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Cours de pharmacie galénique

Les matériaux de conditionnement

Le conditionnement ou emballage d’un médicament se compose de différents éléments dont


les principaux rôles sont :
- Posséder une résistance physique suffisante tout en étant aussi léger et aussi peu
encombrant que possible.
- Etre imperméable aux constituants du médicament
- Protéger le médicament des facteurs extérieurs qui pourraient nuire à sa
conservation (eau, humidité, lumière).
- Etre inerte vis-à-vis du contenu.
- Etre d’une innocuité absolue.
I. Types de récipients utilisés en pharmacie :
1. Récipients pour injectables :
- Ampoules.
- Flacons de verre (vials) fermés par un bouchon serti.
- Poches ou des flacons en matériaux plastiques.
Récipients pour des liquides à usage oral :
- Bouteille en verre ou plastique avec capuchon comme fermeture et
éventuellement un système doseur.
- Ampoules.
2. Récipients pour des liquides à usage externe :
- Bouteille en verre ou plastique.
- Avec système de prélèvement (spray, pipette…). A droite : Schéma d’une
poche en plastique
II. Principaux matériaux du conditionnement : A gauche : schéma d’un
1. Le verre : flacon en verre
a. Définition :
Le verre est un matériau de conditionnement très utilisé. On le rencontre sous forme de
bouteilles, flacons, ampoules, seringues.
b. Avantage :
Le verre est inerte chimiquement, facilement nettoyable, étanche, stable, transparent,
stérilisable. Il est également facilement imprimable.
c. Inconvénients :
- Il est fragile aux chocs, aux variations de température.
- Il est lourd, bruyant et sensible aux agressions de solutions acides ou basiques.
Le verre peut être coloré en vue de protéger le produit de la lumière.
d. Composition, structure du verre :
La formule générale du verre ordinaire est :
(SiO2)m (Na2O)n (CaO)p
Vitrifiant Fondant Stabilisant

Le verre a une structure semi-organisée. Il est formé de


tétraèdre de SiO4 reliés les uns aux autres par les atomes
d’oxygène, les ions Na, K, Ca. Des fondants et stabilisants
viennent se loger dans les espaces libres avec apparition de
liaisons ioniques. Structure
tridimensionnelle
Dans les différentes qualités de verres, ces 3 composants du verre
principaux peuvent être remplacés partiellement ou
additionnés d’éléments divers tels que :

- B2O3 qui remplaçant partiellement le SiO2 diminue le coefficient de dilatation et donne un verre
moins fragile aux variations de température et plus

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- neutre.

- K2O augmente l’éclat du verre.


- As2O3 utilisé comme affinant et décolorant, pbo confère son éclat et sa sonorité au cristal.
L’utilisation de ces 2 éléments confère une certaine toxicité aux produits qui se trouvent au contact
du verre.

e. Propriétés chimiques :
Les verres étant des silicates minéraux, les produits organiques sont pratiquement sans action sur eux.
En revanche, ils sont attaqués par les réactifs minéraux tels que :
- L’eau : dissout complètement les silicates alcalins (Na, K) en provoquant une alcalinisation.
Si-O-Na + H2O NaOH + Si OH
Le NaOH produit entraine une détérioration de certains principes actifs (précipitation du sulfate de
strychnine, inactivation de la morphine, adrénaline…).
- Les acides attaquent les verres en hydrolysant les liaisons oxygène-métal avec formation d’une
pellicule de silice hydratée insoluble mais l’attaque n’est pas très profonde.
- Les bases alcalines dissolvent la silice elle-même : détruisent les liaisons Si-O d’où formation de
d’une pellicule très fine qui se détache et se transforme en paillettes insolubles.
L’attaque du verre sera d’autant plus profonde que la préparation sera portée à haute température
(stérilisation des injectables par la chaleur).
f. Différents types de verres et utilisation :

Type de verre Composition Utilisation


Verre de type I ou verre Verre borosilicaté - Solutés à petits volumes.
neutre de résistance - Larges volumes à pH alcalin
hydrolytique élevée devant subir un traitement
alcalin
Verre de type II ou verre Verre silicocalcosodique ayant - Grands volumes neutres ou
neutre en surface subi une neutralisation en légèrement acides.
surface
Verre de type III ou verre Verre silicocalcosodique de - Préparations injectables
ordinaire résistance hydrolytique liquides non aqueuses.
moyenne - Poudres pour préparation
injectable.
Remarque :
· Seul le verre de type I est réutilisable, les types II et III doivent être recyclés.
· Le verre utilisé est généralement transparent sauf pour les substances photosensibles.

2. Les matières plastiques :


2.1. Définition :
Ce sont des substances organiques macromoléculaires résultant de la répartition plus ou moins
importante d’un motif original ou monomère.
2.1. Avantage :
Les matières plastiques sont légères, souples, résistantes aux chocs, déformables.
L’impression de ces matériaux est facile.

2.2. Inconvénients :
- Des phénomènes de migration du contenu (ou désorption) peuvent se produire : migration des
monomères toxiques dans les liquides conditionnés.
- Des phénomènes d’absorption, c’est-à-dire une pénétration des molécules actives au sein de la
matière plastique, ce qui entraîne une perte de matière et d’activité.

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2.3. Fabrication des matières plastiques :


On peut distinguer différentes étapes :
§ Préparation du haut polymère à partir de monomères : on réalise une polycondensation ou une
polymérisation. Le résultat se présente sous forme de « résine ».
§ Mélange de la résine et des adjuvants qui conduit à une poudre homogène ou « poudre à
mouler».
Ces adjuvants peuvent être :
- Des plastifiants : destinés à augmenter la plasticité.
- Des stabilisants : pour retarder ou supprimer le vieillissement
- Des charges : substances inertes destinés soit à diminuer le prix de revient soit à
apporter des propriétés nouvelles.
- Des colorants.
§ Le moulage qui conduit à la forme désirée pour l’utilisation.

2.4. Classification :
Selon la structure de la matière plastique employée pour le moulage, on distingue :
- Les hauts polymères thermoplastiques qui deviennent suffisamment fluides par chauffage pour
être moulées à chaud selon la forme désirée.
- Les hauts polymères thermodurcissables qui ne se ramollissent pas par chauffage. Une fois la
condensation faite, il est difficile sinon impossible de déformer le haut polymère obtenu. La
polycondensation doit donc s’achever dans le moule.

2.4.1. Les matières thermoplastiques :

a. Les polyéthylènes : utilisés dans l’emballage.


Ils sont obtenus par polymérisation de l’éthylène (CH2=CH2).
Suivant leur mode de fabrication, on obtient deux types de PE aux caractéristiques différentes :
- les PE «haute pression » ou « basse densité » : ce sont des matériaux solides, transparents ou
légèrement opaques et de nature très souple.
- Les PE « basse pression » ou « haute densité » : ils sont plus opaques et moins souples pour une
même épaisseur.
Avantage :
- Plus résistant que le verre.
- Possède une neutralité > verre.
- Non perméable à la vapeur.
Inconvénients :
- Transparence imparfaite.
- Ne supporte pas une température de 120°C.
- Perméable à l’O2, CO2, SO2.
Usage : bouillottes, flacons compte-gouttes, pulvérisateurs, poches, tubes pour comprimés et poudres,
tubes pour pommades, des moules pour emballages pour suppositoires, des seringues et des ampoules
auto injectables, des poches…

b. Les polypropylènes (PP) :


C’est la matière plastique la plus utilisée pour les seringues.
Avantage :
- Supporte la stérilisation par autoclavage à 120°C.
- Transparence > polyéthylène.
- Peu perméable à la vapeur d’eau.
Inconvénients :
- Perméable à l’O2, CO2.
- Récipients flexibles mais assez rigides.
c. Le polychlorure de vinyle ou PVC :
Obtenu par polymérisation du chlorure de vinyle CH2=CHC par la chaleur
en présence de catalyseurs.

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A l’état pur très rigide voire même cassant et assez peu utilisé tel quel en pharmacie. On le rencontre
souvent associé à des plastifiants qui lui donnent sa souplesse.
Il est utilisé pour la fabrication de cuves, tuyaux, tubes à perfusion et poches pour soluté injectable.
Dans le conditionnement, il est employé en feuilles présentées en différentes teintes pour la fabrication
de blisters.
d. Le polystyrène : matière plastique obtenue par polymérisation du styrène :
C6H5-CH=CH2.
Utilisé dans le conditionnement sous forme de boites, flacons tubes rigides.
Très bon marché, incolore, inodore, non toxique, mais très fragile et instable au dessus de 80°C.
e. D’autres matières plastiques :
- Les polyamides : poches….
- Le polytéréphtalate d’éthylène ou PET : flacons.

2.4.2. Les matières thermodurcissables :


Ce sont des résines dures, infusibles et insolubles.
Dans cette catégorie, nous avons :
- Les phénoplastes et les aminoplastes : qui servent surtout d’accessoires d’emballage pour le
bouchage et entrent dans la composition de certaines colles et adhésifs :
- Les polyesters : ils sont utilisés comme revêtements protecteurs.
- Les polyuréthannes : ils servent à faire de vernis, revêtements et colles.

3. Les élastomères ou caoutchouc :


Ce sont des macromolécules acquérant leur élasticité définitive après vulcanisation.
La vulcanisation : consiste en un passage d’un réseau monodimensionnel à un réseau tridimensionnel.
Se classent en trois types :
- Les caoutchoucs naturels
- Les caoutchoucs synthétiques
- Les silicones.
3.1. Les caoutchoucs naturels :
Extraits du latex de certaines espèces végétales, ils sont généralement associés à des adjuvants
(plastifiants, antioxydants…)
Inconvénient : Ils sont chargés d’impuretés pouvant générer des incompatibilités.
3.2. Les caoutchoucs synthétiques :
Ils sont en général plus résistants au vieillissement et plus imperméables aux gaz et à la vapeur d’eau.
Ils résistent mieux aux solvants.
On distingue :
- les caoutchoucs butyl : utilisés pour le bouchage.
- Les caoutchoucs chlorobutyl : plus stables et résistent mieux aux solvants.
- Les caoutchoucs nitrile : résistent particulièrement aux huiles et aux essences.
3.3. Les silicones :
Ils sont stables à la chaleur et au froid, toutefois, ils sont plus perméables aux gaz et à la vapeur d’eau.
Emplois des élastomères en pharmacie :
Utilisés surtout pour fabriquer les bouchons des flacons, joint de fermeture, les tétines et capes pour
biberons, sondes…
4. Les métaux :
4.1. L’aluminium : est très utilisé en feuilles. Il a de nombreux avantages :
- Légèreté, résistance aux phénomènes d’oxydation, opacité et imperméabilité aux gaz et à la vapeur
d’eau.
Les boîtiers d’aluminium sont également traités en surface, ils reçoivent une peinture laquée blanche,
prête à recevoir une impression.
Il faut cependant connaître la compatibilité contenu/contenant, car certains produits peuvent être
corrosifs vis-à-vis de l’aluminium.
Il existe des complexes alumino-plastiques qui permettent s’associer les avantages de ces deux
matériaux.
Ils sont très utilisés dans la forme sachet.

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4.2. Etain, plomb : Ils sont de moins en moins utilisés.


4.3. Acier inoxydable : utilisé pour les cuves de stockage, réservoirs et matériel de fabrication.

5. Revêtement :
On a recours aux revêtements :
- A l’intérieur d’un récipient pour éviter le contact entre le matériau support et le contenu en tubes
aluminium vernis intérieurement
- A l’intérieur et à l’extérieur d’un récipient pour protéger des agents extérieurs
Les matériaux de revêtement sont :
- Silicates vitrifiables
- Matières plastiques naturelles ou synthétiques
- Vernis, peintures.
6. Les complexes : exemple de l’aluminium polyéthylène utilisé pour le conditionnement unitaire des
médicaments.
III. Essais des matériaux de conditionnement :
II.1. Essais mécaniques :
Ces essais peuvent être appliqués soit aux matériaux eux-mêmes, soit aux récipients terminés :
- Essais de traction et d’allongement, Essais de résistance au déchirement, aux chocs, à l’écrasement.
- L’essai de piqûre pour les fermetures des récipients pour préparation injectable : la matière plastique
ou l’élastomère constituant cette fermeture doit présenter une résistance et une élasticité adaptées à la
pénétration d’une aiguille en entraînant aussi peu que possible de fragments.
II.2. Essais de perméabilité :
- A la vapeur d’eau : le principe de l’essai consiste à mettre un produit avide d’eau (gel de silice par
exemple) dans le récipient à étudier. Celui-ci sera placé dans une atmosphère humide. L’augmentation
de poids mesurée périodiquement donne la perméabilité à la vapeur d’eau par unité de temps.
- Aux principes volatils (solvants, essences…) : par détermination de la perte de poids en fonction du
temps des récipients dans lesquels ont été placées des substances volatiles.
II.3. Essais de résistance chimique :
Le matériau ou le récipient à étudier est mis en contact avec de l’eau ou d’autres liquides à une
température donnée et pendant un temps déterminé.
Après ce traitement, l’eau est analysée par des tests appropriés afin d’identifier les substances qui sont
passées en solution.
II.4. Essais d’innocuité :
Des essais de tolérance locale sont faits par implantation chez le lapin ainsi que des études de
cytotoxicité des matériaux sur cultures cellulaires.
II.5. Essais de conservation :
On fait subir aux matériaux de conditionnement des variations de température, de pression, d’éclairage
et d’humidité pendant des temps plus ou moins longs.
II.6. Essais de résistance hydrolytique du verre :
Les récipients sont traités pendant 10 min par une solution à 4% d’acide fluorhydrique (HF), ce qui
élimine la couche de verre neutralisé dans le cas du verre de type II.
Après ce traitement, les récipients sont lavés à l’eau purifiée, remplis avec 100 ml d’eau distillée.
Les récipients sont soumis à une température de 121 °C pendant 30 min.
Après refroidissement, le titrage de l’alcalinité est réalisé sur 50 ml du liquide avec HCl 0.01 M en
présence de rouge de méthyle.
Remarque : dans le cas du verre de type I, il n’ya aucune augmentation de l’alcalinité, contrairement
au verre de type II, où les valeurs trouvées après traitement par l’HF sont plus élevées et se
rapprochent des valeurs du type III

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