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K.

SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

Diagnostic financier & Gestion de trésorerie


Chapitre I : Analyse par les indicateurs comptables & financiers

Introduction :
Les questions auxquelles on se propose de répondre au niveau de ce chapitre sont les
suivantes :
 L’exploitation de l’entreprise est-elle saine ?
Analyse de la qualité intrinsèque de l’activité d’exploitation, de la productivité et de la
croissance de l’entreprise et son positionnement sur le marché en absence de toute
considération sur son financement.
 Les actifs de l’entreprise ont-ils un rendement suffisant?
Analyse de la rentabilité de l’actif économique.
Analyse du risque économique (ou opérationnel).
 Les actionnaires peuvent-ils être satisfaits de la rentabilité de leur investissement dans
l’entreprise ?
Analyse de la rentabilité des capitaux propres (rentabilité financière) de l’entreprise.
Analyse du risque financier et de l’effet de levier.
 L’entreprise est-elle en équilibre financier ? Est-elle saine financièrement parlant ?
Analyse de la structure financière de l’entreprise et de la relation fondamentale entre FR, BFR
et TN (analyse fonctionnelle du bilan).
 Quelle est l’aptitude de l’entreprise à assurer sa liquidité et sa solvabilité et à
surmonter le risque de faillite ?
-Analyse des ratios relatifs à l’autonomie financière, la capacité de remboursement, le
financement des immobilisations et le taux d’autofinancement qui permettent d’affiner le
jugement que l’on souhaite porter sur la santé financière de l’entreprise.
-Analyse par la méthode des scores (credit scoring) qui permettent de diagnostiquer
préventivement les difficultés financières des entreprises.

Section 1 : Activité, Productivité et Croissance


I. Analyse de l’activité de l’entreprise :
Consiste à procéder à plusieurs analyses successives en fonction des données disponibles :
Examen de la répartition du chiffre d’affaires (CA), Mesure de l’évolution du CA,
Comparaison de l’évolution du CA à celle des concurrents.
1. Examen de la répartition du CA :
But : identifier les produits (métiers/services), les clients et les zones géographiques qui sont
les gros contributeurs du CA.

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Répartition du CA

Produits/ métiers/
Clients Zones géographiques
services

Apprécier le caractère Identifier un éventuel L’exportation = signe


mono ou multi- risque de client trop de bonne santé et de
producteur de concentré compétitivité
l’entreprise
Cette dépendance (cas Elle comporte des
Nuancer le jugement de la sous-traitance par risques (change,
de l’évolution du CA en exp.) fragilise la faculté commercial, pays, …) et
cas de coexistence de de l’entreprise à des coûts
produits d’avenir et de négocier ses prix de supplémentaires (frais de
produits en déclin vente et donc sa marge transport, couverture de
ces risques…)
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2. Mesurer l’évolution du CA : CAN  CAN 1


Calcul du taux de croissance (ou de récession) de l’entreprise ainsi : Croissance du CA  CAN 1
Ce ratio permet de connaître l’évolution de l’activité de l’entreprise et de pouvoir la comparer
avec les entreprises du même secteur d’activité.
Il sert de référence pour évaluer les hausses des charges correspondantes.
L’augmentation des charges ne doit pas excéder le taux de croissance du CA sous peine de
voir s’amoindrir le résultat de l’entreprise.
Si, par exemple, les achats de matières 1 ères ↑ de 25% et les charges de personnel de
30%...alors que le CA n’augmente que de 20%. Que va-t-il se passer ? Le résultat risque de
↓ du fait d’une ↑ des charges beaucoup trop importante % aux gains réalisés.

3. Comparer l’évolution du CA à celle des concurrents :

La variatio n d u C A d e l’entrep rise p eut être négative, stab le o u


imp o rta nte d a ns le te mp s.
3 cas d e fig ure so nt p o ssib les lo rs d e cette co mp araiso n :

1 er c as de fi g u r e

Var i at i o n du Né g at i ve S t abl e [ 0 , +5 % ] Im po r t an t e ( > +5 % )


CA de
l ’ e n t r e pr i s e
E n t r e p r i s e t r è s E n t r e p r i s e p e u E n t r e p r i s e a p p a r t e n a n t à
p eu d y n amiq u e d y n amiq u e u n s ect eu r d y n amiq u e,
L’ e n t r e p r i s-t-
e a L e p o s i t i o n n e m e nm
t ais elle p ein e à s u iv r e
S i g n i f i c at i ve m e netl l e l e s mo y e n s d c eo n cu r r en t iel d e L e p o s i t i o n n e m e n t
i n fé r i e u r e à c e l l e
r eb o n d ir ? l ’ e n t r e p r i s e -il
es t co n cu r r en t iel d e
de s c o n c u r r e n t s L’ e n t r e p r i s-t-e a men acé ? l ’ e n t r e p r i s e -iels m
t en acé?
elle u n av en ir L’ e n t r e p r i s-t-elle
e a L’ e n t r e p r i s e p o s s -è d e t
( n o u v eau x les mo y en s d e e l l e l e s mo y e n s d ’ u n e
p r o d u i t s / m é t i e r s )r?e b o n d i r ? cr o is s an ce s u p ér ieu r e?

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2ème cas de figure


Variation
du CA de Négative Stable [0, +5%] Importante (> +5%)
l’entreprise

Entreprise appartenant Entreprise Entreprise dynamique au


à un secteur en déclin et appartenant à un sein d’un secteur en
ne parvient pas à s’en secteur mûr et ne expansion
distinguer parvient pas à s’en Le positionnement
Similaire Le déclin sectoriel est- distinguer concurrentiel de
à celle des il conjoncturel Un déclin du l’entreprise est-il menacé?
concurrents (provisoire) ou secteur est-il L’entreprise est-elle
structurel (irréversible)? envisageable à court capable de soutenir
Quelle est la capacité et moyen terme ? durablement ce rythme de
de l’entreprise à Le positionnement croissance?
pérenniser sa situation à concurrentiel de Cette croissance est-elle
moyen terme ? l’entreprise est-il génératrice de marges ?
Le maintien de la menacé ?
position concurrentielle
se fait-il au détriment
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des marges ?

3ème cas de figure


Variation
du CA de Négative Stable [0, +5%] Importante (> +5%)
l’entreprise

Entreprise résistant Entreprise Entreprise très


mieux que ses appartenant à un dynamique au sein
concurrents au déclin secteur mûr. d’un secteur en
sectoriel La croissance est- expansion
Significativement Le déclin sectoriel est- elle interne ou Le secteur est-il
il conjoncturel ou externe ? durablement en
supérieure à celle structurel ?
des concurrents Quelle est la capacité Le renforcement croissance?
de l’entreprise à de la position L’entreprise est-elle
pérenniser sa situation à concurrentielle se capable de soutenir
moyen terme ? fait-il au détriment durablement ce rythme
Le renforcement de la des marges ? de croissance ?
position concurrentielle Cette croissance est-
se fait-il au détriment elle génératrice de
des marges? marges?
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II. Analyse des marges d’exploitation à travers les SIG:


1. Mode de calcul des SIG :
Production vendue de B&S
+ Production immobilisée
+ Production stockée (ou déstockage)
= Production de l’exercice

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Ventes de marchandises
– Coût d’achat des marchandises vendues (Achat de marchandises ± Variation de stocks de
marchandises)
= Marge commerciale (MC)
Production de l’exercice + Marge commerciale
– Consommations de l’exercice en provenance des tiers (Achats de MP et autres
approvisionnements ± Variation de stocks des MP et approvisionnements + Autres achats et
charges externes)
= Valeur ajoutée (VA)
+ Subvention d’exploitation
– Impôts, taxes et versements assimilés
– Charges de personnel
= Excédent brut (ou insuffisance) d’exploitation (EBE/IBE)
+ Autres produits d’exploitation
+ Reprises et transferts de charges
– Autres charges d’exploitation
– DAP d’exploitation
= Résultat d’exploitation (REX)
+ Résultat financier (produits financiers – charges financières)
= Résultat des activités ordinaires avant impôt (RCAI)
+Résultat extraordinaire (produits ou gains extraordinaires – charges ou pertes
extraordinaires)
– Impôt sur les bénéfices
= Résultat net de l’exercice (RN)

2. Signification et analyse des SIG :


a. Production de l’exercice :
Rmq: lorsque les subventions d’exploitation correspondent à un complément du prix de
vente, il faut les retraiter en les intégrant à la production car elles sont analysées comme un
complément du CA.
La production de l’exercice est une mesure de l’activité réelle d’une entreprise industrielle.

En analysant son évolution, il faut être très prudent et nuancé car elle
représente une entité hétérogène (prod. vendue comptabilisée au prix de
vente / prod. Stockée au coût de prod.).

Evolution de la production
Hausse Baisse
↑du CA ↑ la Prod. stockée ↓du CA Destockage

Explications Changement Problème de mévente : Changement Production


de la mauvais positionnement de la stockée
politique sur le marché, politique négative qui
commerciale concurrence agressive, commerciale peut signaler
mauvaise politique de la reprise de
commerciale, erreur l’entreprise la demande
stratégique… des clients
Développem Inadéquation entre la Ratios clés : taux de
ent de nv. demande et la prod. (une croissance de la Prod et ratio
marchés faible réactivité de Prod/CA réflexion sur les
l’entreprise à l’évolution volumes de Prod. et les
de la demande de ses méthodes d’évaluation des
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clients) stocks

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b. Marge commerciale (MC) :


Indicateur fondamental de la performance commerciale des entreprises de distribution.
Il faut la calculer sur plusieurs années pour pouvoir constater l’évolution de l’activité de
l’entreprise.
Augmentation de la MC  une bonne capacité à générer des marges dans le cadre de
l’activité de négoce.
Diminution de la MC  identifier la source de dysfonctionnement (↘CA et/ou ↗CAMV) et se
poser la question suivante : La diminution de la MC est-elle structurelle ?

Diminution de la MC  identifier la source de dysfonctionnement et se


poser la question suivante : La diminution de la MC est-elle structurelle ?

Non Oui

Phénomène Phénomène propre à l’entreprise Phénomène Phénomène


général général propre à
Problème commercial : prix de
Crise naissante? Crise économique l’entreprise
vente des marchandises
produit insuffisant surtout si généralisée Entreprise
commercialisé concurrence importante sur les entrain de se
rentre peut être prix. faire « manger »
dans sa phase revoir les politiques de vente, par la
de déclin… de prix, de marketing, lancer un concurrence
nouveau produit…
Problème d’approvisionnement :
augmentation des prix non
maîtrisée (fournisseurs en
position de force)… 21

Marge commerciale
 Ratio ou taux de marge brute commerciale : Taux de marge brute commerciale 
Ventes de marchandises HT
Si > à celui des concurrents  efficacité commerciale supérieure de la société.
Si < à celui du secteur  vulnérabilité commerciale importante (même si l’entreprise est
bénéficiaire) : tout problème conjoncturel ou structurel sur le marché sera moins bien absorbé
par l’entreprise que par ses concurrents aux marges plus élevées.

c. Valeur ajoutée (VA) :


Indicateur de la création de richesse apportée par l’entreprise, dans l’exercice de ses activités
ordinaires, aux consommations intermédiaires provenant des tiers.
C’est un bon indicateur de la dimension de l’entreprise, plus représentatif que le CA (juste un
critère commercial). Pour l’analyser, il faut :
Calculer sa croissance ainsi : VAN  VAN 1 VAN 1
Si elle chute, il faut en chercher les raisons qui sont principalement au nombre de 2 :
 Chute des ventes : problème conjoncturel /structurel ? problème propre à l’entreprise
/général ? problème de politique interne (politique commerciale, difficultés de trésorerie…) ?
 Ventes stables, mais augmentation des consommations intermédiaires : changements
internes dans l’organisation de l’entreprise (augmentation de la sous-traitance, fabrication de
nouveaux produits…) / changements externes (augmentation due à l’inflation ou
augmentation injustifiée du prix d’un fournisseur il faut faire jouer la concurrence…).

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La VA permet de rémunérer tous les acteurs de l’entreprise qui ont contribué à la fabrication
des produits finis (salariés, banquiers, actionnaires…), d’où la nécessité de calculer sa
répartition :

 Rmqs:
1. La répartition de la VA est à comparer avec le résultat de l’entreprise. Si ce dernier est trop
faible, voire négatif, le calcul de ces ratios permet de déterminer les postes sur lesquels des
économies peuvent être réalisées.
2. La rémunération du personnel est un poste très important, il faut l’analyser en termes de :
CA VA
 Productivité : , production ou
effectif moyen effectif moyen effectif moyen
 Contrôle des coûts : Charges de Personnelet de croissance.
effectif moyen
3. Les charges de personnel extérieur (intérimaire) peuvent être retraitées en les déduisant des
charges externes, puis en les réaffectant en charges de personnel.
4. La sous-traitance peut aussi être retraitée uniquement pour la part des charges de personnel
contenues dans les achats auprès des sous- traitants. En effet, ces 2 types de personnel
participent de la même façon que le personnel de l’entreprise à la création de richesse.

 Exemple : entreprise X

N-1 N
Charges de personnel 1 872 000 2 157 264
Dotation aux amt. 345 600 334 224
Charges financières 604 800 850 752
Autofinancement 100 800 20 000
Dividendes 50 800 0

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 Informations relatives au secteur d’activité pour l’année N :


Taux d’accroissement du CA = +10%
Taux d’accroissement de la VA = +10%
Taux d’accroissement du résultat = +15%
Rémunération du facteur travail = 45%
Rémunération du facteur capital = 30%
Rémunération des banques = 7%

 Répartition de la VA de l’entreprise X :
N-1 N
Rémunération du facteur travail 65% 71%
Rémunération du facteur capital 12% 11%
Rémunération des banques 21% 28%
Rémunération de l’entreprise 3,5% 0,66%
Rémunération des actionnaires 2% 0%

 Analyse de la situation de l’entreprise X :


 ↑ du CA et VA plus faible % la branche d’activité : Entreprise peu dynamique au sein d’un
secteur en expansion. La position concurrentielle de l’entreprise est-elle menacée ?
 Problème de rentabilité : le résultat de la société X ↓ de 40% contre une ↑ de 15% du
résultat des entreprises concurrentes. Ceci peut-être dû à :
-↑ des charges de personnel de 15,2% contre une ↑de 5,5% de sa VA. Pourquoi cette ↑? A-
t-on embauché? Le personnel est-il suffisamment motivé ?
- La rémunération du facteur travail est importante et a augmenté.
-Production plus automatisée des entreprises concurrentes : rémunération du facteur capital
= 30% contre 11% pour l’entreprise X et rémunération du facteur travail = 45 % contre
71% pour l’entreprise X.
-Les charges financières ont augmenté de 40%. Elles représentent ≈ 30% de la VA contre
7% uniquement pour le secteur  dépendance très nette de l’entreprise vis-à-vis des
banques (indépendance des entreprises concurrentes).

 Un autre ratio relatif à la VA peut être calculé, il s’agit de l’intensité capitalistique calculée
ainsi : VA production de l'exercice
 Ce ratio permet de juger le recours de l’entreprise à la sous-traitance et de mesurer son taux
d’intégration dans le processus de production.
 Si ce ratio est proche de 100%, l’entreprise est très intégrée : elle ne fait pas beaucoup
appel à la sous-traitance.
 Si, en revanche, il est faible, cela prouve que l’entreprise sous traite beaucoup (dépendance
vis-à-vis du sous-traitant).

d. Excédent brut d’exploitation (EBE) ou Résultat brut d’exploitation (RBE) :


Mesure de la performance économique de l’entreprise (rentabilité opérationnelle)
indépendamment de toute politique financière, fiscale, d’investissement, de distribution des
dividendes.
C’est la ressource fondamentale que l’entreprise tire régulièrement de son cycle
d’exploitation. Il exprime sa capacité à engendrer des ressources de trésorerie.

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L’EBE permet de rémunérer ses dettes (payer les charges financières) ; investir
(investissement de maintien grâce aux DAMP, investissements de croissance grâce aux
bénéfices mis en réserves) et payer les dividendes aux associés.
Une entreprise qui dégage une insuffisance brute d’exploitation (EBE <0) est une entreprise
déficitaire, qui serait économiquement condamnée.
Rmq : le retraitement de l’EBE est indirect (personnel extérieur à l’entreprise). Il n’a pas
d’influence sur l’EBE, mais contribue à une meilleure compréhension de l’évolution des
charges de personnel.
L’analyse de l’EBE passe par :
 Le calcul de son évolution sur plusieurs années.
 La comparaison des évolutions respectives du CA, de la VA et de l’EBE.
 L’analyse du taux de marge brute d’exploitation qui permet d’apprécier la situation
financière de l’entreprise en cristallisant le jugement sur la santé de son exploitation : EBE CA
 Une IBE  situation délicate car il faut couvrir des dépenses importantes liées aux
investissements et au financement. Elle peut provenir :
- D’une mévente : Recettes ne couvrent pas les charges fixes (mauvaise politique
commerciale, période de récession économique, produit en déclin sans produit de
remplacement…)
- De charges de personnel trop importantes : Salariés trop nombreux ? Démotivés ? Trop
payés ? Solution : licenciement, substitution du capital au travail, réorganisation du
travail…
- De VA trop faible : Consommations en provenance des tiers mal maîtrisées ? Sous-
traitance trop importante ? Mauvais choix des fournisseurs ?

e. Résultat d’exploitation (REX) :


C’est un excellent critère de comparaisons inter-entreprises car il mesure les performances des
activités propres (sans prendre en compte les opérations financières et exceptionnelles).
Son analyse passe par :
 L’étude de son évolution sur plusieurs années.
 La comparaison des évolutions respectives du CA, de la VA, de l’EBE et du REX
(détection d’éventuelles divergences entre ces évolutions, leurs causes et les solutions à un
REX qui diminue par exemple).
 L’analyse des dotations aux amortissements en calculant les ratios suivants :
 L’analyse du taux de marge d’exploitation (marge opérationnelle) : REX/CA et
comparaison avec le secteur et dans le temps (activité cyclique ou pas).

f. Résultat des activités ordinaires avant impôt ou Résultat courant avant impôt
(RCAI) :
Il est lié aux opérations d’exploitation et aux opérations financières : la politique financière
peut être jugée à travers ce solde.
L’analyse de ce résultat dépend de son signe ainsi que de celui du REX.
Plusieurs cas de figure peuvent être observés selon les signes de ces deux résultats :
 REX <0 et RCAI <0 : Décalages entre investissements et retombées commerciales
marges insuffisantes (REX<0) et financement coûteux (résultat financier<0).
 REX <0 et RCAI>0 : Politique financière offensive au détriment d’une mauvaise
rentabilité d’exploitation. Cas des holdings qui délaissent leurs exploitations au profit des
prises de participation génératrices de dividendes.
 REX >0 et RCAI <0 : problème de financement : Est-ce lié à une phase d’invt. récente
(REX n’a pas encore atteint son max ?) Mauvais choix de financement ? Peut-on envisager
une ↑du REX compensant le financement coûteux?

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 REX >0 et RCAI >0 : 2 situations possibles :


 RCAI<REX : le financement de l’activité « grignote » une partie des bénéfices
d’exploitation dans des proportions acceptables (RCAI >0). Risque de déficit (Invt.
insuffisant, risque de saturation du REX et de son déclin).
 RCAI>REX : effet de levier >0. Dynamisme de l’entreprise : REX>0  liquidités
placements fructueux  produits financiers >charges d’emprunt.
 REX = 0 : Entreprise au seuil de rentabilité. Causes possibles : marché saturé, ventes
insuffisantes , marché nouveau long à démarrer, problème de rentabilité :
 RCAI<0 : voir 1er cas de figure
 RCAI>0 : cas d’une holding : dividendes importants. Cas d’un hypermarché : marges
d’exploitation très faibles et une trésorerie très élevée générant des produits financiers
considérables.

g. Résultat extraordinaire ou exceptionnel :


Les opérations extraordinaires peuvent être une source d’enrichissement (Rt extraordinaire
s’ajoute au RCAI: +value de cession) ou d’appauvrissement (perte extraordinaire qui grève
le RCAI : amendes importantes, -value de cession…).

h. Résultat net (RN) :


Il indique ce qui reste à la disposition de l’entreprise après déduction de toutes les charges de
l’année. Il reflète sa rentabilité générale.
 Si RN >0 : entreprise rentable pour l’année écoulée. Rentabilité à maintenir pour les
années à venir  Que fait-elle de ce bénéfice ?
 S’autofinancer (mise en réserves),
 Rémunérer ses actionnaires ou associés (dividendes).
 Si RN <0 : incapacité de couvrir toutes les charges :
 Déficit bénin, inquiétant ou dramatique ?
 Ce déficit apparaît où : RCAI ? REX ? EBE ?
 Il faut étudier l’évolution du RN dans le temps et le comparer avec les ratios moyens du
secteur :Taux de variation du résultat de l ' exercice  RNet N  RNet N 1
RNet N 1
Résultat Net
 On peut compléter l’analyse par le ratio suivant : taux de marge nette =
CA
 Il permet de répondre à la question suivante : pour 100D de ventes, combien l’entreprise
gagne-t-elle en net ?

III. Applications :
Application1 : Cas de la société ABC :
 On vous demande d’analyser la performance, la croissance de l’activité d’exploitation
et les moyens mis en œuvre de la société ABC en vous basant sur ses SIG pour les exercices
N et N-1 (exposés ci-après) ainsi que sur ces informations relatives au secteur d’activité dans
lequel elle opère pour l’année N :
 Taux d’accroissement du CA = +20%
 Taux d’accroissement de la VA = +30%
 Taux d’accroissement du résultat = +45%
 Rémunération du facteur travail = 25%
 Rémunération du facteur capital = 50%
 Rémunération des banques = 7%

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N N-1
Ventes de marchandises 1 173 315 961 350
- Coûts de marchandises vendues (762 000) (672 000)
= Marge commerciale 411 315 289 350
- Services extérieurs 14 350 13 890
= Valeur ajoutée 396 965 275 460
- Impôts, taxes et versements assimilés 10 230 9 750
- Charges de personnel 105 430 92 610
= Excédent brut d’exploitation 281 305 173 100
+ Produits divers ordinaires 15 215 11 340
- Autres charges ordinaires 9 745 7 210
+ Reprises sur provisions d’exploitation 122 896 94 724
- Dotations aux amortissements et aux provisions 195 111 134 644
= Résultat d’exploitation 214 560 137 310
- Charges financières (68 625) (38 350)
= Résultat des activités ordinaires avant impôt 145 935 98 960
- Impôt sur les bénéfices (51 077) (34 636)
= Résultat des activités ordinaires après impôt 94 858 64 324
= Résultat net 94 858 64 324

Dividendes 16 800 0

Corrigé Application 1 : Cas de la société ABC


1-La croissance de son activité d’exploitation
1 173 315  961 350
Croissance du CA   22,05% : légèrement >à celle du secteur
961 350
L’entreprise est très dynamique au sein d’un secteur en expansion.
Le CA a ↑ entre N-1 et N. Cette ↑ est à comparer avec celle des charges.
En ce qui concerne le coût d’achat des marchandises vendues, on a un taux de croissance de :
762 000 - 672 000
 13, 4%  22, 05%
672 000
La marge commerciale va donc ↑ + que le CA, ceci est confirmé par le calcul du taux de
croissance de la MC : 411 315 - 289 350  42,15%  22, 05%
289 350
Ceci montre que l’entreprise a une capacité à générer des marges dans le cadre de son
activité de négoce.
N N-1
Taux de marge brute commerciale  411 315 289 350
Marge commerciale  35, 06%  30,1%
1173 315 961 350
Ventes de marchandises HT
Le taux de MC a ↑ entre N-1 et N ⇒ entreprise performante commercialement
396 965 - 275 460
La croissance de la VA :  44,11%  une  beaucoup  élevée
275 460
que pour le secteur d'activité

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La répartition de la VA est comme suit :

 Entre N-1 et N, la rémunération du facteur travail a ↓ (pour atteindre en N presque le même


niveau que le secteur). Celle du facteur capital est restée presque stable (presque le même
niveau que le secteur). La rémunération des banques et celle des actionnaires ont ↑.
 Les charges financières ont ↑ de 79% entre N-1 et N pour atteindre 17% de la VA, il y a
une dépendance de l’entreprise vis-à-vis des banques (indépendance des entreprises
concurrentes : rémunération des banques = 7%).
 La rémunération des actionnaires est encore « timide » (4% en N contre 0% en N-1).
L’entreprise privilégie l’autofinancement.
 La croissance de l’EBE: ⇒une ↗importante et beaucoup +
élevée que la VA et ceci est due à une maitrise des charges de personnel qui de ↗14%
uniquement.
N N-1
EBE 281 305 173 100
Taux de marge brute d'exploitation   24%  18%
CA 1173 315 961 350

 Ce taux est assez élevé et il a augmenté entre N-1 et N. Ce qui signifie que la société ABC
a une exploitation en bonne santé et en amélioration.
 La croissance du REX: 214 560 -137 310  56, 26%  une  importante
137 310
 L’évolution du REX suit celle de la VA, de l’EBE. Le REX est >0 sur les 2 exercices.
L’activité principale de l’entreprise est donc saine.
 D’ailleurs, le taux de marge opérationnelle est satisfaisant et en amélioration, il était de
14,28% en N-1 et est passé à 18,29% en N.
 La société ABC a un résultat des activités ordinaires avant impôt >0 et en hausse.
 Néanmoins, ce résultat est < au REX (pour les 2 années) : le financement de l’activité
« grignote » une partie des bénéfices d’exploitation dans des proportions acceptables (à
cause des charges financières qui ont ↗ de 80%). L’investissement est peut être insuffisant.
Il y a un risque de saturation du REX (il ne pourra peut être plus couvrir les charges
financières qui sont entrain d’augmenter d’une façon remarquable) voire de son déclin.
Attention au risque de déficit.
 La société ABC n’a pas de résultat extraordinaire.
 Son RN est >0 : elle est rentable pour les 2 années. Cette rentabilité est à maintenir pour les
années à venir.
 Une faible partie de ce bénéfice est utilisée pour rémunérer ses actionnaires sous la forme
de dividendes (année N), le reste est mis en réserves. Elle l’utilise pour s’autofinancer
(financer ses investissements internes).
 La croissance de son RN est calculée ainsi :
94 858-64 324
Taux de variation du résultat net  = 47,47%:une  bien prononcée
64 324
 Par ailleurs, pour 100D de ventes, elle gagne 8,08 dinars en N contre 6,69 dinars en N-1.
En effet, le taux de marge nette : Résultat Net/CA est de 8,08% en N contre 6,69% en N-1.

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Application 2 :
On vous donne un extrait des SIG de 5 sociétés et on vous demande d’identifier le secteur
d’activité correspondant à chacune d’elle : production d’électricité, grande distribution, travail
temporaire, distribution spécialisée, bâtiments et travaux publics.

Société 1 2 3 4 5

CA 100 100 100 100 100


Production 100 100 104 99 0
Marge commerciale 23 24,8 0 0 0
Consommation de MP 0 0 46,6 23,6 0
Autres charges externes 7,8 7 46,9 14,1
Frais de personnel 8,4 11,7 21,5 24,1 88,2
EBE 6,8 6,7 28,1 3,7 4,6
Dotations aux amortissements 2,6 0,9 14,4 1,2 0,7
REX 4,2 5,8 7,1 2,9 3,1

Corrigé Application 2 :
Production d’électricité: N°3 : importance des dotations aux amortissements et
consommations de matières premières
Grande distribution: N°1 : marge commerciale la plus faible
Travail temporaire: N°5 : importance des frais de personnel
Distribution spécialisée: N°2 : marge commerciale la plus forte
Bâtiments et travaux publics: N°4 : importance de la sous-traitance (autres charges externes)

Section 2 : Rentabilité, Relation de Dupont de Nemours et Effet de levier


Attention : ne pas confondre Rentabilité et Marge :
 Rentabilité : rapport entre l’accroissement de richesse (le résultat) et les capitaux investis ;
 Marge : rapport d’un résultat à un volume d’activité (le chiffre d’affaires, ou la
production).
I. Analyse de la rentabilité économique :
1. Calcul de l’actif économique :
 Il découle de la construction du bilan économique qui prend la forme suivante :
Bilan économique simplifié
Immobilisations nettes (A) Capitaux propres (C)
Besoin en fonds de roulement d’exploitation Dettes financières nettes (D) :
: BFRE Dettes bancaires et financières à court,
+ Besoin en fonds de roulement hors moyen ou long terme
exploitation : BFRHE - Placements financiers
= BFR (B) - Disponibilités
Actif économique (A+B) = Capitaux investis dans l’exploitation (C+D)

2. Calcul et interprétation de la rentabilité économique :


Rentabilité économique : un taux qui exprime la performance industrielle et commerciale de
l’entreprise indépendamment de son financement. Calculé généralement après impôt et ainsi :
Résultat économique de l’entreprise / Capitaux mis en œuvre pour obtenir ce résultat.
Résultat économique : généralement c’est le REX net d’impôt, d’autres définitions assez
proches existent tel que l’EBE.

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Moyens mis en œuvre : capital économique ou actif économique de l’entreprise.


La rentabilité économique, appelée aussi rentabilité opérationnelle : Re ou return on capital
employed : ROCE, est calculée ainsi :
Résultat d'exploitation × (1- taux IS)
Re 
Actif économique (ou capital économique ou capital engagé )
Elle mesure la performance économique de l’entreprise dans l’utilisation de son actif (de son
capital économique).
Elle détermine quel revenu l’entreprise parvient à générer en fonction de ce qu’elle a.
un ratio utile pour comparer les entreprises d’un même secteur économique et
étudier l’évolution de la performance de l’entreprise dans le temps.

3. Décomposition de la rentabilité économique :


La décomposition de la rentabilité économique selon la méthode de « Dupont de Nemours »
permet d’expliquer les portées opérationnelles de ce ratio.
REX net d'impôt
La définition de la rentabilité économique à retenir : Re 
Actif économique ( AE )
Elle peut s’écrire ainsi :

Le taux de marge nette d’exploitation mesure l’aptitude de l’entreprise à générer un résultat


positif.
Le taux de rotation de l’actif économique : Plus il est élevé, plus l’entreprise utilise
intensément son outil de production (caractéristique des entreprises industrielles de volume).
Par exp, taux de rotation de l’actif économique = 3 1D investi dans le capital économique
produit 3D de CA par an.

Une même rentabilité peut être ainsi obtenue par 2 politiques commerciales différentes :
 Une politique de qualité des produits : forte marge sur les ventes mais faible rotation de
l’actif économique ;
 Une politique de bas prix : marge faible sur les ventes mais forte rotation de l’actif
économique. C’est l’exemple de la grande distribution.

4. Analyse du risque économique :


Il résulte des fluctuations de la rentabilité économique consécutives aux variations du niveau
d’activité.
Les résultats de l’entreprise ont un caractère aléatoire. Il en résulte donc qu’il existe un risque
opérationnel qui s’y rattache.
Il est donc nécessaire d’étudier la structure de l’exploitation de l’entreprise et donc son risque
économique et ceci à travers 2 indicateurs (qui seront examinés ultérieurement) :
 Le seuil de rentabilité ou le point mort
 Le levier d’exploitation (ou opérationnel)

II. Analyse de la rentabilité financière (rentabilité des capitaux propres) :


Elle mesure le bénéfice net réalisé par l’entreprise pour chaque unité de monnaie investie par
les actionnaires.

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Elle intéresse l’actionnaire qui peut apprécier ce qui résulte de ses apports soit directement
sous forme de dividendes, soit indirectement sous forme de plus value potentielle pour la part
mise en réserves.
La rentabilité économique permet de juger de la bonne composition du capital économique /
la rentabilité financière permet d’apprécier la bonne composition du financement à travers
l’effet de levier.
Résultat net
La rentabilité financière ou Return on Equity : ROE est égale à : R f  RCP 
Capitaux propres
Elle peut être décomposée selon la méthode de « Dupont de Nemours » de la façon suivante :

Pour améliorer la rentabilité des capitaux propres, il faut combiner les trois actions
suivantes :
 Une utilisation efficace des éléments d’actifs.
 Une marge élevée sur les ventes.
 Une politique d’endettement appropriée.
III. Analyse de l’effet de levier :
1. Calcul de l’effet de levier :
Prenons l’exemple suivant pour illustrer l’effet de levier :
Financement par Capitaux Financement par Capitaux propres
propres (1 000) (500) et Endettement (500)
Résultat économique 150 150
Charges d’intérêt 0 30
Résultat imposable 150 120
Résultat net 150 * 2/3 = 100 120 * 2/3 = 80
Rentabilité économique 100/1 000 = 10% 100/1 000 = 10%
Rentabilité financière 100/1 000 = 10% 80/500 = 16%
Dans cet exemple, le recours à l’endettement accroit la rentabilité financière.
L’effet de levier est de 6% (16%-10%).
Soient :
K : Capitaux propres ; D : Dettes financière s nettes ; K  D : Actif économique
R f : taux de rentabilit é financière ;
Re : taux de rentabilit é économique net d’ IS ;
i : taux d’ intérêt sur les dettes financière s net d’ IS ;
Di : charges d’ intérêt après IS.
On peut écrire : REX net d' impôt  Re  ( K  D)
D' où Résultat net  REX net d' impôt - Charges d' intérêt après impôt
 Re  (K  D) - Di  Re K  D( Re - i)
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Résultat net R K  D( Re - i) D
 Rf   e  Re  ( Re - i)
Capitaux propres K K

Rentabilit é des capitaux propres  Rentabilit é économique 


Endettemen t net
(Rentabili té économique - coût net de l' endettemen t) 
Capitaux propres
Rentabilit é financière  Rentabilit é économique  Effet de levier financier

L’effet de levier financier mesure l’incidence positive ou négative de l’endettement de


l’entreprise sur sa rentabilité financière.
Si les fonds empruntés sont investis dans une activité dont la rentabilité (Re) est supérieure à
leur coût (i), les actionnaires bénéficient de cette marge.
Cette marge est d’autant plus élevée que l’entreprise est endettée, c.à.d. lorsqu’elle a un levier
d’endettement (D/K) important.
3 hypothèses sont possibles selon le différentiel (Re – i) :
 (Re – i)>0 : effet de levier financier positif : la rentabilité financière est une fonction
croissante du levier financier. Plus l’entreprise est endettée plus elle est rentable
financièrement pour ses actionnaires.
 (Re – i)<0 : effet de levier financier négatif ou « effet de massue » ou « effet de marteau » :
la rentabilité financière est une fonction décroissante du levier financier. Plus l’entreprise
est endettée moins elle est rentable pour ses actionnaires.
 (Re – i)=0 : aucun effet de levier positif ou négatif : la rentabilité financière est
indépendante de sa structure financière. On retrouve ainsi les caractéristiques de neutralité
de la structure financière mises en évidence par Modigliani et Miller à l’équilibre.

2. Intérêt de l’effet de levier :


Le mérite de l’effet de levier est de montrer à l’analyste l’origine d’une bonne rentabilité des
capitaux propres :
Performance opérationnelle (qui provient de la rentabilité de l’actif économique) ?
Pure construction financière favorable à un effet de levier positif ?
Sur la durée, seule une rentabilité économique croissante est le gage d’une
progression régulière de la rentabilité des capitaux propres. L’effet de levier ne crée pas
de valeur.

3. Analyse du risque financier :


Le risque financier correspond à la variation de la rentabilité financière imputable au seul
endettement.
Il s’agit de calculer, en cas de variation du CAHT et de la rentabilité économique :
 De combien variera la rentabilité financière ?
 Quelle part de cette variation est imputable au seul endettement ?

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IV. Applications :
Application 1 :
La société ALPHA a le choix entre les deux structures de financement suivantes :
Bilan 1 Bilan 2
Immobilisations Capitaux Immobilisations Capitaux Propres
nettes 70 Propres 100 nettes 70 40
BFR 30 BFR 30 Dettes financières
nettes 60

Elle présente le compte de résultat prévisionnel suivant :


Résultat prévisionnel
Consommations d’exploitation 15 Produits 60
Autres charges fixes d’exploitation 15
Dotations aux amortissements 6
Questions :
Sachant que le taux de l’impôt sur les bénéfices est de 1/3 et que le taux d’intérêt i est de 10%.
On vous demande de:
1. Calculer les résultats prévisionnels pour les deux structures financières.
2. Calculer les rentabilités économique et financière dans les deux structures.
3. Reprendre les questions dans le cas où le prix de vente ne serait que de 75% du prix
prévu initialement, toutes choses égales par ailleurs.
4. Reprendre les questions dans le cas où toute l’activité (la production) baisserait de
20%.

Application 2 :
Le directeur général (DG) de la société Bêta, filiale du groupe G, présente ses comptes à la
direction du groupe. Les données sont les suivantes (en millions de dinars) :
Année N-1 Année N
Capitaux propres 6 000 6 300
Dettes financières nettes 4 200 5 700
Actif économique AE 10 200 12 000
Résultat d’exploitation REX 1 400 1 450
Frais financiers 320 480
La problématique du DG est la suivante : « La rentabilité des fonds propres a
baissé principalement en raison de la politique financière (sous-entendue : imposée par le
groupe). En effet, le taux d’endettement a augmenté dans le même temps où le coût des
emprunts augmentait aussi. Quand la dette coûte plus cher et qu’on accroît son poids, il est
normal que la rentabilité de l’actionnaire baisse… »
Votre travail est de juger de la pertinence de ce raisonnement. Vous pourrez
vous aider des calculs suivants.
1. Vous vérifierez que le coût de la dette et que le taux d’endettement ont effectivement
augmenté. Le taux d’imposition des bénéfices est de 40%.

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2. Vous calculerez la rentabilité économique Re de l’actif économique et la rentabilité


financière Rf des fonds propres de Bêta en N-1 et N. Vous calculerez la rentabilité
financière de l’entreprise en N dans l’hypothèse où la structure financière de
l’entreprise n’aurait pas changé et serait restée à son niveau de l’année N-1.

Corrigé Application 1 :
1. Calcul des résultats prévisionnels pour les deux structures financières :
Structure financière 1 Structure financière 2
Ventes 60 Ventes 60
- Consommations 15 - Consommations 15
- Autres charges fixes 15 - Autres charges fixes 15
- Dotations aux amortissements 6 - Dotations aux amortissements 6
= REX 24 = REX 24
- Charges financières 6
= RCAI 18
- Impôt sur les bénéfices 8 - Impôt sur les bénéfices 6
= Résultat net 16 = Résultat net 12

2. Calcul des rentabilités économique et financière :


Re1=Re2 =REX*(1-IS)/AE =16/ 100 =16% ⇒Effet de levier >0 car Re =16%>
Rf1=Re1 = 16% (puisque D=0) i’=10%*2/3=6,67%
Rf2=RN/CP=12/40=30%
3. Si le prix de vente ne serait que de 75% du prix prévu initialement, les résultats
prévisionnels pour les 2 structures financières et les rentabilités économique et
financière seraient les suivants :
Structure financière 1 Structure financière 2
Ventes 45 Ventes 45
- Consommations 15 - Consommations 15
- Autres charges fixes 15 - Autres charges fixes 15
- Dotations aux amortissements 6 - Dotations aux amortissements 6
= REX 9 = REX 9
- Charges financières 6
= RCAI 3
- Impôt sur les bénéfices 3 - Impôt sur les bénéfices 1
= Résultat net 6 = Résultat net 2

Re1=Re2 =REX*(1-IS)/AE =6/ 100 = 6% =Rf1 ⇒Effet de levier <0 car Re =6%<
Rf2=RN/CP=2/40=5% i’=6,67%

4. Si toute l’activité baisserait de 20%, les calculs précédents seraient les suivants :

Structure financière 1 Structure financière 2


Ventes 48 Ventes 48
- Consommations 12 - Consommations 12
- Autres charges fixes 15 - Autres charges fixes 15
- Dotations aux amortissements 6 - Dotations aux amortissements 6
= REX 15 = REX 15
- Charges financières 6
= RCAI 9

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- Impôt sur les bénéfices 5 - Impôt sur les bénéfices 3


= Résultat net 10 = Résultat net 6

Re1=Re2 =10/100 = 10% =Rf1 ⇒Effet de levier >0 car Re =10%> i’=6,67%, mais
Rf2=6/40=15% moins important que dans la 1ère question

Corrigé Application 2 :
1. Soit i = le coût de la dette net d’impôt
i= Frais financiers * (1-IS) /Dettes financières nettes
Pour N-1 : i = 320*0,6/4 200 = 4,57% i a ↑ entre les 2 années
Pour N : i = 480*0,6/5 700 = 5,05%
Soit L = le levier financier (le taux d’endettement)
L= Dettes financières nettes /Capitaux propres
Pour N-1 : L = 4 200/ 6 000 = 70% L a ↑ entre les 2 années
Pour N : L =5 700/ 6 300 = 90,48%
Jusqu’ici le DG a raison, le coût de la dette et le taux d’endettement ont augmenté,
mais il faut vérifier si le reste de son raisonnement est pertinent ou pas.
2. Calcul de Re et de Rf en N-1 et N.
Re = REX*(1-IS)/AE
N-1 : Re = 1 400*0,6/10 200 = 8,24% Re a ↓ entre les 2 années
N : Re = 1 450*0,6/12 000 = 7,25%
Rf = RN/CP
Or : RN = (REX –Frais Financiers) *(1-IS)
N-1 : RN = (1 400 –320) *0,6 = 648
N : RN = (1 450 –480) *0,6 = 582
N-1 : Rf = 648/6 000 = 10,8% Rf a ↓ entre les 2 années
N : Rf = 582/6 300 = 9,24%
Le DG a raison, Rf a ↓. Mais est-ce que c’est à cause de la ↑du coût de la dette et du taux
d’endettement ?
Pour répondre à cette question, calculons Rf en N dans l’hypothèse où la structure financière
de l’entreprise n’aurait pas changé et serait restée à son niveau de l’année N-1.
A taux d’endettement constant, c.à.d. égal à 70%, la rentabilité financière de Bêta en N aurait
été égale à :
Rf = Re + (Re -i)*D/CP
Rf = 7,25% + (7,25% -5,05%)*0,7 = 8,79%< Rf réalisée en N = 9,24%
 L’idée de ce cas est de montrer le piège du « bon sens » apparent.
 En effet, le dirigeant de la filiale soutient qu’en augmentant l’endettement alors même que
la dette coûte plus cher, il est normal de « plomber » la rentabilité des fonds propres … Il a
doublement tort :
 Il focalise son diagnostic sur le rôle de la structure financière. Or la cause principale de la
baisse de performance financière est ailleurs, elle réside dans la baisse de la rentabilité
économique (Re est passée de 8,24% à 7,25%).
 Il se trompe dans son propre diagnostic car il additionne deux effets qui jouent en fait à
contre-sens :
 naturellement, la hausse du coût de la dette est pénalisante, elle réduit le bras de levier (la
prime de levier)…
 … mais elle n’annihile pas cette prime qui reste positive ; en effet, le solde (Re – i) reste
positif, de sorte que l’effet de levier est aussi positif au cours de ces deux années. On a
donc intérêt à s’endetter davantage.

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 On peut donc objecter à notre dirigeant que si le taux d’endettement n’avait pas augmenté,
sa performance financière aurait été encore plus mauvaise ! (8,79% au lieu de 9,24%
réellement réalisée)

Remarque : un autre ratio de rentabilité peut aussi être calculé, il s’agit de la rentabilité des
actifs : : le bénéfice net réalisé par unité monétaire investie.

Section 3 : Structure et équilibre financier : FR, BFR et TN


I. Que contient le bilan fonctionnel ?
Actif du bilan fonctionnel Passif du bilan fonctionnel
Actif stable : Ressources permanentes :
Actifs immobilisés (incorporels, corporels et financiers) en Ressources propres :
valeur brute
Autres actifs non courants : charges à répartir sur plusieurs Capital social appelé
exercices
Frais d’établissement à exclure Primes d’émission, de fusion
Actif circulant : Ecarts de réévaluation
Exploitation (activité, opérations courantes) : Réserves
Stocks en valeurs brutes Résultat de l’exercice
Avances et acomptes versés sur commandes en cours Report à nouveau
Autres créances d’exploitation (TVA déductible sur B&S…) Provisions réglementées
Charges constatées d’avance d’exploitation Subventions d’investissements
Créances clients et comptes rattachés (clients douteux, effets Provisions pour risques et charges
à recevoir, effets escomptés et non échus…) en valeurs
brutes
Hors exploitation (pas directement liées à l’activité Amortissements et provisions pour dépréciation d’actifs
principale) :
Valeurs mobilières de placement (VMP) Actifs fictifs en moins
Capital souscrit appelé non versé Dettes financières :
TVA déductible sur immobilisations Emprunts obligataires inscrits pour leur VE
Charges constatées d’avance hors exploitation Emprunts auprès des établissements de crédit – concours
bancaires
Créances diverses (sur cessions d’immobilisation, de Dettes financières diverses – intérêts courus non échus
VMP…)
Trésorerie active : Dettes circulantes :
Disponibilités : banque(s), caisse et C.C.P Dettes circulantes d’exploitation :
Avances et acomptes reçus sur commandes en cours
Fournisseurs et comptes rattachés
Produits constatés d’avance d’exploitation
Autres dettes d’exploitation
Dettes circulantes hors exploitation :
Dettes sur immobilisations
Dettes pour I.S. (impôt sur les sociétés)
Intérêts courus non échus
Dettes diverses
Produits constatés d’avance hors exploitation
Trésorerie passive :
Concours bancaires
Effets escomptés non échus

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II. Comprendre le bilan fonctionnel :


L’actif et le passif du bilan fonctionnel se répartissent en 3 rubriques principales qui, dans
l’analyse, se combinent 2 par 2 pour donner naissance à 3 grandeurs fondamentales en finance
: le fonds de roulement, le besoin en fonds de roulement, la trésorerie.
1. Le fonds de roulement :
Le FR calculé sur la base d’un bilan fonctionnel s’appelle : Fonds de roulement net global
(FRNG) : FR = ressources permanentes – actif stable
Il permet de répondre à la question suivante : Les ressources permanentes suffisent-elles à
financer l’actif stable ?
a. Cas où le FR est > 0 :
Surplus de ressources permanentes, à utiliser pour financer d’autres besoins.

Dans une entreprise industrielle, comment doit être, en situation normale, le FR ? il doit être
>0
Elle a besoin de matériels lourds (machines, installations techniques…) pour la fabrication de
PF. Elle doit donc les financer de façon durable et sûre (ressources permanentes) dans le but
d’éviter les incertitudes de financement de ces biens essentiels à sa survie.
b. Cas où le FR est < 0 :

Il manque des fonds pour financer les immo.


Dans une entreprise industrielle, une IFR est-elle catastrophique ? Non, mais…
Une telle entreprise, lors d’une phase d’invt. massifs, connaît une très forte ↑ des immo. S’il
n’y a pas de ↑ parallèle des ressources permanentes (vu l’importance des invt.) IFR pour
l’année en question.
Cette IFR se régularisera d’elle-même : Pourquoi ? ↑ des immobilisations ⇒↑ de la
production ⇒↑ des ventes et du CA (hyp où l’invt. est stimulé par un désir de croissance)
⇒↑des bénéfices ⇒↑ des ressources permanentes (en N+1) ⇒résorption de l’IFR.
 MAIS...
Si, une entreprise se trouve confrontée à une IFR structurelle, la situation se révèle + délicate
et + risquée: le financement des immo. est aléatoire et + dangereux.

2. Le besoin en fonds de roulement (BFR) :


BFR = actif circulant – dettes circulantes
= BFRE + BFRHE
a. Le BFR d’exploitation (BFRE) :
(Actif circulant– dettes circulantes) d’exploitation

Stocks, clients dettes fournisseurs

 Cas où BFRE > 0 : Besoins > ressources


Une entreprise industrielle présente-t-elle, en général, un BFRE >0 ou <0 ?
Stocks élevés : MP, PSF et PF; stock minimal pour faire face à la demande

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Créances importantes (prix de vente = Ĉ de production + charges de distribution +


marge) > dettes fournisseurs (prix d’achat de mat.1ères ou prestations)
Besoins accrus BFRE >0 important
 Cas où BFRE < 0 : Besoins < Ressources  Ressources en fonds de roulement (RFR).
Une entreprise de distribution (un hypermarché, par exemple) présente-t-elle, en général, un
BFRE ou une RFRE ?  Normalement une RFRE. Pourquoi ?
 Créances clients nulles (au comptant). Besoins d’exploitation
 Stocks peu élevés : rotation très rapide des marchandises (débit important). faibles
 Dettes fournisseurs énormes : quantités commandées très importantes (CA très
convenable pour le fournisseur) ; leur solvabilité n’est plus à prouver garantie pour le
fournisseur d’être payé  délais de paiement très élevés.  Ressources très importantes 
RFRE importantes

b. Le BFR hors exploitation :


(actif circulant – dettes circulantes) hors exploitation

Créances exceptionnelles dettes hors exploitation


Besoins ressources

Pourquoi distinguer le BFRE du BFRHE ?


Pour savoir si l’équilibre financier provient de l’activité propre ou des opérations
exceptionnelles.
Si BFRN = 100 avec BFREN = 90 et BFRHEN =10  ensemble correct.
Si BFRN = 100 avec BFREN = 250 et BFRHEN = -150  Niveau du BFRE alarmant
Un sérieux malaise quant à l’activité principale. La société va canaliser efficacement ses
efforts et tout mettre en œuvre afin de diminuer les BFRE.
Si en N+1, BFRE passe à 100 et BFRHE à -50  BFR = 50 Diminution notable des BFRE
: efforts à poursuivre.
Si en N+1, BFRE = 250 et BFRHE = -50 BFR = 200 BFR a doublé car BFRE maintenu
à un niveau inacceptable (aucune mesure de redressement en sa faveur). Risque de gros
problèmes financiers : sérieux déséquilibre financier : besoins en trésorerie trop lourds.
3. La trésorerie nette : TN
Trésorerie Active – Trésorerie Passive
Elle permet de savoir si l’entreprise possède une trésorerie saine : ni trop >0 ni trop <0.
L’entreprise doit se montrer très vigilante quant à sa situation financière et s’efforcer de gérer
sa trésorerie le mieux possible.
La trésorerie est la résultante de maintes stratégies car son état est étroitement lié à celui du
FR et du BFR.
En effet, FR = Ressources permanentes – actif stable
BFR = Actif circulant – dettes circulantes
T = Trésorerie active – trésorerie passive
T = (Total bilan – actif stable – actifs circulants) – (Total bilan – ressources permanentes –
dettes circulantes)
T = (Ressources permanentes – actif stable) – (actifs circulants – dettes circulantes)
T = FR – BFR
Si par exp, FR = 200 et BFR = 300
Le FR (200) : un excédent de ressources % aux immo.
Le BFR (300) : un besoin de liquidités
L’entreprise va utiliser son FR de 200 pour financer une partie des BFR, mais tout le BFR
n’est pas couvert.

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Comment faire dans ce cas ? Tout simplement, l’entreprise fera appel aux découverts
bancaires pour la différence, soit 100.
La trésorerie est donc une résultante du FR et du BFR puisque T=200 - 300= - 100=FR - BFR
L’analyse du FR, BFR et T d’obtenir une 1ère impression quant à la santé de l’entreprise.
Gérer sa trésorerie signifie donc gérer son FR et son BFR.

III. Analyse des différents équilibres financiers du bilan fonctionnel :


a. Premier type d’équilibre :
FR = 400 ; BFR = 350 ; TN = 50
FR = 400 > 0  RESSOURCE
BFR = 350 > 0  BESOIN
Comment va-t-elle utiliser les ressources de 400 ?
1. Financer ses besoins d’argent : les BFR de 350.
2. Sur les 400, seuls 350 ont été dépensés ; il reste donc 50 de trésorerie >0.

Rmqs :
 La trésorerie n’est pas analysée comme un besoin, son positionnement dans la balance en
besoins ne répond qu’au seul objectif de maintenir l’équilibre entre les besoins et les
ressources.
 L’équilibre financier apparaît plus clairement lorsqu’il est inscrit en pourcentages.
 L’analyse de l’équilibre financier peut se décomposer en 3 étapes : le constat, l’analyse et
les solutions.
1. Le constat :
L’entreprise dégage un FR ses ressources permanentes financent la totalité des immob. et
dégagent un excédent de ressources dont 88 % servent à financer les BFR. Les 12 % restants
constituent de la trésorerie >0.
2. L’analyse :
Il faut se garder, à ce stade, d’émettre un jugement sur cette situation, et ce pour plusieurs
raisons :
– on ne connaît encore rien de l’activité de l’entreprise et de ses documents de synthèse,
– on ne possède aucune information sur les années ‫‏‬antérieures.
Ce préalable étant posé, l’analyse sera effectuée avec toutes les réserves possibles.
Dans le cas présent, il s’agit d’un équilibre très sain : l’entreprise dispose de suffisamment de
ressources pour financer tous ses besoins et dégager un petit excédent de trésorerie : une
certaine marge de manœuvre pour payer des dépenses imprévues.
3. Les solutions :
Cet équilibre doit être structurel (se maintenir sur plusieurs années) pour pouvoir être
considéré comme sain.
Après un diagnostic satisfaisant, les gestionnaires rassurés ont tendance à relâcher leur
attention ; attitude sanctionnée souvent par l’apparition d’un déséquilibre les années
suivantes.
Ne l’oublions jamais : une situation saine ne se maintient qu’au prix d’une
vigilance sans défaut.
Rmq : Cet équilibre financier est l’idéal pour une entreprise industrielle : FR
élevé ⇒ toutes les immo. financées par des ressources durables ; les importants BFR couverts
par des ressources stables ; par prudence, l’entreprise dégage un excédent de trésorerie.

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

Il y a 2 équilibres du type FR/BFR/TN+ : (1) : TN<BFR ; (2) : TN>BFR : 2 équilibres sains.


La 2ème situation présente une faiblesse : niveau beaucoup trop élevé de TN+, synonyme «
d’argent qui dort ». Le FR ne sert à rien car il ne fait que financer la trésorerie.
Solution : placer l’essentiel de la trésorerie en valeurs mobilières de placement (VMP) pour la
faire fructifier.
Exemple : Situation initiale : FR = 400 ; BFR = 50 (12%) ; TN = 350 (88%) Placement de
330 en VMP
Situation finale : FR=400 ; BFR=380 : 50+330 (95%) ; TN=20 : 350 – 330 (5%) : la TN+ ↓
au profit du BFR.
REMARQUE :
Le placement de l’excédent de trésorerie en VMP n’est pas systématique :
1. S’abstenir de placer l’argent s’il doit servir à payer une facture importante dont l’échéance
est proche ;
2. Effectuer un placement à long terme : spéculatif (titres immobilisés) ; ou prise de
participation dans une autre entreprise (titres de participation) ; ou un moyen de financer
des investissements envisagés (immo. corporelles...).
Situation après placement en immobilisations (330)
FR= 70 : 400 – 330 (immo) ; BFR = 50 (71%) ; TN= 20 : 350 – 330 (29%)
Le choix entre le placement en VMP ou en immo. dépend des besoins immédiats de
l’entreprise en liquidités.

b. Deuxième type d’équilibre :


 FR = 400 ; BFR = 450 ; TN = - 50 ⇒ TN- = 50

1. Le constat :
FR>0 : ressources permanentes couvrent la totalité des immo, mais ne financent que 89 % des
BFR ⇒obligation de faire appel aux concours bancaires (TN-).
2. L’analyse :
Le recours aux concours bancaires n’a rien de blâmable dans la mesure où leur proportion
reste raisonnable.
La situation ne devient risquée que lorsque cette proportion devient inacceptable (> 30 %).
L’équilibre financier ne se transforme pas radicalement d’une année sur l’autre. Sa
modification est plus lente.
L’augmentation très lente de la TN- est dangereuse : les dirigeants ne se rendent pas compte
suffisamment tôt de la dégradation progressive de la situation et s’avisent trop tard de
l’urgence des mesures de redressement Un déséquilibre structurel s’installe. Risques :
 Les découverts bancaires importants génèrent des agios considérables qui viennent grever
le résultat de l’entreprise et contribuent très largement à son déficit.
 En cas de dépassement du seuil maximal autorisé, la banque peut cesser d’octroyer des
découverts supplémentaires à l’entreprise  état de cessation de paiement : elle doit payer
ses dettes arrivant à échéance sans pouvoir faire appel au concours bancaires.
MORALITÉ : niveau des découverts à surveiller constamment, afin d’anticiper les
éventuelles difficultés.

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

3. Les solutions pour résorber le niveau des découverts :


 Accroître le FR :
 Augmenter les ressources propres : ↑ le capital social, ↓ la distribution de dividendes et ↑ la
mise en réserves (assurer son autofinancement)
 Augmenter les dettes financières : négocier un emprunt à LT auprès de la banque. C’est
possible uniquement si l’entreprise est peu endettée à M&LTl’endettement permettrait
de réguler le niveau des concours bancaires, ses intérêts sont nettement moins coûteux, ses
remboursements s’échelonnent dans le temps (les découverts doivent se rembourser à
brève échéance).
 Diminuer les immo. financières ou corporelles non productives (terrain acheté dans le but
de faire une bonne opération financière).
 Diminuer les BFR ?
 Diminuer les stocks en ajustant la production avec les ventes prévues (éviter les difficultés
de trésorerie liées au retard des recettes). Attention au risque de rupture de stocks.
 Réduire les créances clients en diminuant les délais de paiement (risque de voir ses
clients s’approvisionner chez les concurrents) ; les créances douteuses.
 Augmenter les dettes fournisseurs en négociant des délais de paiement plus longs avec
ses gros fournisseurs.
 Rmq : ces solutions ne sont pas exhaustives (les postes principaux). Il faudrait
procéder aussi à l’examen des postes hors exploitation.

c. Troisième type d’équilibre :


FR = - 200  IFR ; BFR = 50 ; T = -250 TN- = 250

1. Le constat :
L’entreprise n’a que des besoins d’argent (FR < 0 et BFR > 0), comment les financer ? En
ayant recours aux concours bancaires : les découverts financent les BFR et une partie des
immo. (ressources permanentes insuffisantes pour financer l’ensemble des immo.).
2. L’analyse :
Une situation très risquée : totale dépendance de l’entreprise vis-à-vis des banques.
Cependant, cet équilibre n’est pas toujours catastrophique.
C’est le cas d’une entreprise qui vient d’effectuer des Invts. massifs qui n’ont pas pu être
financés en totalité par des ressources permanentes ⇒le recours aux concours bancaires
ponctuellement.
Cette situation peut s’auto-équilibrer dès l’année suivante : Invts. massifs fin N  en N + 1 :
↑ de la production, des ventes, du CA, du résultat et donc des ressources propres 
reconstitution du FR.
Attention : les découverts bancaires constituent une solution de financement onéreuse.
3. Les solutions :
1ère solution : restructuration du FR : ↑ de capital, ↑ des réserves, ↑ des emprunts,
reconstitution des marges (en cas de pertes) par un meilleur contrôle des coûts.
2ème solution : diminuer les BFR : ↓ des stocks, ↓ des créances clients,↑ des dettes
fournisseurs.

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

d. Quatrième type d’équilibre :


FR = 200 ; BFR = – 400  TN = 600 : 200 – (– 400)

1. Le constat :
L’entreprise ne cesse de dégager des surplus d’argent (FR>0 et BFR<0), ce qui entraîne un
excédent de trésorerie. L’activité engendre des RFR qui s’ajoutent à un excédent de
ressources permanentes pour permettre de dégager d’importantes disponibilités.
2. L’analyse :
Equilibre très rare dans une entreprise industrielle car BFR élevé. Il n’est possible que si
RFRHE >>BFRE  RFR : situation exceptionnelle rarement connue plusieurs années de
suite.
Situation normale pour une entreprise de la grande distribution car elle dégage
structurellement des RFRE importantes.
Seule critique à adresser à cet équilibre : l’argent n’est pas fructifié  mauvaise gestion de
trésorerie.
3. Les solutions :
Faire « travailler » ses disponibilités en les plaçant en VMP, titres immobilisés, titres de
participation, immobilisations (pour investissements).
Exemple : Plaçons 550 de disponibilités en VMP.
Après ce placement, FR=200 ; BFR=150 (– 400 + 550) : 75% des besoins ; TN=50 (600 –
550) : 25% des besoins.
e. Cinquième type d’équilibre :
FR= –250 ⇒IFR ; BFR= – 350⇒RFR  TN=100= – 250 – (– 350)

1. Le constat :
RFR >>> IFR trésorerie nette (29% des RFR) : ressources permanentes ne couvrent pas la
totalité des actifs immobilisés.
2. L’analyse :
 Cas d’une entreprise industrielle :
IFR : situation risquée car le financement de certaines immo. est étroitement lié au cycle
d’exploitation et hors exploitation : ce sont les RFR qui assurent la « soudure» ; sauf si elle
provient d’une phase d’invts. Massifs (la situation va s’auto-équilibrer).
L’entreprise peut dégager des RFR grâce à la réalisation d’opérations d’exploitation : une
bonne négociation des crédits fournisseurs ou clients, à une gestion de stocks judicieuse ou
éventuellement à la réalisation d’opérations exceptionnelles (RFRHE) : lors d’acquisition
d’Immo à crédit.
Une certaine perte de contrôle d’une partie de la société, puisque le financement de certaines
immo. dépend du bon vouloir des clients ou des fournisseurs ⇒ dépendance vis-à- vis des

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

tiers (la moindre modification de ces crédits se traduit par des difficultés de trésorerie :
situation délicate).
⇒ Incertitude permanente quant au financement des immo: dégagera-t-elle dans l’avenir des
RFR ou des BFR ?
 Cas d’une entreprise de la grande distribution :
L’équilibre IFR et RFR est très classique et sain.
L’IFR n’engendre aucun déséquilibre pour ce type d’entreprise car les RFRE sont
permanentes et assurent le financement de l’IFR sans la moindre inquiétude.
Dans ce cas précis, l’IFR est volontaire : pourquoi emprunter ou faire appel aux associés ou
actionnaires quand, à elle seule, l’activité de l’entreprise suffira à couvrir lesdites
immobilisations.
Les RFRE financent une partie de l’actif stable, constituant ainsi un bon placement financier.
3. Les solutions :
Pour une entreprise industrielle : reconstituer le FR (↑ le capital, s’endetter à M &LT si
l’entreprise ne l’est pas déjà trop, reconstituer la marge de l’entreprise...)
Pour une entreprise de distribution : placer à CT les excédents de trésorerie.

f. Sixième type d’équilibre :


FR= – 250 ; BFR= – 150 TN= – 100= – 250 – (– 150)

1. Le constat :
Les ressources permanentes ne suffisent pas à financer la totalité des immo. qui sont couvertes
à raison de 60 % par les RFR, le solde étant financé par le découvert.
2. L’analyse :
 Cas d’une entreprise industrielle :
Cet équilibre pourrait succéder à la structure précédente : ↓ des RFR (aléatoires) qui ne
suffisent plus à financer l’IFR ⇒nécessité de faire appel aux concours bancaires.
Situation non maîtrisée : dépendance vis-à-vis des tiers et des banques (découverts) pour
financer ses immo.
Un équilibre précaire (risques financiers) :
 instabilité des RFR (incertitude du financement de l’actif stable),
 coût élevé des découverts bancaires,
 perte de confiance des banques qui risquent, à tout moment, de supprimer l’octroi de
concours bancaires,
 perte de contrôle de l’entreprise : dépendance accrue vis-à-vis des tiers et du système
bancaire.
 Cas d’une entreprise de distribution :
Equilibre classique, mais la part de l’IFR devient trop importante pour pouvoir être financée
par les RFR. Cela est dû soit à une surestimation des RFR escomptées, soit l’IFR a été
beaucoup plus élevée que prévu (perte importante..).
3. Les solutions :
 Pour une entreprise industrielle : Reconstitution du FR (↑ du capital, s’endetter à M & LT,
reconstituer la marge de l’entreprise).

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

 Pour une entreprise de distribution : Réduire l’IFR pour qu’elle soit financée
intégralement par des RFR structurelles : faire appel aux actionnaires, accroître la
rentabilité, emprunter à M & LT.

IV. Analyse du BFR en lien avec le niveau d’activité de l’entreprise :


La démarche spontanée de toute analyse financière consiste à rapporter le BFR à l’activité
(CAHT) ; c.à.d. à exprimer le BFR en % du CAHT
Le ratio BFR/CAHT traduit le fait que le cycle d’exploitation induit un solde net de besoins.
Solde = argent gelé (immobilisé) à un moment donné résultant de la structure du cycle
d’exploitation.
Un ratio de 25%, signifie que le quart du CAHT est gelé c.à.d. immobilisé en stocks et en
créances clients non financés par les dettes fournisseurs. L’entreprise doit avoir en
permanence à sa disposition des fonds représentant le quart du chiffre d’affaires qui lui
servent à couvrir ce besoin.
L’analyse financière consiste à redécouvrir la réalité derrière les évolutions du BFR à travers
les éléments qui le composent. Ceci est possible via le calcul des ratios de rotation à partir
des informations comptables.
Cette étude présente néanmoins certaines limites : délais peuvent évoluer / activité saisonnière
(bilan de fin d’exercice peut ne pas refléter la réalité de la vie de l’entreprise) / conditions de
paiement ne sont pas les mêmes pour tous les clients ou les fournisseurs / conditions de
production ne sont pas identiques d’un produit à l’autre …
a. Ratios de rotation des stocks :
Ratio Construction Signification
Rotation Coût d'achat de Capacité de la firme à transformer son stock en
stocks marchandises vendues / créances ou en liquidités
marchandises Stock moyen
Délai 360/Ratio Rotation Temps de renouvellement des stocks
d’écoulement stocks - Si délai élevé : sur-stockage, coût de stockage
des stocks élevé ou marchandises difficilement écoulées
- Si délai court : BFR ↓, coût de stockage faible,
mais risque de rupture de stocks ↑
b. Ratios de rotation des clients :
Ratio Construction Signification
Rotation Ventes à crédit (TTC) / Capacité de la firme à recouvrir ses créances
crédit clients créances clients
Délai de 360* créances clients / Temps moyen pour qu’une unité du stock vendue
recouvrement ventes à crédit TTC soit recouvrée pour générer de la trésorerie
- Par comparaison au secteur, si délai court :
politique de crédit jugée sévère, ventes ↓
- Si délai long, ventes ↑ mais risque de non
recouvrement + important

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

c. Ratios de rotation des fournisseurs :


Ratio Construction Signification
Rotation Achat à crédit TTC / Capacité de la firme à rembourser ses dettes
dettes Dettes fournisseurs fournisseurs
fournisseurs
Délai moyen 360* Dettes Temps qui s’écoule entre l’achat et le règlement
de paiement fournisseurs / Achat à Si délai allongé => dettes fournisseurs plus
crédit TTC importantes => BFR diminue
 Pour l’entreprise en croissance, le BFR devrait évoluer parallèlement à l’activité, en
pratique il croît plus vite que le CA.
 En période de récession, le BFR continue paradoxalement à croitre car les mesures de
restrictions ne sont pas immédiatement suivies d’effets. Ce n’est qu’en fin de crise
qu’apparait l’aisance de trésorerie liée à sa réduction.
 Un BFR très faible ou négatif constitue un facteur stratégique très favorable au
développement d’une politique de croissance (performance des entreprises de grande
distribution).
Application : Entreprise SMILE
On vous demande d’analyser la situation de l’entreprise SMILE au vu des ratios
suivants relatifs à son activité et en comparaison avec le secteur
Ratios Formule N+2 N+1 N Secteur
Délai recouvrement 360* créances clients / ventes à 35 j 32 j 36 j 27 j
créances crédit TTC

Ratios Formule N+2 N+1 N Secteur


Rotation stocks Coût d'achat de marchandises vendues / 10,65 9,33 7,4 10,7 fois
Stock moyen fois

Ratios Formule N+2 N+1 N Secteur


Marge nette Bénéfice net / ventes 3,31% 3,2% 3,36% 7,7%
Rotation des actifs Ventes / Total actif 1,6 fois 1,77 1,56 1,33
Endettement Total actif / CP 3,05 3,099 3,014 2,6
Rentabilité financière Bénéfice Net / CP 16,24% 17,61% 15,9% 26,22%
• La mauvaise Rf par rapport au secteur résulte essentiellement d’une mauvaise
performance commerciale (R. marge nette). La rotation des actifs est légèrement > à

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celle du secteur (elle utilise plus efficacement son actif). Son levier financier est
légèrement > à celui du secteur (cela ne pose pas de problème de surendettement).
• Il faut faire appel à la direction marketing pour renforcer la promotion de ses produits,
ce qui améliorera le volume des ventes, son bénéfice net et sa marge nette.

Section 4 : Liquidité et Solvabilité


L’analyse de la solvabilité de l’entreprise et son aptitude à surmonter le risque de faillite
s’effectue en se basant sur les ratios relatifs à l’autonomie financière, la capacité de
remboursement et le taux d’autofinancement (bilan fonctionnel).
L’analyse de sa liquidité se fait via les ratios de liquidité (bilan financier).
L’emploi de ces ratios permet d’affiner le jugement que l’on souhaite porter sur la santé
financière de l’entreprise et de compléter l’étude de l’équilibre financier (FR, BFR,
Trésorerie).
I. Analyse de la solvabilité : ressources propres
1. Autonomie financière (ou ratio de solvabilité) : dettes financière s
Il permet de savoir si l’entreprise n’a pas contracté trop d’emprunts.
Il doit être > à 100%.
Si dettes > ressources propres : une source de danger pour les banques et les entreprises.
 Danger pour les banques :
Risque de ne pas être remboursées en cas de défaillance de leur client si elles ont prêté au-delà
de ses capacités de remboursement.
 Danger pour les entreprises :
Des problèmes de remboursement trop élevés et des intérêts à payer démesurés (qui réduiront
ses capacités de payer ses charges habituelles de gestion : achats de matières 1 ères, charges de
personnel, impôts et taxes…).
 Plus le ratio d’autonomie financière est élevé, plus elle dispose d’une grande liberté
d’action.
En cas de besoins importants, elle peut compter sur :
 ses propres ressources,
 et celles des banques qui, du fait de son excellente assise financière, apporteront sans
difficulté leur concours (prêts, découverts…).
 Entreprise très endettée : risques évidents de cessation de paiement.
 Attention : une entreprise très autonome n’est pas la situation idéale. En effet, par
l’intermédiaire des banques, les entreprises peuvent accéder à des ressources, dont
elles n’auraient jamais pu disposer, pour favoriser leur croissance et assurer un
financement rapide de leurs projets d’investissements.
Un autre ratio permet de mesurer l’autonomie financière de l’entreprise. Il s’agit du ratio
ressources propres
d’autonomie financière globale : dettes financières  trésorerie passive
Il permet de savoir si l’entreprise est dépendante du système bancaire en général car la
dépendance vis-à-vis du système bancaire ne signifie pas uniquement emprunts, mais aussi
découverts bancaires.
En raison du coût très élevé des concours bancaires, il est intéressant de compléter le ratio
d’autonomie financière par l’étude de l’autonomie financière globale.
Ce ratio doit être > 100%.
Si par exemple, une entreprise a un ratio d’autonomie financière = 250% et un ratio
d’autonomie financière globale = 70%.
Elle est peu endettée sur le long terme, mais elle fait largement appel aux concours bancaires.
Si cette dépendance financière prévaut depuis plusieurs années, elle dénonce une mauvaise
gestion : les agios payés sur les découverts bancaires sont très coûteux.

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

 Il faudrait donc convertir ces découverts en emprunts à MT dont les intérêts sont beaucoup
moins élevés.
Cependant, si cette situation n’est que ponctuelle, cela prouve que l’entreprise a été
confrontée à des dépenses inattendues ayant entraîné des découverts bancaires.
dettes financière s
2. Capacité de remboursement : capacité d' autofinanc ement
Il permet de savoir en combien de temps l’entreprise serait-elle capable de rembourser ses
dettes financières (emprunts) si elle utilisait toute sa CAF à cet usage ?
Il est exprimé en nombre d’années car la CAF se calcule sur la base du résultat net obtenu
chaque année.
Si par exemple, capacité de remboursement = 2 dettes financières = 2 x CAF  2 CAF
permettraient de rembourser les emprunts. Il serait donc nécessaire d’avoir 2 exercices
d’activité (une CAF par an).
Ce ratio doit être le plus faible possible, car la CAF ne peut servir exclusivement au
remboursement des dettes financières (finance les investissements, rémunère les
actionnaires…).
Plus ce ratio est élevé, plus l’entreprise a des difficultés quant au remboursement des
emprunts contractés.
Les banques, en général, exigent que ce ratio ≤ 3 ans.
Charges financière s
3. Impact des charges financières sur l’EBE : EBE
Il permet de savoir si l’importance des charges financières met en péril l’entreprise.
+ ce ratio est élevé, + la part réservée aux charges financières est importante et - il en reste
pour les DAMP et le résultat (qui ne doivent pas être négligés).
Les DAMP constituent une charge indispensable à l’activité des entreprises industrielles.
Le résultat permet de financer les investissements futurs grâce aux réserves qui assurent
l’autofinancement.
Si ce ratio augmente : l’accroissement de l’EBE est insuffisant par rapport à celui de
l’endettement.
On peut aussi calculer l’impact des charges financières sur le REX pour connaitre la capacité
de l’entreprise à couvrir ses frais financiers.
Autofinanc ement
4. Le ratio d’autofinancement :
Investissements  variation du BFR
Il permet de savoir si les ressources dégagées par l’activité annuelle, et maintenues dans
l’entreprise, suffisent à financer les investissements de l’année.
S’il est > 100%, l’autofinancement suffit pour couvrir les achats d’immo et les ↑ des BFR.
S’il est <100%, l’autofinancement est insuffisant pour couvrir ses invts. Il faut recourir à
d’autres sources de financement : emprunt, ↑ de capital…

II. Analyse de la liquidité :


Elle se fait à travers le calcul des ratios de liquidité issus du bilan financier.
1. Le bilan financier :
Il a pour rôle d’évaluer la capacité de l’entreprise à faire face à ses dettes à moins d’un an.
C’est un bilan comptable retraité en fonction des critères suivants : liquidité, exigibilité et
solvabilité qui intéressent particulièrement les banques.
On peut le schématiser ainsi :

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Actif Passif
Actif à plus d’un an : Capitaux permanents :
Immobilisations hors actifs Capitaux propres : capital social, primes d’émission et de fusion,
fictifs, échéances de écarts de réévaluation, réserves, report à nouveau, + ou - values
remboursement à – d’1an des latentes, provisions pour risques et charges non justifiées, comptes
prêts, immo. à vendre dans un courants bloqués - actifs fictifs
avenir proche (valeur réelle ou
actuelle sinon VNC)
Stock outil (stock de sécurité) Dettes à plus d’un an : emprunts obligataires sauf la partie
remboursable à – d’1an, emprunts bancaires sauf la partie
Créances clients douteuses à + remboursable à – d’1an et les découverts, dettes financières
d’1an diverses sauf les intérêts courus non échus et la partie de l’emprunt
Autres créances à + d’1an : remboursable à – d’1an, provisions pour risques et charges
charges constatées d’avance… justifiées à + d’1an

Actif à moins d’un an : Dettes à moins d’un an :


Valeurs d’exploitation (stocks) dividendes à payer
Valeurs réalisables : immo. à – provisions pour risques et charges justifiées à – d’1an
d’1an, avances et acomptes
versés sur commandes, créances dettes financières à – d’1an sauf les découverts
clients et comptes rattachés, intérêts courus non échus
autres créances à – d’1an : TVA
déductible sur B&S, crédits de avances et acomptes reçus sur commandes
TVA, charges constatées
d’avance à – d’1an, VMP
dettes fournisseurs et comptes rattachés
dettes fiscales et sociales
dettes diverses
Valeurs disponibles :
produits constatés d’avance à CT
disponibilités, VMP facilement
négociables découverts bancaires

2. Les ratios de liquidité :


Ces ratios sont calculés comme si l’entreprise allait être vendue.
Cette optique liquidative permet aux tiers de mesurer les risques de non-paiement encourus
dans leurs rapports avec ladite société.
valeurs disponible s
 Le 1er ratio est le suivant : Ratio de liquidité immédiate 
dettes à court terme
Il permet de savoir si l’argent disponible suffit à financer la totalité des dettes à CT.
En général, ce ratio est <100%.
Dans le cas inverse, l’entreprise dispose de suffisamment d’argent à la banque pour financer
non seulement les dettes à très CT, mais encore les dettes à échéance plus lointaine de l’ordre
de 6 à 11 mois ⇒elle a trop de disponibilité : synonyme d’argent qui dort.
 Le 2nd ratio est le suivant :
Actifs à moins d' un an hors stocks
Ratio de liquidité réduite 
Passifs à moins d' un an
valeurs réalisable s  valeurs disponible s 31

dettes à court terme
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Il n’est à calculer que si le ratio de liquidité immédiate est <100%.


Il permet de savoir si l’argent dont dispose l’entreprise à la banque + l’argent qu’elle attend de
ses créanciers suffisent à payer toutes les dettes à CT ?
Afin d’éviter les problèmes de trésorerie, il est préférable que ce ratio avoisine les 100% pour
pouvoir faire face aux échéances des fournisseurs.
Toutefois, l’entreprise peut rencontrer des difficultés de trésorerie même avec un ratio
>100%.
C’est le cas des entreprises qui accordent des délais à leurs clients nettement supérieurs aux
délais accordés par les fournisseurs.
L’idéal est que les délais accordés par les fournisseurs soient supérieurs aux délais consentis
aux clients.
Si le ratio de liquidité réduite est <100%, il faut calculer le ratio de liquidité générale.
Actifs à moins d' un an
Ratio de liquidité générale 
Passifs à moins d' un an
valeurs d' exploitati on  valeurs réalisable s  valeurs disponible s

dettes à court terme
Il permet de savoir si l’argent disponible + l’argent qu’elle va encaisser de ses débiteurs +
l’argent immobilisé dans ses stocks permettraient d’assurer le paiement de toutes les dettes à
CT.
S’il est <100%, l’entreprise connaît un problème de solvabilité à CT car, en cas de liquidation,
elle ne pourrait régler ses dettes à CT par ses créances à CT.
Il faudrait vendre des immo. pour assurer le paiement des fournisseurs (mauvais signe) ou
trouver une solution urgente de financement (emprunt, apports d’actionnaires…).
L’entreprise peut avoir un ratio >100% et, malgré tout, rencontrer des difficultés de trésorerie.
C’est le cas où les dettes à CT arrivent à échéance alors que les créances arrivent à terme plus
tardivement.
Il faut trouver des solutions ponctuelles de financement dont la principale est le découvert
bancaire.
Cette solution n’est pas idéale car elle ne fait qu’accentuer le déséquilibre de l’entreprise : les
concours bancaires venant s’ajouter aux dettes à CT. Le ratio de liquidité générale va
diminuer.
Pire, au cas où la banque cesserait d’apporter son concours, l’entreprise se retrouverait
certainement en situation de cessation de paiement.

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

Nous pouvons résumer la portée de ces 3 ratios de liquidité de la façon


suivante :

- Les tiers sont satisfaits car assurés


Ratio de liquidité immédiate de leur paiement.
OUI - Mauvaise gestion de la trésorerie :
>100%
car argent qui dort.
NON
- L’entreprise est capable de régler
ses dettes avec l’argent dont elle
Ratio de liquidité réduite dispose et celui qu’elle attend de ses
OUI clients.
>100%
- Être attentif aux décalages des
crédits clients et fournisseurs.
NON
- L’entreprise est solvable à CT.
- Elle doit surveiller ses crédits
clients, ses crédits fournisseurs et
Ratio de liquidité générale OUI les délais d’écoulement de ses
>100% stocks, car elle risque d’être
DANGER : problème de confrontée à des problèmes de
solvabilité et de trésorerie. trésorerie pour régler ses dettes.
NON RISQUE de cessation de 150
paiement

Application : La société Cosmos Body versus Yosr Beauté


La société « Cosmos Body » et la société « Yosr Beauté » sont deux entreprises
industrielles spécialisées dans la fabrication des produits cosmétiques. Ces deux sociétés
partagent le marché tunisien et sont en concurrence. En vous basant sur les informations
suivantes les concernant, on vous demande d’analyser leurs situations financières.

Indicateurs Cosmos Body Yosr Beauté


FR 1 000 85 100
BFR 10 000 35 100
TN - 9 000 50 000
Liquidité générale 1,01 6,7
Liquidité réduite 0,802 4,697
Liquidité immédiate 0,0729 3,355
Délai recouvrement client 60 j 15 jours
Délai de règlement fournisseur 36 j 10 jours
Solvabilité générale 0,0819 1,631
Rentabilité financière 0,0427 0,232
Rentabilité économique 0,097 0,203
Taux d’intérêt sur dettes 10% 10%

Donc il serait intéressant de procéder à une analyse comparative dans l’espace.


Analyse de l’équilibre financier :
- FR > 0 : les deux entreprises financent la totalité de leurs actifs immobilisés par les capitaux
permanents et dégagent une marge de sécurité.
- Pour la société « Cosmos Body » le FR dégagé n’est pas assez important, d’ailleurs c’est
pour cette raison qu’elle n’arrive pas à couvrir le BFR, par conséquent nous avons une TN <0.
- Cosmos Body est en déséquilibre à CT. Ce problème de liquidité peut être la cause d’une
situation d’insolvabilité.

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

- Pour la société « Yosr Beauté » la situation est à priori bonne, le FR arrive facilement à
couvrir le BFR et on dégage une trésorerie positive qui constitue une marge de sécurité.
Toutefois, il faut bien vérifier si cette trésorerie n’est pas oisive.
Analyse de liquidité :
- Cosmos Body est solvable à court terme puisque son ratio de liquidité générale est >1, en
revanche elle a recours au découvert bancaire avec les risques qui en découlent (agios
considérables, risque de non renouvellement).
- Par contre Yosr Beauté n’utilise pas efficacement son excédent de trésorerie puisque son
ratio de liquidité immédiate = 3,355.
Analyse d’activité :
- Le résultat que nous avons trouvé est bien visible aussi au niveau des délais de
recouvrements des clients qui sont largement plus important chez Cosmos Body que chez
Yosr Beauté.
- Yosr Beauté bénéficie de délais moins favorables par rapport à la société concurrente.
- Cosmos body : délai clients > délai fournisseurs : difficulté de trésorerie lors du règlement
des dettes à court terme.
Analyse de solvabilité :
- L’analyse du ratio de solvabilité montre qu’il est plus favorable chez la société Yosr Beauté
que chez la société Cosmos Body, en effet les capitaux propres de cette dernière sont très
faibles et le niveau d’endettement est très important.
Analyse de rentabilité :
- Effet de levier lié à l’endettement est défavorable pour l’entreprise Cosmos Body car Re<i
- Effet de levier lié à l’endettement est favorable pour l’entreprise Yosr Beauté car Re>i
Recommandations :
- La société « Cosmos Body » devrait améliorer l’équilibre financier de son entreprise à
travers l’augmentation du capital social (nouveaux apports) et les réserves pour renforcer ses
ressources permanentes.
 ceci permettra l’évolution à la hausse du niveau du FR ainsi que celui de la trésorerie
 le ratio de solvabilité générale sera amélioré puisqu’il y aura une augmentation de la
situation nette réelle
 ceci permettrait éventuellement d’emprunter auprès des établissements financiers de
nouvelles dettes pour rembourser ses anciennes dettes à condition que le taux d’intérêt
soit inférieur à la Re.
- La société Yosr Beauté devrait faire fructifier sa trésorerie.

Section 5 : Scoring et Risque financier


1. Principe de la méthode des scores :
La méthode des scores, ou « credit scoring » est une technique d’analyse destinée à
diagnostiquer préventivement les difficultés des entreprises.
L’idée de base est de déterminer, à partir des comptes des sociétés, des ratios qui soient des
indicateurs avancés (2 à 3 ans à l’avance) des difficultés des entreprises.
Une fois ces ratios établis, il suffit de calculer leurs valeurs pour une entreprise donnée et de
les comparer à la valeur des ratios des entreprises ayant connu des difficultés ou des
défaillances.
La comparaison ne s’effectue pas ratio par ratio, mais globalement.

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K.SADDOUR DRIDI DFGT-3ème Finance AU : 2019-2020

Les ratios sont agrégés dans une fonction, appelée Z ou fonction score, qui permet de donner
pour chaque entreprise une note : le score. n
La formule Z a en général la forme suivante : Z  a    i  Ri
i 1

où a est une constante, Ri : les ratios, βi : le poids relatif attaché au ratio Ri, n : le nombre de
ratios retenus.
Développée aux Etats-Unis à la fin des années 60 par E. Altman, la famille des scores a connu
un vif succès, la dernière version Z’’ était la suivante :
Z’’ = 6,56 X1+3,26X2+6,72X3+1,05X4
Avec : X1 : BFR/ total actif
X2: Résultat mis en réserves/ total actif
X3: REX/ total actif
X4: Capitaux propres/ endettement net
Z’’<1,1 1,1<Z’’<2,6 Z’’>2,6
Probabilité de défaillance élevée zone grise faible
La centrale des bilans de la Banque de France a mis au point la fonction score Z suivante :
100Z= -1,255X1+2,003X2-0,824X3+5,221X4-0,689X5-1,164X6+0,706X7+1,408X8-85,544
Avec : X1: frais financiers/résultat économique brut
X2: ressources stables/capitaux investis (immo brutes+BFRE)
X3: CAF/endettement
X4 : résultat économique brut /CA HT
X5 : dettes commerciales/achats TTC
X6 : taux de variation de la VA
X7 : (stocks encours – avances clients + créances commerciales)/ production TTC
X8 : investissements physiques / VA
 Si Z > 0,125 : entreprise normale
 Si Z > - 0,25 : l’entreprise présente des caractéristiques comparables à celles des
entreprises défaillantes durant les 3 dernières années de leur activité
 Si -0,25 < Z < 0,125 : zone d’incertitude

2. Intérêts et limites de la méthode des scores :


Elle présente essentiellement 2 contributions :
Appréciation synthétique de la situation dans une optique prévisionnelle : approche efficace
du risque de faillite dans un but d’auto-diagnostic ou dans une perspective de surveillance des
risques par des partenaires extérieurs (établissements de crédit).
Tester les ratios et les combinaisons de ratios les plus efficaces pour prévoir les difficultés
(éviter les difficultés induites par la multiplicité des indicateurs).
Certaines limites tiennent à la construction statistique de la fonction score : échantillon vaste,
période d’étude longue, données précises et homogènes…
La fonction étant établie sur des données historiques, peut-on utiliser la même formule
quelques années plus tard, alors que l’environnement économique et financier des entreprises
peut avoir considérablement évolué ?
La conception des fonctions scores est marquée par le souci de mesurer le risque de
défaillance essentiellement pour les PME, elles sont inapplicables pour les grands groupes…

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