financier du Trésor.

 Conseiller le Gouvernement dans le domaine financier.

 Représenter le Gouvernement auprès des institutions financières et monétaires


internationales créées en vue de promouvoir la coopération dans les domaines
monétaire et financier.

 Participer à la négociation des accords financiers internationaux et à leur exécution.

En outre, Bank Al-Maghrib occupe une place tout à fait particulière dans l’appareil
bancaire marocain. Elle est, en effet, présente dans toutes les instances collégiales créée par
la loi à travers son Gouverneur qui est vice-président du Conseil National de la Monnaie et
de l’Epargne et président du Conseil des Etablissement de Crédit.

o Le groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) :

En application de l’article 101 de la loi bancaire de 1993, tout établissement de crédit est
tenu d’adhérer à une association professionnelle. Les banques doivent d’adhérer au
groupement professionnel des banques du Maroc et les sociétés de financement à
l’Association Professionnelle des Sociétés de Financement.

Les statuts de ces associations doivent être approuvés par le ministre de l’Économie et de
Finances, après avis conforme du Comité des Établissements de Crédit.

Ces associations professionnelles ont quatre missions essentielles :

 Défendre les intérêts de la profession avec possibilité d’ester en justice lorsqu’elles


estiment que leurs intérêts sont en jeu et, notamment, lorsqu’un ou plusieurs de leurs
membres sont en cause.

 Jouer un rôle d’intermédiaire entre leurs membres d’une part, et les pouvoirs publics
ou tout autre organisme national ou étranger d’autre part.

 Veiller à l’observation, par leurs membres, des dispositions de la loi bancaire et des
textes pris pour son application. Elles doivent porter à la connaissance des autorités
de tutelle tout manquement relevé dans ce domaine et proposer éventuellement à la
commission de discipline les sanctions qui s’imposent à l’encontre de l’un ou
plusieurs de leurs membres.

Page
50
 Enfin, étudier les questions intéressant l’exercice de la profession, notamment
l’amélioration des techniques de banque et de crédit, la stimulation de la
concurrence, la création de services communs, l’introduction de nouvelles
technologies, la formation du personnel. Dans le même ordre d’idées, les associations
professionnelles peuvent être consultées par les autorités monétaires sur toute
question intéressant la profession, comme elles peuvent leur soumettre des
propositions dans ce domaine.

Signalons que le GPBM comprend un certain nombre de commissions et de sous-


commissions spécialisées dans les différents domaines de la banque. Ces commissions
présidées souvent par des banquiers, se réunissent régulièrement, pour débattre des
questions afférentes au bon fonctionnement de l’activité bancaire. L’objectif étant de
parvenir à améliorer la qualité des prestations offertes à la clientèle, à uniformiser les
modalités pratiques d’applications des circulaires, instructions et note de Bank Al-Maghrib,
de l’office des changes et de l’administration des douanes, et de veiller, en fin, au respect de
la Déontologie bancaire afin de préserver l’image de marque de la profession.

Enfin, le GPBM fait parvenir au système bancaire un certain nombre d’informations


utiles telles que les évolutions des ressources et emplois bancaires en faisant ressortir la part
du marché de chaque établissement de crédit.

o Le conseil national de la monnaie et de l’épargne (CNME) :

Venant en remplacement de l’ancien « comité du crédit et du marché financier » créé en


1967, lui-même se substituant au « comité des banques » institué en 1943, cette nouvelle
entité qui a essentiellement un rôle consultatif se particularise par deux atouts majeurs se
rapportant à sa composition et à ses différentes attributions.

En effet, concernant son organisation l’article 16 de la loi 1993 stipule qu’il est institué un
conseil consultatif dénommé « Conseil National de la Monnaie et de l’Épargne » dont la
composition et le fonctionnement sont fixés par décret.

Présidé par le Ministre de l’Économie et des Finances ou, en son absence, par le
Gouverneur de Bank Al-Maghrib, ce conseil comprend 29 membres permanents prévus par
le décret d’application du 21 juillet 1993 :

 Six représentants de l’État dont principalement les autorités monétaires.

 Un représentant des collectivités locales.

 Neuf membres des activités économiques, sociales et financières.

Page
51
 Treize représentants des établissements de crédit.

La composition du Conseil National de la Monnaie et de l’épargne traduit la volonté du


législateur marocain de favoriser la concertation et la coopération entre les autorités
monétaires et les représentants de la profession. Cette organisation institutionnelle permet
la participation de la profession aux décisions relatives à la réglementation bancaire et
contribue à la bonne qualité technique des décisions et à leur acceptation par tous les
intéressés.

Par ailleurs, le CNME est un véritable organe de concertation. Il est consulté sur toute
question intéressante, les orientations de la politique monétaire et du crédit et les moyens
de sa mise en œuvre. Il donne également son avis sur les conditions générales de
fonctionnement des établissements de crédit. Il peut constituer, en son sein, des groupes de
travail pour mener toutes études qui lui sont confiés par le Ministre de l’économie et de
finances ou qu’il juge utile, portant notamment sur l’examen des implications des
orientations de la politique monétaire et du crédit sur le développement régional. Selon
l’article 17 de la loi bancaire un de ces groupes dénommés, groupe de conjoncture
économique et sociale aura obligatoirement à se pencher sur les rapports entre les
établissements de crédit et la clientèle et sur l’information du public.

Enfin, le CNME peut formuler des propositions ou suggestions dans les domaines qui
entrent dans sa compétence et peut, à ce titre, demander à Bank Al-Maghrib et aux
administrations compétentes de lui fournir toute information dont il a besoin pour
l’accomplissement de sa mission.

b) Les acteurs d’exécution27 :

Dès la deuxième semaine du mois d’Octobre 2007, les premiers produits de financement
alternatifs existaient déjà sur le marché Marocain. C’était Attijariwafa Bank, le leader du
pays, qui avait ouvert ce marché. Le reste des établissements s’est montré, au début, un peu
hésitant et discret en ce qui concerne ses réalisations dans ce domaine, peut-être qu’ils
avaient attendu la réaction de la clientèle à ces produits tant attendus.

Section 2 : Le cadre institutionnel Marocain : les institutions


Marocain et les produits alternatifs :
Les banques marocaines ne peuvent tourner le dos aux produits islamiques pour
longtemps puisqu’elles sont obligées de suivre l’évolution du marché. Des ressources ont été
générées par la hausse des prix du pétrole et les investisseurs sont en quête

27
IKRAM ZOUITENE " les produits financiers alternatifs au Maroc : cas DAR ASSAFAA " P40

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52
d’opportunités28. Les capacités d’intervention de ces fonds sont évaluées à 176 milliards. Ce
sont des marchés potentiellement importants pour les financements de projets. Ainsi, les
banques pourraient se procurer de nouveaux apports de liquidités provenant de la finance
islamique.

Le lancement de produits bancaires différents conçus pour être halal sous leur
appellation officielle « produits alternatifs » a suscité l'intérêt au Maroc. Le nombre de
Musulmans marocains refusent d'utiliser les produits bancaires habituels qu’en cas de
besoin extrême et se trouvent en dehors des circuits formels. Ce lancement vise aussi à
éviter les transferts massifs des résidents à l’étranger (trois millions opérateurs) vers les
banques islamiques.

En effet le gouverneur de Bank Al Maghreb a signé le 17 septembre 2007 la


recommandation qui constitue la directive de la direction de supervision bancaire,
autorisant les banques à décliner leurs offres halal.

Le délai que s’est accordé BAM pour le lancement officiel de ces produits se justifiait par
: les vacances, le retour des MRE, etc. Il fallait aussi pour les banques et sociétés de
financements, se mettre d’accords sur les règles de base de l’offre (appellations, règles
juridiques, …etc.).

Il faut noter que La motivation de Bank Al Maghrib est de rechercher, dans un souci
d’améliorer le taux de bancarisation d’une portion importante de la population marocaine
qui refuse de recourir aux crédits usuraires, pour amener ce taux qui a stagné de 25% à 30%.

Accessoirement cette décision s’explique aussi par une volonté d’adapter l’environnement
financier marocain aux attentes de gros investisseurs du Golfe et à la forte demande des
clients.

2-1 Les produits alternatifs lancés sur le marché par les


Banques Marocaines :
o Les produits d’Attijariwafa Bank et de sa filiale Wafasalaf29 :

Attijariwafa Bank a eu une longueur d’avance sur le reste des établissements de la place,
peut-être, parce qu’il a épuisé de son expérience, avortée, de commercialisation des produits
islamiques. Ce dernier, rappelons-le avant sa fusion avec la BCM, avait fait, sans succès, une
tentative de commercialisation de produits islamiques au Maroc.

28
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc de la logique conventionnelle vers la vision participative " P47
29
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc de la logique conventionnelle vers la vision participative " p 48

Page
53
Ainsi, Attijariwafa Bank, par sa lettre du 09/10/2007, adressée aux différents
responsables,15 était le premier à avoir mis sur le marché deux formules bien ficelées, qui
sont « Miftah Al Kheir », dérivée de "Mourabaha" pour l’acquisition de biens immobiliers et
« Miftah Al Fath », dérivée de "Ijara Wa Iqtinaa", pour la location d’immeubles avec option
d’achat. A la suite de la loi de finance de 2010 alignant les traitements fiscaux des produits
alternatifs sur les taux conventionnels, l'offre bancaire islamique marocaine s’est enrichie
d’un canal de distribution dédié. En effet, la décision du gouverneur de Bank Al Maghrib n°
27 du 13 mai 2010 portant agrément de « Dar Assafaa Litamwil » en qualité de société de
financement spécialisée dans la commercialisation des produits alternatifs fut publiée au
bulletin officiel le premier juillet 2010.

Cette filiale du premier groupe bancaire marocain, Attijariwafa Bank, est considérée
comme la première banque islamique marocaine et contribuera à donner de la cohérence à
la voie médiane marocaine dont l’intérêt fut peut-être finalement, plus politique
qu’économique.

Sa filiale Wafasalaf, spécialisée dans le crédit à la consommation et le crédit automobile,


s’est lancée par la suite, elle aussi, dans ce créneau en mettant en place dès le mois d’octobre
2007 le produit « Ijar Al Wafaa » puis au début 2008, le produit Taksit auto, qui est une
déclinaison de Mourabaha. Les deux produits sont destinés au financement de l’automobile.

 Miftah Al Khair :

Dans le package d’Attijariwafa bank, que nous détaillerons pour avoir une idée sur les
nouveau produits alternatifs, « Miftah Al Kheïr » est un contrat par lequel l’établissement
acquiert, à la demande d’un client, un bien immobilier construit à usage d’habitation ou
professionnel en vue de le lui revendre moyennant une marge bénéficiaire convenue
d’avance.

Le règlement par le client se faisant par mensualité constante. Ce produit présente les
caractéristiques suivantes :

 Quotité de financement : Jusqu’à 100%.

 Capacité d’endettement : à hauteur de 40% du revenu net.

 Age client : minimum 18 ans et maximum 70 ans à la dernière échéance.

 Durée de remboursement : 25 ans maximum.

 Assurances à la charge du client : Décès/invalidité + Incendie.

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 Raccourcissement de la durée du prêt sans aucun effet sur le montant des échéances
restantes. Pour l’assurance décès invalidité, la prime d’assurance est mensualisée et
intégrée à l’échéance. Si le prix du bien < ou = à 200 kdh : souscription à l’assurance
Incendie qui est contractée et payée séparément par le client. Il s’agit d’une assurance
perte financière suite à incendie total.

 Si le prix du bien > à 200 kdh : souscription à l’assurance (par le paiement d’une
prime annuelle).

 Pénalité de retard : Commission forfaitaire unique pour chaque impayé de 300 DH.

 Frais de dossier : 0.3% du prix d’acquisition par la banque diminuée de


l’autofinancement avec min 1000 DH et max 4000 DH.

 Tarification pour avoir la conscience tranquille étant donné que le client paye une
marge bénéficiaire et non pas des intérêts : Prix de vente = prix d’acquisition + frais
de la 1 ère transaction + prime d’assurance + marge de l’établissement de crédit :

 Le calcul de la marge est basé sur le prix d’acquisition + frais de la 1 ère


transaction.

 L’autofinancement est considéré comme une avance sur le prix de vente.

 Les garanties de la banque : l’hypothèque, assurance décès / invalidité et Incendie et


le billet à ordre.

 Miftah Al Fath :

Pour « Miftah Al Fath », il s’agit d’un contrat selon lequel l’établissement de crédit met à la
disposition du client, à titre locatif, un bien immobilier, assorti de l’engagement ferme du
client (locataire) d’acquérir le bien au terme du contrat. Ce produit présente les
caractéristiques suivantes :

 Bien à acquérir : Logement ou local professionnel.

 Durée : Mini 10 ans et Max 20 ans.

 La dernière échéance doit coïncider au plus tard au 31/12 de l’année du 70 -ème


anniversaire du client.

 Financement :

 Jusqu’à 100% du prix du bien à financer.

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 Possibilité de versement d’un premier loyer majoré en cas d’apport personnel (ne
doit pas être supérieur à 20% de la valeur totale du bien).

 Valeur résiduelle à payer au terme du contrat : 10% du prix d’acquisition.

 Loyers : Fixes et payables mensuellement.

 Pas de remboursement partiel par anticipation.

 RPAT : possible en payant la totalité des loyers restant dus sans aucune ristourne.

 Assurances : Décès invalidité + Incendie (assurance perte financière suite à incendie


total).

 Pénalité de retard : Commission forfaitaire unique de 300 DH par impayé.

 Tarification :

 Loyers fixes, payables mensuellement.

 Frais à la charge du locataire :

 Frais de dossier : 0.3% du capital avec min 1000 DH et max 5000 DH.

 Frais de 1ère transaction (Frais de mutation, taxe notariale ; honoraires


notaire).

 Frais d’assurance vie et Incendie.

 Taxe urbaine (pas d’abattement).

 Au terme du contrat : Frais 2ème transaction sur valeur résiduelle


(enregistrement, mutation, taxe notariale, honoraires notaire.

Ces deux produits sont un peu plus chers que les produits classiques. Le principe de calcul
du coût supporté par le client n’étant pas le même puisque la rémunération n’est pas basée
sur un taux d’intérêt. Toutefois, la rentabilité générée par l’établissement sur ces produits
est équivalente à celle des produits classiques. L’objectif étant que le client bénéficie d’une
formule de financement qui répond à son éthique. Ainsi, pour « Miftah Al Kheir » issus de la
"Mourabaha", le prix de vente au client est calculé en fonction du prix d’acquisition du bien,
des frais de transaction relatifs à cette acquisition et de la marge de l’établissement de
crédit. Pour « Miftah Al Fath », issus de "Ijara Wa Iqtinaa", le loyer à verser par le client
sera calculé en fonction de la valeur du bien, des frais de transaction relatifs à cette
acquisition ainsi que de la durée de financement.
Page
56
En effet, un appartement d’une valeur de 1 million de DH, financé à 100%, coûtera 8433
DH par mois sur 25 ans au « locataire » alternatif. Tandis qu’avec un taux d’intérêt à 5,07%,
la traite mensuelle de l’emprunteur se fixera à 6 187 DH. Dans le premier cas, le revenu
mensuel net devra être d’au moins 19 000 DH, pour un taux d’endettement de 44,4%.

Dans le deuxième, 18 000 DH par mois suffiront, et l’endettement sera équivalent à


34,4% du salaire.

Du côté de la filiale Wafasalaf, qui a visé le segment du crédit auto en lançant « Ijar Al
Wafaa », il s’agit, comme son nom l’indique, d’une location avec option d’achat qui suit les
recommandations de la banque centrale relatives aux produits « alternatifs ». Pour le
principe, le client désigne un véhicule de son choix que Wafasalaf se charge d’acheter pour
lui.

L’opération se fait moyennant un contrat de location entre les deux parties. Le client a la
possibilité de choisir le montant et la durée de location qui doit être comprise entre 48 et 60
mois. Le contrat, donne la possibilité, au client, d’acheter son véhicule à tout moment sans
être forcé d’aller au terme de la durée du contrat. Autre spécificité, de ce produit, le client
qui opte pour ce type de financement n’est pas obligé d’apporter une avance. Quant au
produit « Taksit auto », la déclinaison de Mourabaha, il a été retiré, temporairement pour
des raisons techniques, des agences de wafasalaf.

o Les produits de Dar Assafa30 :

Pour « DAR ASSAFA », il s’agit d’une société de financement marocaine et une filiale à
100 % du groupe Attijari wafa Bank. Elle est la première société de financement marocaine,
et pour le moment la seule strictement conforme aux pratiques internationales en matière
de finance alternative ayant obtenu l’agrément de Bank Al-Maghrib le 13 mai 2010.

Ainsi qu’elle a mis en place un modèle de financement novateur et unique lui permettant
de se financer exclusivement au moyen d’instruments de capital et de dette alternatifs. Ce
modèle est qualifié d’équitable entre les parties du fait du partage des risques. Le
financement de Dar Assafaa se fera dans un premier temps à travers des fonds propres
institutionnels et un financement à travers plusieurs instruments de dettes alternatives.

Elle offre à ses clients la possibilité de réaliser leurs projets d’acquisition de biens meubles
ou immeubles au moyen d’un produit alternatif parmi ceux définis et autorisés par Bank Al-
Maghrib. Ces produits ont en plus la particularité d’être eux-mêmes conçus et financés selon

30
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc de la logique conventionnelle vers la vision participative " P51-
52

Page
57
un schéma particulier où le financement est assuré au moyen d’instruments de dette
alternatifs.

Grâce à son modèle, Dar Assafaa ne facture pas d’intérêts à ses clients et ne paye pas non
plus d’intérêts aux bailleurs de fonds. Par ailleurs, elle dispose d’un réseau d’agences propre
pour la distribution de ses produits. A son lancement, elle dispose d’un réseau de neuf
agences situées dans les plus grandes villes du Royaume : Casablanca, Rabat, Marrakech,
Agadir, Tanger, Oujda, Fès et Meknès. Par la suite, Dar Assafaa projette d’étendre
progressivement son réseau d’agences, actuellement au nombre de onze pour couvrir les
principales localités du Maroc.

Aujourd’hui, Dar Assafaa présente quatre produits alternatifs dans ses brochures
commerciales, mais ne maîtrise techniquement et ne commercialise que le produit Safaa
Immo qui correspond au produit Mourabaha.

Les quatre types de service mis sur le marché marocain par Dar Assafaa sont :

o Safaa Immo pour financer les projets immobiliers (logement, terrain, local
commercial).

o Safaa Auto pour acquérir un véhicule neuf ou ancien.

o Safaa Conso pour l’achat de produits et services et pour la consommation des


ménages.

o Safaa Tahjiz pour équiper le logement.

o Les produits du Groupe Banques populaires 31:

Pour le groupe Banques populaires, l’entrée dans ce créneau est faite par une offre
comprend deux formules. Ces deux formules dont les intitulés reprennent les mêmes
appellations de la banque centrale sont :

 « Ijara wa Iqtinaa », pour le crédit leasing.

 « Mourabaha », pour l’achat pour le compte du client.

Le produit « Ijara wa Iqtinaâ », est dédié uniquement au leasing immobilier. Quant au


produit « Mourabaha » de la Banque Populaire, il peut se rapporter aussi bien à un bien
immeuble (appartement, maison, local, terrain…) qu’à un bien meuble (équipements,
marchandises, voyages organisés, véhicules…). Il s’agit d’une transaction d’acquisition et de

31
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc de la logique conventionnelle vers la vision participative " P53

Page
58
revente matérialisée par un contrat tripartite liant l’établissement financier (premier
acheteur), le client (acheteur final) et le fournisseur (vendeur).

On remarque que les principes sont les mêmes sauf en ce qui concerne les points suivants :

 Charge de remboursement globale ≤ à 45% du salaire net, s’il est < 20 000,00 DH, et
à 50% s’il est supérieur à 20 000,00 DH.

 La Banque de par son rôle d’acheteur intermédiaire, s’approprie le bien choisi par le
client (acheteur final) sans pour autant avoir à en disposer et/ou le stocker. En plus le
bien est mis à la disposition du client, acheteur final, directement par le fournisseur
(premier vendeur) ; la livraison étant matérialisée par la signature d’un procès-verbal
de réception dressé à cet effet.

 L’âge limite de la clientèle locale et marocains résidents à l’étranger ne doit pas


dépasser 75 ans à la date de la dernière échéance de la MOURABAHA mobilière et 70
ans de la MOURABAHA Immobilière.

 Le prix de vente à supporter par le client, est réglé à la banque en une seule ou
plusieurs mensualités fixes, selon un échéancier convenu.

 La marge bénéficiaire est fixée à l’avance sous forme de pourcentage du coût


d’acquisition de la banque.

La Banque Populaire s’est investie dans cette nouvelle niche alors que des doutes planent
encore sur la rentabilité de ces produits.

o Les produits de la BMCE Bank 32:

La BMCE Bank n’a toujours pas finalisé ses offres alternatives. Un seul produit est
encore disponible, jusqu’à aujourd’hui, sur le marché. Il s’agit de « Ijara » qui concerne un
contrat selon lequel l’établissement achète un bien immobilier désigné par le client. Le client
exploite le bien immobilier pendant 25 ans (âge limite 65 ans) contre un loyer périodique
prédéfini assorti d’un engagement ferme de l’acquérir au terme du contrat. Pour ce produit
« Ijara », la banque ne prête pas une somme d’argent au client, mais elle achète le bien,
choisi par lui-même, pour son compte.

En ce concerne les tarifs du produit, ils sont presque identiques à ceux des autres banques
et c’est le client qui supporte toutes les charges.

o Les produits de la BMCI33 :


32
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc de la logique conventionnelle vers la vision participative "P54

Page
59
La BMCI, elle aussi, a calqué ses produits sur Attijariwafa bank en lançant, dès le mois
d’octobre 2007, les produits « Ijara wa Iqtinaa », pour le financement d’un bien immobilier
et « Mourabaha », pour le financement d’achat d’équipements ou d’un véhicule. Ce sont ces
deux produits-là qui ont attiré l’attention des équipes de cette banque, en mettant en
exergue les avantages de la Mourabaha et l’Ijara, ils se sont penchés particulièrement sur
leur coût. Le coût de revient dépend de nombreux critères : l’apport personnel, la durée et le
montant varient d’un client à l’autre. En dehors de l’impact de la fiscalité, le coût de revient
de ces produits est assez proche des financements classiques déjà proposés par le groupe
BMCI.

Une formation spécifique a été réalisée auprès de la force de vente, afin d’en assurer une
bonne commercialisation, avec un double objectif ; s’assurer que les clients comprennent
bien ces nouveaux produits et suivre les recommandations délivrées par Bank Al-Maghrib.

Une attention particulière a été portée, par cette banque, à l’entretien avec le client,
notamment au niveau des simulations proposées, afin de lui soumettre le produit le plus adapté
à ses besoins.

o Les autres établissements de crédit34 :

Les autres établissements mijotent encore leurs propositions sans rien proposer dans les
guichets de leurs agences. C’est le cas de la SGMB dont la problématique fiscale bloque sa
proposition, le CIH qui affirme son intention de puiser dans le panier de ces nouveaux
produits mais sans entrer en action, le CA et tout le reste.

Section 3 : Les risques de la finance islamique et les techniques


de gestion :
3-1 Les Principaux risques encourus par les institutions
financières islamiques :
A) Le risque de crédit 35:

Ce risque se manifeste lorsque le client se trouve incapable d’honorer ses engagements


vers la banque. Chez une banque islamique la nature de ce risque diffère selon le mode de
financement.

33
HSSAIN NOUREDDINE P54
34
HSSAIN NOUREDDINE " la finance islamique au Maroc de la logique conventionnelle vers la vision participative " P54
35
JBIRA MOHAMED " la finance islamique "P54

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60
Dans le cas d’un contrat Mourabaha, la banque court ce risque lorsqu’elle délivre le bien,
acheté au nom du client, avant de recevoir une contrepartie et que ce dernier n’arrive pas à
payer le prix convenu d’avance avec la banque. La spécificité de la finance islamique est la
prohibition du taux d’intérêt. Ceci rend impossible le rééchelonnement de la dette sur la
base d’une marge négociée plus élevée. Ceci ajoute un risque de crédit supplémentaire par
rapport aux autres institutions conventionnelles. En fait, le client pourrait se présenter
défaillant pour se libérer de la contrepartie à payer tout en sachant que la marge de profit de
la banque est constante et ne peut pas faire l’objet d’augmentation.

Ce risque supplémentaire est compensé par la spécificité de partage de perte et de profit


chez les banques islamiques. Cette compensation permet de classifier les actifs de ce mode
de financement similairement aux hypothèques moins risquées. En général, le coefficient de
pondération de ces actifs est inférieur ou égal à 50%.

Dans le cas des contrats participatifs tels que Moudaraba et Mousharaka la nature du
risque est différente. La banque risque de ne pas être remboursée du montant et à la date
convenue.

Ce risque est de plus en plus présent surtout dans un contexte d’asymétrie d’information.
En fait la source de remboursement de la banque est le profit réalisé du projet. La banque
doit veiller à connaître les profits réels réalisés pour ne pas être lésée au moment du
remboursement.

B) Le risque de taux d’intérêt36 :

Pour déterminer les prix de leurs instruments financiers, les banques islamiques utilisent
un taux de référence. Par exemple, dans le cadre d’un contrat Mourabaha, la marge de profit
est obtenue en ajoutant une prime de risque au taux de référence (généralement le LIBOR).

Cette marge est fixe tout au long du contrat. Ainsi la banque ne peut pas l’ajuster pour
une variation du taux de marché. Du coté des déposants ils ont droit de partage de profits
avec la banque. En cas de variation du taux de référence, les nouveaux contrats se feront à ce
nouveau taux.

Par conséquent, les nouveaux déposants auront droit à une rémunération proportionnelle
à la marge de profit réalisée par la banque. Selon le principe de l’équité, les anciens
déposants ont droit à un taux de profit similaire à celui donné aux nouveaux déposants.
Ainsi les déposants vont voir leurs rémunérations affectées par les variations du taux de
référence du marché. Le risque est évident en cas de hausse du taux de référence. La
36
JBIRA MOHAMED " la finance islamique " P55

Page
61
rémunération de la banque pour les anciens contrats se trouve inchangée alors que le taux
de profit pour les anciens déposants augmente. La conséquence est une diminution dans les
gains nets de la banque provenant des contrats Murabaha. Pour éviter ce genre de risque et
d’autres risques semblables tels que le risque de change, les institutions financières
classiques utilisent les produits dérivés. Ces instruments sont considérés par la plupart des
fuqaha prohibés. L’utilisation des produits dérivés par les banques islamiques sera analysée
dans une section ultérieure.

Ceci dit l’institution islamique coure un risque dû aux variations du taux d’intérêt.

C) Le risque opérationnel37 :

Ce risque est défini par le Comité de Bâle comme étant « le risque de pertes directes ou
indirectes d’une défaillance attribuable à des procédures, personnels, systèmes internes ou
événements extérieurs ». Ce risque peut avoir plusieurs sources :

 La première liée à un ordre juridique, sachant que les contrats financiers consacrés
par les banques islamiques ont un caractère spécifique. Celles-ci encourent des
risques liés à leurs documents légaux consacrés aux différents instruments utilisés et
leur mise en application en l’absence de formalisation

 Le risque lié aux procédures, existe dès que la continuité de traitement des opérations
et des dossiers est menacée par une défaillance des processus de l’institution.

 La banque islamique est exposée au risque opérationnel par le manque de personnel


compétent et qualifient, afin de conduire efficacement des opérations financières
islamiques. Celles-ci nécessitent à la fois, des qualifications dans les disciplines
classiques requises en banque (finance, droit...) et des connaissances assez pointues
en jurisprudence commerciale islamique.

 De même, le manque d’outils informatiques sur le marché correspondant aux critères


de la finance islamique renforce le risque opérationnel pour ces institutions.

 Le risque lié aux tiers recouvre les conséquences dues à des éléments extérieurs, tels
que la fraude externe, la dégradation des actifs physiques ou encore les changements
de la réglementation.

Les emplois à revenu fixe (Mourabaha, Ijara) présenteraient moins de risque que les
contrats à livraison différée (Salam, Istisna’a) et des modes de financement participatifs
(Moudharaba, Moucharaka). Le niveau élevé des risques liés à ces derniers instruments
37
JBIRA MOHAMED " la finance islamique " P56

Page
62
illustre les difficultés des banques à appliquer ces contrats, parfois complexes et difficiles à
manipuler.

D) Le risque de retraits38 :

Les comptes d’épargne ouverts au près des banques islamiques sont rémunérés suivants
les profits réalisés par les projets financés. Donc, c’est une rémunération variable
contrairement à celle chez les banques classiques qui est fixée d’avance. Le risque ici est de
fournir une rémunération inférieure à celle offerte par les autres banques. En plus, les
clients averses au risque vont préférer une rémunération fixe au lieu de participer au risque
pris par la banque dans le financement des projets.

Outre cela, la banque islamique prétend fonctionner selon les règles éditées par la Charia.
Toute doute par les clients sur ce principe peut conduire un retrait massif et engendra ainsi
une perte de ressources pour la banque.

Du côté de la banque islamique, cette forme de comptes de dépôts constitue une


spécificité. En fait le risque encouru par la banque dans le financement des projets est «
amorti » du fait qu’il est partagé par les clients déposants. Mais bien évidemment la banque
visera les projets les plus rentables pour élargir la gamme de ses clients dépositaires.

En cas de profits faibles réalisés, ces institutions peuvent augmenter la marge de profit
distribuée aux dépositaires aux dépens des actionnaires.

E) Le risque de liquidité 39:

Une banque se trouve dans une situation de risque de liquidité lorsqu’elle ne dispose de
fonds nécessaire pour faire face aux retraits ou qu’elle n’arrive pas à obtenir des fonds à un
coût raisonnable.

La banque islamique dans de telle situation coure un risque plus grave que celui chez une
banque classique. En fait il est prohibé pour l’institution financière islamique d’emprunter
des fonds puisqu’ils vont être remboursés majorés des intérêts. Les institutions financières
classiques se trouvent avantagées puisqu’elles ont la possibilité d’avoir plus d’instruments
interbancaires. Ainsi, ce risque peut être atténué par la présence d’un marché interbancaire
islamique. Ceci favorise l’échange d’instruments bancaires conformes à la Charia entre les
institutions financières islamiques.

38
JBIRA MOHAMED " la finance islamique "P56
39
JBIRA MOHAMED " la finance islamique "P57

Page
63
Outre cela, d’habitude la banque centrale joue le rôle du prêteur en dernier ressort. Elle
permet ainsi à la banque de sortir de cette situation de risque. Le problème qui se pose est
que la banque centrale prête moyennant un taux d’intérêt. Il n’est pas permis alors à la
banque islamique d’emprunter des fonds auprès de la banque centrale.

Les institutions financières islamiques sont ainsi concernées par certains risques
encourus par les autres institutions classiques. Toutefois, le degré d’importance du risque
diffère selon la nature d’activité de la banque. Ainsi on ne peut pas parler du même degré
d’importance du risque du taux d’intérêt pour les deux types d’institutions. Ces risques
seront mieux gérés à travers une meilleure coopération entre les banques islamiques elles-
mêmes et avec la banque centrale du pays ou elles sont implantées.

F) Le Risque de change 40:

La détention de créances et de dettes en devise porte aux établissements bancaires un


risque de change, découlant de la variation du cours des devises dans lesquelles les créances
sont établies par rapport à la monnaie nationale. Le risque de change et le risque de taux
traditionnellement sont liés. Dans une opération de change à terme, l’achat ou la vente au
comptant de devises, conduit à deux risques. Le premier est le risque de change et dans le
placement de devises sur le marché des capitaux, le deuxième est le risque de taux. La
meilleure couverture de ce risque est d’avoir des filiales dans le pays concerné. C’est
pourquoi, les groupes financiers islamiques ont des filiales sur les principaux marchés.

3-2 Les Techniques de gestion des risques :


La question de la gestion des risques en finance islamique est plus que centrale, puisque,
d’une part, certains risques lui sont propres, et d’autre part, de l’ingéniosité dont fera preuve
la finance islamique dépendra l’avenir de cette industrie qui affirme être née pour
contrebalancer la question du risque de la finance conventionnelle.

A) Gestion du risque de crédit41 :

La gestion du risque de crédit au sein des institutions financières islamique a une


importance centrale car la banque islamique n’est pas seulement un simple créancier dans
les opérations de crédits et ne l’est pas du tout dans les opérations de financement
participatif.

De plus, un certain nombre de méthodes d’atténuation du risque de crédit empruntées à la


finance conventionnelle sont applicables à la finance islamique :

40
JBIRA MOHAMED " la finance islamique " P57
41
Conseil déontologique des valeurs mobilières "la finance islamique " octobre 2011 P33

Page
64
 Les réserves et provisions :

L’IFSB et l’AAOIFI ont reconnu l’exposition des banques islamiques aux risques de crédit
et recommande d’établir des réserves prudentielles. Deux types de réserves sont retenus : le
premier est le Profit Equalization Reserve (PER), une réserve de péréquation des
rendements retenue à partir du revenu brut de la banque avant l’allocation des profits entre
les actionnaires et les titulaires des comptes d’investissement. Ce mécanisme permet de
garder un certain niveau de profit pour les comptes d’investissement. Le deuxième est
l’Investment Risk Reserve (IRR), une réserve pour risque d’investissement qui permet de
protéger la banque lors des pertes sur les comptes d’investissement calculée à partir des
profits attribués seulement aux titulaires des comptes d’investissement.

 Le nantissement :

Cette méthode représente un rempart contre les pertes de crédit. Le nantissement est
utilisé par les banques islamiques pour sécuriser les liquidités en leur possession. Comme
l’exige les principes de la FI, les produits périssables et instruments financiers à base
d’intérêt ainsi que les créances ne sont pas acceptés en tant que garanties.

 Clauses contractuelles atténuant le risque :

Certaines clauses contractuelles pourraient être utilisées pour diminuer les incertitudes et
le risque de défaut. Les accords contractuels entre les parties jouent un rôle similaire à celui
des techniques de contrôle des risques. A titre d’exemple, les fluctuations des prix
postérieurs à une vente Salam pourraient inciter à des manquements aux obligations
contractuelles. Le risque pourrait être minimisé en ajoutant une barrière ou une limite dans
le contrat au-dessus de laquelle la partie gagnante doit compenser l’autre partie. Selon la
BID, cette pratique est largement utilisée au Soudan et est connue sous le nom de Band Al
Ihsan.

 Le rating interne :

Tous les établissements bancaires procèdent à une évaluation ou un rating de leurs actifs
et de leurs clients pour déterminer les provisions pour pertes sur les prêts. En ce qui
concerne les IFI, elles ont commencé à intégrer ces systèmes de notation récemment.
Cependant, les modèles diffèrent selon la sophistication et la taille de la banque. Selon la
BID, la plupart des IFI sont techniquement capables d’initier un modèle de notation interne
pour chaque emploi. De plus, à moyen et long terme, cela pourrait contribuer à remplir le
déficit existant en termes de gestion des risques et pourrait également contribuer à initier le
rating de ces institutions financières par les autorités monétaires et les agences de notation.
Page
65
B) Gestion du risque de liquidité 42:

Les institutions financières islamiques (IFI) sont exposées à un risque de maturité


important.

En effet, elles ont développé des capacités pour le financement et l’investissement ce qui
augmente la maturité moyenne des actifs, mais le refinancement demeure essentiellement à
court terme. Ceci augmente les GAP de maturité ce qui nécessite des solutions efficaces pour
la gestion ALM (gestion actif-passif).

En 2008, La Banque Centrale de Bahreïn (BCB) a lancé un nouvel instrument financier


islamique permettant l’amélioration de la liquidité à court-terme. En effet, ce produit,
l’Islamic Sukuk Liquidity Instrument (ISLI) est conçu pour permettre aux IFI et aux
banques conventionnelles d’avoir accès à une liquidité court terme contre des Sukuks Ijara
souverains.

Le but de la stratégie de la CBB est de créer un marché Sukuk plus profond et plus liquide,
ce qui devrait stimuler et promouvoir un marché financier islamique plus actif.

C) Gestion du risque de marché43 :

Les banques islamiques ne sont pas à l’abri du risque marché lors des fluctuations du
Libor car elles doivent payer plus de profits aux futurs déposants tout en recevant moins de
gains provenant des utilisateurs de fonds à long terme. Il est indéniable que les restrictions
en termes d’utilisation de produits dérivés, plus particulièrement les swaps de taux et de
change rendent la gestion de ces risques une tâche compliquée. Néanmoins, il est possible à
la date d’aujourd’hui de concevoir des swaps de taux compatible avec la loi islamique.

D) Gestion du Risque Opérationnel44 :

Le risque opérationnel étant de nature complexe et varié, il n'est pas toujours facile de le
quantifier. Aussi, compte tenu de la variété des sources du risque opérationnel, les méthodes
de sa gestion doivent également être différentes et bien adaptées. Ceci nécessite la mise en
place d'un processus approprié à chaque catégorie de risque avec une séparation claire et
nette des responsabilités des différents intervenants.

E) Gestion d’autres risques 45:

42
Conseil déontologique des valeurs mobilières "la finance islamique " octobre 2011 p34
43
Conseil déontologique des valeurs mobilières "la finance islamique " octobre 2011 P35
44
Conseil déontologique des valeurs mobilières "la finance islamique " octobre 2011 P35
45
JBIRA MOHAMED " la finance islamique " P59

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66
Un autre risque auquel la banque islamique est exposée est celui du taux d’intérêt. Bien
qu’elle ne pratique pas le taux d’intérêt dans ses transactions, elle utilise un taux de
référence pour déterminer sa marge de profit (généralement le LIBOR). Parmi les
techniques de gestion de ce risque chez ces institutions c’est l’analyse différentielle. Elle
permet de mesurer le revenu net et sa sensibilité par rapport au taux de référence. La
banque essayera ainsi d’immuniser son bilan. C'est-à-dire elle fixe un niveau quelconque de
profit qu’elle veut atteindre quel que soit le mouvement du taux de référence. Une analyse
différentielle se base sur la réévaluation des postes de bilan. Les ressources peuvent être
réévaluées puisque le rendement des dépôts d’investissement est variable selon les
conditions de marché. La difficulté rencontrée c’est la réévaluation des emplois à cause de
l’impossibilité de vente des dettes.

Conclusion générale :
Tout au long de ce travail, j’ai essayé de démontré que la finance islamique représente une bonne
alternative à la finance conventionnelle.

Pour cela, j’ai commencé, par établir l’historique de la finance islamique dans le monde
musulman et le monde non musulman. Ainsi, j’ai essayé d’expliquer les fondements de cette finance
par des sources de la Charia. Après j’ai expliqué les principes de l’économie islamique qui sont le
principe de la double propriété, le principe de la liberté économique dans un cadre limité et le
principe de la justice sociale. Et enfin, j’ai défini les principes sur lesquels repose la finance
islamique. Celle-ci est basée sur un ensemble de prohibitions telles que les intérêts (Riba), la
spéculation (Maysir, Gharar), l'investissement dans des secteurs jugés illicites (Haram) par la loi
islamique (Sharia). J’ai par ailleurs expliqué les principes des «3P» (Partage de Profits et de Pertes)
et le rôle de la Sharia Board.

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67
Après avoir vu les bases sur lesquels repose la finance islamique, on a vu les principales
techniques de financement qu'offre la finance islamique. J’ai évoqué les instruments dits : «
financement » (Murabaha, Ijara, Al Salam et Istisna). Et les instruments de « participatifs » (,
Moudaraba et Mousharaka), et autres instruments. Après, on a fait une comparaison entre le
système financier islamique et conventionnelle.

En fin, on a vu un cas pratique de la Finance Islamique au Maroc, et le développement des


produits alternatifs au Maroc, on a vu les institutions financières islamiques et la gestion des risques
financières islamiques commençant par les préalables à la gestion de ces risques et ainsi les
principaux risques encourus par les institutions islamiques qui sont le risque de crédit, le risque de
taux d’intérêt, le risque opérationnel, le risque da retraits et le risque de liquidité et après, on donne
les techniques de gestion des risques.

Bibliographie :

 https://www.scribd.com/doc/225412655

 https://drive.google.com/file/d/1aEuLFwYvGB8A6hnCR5AynHCrYztyKFJm/view

 https://drive.google.com/file/d/1ome0a8rUVGJyuKJvlAkaZULcG7l2-S13/view

 https://drive.google.com/file/d/1YdIz5OunKnDnUX6bb0S_Zp0GmYvfIlVZ/view

 https://www.ammc.ma/sites/default/files/Etude_finance_islamique_2011_10_19.pdf

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Tableau de matière
Dédicace: ....................................................................................................................................................... 1

Remerciement: .............................................................................................................................................. 3

Introduction générale : ..................................................................................................................................4

Chapitre 1 : Approches théoriques et contexte d’apparition de la finance islamique : .................................6

Section 1 : Définition et sources de la finance islamique : ............................................................................6

1.1 De l’économie islamique à la finance islamique : ..........................................................................6

1.2 Sources de la finance islamique :...................................................................................................9

Section 2 : Définition et catégories des banques islamiques : ..................................................................... 12

2-1 Définition des banques islamiques : .................................................................................................. 12

2-2 Catégories des banques islamiques : ................................................................................................. 13

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69
2-3 Les organes de contrôle de système et des institutions financières islamiques :.............................. 15

Section 3 : Evolution historique de la finance islamique dans le monde : .................................................. 17

3-1 L’évolution dans le monde musulman : ............................................................................................. 18

3-2 L’évolution dans le monde non musulman: ......................................................................................22

Chapitre 2 : La finance islamique une alternative de la finance conventionnelle :.....................................24

Section 1 : les fondements de la finance islamique : ...................................................................................24

1.1 L’interdiction de l’intérêt (Riba) :................................................................................................24

1.2 L’interdiction de l’incertitude et de le spéculation (Gharar et Maysir) : ..................................... 25

1.3 L’interdiction des investissements illicites (Haram) :.................................................................26

1.4 Le Principe du Partage de Profits et de Pertes (3P) : .................................................................. 27

1.5 La tangibilité de l’actif « Asset Backing » : ................................................................................. 28

Section 2 : Les instruments de la finance islamique : ................................................................................ 28

2-1 Les instruments participatifs : ...........................................................................................................29

2-2 Les instruments de financement : .....................................................................................................32

2-3 Les autres produits financiers islamiques : ....................................................................................... 35

Section 3 : comparaison du système financier islamique et classique : ...................................................... 37

3-1 Comparaison entre : Le bilan des banques islamiques vs conventionnelles : ................................... 37

3-2 Comparaison des produits financiers islamiques vs conventionnelle : ............................................39

3-3 D’autres points de différence : .......................................................................................................... 40

Chapitre 3 : Les banques participatives (Islamique) au Maroc :................................................................. 45

Section 1 : Le développement de la finance alternative au Maroc : ............................................................ 45

1.1 Le Maroc vers les produits alternatifs : ....................................................................................... 45

1.2 Les acteurs de la finance alternative : ........................................................................................ 48

Section 2 : Le cadre institutionnel Marocain : les institutions Marocain et les produits alternatives : ..... 52

2-1 Les produits alternatifs lancés sur le marché par les Banques Marocaines : .................................... 53

Section 3 : Les risques de la finance islamique et les techniques de gestion : ........................................... 60

3-1 Les Principaux risques encourus par les institutions financières islamiques : ................................ 60

3-2 Les Techniques de gestion des risques : ............................................................................................64

Conclusion générale : .................................................................................................................................. 67

Bibliographie : ............................................................................................................................................ 68

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