Lors des premiers temps de la construction européenne, la
protection du consommateur n’était pas une politique en tant que telle, simplement un sous-produit émanant de la législation européenne. La notion de bien être des consommateurs pouvait tout de même parfois justifier l’adoption ou le contournement de certaines règles.
C’est en 1972 lors du Conseil européen de Paris (alors appelé
“sommet”) que les chefs d’Etat et de gouvernement chargèrent la Commission de penser les bases d’une politique de protection des consommateurs, afin de rapprocher des citoyens une Union européenne qui, à cette époque, était encore en grande partie une affaire d’Etats et d’entreprises. La Commission lista un ensemble de droits du consommateur qui en constituèrent le socle : le droit à la protection de la santé et de la sécurité ; le droit à la protection des intérêts économiques ; le droit à la réparation des dommages ; le droit à l’information et à l’éducation ; le droit à la représentation.
A partir du moment où l’UE a accéléré ses efforts pour réaliser le
marché intérieur, la protection des consommateurs a pris de l’importance, avec notamment l’instauration de normes sanitaires et de sécurité pour les produits. La base juridique pour ces normes reste l’article sur l’établissement du marché intérieur, jusqu’au traité de Maastricht qui en fait une politique à part entière dotée d’un article (actuellement l’article 169 du TFUE). Chaque politique de l’UE doit désormais garantir “un niveau élevé de protection des consommateurs” (actuel article 12 du TFUE).
Le traité d’Amsterdam détaille cet objectif en précisant qu’ “afin
de promouvoir les intérêts des consommateurs et d’assurer un niveau élevé de protection des consommateurs, la Communauté contribue à la protection de la santé, de la sécurité et des intérêts économiques des consommateurs ainsi qu’à la promotion de leur droit à l’information, à l’éducation et à s’organiser afin de préserver leurs intérêts” . Cet objectif figure également dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
En 1999 une direction générale de la Commission est créée
pour les questions de santé et de protection des consommateurs (DG SANCO). Depuis 2013, un nouveau Commissaire s’occupe exclusivement de la protection des consommateurs.
Exploiter au mieux le potentiel du marché unique
L’Union européenne, ce sont vingt-huit Etats et plus d’un demi- milliard de consommateurs, évoluant dans un marché unique ayant vocation à être décloisonné : n’importe lequel de ces consommateurs devrait pouvoir acheter le produit de son choix auprès de n’importe quelle entreprise européenne le proposant. Deux éléments permettent ainsi de s’assurer du bon fonctionnement de ce marché : le jeu de la libre concurrence doit entraîner des prix bas et favoriser l’innovation ;
les mesures de protection des consommateurs doivent garantir des produits sûrs et de qualité.
En effet, ces règles dans les différents Etats continuent à être
très différentes. Or la libre circulation des biens et des services exige l’adoption de règles communes ou au moins convergentes afin de garantir partout une protection suffisante des intérêts des consommateurs ainsi que l’élimination des obstacles réglementaires et des distorsions de concurrence. Contrairement au droit de la concurrence qui est une compétence exclusive de l’Union, la protection des consommateurs est partagée entre l’UE et ses Etats.