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Master : Banque et Marchés Financiers

Année universitaire 2016 /2017

L’épargne de la perspective classique à la


révolution Keynésienne

Réalisé par :

Alami Meryem
Encadré par :
Mezzour Rachida
Mr Benlhaj Fouad
Bouya el ghali Fatima
Zohra

Bouziani Hind

Plan  Azirar Hanane

Housny Salah Eddine


Introduction :

Chapitre I : deux visions opposées de l’ajustement épargne-


investissement :

Section 1 : la théorie classique de l’ajustement IS : loi de Say

Section 2 : la théorie keynésienne de la justement IS :

Chapitre II : la fonction de consommation pilier de l’analyse


keynésienne :

Section 1 : propriété de la fonction de consommation :

Section 2 : principe de multiplicateur :

Chapitre III : remise en cause et extension de la fonction de


consommation keynésienne :

Section 1 : des énigmes empiriques sur la fonction de consommation :

Section 2 : les reformulations keynésiennes :

Conclusion :

Introduction :
La consommation et l’épargne des ménages sont au centre du débat économique
contemporain. D’un point de vue théorique, la formation de la consommation et de l’épargne
oppose depuis plus de soixante ans les partisans. D’une approche par la demande, souvent
qualifiés de « keynésiens », aux adeptes d’une approche par l’offre, les « classique » ou
néoclassiques ». D’un point de vue empirique, alors que l’équation de consommations
emblaient constituer les fonctions les plus stables des modèles économétrique de conjoncture
jusqu’à ces 15 dernières années, la rupture à la baisse des comportements de consommation
en France à partir de 1990 appelle un réexamen de leurs déterminants. Du point de vue de la
politique économique enfin, se pose la question récurrente de savoir s’il faut tenter de
« relancer » la consommation, et par quels moyens, ou s’il vaut mieux inciter les ménages à
épargner plus, afin de faciliter le financement de l’économie.

L’économiste n’aurait rien à dire sur des entités telles que la consommation ou
l’épargne : seules existeraient des consommations de différents biens, principalement
déterminées par leur prix relatif, et diverses formes. Il faudrait alors se focaliser sur l’étude
des composantes de la consommation, dans une perspective désagrégée, et toute analyse d’un
agrégat global de consommation serait pure perte de temps.

L'arbitrage entre consommation et épargne est au cœur de la problématique de


l'équilibre économique à court terme chez Keynes et les classiques. Pour les classiques, la
consommation utilise les ressources dans le présent, tandis que l'épargne accroît le potentiel
de consommation future. Pour Keynes, au contraire, l'épargne est un gaspillage des ressources
présentes, qui ne peut qu'accentuer les déséquilibres économiques demain, tandis que la
consommation présente est un gage de consommation future. Ces points de vue divergents
reposent sur deux visions irréductibles de l’ajustement entre épargne et investissement
centrées sur des interprétations opposées de la « loi de Say ».

Au niveau macroéconomique, la comptabilité nationale définit la consommation finale


des ménages comme la valeur des biens et services marchands et non marchands utilisés pour
la satisfaction des besoins individuels.

La consommation est à la fois plus large et plus étroite que la dépense des ménages.
Plus large, car les avantages en nature versés par les entreprises, les loyers fictifs.
L’épargne est la partie non consommée du revenu disponible, au niveau
macroéconomique elle correspond à la somme de l’épargne des ménages, des entreprises et
des administrations.

Chapitre I : deux visions opposées de l’ajustement épargne-


investissement :

Section 1 : la théorie classique de l’ajustement IS : loi de Say


Le système classique décrit l’économie comme un ensemble de quatre marchés :
marché du travail, marché financier, marché des biens et services et le marché monétaire.

1-L’équilibre sur le marché du travail :

Assuré par la flexibilité de salaire réel qui détermine le niveau de production de


plein emploi.

Lorsque la demande et l’offre de travail sont égales, au point d’intersection des


courbes sur le graphique (S,Q), on dit que le marché du travail est équilibré (situation de
plein-emploi)

Salaire horaire D O

Q Quantité

2-L’équilibre sur le marché financier :

La demande de fonds pour l’investissement dépend négativement du taux


d’intérêt et l’offre d’épargne en dépend positivement celui-ci. La flexibilité du taux
d’intérêt assure l’équilibre entre épargne et investissement. Il existe un taux d’intérêt
d’équilibre comme il existe un prix d’équilibre.

Sur le marché financier s’échangent les biens d’investissement entre offreurs


(épargnants) et demandeurs (investisseurs).

Prix D

P
Quantité

-À l’équilibre assuré par la flexibilité du taux d’intérêt, il ya une égalité entre


investissement et épargne :

On sait que dans le marché des biens et services :

Y= C + I

Y_C=I

S=I

3-L’équilibre sur marché des biens et services :


La production se partage avec la consommation et l’investissement. C’est-à-dire
si on n’a pas celles deux, on n’aura pas une production, comme la production et
l’investissement sont déjà déterminés. Cette détermination résiduelle de la consommation est
connue sous le nom de loi de débouché. Ou la loi de Say.
En économie, la loi de Say (ou loi des débouchés) est définie comme la proposition
« l'offre crée sa propre demande ». Autrement dit, la création d'un bien trouverait toujours un
débouché.
Cet énoncé n'a été présenté comme vrai par aucun économiste, notamment pas par l'industriel
et économiste français Jean-Baptiste Say (1767-1832) dont la proposition porte le nom.
L'énoncé lui a néanmoins été attribué par John Maynard Keynes à seule fin de le réfuter, et
avec lui toute la pensée de Say. Mais il faut toutefois noter que Say prend en compte qu'il peut
y avoir excès d'offre.
La loi de Say stipule que toute offre créer sa propre demande. La partie non consommé
du revenu national ne peut réduire des débouchés, puisqu’elle correspond à la demande
d’investissement : aucun excès d’épargne ne peut apparaitre au niveau global, et aucun
problème général de débouchés ne peut survenir, au delà de possible déséquilibres sectoriel.
4-l’équilibre sur le marché monétaire :
Est indépendant des trois autres marchés, d’abord les classiques adoptent la théorie
quantitative de la monnaie, le marché monétaire cherche simplement à déterminer le niveau
générale des prix qui constitue la variable d’ajustement entre l’offre nominale de monnaie et
la demande d’encaisse réelles c’est-à-dire : la propriété de neutralité de la monnaie.
La détermination des variables réelle est séparée de la détermination des variables
monétaire, par le modèle classique qui propose l’analyse dichotomique.
Le modèle Wicksell

Wicksell considère une économie monétaire, où l’ajustement épargne – investissement


doit tenir compte de l’accroissement du crédit bancaire ( ∆C ) qui augmente l’offre de fonds
disponibles pour l’investissement , et de l’accroissement de la détention de monnaie (∆M) ,
qui la réduit : I + ∆M = S+∆C . Le taux d’intérêt monétaire, qui égalise offre et demande de
«  fonds prêtables »  diffère généralement du taux d’intérêt «  naturel », qui égaliserait
épargne et investissement :

Selon Wicksell, le taux d’intérêt naturel, représentatif de la productivité réelle du


capital, est très instable, tandis que le taux monétaire reflète l’inertie des comportements
bancaires. Tout accroissement du taux naturel au-delà du taux monétaire engendre alors un
processus de déséquilibre cumulatif. La rentabilité du capital s’améliore par rapport au cout
du crédit , et les entreprises profitent de cet effet de levier positif pour investir en s’endettant ;
L’offre de crédit s’accroit et engendre une inflation positive , dont les firmes bénéficient
encore : le processus de croissance inflationniste s’enclenche , jusqu’à venir buter sur une
chute de rentabilité de l’investissement (baisse du taux naturel ) où se retourne de lui- même
lorsque le taux monétaire s’ajuste graduellement au taux naturel . Le rôle des autorités
monétaires est d’éviter de tels processus cumulatifs, en élevant le taux d’intérêt monétaire dès
les premiers signes inflationnistes et en l’abaissant dès le moindre signe de déflation, ce qui
peut être considéré comme l’origine des politiques monétaires actuelles.

Section 2 : la théorie keynésienne de la justement IS :

2-1) Aperçu historique:

Chez Keynes, on s’intéresse aux grandes fonctions économiques, au niveau


macroéconomique. Le but est l’emploi.

L’approche keynésienne privilégie la production et l’emploi. Le but est d’analyser


leurs facteurs qui déterminent leur volume et d’analyser leur variation.

Les évènements futurs ne peuvent être qu’escomptés et anticipés.

Les volumes de la production et de l’emploi sont déterminés par la demande globale


escomptée qui est l’anticipation des recettes attendues de la vente de la production

L’ajustement de l’offre et de la demande globale, dans ce modèle, est réalisé quand les
anticipations sont confirmées par le comportement des agents

• Concepts et conditions d’équilibre sur le marché des biens et services: Hypothèses du


modèle keynésien simplifié, on considère que :
- modèle sans état- économie fermée
- tous les bénéfices sont distribués c’est-à-dire que seuls les ménages épargnent
l’investissement autonome net est une donnée c’est-à-dire que la décision d’investir est
exogène

- les grandeurs sont exprimées en unité monétaire constante.


• On doit établir une distinction entre expost et exante.

Knut Wicksell, Interest and prices (1898), considéré comme précurseur de


Keynes :
- les taux d’intérêt équilibrent toujours le marché financier mais de manière plus
complexe
- l’existence des déséquilibres apparaissent à cause d’un excès d’investissement
sur l’épargne.

Ainsi Wicksell s’inspire également de l’économiste Gunnar Myrdal auquel il emprunte


la distinction entre grandeurs désirées (ex ante : qui est un équilibre déterminé a priori) et
grandeurs réalisées (ex post : un équilibre a posteriori c’est-à-dire que les grandeurs avaient
été réalisées).

2-2) La théorie générale de Keynes :

a) Introduction : J.M. Keynes (1883-1946) :

Keynes est très impliqué dans la vie économique et politique de son pays : Ex :
Brreton Woods  Keynes le théoricien : Traité sur la monnaie, 1930, Théorie générale de
l’emploi, de l’intérêt de la monnaie, 1936  Keynes le spéculateur : une partie de sa fortune va
être acquise sur les marchés financiers

b) Incertitude et anticipation :

Selon lui, les A.E. effectuent leurs décisions dans un cadre d’incertitude radicale.
Knight (1921) avait déjà mis en avant la différence entre le risque et l’incertitude : le risque
est probabilisable, l’incertitude ne l’est pas. L’homo-economicus est perdu dans ce cadre car il
n’a rien à quoi se raccrocher, il ne peut pas savoir. Dans ce contexte, les anticipations
deviennent un phénomène collectif, intersubjectives. Keynes remet en cause l’usage des
probabilités dans son ouvrage intitulé, Traité des probabilités (1921). )

c)La préférence pour la liquidité

Chez Keynes, la monnaie est demandée pour elle-même. Dans un cadre d’incertitude
radicale, la monnaie est le seul actif qui permet de se prémunir des aléas (⇐ liquidité) ou de
saisir des opportunités. D’où l’intérêt de thésauriser. Quand on a des ressources, on préfère les
liquidités.
 Le taux d’intérêt va être comme le prix de la renonciation à la liquidité :
⸕ i = ↘ liquidité

↘ i = ⸕liquidité

(Thésaurisation) liquidité épargne (placement financier)

Cette vision par rapport à la thésaurisation remet en cause de la loi de Say : selon
Keynes la thésaurisation est possible et justifiable.

d) La demande effective :

La demande définit le niveau de l’activité économique. L’investissement est le plus


instable, or il dépend de la demande anticipée. La demande effective découle des anticipations
des entrepreneurs. La demande est aussi déterminée par l’anticipation des ménages. Pour
Keynes, la consommation n’est pas sensible aux vagues de pessimisme ou optimisme, elle
dépend juste du revenu (CT)

e)Equilibre de sous-emploi et chômage involontaire :

Chômage involontaire : demandeurs qui ne parviennent pas à satisfaire leur demande


d’emploi car ne trouvent pas d’emploi aux taux de salaire en vigueur.

Chez les Néo-classiques, le chômage est du soit à des rigidités à la baisse ou à un


salaire trop élevé.

2-3/La critique de la théorie classique :

1-Rejet de la loi de Say :

Le point de départ de la théorie générale est un rejet de la loi de Say, qui, d’après
Keynes,
Confond une identité comptable (offre ≡ revenu  ≡ demande) avec une relation
causale (offre => revenu => demande). En effet, de manière comptable, l’épargne est égale à
l’investissement, mais jusqu’à un certain seuil où l’épargne trouvera avec plus de mal son
investissement car l’ajustement ne se fait pas par le taux d’intérêt mais par la variation du
produit et de l’emploi (rôle de la demande).

Revenu

Distribué en fonction
de la propension à
consommer

Consommation Epargne

Distribuée en fonction
du taux d’intérêt

Titres Monnaie

Le taux d’intérêt gouverne donc l’arbitrage de porte feuille entre monnaie (préférence
pour la liquidité) et titre et non le partage entre consommation et épargne, effectué sans tenir
compte de ce taux.
2: La détention de monnaie :

Les individus détiennent de la monnaie pour :

- effectuer des transactions présentes et futures Ce premier motif résulte du problème de


la non synchronisation des échanges qui se traduit par une séparation des recettes et
des dépenses, c'est-à-dire que les agents vont vendre leurs biens ou ressources contre
de la monnaie, puis ils vont étaler leurs achats d’autres biens et services dans le temps.
(motif de transaction)
- Désir de détenu de la monnaie pour faire face à des incertitudes sur leurs recettes et
dépenses futurs, épargne de précaution peut être sous forme d’actif rémunérateur :
immobilisation, action ou obligation (motif de précaution)
- Désir de tirer profit de variations futures des taux d’intérêt et de ses conséquences en
termes d’arbitrage entre monnaie et titres. Par peur des pertes de capital ou de
l’illiquidité (motif de spéculation)
Donc généralisation de la thésaurisation en règle et non plus en exception

3- Critique fondamentale de Keynes : Aspect nocif de l’épargne 

" Un acte d’épargne individuelle signifie, pour ainsi dire, une décision de ne pas dîner
aujourd’hui. Mais il n’implique pas nécessairement la décision de prendre ce dîner ou
d’acheter une paire de chaussure une semaine ou une année plus tard, ou de consommer
un bien donné à une date donnée. Il déprime donc l’activité économique consistant à
préparer le dîner d’aujourd’hui sans stimuler l’activité pourvoyant à quelque acte futur de
consommation. Il n’induit pas la substitution d’une demande de consommation future à
une demande de consommation présente, il induit une diminution nette de cette demande
présente."

Dans ce que Jacques Rueff appelle la « parabole du dîner », Keynes montre que
l’épargne ne se fait pas en prévision d’une consommation future et correspond à une
diminution nette de la consommation présente. Si je ne dîne pas aujourd’hui ce n’est pas
nécessairement pour commander un dîner pour la semaine ou l’année prochaine.

De même, les décisions d’investissement étant fonction de la demande future anticipée


à partir du niveau de la demande présente. L’épargne freine l’investissement, c’est-à-dire que
tout accroissement de l’épargne exerce donc un effet déprimant non seulement sur la
consommation, mais aussi sur l’investissement, en réduisant les débouchés anticipés.

Paradoxe de l’épargne : au total, bien que l’épargne enrichisse l’individu, elle


appauvrit la communauté en restreignant les débouchés présents et futurs, donc
l’investissement et l’emploi, par lequel un bienfait au niveau individuel devient un méfait au
niveau global.

Ce que l’on peut conclure au niveau microéconomique (analyse classique) ne peut pas
forcément s’induire au niveau macroéconomique (analyse keynésienne).

Chapitre II : la fonction de consommation pilier de l’analyse


keynésienne:

Section1 : propriété de la fonction de consommation :

La fonction de consommation a pour objectif d’expliquer l’évolution de la consommation


globale des ménages à l aide d’un certain nombre de variables économiques.

 Variables explicatives vont différer en fonction des autres.


 Liens entres les variables explicatives et la consommation vont aussi différer.
 Plupart du temps le revenu est la principale variable.

La loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute
sécurité ,à la fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a postériori en
raison des enseignements détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps les
hommes tendent à accroitre leurs consommation a mesure que leurs revenu croit, mais non d’une
quantité aussi grande que l’accroissement du revenu.

1- La loi psychologique fondamentale de Keynes :

L’analyse de Keynes est fondée sur ce qu’il appelle la « loi psychologique


fondamentale », qui peut se traduire ainsi : «  nous accroissons notre consommation quand
notre revenu augmente, mais cet accroissement de notre consommation est inférieur à
l’accroissement de notre revenu » cela signifie que 0¿ ∆ C /∆ Y <¿ 1, avec ∆ C ,
l’accroissement de consommation de ∆ Y , celui du revenu correspondant. Ce rapport ∆ C /∆ Y
est appeler par Keynes la propension marginale à consommer, désignée ici par le symbole
c. si, comme le suggère la loi psychologique fondamentale, c est inférieur à 1, cela veut dire
que le rapport de la consommation au revenu C/Y décroit au fur et à mesure que le revenu
augmente. Ce rapport C/Y s’appelle la propension moyenne à consommer. En d’autre
termes, et si l’on considère que l’épargne est la différence entre le revenu et la consommation
S= Y-C, plus le revenu augmente, plus le taux d’épargne (ou propension moyenne à
épargner) augmente.

Si l’on tente de mesurer les deux propensions définies par Keynes, le résultat ne
confirme pas les hypothèses. A la figure 5-4, on voit que, dans le cas de la France, la
propension moyenne à consommer, calculée comme le rapport de la consommation au revenu
disponible brut de ménages, est relativement stable sur la période étudiée (un peu plus de
80%). En revanche, la propension marginale, mesurée par l’accroissement annuel de la
consommation rapporté à l’accroissement annuel du revenu disponible (v en prix constants)
est si volatile qu’il faut introduire une moyenne mobile sur cinq années pour obtenir un
graphique lisible.

Quoi qu’il en soit, les économistes ont souvent fait l’hypothèse que la propension
marginale à consommer c est au moins à court terme, une constante et on posé :C=cY+b

Ou b est une constante supposée positive et désigné parfois par le terme de


consommation incompressible (c’est ce qui est consommé quand le revenu est nul).

De même on peu calculer la propension moyenne à consommer PMC qui correspond a la part
C C
moyenne du revenu globale affectée à la consommation : = c+ 0
Y y
C
Alors que la PmC est constante, PMC est décroissante en Y (quand Y ↑ ↓)
Y

Pour simplifier, dans un premier temps, on suppose que l’on est dans une économie
fermé (on néglige les exportations et les importations : X=M=0) et on ignore le rôle du
gouvernement (G=T=0).

Sous ces hypothèses, l’équilibre est défini par : production= demande agrégé Y=C+I

Or Y représente aussi le revenu agrée qui est répartit entre la consommation C et l’épargne S.

Y=C+I=C+S → S=I (autre façon d’écrire l’équilibre)

S
Remarque on peut aussi définir PMS= propension moyenne à épargner=
Y

Et PmS= ∆ S /∆ Y la propension marginale à épargner.

C S
Remarque : PmS+PMC=1 et PMC+PMS=1 (= + =1)
Y Y

2- Cas pratique ; Exercice :

Soit la fonction de consommation suivante, C= 0,7Y+3 ou C est le montant de la


consommation finale des ménages et Y, le revenu national.

1- Comment Keynes définit il l’épargne ? Déterminer la fonction d’épargne. Marquer la


différence entre les analyses néoclassique et keynésienne sur ce point.
2- Tracer sur un même graphique les droites de consommation et d’épargne (pour Y
variant de 0 à 30). Déterminer le montant de seuil de rupture. Expliquer sa
signification. que représente la valeur 3 ?
3- Déterminer les propensions moyenne et marginale à consommer et à épargner.
Commenter. Comment évoluent elles lorsque Y croit ? Comment le représenter sur le
graphique précédent pour les valeurs Y=1, Y=10, Y=30 ?
4- Comment interpréter cette fonction de consommation : C= 0,7Y-3 ?
Réponse :

1- D’après Keynes, l’épargne est un résidu du revenu, après que les ménages aient
fixés leur niveau de consommation, il est défini par la différence entre revenu et
consommation : S=Y-C On a donc S=Y-C=Y – (0 ,7+3)=0,3Y-3.
La fonction d’épargne est donc : S=0,3Y-3.
Pour Keynes, l’épargne est liée au revenu Y (S=f(Y)), alors que pour les
néoclassiques, l’épargne est vu comme une consommation différée et dépend
principalement du niveau du taux d’intérêt (s= f(i)).

2- Pour Y=0, C=3, S= -3 pour Y=30, C=0,7x 30=40 et S= 0,3x 30-3=6.


A partir de ces valeurs, nous pouvons tracer les droites de consommation et d’épargne.

Le seuil de rupture est le niveau pour lequel l’intégralité du revenu est consommée, et
donc pour lequel S=0, en remplaçant : 0=0,3Y-3=0, on obtient Y=10. Ce passage marque le
passage de la désépargne (épargne négative/endettement) à l’épargne.
Dans l’équation de la fonction de consommation, la valeur 3 représente la consommation
autonome c’est-à-dire le montant de la consommation dite  « incompressible », le
correspondant au minimum de subsistance nécessaire à la population d’un pays donné.
(L’introduction de cette constante permet d’assurer que la propension moyenne à consommer
soit décroissante du revenu).

3- La propension moyenne à consommer traduit la part du revenu affectée à la


consommation, soit le rapport de la consommation totale au revenu :
C/Y= (0,7Y+3)/Y=0,7+3/Y.
∂ PMC
Elle est décroissante du revenu = 3 y−2 <0
∂y
 La propension marginale à consommer indique la hausse de la consommation résultant

∆c
d’un accroissement du revenu : PmC= c= = 0,7 (constante).
∆Y
Lorsque le revenu augmente de 1 euro, la consommation augmente de 70 centimes.
 La propension moyenne à épargner (ou taux d’épargne), représente la part du revenu
affectée à l’épargne, soit le rapport : S/Y= (0,3Y-3)/Y=0,3-3/Y
∂ PMC
Elle est croissante du revenu = 3 y−2 >0
∂y
Remarque : on vérifie ainsi que la somme des propensions moyennes à consommer et
à épargner est bien égale à 1(puisque C+S=Y, en divisant par y , il vient C/Y+ S/Y=1).
 La propension marginale à épargner permet de connaitre l’effet d’une augmentation du

∆s
revenu sur le montant d’épargne : PmS=S= =0,3
∆y
Remarque la somme des propensions marginales est aussi égale à 1, puisqu’un euro
supplémentaire de revenu n’a que deux emplois possibles, la consommation et
l’épargne. ∆ Y =∆ C+ ∆ S ,D’où, en divisant chaque membre par

∆C ∆ S
∆ Y :1= + =C +S .
∆Y ∆ Y
Lorsque le revenu augmente, la propension moyenne à consommer diminue et tend
vers la propension marginale à consommer 0,7 (la consommation incompressible joue
alors un rôle de moins en moins important au fur et a mesure que la société s’enrichit)
C/Y=0,7+3/Y tend vers 0,7 si Y tend vers l’infini.
Symétriquement, pour les mêmes raisons, le taux d’épargne tend vers 0,3. Par contre,
les deux propensions marginales, à consommer et à l’épargne, restent constantes quel
que soit le niveau du revenu national : c=0,7 et S=0,3.
Pour les valeurs de l’énoncé, on obtient les propensions moyennes et marginales
suivantes :

C/Y S/Y C S
Y 1=1 3,7 -2,7 0,7 0,3
Y 2=10 1 0 0,7 0,3
Y 3=30 0,8 0,2 0,7 0,3

Lorsque Y croit, la propension moyenne à consommer diminue (loi psychologique


fondamentale) tandis que la propension moyenne à épargner augmente. Les
propensions marginales à consommer et à épargner ne varient pas.
Graphiquement, la propension moyenne à consommer correspond à la perte de la
droite reliant l’origine au point considéré. Ainsi, pour un revenu national de 30, ( Y 3),
la consommation totale est de 24 (C 3) on obtient (C /Y )3= 0C 3 /¿0Y 3 ¿=0,8. La
représentationgraphique est la pente de la droite reliant (0,0) à ( Y 3 ,C 3). Elle permet de
visualiser la décroissance de la propension moyenne à consommer représente la pente
est de plus en plus faible.
La propension marginale à consommer représente la pente de la droite de
consommation.
4- On a une consommation incompressible négative C/Y=0,7-3/Y

Quand le revenu augmente, la propension moyenne à consommer augmente, elle est


croissante, ce qui n’est pas conforme à la loi psychologique fondamentale.

Remarque : présence de C 0> ¿ 0 est donc nécessaire pour représenter les


comportements de consommation tels que Keynes les perçoit.

Section 2 : Le multiplicateur keynésien et l’équilibre macroéconomique :

Le multiplicateur représente les effets des investissements des entreprises sue le


revenu globale et finalement sue l’emploi.

Keynes le représente dans sa version statique et sa version dynamique.

Le modèle keynésien d’équilibre entre l’offre globale (Y) et la demande de


consommation et d’investissement (C+I) est enrichi pour mettre en évidence les effets
multiplicateurs qui ne reposent pas uniquement sur les investissements des entreprises.

La pris en considération de la demande de l’état (dépenses publiques) et de la demande


étrangère complète la demande effective de base.
1. la version statique du multiplicateur keynésien :

A partir d’une situation d’équilibre (Y=C+I), si les entrepreneurs augmentent leurs


investissement ils contribuent à la croissance de la production et à la hausse du revenu
national.

Cette augmentation du revenu s’accompagne d’un accroissement de la consommation


et de l’épargne des ménages.

La hausse de la consommation entraine à son tour la hausse de la production et


celle du revenu, qui quand à elle va induire de nouvelles consommation, donc une croissance
de la production et des revenus…

L’effet final d’une augmentation de l’investissement sur la production et donc bien


plus important que l’effet initial : le calcul du multiplicateur statique repose sur l’équation
keynésienne de base « Y=C+I ».

Y= c Y + I

Si on a une variation des revenus :

∆Y=c ∆Y + ∆I

↔ ∆Y- c∆y = ∆I ↔ ∆Y (1-c)= ∆I

↔ ∆Y=∆I/(1-c) ↔ ∆I * 1/1-c

↔ Le multiplicateur représente la variation de la production ∆Y à la suite d’une


variation de l’investissement ∆I. ce multiplicateur est noté K, égal à 1(1-c).

La valeur du multiplicateur dépend de la propension marginale à consommer c.

Plus cette propension tend vers 1 plus la valeur du multiplicateur est élevée.

Si c est égal à 0.8, alors K=1/0.2=5

Par opposition nous avons la propension marginale à épargner S = 0.2.

→K =1/S
Une variation de l’investissement de 100 millions d’euros entraine alors une variation
de la production de 500 millions.

→∆I = 100 millions d’euros /propension marginale à épargner (0.2).

Si la propension marginale à consommer est de 0.5 ,la propension marginale à


épargner est de 0.5 et entraine donc une variation de la production de 200 millions d’euros
pour un investissement de 100 millions.

La relance keynésienne sera d’autant plus efficace que la consommation et la


propension marginale à consommer sont élevées et que l’épargne et la propension marginale
à épargner sont faibles.

Par conséquent, une politique de redistribution des revenus en faveur des ménages à
faibles revenus, qui ont une forte propension à consommer auras des conséquence très
positives sur l’économie.

2. La version dynamique :

Supposons qu’il existe un accroissement de l’investissement de 100 :

- ∆I = 100

Supposons que la propension à consommer soit de 0.8 :

- C = 0.8 . s = 0.2

Cet accroissement de l’investissement va entrainer un accroissement de revenu ∆Y qui


seront à l’origine de dépenses nouvelles de consommation ∆C …

→∆I = 100

→s =0.2

∆I ∆Y ∆C=(0.8 ∆S=(0.2
×∆Y) ×∆Y)
T1 100 100 80 20
T2 80 64 16
T3 64 51.2 12.8

Tn 500 400 100

C’est la présence d’une fuite (s) qui amortit la succession des vagues
(T1→T2,T2→T3…..).

Présentation graphique :
C.I
E2 C+I+∆I
I2

C+I

I1 E1

∆Y ∆Y=Y2-Y1

Y1 Y2 Y

3. les multiplicateurs en économie plus complexe (ouverte avec Etat) :

Le modèle keynésien simple peut être complété en prenant en considération les


importations qui représentent une offre extérieure et les deux composantes de la demande (la
demande l’Etat et les exportations) :

L’équilibre macroéconomique keynésien s’écrit alors :

Y+M=C+I+G+X

X : Exportations.
M : Importations.

Y : Demande globale.

C : Consommations.

La prise en compte de l’Etat et des échanges extérieurs permet de mettre en évidence


de nombreux multiplicateurs.

a. L’intégration de l’Etat en économie fermée :

Cela change les conditions de l’équilibre économique keynésien et permet de calculer


des multiplicateurs associé à une économie sans échange.

En économie fermée, la prise en considération de l’Etat dans le modèle keynésien


permet de transformer les conditions d’équilibres de l’offre et de demande sur le marché des
biens et services.

Quartes précisions sont nécessaires :

- Les dépenses publiques (G) se rajoutent à la consommation (C) et


l’investissement (I) pour définir la demande globale (Y) :
- → c.Y+C 0 + I + G
- Les impôts (T) sont prélevés par l’Etat pour financer les dépenses publiques.

L’Etat prélève des impôts sans tenir compte des revenus (Y) :

→ T =T 0

- Les transferts (F) sont versés par l’Etat aux ménages sous formes de différentes
allocations (Familles, maladie, handicap, chômage……)

La consommation des ménages ne dépend plus du revenu consommé (Y) mais que
revenu disponible, c’est-à-dire du revenu après déductions des impôts et addition des
transferts :
→Yd=Y – T + F

→C = c Yd + C 0 = c (Y – T + F) + C 0

L’équilibre macroéconomique keynésien avec consommation de l’Etat s’écrit :

Y=C+I+G = cY – cT + cF +C 0 + I + G

↔ Y = 1/(1-c) (– cT + cF +C 0 + I + G)

↔ Y = K (– cT + cF +C 0 + I + G)

↔ K = 1 / (1- c)

Cette équation permet de connaitre la valeur de la variation de la production ou du


revenu (∆Y) qui résulte soit de la variation de l’investissement (∆I) soit de la variation des
dépenses publiques (∆ G), soit des revenus de transfert (∆F) soit des impôts (∆T) soit du
budget équilibré ( ∆ G = ∆ T) ,toute chose étant égale par ailleurs.

b. L’intégration des dépenses de l’état en économie ouverte :

La prise en considération de l’extérieur change aussi les conditions de l’équilibre


économique keynésien, et permet de calculer des multiplicateurs d’exportations et de
commerce extérieur.

La condition d’équilibre macroéconomique avec intégration de l’état en économie


ouverte s’écrit :

Y = C + I + G + (X – M)

Les exportations sont une variable autonome par rapport au revenu et les importations
sont une fonction croissante du revenu national.

Dans ce cas on aurait l’équilibre macroéconomique tel que :

Y = cY – cT + cF +C 0 + I +G + (X-m.y- M 0)
Le multiplicateur d’exportation exprime l’accroissement de la production ou du revenu
qui résulte d’une hausse de la production ou des exportations avec comme hypothèse :

∆G = ∆F = ∆T = ∆I = 0

→On a alors : ∆ Y = c ∆Y + ∆ X – m ∆Y

↔ ∆ Y = (1/ (1-c+m)) × ∆ X

c. le multiplicateur du commerce extérieur :

Il se déduit du multiplicateur d’exportation.

Le supplément de croissance (∆ Y) résultant d’une hausse des expotations (∆X)


entraine un supplément d’importation (∆M =m ∆Y) :

→on a alors la formule : ∆M = m (1/ (1-c+m)) × ∆X

- m/ (1-c+m) : le multiplicateur du commerce extérieur.


- Puisque c et m sont inférieurs à 1 et supérieur à 0 ,on peut en déduire que
∆M›∆X.

Exercice :

On se situe en économie fermée. La fonction de consommation est C d=c (Y-T) +b


avec Y le revenu global et T les impôts .Le gouvernement dépense G en achats publics et
l’investissement est I. Le budget est en équilibre, de telle sorte que G=T.

1. Exprimez la courbe de demande totale Yd.


2. Exprimez algébriquement à quel niveau le revenu d’équilibre se fixe.
3. Application numérique : la propension marginale à consommer est 0.8 ;la
consommation incompressible est de 10 ;l’investissement et les dépenses publiques sont tous
les deux égaux à 40.Calculez le revenu d’équilibre et vérifiez qu’il est égal à la somme de ses
composantes.
4. La production qui assurerait le plein-emploi est de 330.De combien faudrait –il
augmenter les dépenses publiques (sous forme d’achats de biens et services) pour atteindre le
plein- emploi ? Quel sera alors le déficit budgétaire ?
5. Le gouvernement envisage de distribuer aux ménages une prestation sociale en
monnaie au lieu d’acheter des biens et services .A combien faudrait-il fixer cette allocation
pour atteindre le plein –emploi ?quel sera le déficit budgétaire ?
6. Le gouvernement envisage une troisième solution consistant en une baisse des
impots.de quel montant faut-il abaisser les impôts pour atteindre le plein-emploi et quel sera
le déficit budgétaire ?
7. Le gouvernement reste finalement attaché à l’équilibre budgétaire et décide
d’augmenter les dépenses publiques et les impôts d’un même montant. De quel montant doit-
il augmenter le budget pour que l’économie parvienne au plein-emploi ?

Solution :

1.la courbe de demande globale est la somme des demandes de consommation,


d’investissement et de dépenses de l’état :Yd=c(Y-T)+b+I+G.

2.Il faut que la demande s’égalise au revenu →diagramme à 45° :

1
Y= ( )(b-cT+I+G)
1−c

3. Y=290; C=210; I=40; G=40.

4 .il faut que le revenu national augmente de 40 unités. Le multiplicateur de dépenses


publiques est 5.il faut donc augmenter ces dépenses de 5 unités .Le déficit budgétaire sera
alors de 5 unités puisque les taxes sont supposées inchangées.

5. Les prestations sociales viennent s’ajouter au revenu disponible Y-T, qui devient

1
alors Y-T+F .le multiplicateur qui s’applique à ce type de dépense est ( ) c qui est égal à
1−c
4.il faut donc distribuer 10 unités d’allocations sociales monétaires pour engendrer 40 unités
de revenu national .le déficit budgétaire sera alors égal à 10.

6. si les impôts baissent, le multiplicateur est le même que pour l’allocation


monétaire : pour faire croitre le revenu disponible de 40, il faut réduire les impôts de 10, et le
déficit budgétaire sera encore 10.
7. si le gouvernement ne veut pas de déficit budgétaire, il peut augmenter les dépenses
publiques avec un effet multiplicateur de 5 et augmenter les impôts, ce qui créé un effet
multiplicateur négatif avec un multiplicateur égal à 4.Au total, l’effet multiplicateur sera de
1 : pour augmenter le revenu national de 40 en gardant l’équilibre budgétaire, il faut
augmenter les dépenses publiques de 40 et les impôts de 40.

Chapitre III : remise en cause et extension de la fonction de


consommation keynésienne :

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la plupart des pays industrialisés


mettent en place des systèmes de comptabilité nationale. Dès lors, ces premières
constructions de séries statistiques cohérentes et homogènes vont permettre de tester
l’hypothèse keynésienne de relation causale entre le revenu national et la consommation
totale des ménages. Les vérifications économétriques aboutiront Cependant à des résultats
contradictoires qui vont conduire à des reformulations de la fonction de consommation
prenant en compte la répartition des revenus et l'inertie due aux habitudes.

Section 1 : des énigmes empiriques sur la fonction de consommation :

Afin de valider ou non la « loi psychologique fondamentale », deux types de tests


sont envisageables :

- Sur séries temporelles : On observe sur des périodes successives (mois, trimestres ou
années) la relation entre les agrégats nationaux de consommation finale et de revenu
disponible brut*.

- En coupe instantanée : A un instant donné, on étudie les montants de consommation de


ménages aux niveaux de revenus disponibles différents.
En matière de séries temporelles sur données américaines (1869-1939). Simon-
Kuzents publie en 1946 les premières tentatives de vérifications de la théorie de la fonction
de consommation de Keynes (National productsince 1869).Il aboutit à la conclusion
suivante : sur le long terme, la propension moyenne à consommer est constante (il estime sa
valeur à 0.86) et approximativement égale à la propension marginale, ce qui correspond à la
première interprétation graphique (fonction linéaire CF, figure 1 a). Aujourd’hui encore, le
constat reste inchangé. Ainsi, dans le cas de la France la <<droite de consommation>> passe
par l’origine (cf.fig.3).
Une simple régression (la pente de la droite) est d’environ 0.85 (soit une valeur très
proche de celle calculée par Kuznets 50 ans plus tôt sur un autre payé.
Enfin en coupe instantanée (par tranche de revenu), à un moment donné , lorsque l’on
progresse dans l’échelle des revenus , les propensions moyenne et marginale à consommer
sont tendanciellement décroissantes , ce qui correspond à peu près à la figure 1.c ( fonction
concave ; cf. par exemple l’exercice 2.4).

Les ménages <<riches>> consomment proportionnellement (au revenu) moins que les
ménages <<pauvres>>. Vers le milieu de l’échelle sociale, la propension marginale à
consommer serait ainsi d’environ 0.75 ce qui signifie qu’à un instant donné si l’on compare
deux ménages dont la différence de revenu est de 1 euro, la différence de consommation n’est
quant à celle que de 75 centimes.

Ces résultats qui couvrent donc les trois interprétions précitées posent deux problèmes
au regard de l’hypothèse de Keynes :

-Comment les rendre compatibles ?

-Comment expliquer l’instabilité de la propension à consommer sur le court terme sans pour
autant renoncer au message keynésien ?

Section 2 : les reformulations keynésiennes :

I) Le rôle des habitudes de consommation :

1) L’effet de cliquet (ou de crémaillère) : DUESENBERRY (1948),


MODIGLIANI (1949) :

Il s’agit d’une irréversibilité dans le comportement de consommation.


Quand le revenu diminue, la consommation diminue très peu. Le consommateur
cherche à stabiliser sa consommation au niveau correspondant au revenu le plus élevé obtenu
dans le passé, en épargnant moins ou en s’endettant.

L’effet de cliquet permet d’expliquer pourquoi la propension à consommer se


comporte de manière contra-cyclique à court terme, alors qu’elle est stable à long terme.

- En phase de dépression : la consommation baisse moins que le revenu


courant (en raison de la force de rappel exercée par le revenu le plus élevé atteint dans le
passé, supérieur au revenu courant) => PMC augmente ;
- En phase d’expansion : la consommation augmente moins que le revenu (le
revenu le plus élevé atteint dans le passé, inférieur au revenu courant, exerce un effet de
freinage) => PMC baisse

A long terme, revenu courant et revenu maximal de référence sont égaux => PMC
stable.
Quand le revenu augmente, la consommation suit la fonction de long terme.

Quand le revenu baisse, la consommation suit une des fonctions de court terme.

II) L’effet de la répartition des revenus :

1) L’effet de démonstration : J. DUESENBERRY (1949) :

 La propension à consommer d’un ménage dépend non seulement de son


revenu, mais aussi d’un effet de démonstration exercé par les ménages à revenu élevé, qui
pousse vers le haut la consommation des ménages à revenu faible.

En effet, la consommation comporte une dimension sociale, elle confère un certain


statut social. Dès lors, toute catégorie sociale tente d’imiter le mode de consommation des
individus de la catégorie immédiatement supérieure. Comportement stimulé par la publicité et
les médias.

 La propension à consommer d’un ménage s’explique non par le revenu absolu


du ménage mais par son revenu relatif par rapport au revenu moyen des ménages.

Cette théorie permet d’expliquer en même temps la baisse de la PMC en coupe


instantanée, et la stabilité de la PMC à long terme :

- Cas des ménages pauvres : ils tentent d’imiter le mode de consommation des riches,
par conséquent ils ont une PMC plus forte. Cela explique que la PMC diminue au fur et à
mesure que le revenu augmente dans les études en coupes instantanées.

- Ce comportement d’imitation est adopté par toutes les catégories de revenus, ainsi à
mesure que le revenu d’un ménage augmente au cours du temps, il va imiter la consommation
de la catégorie supérieure, donc sa PMC ne baisse pas mais reste constante. Si la distribution
des revenus est stable à LT, la PMC constante à LT.

La fonction de consommation individuelle, pour un consommateur i, peut s’écrire :

Ci = cRi + b.(R – Ri) avec 0 < b < c < 1


Où Ri = revenu de l’individu, R = revenu moyen, (R – Ri) = revenu relatif du
consommateur i.

PMC = Ci/Ri = c + b.R/Ri – b.Ri/Ri = c – b + b.R/Ri.

Si Ri faible => PMC élevée pour se rapprocher du standard moyen de consommation.

Si Ri élevé => PMC faible suffit pour être proche de la norme sociale.

=> Cela confirme les données en coupe instantanée : les hauts revenus ont une PMC
plus faible.

=> Cela explique aussi le paradoxe de Kuznets : si la distribution des revenus est
stable à long terme, la propension à consommer moyenne agrégée ne varie pas. Par
agrégation, le terme b. (R – Ri) disparaît de la fonction de consommation collective qui
s’écrit : C = cR. => la propension à consommer vaut c.

Au total, les tentatives de reformulation keynésiennes n’aboutissent pas à expliquer


l’égalité à long terme de PMC et PmC.

2) L’effet de mémoire de T.M. BROWN (1952) :

Brown introduit non pas une irréversibilité mais une inertie des
comportements de consommation.

La consommation courante est expliquée par le revenu courant et la consommation de


la période précédente ; cette dernière illustre le rôle des habitudes de consommation. .

Ct = cYt + aCt-1 + Co

Avec Ct : consommation au cours du temps T, et a : inertie de la consommation,


0<a<1

Plus a est élevé, plus la consommation passée exerce un effet de mémoire important
sur la consommation présente.
Différence CT/LT :

- CT : les habitudes de consommation sont données (Ct-1 ne peut être modifiée), la
propension marginale à consommer est : dCt/dYt = c

- LT : toute augmentation de revenu va se transmettre de période en période par le


biais du terme a.Ct-1.

La hausse de C en t => hausse de C en t+1 => hausse de C en t+2, etc.

Supposons que la consommation soit stationnaire (avec l’hypothèse d’une croissance


de la consommation de g% par an, on aboutit au même résultat mais le calcul est plus long).
Conclusion :

Dès lors, puisque la fonction de consommation macroéconomique n’est pas stable face
aux modifications de la répartition, le multiplicateur keynésien devient également instable. A
court terme également, comme une modification significative du barème de l’impôt par
tranche sur le revenu, ou du versement des prestations sociales, modifiera la valeur du
multiplicateur, et il ne sera plus possible de tirer des enseignements de politique économique
du modèle keynésien : c’est cet angle d’attaque que choisira Milton Friedman pour sa critique
radicale de la fonction de consommation keynésienne.
Bibliographie

Ouvrages et rapports :

 Macroéconomie : Gérard DUCHENE, Patrick LENAIN et Alfred STEINHERR ;


édition : Synthex économie et gestion page 115, 135.
 La fonction de consommation Keynésienne ; Travaux dirigés de
Macroéconomie : Karine CONSTANT, Gilles DE TRUCHIS, licence EM 1 er année
2eme semestre, Aix Marseille université- faculté des sciences économiques
 LES GRANDS COURANTS DE L’ANALYSE ECONOMIQUE : chapitre II
 Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie :
 Macroéconomie consommation et épargne : Patrick Villieu collection Repères
pages : 11,25.
 Aide-mémoire de Macroéconomie Guillaumin : Cyriac.
 Macroéconomie : Ed. 2 Kempf, Hubert.
 L'essentiel de la macro-économie : Tacheix, Thierry.

     
Sommaire

Introduction:……………………………………………………………………………………3

Chapitre I : deux visions opposées de l’ajustement épargne- investissement :………………5

Section 1 : la théorie classique de l’ajustement IS : loi de S…………………………………..5

1-L’équilibre sur le marché du travail:…………………………………………………………5

2-L’équilibre sur le marché financier : ……………………………………………….. ………5

3-L’équilibre sur marché des biens et services : ……………………………………………... 6

4-l’équilibre sur le marché monétaire : ………………………………………………………..7

Section 2 : la théorie keynésienne de la justement IS :………………………………………...8

2-1) Aperçu historique:………………………………………………………………………...8

2-2) La théorie générale de Keynes :…………………………………………………………..9

a) Introduction : J.M. Keynes (1883-1946) :………………………………………………….9

b) Incertitude et anticipation : …………………………………………………………………9

c)La préférence pour la liquidité : ……………………………………………………………10

d) La demande effective : …………………………………………………………………….10

e)Equilibre de sous-emploi et chômage involontaire :……………………………………….10

2-3/La critique de la théorie classique :………………………………………………………11

1-Rejet de la loi de Say :……………………………………………………………………11

2: La détention de monnaie :………………………………………………………………….12

3- Critique fondamentale de Keynes : Aspect nocif de l’épargne :…………………………12 

Chapitre II : la fonction de consommation pilier de l’analyse keynésienne :………………13

Section 1 : propriété de la fonction de consommation :………………………………………13

1-La loi psychologique fondamentale de Keynes :…………………………………………...13


2- cas pratique : exercice :…………………………………………………………………….15

Section 2 : principe de multiplicateur :……………………………………………………….19

1. la version statique du multiplicateur keynésien :……………………………………19


2. 2. La version dynamique :…………………………………………………………….21
3. 3. les multiplicateurs en économie plus complexe (ouverte avec Etat) :……………22
a- L’intégration de l’Etat en économie fermée :……………………………………23
b- L’intégration des dépenses de l’état en économie ouverte :………………………24
c- le multiplicateur du commerce extérieur :……………………………………….24

Chapitre III : remise en cause et extension de la fonction de consommation keynésienne :…27

Section 1 : des énigmes empiriques sur la fonction de consommation:………………………27

Section 2 : les reformulations keynésiennes :………………………………………………...29

I) Le rôle des habitudes de consommation :…………………………………………………29

1) L’effet de cliquet (ou de crémaillère) : DUESENBERRY (1948), MODIGLIANI (1949) :


………………………………………………………………………………………………...29

II) L’effet de la répartition des revenus :…………………………………………………..31

1) L’effet de démonstration : J. DUESENBERRY (1949) : …………………………………31

2) L’effet de mémoire de T.M. BROWN (1952) :……………………………………………32

Conclusion :…………………………………………………………………………………34

Bibliographie : ………………………………………………………………………………..35

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