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TROUBLES DU METABOLISME

DES GLUCIDES

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1.INTRODUCTION

Le glycogène est un polysaccharide qui représente la


forme de réserve que prennent habituellement les
glucides dans l’organisme.

Il se trouve principalement dans le foie les muscles les


épithéliums malpighiens, l’utérus prémenstruel et dans
l’utérus gravide et en grande quantité dans les tissus
embryonnaires.

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2.Moyens d’étude

2.1 Fixation

Le glycogène est soluble dans l’eau. Pour sa mise en évidence dans les tissus, il
faut éviter les fixateurs aqueux.

La fixation se fera donc au Bouin alcoolique ou au liquide de Carnoy dont les


compositions sont les suivantes :
Bouin alcoolique Liquide de Carnoy

- Formol à 40 %........................10 volumes - Alcool absolu………6 volumes


- Solution alcoolique à 80° - Chloroforme………..3 volumes
- Saturée en acide picrique……20 volumes - Acide acétique………1 volume
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2.Moyens d’étude

2.2 Coloration

Une vieille technique : la réaction iodée qui colore le


glycogène en brun acajou.

le P.A.S. donne une couleur rouge violet très intense

le Carmin de Best qui donne une teinte rouge vif.

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3.Trouble par défaut
La disparition ou la raréfaction du glycogène au niveau de la cellule hépatique
est réalisée dans
- l’inanition ou jeun prolongé
- dans certaines maladies consomptives avec vomissements importants,
- une grande fatigue secondaire à une intense activité physique,
- une agression hépatique par un produit toxique (phosphore, strychnine,
chloroforme, certains champignons)

Au niveau du col utérin : le carcinome du col utérin présente des cellules sans
glycogène alors que les cellules normales en sont riches.
Application: le test de Schiller : on badigeonne au lugol le col utérin.
Normalement toute la partie badigeonnée vire au brun. S’il y a une zone qui
ne vire pas au brun (iodonégative), elle est suspecte et doit faire l’objet d’une
biopsie. 5
4.Trouble par excès

Ces troubles par excès sont plus importants à considérer.

2.1- Localisation

A l’occasion du diabète, le glycogène est en excès non seulement


dans le foie mais également dans le rein.

Au voisinage des foyers de nécrose, le glycogène est observé dans


les cellules dégénérées. C’est ainsi qu’on appelle leucocytes iodophiles :
les polynucléaires en voie de destruction contenus dans les liquides
purulents et renfermant du glycogène.

En dehors du carcinome du col utérin, beaucoup de cellules


cancéreuses sont exagérément chargées de glycogène à cause de leur
hyperactivité (séminomes testiculaires, cancers à cellules claires du rein,
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Aspect cytologique
L’aspect cytologique est le même quelque soit la cellule en cause.

Au niveau du foie par exemple, avec les techniques de routine, la cellule est
augmentée de volume, son cytoplasme est clarifié, se colore mal, prend l’aspect
aréolaire en « mousse de savon » ou est optiquement vide et prend l’aspect de
cellule végétale.

La membrane cellulaire est très nette, le noyau est en général pycnotique ou au


contraire il est globuleux, occupé par une vacuole plus ou moins importante. Des
auteurs avaient décrit cet aspect dans le diabète sous le nom de noyaux à glycogène.

La coloration spéciale au Carmin de Best décèle des flaques ou mottes de


grains réguliers de glycogène colorés en rouge vif.

En microscopie électronique, les colorations par le plomb montrent le


glycogène sous la forme de grains en rosettes. Ces grains sont constitués par des
particules de 30 µ. 7
Aspect macroscopique

Les organes atteints demeurent normaux sauf en


cas de forte infiltration. Il y a alors augmentation de
taille et la tranche de section est jaunâtre.

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Conséquences

Les surcharges glycogéniques peuvent avoir diverses


conséquences :

- l’hypertrophie des cellules et des organes surchargés

- métaboliques résultant de l’insuffisance de glucose utilisable


(hypoglycémie, hypotrophie, fatigabilité musculaire à
l’effort) ;

- lésionnelles : altération de certains organites cellulaires


(myofibrilles), destruction des cellules par l’accumulation 9de
glycogène de structure anormale (cellules hépatiques).
Modalités étiologiques des troubles par excès

La présence de glycogène en excès dans les cellules relève de


modalités étiologiques diverses.

- Inflation

Quand la cellule effectue une glycogénopexie importante, il y a


surcharge par inflation. Par exemple au cours du diabète.

- Dégénérescence glycogénique

Quand les cellules dégénèrent, il se peut que dans ces


circonstances, elles condensent le glucose du milieu ambiant ne
pouvant plus l’utiliser. Les leucocytes iodophiles entrent dans ce cas. On
parle ainsi de dégénérescence glycogénique. 10
- Déviation

Quand il y a déviation du métabolisme glucidique, on parlera alors de


surcharge par déviation.

Cette modalité étiologique définit la maladie glycogénique, décrite en 1929 par


Von Gierke qui proposait le nom de glycogénose.

En 1934, Debré proposait le terme de polycorie glycogénique qu’il définissait


comme une accumulation excessive du glycogène normal dans les cellules
nobles d’un organe.

Cette définition devint rapidement incomplète avec la découverte du glycogène


de structure anormale, d’où la définition actuelle de la glycogénose ou
polycorie glycogénique comme l’accumulation dans les cellules nobles de
certains organes, en particulier foie, rein, muscle, de glycogène de structure
normale ou anormale.

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- Déviation

Les glycogénoses sont donc un groupe de maladies


au cours desquelles il y a stockage de glycogène dans les
hépatocytes en réponse à un déficit enzymatique. Leur
transmission est autosomique récessive (sauf la
glycogénose type TXb qui est liée au chromosome X).

Dans tous les cas, il existe un intervalle libre entre la


naissance et la découverte de la maladie.

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L’anatomie pathologique a aidé à individualiser ce cadre et
son rôle est devenu secondaire quand il existe un déficit
enzymatique connu et dosable. La biopsie hépatique reste
indiquée dans un petit nombre de cas.
En cas de biopsie chirurgicale, il faut toujours faire un
prélèvement musculaire, en plus de celui hépatique.
En cas de biopsie à l’aiguille, il faut trois carottes. Un
prélèvement est fixé pour la morphologie, un autre est
congelé pour l’histochimie, l’histo-enzymologie et le
dernier est congelé pour les dosages biochimiques.

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Ces maladies s’observent chez les jeunes enfants qui présentent :

- une hypotrophie staturale ;


- un gros cœur isolé ou associé à un abdomen énorme dû à un gros
foie ;
- une petite hypoglycémie ;
- une augmentation légère du cholestérol et de la lipémie ;
- une grande fragilité.
Quelquefois les troubles s’amoindrissent et disparaissent, la
taille augmente, le foie diminue.

Les Cori (M. et Mme) décrivent 6 groupes de maladies.

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Les Glycogénoses ou polycories
- Forme hépatorénale de Von Gierke ou type I de Cori
- La forme myocardique – Forme II de Cori (Maladie de
Pompe)
- La forme hépatomusculaire ou type III de Cori (Maladie de
Forbes)
- La forme diffuse avec cirrhose hépatique (Type IV)
d’Andersen
- La forme musculaire isolée – Forme V de Cori (Mac Ardle)
- La forme hépatique isolée (Type VI) de Hers

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Forme hépatorénale de Von Gierke ou type I de Cori
Cette forme survient chez le nouveau-né ou le nourrisson. L’attention est attirée par un retard de croissance, une
infiltration adipeuse et des manifestations d’hypoglycémie (convulsion, malaise, coma). L’hypoglycémie ne
réagit pas à l’adrénaline ni au glucagon.
Le Temps de saignement est augmenté.

Lésions anatomiques Il y a – surcharge glycogénique du foie pour 10 à 15 % de la substance fraîche du foie ;


– infiltration du rein pour 3 à 10 %.

Histologiquement, en plus de l’aspect habituel des accumulations glycogéniques que nous avons décrit plus
haut, il y a stéatose hépatique associée.

Evolution: Elle est relativement favorable surtout après la puberté mais il persiste fréquemment des troubles du
développement.

Pathogénie: Il s’agit d’un trouble familial. Le glycogène n’est pas dégradé en glucose par déficience ou absence de
glucose-6-phosphatase (phosphoglucomutase).

Cet enzyme existant également dans les plaquettes, il y a trouble du temps de saignement par anomalie de la
thromboplastinoformation → Hémorragies.

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La forme myocardique – Forme II de Cori (Maladie de Pompe)

En 1933, J.C. Pompe la décrivit comme une « hypertrophie idiopathique du


cœur ». Frappe l’enfant dès l’âge de 3 mois.

Le signe clinique majeur ici est une cardiomégalie accompagnée en général


d’une insuffisance cardiaque, de flaccidité des membres ressemblant à une
myopathie congénitale.

Lésions anatomiques: Il existe ici – une surcharge glycogénique du cœur et du


foie ;
– une infiltration de la rate, des ganglions et de la langue.

Evolution: Cette maladie est toujours mortelle par asystolie avant 1 an.

Pathogénie: Il n’existe aucune anomalie enzymatique ou structurale du


glycogène. Il s’agit d’une affection probablement liée à l’absence d’une 17
La forme hépatomusculaire ou type III de Cori (Maladie de Forbes)

Cette forme s’accompagne d’une hypertrophie cardiaque moyenne, une atteinte


musculaire, une hépatomégalie et une hypoglycémie moyenne sensible à
l’adrénaline et au glucagon.

La biopsie musculaire est indispensable au diagnostic dans ce type.

Lésions anatomiques: L’hépatomégalie est en rapport avec l’accumulation d’un


glycogène anormal à chaînes très courtes. La même constatation est faite dans
le muscle.

Evolution: C’est une forme rare dont l’évolution passe pour être bénigne.

Pathogénie: Il s’agit ici d’une absence d’Amylo-1-6-glucosidase, enzyme intervenant


directement sur la structure du glycogène. Alors que la phosphorylase qui fait et
défait les liaisons 1-4 continue son action en défaisant les liaisons 1-4. Donc
courtes chaînes de glycogène. 18
La forme diffuse avec cirrhose hépatique (Type IV) d’Andersen

C’est une forme exceptionnelle.

On observe ici un tableau d’hépatite avec ictère évoluant vers la cirrhose.

La glycémie est normale. Les tests hépatiques peuvent être perturbés à la


longue.

Lésions anatomiques: Il y a surcharge en glycogène anormal de certains tissus


(le foie et les neurones, les fibres musculaires striées et myocardiques) avec
sclérose mutilante du foie.

Evolution: Elle est en général très grave vers la cirrhose.

Pathogénie: Il y a absence d’enzyme branchant (la transglucosidase amylo-1-4-


1-6) d’où la formation d’un glycogène à longues chaînes qui aboutit à la 19
destruction de l’hépatocyte.
La forme musculaire isolée – Forme V de Cori (Mac Ardle)

Elle est l’inverse de la suivante avec arrêt d’activité


de la phosphorylase du muscle strié périphérique, celle du
foie étant conservée. Les sujets sont toujours fatigués. Ils
sont améliorés par une injection de glucose.

Peut-être, faut-il en rapprocher les observations


épisodiquement signalées comme les myotonies
congénitales dans lesquelles la biopsie musculaire révèle
parfois une accumulation souvent énorme de glycogène
dans les fibres.

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La forme hépatique isolée (Type VI) de Hers
On observe un retard du développement staturo-pondéral, une hépatomégalie
lisse, indolore.

La glycémie est abaissée ou normale avec épreuve à l’adrénaline et au glucagon


faiblement positive.

Maladie assez bien tolérée.

Lésions anatomiques : Surcharge des cellules hépatiques en glycogène avec parfois


association d’une stéatose.

Evolution: Elle se fait accessoirement vers la cirrhose.

Pathogénie: Le glycogène est normal. Il y a déficience en phosphorylase dans le sens


surtout glycogénolytique d’où la surcharge.
Cette surcharge n’apparaît pas dans le muscle dont la phosphorylase est distincte
et normale. 21

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