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MEMOIRE DE FIN

D’ETUDES :

Analyse Financière des


Etablissements de crédit :
Exemple du secteur
bancaire Marocain.

Travail préparé par :


 Essaidi Mohamed
 Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Remerciements :

Le présent mémoire vient parachever et peaufiner un parcours de longue haleine, un parcours


de quatre ans plein de travail de labeur et de consécrations : Après l’effort, vient le réconfort.

Nous dédions ce travail à nos familles qui nous ont soutenues tout au long de notre parcours
et sans qui ce travail n’aurait jamais vu le jour.

Nous tenons à remercier également notre encadrant de stage, Monsieur Moncef Ghaffouli
responsable du desk Taux qui n’a cessé de nous faire profiter de ses remarques précieuses et
de son expérience de grande envergure.

On ne saura oublier de remercier également l’Institut Supérieur de Commerce et


d’Administration des Entreprises (ISCAE) qui nous a permis de bénéficier d’une formation
des plus meilleures, une formation digne de celle dispensée dans les grandes écoles de
commerce en Europe ou ailleurs.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Plan :

Introduction………………………………………………………………………..4

1ère partie : Généralités sur l’industrie bancaire………………………………….5

1) Vue d’ensemble du système bancaire……………………………………...6


1.1) La banque : Définition, rôle et fonctions……………………….6
1.1.1) La banque, acteur incontournable de l’économie……….6
1.1.2) Rôles et fonctions du système bancaire………………...7
1.2) La banque, un secteur strictement règlementé………………….9
1.2.1) Les motifs de la régulation………………………………10
1.2.2) les domaines de régulation ……………………………...11
2) Analyse de la réglementation de l’industrie bancaire…………………….13
2.1) Réglementation en vigueur : Contenu et limites………………...13
2.1.1) Contenu de la réglementation en vigueur (Bâle II)……..13
2.1.2) Principales critiques adressées………………………….16
2.2) Bâle III : Motifs et contenu……………………………………..17
2.2.1) Motifs de la mise en place d’une nouvelle
réglementation………………………………………….17
2.2.2) Contenu de la nouvelle réglementation…………………18

2ème partie : Paysage Bancaire Marocain……………………………………….25

1) Physionomie du secteur bancaire marocain……………………………...27


2) Facteurs de solidité du système bancaire marocain……………………...31
2.1) Une structure saine des ressources confortée par le poids des
dépôts non rémunérés……………………………………………...32
2.2) Des emplois dominés par l’activité de crédit à la clientèle………..34
2.3) Une faible exposition au risque de crédit malgré une
conjoncture moins porteuse……………………………………….35
2.4) Un risque de liquidité maîtrisé jusqu’à ce jour par le régulateur….36
2.5) Un secteur suffisamment capitalisé dans sa globalité……………..36
2.6) Des revenus d’activité et un couple risque/rendement
en nette amélioration………………………………………………39

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Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

3ème partie : Analyse financière des principales banques de la place……….....42

3.1) Méthodologie d’analyse financière adoptée……………………….44

3.1.1) Analyse de la composition d’actif………………………….45

3.1.2) Analyse de la solvabilité…………………………………....50

3.1.3) Analyse de la liquidité……………………………………...50

3.1.4) Analyse de la rentabilité…………………………………....51

3.2) Mise en œuvre de l’analyse financière…………………………....55

3.2.1) Analyse de la composition des actifs………………………55

3.2.2) Le coefficient de solvabilité………………………………..60

3.2.3) Analyse de la liquidité……………………………………..66

3.2.4) Analyse de la rentabilité…………………………………...68

3.2.5) Appréciation des niveaux de valorisation………………….74

3.3) Enseignements tirés de l’analyse et principales recommandations.76

3.3.1) Une banque de détail au potentiel de développement


quelque peu consommé……………………………………………77

3.3.2) Les activités de marchés et d’Investissement, la bancassurance


: des relais de croissance organique………………………………79

Conclusion…………………………………………………………………84

Annexes…………………………………………………………………....86

Bibliographie………………………………………………………………92

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Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Introduction :

Le secteur bancaire est pour son économie ce qu’est le moulin à eau pour son champ
(Encyclopédie Universalis). C’est le poumon de l’économie qui permet, à l’aide d’un
réservoir de crédit, de financer son activité et sa croissance.

Au Maroc comme ailleurs, l’industrie bancaire est au cœur du débat et présente un intérêt sans
précédent. En effet, la dernière crise financière a mis à nu la fragilité des secteurs bancaires
aux Etats unis et en Europe et a prouvé le risque systémique que pourrait engendrer une
défaillance de banques dites banques d’importance systémique. Nous avons ressenti, donc, le
besoin de mener une analyse financière approfondie et détaillée des établissements de crédit
au Maroc pour pouvoir juger de la solidité du système bancaire et de son aptitude à surmonter
de nouvelles crises.

Dans une première partie, nous allons mettre en exergue certaines généralités de l’industrie
bancaire, son importance au sein de l’économie, ses rôles et son caractère réglementé.

La deuxième partie sera consacrée à l’étude du paysage bancaire marocain ainsi que ses
caractéristiques particulières en présentant des statistiques élaborées à cet effet.

La troisième partie, elle, constituera le cœur de notre mémoire. Il s’agit, dans cette partie, de
mener une analyse financière pour chacune des banques qui font l’objet de notre étude. Pour
pouvoir établir un classement des banques selon leur degré de maturité, de profitabilité et de
respect de la réglementation prudentielle. Finalement, à la lumière de notre analyse, nous
proposerons des recommandations qui pourraient servir les banques dans leur stratégie de
développement pour qu’elles soient au même rang que ses compatriotes américaines et
européennes.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
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1ère partie : Généralités sur l’industrie


bancaire.

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La banque est une institution financière d’importance primordiale qui a pour principale
mission le financement de l’activité économique. Ce rôle crucial lui confère une dimension
d’acteur incontournable de l’économie, ce qui justifie le cadre strictement régulé de son
fonctionnement.
Dans le cadre de cette première partie qui se veut une partie d’ordre général, nous allons
parler de l’industrie bancaire dans son ensemble en évoquant son importance, ses fonctions
ainsi que sa réglementation. Quel est donc l’importance d’un secteur bancaire pour son
économie ? Quelles sont les fonctions qui lui sont assignées ? En quel en est le mode de
régulation ? Cette partie constituera une réponse détaillée à cet ensemble de questions.

1) Vue d’ensemble du système bancaire :

Le secteur bancaire est pour son économie ce qu’est le moulin à eau pour son champ
(Encyclopédie Universalis). C’est le poumon de l’économie qui permet, à l’aide d’un
réservoir de crédit, de financer son activité. Historiquement, la banque remplit plusieurs rôles
pour l’économie depuis son activité traditionnelle de transformation des dépôts en crédits
jusqu’à son rôle de création monétaire.
Evidemment, le rôle crucial dont jouit l’industrie bancaire lui confère une dimension d’acteur
incontournable. Par conséquent, le secteur bancaire est un secteur qui devra être strictement
régulé pour pouvoir pérenniser son fonctionnement, la faillite de l’une peut provoquer celles
(1)
des autres . Comment, donc, peut-on définir une banque ? Quels sont les principaux rôles
joués ? En quoi l’industrie bancaire est-elle régulée ? Et quels en sont les domaines ?

1.1) La banque : Définition, rôle et fonctions :


1.1.1) La banque, acteur incontournable de l’économie

La banque est une institution financière qui exerce la profession habituelle de recevoir du
public, sous forme de dépôts bancaires ou autrement, des fonds qu’elle emploie pour son

(1): Les économistes parlent à cet effet de risque systémique.

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propre compte en opérations d’escompte, en opérations de crédit ou en opérations


2)
financières ( .

Les banques agissent en tant qu'intermédiaire entre les agents à besoin de financement
(Entreprise, Etat) et les agents à capacité d’épargne (Ménages…). Les intermédiaires
financiers achètent, donc, les titres émis par les entreprises et, pour se financer, émettent eux-
mêmes des titres auprès des épargnants. Le système bancaire sert alors d'écran entre
demandeur et pourvoyeurs de capitaux : On parle à cet effet de financement intermédiaire ou
(3)
de la finance indirecte . C’est en cela que les banques jouent un rôle primordial dans le
financement de l’économie, en finançant l’activité des agents économiques, ce qui stimule la
demande et par là la croissance économique. A cet effet, l’économiste écossais John Law
disait : « La banque est dans l’Etat, ce que le sang est dans le corps humain : sans l’un, on ne
saurait vivre ; sans l’autre, on ne saurait agir » (4).
Le financement bancaire est l’une des caractéristiques de l’économie d’endettement, qui fut le
modèle de prédilection au cours des trente glorieuses. Le passage à une économie de marchés
de capitaux était une véritable mutation avec la désintermédiation et l’essor des marchés
financiers.

1.1.2) Rôles et fonctions du système bancaire :

La description détaillée des différentes fonctions que remplit le système bancaire dépasse
largement l’objectif de ce mini-mémoire. Toutefois, il s’avère nécessaire de présenter les
principaux rôles qui sont au nombre de trois (5) :

(1) : Les économistes parlent à cet effet de risque systémique.


(2) : Dictionnaire Commercial, Académie des sciences commerciales, page 59.
(3) : Contrairement à la finance directe où les épargnants financent directement les investisseurs sur
les marchés sans avoir recours à un intermédiaire, cette forme de finance a pris de l’ampleur ces
dernières années : phénomène de désintermédiation.
(4) : John Law, Considérations sur le numéraire et le commerce, 1705. Il est à mentionner que John
Law fut l’un des économistes qui étaient à l’origine de la création du système bancaire contemporain.

(5) : Les rôles de l’intermédiation financière (principalement banques) sont très nombreux et ne
peuvent être tous cités. Pour une description détaillée, voir « Fondements de la théorie bancaire », S.
Diatkine.

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Transformation des dépôts en crédits :

La banque collecte des dépôts et sert de caissier à la clientèle tout en octroyant des crédits.
On dit que la banque exerce un rôle de transformation des dépôts en crédits, en ce sens
qu’elles se servent des dépôts colletés pour consentir des crédits. Bien évidemment, la banque
ne peut pas se servir des seuls dépôts pour financer son activité, elle dispose également des
ressources correspondant aux actions, obligations et autres titres financiers souscrits par les
investisseurs. Mais une bonne partie des ressources courantes de la banque est constituée par
les dépôts de la clientèle. Ce qui caractérise ces ressources constituées par les dépôts des
clients, c’est qu’elles sont toujours disponibles ou presque pour les clients. Ce sont des
actifs liquides.
Les dépôts collectés par les banques sont liquides à court terme, alors que les prêts qu’elles
accordent sont à plus long terme, ce qui répond au besoin des emprunteurs et à une grande
utilité économique. Cette asymétrie place les banques dans une situation très particulière et
mérite un traitement spécial (voir ci-dessous paragraphe motifs de la régulation).

Création monétaire :

La spécificité de l’activité bancaire ne peut être véritablement perçue qu’en plaçant au centre
de l’analyse, selon les termes de T. Chevallier-Farat, le « caractère d’emblée monétaire de
l’économie » et cette spécificité consiste, naturellement, dans le pouvoir de création monétaire
des banques, concomitant à l’acte même d’octroi de crédit.
En effet, la banque ne fait pas simplement des crédits en utilisant les dépôts déjà
existants. Elle peut aussi créer de la monnaie. Elle accorde un crédit et crédite du même
montant le compte de dépôt de l’emprunteur. Celui-ci pourra l’utiliser pour payer ses
fournisseurs ou le bien qu’il souhaite acheter grâce au crédit. On dit alors que c’est le crédit
accordé qui fait le dépôt et non l’inverse. Le remboursement du crédit aboutira de façon
symétrique à une destruction de la monnaie créée (6).

(6) : Avant, la quantité de monnaie créée était forcément indexée sur les réserves d’or que
détenait la banque. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : Les banques créent de la monnaie ex
nihilo, certains parlent de l’argent fictif : « Chaque fois qu’une banque accorde un prêt, un
nouveau crédit bancaire est créé -ce sont de nouveaux dépôts- de l’argent entièrement
nouveau » Graham F. Towers Directeur de la banque de Canada.

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Gestion des asymétries d’information :

La théorie économique reconnaît aujourd’hui le rôle irremplaçable des banques dans des
relations financières irréductiblement marquées par des insuffisances informationnelles.

Dans une relation de crédit, il y a en effet une asymétrie d’information entre l’emprunteur (qui
peut dissimuler certains des risques de son projet) et le prêteur qui n’est pas toujours en
mesure d’apprécier la sincérité de son partenaire et, partant, d’évaluer correctement ses
risques : Asymétrie ex-ante. De la même façon, une fois le prêt consenti, l’emprunteur peut
modifier à l’insu du prêteur l’affectation initialement prévue des fonds et, plus généralement,
(7)
ne remplir que partiellement ses engagements et fragiliser sa solvabilité , il s’agit là d’une
asymétrie ex-post.

Les banques, en utilisant des informations pertinentes, sont capables de sélectionner les
« bons » emprunteurs en utilisant la notation par exemple, cela permet de réduire l’asymétrie
ex ante. De surcroît, les banques sont capables de contrôler à moindre coût le comportement
des emprunteurs après qu’ils aient obtenu les fonds demandés. Du fait des considérations de
coût, les épargnants ont en effet un avantage financier à déléguer à un intermédiaire le
contrôle (monitoring) des emprunteurs plutôt que de s’y livrer eux-mêmes. A cet effet, les
banques jouent un rôle important dans la réduction de l’asymétrie ex post (8).

Si l’industrie bancaire jouit de toute cette importance, c’est qu’elle doit être strictement
réglementée. C’est ce que nous allons traiter au niveau de la partie suivante.

1.2) La banque, un secteur strictement règlementé :

La banque n’est pas tout à fait une entreprise ordinaire. La faillite de l’une peut provoquer la
chute de toutes les autres et provoquer l’asphyxie et la paralysie de toute l’économie. Car la
banque est et demeure un rouage essentiel de l’économie, sans lequel l’investissement, les
dépenses de biens d’équipement (logement, auto, …) et l’emploi sont sévèrement menacés.

(7) : C’est ce qu’on appelle le risque moral (Moral Hasard). Exemple : Un assuré contre le
vol deviendrait négligent dans la protection de ses biens.
(8) : On trouvera une présentation plus détaillée de ce rôle de gestion d’asymétrie
d’information dans l’ouvrage de S. Diatkine, Les fondements de la théorie bancaire, 2002, p.
43 et suivant.

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C’est ce qui explique qu’on lui vienne en aide quand les choses vont trop mal et qu’elle soit
particulièrement régulée, surveillée et contrôlée.

1.2.1) Les motifs de la régulation :

a) La gestion d’un bien commun à tous :

L’activité des banques qui consiste à faire le commerce de l’agent et leur pouvoir de création
monétaire en font des acteurs économiques et sociaux indispensables. Elles ont le pouvoir de
permettre aux projets des industriels et des particuliers de se réaliser sans épargne préalable.
En même temps leur responsabilité est considérable : les banques sont au cœur de la gestion
de ce bien commun que constitue l’argent, ce qui implique pour elles des contraintes et des
droits.

b) Fragilité structurelle :

L’activité de « transformation », qui est au cœur du fonctionnement traditionnel des banques,


est une source majeure de fragilité : en effet la banque reçoit des actifs liquides de court terme
(des dépôts qui peuvent à tout moment être retirés) qu’elle transforme en actifs peu liquides
de moyen ou long terme (les crédits qu’elle consent et dont le remboursement est progressif).
Même si cette banque est bien gérée, il suffit qu’une fraction importante de ses déposants
décide de retirer ses avoirs pour que la banque connaisse des difficultés (9). Quand le montant
des retraits dépasse celui des réserves de la banque, cela crée des tensions sur le marché en
(10)
incitant d’autres déposants, par perte de confiance, à retirer leur argent , ce qui précipite la
banque à une faillite potentielle. Donc, à partir du moment où l'on autorise les banques à
opérer cette transformation qualifiée de « dangereuse », il devient indispensable de mettre en
place un ensemble de réglementations prudentielles et un système d'autorités de surveillance
destinés à limiter le risque de faillite bancaire.

c) Risque de crise systémique :

La défaillance d’un établissement peut avoir des répercussions importantes sur les autres
banques, même individuellement bien protégées contre les risques qui peuvent les affecter
(risque de crédit, risque de marché…).

(9) : Encyclopédie Universalis, article « Economie de la banque », Emmanuelle Gabillon et


Jean-Charles Rochet.
(10) : Ce phénomène de retrait massif d’argent s’appelle « panique bancaire », c’est
considéré comme étant l’un des symptômes incontestables de toute crise financière.

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A cause des fortes interrelations entre banques, la chute de l’une peut entrainer la chute des
autres. C’est ce qu’on appelle un risque de crise systémique. Ce fût le cas avec la faillite de
Lehman Brothers à l’automne 2008. Il en ressort, que la crise dite crise systémique est plus
grande que la somme des crises des différentes banques (11).

Pour toutes les raisons indiquées ci-dessus, il est fort évident que le secteur bancaire requiert
une réglementation stricte et rigoureuse, qui lui permet de garantir son rôle crucial de
financement de l’économie. Quels sont donc les domaines de cette régulation ?

1.2.2) les domaines de régulation (12):

Du point de vue de la réglementation, il existe cinq domaines fondamentaux dans lesquels


s’exerce la régulation bancaire :

a) Le filet de sécurité public :

Comme il a été relevé ci-dessus, l’incertitude relative à la solidité du système bancaire dans
son ensemble peut alors entraîner des retraits massifs par les déposants, et la faillite d’une
banque peut précipiter la défaillance d’autres banques (effet de contagion), si rien n’est
entrepris pour restaurer la confiance du public, il peut en résulter une panique bancaire sévère.

Un filet de sécurité public protégeant les déposants peut prévenir les retraits massifs ainsi que
les paniques bancaires, tout en permettant de surmonter la réticence des déposants à confier
leur argent au système bancaire. Aux Etats Unis par exemple, on a créé en 1934 la FDIC
(13)
(Federal Deposit Insurance Corporation) qui fournit ce type de filet de sécurité sous
forme d’une assurance des dépôts garantissant un remboursement aux déposants : Avec une
telle couverture, les déposants n’ont pas besoin d’effectuer de retraits massifs pour récupérer
leur argent, quand bien même ils s’inquièteraient de la santé de leur banque (14).

(11) : A cet effet, Le comité de Bâle a intégré, pour la première fois, une dimension macro-
prudentielle à la nouvelle réglementation censée résoudre ce problème de risque systémique
(Cf. Infra).

(12) : les propos de ce paragraphe sont tirés de l’ouvrage : Monnaie, banque et marchés
financiers, Frederic Mishkin, 8ème édition, page 319 à 333.
(13) : En France, on parle du Fonds de Garantie des Dépôts.
(14) : Pur plus d’informations détaillées sur le rôle de la FDIC, consulter site : www.fdic.gov

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b) Limitation des risques et exigences en fonds propres :

Les banques sont généralement incitées à prendre trop de risques. Pour une banque, les actifs
risqués sont censés être plus rémunérateurs ; mais, en cas de défaut, la banque peut faire
faillite et les déposants seront alors lésés.

Ainsi, les réglementations bancaires limitent le montant des prêts accordés à des catégories
particulières d’agent ou à un emprunteur individuel : c’est la méthode de la division des
risques. L’obligation faite aux banques de détenir un minimum de fonds propres constitue
une autre façon d’inciter les banques à prendre moins de risques. Lorsqu’une banque est
contrainte de détenir un montant important de fonds propres, elle a plus à perdre si elle fait
défaut, et elle devrait donc s’engager de ce fait dans des activités moins risquées.

Les exigences en fonds propres prennent deux formes. La première est basée sur un
coefficient minimum de capital indépendant des risques : le ratio de levier.

L’inconvénient du ratio de levier c’est qu’il pondère d’une manière égale les différents actifs
(à risques différents). En plus, il n’intègre que des actifs inscrits au bilan. Or, les banques
détiennent des actifs plus risqués que d’autres (on ne mettra pas un bon de trésor et une
obligation émise par une entreprise notée A sur le même pied d’égalité !) ; en plus, il existe
des activités dites –activités hors bilan- qui n’apparaissent pas au bilan des banques mais elles
les exposent à de nombreux risques. Cela a incité le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire
(15)
à introduire à partir de 1988 un deuxième type d’exigence en capital, avec la définition
d’un coefficient de fonds propres ajusté des risques.

c) La supervision bancaire :

La supervision bancaire, consiste à surveiller les dirigeants de la banque et leurs agissements


pour éviter toute prise de risque excessive. Les autorités peuvent prévoir des inspecteurs qui
vérifient la conformité de la banque à la réglementation en termes d’exigences en fonds
propres et de détention d’actifs. En cas de non-respect de la réglementation, les régulateurs
prononcent des injonctions, c’est-à-dire des commandements coercitifs à l’encontre de
l’établissement, visant à lui faire prendre des mesures correctives.

(15) : comité créé en 1974 par le G10 dont le siège se trouve à la banque des règlements
internationaux à Bâle, en Suisse.

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d) Les exigences de communication financière :

Afin d’assurer une meilleur information aux déposants et au marché, les régulateurs peuvent
demander aux banques de se conformer à certaines normes comptables et de publier une large
gamme d’informations pouvant aider le marché à évaluer la qualité du portefeuille d’actifs de
la banque et son exposition aux risques. Le fait que les banques doivent rendre publiques leurs
portefeuille ainsi que leurs expositions, peut les dissuader d’une prise de risque excessive,
c’est ce qu’on appelle la discipline de marché (Cf. Infra).

e) Les restrictions de concurrence :

L’augmentation de la concurrence instaure un risque moral et elle peut inciter les banques à
prendre plus de risques dans le choix de leurs prêts en raison de la baisse profitabilité qui en
résulte. De ce fait, de nombreux Etats ont légiféré afin de protéger les banques d’une trop
forte concurrence, cela peut pénaliser les consommateurs mais permet une meilleure stabilité
du système bancaire (16).

2) Analyse de la réglementation de l’industrie bancaire :

Bâle II a jusque-là été la principale réglementation qui régit le domaine bancaire. La crise
financière récente a dévoilé certaines défaillances de la réglementation en vigueur et a amené
le comité de Bâle sur le contrôle bancaire à mettre en place une nouvelle réglementation, dite
Bâle III. Quel est donc le contenu de chaque réglementation ? Et quelles en sont les limites ?

2.1) Réglementation en vigueur : Contenu et limites.

2.1.1) Contenu de la réglementation en vigueur (Bâle II) :

a) Premier pilier : Exigence minimale en fonds propres

Fonds propres réglementaires


Ratio de solvabilité(17) =
Risque pondérés

(16) : Aux Etats Unis, des lois restreignent la liberté d’établissement des banques. Le Glass
Steagall Act a limité, pour les institutions non bancaires, la possibilité de s’engager dans des
activités bancaires. Pour plus de détails, voir « Monnaie, banque et marchés financiers »,
Frederic Mishkin, page 333.

(17) : le ratio de solvabilité doit être au minimum égal à 8 %.

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Le ratio de solvabilité, mis en place pour la première fois en 1988, recommande aux banques
une norme minimale de fonds propres en fonction des risques encourus. Il s’agit de rapporter
les fonds propres aux risques assumés et d’exiger des banques qu’elles proportionnent leurs
engagements risqués au montant des fonds propres qu’elles détiennent.

Sous l’égide de Bâle I le ratio de solvabilité couvrait seulement le risque de crédit et le


risque de marché. En raison des évolutions technologiques et financières, l’évaluation des
risques bancaires n’était plus satisfaisante et l’on commençait, avec Bâle II, à intégrer une
autre source de risque non négligeable à savoir le risque opérationnel.

Le risque opérationnel est le risque de pertes résultant de carences ou de défauts attribuables à


(18)
des procédures, personnels et systèmes internes ou à des événements extérieurs . En clair,
cette définition recouvre les risques techniques (informatiques notamment), juridiques
(contrat mal rédigé), délictueux et comptables qui pourraient résulter de processus internes
défaillants ou inadaptés.

Bâle II a intégré une certaine flexibilité dans l’appréciation des risques :

 Méthode standard : En fonction de la notation externe des emprunteurs


réalisée par les agences de notation indépendantes.

Le risque se calcule ainsi : Fonds Propres Réglementaires = 8% * Actifs Pondérés du risque


Actifs Pondérés du risque = Actifs * Pondération du risque.
La pondération est définie en fonction des notes des agences spécialisées en la matière :

AAA/AA A+/A- BBB+/BBB- BB+ /B- Inférieur à Sans


B- notation
Etat 0 20 50 100 150 100
Banques 20 50 50 100 150 50
Entreprises 20 50 100 150 100
Particuliers 75

Source : Standard & Poor’s

Exemple : un prêt de 1 million d’euro accordée par une banque à une entreprise notée BBB. Ce
prêt doit être couvert par un capital de 8%*1000000*100%=80000 Dhs.

(18) : Texte de Bâle II, Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, Avril 2003.

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 Méthodes internes : la banque développe ses propres modèles de notation au


lieu de se référer aux notations externes. L’avantage des méthodes internes est qu’elles
permettent de mieux coller au profil de risque de chaque établissement ; mais elles doivent, en
contrepartie, être validées et approuvées par les autorités de contrôle national. Ces méthodes
sont, certes, moins consommatrices de fonds propres mais très couteuses à mettre en place.
Au total, les exigences en fonds propres devraient être ventilées en 85% pour la couverture du
risque de crédit, 5% pour le risque de marché et 15% pour le risque opérationnel.

En ce qui concerne le numérateur du ratio (fonds propres réglementaires), il est constitué de


deux types de fonds propres : fonds propres de base & fonds propres complémentaires.

Les fonds propres de base constituent du vrai capital (meilleure qualité) et doivent être au
minimum égal à 4%, on parle du ratio Tier 1. Le reste doit être constitué des fonds propres
complémentaires qui correspondent à ce que chaque régulateur national avait accepté comme
du capital pour aider les banques à respecter ces contraintes (19). En plus, les fonds propres de
base, dits T1, doivent être constitués, pour moitié, de tout ce qui est reçu des investisseurs à
savoir les actions ordinaires et les profits réinvestis (Core Tier 1), soit 2%. L’autre partie du
Tier 1 comprend des éléments certes de grande qualité en comparaison avec d’autres
composantes du capital, mais pas du niveau des actions ordinaires ni des bénéfices non
distribués. Cela peut inclure, comme en France, des titres hybrides assurant aux investisseurs
des revenus indexés sur les profits dégagés par la banque.

b) Deuxième pilier : Surveillance prudentielle.

Le deuxième pilier est constitué d’un processus d’examen individuel et qualitatif par le
contrôleur. Les autorités de contrôle prudentiel (généralement les banques centrales)
s’assureront qua chaque établissement s’est doté de procédures satisfaisantes pour évaluer ses
risques et les fonds propres qui leur correspondent. Elles vont donc juger si les banques
évaluent correctement leur besoins en fonds propres par rapport au niveau de risque qu’elles
se sont fixées.

(19) : les banques japonaises par exemple avaient fait valider dans le Tier 2 leurs plus-values
boursières latentes, ce qui fait qu'au moment de l'éclatement de la bulle quelques années plus
tard, elles sont passées d'un seul coup en dessous des ratios réglementaires.

15
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
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En fonction de leurs appréciations, elles pourront éventuellement exiger d’un établissement


un ratio de solvabilité supérieur au minimum réglementaire de manière à ce que le volant de
sécurité soit suffisant contre les risques.

c) Troisième pilier : Discipline de marché.

L’objectif de Bâle II est d’améliorer la transparence financière de manière à permettre aux


investisseurs et acteurs de marché de mieux évaluer les banques. Celles-ci sont donc soumises
à la discipline de marché et appelées à mettre en œuvre une communication financière
efficace dans plusieurs domaines. Elles publieront donc régulièrement des informations
complètes sur la nature, le volume et les méthodes de gestion de leurs risques, la structure du
capital ainsi que sur l’adéquation de leurs fonds propres.

2.1.2) Principales critiques adressées :

a) Difficulté de mise en œuvre :

L’une des critiques adressées au dispositif Bâle II, c’est qu’il est difficile à mettre en œuvre.
En effet, le nouveau dispositif de Bale II, est jugé trop compliqué, parce que beaucoup de
banques seront incapables de mettre en œuvre les techniques avancées des mesures du risque
et continueront à utiliser les méthodes standards. Un arbitrage entre les estimations de
probabilité de défaut sera créateur du risque moral supplémentaire et de conflits d’intérêts
potentiels dans le département bancaire chargé de ces recherches (20).

b) Effet procyclique des normes Bâle II :

Pendant les discussions relatives à Bâle II, certains analystes ont exprimé leur préoccupation
au sujet de l’effet procyclique de Bâle II (Taylor and Goodhart, 2006). En période
d’expansion, le risque de crédit, mesuré par la probabilité de défaillance de l’emprunteur,
serait faible, tout comme l’exigence de fonds propres (désormais étroitement lié au risque) et
l’on serait par conséquent plus tenté d’octroyer des crédits car ils seront moins
consommateurs de fonds propres. Par contre, en période de contraction, les banques auraient
besoin de bien plus de fonds propres. Cela pourrait avoir un effet néfaste sur l’économie dans
son ensemble : les banques seraient limitées par leurs fonds propres en période de
ralentissement et seraient donc obligées de réduire leurs prêts lorsque ceux-ci sont les plus
nécessaires.

(20) : Tiré du site www.wikimemoires.com; Sujet : Bâle II (nouvel accord de Bâle): Avantages
et critiques.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Pendant les périodes de contraction de crédit - Credit Crunch- les banques ont du mal à lever
des capitaux sur le marché en raison de l’incertitude qui règne lors de ces périodes et qui a
(21)
une conséquence directe sur les taux de rendement exigés par les investisseurs . Sous
l’effet combiné des plus grandes exigences de fonds propres (en raison du risque accru) et de
la difficulté de mobiliser de nouveaux capitaux, les institutions pourraient réduire leur crédit
aux entreprises et aux ménages, aggravant ainsi la récession ou entravant la reprise (21’).

Alors qu’on a traité Bâle II ainsi que les critiques qui lui ont été adressées, qu’en est-il de
Bâle III ?

2.2) Bâle III : Motifs et contenu :

2.2.1) Motifs de la mise en place d’une nouvelle réglementation :

La réglementation bancaire a pour but de réguler l’activité des banques et garantir la stabilité
du système financier afin de le prévenir des crises financières qui plongent les économies
dans de profondes récessions.

Toutefois, quand cela ne fonctionne pas c’est qu’il faut revoir le cadre réglementaire mis en
place et en changer le fondement ou au moins les modalités pour assurer un fonctionnement
pérenne du système financier.

La période 2007-2009 fut certainement une période très marquante dans l’histoire du système
financier contemporain : une crise financière des plus graves qui gagne l’ensemble de
l’économie mondiale en un temps réduit. Cette crise, riche en enseignements, nous a permis
de revoir plusieurs aspects du système financier contemporain : interdépendance des marchés,
cadre comptable, rôle des agences de notation, innovation financière…etc. Cependant, la
réglementation prudentielle reste incontestablement l’aspect le plus débattu qui devait mériter
(22)
une réflexion profonde . La profondeur et l’ampleur de la crise ont été accentuées par les
déficiences qui caractérisent le secteur bancaire, comme par exemple l’inadéquation et la
qualité médiocre des fonds propres, l’insuffisance des volants de liquidité ainsi que

(21) & (21’) : Magasine « Finance & Développement », rubrique point de vue, article : Bâle
II va-t-il prévenir ou aggraver les crises ?, Juin 2008.
(22) : Un grand débat est ouvert sur la question du rôle de Bâle II dans la crise des subprimes.
Pour plus de détails, voir l’article académique : The role of Basel II in the subprime financial
crisis: guilty or not guilty ?, Francesco Cannata & Mario Quagliariello, Carefin, Università
Bocconi, Janvier 2009.

17
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

l’absence d’une réglementation macro-prudentielle.

Fonds propres : Lorsque la crise s’est déclarée, le système bancaire mondial


ne disposait pas d’un niveau suffisant de fonds propres de qualité. Les banques ont été
contraintes de reconstituer la composante dure de leurs fonds propres de base au beau milieu
de la crise, au moment le moins propice qui soit. La crise a également révélé des incohérences
dans la définition des fonds propres entre juridictions et des insuffisances en matière de
communication, qui ont empêché le marché de bien évaluer et de comparer la qualité des
fonds propres d’un établissement à un autre.
Liquidité : Pendant la crise, les financements se sont brusquement asséchés et
ont très longtemps fait défaut. La crise de confiance qui a gagné l’ensemble du système a
placé les banques dans des situations d’illiquidité sans précédent : les particuliers se
précipitent pour retirer leurs dépôts et les banques ne se font plus confiance (assèchement du
financement interbancaire).
Absence d’une réglementation macro-prudentielle : S’il est vrai que, toutes
choses égales par ailleurs, améliorer la solidité des établissements renforce le système
bancaire, cette approche micro-prudentielle s’est avérée insuffisante pour assurer la stabilité
financière. En effet, il existe certains risques qui découlent de l’interdépendance des banques
internationales d’importance systémique (risque systémiques) que Bâle II ne prend pas en
considération (23).

Le nouveau dispositif réglementaire, dit Bâle III, est venu donc pour pallier à ces carences
réglementaires.

2.2.2) Contenu de la nouvelle réglementation (24):

Les réformes du Comité de Bâle visent essentiellement à renforcer la réglementation en


matière de fonds propres et de liquidité. Pour autant, il est primordial que ces réformes
s’accompagnent d’une amélioration du contrôle bancaire, de la gestion des risques et de la
gouvernance, ainsi que d’une amélioration de la transparence et de la communication
financière.

(23) : La vie économique, revue de politique économique, Thème du mois : Bâle II a-t-il
failli ? Décembre 2008.
(24) : les principales idées citées dans ce paragraphe sont tirées d’un document intitulé :
Rapport au groupe des vingt, Réponse du comité de Bâle à la crise financière, document
téléchargé depuis le site de la banque des règlements internationaux : www.bis.org

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

2.2.2.1) Mesures de réforme micro-prudentielle, au niveau des


établissements.

a) Fonds propres :

Qualité et niveau des fonds propres : En juillet 2010, le Comité de


Bâle a adopté une nouvelle définition des fonds propres. Améliorer la qualité des fonds
propres revient à renforcer la capacité d’absorption des pertes et, partant, la robustesse des
banques et leur aptitude à gérer des périodes de tensions. La nouvelle définition met en
particulier l’accent sur la composante dure (Core Tier 1) : actions ordinaires, autrement dit
l’élément le plus solide des fonds propres d’une banque (Cf. Supra).

En donnant plus de poids à la composante actions ordinaires, Bâle III vise à améliorer la
qualité des fonds propres qui constituent l’exigence minimale. Bâle III instaure également des
niveaux plus élevés de fonds propres. Le ratio minimal constituant la composante dure – ratio
Core Tier 1– sera relevé, passant de son niveau actuel de 2 % à 4,5 %. En outre, si l’on y
ajoute le volant de conservation de 2,5% (Cf. Infra), les exigences totales pour la composante
dure passeront à 7 %.

Couverture des risques : Outre l’amélioration de la qualité des fonds


propres et le relèvement de leur niveau, il est nécessaire de s’assurer que tous les risques
importants soient bien pris en compte. Durant la crise, le régime fondé sur les risques a
négligé un grand nombre d’éléments. Ainsi, certaines banques détenaient, dans leurs
portefeuilles de négociation, d’importants volumes de produits complexes et peu liquides sans
disposer d’un montant adéquat de fonds propres en regard du risque encouru. Sans compter
que l’incapacité à prendre en compte les grands risques sur les positions de bilan et de hors-
bilan, ainsi que les expositions liées aux opérations sur dérivés, a eu un effet amplificateur
majeur sur la crise.
Pour corriger ces insuffisances, en juillet 2009, le Comité a adopté un ensemble
d’aménagements qui, notamment, ont considérablement renforcé les exigences minimales de
fonds propres pour les opérations complexes de titrisation. Il a ainsi augmenté la pondération
des risques pour les expositions liées à des opérations de retitrisation (CDO d’ABS par
exemple) afin de mieux prendre en considération le risque inhérent à ces produits et a relevé
les exigences de fonds propres en regard de certaines expositions aux structures de hors-bilan.

19
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Il exige, en outre, des banques qu’elles effectuent des analyses de crédit plus rigoureuses de
leurs expositions à des produits titrisés faisant l’objet de notations externes.

(25)
Maîtrise de l’effet de levier : l’une des nouveautés de Bâle II est le ratio
de levier qui évaluerait le montant des fonds propres rapporté au total actif indépendamment
du risque, ce ratio viendrait en complément de l’exigence de fonds propres fondée sur le
risque. Dans la période qui a précédé la crise, de nombreuses banques faisaient état de solides
ratios de fonds propres de base (T1) fondés sur le risque tout en parvenant à accumuler un fort
effet de levier au bilan et au hors-bilan. L’utilisation de ce ratio de levier complémentaire
permettra de freiner le recours excessif à l’effet de levier dans le système bancaire.

Le comité de Bâle propose, au cours d’une période d’évaluation qui débutera en 2013, de
tester un ratio de levier de 3% pour T1 en regard des risques inhérents aux instruments du
bilan et du hors-bilan ainsi qu’aux produits dérivés. La mise en place d’un ratio minimal est
prévue à partir du 1 Janvier 2018.

b) Liquidité :

Comme il a été relevé ci-dessus, la crise financière était une véritable crise de liquidité où les
financements se sont asséchés brusquement en raison d’une crise de confiance des
investisseurs. Ainsi, le comité de Bâle sur le contrôle bancaire est intervenu pour pouvoir
remédier à ce problème et empêcher de nouvelles crises de liquidité dans le futur. A cet effet,
il prévoit deux types de ratios : Le ratio de liquidité à court terme (LCR) impose aux banques
de détenir suffisamment d’actifs liquides de qualité pour faire face à de graves difficultés de
financement, sur la base d’un scénario défini par les responsables prudentiels. Il est complété
par un ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR), conçu pour corriger les asymétries de
liquidité. Ce dernier ratio couvre donc l’ensemble du bilan et incite les banques à recourir à
des sources de financement stables pour financer leurs emplois stables.

Par souci de cohérence, le Comité a mis au point un ensemble commun d’indicateurs pour
suivre et analyser l’évolution du risque de liquidité au niveau des banques ainsi qu’à l’échelle
du système tout entier.

(25) : Ce ratio n’est pas tout à fait nouveau : Bâle II prévoit ce ratio au niveau du pilier 2
comme simple indicateur des mesures de contrôle, alors qu’il sera désormais, au niveau de
Bâle III, intégré directement au pilier 1 pour le calcul des exigences minimales de fonds
propres.

20
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Ces indicateurs devraient être considérés comme les éléments d’information minimaux à
utiliser par les autorités de contrôle pour surveiller les profils de risque de liquidité des entités
relevant de leur compétence (Pilier 2).

c) Surveillance prudentielle (Pilier 2) :

Le renforcement des exigences en matière de fonds propres et de liquidité doit s’accompagner


d’une amélioration de la gestion et de la surveillance des risques, et ce, tout particulièrement
dans un environnement de rapide et constante innovation financière.

En juillet 2009, le Comité a entrepris de réexaminer le processus de surveillance prudentielle


(deuxième pilier) en vue de remédier à plusieurs insuffisances notables qui sont apparues dans
les pratiques de gestion des risques des établissements au cours de la crise financière. Les
domaines visés sont les suivants :

gouvernance et gestion des risques au sein des établissements ;


prise en compte des risques liés aux expositions de hors-bilan et aux opérations de
titrisation ;
gestion des concentrations de risque ;
incitations pour les banques à mieux gérer risques et rendements sur le long terme ;
saines pratiques en matière de rémunération.

d) Discipline de marché :

La crise a montré l’insuffisance et l’incohérence des informations financières communiquées


par de nombreuses banques en ce qui concerne l’exposition au risque et les fonds propres
réglementaires.

Pour corriger de telles déficiences de la communication financière et après une évaluation


minutieuse des meilleures pratiques en la matière, le Comité a décidé, en juillet 2009, de
revoir les exigences définies au titre du troisième pilier pour les expositions aux opérations de
titrisation et le soutien accordé aux structures de hors-bilan, entre autres.
En outre, l’information sur les composantes des fonds propres est insuffisante, ce qui rend
difficile une évaluation précise de leur qualité ou une comparaison pertinente entre banques.
Pour améliorer la transparence et la discipline de marché, le Comité exige des banques

21
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

qu’elles communiquent tous les éléments constituant les fonds propres réglementaires, les
déductions appliquées et un rapprochement en bonne et due forme avec les comptes
financiers.

(26)
Le Comité, en consultation avec le CSF , a élaboré une proposition sur les exigences de
communication en matière de rémunération dans le cadre du troisième pilier, qui vise à faire
en sorte que les banques publient des informations claires, exhaustives et disponibles en
temps utile sur leurs pratiques de rémunération, avec pour objectif principal de promouvoir
une discipline de marché plus efficace. De fait, l’harmonisation des exigences de
communication devrait contribuer à une plus grande convergence des pratiques tout en
favorisant l’égalité des conditions de concurrence dans le secteur. Les exigences proposées
permettront aux acteurs du marché de réaliser des évaluations pertinentes des pratiques de
rémunération des banques, sans pour autant créer une charge de travail excessive ni obliger à
la divulgation d’informations sensibles voire confidentielles.

2.2.2.2) Mesures macro-prudentielles :

La globalisation des marchés, les mécanismes de transmission des risques (titrisation


notamment), l’interdépendance des banques sont autant d’éléments qui prouvent la nécessité
d’une approche macro-prudentielle en complément des éléments cités ci-dessus et qui relèvent
plutôt d’une approche micro-prudentielle.

a) Procyclicité :

Un élément essentiel du nouveau dispositif réglementaire est la constitution par les banques,
en période favorable, d’un volant de fonds propres pouvant être mobilisé lorsque la situation
se détériore. Ce volant concourra à l’objectif d’atténuation de la procyclicité dans le système
bancaire et le système financier dans son ensemble.

Le Groupe des gouverneurs et des responsables du contrôle bancaire est convenu que les
banques seront tenues de disposer d’un volant de conservation, constitué d’éléments de la
composante dure et fixé à 2,5 % des actifs pondérés des risques. Ce volant, qui s’ajoutera au
ratio minimal de fonds propres, pourra être mobilisé pour absorber les pertes en période de
tensions financières et économiques.

(26) : Comité de Stabilité Financière

22
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Le fait de conserver une part plus importante des bénéfices pendant une phase de repli
conjoncturel permettra aux établissements de s’assurer une disponibilité de fonds propres
pour demeurer opérationnels en période de tensions. L’instance de gouvernance du Comité a,
en outre, décidé qu’un volant contracyclique, pouvant varier de 0 à 2,5 % et constitué
d’éléments de la composante dure ou d’autres éléments de qualité équivalente, sera appliqué
en fonction de la conjoncture nationale. Le rôle de ce volant est de soutenir l’objectif macro-
prudentiel plus large consistant à protéger le secteur bancaire lors des phases de croissance
globale excessive du crédit. Quel que soit le pays, le volant contracyclique ne deviendra
exigible qu’en cas d’expansion excessive du crédit susceptible de mettre en danger l’ensemble
du système. Inversement, le volant sera mobilisé quand, de l’avis des autorités, le surcroît de
fonds propres contribuera à absorber, dans le système bancaire, les pertes menaçant la stabilité
financière. Cela permettra de réduire le risque que le crédit disponible soit limité par les
exigences de fonds propres réglementaires.

b) Risque systémique et interdépendance :

Si la procyclicité a amplifié les chocs de la crise, l’interdépendance excessive entre


établissements bancaires d’importance systémique a également transmis des ondes de choc au
sein du système financier et de l’économie. Les établissements d’importance systémique
devraient disposer de capacités d’absorption des pertes supérieures aux normes minimales.

Nous proposons le schéma suivant pour résumer les nouvelles règles de Bâle III (voir page
suivante) :

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Source : Bâle III : les impacts à anticiper, Financial services, KPMG.

24
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

2ème partie : Paysage Bancaire Marocain

25
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Le secteur financier marocain a connu, durant ces deux dernières décennies, une profonde
mutation marquée par des opérations de restructuration et d’assainissement des ex-
Organismes de Financement Spécialisés (BNDE, CIH, CAM), la privatisation des banques
publiques (BMCE, BCP) ainsi qu’une fusion majeure (BCM-Wafabank). Au-delà de la
refonte du cadre réglementaire et institutionnel, la mise à niveau avant-gardiste du secteur
bancaire a permis au secteur financier marocain d’être aujourd’hui l’un des plus organisés et
des plus performants de la région Sud-méditerranéenne. Cette réforme structurelle du système
financier a valu au pays d’être reconnu par le FMI comme disposant d’un « secteur bancaire
stable, adéquatement capitalisé, rentable et résistant aux chocs » (IMF Country report).

Les différentes réformes financières entamées au milieu des années 90, que ce soient celles
visant à moderniser le marché des capitaux, à libéraliser les changes ou à restructurer le
secteur bancaire, ont eu les fruits escomptés puisqu’elles ont permis au secteur bancaire de
conforter son rôle de principale composante du système financier, avec un total actif de 112,4
% du PIB en 2009. Aussi, les marchés de capitaux ont également fortement contribué au
renforcement de la structure financière du pays avec une capitalisation boursière représentant
68,6 % du PIB durant cette même année.

La politique monétaire rigoureuse de Bank Al Maghrib durant ces dernières années, marquée
par une flexibilité du taux directeur visant à préserver la stabilité des prix et atténuer les
risques inflationnistes ainsi que la fluidité du marché interbancaire ont permis à la banque
centrale de jouer pleinement son rôle de régulateur de l’économie marocaine. Ainsi, cette
politique judicieuse a permis à l’autorité centrale marocaine de faire face aux chocs
économiques au moment où les banques centrales européennes et américaines ont failli à leurs
missions (la dernière crise financière a mis à nu les politiques de la BCE et de la FED).

Avant d’entamer notre analyse financière, nous avons jugé utile et nécessaire de survoler le
secteur bancaire marocain en analysant sa structure, sa physionomie et ses particularités. Cela
nous permettra de mener notre analyse financière tout en prenant en compte les
caractéristiques intrinsèques du secteur. Quelle est donc la physionomie du secteur bancaire
marocain ? Quels sont les facteurs de solidité du système bancaire marocain ? Et qu’en est-il
de la structure bilantielle du secteur (analyse des ressources et des emplois) ?

26
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

1) Physionomie du secteur bancaire marocain :

Il existe traditionnellement deux modèles bancaires dans le monde: le modèle « anglo-saxon »


et le modèle « européen ». Le premier privilégie le cloisonnement des activités au nom de la
lutte contre les conflits d’intérêts et le second préconise une banque universelle couvrant
toutes les activités allant de la banque de détail à la banque d’affaires, en passant par la
gestion collective et les services bancaires.

Pendant longtemps, le modèle anglo-saxon, dont l’exemple principal était le système bancaire
américain issu des réformes de 1933 (Glass-Steagall Act), préconisait une séparation des
activités bancaires, obligeant même les grandes banques universelles de l’époque à scinder
leurs activités. Ce n’est qu’à partir de la dernière décennie que les régulateurs américains ont
autorisé la constitution de holdings réunissant les deux types d’activité.

L’existence simultanée de ces deux modèles bancaires présente de nombreux avantages tant
pour l’investisseur que pour le secteur bancaire dans sa globalité. En effet, ces deux types de
banque présentent des profils de rentabilité/risque différents, en adéquation avec le degré
d’aversion au risque de l’investisseur ; et la présence de banques universelles dans une
économie permet de diversifier le risque et lisser les revenus d’exploitation globaux du
secteur.

Cependant, la récente crise financière a porté un coup dur aux banques spécialisées
américaines et a confirmé la supériorité de la banque universelle. En effet, malgré la réforme
d’universalisation des banques, initiée en 2000, le secteur financier américain demeure
caractérisé par l’existence de nombreuses banques régionales et a permis le développement
d’institutions de crédit spécialisés dans le crédit immobilier et à la consommation. De ce fait,
la crise immobilière qui a éclaté en 2007 a placé les sociétés de crédit immobilier au cœur de
la tourmente et provoqué de nombreuses faillites. Ces dernières disposaient de portefeuilles
de crédit concentrés sur une catégorie d’emprunteurs et demeuraient fortement dépendantes
du financement sur les marchés financiers.

La paralysie du marché interbancaire durant la crise ainsi que le renchérissement des coûts de
financement, avec une hausse des spreads de plus 1000 pbs, a mis en difficulté ces
établissements spécialisés, qui ne pouvaient plus se financer sur les marchés financiers. Il a
donc fallu l’intervention de banques universelles afin d’alimenter ces banques en lignes de

27
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

trésorerie en contrepartie de prises de participation majoritaires. Nous pouvons prendre, à titre


d’exemple, le prêteur immobilier Countrywide Financial, qui a bénéficié d’un prêt de $ 2
milliards avant de se faire racheter quatre mois plus tard par Bank of America pour un
montant de $ 4 milliards.

Les banques d’investissement ont été également balayées par la crise par manque de
diversification de leurs activités et de leurs actifs à risque. Ces dernières n’ont dû leur salut
qu’aux banques universelles qui ont évité des faillites en cascade, à titre d’exemple, Merryll
Lynch qui a été rachetée par Bank of America, Goldman Sachs et Morgan Stanley qui ont été
transformées en banques universelles, par le biais de la création d’une holding.

Il apparaît donc que le modèle de la banque universelle a confirmé sa résistance et sa capacité


à absorber les chocs exogènes en période de stress des marchés financiers. En effet,
l’existence de ressources, sous forme de dépôts, au niveau du passif de ce type de banque
constitue un solide rempart face à l’assèchement des liquidités sur les marchés financiers et au
renchérissement des coûts de financement. Aussi, l’association entre banque de détail et
banque d’investissement réduit la volatilité de la croissance bénéficiaire de l’établissement
bancaire, surtout en période de décadence économique.

L’exemple le plus éloquent est celui des banques universelles françaises (Société Générale,
BNP Paribas), qui ont pu résister à la crise financière en pleine tourmente de la finance
mondiale. La solidité de l’activité de banque de détail au niveau local et à l’étranger et sa
contribution significative au PNB de ces banques a permis de contrecarrer les pertes essuyées
par l’activité de banque de financement et investissement (BFI) lors de la crise. Le
réinvestissement des profits de la BFI en période de conjoncture favorable dans les banques
de détail à l’international a permis d’amortir au mieux les contre-performances enregistrées
par cette activité lors de la crise financière.

Au Maroc, les deux dernières décennies ont été marquées par la réorganisation du secteur
bancaire à travers des opérations d’assainissement et de rapprochement, donnant naissance à
des banques multi-métiers. Dans ce contexte, essayons de distinguer les différents modèles
bancaires existants au Maroc :

28
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Profil 1 : Attijariwafa bank et BMCE bank, des banques universelles par


excellence :

Les modèles bancaires des groupes Attijariwafa bank et BMCE bank reposent sur l’existence
de plusieurs métiers, allant de la banque de détail à la banque des marchés, en passant par la
gestion collective. Ces deux groupes bancaires disposent de plusieurs filiales spécialisées
exerçant dans différentes activités, dont les plus importantes opèrent dans l’assurance,
l’immobilier, le crédit à la consommation, etc. Le produit net bancaire des deux banques
provient majoritairement de la banque de détail tant sur le plan local qu’à l’international,
principalement Attijari Tunisie et CBAO pour Attijariwafa bank et le Groupe Bank Of Africa
pour BMCE Bank.

Profil 2 : Le Groupe Banques Populaires, un modèle de banque universelle


atypique :

Le modèle du Groupe Banques Populaires est atypique puisque la structure organisationnelle


de la banque est différente d’une banque universelle classique. En effet, le groupe bancaire est
constitué du Crédit Populaire du Maroc, entité regroupant 10 Banques Populaires Régionales
(coopératives) ainsi que de la Banque Centrale Populaire, organe coté du Groupe. Les
Banques Populaires Régionales exercent l’activité de banque de détail dans leurs régions
respectives alors que la BCP est la banque d’investissement et de financement du Groupe.
Cette dernière a pour principale activité le placement des excédents de trésorerie des banques
régionales. Durant ce dernier quinquennat, la banque s’est positionnée au niveau de l’activité
Corporate afin de pallier à la baisse du rendement du portefeuille obligataire du groupe et de

29
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

se positionner davantage sur un segment rentable. La récente fusion- absorption de la banque


régionale de Casablanca (BPC) par la BCP va modifier la structure d’activité de cette dernière
puisqu’elle va entrer de plein pied dans le segment retail, profitant ainsi d’un réseau de
distribution de 159 agences. Cette opération répond donc à une logique économique de
positionnement similaire des deux banques au niveau de l’activité Corporate ainsi qu’à une
tendance structurelle de renforcement du positionnement des banques sur le segment retail.

Profil 3 : Les ex-OFS (CIH, CAM) ou la remise en cause des modèles de banques
spécialisées :

Le Crédit Immobilier et Hôtelier ainsi que le Crédit Agricole du Maroc, ont longtemps pâti de
la spécialisation de leurs activités, allant jusqu’à frôler la banqueroute. La concentration de
l’actif de ces deux banques sur les secteurs agricoles et immobiliers a lourdement pesé sur les
fonds propres des banques au début de cette décennie. Il a fallu l’intervention de l’État à
maintes reprises pour faire face à la dégradation de la quasi-totalité du portefeuille clientèle de
ces banques (contentieux sur le secteur agricole et immobilier de plus de 10 MMDh). La prise
de risque illimitée des dirigeants dans l’octroi de crédit (faiblesse des garanties exigées) ainsi
que la défaillance des emprunteurs (agriculteurs, promoteurs immobiliers) a précipité ces
banques vers des quasi-faillites. Les différents plans de redressement et d’assainissement
lancés durant cette décennie ont lourdement impacté les performances financières de ces
banques et l’adoption récente d’une stratégie « multi-métiers » pourrait porter ses fruits dans
les années à venir, avec pour principaux objectifs la diversification des actifs ainsi que le
positionnement dans les activités para-bancaires.

Profil 4 : les filiales des banques françaises (BMCI, CDM, SGMB) : des banques
universelles agissant sous l’égide de leurs maisons mères :

Les établissements bancaires à actionnariat étranger, principalement ceux détenus


majoritairement par les banques françaises, exercent une activité de banque universelle au
Maroc. Celle-ci demeure néanmoins particulièrement cadrée en raison de la stratégie des
actionnaires de référence. En effet, ces derniers considèrent ces établissements bancaires
comme des participations à l’étranger et s’inscrivent dans une logique de rendement et de
développement rationnel de l’activité de crédit sur le plan local. Notons que le rendement du
dividende des banques cotées, à savoir CDM et BMCI, est des plus élevés de la place, avec
une moyenne de 5,0 % contre 2,3 % pour le secteur. Aussi, le faible poids de ces filiales dans
les portefeuilles de ces groupes bancaires n’encourage pas le management de ces banques à y

30
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

investir, que ce soit en termes d’injection de fonds propres, ou de déploiement de stratégies


actives dans les marchés locaux respectifs. En effet, le faible développement du réseau de ces
banques ces dernières années leur a fait perdre des parts de marché au niveau de la banque de
détail et la taille insuffisante de leurs fonds propres ne leur permet pas de prendre part aux
projets structurants développés par le pays.

Ainsi, nous remarquons à travers ces quatre profils, que le modèle de la banque universelle est
le modèle dominant au Maroc. Toutefois, le développement des principales activités de ce
modèle bancaire, à savoir la banque commerciale et la banque des marchés et
d’investissement, demeure très disparate. En effet, les banques qui constituent le profil 1 et 2,
en l’occurrence Attijariwafa bank, BMCE et le Groupe Banques Populaires, disposent d’un
rapport revenu banque commerciale et banque d’investissement et marchés bien plus élevés
que celui des filiales de groupes français ainsi que celui des ex-OFS.

2) Facteurs de solidité du système bancaire marocain :

La stabilité macroéconomique et financière d’un pays ne peut être assurée sans un système
financier solide et réglementé. Les difficultés d’un système financier peuvent peser
négativement sur la politique monétaire d’un pays, entraîner une crise économique ou encore
peser sur le budget de l’État en raison de son rôle de prêteur en dernier ressort. La solidité du
système financier d'un pays est donc importante pour son économie, ainsi que pour ses
partenaires commerciaux et les pays avec lesquels il maintient des liens financiers.

Dans un contexte plus général, quelles sont les principales mesures de fragilité et de
vulnérabilité d’un système bancaire :

31
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2.1) Une structure saine des ressources confortée par le poids des dépôts non
rémunérés :

Pour mener à bien leur activité de transformation, le principal défi pour les banques est de
constituer une base de ressources stable, de préférence peu coûteuse et qui soit en adéquation
avec les emplois. Dans ce sens, la gestion actif-passif (ALM) demeure au centre des
préoccupations des directions des risques car elle permet de piloter la marge d’intérêt et de
mesurer les risques de liquidité.

Le secteur bancaire marocain se caractérise par une relative stabilité de ses ressources
globales, marquées par la prédominance des ressources clientèle. Les établissements bancaires
se financent majoritairement par des dépôts à la clientèle, avec une moyenne de 76,5 % du

32
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total passif sur la période 2006-2009, alors qu’elles n’ont recours au marché interbancaire
qu’à hauteur de 6,8 % du total bilan.

Il y a lieu d’observer cependant, une hausse des emprunts obligataires, qui se multiplient par
six durant cette période pour s’élever à 55,9 MMDh en 2009, tirés par les dettes
subordonnées(27) qui enregistrent une croissance annuelle moyenne de 130,0 % sur la période.
Le recours aux emprunts obligataires s’est intensifié ces deux dernières années en raison du
resserrement des liquidités des banques eu égard à la forte croissance des crédits et aux
exigences réglementaires en fonds propres. Ainsi, le ratio de solvabilité du secteur a vu son
taux passer de 8 % à 10 % en 2009.

Sachant que les dépôts à la clientèle constituent les principales ressources du secteur bancaire,
il est important d’observer que les ressources non rémunérées représentent 61,6 % des
ressources clientèle à fin 2009. Une année auparavant, la forte hausse du coût des ressources
rémunérées témoignait de la forte concurrence dans la collecte de dépôts, ce qui s’est traduit
inévitablement par un renchérissement du coût des ressources pour le secteur.

(27) : On appelle les dettes subordonnées des dettes préférentielles (taux élevé) qui sont
honorées après règlement des dettes usuelles. De ce fait elles sont assimilées à des capitaux
propres, d’ailleurs certains les appellent des quasi-fonds propres.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Source : Bank Al Maghrib.

2.2) Des emplois dominés par l’activité de crédit à la clientèle :

Durant ce dernier quinquennat, la structure bilantielle des banques marocaines a été


caractérisée par un renforcement des créances sur clientèle (60,4 % du total des emplois à fin
2009), portant le total bilan à 827,0 MMDh, en hausse moyenne de 15,3 % sur la période.

Source : département Analyse & Recherche Attijari.

En effet, les crédits à la clientèle ont progressé en moyenne de 21,7 % sur la période 2006-
2009, tirés principalement par les crédits immobiliers et les crédits à l’équipement qui
enregistrent des évolutions moyennes respectives de 33,4 % et 24,3 % pour des encours de
174,1 MMDh et 125,1 MMDh. L’évolution favorable de ces crédits témoigne d’un nouveau
contexte socio-économique caractérisé par l’évolution des mentalités induisant une demande
accrue en logement et la naissance d’une véritable société de consommation. L’encours des

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

créances sur établissements de crédit et assimilés s’est établi en 2009 à 12,9 % du total des
emplois, en baisse de 1,5 point par rapport à 2007. Les dépôts auprès de la banque centrale
ont baissé de 4,2 pts sur la période pour s’établir à 5,3 % du total bilan en 2009. Cela peut être
expliqué par le fait que le taux de la réserve obligatoire (28) est passé de 16,5 % en 2004 à 6,0
% en 2009 en raison du caractère durable des besoins de liquidité sur le marché monétaire.

Source : Bank Al Maghrib.

2.3) Une faible exposition au risque de crédit malgré une conjoncture moins
porteuse :

Le taux de contentieux au Maroc a évolué sur une tendance baissière depuis 2004, pour
s’établir à 5,9 % en 2009. Si nous tenons compte uniquement des banques commerciales (hors
CIH et Crédit Agricole du Maroc), le taux de contentieux s’établirait à 4,2 % et le taux de
provisionnement à 77,1 %. Le taux de prêts non performants demeure largement inférieur à
celui observé dans la région du Maghreb qui s’établit entre 6 et 12 %. La politique
d’assainissement du portefeuille clientèle initiée par le secteur bancaire depuis 2004 a donné
ses fruits puisque le taux de contentieux n’a cessé de baisser.

La stabilisation de ce taux en 2009 témoigne de la bonne résistance des banques et de leur


capacité à ne pas s’exposer au risque de crédit même en cas d’approfondissement de la crise
économique globale.

(28) : le taux de réserve obligatoire est un taux qui détermine le montant qu’une banque doit
détenir, à titre de réserves, chez la banque centrale. Ce taux est utilisé par la banque centrale
comme instrument pour influencer le montant des liquidités sur le marché.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Source : GBPM, rapport sur l’évolution des pratiques bancaires.

2.4) Un risque de liquidité maîtrisé jusqu’à ce jour par le régulateur :

La forte évolution de l’encours des crédits à l’économie a accentué le déficit des trésoreries
bancaires malgré les réductions successives du taux de réserve obligatoire. L’intervention de
Bank Al Maghrib pour combler les besoins du secteur bancaire en 2009, à travers les avances
hebdomadaires, en moyenne quotidienne de 16,6 MMDh, a permis de réguler le marché
monétaire. Au premier semestre de cette année, l’insuffisance des trésoreries bancaires s’est
accentuée passant à 18,7 MMDh contre 16,6 MMDh au T4 2009, et ce en dépit de l’injection
de plus de 8 MMDh durant le second trimestre de l’année, conséquence de la baisse du taux
de réserve monétaire. Le taux directeur a été maintenu à 3,25% malgré une hausse de
l’inflation à partir du 4ème trimestre 2009. Toutefois, la reprise économique probable en
Europe et aux USA au second semestre 2010 entraînerait une hausse des matières premières
sur les marchés internationaux, ce qui peut provoquer des tensions inflationnistes. Aussi, une
croissance agressive des crédits sur la période 2011-2012 pourrait pousser la banque centrale
à augmenter son taux directeur (29).

2.5) Un secteur suffisamment capitalisé dans sa globalité :

Plus qu’un simple calcul réglementaire, le niveau des fonds propres constitue le reflet de la
sagesse de la politique de conduite du risque d’un système bancaire. Au Maroc, les
indicateurs de solidité financière observés ces quatre dernières années montrent que les

(29) : le taux directeur est le taux par lequel la banque centrale prête de l’argent aux banques.
La banque centrale joue sur ce taux pour juguler la croissance et maîtriser l’inflation selon des
modalités bien connues en matière de politique monétaire. Pour plus d’information, aller au
site de Bank Al Maghrib : www.bkam.ma

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

banques sont suffisamment capitalisées dans leur globalité. Le ratio de solvabilité s’est établi
en moyenne à 11,5 % sur la période, un niveau largement supérieur au minimum
réglementaire de 8 %. À partir de 2009, Bank Al Maghrib a rehaussé le ratio de solvabilité à
10 %, pour le porter à partir de 2010 conformément aux dispositions du 2ème pilier de Bâle
II, un niveau largement supérieur à celui exigé en Europe (8%).

Les contraintes réglementaires et les besoins de croissance à l’international ont poussé la


plupart des banques cotées à rehausser leurs niveaux de fonds propres en début d’année, à
travers l’émission de dettes subordonnées ou d’augmentation de capital (numéraire ou
actions).

À cet effet, les banques cotées de la place, à l’image d’Attijariwafa bank et BMCE bank, ont
levé plus de 14 MMDh d’emprunts subordonnées sur la période 2008-2009, alors que les
opérations d’augmentation de capital se sont élevées à plus de 4 MMDh, portées
principalement par BMCI et BCP. Le choix de l’émission de dettes subordonnées par rapport
à l’émission d’actions réside dans l’intégration de ces fonds dans le calcul du ratio de
solvabilité sans risque de dilution de l’actionnariat. Aussi, cet instrument est privilégié par les
investisseurs car il présente un risque modéré et des taux d’intérêt attractifs incluant des
primes de risque allant jusqu’à 125 pbs (1 pbs = 0,01%).

Cependant, il est important que la maturité de la dette subordonnée ainsi que le taux de
rémunération des titres émis n’obèrent pas la rentabilité des établissements concernés. Aussi,
le plafonnement de ces dettes complémentaires à 50 % des fonds propres de base par Bank Al
Maghrib, conduirait inévitablement les actionnaires des banques à la marge de manœuvre
réduite à injecter de l’argent frais pour renforcer leur assise financière.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Nous estimons que le niveau des fonds propres des banques est un enjeu majeur pour les
banques dans les années à venir, en raison de:

La dynamique de croissance des crédits que connaît le pays ainsi que les
différents plans de développement lancés par les principales banques de la place tant au
niveau national qu’international. Sur ce dernier point, l’assainissement et la restructuration
des différentes banques acquises en Afrique nécessitera l’injection d’argent frais. À cet effet,
Attijariwafa bank et BMCE bank seront amenées à renforcer les fonds propres pour
accompagner le développement de leurs filiales africaines.

La montée du coût du risque en période de conjoncture moins favorable, tant


au niveau des filiales à l’international qu’au niveau local ainsi que les nouvelles contraintes
réglementaires obligeront de facto les banques à augmenter leurs fonds propres.

Dans ce cadre, les banques qui disposent d’un levier de dettes subordonnées favorable
pourront utiliser ce moyen de financement pour accompagner la croissance de leurs activités.
Cependant, le coût de ce financement dépend fortement de la signature de l’émetteur, de son
taux d’endettement et de la capacité des actionnaires à injecter des fonds propres additionnels.
Par contre, les banques dont la part des emprunts obligataires atteint les limites imposées par
la banque centrale (≤ 50% des fonds propres de base) devront trouver d’autres moyens pour
lever des capitaux, que ce soit à travers des augmentations de capital ou des opérations de
titrisation de créances.

Pour rappel, la titrisation de créances hypothécaires, moyen de financement très développé en


Europe, permet à la banque de libérer son actif afin d’accroître son activité ou de générer des
nouveaux actifs. Les banques européennes ont utilisé massivement la titrisation comme outil

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

de gestion du capital réglementaire imposé par le ratio Cooke dans le cadre des
recommandations de Bâle I du Comité de Bâle.

Au Maroc, la titrisation n’a pas eu le vent en poupe durant le début de cette décennie compte
tenu de la surliquidité du marché durant cette période (opérations de privatisation et octroi de
licences téléphoniques). À cette époque, les banques disposaient de ressources abondantes et
s’inscrivaient dans une logique d’augmentation des encours de crédit que de titrisation.
Aujourd’hui, face au manque structurel de liquidité, cet instrument financier pourrait s’avérer
très utile en vue d’augmenter la marge de manœuvre des banques. Dans ce cadre, la réforme
de la loi 2009 a permis d’étendre le champ d’application de la titrisation à tous les types de
créances détenues par les entreprises publiques, privées mais aussi les établissements de
crédit. Ceci devrait permettre aux agents économiques de diversifier leurs sources de
financement et optimiser leurs structures de ressources.

2.6) Des revenus d’activité et un couple risque/rendement en nette amélioration :

Le secteur bancaire marocain a enregistré durant la période 2006-2009 une croissance à deux
chiffres de l’ensemble de ces résultats d’activité :

Le Produit Net Bancaire(30) enregistre une évolution moyenne de 10,4 % sur la période
en liaison avec l’expansion de l’activité de crédit. La marge d’intérêt constitue en moyenne
76,0 % des revenus du secteur, représentant de ce fait la composante stable du PNB du
secteur.

Celle-ci a vu son poids se renforcer ces deux dernières années, compte tenu de la faible
performance de la marge sur commissions, qui représente en moyenne 12,9 % du PNB. En
effet, les années 2008 et 2009 ont été marquées par la pression sur les tarifs par la
concurrence, et dans une moindre mesure le repli des activités d’intermédiation et de conseil.

Enfin, le résultat des opérations de marché enregistre une croissance moyenne de 10,6 %, tirée
par les plus-values réalisées sur le portefeuille de trading des banques (principalement le
compartiment obligataire) ainsi que l’activité de change.

(30) : Le PNB est l’une des mesures de rentabilité les plus utilisées en matière d’analyse
financière des banques. On reviendra sur une définition détaillée de cet agrégat.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Le résultat d’exploitation et le résultat net enregistrent respectivement des croissances


moyennes de 10,3 % et de 11,5 %, conséquence de l’amélioration du coefficient
d’exploitation sur la période et de l’amélioration du coût du risque. En effet, le coefficient
d’exploitation s’établit en moyenne à 47,7 %, un niveau largement inférieur à celui observé en
Europe (entre 60 % et 65 %). Il y a lieu de souligner que les faibles niveaux de rémunérations
salariales du secteur (par rapport à l’Europe) permettent à ce dernier de poursuivre l’extension
du réseau d’agences tout en disposant d’un ratio de charges confortable. Enfin, le coût du
risque s’inscrit dans une tendance baissière avec un ratio moyen de 0,6 % sur les trois
dernières années, en raison d’un niveau de défaillance acceptable.

Le secteur affiche une rentabilité financière moyenne de 17,0 % sur la période


2006-2009 contre un ROE moyen de 5,0 % entre 2002 et 2005. Cette forte évolution
s’explique par l’effet positif de la restructuration du secteur qui a permis le redressement des
banques publiques, mais aussi par la forte évolution de la croissance bénéficiaire du secteur
durant ces trois dernières années. Le ROA quant à lui s’établit en moyenne à 1,3 %, contre 0,4
% sur la période 2002-2005.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Le ROE du secteur bancaire marocain demeure supérieur à celui des pays nord-africains qui
évolue en moyenne sur les cinq dernières années entre 6 % et 9,3 %. Cependant, ce ratio
demeure inférieur à celui des pays du Golfe qui s’établit en moyenne à 17,6 %.

Il y a lieu de préciser cependant, que les banques des pays de cette région sont exonérées
d’impôt alors que les banques marocaines sont soumises à l’impôt sur les bénéfices qui a
évolué sur la période entre 37% et 39,6%. Aussi, l’ensemble des établissements bancaires de
la place se doivent de respecter le ratio de la réserve obligatoire, qui s’établit à 16,5 % entre
2003 et 2007, un ratio très élevé par rapport à celui exigé par les pays de la région MENA qui
oscille entre 7 et 10 %.

Maintenant que l’on a une idée sur la structure et la physionomie du secteur bancaire, on
pourrait dès lors mener notre analyse financière des différents établissements de crédit. Cela
fera l’objet de la troisième partie.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

3ème partie : Analyse financière des


principales banques de la place
casablancaise.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Cette partie constitue le cœur de notre mémoire et concerne l’analyse financière des
principales banques cotées à la bourse de Casablanca. Notre analyse a porté sur les banques
suivantes : Attijari Wafa Bank, BCP, BMCE, BMCI, Société Générale et CDM. Le choix
n’est pas du tout fortuit. En effet, le choix des trois premières banques se justifie amplement
par le fait que ces banques constituent le noyau dur du secteur comme il a été relevé dans la
deuxième partie (Cf. supra statistiques dans la partie 2). Ensuite ces trois banques ont atteint
un degré de maturité en termes de rentabilité et de liquidité qu’elles ont conforté leur position
par des activités à l’international à travers notamment leurs filiales africaines. Les trois autres
banques à savoir la BMCI, La société Générale et le CDM font aussi partie de notre analyse
car ces banques à actionnariat étranger œuvrent dans une logique particulière de rendement et
de développement rationnel de l’activité de leurs sociétés mère à l’étranger. Par ailleurs, il n’a
pas été question pour nous de travailler sur le CIH et le CAM. En effet, en concertation avec
notre encadrant de stage, ces banques spécialisées qui éprouvent toujours des problèmes
structurels ne seront pas analysées. Notre analyse financière a été faite sur les trois
exercices suivants : 2007, 2008 et 2009.

Dans un premier temps, nous allons décrire minutieusement la méthodologie financière


adoptée lors de notre analyse. Ensuite, nous allons détailler les résultats de cette analyse pour
pouvoir émettre, vers la fin, des recommandations.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

3.1) Méthodologie d’analyse financière adoptée :

L’analyse financière est réalisée dans une optique de gestion financière qui, de façon très
générale, vise à assurer la pérennité de la société et à contribuer à sa valorisation. Une telle
analyse peut naturellement déboucher sur des applications opérationnelles, par exemple
définir et mettre en œuvre les solutions appelées par les déséquilibres financiers qui seraient
identifiés.

Le cas d’un établissement de crédit reste un petit peu particulier. En effet, comme il a été
relevé ci-dessus, la banque est une institution financière qui présente un enjeu systémique de
par son rôle incontournable de financement des économies. Cette importance fait que la
structure financière des banques doit être évaluée régulièrement pour pouvoir détecter les
risques éventuels qui pourraient être nuisibles au fonctionnement pérenne des banques et
partant celui de toute l’économie : c’est là où réside toute l’importance de l’analyse financière
des établissements de crédit.

Force est cependant de constater qu’il existe un manque cruel au niveau de la littérature
relative à ce domaine : la plupart des ouvrages de finance traitent de l’analyse financière des
entreprises usuelles (commerciales & industrielles) mais pas malheureusement celle des
établissements de crédit, cela fût d’ailleurs l’un des grands problèmes auxquels on devait faire
face pour la rédaction de ce mémoire.

Un établissement de crédit est une institution financière qui collecte des dépôts auprès des
clients et les transforme soit sous forme de crédits à la clientèle, de crédits interbancaires ou
encore d’actifs financiers : l’actif des banques est constitué principalement de ces éléments.
Dès lors, on a préféré commencer par cette étape d’analyse des actifs dans notre démarche.
Vient après une analyse de la solvabilité pour évaluer la capacité de la banque à faire face à
une dépréciation de son actif (non remboursement des crédits, baisse vertigineuse de la valeur
des titres détenus en portefeuille…). L’analyse de la liquidité est l’étape suivante pour évaluer
la capacité de la banque à faire face à des crises d’illiquidité dues par exemple à des retraits
massifs d’argent, des ruées aux guichets dans des périodes de panique bancaire. Enfin, c’est
l’analyse de la rentabilité qui viendra parachever notre processus d’analyse : Après tout la
banque reste une entreprise qui vise à maximiser le profit, une mauvaise rentabilité pourrait

44
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

compromettre son fonctionnement et sa pérennité. Nous allons essayer dans ce qui suit de
détailler toutes les étapes précitées.

3.1.1) Analyse de la composition d’actif :

L’analyse de la structure générale de la banque permet de mesurer le niveau de chaque type


d’activités (L’activité interbancaire, l’activité avec la clientèle, Activités sur titre…) :

Actif Passif
Interbancaire : Interbancaire :

Poste 1 : Caisses, banques centrales, CCP Poste 1 : Banques centrales, CCP


Poste 2 : Créances sur les établissements de Poste 2 : Dettes envers Ets de crédit
crédit

Clientèle : Clientèle :
Poste 4 : Opérations avec la clientèle (Crédits) Poste 3 : Opérations avec la clientèle (Dépôts)

Titres : Titres :
Poste 2 : Effets publics et valeurs assimilées
Poste 5 : Obligations et autres titres à revenu Poste 4 : Dettes représentées par un titre
fixe
Poste 6 : Actions et autres titres à revenu
variable
Divers : Divers :
Poste 7 : Participations et autres titres détenus
à long terme Poste 5 : Autres passifs
Poste 8 : Parts dans les entreprises liées Poste 6 : Comptes de régularisation
Poste 11 : Immobilisations incorporelles Poste 7 : Provisions pour risques et charges
Poste 12 : Immobilisations corporelles
Eléments de fonds propres : Eléments de fonds propres :

Poste 13 : Capital souscrit non versé Poste 8 : Dettes subordonnées


Poste 9 : Fonds propres pour risques bancaires
généraux
Poste 10 : Capitaux propres hors FBRG

Ainsi, cette approche permet donc de cerner sommairement la structure du bilan en faisant
notamment apparaître :

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

 Le solde des opérations avec la clientèle : Excédent des dépôts sur les crédits
fera l’objet d’un placement sous la forme de prêts interbancaires ou d’acquisition de titres,
cependant qu’un excédent des crédits sur les dépôts devra être financé par des emprunts
interbancaires ou des émissions de titres.
 Le solde des opérations interbancaires : qui dépend à la fois du solde des
opérations avec clientèle et des opérations autonomes de trésorerie (Gestion de trésorerie). Il
s’avère être intéressant de connaître la position nette (prêteuse ou emprunteuse) sur
l’interbancaire.
 Le solde des opérations sur titres : ce solde rend compte du solde des
opérations sur titres (Activité de marché).

3.1.1.1) Le solde des opérations avec la clientèle :

Il semble naturel de commencer l’analyse financière d’un établissement par ces opérations
bien que ce ne soit ni les premières dans le cadre de la classification comptable bancaire, ni
aujourd’hui les plus importantes dans le bilan de la majorité des établissements de crédit.

Les opérations avec la clientèle restent primordiales dans l'analyse financière des
établissements de crédit : Ces opérations ont longtemps constitué le fondement de l’activité
bancaire. Elles demeurent d'ailleurs très importantes pour apprécier la valeur d'un
établissement de crédit car la constitution d'un fonds de commerce de clientèle est
nécessairement lente et ces activités sont souvent caractérisées par une grande stabilité et une
bonne rentabilité (au moins en dehors des périodes de difficultés éco-conjoncturelles). Le
montant des opérations avec la clientèle a pris de moins en moins d’importance ces dernières
années en raison d’un phénomène que l’on appelle le phénomène de désintermédiation
financière.

Les phénomènes récents de désintermédiation et de « marchéisation » : Le phénomène de


désintermédiation financière, tout d’abord, fait que pour certaines entreprises le recours au
crédit bancaire n’est aujourd’hui qu’un moyen de financement parmi d’autres. Ces entreprises
peuvent en effet émettre directement, à des conditions de marché, des titres de créances
négociables. Le deuxième phénomène est lié à la « marchéisation » des conditions de
financement bancaire. Le volume des dépôts de la clientèle, notamment des dépôts à vue, a
diminué sous l’impulsion du développement des organismes de gestion collective de fonds —
OPCVM — qui permettent aux agents non financiers d’obtenir, tout en restant relativement
liquides, des conditions de rémunération plus élevées que celles des dépôts bancaires.

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Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
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Néanmoins, l’analyse de ces opérations demeure fondamentale dans la mesure où les crédits
qui restent dans les bilans des banques ne représentent pas forcément les meilleurs risques de
signature (entreprises ne pouvant pas accéder directement aux marchés financiers...). En
outre, la majorité des défaillances bancaires sont encore dues à des risques de crédit. Par
ailleurs, du côté des ressources, un montant important de dépôts clientèle reste un facteur
déterminant pour l’analyse de la rentabilité. Le terme « clientèle » regroupe, dans le plan
comptable bancaire, les six catégories suivantes : sociétés non financières, entrepreneurs
individuels, particuliers, entreprises d’assurance capitalisation, administrations publiques et
administrations privées. La notion de « clientèle financière » y a été ajoutée pour intégrer les
OPCVM.

3.1.1.2) Les opérations interbancaires :

Les opérations interbancaires recouvrent des finalités différentes...

Il s’agit des opérations conclues entre établissements de crédit ; elles peuvent recouvrir des
aspects très divers et correspondre à différentes finalités (placement d’un excédent de dépôts,
financement de concours ou de portefeuille-titres, opérations dites « autonomes » de trésorerie
pour tirer profit des différences de taux entre durées, devises ou types de supports).

... et peuvent être analysées selon une approche « juridique » ou « économique ».

Selon une approche « juridique », une distinction peut être effectuée entre les prêts et
emprunts en blanc, qui constituent la majorité des opérations sur le marché interbancaire, et
les opérations réalisées contre des supports (effets ou titres). S’agissant des ressources, les
concours obtenus contre des titres donnés en pension peuvent être le signe d’une méfiance du
marché à l’égard de l’établissement emprunteur. Aussi la croissance de la part des ressources
obtenues dans ces conditions peut-elle indiquer une détérioration de la signature de
l’emprunteur. La garantie ainsi obtenue par le prêteur est cependant difficile à apprécier. En
effet, une assurance réelle n’est obtenue que lorsque le titre est livré. Dans ce cas, en
comptabilité, l’opération n’est pas classée dans les opérations interbancaires, mais regroupée
avec les opérations sur titres (Cf infra). La réforme du plan comptable bancaire, intervenue en
1993, a distingué les opérations interbancaires proprement dites des opérations de trésorerie
réalisées avec un support négociable. « L’analyse économique » de l’activité interbancaire
nécessite toutefois la prise en compte de ces opérations de trésorerie réalisées avec un support.

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Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Enfin, si la position nette — prêteuse ou emprunteuse — sur le marché interbancaire est une
information intéressante (dépendance à l’égard du marché interbancaire, impact sur la
rentabilité...), il convient également d'analyser les positions brutes (dont chacune est
génératrice de risques de signature, de taux, d'illiquidité...) ainsi que les caractéristiques des
créances interbancaires.

Approche économique des opérations interbancaires : Les opérations interbancaires


recouvrent des opérations de trésorerie et des prêts financiers. Les opérations interbancaires
au sens restreint recouvrent en fait deux catégories d’opérations : les opérations interbancaires
de trésorerie et les prêts financiers.

Les opérations de trésorerie — d’une durée généralement inférieure à un an — peuvent


correspondre, d'une part, au placement ou au financement respectivement d’un excédent ou
d’une insuffisance de ressources dégagé par d’autres activités (clientèle par exemple), d'autre
part, à des opérations autonomes de trésorerie, correspondant à une activité d’intermédiation
interbancaire. Les prêts financiers (consentis à des contreparties interbancaires) sont en
général des opérations à plus d’un an, économiquement similaires aux crédits à la clientèle
non financière : même analyse du dossier de crédit, amortissement sur toute la durée de vie du
prêt non in fine... Dans la mesure où ces opérations sont majoritairement traitées à taux
variable, l’activité financière permet de « bloquer une marge », le coût des ressources et le
rendement des créances évoluant de la même façon (sauf déséquilibre de liquidité à financer).
Au plan interne, l’activité de trésorerie et les prêts financiers relèvent généralement de
services différents.

3.1.1.3) Les opérations sur titres :

Les différentes composantes du portefeuille-titres illustrent la stratégie des établissements. On


distingue aujourd’hui trois composantes principales au sein du portefeuille-titres, chacune
répondant à une stratégie différente. En outre, les établissements gèrent souvent également un
portefeuille de titres de participation qui n’est pas analysé avec les opérations de marché, car
il est d'une nature spécifique. Les trois composantes du portefeuille-titres sont : les titres de
transaction, les titres de placement et les titres d’investissement. Chacune de ces composantes
répond à une stratégie qui lui est propre et relève, en conséquence, de normes de valorisation
ad hoc. Elles sont souvent gérées par des entités distinctes au sein des établissements.

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Les titres de transaction sont détenus, pour six mois au plus, dans le cadre d'une stratégie
d'intervention à court terme sur les marchés financiers. Le portefeuille de transaction (ou
portefeuille de « trading ») correspond à une politique d’intervention à court terme sur les
marchés financiers, les titres étant appelés à subir une rotation très rapide. La réglementation
comptable impose d’ailleurs une durée maximum de détention de six mois. Réputé très
liquide, ce portefeuille doit pouvoir être cédé à tout moment. La traduction comptable en est
un enregistrement à la valeur de marché «marked to market»(32), c’est-à-dire une valorisation
quotidienne du portefeuille tenant compte des plus et des moins-values potentielles.

Les titres de placement sont détenus dans le cadre d'une politique de moyen terme. Les titres
de placement représentent la deuxième catégorie au sein du portefeuille-titres. La stratégie
développée par l’établissement dans ce cadre est une stratégie de moyen terme consistant à
acquérir un portefeuille susceptible d’être vendu si des opportunités se présentent mais ne
recherchant pas systématiquement un arbitrage rapide.

L’établissement doit comptabiliser ce portefeuille à sa valeur d’acquisition et provisionner, le


cas échéant, à chaque date d’arrêté, la différence entre la valeur nette comptable et le dernier
cours de bourse coté avant l’arrêté comptable.

Les titres d'investissement sont détenus, en principe jusqu'à leur échéance, dans l'optique
d'une stratégie d'investissement de long terme. Cette notion, relativement récente au Maroc,
est en revanche fréquente dans les pays à culture de marché plus ancienne, comme les États-
Unis. Ce portefeuille (uniquement composé de titres de créances) répond à une stratégie
d’investissement consistant à porter en principe les titres jusqu’à leur échéance.

(32) : Le marked to market est une technique qui consiste à évaluer quotidiennement le gain
ou la perte de chaque position pour pouvoir effectuer des ajustements. Ces ajustements qui
sont effectués par l’intermédiaire d’une chambre de compensation ont pour but de réduire le
risque de contrepartie.

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3.1.2) Analyse de la solvabilité :

L'analyse de la composition d’actif d'un établissement de crédit permet de le situer dans


l’environnement économique général et d'avoir une première approche des risques auxquels il
s’expose. Elle n’est toutefois qu’un préalable, puisque l’objectif de l’analyste est d’apprécier
les risques encourus par cet établissement.

Les risques auxquels sont susceptibles d’être exposés les établissements de crédit sont de
diverses natures. Le premier d’entre eux est bien sûr le risque d’insolvabilité de la banque
elle-même qui n’est souvent d’ailleurs que le résultat de la concrétisation d’autres risques.

Le risque d’insolvabilité est le plus important des risques encourus par un établissement de
crédit puisqu’il met en péril son existence même. Sanction ultime d’une mauvaise gestion,
son facteur déclenchant peut être lié à des causes diverses (insolvabilité des débiteurs,
concrétisation de risques d'illiquidité, de marché...).

L’analyse de ce risque est donc à la fois essentielle et particulièrement délicate à effectuer. Il


s’agit de veiller à ce qu’un établissement financier dispose d’une assise financière
suffisamment solide pour faire face aux différents risques qu'il assume. Cette capacité repose
d’abord sur le niveau et la qualité des fonds propres et, de façon subsidiaire, sur la structure
capitalistique, c’est-à-dire la composition et l’implication de l’actionnariat. Deux
réglementations principales concourent à la couverture de ce risque : l’exigence d’un capital
minimum et surtout le ratio de solvabilité. De plus, l'analyse globale du bon équilibre de la
structure financière, même si elle n'est assise sur aucune exigence réglementaire, contribue
efficacement à l'étude de la solvabilité des établissements.

Dans la cadre de notre analyse de solvabilité, nous avons essayé d’appliquer la réglementation
prudentielle Bâle II en utilisant les informations dont on disposait. A ce titre, les résultats
fournis ne sont pas exacts et pour cause le manque d’informations concernant la structure des
crédits : crédits immobiliers, crédits d’équipement, crédits à la consommation….

3.1.3) Analyse de la liquidité :

Le risque d’illiquidité est l’un des risques les plus importants pour un établissement de crédit.
Pendant la dernière crise, les financements se sont brusquement asséchés et ont très longtemps
fait défaut. La crise de confiance qui a gagné l’ensemble du système a placé les banques dans
des situations d’illiquidité sans précédent : les particuliers se précipitent pour retirer leurs

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dépôts et les banques ne se font plus confiance (assèchement du financement interbancaire).


La banque se doit donc d’analyser régulièrement son risque d’illiquidité pour pouvoir
prévenir de tels problèmes. Lors de notre analyse, on s’est basé sur un ratio simplifié et
unique, c’est le ratio de liquidité à court terme (LCR) tel qu’il est défini par Bâle III.

Ratio LCR = Actif à court terme - Passif à court terme

3.1.4) Analyse de la rentabilité :

L’examen des comptes de résultat apporte à l’analyste des enseignements indispensables, à la


fois en eux-mêmes, mais aussi par les relations qu’ils permettent de mettre en évidence avec
les opérations de bilan qui les ont générés. Fondamentalement, les résultats constituent la
sanction, favorable ou défavorable, de la stratégie de gestion d’un établissement.

Une rentabilité satisfaisante est, pour un établissement de crédit, un gage de solidité financière
et d'accès aisé aux marchés de capitaux. L’existence d’un niveau minimum de rentabilité est
indispensable à tout établissement de crédit. Elle est d’abord la garantie du maintien de la
solidité de sa structure financière, qui doit résulter en particulier d’une progression des fonds
propres proportionnelle à celle des risques, telle que l’exige la réglementation prudentielle.

Une rentabilité satisfaisante permet aussi à un établissement de crédit d’assurer, par le


versement de dividendes, une rémunération à ses apporteurs de capitaux, essentielle dans
l’optique de la réalisation d’augmentations de capital futures.

Enfin, les possibilités et les conditions d’emprunt d’un établissement de crédit sur les marchés
de capitaux sont étroitement dépendantes - outre la qualité et la nature de l’actionnariat et
l’importance de ses fonds propres - de la performance de celui-ci en matière de rentabilité.
L’analyse de la rentabilité est une analyse un peu plus compliquée que ce que l’on croit. En
effet, La rentabilité finale des établissements de crédit, mesurée par le résultat net, n’est pas
un élément d’appréciation suffisant. Par construction, ce solde intègre, en effet, les produits
et les charges nés de l’exploitation courante, mais aussi d’opérations à caractère exceptionnel
ainsi que les effets des décisions prises en matière de provisions. La seule observation du
résultat net ne permet donc pas de connaître la situation structurelle d’un établissement en
termes de rentabilité.

51
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

La définition de soldes intermédiaires de gestion permet ainsi d’identifier les éléments qui
concourent à la détermination du résultat final ; de même certains ratios aident à mieux
appréhender la structure d’exploitation d’un établissement.

Soldes intermédiaires de gestion : Ils sont au nombre de cinq.

Le Produit Net Bancaire (PNB) : Le produit net bancaire représente la marge brute dégagée
par les établissements de crédit sur l’ensemble de leurs activités bancaires. Le produit net
bancaire s’obtient par différence entre les produits d’exploitation bancaire et les charges
d’exploitation bancaire. Il a pour but essentiel de fournir un bon indicateur de l’évolution des
opérations qui constituent le cœur de l’activité des établissements de crédit, en extériorisant
une différence entre, d’une part, les produits générés par les emplois et, d’autre part, le coût
des ressources ainsi que les produits et les charges relatifs à diverses activités de service. Cet
agrégat est l’un des agrégats les plus utilisés dans l’industrie bancaire, ce solde est composé
de trois éléments : Marge d’intérêts, marge sur commissions et marge sur opérations de
marché. La marge d’intérêt mesure le résultat sur l’activité classique des banques qui consiste
à transformer les dépôts en crédits, la marge qui en résulte constitue donc ce que l’on appelle
la marge d’intérêt. La marge sur commissions est le fruit des opérations qui concernent
l’activité d’intermédiation et qui procurent à la banque des commissions. Enfin, la marge sur
opérations de marché mesure le résultat sur les activités en relation avec l’investissement dans
les marchés financiers (activité des salles de marché).

Le résultat brut d’exploitation : c’est la marge dégagée par les établissements de crédit, après
prise en compte des frais de structure sur l’ensemble de leurs activités courantes. Le résultat
brut d’exploitation s’obtient en retranchant du produit global d'exploitation l’ensemble des
charges de structure. Celles-ci comprennent les charges de personnel et les autres frais
généraux, mais aussi les dotations aux amortissements.

Le résultat brut d'exploitation permet ainsi de rapprocher la « production totale » d’un


établissement de crédit ou d’un groupe bancaire, mesurée à travers son produit global
d'exploitation, du coût de fonctionnement de ses structures. Il permet également d’évaluer les
sommes qu’un établissement peut globalement dégager afin d’assumer la couverture des
risques, l’alimentation des réserves ou des éléments qui peuvent leur être assimilés et, enfin,
la rémunération des actionnaires (avant prise en compte des opérations exceptionnelles et de
l’impôt sur les sociétés). Le résultat brut d'exploitation peut être rapproché de la notion
d’excédent brut d’exploitation utilisée pour les entreprises industrielles et commerciales.

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Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Résultat courant avant impôt : Le revenu courant avant impôt est la marge dégagée après
déduction du risque de contrepartie. Le résultat courant avant impôt s’obtient en retranchant
du résultat brut d'exploitation les dotations nettes aux provisions et les pertes sur créances
irrécupérables. Ce solde a pour but de faire ressortir l’incidence sur les résultats d’exploitation
de la prise en compte de certains risques générés par l’activité d’intermédiaire financier. Se
trouvent regroupés à ce niveau l’impact des risques de contrepartie ainsi que celui des risques
divers d’exploitation. En revanche, on rappellera que les risques de marché sont pris en
compte au niveau du produit net bancaire à travers, notamment, les résultats de change, les
résultats sur opérations sur titres ou sur instruments financiers à terme.

Résultat net : Le résultat net représente le résultat après prise en compte de l’ensemble des
produits et des charges relatifs à l’exercice et correspond bien entendu au résultat de
l’établissement. Le résultat net s’obtient en déduisant ou en ajoutant au résultat courant avant
impôt les produits et les charges exceptionnelles, les dotations ou les reprises nettes au FRBG
et l’impôt sur les sociétés.

Il convient de noter que la définition du résultat exceptionnel est dorénavant très restrictive.
Sont ainsi considérées comme ayant un caractère exceptionnel les opérations qui respectent
les trois conditions cumulatives suivantes :

Elles sont inhabituelles, avec un fort degré d’anormalité par rapport aux activités
ordinaires,
Elles surviennent de façon exceptionnelle ou, si l’on préfère, elles présentent une
forte probabilité de ne pas survenir à nouveau dans l’avenir,
Elles concourent au résultat net pour un montant significatif.

Nous résumons ces soldes intermédiaires de gestion dans le tableau suivant :

+ Intérêts et produits assimilés


-Intérêts et charges assimilés
= Marge d’intérêt
+ Commissions perçues
- Commissions servies
= Marge sur commissions
+/- Gains ou pertes nets sur instruments financiers à la juste valeur par résultat
+/- Gains ou pertes nets sur actifs financiers disponibles à la vente

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= Résultat des activités de marché


+ Produit des autres activités
- Charges des autres activités
= Produit Net Bancaire
- Charges générales d'exploitation
- Dotations aux amortissements et aux dépréciations des immobilisations
= Résultat Brut d’exploitation
- Coût du risque
= Résultat d’exploitation
+ Quote-part du résultat net des entreprises mises en équivalence
+/- Gains ou pertes nets sur autres actifs
+/- Variations de valeurs des écarts d'acquisition
= Résultat avant impôt
- Impôt sur les bénéfices
= Résultat Net

L’analyse de la rentabilité passe aussi par l’analyse de certains ratios utilisés à partir de ces
soldes.

Coefficient d’exploitation : c’est le rapport entre les charges de structure et le PNB. Il indique
la part de la richesse produite (le produit net bancaire) qui est absorbée par l'ensemble des
frais structure (charges d’exploitation + Dotations) qu'il a fallu engager pour produire cette
richesse.

Coefficient d’emploi : c’est le rapport entre les crédits octroyés et les dépôts. Il mesure la part
des dépôts transformés en crédits consentis à la clientèle ce qui permet d’avoir une idée sur le
niveau d’activité de l’établissement.

Coefficient de rendement : Appelé aussi ROA ou Return On Assets, il est obtenu en


rapportant le résultat net sur le total du bilan. Il indique le taux de résultat net dégagé en
moyenne sur l'ensemble des actifs portés par l'établissement.

Coefficient de rentabilité financière : C’est le rapport entre le résultat net et les capitaux
propres. Comme son nom l’indique, ce ratio sert à mesurer la rentabilité financière dégagée
par les actionnaires sur les fonds apportés.

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3.2) Mise en œuvre de l’analyse financière :

Maintenant que nous avons détaillé la démarche d’analyse poursuivie, nous allons exposer les
principaux résultats tirés de cette analyse. Comme il a été soulevé ci-dessus, notre analyse a
porté sur les six premières banques marocaines Attijari Wafa Bank, la BCP, la BMCE, la
BMCI, La SG, Le CDM. Les états de synthèse sur lesquels nous avons travaillé sont donnés
en annexe.

Les résultats seront présentés par type d’analyse au lieu d’être présentés par établissement,
c’est-à-dire qu’on va lister, pour chaque type d’analyse (analyse de la rentabilité par
exemple), les résultats des différentes banques.

3.2.1) Analyse de la composition des actifs :

Avant de faire un petit rappel sur la composition des actifs de l’ensemble du secteur, on va
décrire minutieusement comment se présente la situation pour chaque banque.

Structure des emplois bancaires durant la période 2006-2009 :

120,00%
Crédits interbancaires
100,00% et dépôts auprès de la
80,00% banque centrale
Portefeuille titres
60,00%
40,00%
20,00% Crédit sur clientèle

0,00%
2006 2007 2008 2009

Durant la période 2006-2009, la structure bilantielle des banques marocaines a été caractérisée
par un renforcement des créances sur la clientèle, portant le total bilan à 827 MMDH, en
hausse moyenne de 15,3% sur la période.

En effet, les crédits à la clientèle ont progressé en moyenne de 21,7 % sur la période 2006-
2009, tirés principalement par les crédits immobiliers et les crédits à l’équipement qui
enregistrent des évolutions moyennes respectives de 33,4 % et 24,3 % pour des encours de
174,1 MMDh et 125,1 MMDh.

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L’encours des créances sur établissements de crédit et assimilés s’est établi en 2009 à
12,9 % du total des emplois, en baisse de 1,5 point par rapport à 2007. Les dépôts auprès de la
banque centrale ont baissé de 4,2 pts sur la période pour s’établir à 5,3 % du total bilan en
2009. Il faut savoir que le taux de la réserve obligatoire est passé de 16,5 % en 2004 à 6,0 %
cette année en raison du caractère durable des besoins de liquidité sur le marché monétaire.

Ce taux demeure cependant supérieur à celui de la zone Euro mais inférieur par
rapport aux pays émergents.

Enfin, l’encours du portefeuille titres, représente quant à lui 17,9 % du total actif. La
baisse de la part du portefeuille titres dans le total bilan s’explique par l’effet volume au
niveau des opérations avec la clientèle mais également par la baisse des souscriptions des
banques en bons du trésor, conséquence de la baisse des besoins de financement du trésor
pendant cette période. A noter également le rôle joué par la crise financière déclenchée lors de
l’été 2009 dans le recul de la part du portefeuille titre.

Répartition pour les 6 différentes banques de notre étude :

120%

100%
autres actifs
80%
Opérations sur titres
60%
opérations de trésorerie et
40% interbancaire
Opérations avec la clientèle
20%

0%
AWB BCP BMCE BMCI CDM SG

a) Analyse de l’actif du secteur bancaire:

Pour les six banques étudiées, on voit bien que l’activité principale est « Opérations avec la
clientèle » (à part la BCP), avec une moyenne de l’échantillon égale à 64%. Cependant une
analyse plus détaillée nous permet de constater que la part de cette activité est plus importante

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pour Société Générale, BMCI et Crédit du Maroc avec une moyenne de 78%, contre une
moyenne de 50% pour les banques qui constituent le noyau dur du secteur (AWB, CDM et
SG). Le premier groupe bancaire fait partie des banques à actionnariat privé à dominance
étrangère, alors que le second fait partie de l’actionnariat privé à dominance locale. D’une
façon générale ceci peut s’expliquer par la stratégie des actionnaires de référence, qui
considèrent ces établissements bancaires comme des participations à l’étranger à l’étranger et
s’inscrivent donc dans une logique de rendement et de développement de l’activité de crédit
sur le plan local. Ainsi le faible poids de ces filiales dans les portefeuilles de ces banques
n’encourage pas le management de ces banques à y investir, que ce soit en termes d’injection
de fonds propres, ou de déploiements de stratégies actives dans les marchés locaux respectifs.

Quant aux modèles bancaires des groupes AWB, BMCE ou encore celui du groupe Banques
Populaire, ils reposent sur le développement de plusieurs métiers, allant de la banque de détail
à la banque des marchés, en passant par la gestion collective. Le groupe BP en particulier
s’est positionné au niveau de l’activité Corporate ce qui pourrait expliquer en partie la part
prépondérante des opérations de marché (32%) ce qui constitue la part la plus élevée du
secteur.

b) Analyse détaillée pour les différentes banques qui constituent le noyau dur du
secteur (AWB, BCP, BMCE) :

AWB est dans les normes du secteur en ce qui concerne la part des crédits accordés dans le
total actif (aux alentours de 60%). Ces crédits peuvent être décomposés en deux : crédit sur
les sociétés de financement et créances sur la clientèle.

Au titre de l’exercice 2009, les crédits à l’économie ont connu une hausse de 9,7%, pour
atteindre près de 495,6 Mrds Dhs. Cette hausse est attribuable aux éléments suivants :
- Les créances sur la clientèle ont enregistré une croissance de 10,7% au cours de
l’exercice2009, Ce poste représente 89,4% du total des emplois, au 31 décembre 2009, contre
88,5% au 31 décembre 2008 ;
- Les créances sur la clientèle sont composées à 32,5% des crédits immobiliers et à
12,8% des crédits de trésorerie, les premiers ayant augmenté de 20% contre une baisse de
57% pour les crédits de trésorerie.
- Les crédits à l’équipement et à la consommation contribuent, cumulativement, à
28,2% des créances sur la clientèle, en hausse de 25,6% par rapport au 31 décembre 2008 ;

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- Les crédits immobiliers poursuivent leur progression en 2009, en hausse de 20% par
rapport à 2008.

En ce qui concerne ses opérations sur titre et opérations diverses, elle dispose en 2008 du
poste « Actifs financiers à la juste valeur par résultat » le plus élevé du secteur (à peu près 21
MDH), devançant la BMCE (16,8 MDH), et la BCP (quasi nul) bien que la contribution du
poste dans le total actif de la BMCE soit supérieure à celle de AWB (11,19% contre 8,11%).

Pour ce qui est des actifs financiers disponibles à la vente AWB devance largement ses deux
principales concurrentes pour un volume de 25,8 MDH, contre 1,3 et 7,3 MDH pour BMCE
et BCP respectivement. En terme de contribution à l’actif elle est en première position avec
10%, contre une contribution quasi-nulle pour BMCE (1%) et 7,76% pour la BCP.

Toujours en 2008, le poste « Placements détenus jusqu'à leur échéance », montre une
tendance inverse ç celle observée jusqu’ici, à savoir la domination de AWB dans le secteur
des opérations sur titre et autres opérations. En effet la valeur de ce poste dans ce bilan est de
0, contre 6 MDH pour la BMCE et 26 MDH pour la BCP. Ainsi la contribution pour BMCE
est de 3,94%, contre plus du quart (27,58%) du total actif pour la BCP. Ce dernier résultat
peut expliquer à lui seul la part prépondérante qu’occupent les opérations sur titre pour la
BCP (32%), ce qui constitue le pourcentage du total bilan le plus élevé du secteur.

Enfin le poste « Participations dans des entreprises mises en équivalence », demeure très
négligeable pour les 3 sociétés pour des montants ne dépassant pas les 200000 DH et une
contribution de l’ordre de 0,9% en moyenne.

Le secteur opérations de trésorerie et interbancaire quant à lui, est composé de deux postes :
Prêts et créances sur les Etablissements de crédit et assimilés et Valeurs en caisse, Banques
Centrales, Trésor public, Service des chèques postaux.

Le premier poste montre qu’en 2008 (même tendance que la période choisie : 2006-2009),
c’est la BCP qui possède une contribution supérieure à 20% (21,36%) pour un montant de
20,1 MDH. La contribution des deux autres banques est plus faible : de l’ordre de 10% pour
AWB malgré un montant plus conséquent et 14,35% pour BMCE. Le second poste qui
correspond aux avoirs que les banques détiennent en caisse, à la banque centrale, et aux CCP
montre que c’est la BCP qui s’y consacre le plus avec une part dans le total bilan de 17,50%
et un montant de 16,5 MDH contre 15,7 MDH pour AWB ou encore 8,7 MDH pour BMCE.

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c) Les volumes du bilan et du hors bilan indiquent l'importance de l'activité d'un


établissement :

Les montants considérables imputables aux transactions de hors bilan montrent qu’il est
désormais impossible de procéder à l’analyse d’un établissement sans étudier de façon
approfondie le niveau et les composantes de son hors bilan.

 Evolution des opérations de hors-bilan :

Les engagements hors bilan des six principaux acteurs sur le marché bancaire marocain, au 31
décembre 2009, se présentent comme suit :

Au 31 décembre 2009, les engagements hors bilan du total des banques commerciales se sont
établis à 154,1 Milliards Dhs, en progression de 4,6% par rapport au 31 décembre 2008, sous
l’effet des éléments suivants :
 la baisse des engagements de financement donnés de 3,0% à près de 64,9 Mrds Dhs au
31/12/2009. Ces engagements correspondent principalement aux engagements de
financement en faveur de la clientèle.
 l’accroissement des engagements de garantie de 11,2% à près de 88,8 Mrds Dhs.

Au titre de l’exercice 2009, les six premières banques marocaines représentent 96,2% des
engagements donnés par les banques commerciales.
On peut aussi constater que AWB et la BCP constituent plus de la moitié (54%) de
l’engagement total hors bilan, ce qui fait pour chacune plus du double de l’engagement de la
BMCE. Ces résultats ne font que conforter la place prépondérante que constituent ces deux
banques au sein du secteur bancaire marocain.

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3.2.2) Le coefficient de solvabilité :

Avant de présenter les résultats, on tient à souligner qu’en ce qui concerne ce ratio, les
résultats trouvés ne sont pas tout à fait exacts et ce pour les trois raisons suivantes :

Primo, au niveau des états de synthèse, on ne dispose pas de détails concernant la


structure des crédits consentis et des actifs détenus (crédits immobiliers, crédits d’équipement,
crédits de consommation, actifs d’investissement, actifs de transaction…). Ces informations
sont d’une grande d’utilité car les actifs d’une banque ne sont pas pondérés de la même
manière pour le calcul du ratio de solvabilité.
Secundo, les actifs pondérés (dénominateur du ratio) comprennent normalement même
le hors bilan(32). Or, on n’a pas pu avoir accès à ces informations qui ne sont pas généralement
publiées.
Tertio, le coefficient de solvabilité prend en compte d’autres types de risque mis à part
le risque de crédit, il s’agit notamment du risque de marché et du risque opérationnel. Or pour
ces deux types de risque on ne dispose pas de toutes les informations suffisantes.

En effet, pour le risque de marché il nous faut les positions prises sur les marchés (valeur des
portefeuilles) pour calculer ce qu’on appelle la VaR(33). De plus, le risque opérationnel reste
très subjectif à évaluer, on rappelle que le risque opérationnel est le risque de pertes résultant
de carences ou de défauts attribuables à des procédures, personnels et systèmes internes ou à
des événements extérieurs. Malheureusement on n’a pas d’idée sur les modèles internes
utilisés par les banques pour évaluer les risques opérationnels qui restent très difficiles à
évaluer.

(32) : Les éléments hors-bilan sont composés d'un ensemble de compte retraçant des
engagements qui ne donnent pas lieu à des flux de trésorerie immédiats. En d’autres termes,
figurent dans ce compte les actifs et les passifs de l’entreprise qui font encore l’objet d’un
contrat en cours d’exécution ou qui n’ont pas encore été régularisées par un paiement :
confirmation de crédit, avals, cautions…
(33) : la Value-at-Risk correspond au montant des pertes qui ne devraient pas être dépassées
pour un niveau de confiance donné sur un horizon temporel donné. Par exemple, la banque A
annonce une VaR quotidienne sur son portefeuille de 50 millions de dollars pour un niveau de
confiance de 99%. Cela veut dire qu’il y a seulement une chance sur 100 (1%) que la perte
associée à la détention de ce portefeuille sur une journée excède 50 millions de dollars.

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Tous ces facteurs ont sûrement biaisé nos résultats. Quoiqu’il en soit, on a utilisé le maximum
d’informations possibles dont on dispose et on estime que les calculs effectués, même s’ils ne
donnent pas une estimation exacte, sont suffisants pour avoir une idée générale sur la
solvabilité de l’établissement.

A cette étape d’analyse, on s’est référé aux deux circulaires de Bank Al Maghrib qui traitent
des éléments du calcul du coefficient de solvabilité, il s’agit de la circulaire CN° 24/G/2006
relative aux fonds propres des établissements de crédit et la circulaire CN° 25/G/2006 relative
au dénominateur du ratio à savoir les risques pondérés(34) (Cf. ci-dessus page 9) .

Selon l’article 2 de la circulaire CN° 24/G/2006, Les fonds propres de base sont obtenus par
différence entre le total des éléments énumérés à l'alinéa a) et celui des éléments énumérés à
l'alinéa b) ci-dessous.

a) éléments à inclure :

- le capital social ou la dotation,

- les primes d'émission, de fusion et d'apport,

- les réserves,

- le report à nouveau créditeur,

- les résultats nets bénéficiaires annuels ou semestriels, diminués du montant des dividendes
que l'établissement envisage de distribuer.
b) éléments à déduire :

- la part non libérée du capital social ou de la dotation,

- les actions propres détenues directement ou indirectement évaluées à leur valeur comptable,

- les frais d'établissement et les actifs incorporels nets des amortissements et provisions pour
dépréciation,

- le report à nouveau débiteur,

(34) : Ces circulaires peuvent être obtenues à partir du site officiel de Bank Al Maghrib :
www.bkam.ma

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- les résultats nets déficitaires annuels ou semestriels.


Cet article nous a servi pour le calcul du numérateur du ratio à savoir les fonds propres
réglementaires.

Par ailleurs, l’article 9 de la circulaire CN° 25/G/2006 détaille les coefficients de


pondérations utilisés pour les différentes catégories d’actif :

Les éléments de l'actif, pris en considération pour le calcul du risque de crédit, ainsi que les
quotités qui leur sont appliquées sont détaillés ci-après.

A) Quotité de 0%:

1) les valeurs en caisse et valeurs assimilées ;

2) les créances sur Bank Al-Maghrib et les autres banques centrales des pays membres de
l’OCDE et assimilés ;

3) les créances sur l’Etat marocain et les Etats membres de l’OCDE et assimilés ;

4) les crédits de mobilisation de créances sur l’Etat dûment constatées consentis aux
entreprises adjudicataires de marchés publics ;

5) les valeurs reçues en pension, émises ou garanties par l’Etat marocain ou Etats membres de
l’OCDE et assimilés ;

6) les valeurs reçues en pension, émises par Bank Al-Maghrib et les autres banques centrales
des pays membres de l’OCDE et assimilés.

B) Quotité de 20% :

1) les créances sur :

- les établissements de crédit et assimilés au Maroc et installés dans les pays membres de
l'OCDE et assimilés,

- les entités exerçant les opérations connexes à l’activité bancaire telles qu’énumérées aux
alinéas 3) et 6) de l’article 7 de la loi 34-03 relative aux établissements de crédit et organismes
assimilés ainsi que les entités installées dans les pays membres de l'OCDE et assimilés
exerçant des activités similaires. Ces entités doivent être soumises à des dispositifs de
surveillance et de réglementation comparables à ceux appliqués aux établissements de crédit,

- les collectivités locales,

- les banques multilatérales de développement dont la liste est établie par Bank Al-Maghrib ;

2) les créances sur les établissements de crédit et assimilés installés dans des pays autres que
ceux membres de l’OCDE et assimilés, dont l'échéance résiduelle n'excède pas douze mois ;

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3) les créances sur les entités installées dans des pays autres que ceux membres de l’OCDE et
assimilés exerçant les activités visées au deuxième tiret de l’alinéa 1) ci-dessus, dont
l'échéance résiduelle n'excède pas douze mois ;

4) les titres de créance, autres que ceux déduits des fonds propres, émis ou garantis par :

- les entités citées à l’alinéa 1) ci-dessus,

- les entités citées aux alinéas 2) et 3) ci-dessus, dont l’échéance résiduelle n'excède pas douze
mois ;

5) les créances sur la clientèle, garanties par :

- les entités citées à l’alinéa 1) ci-dessus,

- les entités citées aux alinéas 2) et 3) ci-dessus, dont l’échéance résiduelle n'excède pas douze
mois,

- les organismes marocains d’assurance à l’exportation ;

6) les valeurs reçues en pension de la clientèle, émises par les entités citées à l’alinéa 1) ci-
dessus.

C) Quotité de 50 % :

1) les crédits à l'habitat consentis à la clientèle pour l'acquisition, l'aménagement ou la


construction de logements, garantis par :

- une hypothèque de premier rang sur les biens objet desdits crédits,

- ou une hypothèque de second rang, lorsque le premier rang est inscrit en faveur de l'Etat, en
garantie du paiement des droits d'enregistrement,

- ou éventuellement, une hypothèque de rang inférieur lorsque les rangs précédents sont
inscrits au profit du même établissement et pour le même objet ;

2) les parts ordinaires de Fonds de Placements Collectifs en Titrisation des créances


hypothécaires ;

3) les crédits-bails et locations avec option d’achat de biens immobiliers en faveur de la


clientèle ;

4) les comptes de régularisation dont les contreparties ne peuvent être identifiées.

D) Quotité de 100 % :

1) les créances sur les entités citées aux alinéas 2) et 3) du paragraphe B), dont l'échéance
résiduelle excède douze mois ;

2) les créances sur la clientèle autres que celles visées aux paragraphes A), B) et C) ;

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3) les immobilisations corporelles ;

4) les immobilisations données en location simple ;

5) les parts spécifiques de Fonds de Placements Collectifs en Titrisation des créances


hypothécaires ;

6) les titres de propriété et de créance autres que ceux déduits des fonds propres et ceux visés
à l’alinéa précédent et aux paragraphes B) et C) ;

7) les autres actifs.

On signale que les quotités sont les pondérations qui diffèrent pour chaque catégorie d’actifs
selon leur degré de risque.

Les résultats se présentent comme suit :

Coefficient de solvabilité en 2009 (En %) :

Eléments Attijari BCP BMCE BMCI CDM SG


Fonds propres 33 264 739 14 119 897 10 140 068 7 196 075 3 329 026 8 369 643

Actifs pondérés 150 963 458 64 710 453 87 408 772 33 095 472 20 175 135 33 314 523

Ratio global 22,03 21,82 11,6 21,74 16,5 25,12

Ratio Tier 1 16,09 19,02 5,75 21,7 11,5 18,55

Comme on peut le constater, les résultats mis en évidence dans le tableau sont trop surestimés
(largement en dessus de 10%) : la non prise en compte du risque de marché et du risque
opérationnel doivent être la raison derrière cela.

D’une manière générale, les coefficients de solvabilité se situent à un niveau relativement bon
pour toutes les banques. La Société Générale vient en première position avec un ratio de
solvabilité de 25,12% ce qui témoigne de la prudence de l’établissement quant à l’adéquation
des fonds propres réglementaires avec les risques. Cela peut s’expliquer, entre autres, par la
politique prudente qu’adopte la société mère en France et ce depuis le scandale de Janvier
2008 quand le célèbre trader Jérôme Kerviel a fait perdre à la Société Générale 5 Milliards
d’Euros en s’engageant sur des positions qui dépassaient les limites permises. Depuis, la
société générale a resserré son dispositif de gestion des risques pour empêcher que de telles

64
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

situations se reproduisent. En deuxième position, on trouve Attijari avec un ratio de 22 % ce


qui laisse entendre une bonne politique de gestion des risques qui est nécessaire pour garantir
la survie d’une banque qui ne cesse de se développer dans l’Afrique subsaharienne avec tous
les risques potentiels que cela pourrait représenter. Quant au ratio de Tier 1 qui, pour rappel,
mesure le rapport entre les fonds propres de base (par opposition aux fonds propres
complémentaires) et les risques pondérés (Cf. Supra page 11), il semble être respecté par
toutes les banques (supérieur à 50% du ratio de solvabilité), sauf la BMCE qui se trouve en
dernière position par rapport au ratio de solvabilité. Cette situation est alarmante et devrait
être réglée en émettant des actions sur le marché ou encore en souscrivant des dettes
subordonnées qui coûtent nettement moine cher.

0,25

0,2

0,15
AttijariWafaBank
BCP
0,1 BMCE

0,05

0
2007 2008 2009

Sur un plan dynamique, la banque centrale populaire reste la banque la plus performante en
termes d’évolution puisqu’elle a vu son ratio de solvabilité passer de 12% à 21% sur une
période de trois années. En effet, les fonds propres réglementaires ont crû d’une manière
rapide surtout en 2009 quand la BCP a levé sur le marché des capitaux une dette subordonnée
de 1,5 Milliards de dirhams pour accompagner le développement de son activité de crédit qui
a fortement augmenté surtout en ce qui concerne les crédits à la consommation, leasing ou
encore les crédits immobiliers. Les risques pondérés présentent également une croissance
de 25,6%, due essentiellement au dynamisme de la distribution des crédits, notamment
les crédits immobiliers et à l'équipement. Ainsi le ratio de solvabilité pour l’année 2008
ressort à 17,5%. Au titre de l’exercice 2009, le ratio de solvabilité du groupe ressort en
65
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

amélioration de 250 pbs. Cette évolution s’explique par l’augmentation des fonds propres de
10,65% enregistrée en 2009 suite à un bon résultat net de cette année en progression de 16%
par rapport à 2008. Les risques pondérés présentent également une croissance de 9,12%
reflétant un effort continu dans la distribution des crédits immobiliers et d'équipement.

3.2.3) Analyse de la liquidité :

Bank Al Maghrib définit le ratio de liquidité comme étant le rapport entre d’une part, les
éléments d’actif disponibles réalisables à court terme et les engagements par signature reçus
et, d’autre part, les exigibilités à vue et à court terme et les engagements par signature
donnés. Bank Al Maghrib exige un ratio de liquidité minimal à l’ordre de 100%.

Pour le calcul du ratio de liquidité, on s’est référé à la circulaire de Bank Al Maghrib CN°
31/G/2006 relative au coefficient minimum de liquidité des banques (Cf. Annexe vers la fin
du mémoire). Les résultats se présentent comme suit :

Ratio 2007 2008 2009 Taux d’évolution moyen


ATW 138,44% 116,65% 116,45% -8,28%

BCP 42,96% 65,24% 40,62% -2,75%

BMCE 147,38% 129,33% 131,39% -5,58%

BMCI 128,34% 133,95% 103,13% -10,36%

CDM 184,12% 177,47% 168,89% -4,23%

SG 166,76% 165,78% 140,37% -8,25%

En 2009, toutes les banques ont présenté un ratio de liquidité supérieur à 100% sauf la BCP.
Comment peut-on expliquer cette situation ? En effet, à côté de la BCP, on trouve ce qu’on
appelle les BPR (Banques Populaires Régionales) qui sont au nombre de dix. Etablissements
de crédit habilités à effectuer toutes les opérations de banque dans leurs circonscriptions
territoriales respectives, les BPR ont pour mission de contribuer au développement de leur
région par la diversité des produits qu’elles offrent, le financement de l’investissement et la
bancarisation de l’économie. Ce sont les BPR qui détiennent des participations dans la BCP et
non l’inverse, cette situation fait que le compte « Dettes envers les établissements de crédit »
reste trop important (En 2009, par exemple il a représenté jusqu’à 67% du total passif contre

66
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

juste 9% et 7,85% pour Attijari et la BMCE respectivement). Ce poids lourd que représente
les dettes envers les établissements de crédit -qui ne sont pas des dettes finalement
puisqu’elles sont détenues en grande partie par les BPR- fait que le ratio de liquidité de la
BCP est généralement très en dessous des exigences minimales réglementaires.

A part le CDM, toutes les autres banques affichent un ratio de liquidité largement en dessus
de 100%. Cela veut dire que les banques marocaines disposent de suffisamment d’actifs à
court terme pour pouvoir couvrir son passif à court terme. Dès lors elles n’éprouveront pas
des difficultés liées à des retraits massifs d’argent car elles disposent d’actifs liquides qui leur
permettront de faire face à ces retraits. Cette situation reste un avantage de taille pour le
secteur bancaire marocain tandis qu’aux Etats Unis ou en Europe, les banques se sont
retrouvées à plusieurs reprises dans des situations d’illiquidité. La plus récente remonte à
deux ans au moment du déclenchement de la crise financière quand les particuliers et les
entreprises, cédant à une panique bancaire, se sont précipités pour retirer leur argent, en plus
les banques ne se faisaient plus confiance : l’Etat, prêteur en dernier ressort, était donc obligé
de prêter aux banques des sommes considérables pour empêcher des faillites bancaires.

200,00%

180,00%

160,00%

140,00%

120,00%
31/12/2007
100,00%
31/12/2008
80,00% 31/12/2009

60,00%

40,00%

20,00%

0,00%
ATW BCP BMCE BMCI SG CDM

Sur un plan dynamique, on peut dire que toutes les banques ont vu leur ratio de liquidité
baisser durant ces trois dernières années. Ainsi, Attijari a vu son ratio de liquidité passer de
138,44% en 2007 à 116,45% en 2009 avec une moyenne de baisse annuelle de 8,28%, cela est

67
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

dû à l’augmentation des dettes envers les établissements de crédit (dettes interbancaires) qui
ont augmenté de 44,5% annuellement durant la période alors que les créances n’ont augmenté
que de 12% annuellement. C’est le cas également de la BMCI dont le ratio de liquidité a
baissé de 128,34% en 2007 à 103,13% en 2009 avec une baisse annuelle moyenne de 10,36%,
cela s’explique par l’accroissement de la valeur de certains actifs financiers à court terme qui
a quadruplé durant la période passant de 879.000 Dhs en 2007 à 22.252.000 Dhs en 2009.

3.2.4) Analyse de la rentabilité :

Analyse du Produit Net Bancaire :

Produit Net Bancaire Colonne1 Colonne2 Colonne3 Colonne4 Colonne5


Structure
31/12/2007 31/12/2008 31/12/2009 2009 Evolution 08/09
ATW 8 793 064 10 966 967 13 255 170 20,86%
Marge d'intérêt 5 573 849 6 962 593 7 368 541 55,59% 5,83%
Marge sur commissions 1 707 054 2 151 808 2 203 574 16,62% 2,41%
Marge sur activités de marché 1 148 999 1 323 415 3 066 968 23,14% 131,75%
BCP 1 442 302 1 757 573 2 672 199 52,04%
Marge d'intérêt 563 794 960 767 1 437 996 53,81% 49,67%
Marge sur commissions 223 475 298 417 379 957 14,22% 27,32%
Marge sur activités de marché 528 003 418 888 651 915 24,40% 55,63%
BMCE 4 265 177 6 018 460 6 413 953 6,57%
Marge d'intérêt 2 519 212 4 124 926 4 257 104 66,37% 3,20%
Marge sur commissions 818 107 1 150 310 1 221 914 19,05% 6,22%
Marge sur activités de marché 792 978 502 781 734 953 11,46% 46,18%
BMCI 2 330 156 2 463 816 2 637 745 7,06%
Marge d'intérêt 1 914 073 2 040 560 2 123 608 80,51% 4,07%
Marge sur commissions 359 788 354 061 355 622 13,48% 0,44%
Marge sur activités de marché 107 435 170 477 252 268 9,56% 47,98%
SG 2 723 769 3 033 251 3 216 931 6,06%
Marge d'intérêt 2 007 258 2 285 042 2 468 332 76,73% 8,02%
Marge sur commissions 430 302 446 229 702 138 21,83% 57,35%
Marge sur activités de marché 42 021 8 338 45 591 1,42% 446,79%
CDM 1 495 936 1 646 741 1 799 173 9,26%
Marge d'intérêt 1 194 673 1 351 624 1 497 293 83,22% 10,78%
Marge sur commissions 240 611 254 870 266 392 14,81% 4,52%
Marge sur activités de marché 95 755 87 036 99 511 5,53% 14,33%

Sur le plan statique, en 2009 l'analyse de la structure du PNB des différentes banques révèle
une prépondérance importante de la marge sur intérêts avec une contribution au PNB qui
s'élève à 56 % pour Attijari, 54 % pour la BCP et dépassant les 80 % pour la BMCI et la

68
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

CDM. Cela n'est pas du tout surprenant comme résultat du moment où cette marge sur intérêt
n'est rien d'autre que le fruit du cœur de métier d'un établissement bancaire par définition à
savoir la collecte des dépôts et leur transformation en crédits, la marge d'intérêt qui en résulte
est donc marge sur intérêt.

Sur le plan dynamique, Le PNB de toutes les banques s'est amélioré entre de 2008 et 2009.
Les plus importantes hausses sont celles de la BCP et d'AWB avec 52% et 20%
respectivement. Cette évolution positive du PNB doit principalement à l'augmentation
remarquable des marges sur activités de marché réalisées par les différentes banques et plus
particulièrement celle d'Attijari et la SG avec des augmentations de l'ordre de 131,75 % et
446,79 % respectivement. Cette augmentation des marges réalisées sur activités de marché
peut être expliquée par la reprise des activités sur les marchés financiers après que la crise
financière en 2008 ait plongé toutes les banques dans un marasme sans précédent.

Une analyse plus poussée de l'évolution des différentes composantes du PNB des banques
montre que les marges sur intérêt ont moins augmenté en 2009 qu'en 2008 (24,92% contre
5,83% en 2009 pour Attijari), cette baisse, au profit d'une nette augmentation pour les
activités de marché (15,18% contre 131,75% en 2009), est un véritable symptôme du
phénomène de désintermédiation qui touche notre pays de plus en plus ces dernières années.
En effet, ces dernières années les entreprises qui ont fait appel au marché boursier ont levé
près de 75 MMDh, que ce soit par le biais des opérations d'introduction en bourse,
d'augmentations de capital ou d'émission d'emprunts obligataires. Ces opérations de marché
ont constitué et constitueront à l'avenir une source de revenus croissante pour la banque de
marché. De surcroît, l'ouverture internationale de nombreuses entreprises publiques et privées
à l'image de Maroc Telecom, ONE, RAM, ou encore l'OCP fait que ces entreprises ont eu
recours aux banques en ce qui concerne les opérations de couverture sur le change ou sur les
matières premières.

De surcroît, la marge d'intermédiation du secteur qui s'inscrit dans une tendance baissière peut
être expliquée par le contexte actuel caractérisé par une forte concurrence entre les banques
provoquant un renchérissement du coût des ressources et une politique de taux d'intérêt bas
(crise financière et nécessité de relance obligent). Ainsi, pour assurer une croissance
organique pérenne, la marge de manœuvre des banques se situe dans les activités génératrices
de commissions ainsi que les activités de marché.

69
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Quant à la marge sur commissions, on peut dire que cette composante a évolué généralement
pour toutes les banques d'une manière positive en raison de l'amélioration de la marge du
commissionnement au niveau des opérations avec la clientèle. En effet, le développement de
l'équipement des ménages en produits monétiques et produits de bancassurance ainsi que la
multiplication des opérations de marché (introductions en bourse, augmentation de capital)
ont fortement contribué à l'amélioration de cette marge durant la période.

Analyse du coefficient d’exploitation :

Evolution du coefficient d’exploitation pour les différentes banques (2007-2009) :

70,00%

60,00%

50,00%

40,00%
2007
2008
30,00%
2009

20,00%

10,00%

0,00%
ATW BCP BMCE BMCI SG CDM

On rappelle que le coefficient net d'exploitation indique la part de la richesse produite (le
produit net bancaire) qui est absorbée par l'ensemble des frais structure qu'il a fallu engager
pour produire cette richesse. Il est calculé en faisant le rapport entre les charges générales
d’exploitation et les dotations aux amortissements d’une part et le Produit Net Bancaire
d’autre part.

Ainsi le coefficient d'exploitation pour Attijari s'est amélioré en baissant de - 7,88% cela
témoigne de la volonté d'Attijari de maîtriser ses coûts pour pouvoir disposer d'une marge de
manœuvre pour absorber des évolutions défavorables. Fidèle à son modèle économique hérité

70
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

de l'ex BCM, la banque semble maîtriser ses charges et réaliser des économies d'échelle dans
un contexte de hausse à deux chiffres de son PNB et d'ouverture de plus de 248 agences
bancaires sur la période. Pour la BCP, le coefficient d'exploitation se situe à un niveau
largement inférieur à celui d'Attijari ou encore celui de la BMCE mais évolue d'une manière
croissante à cause de l'augmentation fulgurante des charges générales d'exploitation avec une
moyenne annuelle de + 82,9% témoignant ainsi de la politique volontariste d'emploi dans
laquelle s'est engagée la BCP ces dernières années (plus de 9000 personnes d'effectif), comme
toutes les autres banques d'ailleurs, ce qui a engendré pour la banque des charges de personnel
extravagantes. Quant à la BMCE les charges de structure (charges générales et dotations)
dépassent largement les 50% du PNB permettant au coefficient d'exploitation de s'établir à
59,28% et 65,29% en 2008 et 2009 respectivement avec une moyenne d'augmentation
annuelle de 4,95%, les charges évoluant à un rythme supérieur à celui du PNB (49,07% et 27
% contre 22%) : une croissance modérée du PNB face laquelle évolue une lourde structure
des charges ne permet pas à la BMCE de contenir son coefficient d'exploitation. Ainsi elle se
doit d'enregistrer une croissance significative de son PNB pour ramener son coefficient à des
niveaux comparables à la moyenne du secteur. Pour les autres banques il n'y a pas grande
chose à mentionner si ce n'est le maintien du coefficient à un niveau en dessous de 50% et une
quasi-stagnation sur les trois années (des taux d'évolution négligeables à l'ordre de 0,44% et -
0,66% pour la BMCI et la SG respectivement).

Le coût du risque :

31/12/2007 31/12/2008 31/12/2009 Evolution 08-09


ATW 0,55% 0,41% 0,55% 34,02%
BCP 0,36% 0,23% 0,76% 229,81%
BMCE 0,54% 0,10% 1,21% 1066,85%
BMCI 0,319% 0,339% 0,664% 95,63%
SG 0,51% 0,73% 1,27% 73,29%
CDM 0,49% 0,87% 0,72% -17,34%

Le coût du risque est un indicateur de la qualité des crédits consentis à la clientèle, il mesure
la part des crédits qui a été provisionnée pour couvrir des pertes potentielles. C’est le rapport
entre les provisions et les prêts et créances sur la clientèle.

Le coût du risque s'est amélioré entre 2007 et 2009 presque pour toutes les banques, ce qui
témoigne de la bonne conduite des banques en ce qui concerne la gestion des risques. En

71
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

effet, la mise en place finale de Bâle 2 a permis aux banques marocaines d'être prudentes
quant à la politique d'octroi des crédits améliorant ainsi le dispositif de gestion des risques. Il
est à noter qu'en 2009, le coût du risque a beaucoup augmenté pour toutes les banques sans
exception, notamment pour la BMCE pour laquelle le coût du risque a passé de 0,1% à 1,21%
(soit une augmentation de presque 110 pbs) ce qui peut être expliqué par la conjoncture moins
favorable pendant cette année et qui a amené les banques de la place à se prémunir contre la
hausse du contentieux dans certains secteurs, fortement exposés à l'international (Textile,
Tourisme, immobilier...).

Par conséquent la rentabilité des banques mesurée par le résultat d'exploitation du secteur
enregistre ainsi une croissance moyenne de 10,3% sur la période 2007-2010 dans un contexte
de baisse du coefficient d'exploitation et du coût du risque de 110 pbs. Attijari Wafa Bank
enregistre la plus forte croissance de son résultat d'exploitation soit 14,9%. En 2009, BMCE
Bank enregistre une contreperformance anormale de 46% en raison d'une charge de risque
supportée en 2009 plus conséquente et un coefficient d'exploitation structurellement plus
élevé que celui du secteur.

RAO (Return on Asset) :

31/12/2007 31/12/2008 31/12/2009 Taux d'évolution moyen


ATW 1,16% 1,20% 1,36% 8,25%
BCP 0,83% 0,87% 0,92% 5,52%
BMCE 0,80% 0,55% 0,23% -46,81%
BMCI 1,272% 1,22% 1,15% -4,84%
SG 1,58% 1,35% 1,06% -18,24%
CDM 1,29% 0,95% 1,00% -12,07%

Le ROA ou Return On Assets, obtenu en rapportant le résultat net sur le total du bilan,
indique le taux de résultat net dégagé en moyenne sur l'ensemble des actifs portés par
l'établissement. Pour Attijari, ce coefficient s'est amélioré au cours de la période passant de
1,16% en 2007 à 1,36% en 2009 avec une moyenne d'augmentation annuelle de 8,25%. Ce
résultat est dû en partie à la performance dégagée par le groupe Attijari et qui a fait l'objet
d'analyse au niveau du PNB et du résultat d'exploitation. S'ajoute à cela, l'élargissement du
périmètre de consolidation qui inclut désormais les filiales maghrébines (Tunisie surtout) et
africaines et qui contribuent de plus en plus positivement à la formation du résultat. En effet,
les filiales à l'international, principalement les filiales africaines, enregistrant ces trois

72
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

dernières années des hausses de 4,1 pts pour Attijari. Même chose pour la BCP qui voit son
ROA augmenter de 0,83% en 2007 à 0,92% en 2009 avec une moyenne d'augmentation
annuelle de 5,5%. Pour les autres banques à savoir la BMCE, BMCI, la SG et CDM, la baisse
structurelle du ROA est due essentiellement à la contreperformance de ces banques mise en
relief ci-dessus au niveau de l'analyse du PNB et du résultat d'exploitation.

Le coefficient de rentabilité financière (Return On Equity) :

Coefficient de rentabilité ROE 31/12/2007 31/12/2008 31/12/2009 TCAM


ATW 14,48% 16,64% 18,63% 13,41%
BCP 13,08% 9,48% 9,62% -14,25%
BMCE 12,97% 14,94% 6,27% -30,47%
BMCI 17,69% 11,97% 10,55% -22,79%
SG 19,23% 14,93% 11,86% -21,48%
CDM 17,88% 14,65% 15,70% -6,29%

En ce qui concerne la rentabilité financière des actionnaires, Attijari Wafa Bank reste le seul
groupe à avoir réalisé un ROE croissant passant ainsi de 14,48% à 18,63% avec un taux
d'augmentation annuel moyen de 13,41% ce qui présente un bon indice pour les investisseurs
sur le marché ainsi qu'une garantie de solvabilité durable pour la banque : car les investisseurs
investiront sur les actions émises par la banque. Les autres banques, au contraire, présentent
un ROE en régression constante surtout pour la BMCE dont le ROE a passé de 12,97% en
2007 à 6,27% en 2009 avec une moyenne de baisse annuelle de - 30,47%. Dès lors, la
rentabilité financière de ces banques peut être mise en question, ce qui peut leur présenter
beaucoup de difficultés surtout en matière de levée de fonds, les investisseurs ne voulant pas
investir dans des actifs de moins en moins rentables.

En plus des différentes analyses décrites ci-dessus, nous avons élargi notre champ d’analyse
pour toucher l’aspect boursier des différentes banques. Il s’agit d’apprécier les niveaux de
valorisation du secteur en général et de montrer en quoi il contribue à la capitalisation et à la
liquidité du marché.

73
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

3.2.5) Appréciation des niveaux de valorisation :

Le secteur bancaire constitue un investissement de choix pour les institutionnels publics ou


privés, nationaux ou internationaux. En effet, le poids du secteur bancaire dans la
capitalisation, les volumes d’échange ainsi que le profil risque des valeurs bancaires justifient
l’engouement observé par les investisseurs ces cinq dernières années.

Premier contributeur à la capitalisation globale du marché :

Au 03 décembre 2010, le secteur bancaire contribue à hauteur de 29,5% de la capitalisation


globale du marché, soit la première contribution sectorielle devançant les Télécoms (23,3 %)
et les Cimenteries (11,9 %). Les trois banques de notre échantillon contribuent à la
capitalisation globale à hauteur de 12.6 % pour Attijariwafa bank, 7,0 % pour BMCE bank et
4,6 % pour la Banque Centrale Populaire.

Contribution à la liquidité :

Concernant les volumes moyens quotidiens échangés sur le marché central, le secteur
bancaire confirme sa position d’acteur leader dans le dynamisme de la place boursière de
Casablanca, puisque sa contribution s’établit au 03 décembre 2010 à 17,3 %, soit un volume
moyen quotidien de 75,4 MDh. Ainsi, le secteur bancaire est le principal animateur du
marché, suivi de l’Immobilier (65 MDh) et des Télécoms (44 MDh). Attijariwafa bank
contribue à hauteur de 9.6 % du volume global du marché suivi respectivement de 4.0 % pour
la Banque Centrale Populaire et 2.1 % pour la BMCE bank.

74
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Source : Direction Analyse et Recherche d’Attijari

Contributeur de taille à la croissance bénéficiaire du marché :

Sur le volet de la croissance des résultats, le secteur bancaire représente en moyenne 22,7 %
de la croissance bénéficiaire globale du marché sur la période 2005-2009, soit la deuxième
plus forte contribution après le secteur des Télécoms (32,0 %). Attijariwafa bank contribue à
hauteur de 12,3 % de la croissance bénéficiaire globale du marché contre respectivement 3,3
% pour la BCP et 1,2 % pour BMCE bank.

Le secteur affiche une prime amplement justifiée :

En termes de multiples de valorisation, le secteur bancaire affiche le troisième multiple le plus


élevé du marché avec un P/E 10ème de 26,9x contre 26,6x pour le secteur des assurances et
38,8x pour l’immobilier. Ainsi, le secteur présente une prime de 16,5% par rapport au MASI.

75
Essaidi Mohamed Oudghir Mouad
Mémoire de fin d’études ISCAE Casablanca

Concernant les multiples de fonds propres, le secteur traite à 3,3x les fonds propres contre
4,6x pour le marché, tiré par la valeur BMCE qui enregistre sur la période un P/B 10e de 4,7x
les capitaux propres.

Cette prime du secteur bancaire par rapport au marché nous paraît justifiée compte tenu des
performances enregistrées par l’indice bancaire, du poids du secteur dans la capitalisation
globale et dans la liquidité du marché ainsi que du profil risque du secteur.

Principaux indicateurs boursiers du secteur bancaire au 03/12/2010 :

3.3) Enseignements tirés de l’analyse et principales recommandations :

Il ressort de l’analyse effectuée que les banques marocaines présentent de grandes


potentialités en termes de rendement ce qui peut leur permettrait de jouer un rôle de
locomotive de développement de l’économie marocaine voire régionale. De même, le respect
des établissements des différents ratios de solvabilité et de liquidité témoigne de la bonne
solidité du système bancaire ainsi que sa capacité à résister aux chocs internes ou ceux
résultants de l’interdépendance avec les marchés financiers étrangers.

Etant convaincus que cette situation ne peut durer constamment, on a décidé de fournir
certaines recommandations déduites de l’analyse financière menée. Les recommandations
sont présentées ci-dessous et concernent le développement des activités de la banque de
détail, les perspectives des activités de marché et d’investissement et l’expansion
internationale qui se présente maintenant comme étant un relais de croissance très
recommandé pour les banques marocaines.

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3.3.1) Une banque de détail au potentiel de développement quelque peu consommé

La banque de détail a subi ces dernières années de profonds changements. L’intensification de


la concurrence a exercé une pression accrue sur la tarification et la maturité des
consommateurs se renforce sous l’effet de la réglementation en vigueur qui incite à davantage
de transparence. Ainsi, le ralentissement de la croissance de la marge d’intérêt (+5,6 % en
2009 contre +10,7 % un an plus tôt) témoigne du resserrement de la marge d’intermédiation
des groupes bancaires, principalement celles concernant les opérations avec la clientèle.

La forte concurrence qui règne au niveau de l’activité de crédit, principalement les crédits à
l’immobilier et les crédits de trésorerie, qui représentent plus de 51,5 % des encours globaux
du secteur, a fortement comprimé les marges commerciales des banques. En effet, ces marges
demeurent très faibles, à savoir une moyenne des taux débiteurs en 2009 de 5,8 % et de 6,6 %
respectivement contre 7,3 % pour les autres types de crédit. Sur le volet des ressources, la
bataille se fait rage au niveau de la collecte de dépôts à la clientèle, tirant à la hausse le coût
de refinancement des banques de la place. Si l’effet volume a légèrement atténué la
dégradation continue de la marge ces quatre dernières années, avec une hausse moyenne des
crédits à la clientèle de 20,1 % sur la période 2006-2009, nous pensons que le secteur bancaire
devrait rompre avec la croissance à deux chiffres de l’activité de crédit dans les années à
venir. Ceci devrait indubitablement impacter les revenus de la banque de détail dans en raison
de :

 La baisse continue de la marge d’intermédiation sur opérations avec la clientèle, en


particulier au niveau de la clientèle corporate du fait de son fort pouvoir de négociation des
taux d’intérêts. En effet, nous observons que les principaux crédits à la clientèle de ces
banques sont distribués à la clientèle entreprise. Si nous considérons qu’au moins 70 % de ces
crédits sont distribués à la clientèle grande entreprise, force est de constater que la marge sur
cette catégorie d’emprunteur est très faible compte tenu de son profil risque et de la capacité
de cette dernière à négocier des taux débiteurs bas. Aussi, nous observons que les crédits
immobiliers, distribués principalement aux particuliers, connaissent eux aussi une forte
concurrence de taux entre les banques de la place compte tenu du potentiel de développement
de ce secteur.

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L’évolution des spreads bancaires, qui correspondent à l’écart entre le taux débiteur moyen
appliqué par les banques sur les principaux crédits à la clientèle et le taux sans risque (BDT
selon maturité + marge minimale de 150 pbs) témoigne des faibles marges des banques,
principalement la clientèle grande entreprise, qui parvient à négocier des taux d’intérêts
proches de ceux appliqués à un profil sans risque. En effet, nous observons que les marges
bancaires au niveau des crédits immobiliers sont très faibles, voire nulles, ce qui témoigne de
la forte compétition des banques de la place pour améliorer leur taux de captation, sur un
segment en plein essor, au détriment de leurs marges.

 La banque de détail demeure une activité fortement consommatrice de fonds


propres : face à une croissance à deux chiffres de l’activité de crédit et une structure des
ressources clientèle de moins en moins favorable, les banques marocaines seront amenées à
effectuer des recapitalisations. Aussi, la hausse des besoins réglementaires de fonds propres
(ratio de solvabilité de 10% en 2010) contraindra les banques leaders à procéder à des
opérations d’augmentation de capital ou à l’émission de dettes subordonnées. Ce besoin de
recapitalisation a plusieurs inconvénients pour les banques, à savoir la dilution de
l’actionnariat, la hausse du coût des ressources (principalement les quasi-fonds propres) ainsi
que le besoin de prospection d’investisseurs en capital.
 le coût du risque non négligeable de la clientèle PME qui constitue un frein
pour la croissance de ce segment : malgré le potentiel que représentent les petites et moyennes
entreprises en tant que levier structurel de financement bancaire (cf. section 1), cette clientèle
demeure très risquée pour les banques compte tenu de l’absence des garanties, la faiblesse des
fonds propres et l’appartenance d’un grand nombre de PME à des secteurs très volatiles, voire
risqués (textile, off-shoring, pêche etc..). Ainsi, nous estimons que la contribution, à moyen et
long terme, des PME dans les revenus de la banque de détail ne sera pas suffisante pour
constituer un vrai relais de croissance organique pour les principales banques de la place.
 La hausse du coût marginal d’acquisition de la clientèle des particuliers : si
la politique d’extension du réseau bancaire répond à un besoin de développement de la
bancarisation du pays, force est de constater que les régions qui disposent d’un faible
potentiel économique enregistrent un taux de pénétration très bas. En effet, ces régions
présentent peu d’intérêt pour les groupes bancaires car le flux d’affaires potentiel ne permet
pas de rentabiliser l’effort d’investissement engagé. Ajoutons à cela que les groupes bancaires
qui disposent d’un coefficient d’exploitation élevé ne disposent pas d’un levier financier
suffisant pour se positionner dans des régions économiquement peu rentables. Ainsi, nous

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pensons que le coût d’acquisition d’une clientèle nouvelle limite la capacité de croissance de
la banque de détail dans les années à venir.

3.3.2) Les activités de marchés et d’Investissement, la bancassurance : des relais de


croissance organique :

Les activités de marchés et d’investissement : des gisements de revenus inexploités :

La Banque de Financement et d’investissement regroupe plusieurs activités à savoir la banque


d’investissement qui comprend le conseil en opérations de fusion et acquisition ainsi que le
corporate finance; la banque de marchés qui englobe en son sein les activités opérées sur le
marché primaire et secondaire ainsi que les opérations de structuration;

L’observation des résultats de la Banque de Financement et d’Investissement laisse apparaître


une contribution décroissante de cette activité dans les indicateurs consolidés des groupes
bancaires. Ceci s’explique principalement par l’évolution croissante des revenus de la banque
de détail en raison des performances enregistrées au niveau de l’activité Maroc et par le biais
des établissements de financement spécialisés entrant dans le périmètre de consolidation du
groupe.

La contribution moyenne du résultat des opérations de marché et des commissions nettes sur
activités de marché par rapport au PNB consolidé s’élève pour Attijariwafa bank à 22,7%, à
19,4% pour BMCE bank et à 10,0% pour le Groupe Banques Populaires. Ce dernier pâtit des
faibles performances de son activité des marchés et d’investissement.

Source : Département Analyse et recherche

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Nous pensons que le potentiel de développement de la banque de financement et


d’investissement dans les années à venir est élevé eu égard :

 Au développement de la bourse dans les années à venir : en l’espace de quatre ans


seulement, les entreprises qui ont fait appel au marché boursier ont levé près de 75
MMDh, que ce soit par le biais des opérations d’introduction en bourse,
d’augmentations de capital ou d’émission d’emprunts obligataires. Ces opérations de
marché ont constitué et constitueront à l’avenir une source de revenus croissante pour
la banque de marché. À titre d’exemple, la bourse de Casablanca dénombre plus de
500 émetteurs potentiellement aptes à s’introduire en bourse dans le seul secteur des
industries de transformation;
 À l’ouverture à l’international d’entreprises publiques et privées : de nombreuses
compagnies à l’image de Maroc Télécom, de l’ONE ou de l’OCP exportent leur
savoir-faire, conquièrent de nouveaux marchés, dans un contexte de saturation de leurs
parts de marché respectives au niveau local. Le développement de ces entreprises
devra être accompagné par les activités de banque de financement et d’investissement,
que ce soit en termes de conseil financier ou en opérations de change et matières
premières ;
 À l’ouverture de la banque de Financement et d’Investissement sur les marchés
internationaux : la croissance externe des banques marocaines va permettre aux
activités de banques de marché de se développer dans de nouveaux pays et de drainer
des flux de trésorerie additionnels.

La bancassurance : une activité en plein essor :

Le secteur des assurances a réalisé ces dernières années des performances satisfaisantes, à
savoir :

 Un chiffre d’affaires de 20,9 MMDh en 2009, en croissance moyenne de 13,2% sur la


période 2006-2009. L’activité de bancassurance représente 24,2% du volume
d’activité global du secteur des assurances.
 Un résultat net des compagnies d’assurance de 3,0 MMDh, en évolution moyenne de
49,4% sur la période. Cette embellie des indicateurs financiers profite à l’ensemble
des groupes bancaires disposant de filiales opérant dans ce secteur.

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L’activité du secteur a capitalisé sur la montée en puissance progressive de la branche vie


grâce à l’essor de la bancassurance. Cette évolution, à partir de 2006, s’explique
principalement par le développement de la commercialisation des produits d’assurance-vie à
travers le réseau bancaire. Ainsi, nous pouvons prendre l’exemple des principales compagnies
de la place qui, profitant des synergies avec leurs groupes bancaires respectifs, ont réalisé des
performances très satisfaisantes au niveau de cette activité. En effet, la part de la
bancassurance dans les primes émises Vie des trois principaux groupes bancaires s’établit à
90%.

Les trois groupes bancaires ont donc réalisé un chiffre d’affaires de 4,3 MMDh dont plus de
90% émane du segment « vie et capitalisation », témoignant du succès des produits d’épargne
retraite et éducation distribués dans les agences bancaires.

Source : Ministère des finances (www.finances.gov.ma)

L’assurance est un actif stratégique pour les banques. Celui-ci a permis aux groupes bancaires
internationaux, notamment en période de crise des activités bancaires, de jouer le rôle
d’amortisseur dans les comptes de résultat. En Europe, les banques les plus touchées par la
crise des « subprimes » ne se sont pas séparées de leur activité d’assurance, tant en vie qu’en
dommages, en raison du poids prépondérant de cette dernière en termes de PNB et de
résultats. En France, les activités d’assurance représentent en moyenne plus de 20% des
résultats des banques de la place (hors résultat des activités de marché).

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Dans un environnement marqué par la mondialisation, le progrès technologique et la


déréglementation, l’industrie bancaire a connu durant cette dernière décennie une profonde
évolution. L’intensification de la concurrence interne a incité l’ensemble des banques, dans le
monde, à mener une réflexion sur leur chaîne de valeur sur les marchés domestiques mais
également sur les modalités de croissance externe. Si les banques se sont installées à
l’étranger par la voie de la croissance organique, les opérations de fusion et acquisition ont
constitué le vecteur de la stratégie d’internationalisation des banques. L’exemple le plus
frappant est celui du Royaume-Uni, dont plus de la moitié des actifs bancaires est détenue par
des banques étrangères.

L’internationalisation des banques dépend de plusieurs facteurs, principalement le potentiel


de croissance des marchés ciblés, la compréhension des réalités locales et les relations
historiques entre pays. Ce besoin de développement à l’international peut s’expliquer par :

 La maturité du marché local : Un faible potentiel de croissance sur le marché national


pousse naturellement les banques à rechercher des relais de croissance externe. Aussi,
une forte concentration bancaire réduit les banques cibles sur le marché local et
conduit à la recherche d’opportunités à l’international. Enfin, dans un marché
fortement concurrentiel, la tendance baissière de la marge d’intermédiation incite les
banques à rechercher des taux de croissance élevés sur des marchés à fort potentiel de
développement ;
 Le phénomène de globalisation: la déréglementation des marchés, la mondialisation
ainsi que l’importance des flux financiers et commerciaux entre les pays d’origine et
les pays cible ont poussé les établissements bancaires à accompagner leurs clients dans
leur développement hors de leurs marchés domestiques. Aussi, les opérations de
privatisation et/ou d’assainissement du système financier de pays émergents ou en
voie de développement facilitent l’acquisition de banques locales ;
 La recherche de nouveaux relais de croissance : l’appétence pour le développement
international se justifie par la volonté des banques de rechercher des relais de
croissance dans des marchés à faible maturité: le besoin de bancarisation, le
développement des ventes croisées, la gestion d’actifs sont autant de facteurs qui
motivent l’acquisition des banques dans ces marchés.

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Au Maroc, le besoin d’internationalisation des principaux groupes bancaires est né de la


conjonction des trois facteurs précités :

 Le marché bancaire marocain est fortement concentré avec une part de marché
cumulée dans la banque de détail de plus de 60%, détenue par les trois premiers
groupes bancaires marocains. Aussi, la tendance baissière de la marge
d’intermédiation pousse ces derniers à rechercher des sources de revenus au-delà des
frontières. Notons cependant que le marché bancaire marocain est loin d’être un
marché mature compte tenu du faible taux de bancarisation et de l’évolution croissante
de la demande intérieure;
 Le poids important des secteurs exportateurs dans l’économie marocaine, ainsi que le
positionnement de grandes entreprises à l’international tels OCP, IAM, Managem etc
poussent les banques à se développer à l’international pour attirer ce flux d’affaires.
Aussi, les opérations de privatisation récentes du secteur bancaire de certains pays
africains incitent les banques marocaines à se positionner en amont ;
 Enfin, le faible taux de bancarisation ainsi que le potentiel de croissance de l’activité
économique des pays voisins sont autant de facteurs qui incitent les groupes bancaires
marocains à se positionner au niveau de ces marchés.

L’expansion internationale serait donc un relais de croissance à saisir surtout dans l’Afrique
du Nord et l’Afrique subsaharienne où le faible taux de bancarisation et le développement des
chantiers et des infrastructures laissent présager un développement sans précédent et des
mines de richesse qu’il va falloir exploiter.

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Conclusion :

Le secteur bancaire joue le rôle de moteur des économies développées. La solidité financière
d’un système bancaire constitue un rempart contre les effets de ralentissement économique
ou de chocs exogènes. Il apparaît donc que la principale problématique aujourd’hui pour les
banques centrales est de savoir si leurs systèmes bancaires disposent de suffisamment
d’appuis pour résister à un nouveau choc. Au Maroc, le secteur bancaire connaît, depuis ces
cinq dernières années, un développement considérable en raison de l’évolution du cadre
réglementaire, de l’environnement économique propice et de la volonté manifeste de
développement des opérateurs. Cependant, l’effet volume enregistré au niveau de l’activité de
crédit, la forte concurrence et son impact négatif sur les taux de marges ainsi que
l’engagement des banques à financer certains secteurs, érigés en priorité nationale par le
gouvernement, multiplient l’exposition au risque des établissements bancaires.

Fort de ce constat, nous avons mené une réflexion autour de la solidité du système bancaire
marocain afin de mesurer son degré de résistance face à la crise bancaire internationale, sa
réelle physionomie ainsi que ses relais de croissance tant sur le marché domestique qu’à
l’international. Les principales conclusions issues de cette étude sont les suivantes :

1) Nous pensons que le secteur bancaire marocain est capable de résister aux différents
chocs exogènes en raison de sa faible exposition à l’international et de la réglementation de
son marché financier. La consolidation de la demande intérieure ces dernières années ainsi
que le déploiement par les opérateurs des moyens pour assurer leur croissance traduisent la
capacité du secteur à se développer de manière organique. Enfin, le secteur affiche, dans sa
globalité, des actifs bancaires de qualité et une assise financière solide, confortées par le poids
des ressources non rémunérées, la qualité des fonds propres et l’amélioration constante des
indicateurs de risque/rendement. Notons également le rôle actif joué par Bank Al Maghrib
afin de réguler les besoins de liquidité du système bancaire, permettant ainsi s’alléger les
tensions observées sur le marché interbancaire.

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2) Les trois banques universelles Attijariwafa bank, le Crédit Populaire du Maroc ainsi
que la BMCE bank, du fait de leurs parts de marché, de la taille de leurs réseaux et de leurs
assises financières, constituent le noyau dur du secteur bancaire. Ces trois groupes bancaires
s’accaparent plus de 60 % de l’activité de crédit et de dépôt à la clientèle et concentrent plus
de 60 % des actifs bancaires et du réseau d’agences. Ces trois établissements bancaires ont,
dans leur globalité, amélioré leurs revenus d’activité, portés par l’effet volume et
l’amélioration du couple risque/rendement.
3) Face au potentiel de développement quelque peu consommé de la banque de détail,
nous pensons que les principaux relais de croissance organique du secteur bancaire national
seraient les activités de marchés, d’Investissement et de bancassurance. En effet, le
développement des marchés financiers, l’ouverture à l’international des entreprises
marocaines ainsi que l’assouplissement de la réglementation des changes augurent d’une
évolution croissante de cette activité dans les années à venir. Sur le volet de la bancassurance,
le faible taux de pénétration de l’assurance vie, la croissance à deux chiffres des encours de
crédit, ainsi que le niveau de taux de bancarisation modéré permettraient aux banques, qui
possèdent des liens capitalistiques avec des compagnies d’assurance, de disposer d’une source
de profit supplémentaire.
4) Sur le volet externe, la maturité du marché local, le phénomène de globalisation ainsi
que la recherche de nouveaux relais de croissance poussent les banques à s’internationaliser.
Notre étude montre que le marché cible potentiel pour les opérateurs marocains est le
continent africain. La proximité géographique et culturelle, le niveau de développement et le
potentiel de croissance économique des pays africains constituent de solides atouts, justifiant
l’exportation des banques marocaines dans cette zone géographique.
5) Nous pensons que le secteur bancaire est suffisamment capitalisé, dans sa globalité,
pour assurer une croissance soutenue de ses indicateurs d’activité dans les années à venir.
Cependant, l’évolution à deux chiffres de l’activité de crédit, le manque structurel de liquidité
sur le marché financier ainsi que les stratégies d’internationalisation des principaux groupes
bancaires marocains obligeront ces derniers à lever des capitaux à court et moyen terme.

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Annexes :

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Bibliographie :

Ouvrages :

 « Fondements de la théorie bancaire », S. Diatkine, Dunod, 1ère édition, 2002.


 « Méthodologie d’analyse financière des établissements de crédit », Henri CALVET,
Economica, 2ème édition.
 « Monnaie, banque et marchés financiers », Frederic Mishkin, Nouveaux horizons, 8ème
édition.
 Le crédit et les banques, Georges PETIT-DUTAILLIS, collection l’économique, édition
SIREY.
 Monnaie, banques et financement, Xavier Bradley & Christian Descamps, Dalloz, 2005.

Articles, revues, Magazines :

 « Le secteur bancaire au Maroc : un modèle de développement réussi », Attijari


Intermédiation, 2010.
 Article « Economie de la banque », Encyclopédie Universalis, Emmanuelle Gabillon et
Jean-Charles Rochet.
 Texte de Bâle II, Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, Avril 2003.
 Magasine « Finance & Développement », rubrique point de vue, article : Bâle II va-t-il
prévenir ou aggraver les crises ?, Juin 2008.
 The role of Basel II in the subprime financial crisis: guilty or not guilty ?, Francesco
Cannata & Mario Quagliariello, Carefin, Université Bocconi, Janvier 2009.
 ―Key issues for Banking and Basel‖, Ghris Roebuck, Professeur à Cass Business School,
Revue Analyse financière, Septembre 2010.
 « Les impacts indirects de Bâle III sur l’économie ». Laurent Denayer, Ernst & Young
Luxembourg, Septembre 2010.
 « The credit crisis and risk Management », Michael Theobald, Professeur de Finance à
l’université de Birmingham. Revue Analyse Financière, Mars 2009.

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Sites Internet :

 www.bkam.ma (site de bank Al Maghrib).


 www.bis.org (site de la banque de règlements internationaux)
 www.lafinancepourtous.com
 www.wikimemoires.com
 www.papers.ssrn.com (site pour les recherches académiques).
 www.pme-guide.org

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