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Département de Science de la matière Filière de Chimie

Cours : Techniques d’Analyse Spectroscopiques Master1 Chimie analytique

I. Spectrométrie RMN
La résonance magnétique nucléaire (RMN) est une technique
spectroscopique permettant d'identifier la structure de composés (liquide ou
solide), de caractériser leur enchaînement atomique, et d'obtenir des
informations sur l'environnement (nature des voisins proches) des noyaux
atomiques. Cette méthode d'analyse est puissante et très performante, utilisée
aussi bien en analyse structurale qu'en analyse quantitative. Le mot «
nucléaire » signifie que cette méthode utilise les propriétés du noyau (de
l’atome d’hydrogène constitué d’un proton).
Cette méthode ne met en jeu aucune réaction de fission de ce noyau et
n’est pas associée à l’énergie nucléaire.
La RMN est devenue aujourd'hui un outil indispensable et incomparable.

I.1.Notions d’interaction entre un rayonnement lumineux et la matière


La lumière ou rayonnement lumineux correspond à un rayonnement
électromagnétique. Ce rayonnement est caractérisé par une longueur
d’onde  ou une fréquence  et transporte une énergie égale à h . Pour
certaines valeurs de la fréquence, ce rayonnement est capable d’interagir
avec la matière. Les valeurs de l’énergie associées sont discontinues et sont
dites « discrètes » ou quantifiées. La fréquence et la longueur d’onde sont
reliées par  = c/, où c est la vitesse de la lumière.
 s’exprime en hertz (Hz),  en mètres (m) ou sous-multiples.
h est la constante de Planck. h s’exprime en joules (J)
I.2.Approche simplifiée du principe général de la RMN pour l’atome 1H
L’atome d’hydrogène 1H a un noyau exclusivement composé de 1 proton.
Ce proton est une particule chargée en mouvement. Tout se passe comme
si ce proton était un aimant en mouvement permanent.
Le noyau doit posséder un moment magnétique : µ = γ I : I (nombre de spin) ≠ 0
Z : n° atomique (nbre de protons)
A : nbre de masse (protons + neutrons)

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A et Z pairs  I = 0 : 12C, 16O


A pair, Z impairI = n : 14N, 2H (I = 1)
A impair  I = n/2 : 1H, 13C, 15N, 31P (I = 1/2)
X AZ (γ = cte gyromagnétique)
Les états de spin du noyau sont quantifiés, m (nombre quantique
magnétique) peut prendre les valeurs m = + I, I - 1, … - I + 1, - I, soit pour I =
1/2 : m = + 1/2, m = - 1/2
En l’absence de champ magnétique, les moments magnétiques des noyaux
sont orientés de manière aléatoire

Le proton n'a que deux niveaux d'énergie : placé dans un champ


magnétique, il peut soit s'aligner sur le champ, ce qui correspond au niveau
d'énergie le plus bas, soit s'aligner dans la direction opposée, ce qui
correspond au niveau d'énergie le plus élevé.

Ce qui signifie qu’il n’y a que deux orientations possibles pour µ : µ sera
parallèle ou antiparallèle au champ magnétique B0. Les deux seules valeurs
de Iz sont : -1/2 et +1/2. Or, à chacune de ces valeurs, correspond une
valeur de l’énergie magnétique, notée Um ; ce qui, dans le cas du proton,
conduit aux deux valeurs possibles de l’énergie :

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Tout ceci peut être résumé sur le diagramme suivant :

Conventionnellement, la flèche indique le sens de la projection de µ par


rapport au champ B0. On remarque que plus on applique un champ
magnétique fort au noyau, plus la différence d’énergie entre les niveaux est
grande. Comme toute spectroscopie, la RMN repose sur des transitions
entre les différents niveaux d'énergie. Pour provoquer ces transitions, on
utilise un champ magnétique oscillant B perpendiculaire à B0, associée à une
onde électromagnétique de fréquence . La résonance va correspondre à la
transition du spin nucléaire du proton de l’état  vers
l’état . Elle sera observée lorsqu’il y aura absorption d’une radiation de
fréquence  telle que :
Soit aussi :

On voit donc que l’on observera la résonance à des fréquences de plus en


plus grande si on applique un champ magnétique de plus en plus fort.

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Et en RMN, il faudra vraiment un champ magnétique très fort : l’intensité du


champ magnétique est comprise entre 2 et 10 tesla (100 000 fois plus que
de champ magnétique terrestre). Il n’en demeure pas moins que l’écart
entre les niveaux d’énergie demeurera petit, si bien que l’énergie nécessaire
pour retourner le spin du noyau pourra être fournie par une radiation
électromagnétique du domaine des radiofréquences, c’est à dire celui des
ondes radio. Les longueurs d’onde des ondes radio s’étendent de 0,1 à 100
m.

Il est important de retenir également que la différence d’énergie entre le


niveau fondamental () et le niveau excité () est très faible. En utilisant la
relation de Boltzmann :

B0 = 9,5 T (400 MHz pour 1H) : ΔE = 2,68.10-25 J et Nα / Nβ = 1,000065


ν = γ/2π B0 fréquence de résonance : l’irradiation à cette ν permet de
modifier les populations (Nα = Nβ) puis retour à la distribution normale :
seule une très faible quantité de spins est responsable du signal RMN
Tous les noyaux 1H devraient résonner à la même fréquence ν = γ/2π B0

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Mais les électrons autour des noyaux vont générer un faible champ opposé
à B0 (blindage) et les noyaux vont en réalité être soumis à un champ
σ : constante d’écran

et résonneront à
Seuls les noyaux ayant un même environnement (équivalents)
résonneront à la même fréquence
I.3.Présentation d’un spectre de R.M.N : déplacement chimique
I.3.1. Résonance d’un proton et déplacement chimique
Le déplacement chimique, noté δ, est la grandeur en abscisse du spectre
RMN. Il s'exprime usuellement en partie par million notée ppm. Sa valeur
augmente de la droite du spectre (0 ppm) vers la gauche (10 jusqu’à 15
ppm).

δ déplacement chimique est exprimé en parties par million (ppm)

fréquence “théorique” dʼaprèsB0


fréquence de résonance du noyau ν réf. : fréquence d’un noyau de référence
Référence = TMS TMS : tétraméthylsilane

Pourquoi ce choix du TMS ?


-Ses 12 protons ont le même environnement chimique, et fournissent un
seul signal.

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-Son absorption est intense : on en utilise une très faible quantité.


-Sa température d’ébullition est 26°C : il est facile à éliminer.
-Sa grande inertie chimique fait qu’il ne réagit pas avec l’échantillon étudié.
Les 12 noyaux 1H sont équivalents : δ = 0 ppm La grande majorité des
noyaux 1H des molécules organiques sont moins blindés que les noyaux du
TMS  δ > 0 (0 < δ < 10 ppm)

La fréquence de résonance varie avec B0 (selon le spectromètre) mais pas δ


I.3.2. Principaux facteurs influençant le déplacement chimique

A. L’effet inductif
L’effet inductif est le seul effet de polarisation qui intervienne dans les molécules
saturées : il se transmet par les électrons des liaisons sigma (σ). On appelle effet
inductif la propagation de la polarisation d’une liaison simple dans la molécule. Il est
représenté par des flèches sur les liaisons σ :
L’oxygène est plus électronégatif que l’hydrogène, donc les
Electrons de la liaison sont situés plus près de l’oxygène.
L’hydrogène du groupe hydroxyle est donc déblindé. Le signal se déplace vers les
grands δ.
Le classement des groupements à effet inductif par rapport à l’hydrogène

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électronégativité des atomes voisins  (effet -I) :  de la densité


électroniquedéblindage

B . L’effet mésomère
L’effet mésomère concerne le déplacement des électrons intervenant dans
les liaisons multiples et des électrons p (doublets non liants) par mésomérie.
On appelle effet mésomère d’un substituant son orientation sur le sens du
déplacement des électrons, p par mésomérie. Il peut donneur ou accepteur.
Le classement des substituants par effet mésomère

C. Effet d’anisotropie paramagnétique


Il est dû aux champs induits par les mouvements orbitaux des électrons de
valence. Il produit une modification de l’espace magnétique dans leur
voisinage.
 Cas du noyau benzénique En présence du champ externe, les six électrons
circulent le long du cycle de manière à créer des lignes de champ, de sens
opposé à celui-ci, à l’intérieur du cycle.

Les lignes de champ dans le benzène montrent que les H arom subissent un
champ fort, les protons sont alors déblindés et résonnent pour des champs
faibles.
 Cas des liaisons multiples Un phénomène analogue de circulation des
électrons se produit. On peut délimiter l’espace en deux régions séparées

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par une surface conique. Les protons situés à l’intérieur du cône de blindage
sont déplacés vers les champs élevés, les protons situés à l’extérieur vers les
champs faibles
La liaison hydrogène
Les hydrogènes engagés dans des liaisons H, résonnent sur un large
domaine de δ (OH entre 0,5 et 7,7 ppm). Plus la molécule est entourée de H
le déplacement chimique diminue.
Dans les tables, on trouvera la valeur du déplacement chimique de plusieurs
protons caractéristiques. L’ensemble des protons des molécules courantes
de la chimie organique a un déplacement compris entre 0 et 15 ppm. Il faut
aussi préciser que ce sont des déplacements évalués par rapport au TMS.

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Table de données RMN


I.4.Interprétation d’un spectre RMN
I.4.1. Protons équivalents
Sont appelés protons équivalents les protons ayant le même environnement
chimique. Ainsi les groupes de protons équivalents auront les mêmes
fréquences de résonance et les mêmes déplacements chimiques.
Exemple : Dans les 2 exemples suivants :
- Les 6 atomes d’hydrogène rouges sont équivalents
- Les 2 atomes d’hydrogène bleus sont équivalents

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I.4.2. Protons voisins


Deux protons sont dits « voisins » s'ils sont portés par des atomes de
carbone voisins

I.4.3. Couplage spin-spin


-Règle (n+1) -uplets
On appelle un système faiblement couplé si le déplacement chimique est
important par rapport à la constante de couple. Chaque groupe de pic est
alors bien séparé. C'est l'inverse pour les systèmes fortement couplés, il
pourra donc y avoir une superposition des massifs rendant l'interprétation
du spectre plus complexe. Pour les systèmes faiblement couplés ayant des
protons équivalents au point de vue magnétique, on obtient 2nI+1 pics ou n
est le nombre de voisins. Dans le cas de la RMN du proton, I=1/2, on a donc
n+1 pics. En effet chaque H voisins aura 2 populations différentes m=1/2 et
m=-1/2. S'il y a un 2ème noyau d'H, il va séparer encore les niveaux par 2

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donc 1 qui sera en commun car on a la même constante de couplage


(équivalence magnétique). On aura donc 3 écrans différents donc 3 pics. Les
intensités des pics vont suivre le triangle de Pascal

Constantes de couplage
La constante de couplage est notée J avec un chiffre en haut à gauche qui
indique le nombre de liaisons séparant les noyaux.
1
J couplage en général hétéronucléaire: les atomes ne sont séparés que par
une seule liaison
2
J couplage géminé: concerne les atomes séparés par 2 liaisons. le couplage
a lieu que si les H ne sont pas identiques (configuration comme dans un
cycle, double liaison bloquant la rotation ...) il n'y donc pas de couplage pour
un CH2 ou CH3.
3
J couplage vicinal: concerne les atomes séparés pas 3 liaisons
4
J le couplage longue distance: en général inférieur à 0.5Hz et pas décelés
En général, on n'observe pas de couplage spin-spin à travers les
hétéroatomes tels que l'azote ou l'oxygène en raison de la mobilité des
protons. Cependant, celui-ci peut être présent en fonction de solvant utilisé
qui peut bloquer les échanges
L’amplitude du couplage, ou le nombre de hertz par lequel le signal est
scindé est appelé constante de couplage, symbolisée J. Cette constante est
affectée par la disposition des atomes dans l’espace. Ainsi le couplage de

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deux hydrogènes en cis sera différent de celui de deux


hydrogènes en trans par exemple.
Prenons l’exemple de l’éthanol :

Les protons du groupe méthyle CH3 ont pour voisins les 2 protons du
groupe CH2. On obtient alors un massif de (2 + 1) pics, soit 3 pics : un triplet.
 Les protons du groupe CH2 ont pour voisins les 3 protons du groupe CH3
et le proton du groupe OH. Le seul couplage possible est avec les protons
portés par le carbone : on obtient (3 + 1) pics, soit 4 pics (un quadruplet).
 Quand le proton est lié à un atome autre que C (ici le proton lié à O) il ne
donne pas lieu au couplage avec d'autres protons de la molécule. On a un
pic singulet.
I.4.4. Intégration du signal
L'aire sous la courbe d'un signal de RMN est proportionnelle au nombre de
protons équivalents correspondants. Cette surface est calculée par
intégration et est représentée pour chaque signal par une série de paliers.
L’intégration renseigne donc sur le nombre relatif de protons équivalents
associé au signal.
Exemple : Le spectre du méthanoate de méthyle présente deux signaux.
saut de la courbe d'intégration correspondant au signal à 3,8ppm est trois
fois plus grand que le saut correspondant au signal à 8,1ppm. Dans la

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molécule étudiée, il y a donc trois fois plus de protons en résonance à


3,8ppm qu'à 8,1ppm.

Spectroscopie RMN 1H

I.5. Méthode d'analyse d'un spectre de RMN


- Compter le nombre de signaux pour déterminer le nombre de groupes de
protons équivalents.
- Utiliser la courbe d'intégration pour déterminer la proportion de protons
associée à chaque signal.
- Analyser la multiplicité d'un signal pour dénombrer les protons équivalents
voisins des protons responsables d'un signal.
- Utiliser une table de valeurs de déplacement chimique pour vérifier la
formule de la molécule obtenue à l'issue des étapes précédentes ou pour
identifier la formule de la molécule s'il reste des ambiguïtés.

Pour l’étude RMN :


• l’influence des champs magnétiques sur les objets pouvant s’aimanter ;
• l’appareil de RMN ;
• la préparation de l’échantillon ;
• l’obtention du spectre ;
• son interprétation ;
• la comparaison avec les réactifs de départ.

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I.6. Appareillage
Un spectromètre de R.M.N. est constitué d’un électro-aimant à l’origine de
B0. L’élévation de température nécessite la mise en place d’un circuit de
refroidissement de l’aimant. Un échantillon est placé dans un tube de verre
entre les 2 pôles d’un puissant aimant. L’échantillon est exposé à une
radiofréquence constante dans un champ magnétique d’intensité variable.
Lorsque le champ magnétique atteint une intensité spécifique, certains
noyaux absorbent de l’énergie et la résonance se manifeste. Cette
absorption induit un très faible courant électrique, qui circule dans la bobine
réceptrice entourant l’échantillon et un pic apparaît. L’appareil envoie sur
l’échantillon une radiofréquence de très courte durée ( 10-5 s) et cette
impulsion rf excite tous les noyaux en même temps ensuite un ordinateur
procède à un calcul mathématique appelé transformation de Fourier et un
spectre RMN est produit.
Pour des champs importants (2 tesla et plus), on a recours à des
cryoaimants utilisant des bobines supraconductrices refroidies à l’hélium
liquide. Les appareils de routine actuels utilisent des électro-aimants dont
les champs magnétiques valent 1,409 ; 2,115 : 5,872 et 11,743
correspondants respectivement à 60, 90, 250 et 500 MHz, pour la résonance
du proton. On utilise d’ailleurs très souvent cette grandeur, la fréquence,
pour caractériser l’appareil. Dans ces appareils à onde continue la fréquence
est fixée par l’émetteur et on fait un balayage en faisant varier très
légèrement le champ B0 à l’aide d’un variateur de champ pour obtenir la
résonance.

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I.7. RMN du 13C


Du point de vue théorique elle est identique à celle de la RMN du 1H.
I = ½  deux états. La fréquence d’absorption du 13C est différente de celle
1H, car le rapport géromagnétique (13C  1H) sont différents.
Spectres : les signaux comprenant plusieurs raies à des déplacements
chimique différents (C) à cause de l’environnement. Le comportement vis-
à-vis d’un champ B0 est comparable à celui de l’hydrogène : On obtient une
résonance et un signal pour chaque atome de carbone. Les déplacements
chimiques dépendent aussi de l’environnement de l’atome de C dans la
molécule. Les déplacements chimiques des atomes de carbone 13C vont de
0 à 200 ppm.
Exemple :

En règle générale, une étude RMN au carbone 13, permet juste de


déterminer si l'on a bien un carbone éthylénique. Sachant qu'un carbone
quaternaire en en générale d'intensité plus faible que les autres (c'est à
cause de son temps de relaxation). Les déplacements chimiques pour les
carbones oléfiniques, sont entre 95 et 160 ppm. Par contre pour les alcènes
(oléfines) conjugués les carbones se trouvent entre 140 et 170 ppm. la
résonance étant plus faible, les signaux du 13C sont environ 6000 fois plus
faibles que ceux de 1H. La faible abondance des noyaux de 13C, il est très
peu probable qu’un noyau donné possède un voisin 13C plutôt qu’un voisin
12C. Il en résulte une absence presque totale de couplage et les spectres de
RMN-13C ne montrent que des singulets.

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I.7.1. Quelques déplacements pour le carbone 13 : 13C

Exemples : Propanone

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2-méthylbut-1- ène

Couplage du 13C avec d’autres noyaux d’atomes de carbone 13 voisins :


la probabilité d’avoir deux atomes de 13C voisins est de 1/10 000, il n’y a donc
quasiment pas de couplage carbone – carbone.
I.7.1. Couplage du 13C avec les protons voisins : 13C/H
Ces couplages existent. Pour simplifier la lecture des spectres, il existe une
technique de découplage permettant de supprimer les éclatements des
signaux liés à ces couplages.
Ainsi, un spectre de RMN du 13C se réduit pratiquement à des singulets.

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I.8. RMN à deux dimensions (2D)


La RMN multidimensionnelle permet de mieux séparer les informations et
d’établir les spectres obtenus pour différents noyaux par exemple. Le RMN à
deux dimensions est devenue aujourd’hui une analyse de routine et
l’utilisation de la RMN tri- (et quadri-) dimensionnelle (3D et 4D) est utilisée
pour certaines applications telles que l’imagerie médicale ou encore la
détermination de structures complexes tridimensionnelle de
macromolécules ex. protéines
Les informations données par un spectre RMN 2D sont :
- Les taches observées montrent des interactions entre les noyaux. Ceci
montre que les noyaux sont corrélés.
- Les interactions scalaires ou couplages. Homonucléaires (1H-1H) et
Hétéronucléaires (1H-13C). La corrélation scalaire 13C-13C n’est pas utilisée,
ceci est dû à l’abondance du 13C qui n’est que de 1,1%.
- Les interactions dipolaires ou proximités spatiales. Homonucléaires (1H-
1H) et Hétéronucléaires (1H-13C).
I.8.1. Principales corrélations 2D
Il existe deux grandes familles de méthodes 2D, la famille des corrélations
homonucléaires, les deux dimensions concernent le même noyau et celle
des corrélations hétéronucléaires, constituée de techniques pour lesquelles
les deux dimensions concernent deux noyaux différents.
A. COSY (COrrelated SpectroscopY) : Spectre à deux dimensions
permettant d’établir les couplages scalaires proton/proton à courte
distance (2j et 3j).
B. TOCSY (Total Correlation SpectrocopY) : Spectre à deux dimensions
permettant d’établir les couplages scalaires proton/proton à courte
et longue distance.
C. NOESY (Nuclear Overhauser Effect SpectroscopY) pour les grosses
molécules telles que les protéines et ROESY (Rotating frame
Overhause Effect SpectroscopY) appelée aussi CAMELSPIN (Cross-
relaxation appropriate for Minimolecules Emulated by Locked SPINs)

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experiment) pour les molécules organiques classiques : Spectre à


deux dimensions permettant d’établir les couplages dipolaires
proton/proton ou transfert de polarisation par effet NOE (Nuclear
Overhauser effect). L’effet Overhauser nucléaire décrit une
interaction entre deux spins à travers l'espace et non pas à travers les
liaisons chimiques comme le couplage scalaire.
D. HSQC (Heteronuclear Single Quantum Coherence ou Heteronuclear
Single Quantum Correlation) : Spectre à deux dimensions permettant
d’établir les corrélations proton/carbone à courte distance (1j,
permet d'associer un carbone protoné aux hydrogènes qu'il porte).

E. HMBC (Heteronuclear Multiple Bond Correlation) Spectre à deux


dimensions qui s'intéresse aux couplages plus faibles 2J, 3J et plus.
F. DOSY (Diffusion Ordered SpectroscopY) : Spectre à deux dimensions
permettant de distinguer le nombre et les résonances de protons
des molécules présentent dans un mélange. Permet, par exemple,
d'avoir une information globale sur la formulation pharmaceutique.
En plus des informations structurales, elle permet d’obtenir une
séparation virtuelle des composés, ce qui facilite l’identification des
adultérants (substances non désirées dans les formulations).
Dans cette partie, nous donnerons quelques exemples dans le cas du 1H
pour les corrélations homonucléaires (COSY) et le cas 1H-13C (HSQC) pour
les corrélations hétéronucléaires.
COSY : Spectre RMN 2D du crotonate d’éthyle

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Spectre RMN 2D du crotonate d’éthyle


Les taches de la diagonale représentent le spectre RMN 1H du crotonate
d’éthyle et celles de part et d’autre de la diagonale indiquent les couplages
scalaires.

Spectre HSQC-1H/13C du 2-chlorobutane

I.9. RMN DU FLUOR ET DU PHOSPHORE


Le fluor et le phosphore sont les deux hétéroatomes, au sens de la chimie
organique, qui ont été le plus étudiés par RMN après l’hydrogène et le
carbone.
L’élément fluor, constitué par 100 % de 19F (I = 1/2), est à comparer au
proton 1H pour sa bonne sensibilité. Son électronégativité étant supérieure
à ce dernier (4 au lieu de 2,1), l’étendue des déplacements chimiques est
beaucoup plus grande. Par conséquent, en RMN 19F, il devient possible de
distinguer des composés chimiquement très semblables. En particulier, les
différences dues à la stéréochimie des molécules étudiées sont
importantes et les constantes de couplage JF-H peuvent se mesurer sur de
plus grandes distances que les JH-H. En revanche, relativement peu de
molécules contiennent des atomes de fluor. Les spectres
de RMN du fluor sont donc généralement obtenus sur des composés dans
lesquels on a volontairement introduit par modification chimique cet atome
(ou un groupement CF3) en une position connue, afin de déduire des
renseignements structuraux à partir des perturbations apparues. L’atome de
fluor provoque un déplacement chimique comparable à celui d’un

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groupement OH mais peu de modifications stériques dans la molécule car


les rayons de Van der Waals sont comparables : 1,35 au lieu de 1,1
Angström pour l’atome d’hydrogène. Le phosphore (31P, I = 1/2) autre
élément commun dont un seul isotope existe à l’état
naturel, a été étudié depuis l’origine de la RMN, tant parce que sa sensibilité
est grande et qu’il rentre dans la composition de nombreux composés
importants en biologie.

Positions de quelques signaux en RMN du fluor et du phosphore.

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