Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
No
l 957
J. ..,._ _ _
7 ans---- ...
M A RS 1964
No 49
YIN-YANG
A h!
cette route
personne
ne la prend
sinon
le couchant
d 'automne ...
HAIKU
DE BASHYO
Com posé en
M ars 1694
ERRATA
D a ns n · 48 P. l 0 il fallait lire :
On dit qu'un e cho se est yan g
lo rs qu e chez e ll e la farce
centripéte l'em porte s ur la
forc e centrifuge.
- - - -- - -- -
- YI N-YA NG -
DANS CE NUMERO:
par C. OHSAWA
par C. MASSAT
par C. 0!-JSAWA
par C. OHSAWA
par R. PEDRETJ
3
INSTITUT DE PHILOSOPHIE f:T DE SCIENCE
D'EXTREME- ORIENT
Centre IGNORAMUS
Li\ M . 54-31
Vous propose
Le Mardi à 20 h. 30
( rue La mar tine)
Co urs de .iapunai s
C. Yosh im i
Le Mercredi à 21 h.
(an Mu<;te Soc i al)
Co nfére nce s ur le P.U .
De. Baudry
i.e Jeudi à 20 h.
(St udi o Co nsLa nt )
Aik icl o
C. Yoshim i
Le Vendre di à 21 h.
( rue La mar tin e)
Qu 'cs l-ee que le p nn c ipc
uniqu e . Qu'es l-ce qu e Yin -
Ya ng.
G. M~ I SSéll
Le Diman.:he à 11 h.
/\ikid o
C. Yl!s hi111 i
4
- · \' I N- YA NG -
Mais
LE C ANCER
ET LA
5
- Y I N- YA NG -
Meeting international no 2
CA .M P OHSAWA
1964
JUILLET AOUT à St-Médard de Cuizières
Gironde
6
- YlN-YANG
LE CANCER
ET LA
Con11me Bashyo...
(v. notrf> cou.vPrtu• ·<' )
INTRODUCTION
7
Y I N-YANG -
TOUT CHANGE
. Plusie u rs cl'cnlrc vou s l'un i vu upéJ ·cJ · ; .s~1 pr~1tiquc èl gué ri p lu-
Sieurs d'entre vo us , que la mé'Ciecinc o l'l ic ic ll c avèlil co nd a mn és co mme
« in curables>>. Certains li'cnl rc vo u s l'ont ense ig née c l onl sè1 UV é beau-
co up d'autres. Au point q ue les m<Igasi ns qui vcmlcnl des produi ts
de santé, et même les p lu s gra nds magas ins de FI-a nce, ci e Belgique
ct des Etals-Unis, vendent au jo urd'hui nos produ its ma crobiotiques.
Toutefois,. la médecine ofti cie lle ccml inu c à i gnorer l'apparition d e la
macrobtolique, bien qu'elle a il reconnu l'uti l ité c l l'effi cacité de l'aCLJ-
punct urc, que j 'a i introduite e n Occident i l y a plus clc 35 ans. San s
cloute est-ce dû à ce que l'acupuncture est une thérapeutiqu e sympto-
~laÜ:-JUC s i simple à apprendre que l'on peut l'app liquer sans avoir à
ctucl1er profondément le principe u nique. Le massage et le moxa son t
?'autres thérapeutiques éga lement symptoma t ique s , s im p les, faci les
a. a[::prenclre et pouvant se prat iquer sans danger. Il y a quelques
d1zaines de milliers d'a cupun cte urs au Japon. Quelques centaines de
milliers en Chine . 5.000 en Europe, s urtout en Fran ce c t en Al lemagne.
Il ,Y a 7 ans, tout le monde, tous les journaux parisiens e n parla ien t.
Meme toul récemment, un g rand article intitulé " Une rnédec in e
différen t e: l'Acupuncture» est paru clans la rev u e Planète ( n" 13).
8
YI N-Y ANG -
9
Y I N- YA NG -
Aprl:s avoir passé p lus d 'un e cinqu a ntaine d' a nnées à é tudier,
pratiqu e r e t e nseigner le principe unique ci e la p hil osophie di a lectique,
j e crois le te mps venu ete •l n'aclres ser a ux pe nseurs occidentaux , leur
d e m a nd a nt d 'é tudier eux au ss i ce tte logique para doxale , e nfantin e,
en a ppa rence trop s impli s te mais e n rt:a lil é t rl:s pra tiqu e e t très
e ffi cace lorsq u'o n l'app lique à la vie qu o lidi c nn.:. Vo il à la ra iso n qui
m'a fa it écri re ce petit liv re.
Il es t re co nnu que no tre c ivili sa ti o n sc i<.: ntilï quc c l tec hni cien ne ,
s in o n toute l'h um anité, se trou ve a u borel d 'un e ccrla s l rop hc 1 L'homm e
civili sé m oder ne es t pro fond ém e nt e nve loppé par le «s m og>> de J'in cer-
titude, de la peur politiqu e, soc io logiqu e c l physi o log iqu e, de la pe ur
des crimes a t roces et des mala-di es in c ura bles do nt la p lu s re dout ée
est le cancer.
Les civili sés on t sa ns cloute réuss i à rt:vo luti on nc r· cc mon de d 'es-
clavage et d e mi sères e l à é tab lir un e bri li a n tc c i vi 1isérl ion .~c i e n ti fi qu e
et techn icienne . Elle es t sans pare ill e e l sa ns p réct:dcnt clan s toute
J'hi s toire de l'·hommc . Tou s, n ous J'admiro ns c t no us J'a imo ns .
Mais , "p lus g r-and e la fac e, plu s grand le clos>> 1 Cette c ivil isat io n
si br ill ante , e t avec e ll e toute l'humanité , sont menacées à c haq ue
in s tant elu da n ger d'explos ion . Nous p ouvo ns to ut perdre ct n o us
pul vériser !
Quel clorrnm age !
Mai s quell e es t la cau se et e ce tte auto-ex plosi on ?
LE PASSAGER ORIENTAL
10
YJN-YA NG - -
Chap. I
LE CANCER
ENNEMI OU BIENFAITEUR
DE L'HUMANITÉ
?
11
- YIN- YA NG -
L'INVINCIBLE NIPPON
N'EXISTE PLUS
L'Invin~ibl~ Nippon n'existe J?•l us. Tout chan ge, toul c!i s pa 1·aît clans
ce monde, ephemere et relatü. ~Ien n'y est con s tant ni é te rn e l, à J'ex-
ceptwn dune seule regle : la lm de toute tran s mut a ti on , Yin-Yan g.
Au contrair,e du Jap~:m: les .Etats-Unis ont vain c u. M a is ce rut pour
lomb~r dans d autres difficultes beaucoup plus g raves qu e la guerre.
On .~I~ que les Etats-Unis ont fabriqué 60.000 b ombes H e t qu e les
So:vie tiques. en ont 30.000; ave c ces 90.000 bombes l-1, on p e ut a n éanti r
smxante"qUJ~ze fois l'humanité entière. Une telle s ituation su pp r i me
les perspectives de paix durable bien autrement qu 'elles ne le f urent
pendant la guerre. La paix en vue, c'est la paix de la mort. Si l'on
utilise ,ces en~Üis meurtr iers sans précédents, ce sera le suicide de
toute l humamte, ou presque.
. En plus. de ces difficultés stratégiques, il y a les difficultés biolo•
giques: physw~ og1ques, mentales ~t morales : cancer , allergies, diabète ,
mala dies cardiaques et Circulatoues, e t surtout maladies mentales e t
morales (cr.i minelles) qui dépassent en importance ces premières ma-
ladies physwlogiqu~s. Les Américains leur consacrent un e d épense de
3~0 dollars par tete chaque année (et c eci ne comprend pas les
dep enses elu gouvernem ent et des institutions officielles) : le total en
est 54.000.000.000 de dollars. Ma1gré cela, le n ombre des mal a des au o-
mente de plus en plus, et qui plus est, il a p paraît beauco up de maladi;s
nouvell~s. dont la plupart sont du es di rec te ment aux m édecins et
aux medicaments. On les a ppe lle m ala di es ia t mgéntqucs.
Voilà pourquoi l'h omm e , e t s urto ut !'•h omm e civili sé, vit p énible-
ITten~clans la compa.gm e quo tidie nne d e l'in certitud e e t d e la p eur.
Il ny a aucun espot r b1en t ond é de santé du rabl e . Voilà où nous
en somm.e s.
12
- YI N-YA NG -
13
YIN-YANG
14
YI N-YANG -
Vivere par vo ! " est une a utre expression de « Prier et j eüner >> .
E n pratique, << Vivere parvo" si.gni.fie : " Sois d étaché de tout ce qui
n'est pas absolument et immédiatem ent n écessaire ; il ne fa ut manger
ct boire que le minimum absolument n écessaire (la quantité change
la qualité ! ) ; il faut prendre tout ce qui est absolum ent nécessaire
e n quantité suffisante, et ri en de p lu s"· Si c'est là le sentier qui doit
nou s conduire vers le bonheur et la jus tice absolus , comme l'ont
e nseigné Jésus, Bouddha, Lao"tse, etc ... , pourquoi la san té abso lue n e
se rait-elle pas ga rantie à tous? La civilisati on scientifique et technique
es t en fait la seule re ligion créée en Occident : elle nous conduit dan s
un e voie t out à fait contraire à la nôtre : vivre dans l'abondance,
clans la jouissance et la sati s faction illimitée de tous nos désirs sen-
so riels, sentimen taux , économiques. Elle est la réalisation d e J'insa-
tiabilité de la folle voracité de l'ho mme. C'es t pourquoi tous les sages
15
- Y! N-Y ANG -
16
- YIN-YA NG -
Les nu ages somb res d e l'in ce rti lude, de la peur, des v!rus, elu
ca ncer, des ma ladies m en ta les, e tc ... sc lèvent à tous les h oriZon s d e
la civili sa ti on occid entale, sc ic n ti 1iq uc c t teohnique. E lle ne peut p lu s
accuser ces nuages d'ê tre de prove nance ét ra ngère et hostile, d 'être
les p roduits d'un au tre monde ex té rieur. f: ll e les a développés ell e-
m ê me surtout le cancer. On p e ul pres q ue cltre que le cancer es t a uto-
crène .de l 'homme civilisé d e la civili sa ti o n e ll e-même ! Mais ni l'homm e
~ivili sé ni la civili s ati~'n m odern e ne p eu vent pas s'apercevoir d e
le urs propres fa utes . Pourquoi J Pa rce que ces taules sont trop
(J'rancies ! Quelles son t ces fau tes? Des dua li smes , d ua li s mes a na -
l y tique e t mécanique, matérialiste e t égoce nt r ique !
De puis Aristo te e t su rtout de puis Descartes, J'on a écarté les -p ro-
blè mes immatérie ls. On s'est seule m e n t occupé d e la matiè re e n
o ubli ant de P'lus en plus tout ce qui n 'était pas << matière>> ju ~ q~~ ·~
ce que l'on e n eü t complètement oub lié J'exis tence. On. en esl arnve a
croire que to us les p roblèmes peuvent ê tre r ésülus quand on trc;>uve
par a nalyse tous leurs constituants. Ma is la chimie et la p h ys1q u ~
o nt déco uvert que les m oléc ules c himi ques n'ét aient pas les cornstl-
tuants finaux de ce monde ; puis, q ue les atomes ne l'étaient pas
non plus, malgré le ur d éfinition m illéna ire ; puis, que les a tomes
e t les part icules préatomiques dont ils son t constitués v ienne nt de
J'énergie dont l 'origine est tout à fa it in connue. Tou tes les r echerches
sc ientifiques e n ont été boule versées. Le grand professeu r Brid gm an
s'es t s ui c id é à J'âge de 79 an s, t o ta le me nt déç u.
La m édeci ne occidenta le, qui s'ava nça it en tâtonnant et e n s'a p-
puya nt su r la ph ysique e t la chimi e, ne sait que faire devant la
multipli cation de tant de maladies « i ncu rables» : c ancer, a lle rgies,
ma lad ies m e nta les, maladies cardi a ques, e t beaucoup de nouvelles
ve nues . La méd ecine croyait que la 1b ase fondamentale d e la v ie se
trou ve a u niveau de la chimi e, c'es t-à-dire au niveau de la couohe
é k ctronique externe des atomes. Ma is, loin de là ! La racine d e .la
vic desce nd beau coup plus p rofondément, jus qu'au niveau des nu cléons
e l probable me nt au-delà. Les exp ert s modernes recherchen t le méca-
ni sm e v i la i cla ns la résonan ce électromagnétiqu e, le spi.n élec troniqu e,
la tran s mutat io n naturelle et la t ransm uta tion biologique ... Ma is, m ê me
s'ils p ouv a ie nt réaliser la véritable image d e la stru cture ult ra-
infinités im ale de la vie, ils ne p ourront jamais réaliser l'im age de
ce qu i l'a nim e c t qui est l'i nvis ible : la v ie.
17
- YIN-YANG
18
Y I N-YJING -
Le c réateu r elu ca ncer est J'h om m e dua li s te, maté rialis te. Il es t
cc mm e le roi Midas qui a tou t transmu té en or . C'est la réa l isation
dt: so n rêve c héri. Le Midas m oderne, e n vo ulant mo nopo.Ji scr le
mend e af in de satislairc ses désirs ave u gles e t se nsoriels, a réa lisé
le ca ncer. Le cance r, qui se d éve loppe inci él:inim e nt e t aveu g lé m en t,
est l'image elu vou loir de l'h omm e qui a abandonné et o ubli é se n
5 m c à la s uite de la dich o,tomi e ca rtés ie nne o u aristotéiicnne. La
quant ité c hange la qualité ! Le ro i Mid as a perdu la vue e t ave c e lle
so n orientati o n ' Il ne voit p lus, il. n e ve ut plus voir la vale u r de
la matière en abondan ce. Dan s l'abo ndan ce, il a trcuvé le contraire
de son id éa l in ce rtitude, peur, a ngoisse, guerre, ca ncer invisibl e ;
maintenant, il do it écouter, son ore ille es t c nccrc ouve rte. S'il éco ute
la voix de la c ivili sa ti o n n o n - m atér i ; lli s~c. m é taph ysi que, m•; rale qui
vit d 'après l'o rdre de l'uni vers infini , d'après la phi losophi e Yin-Yan g,
sa vue lui revie nd ra in sta ntan é m en t. Le roi Mid~1s m ode rne, c'est-à-el ire
la civi li sa t ion sc ient ifique ct te c hniqu e, retrouvera de nou veau le
vé ritab le parad is qu 'il a tant rcc hc 1'C hé, le parad is ,_, ü il est Je rci
leut puis sa nt, respec té par Di o nys os , le di e u fabr iqu a nt le vin (plai ~ i rs),
cù il est l'ami cie S ilcnu s, le maître de Di onysos, c ü il j ouit etc tous
les fruit s et cie tous les produits s i dé li c ieux de cc j ardin oü co ul e
Je Pac to le a u x pai llettes d' or, O LI s ur tout il a toujours a upr ès de lui
sa fille Ma rigol, la plus belle, la p lu s sage elu monde. Mai s il lui lau t
perdre ses ore illes d'âne qui prélèrenl e ncore la mu siq ue de 1<1 rl utc
de Pan ( m o nda in, matéria liste) à ce ll e de la lyre d 'Apo llon ( mus ique
du ro ya um e etes sep t cieux, céles te, s,piritua li ste). Sincn les p ; sca ux
co ntinueront à répé ter au moindre ve nt : << Mid as, le roi Midas a etes
creillcs d'âne 1 » . Ceci veut elire que << la civ ili sa ticn s:::icntil iquc ct
tec hnique a etes orei lles d 'âne ! Ces cre illes ne peuvent pas appréc ier
la mu s ique du roya um e des c ieux l'onlre grandicse de l' Univers
1nlïni >>.
G. OHSAWA.
19
YI N-Y ANG -
LA
/
MENTALITE
DES PEUPLES
ANTIPODES
par G. OHSAWA
Auj ou r d'hui que la terre es t con nue dans to u tes ses parties , s il-
lo nnée par to u tes sortes d e vo ies cie communica tion , qu e Je cie l m ê m e
:.:s t e xpl oré, il res te un e région absolum ent secr è te , incl éc hiffrablc
mê m e, semb le-t-i l, tellem ent é trangère qu e les se ns n e la perçoivc n t
pas : c 'es t la m enta lit é des pe u p les antipodes .
C'es t un e vue incomp lète de croire que le J a pon n' es t ant ip m lc
de J' Europe qu'en géographie. E n ps ych ologie , e n moral e, en es th é tiqu e,
il l'est a u ss i.
Avec l'art des arrangem e nts r!o r' èlLI X, o n peu l vo ir qu e la bea ut é Jù -
bas n'est p as la .m ê m e q u' ici, ma is no us ne sa is issc. ns pas encore
pou r quo i existe une pare ill e clifTércn cc c t , s urt o ut, no us ne croyo ns
pas qu'ell e ex iste partuul. Po u r ta;ll r ien n'es t p lu s gé né ra l. Les J'leurs
sent au cc ntrai re un s uj et à propos duque l les cl if-J-é re nces so nt les
plus fa ibl es, c 'es t puurquoi n u·us J' avo ns c ho is i. Il fa ud rait qu'il 11 o u s
serve de point d e d é part.
On obj ec tera « Les N ippons so nt semblab les à nous pui s que
depuis p lus de so ixa nte ans ils pro dui sent les rn èm es ch oses que n o us,
fa briqu ent les m êm es o b je t s , en un mot ont la m ê me civilisa tion" ·
Les met s tr ahi ssent la pensée : le mot .japona is, qui corres pond
au. mot civilisa tion, s ignifie «es pr it écla iré>> o u <<es prit pro fond >>. Il
a d on c une va leur p u rem en t murale, i m matérie11 e. Une c ivili s a Lio n
ma téric lle, ce l<l n'a pas d e sen s .
Que des savan ts, cles h o mmes rép utés sages a ien t pu prendre po u r
but un p e rfectionn e m e nt matérie l, cela es t incon ceva b le pour un v ra1
Nippon .
La n a ti on nipp o nn e est un e nati on hiérarchisée. La m asse sc pré-
cipite s ur l'argent comm e parto ut , mais elle adm ire le d ésint éresse-
ment. Dan s l'ancien N ippo n, les classes socia les éta ie nt ra ngées clan s
l'ordre : s amou raïs, paysans , arti sans e t ma r chands. Les marchand s
é tai e nt les p lu s riches, mais !.es p lus m é prisés.
20
YI N- YA NG -
L'ART NIPPON
PORTE L'EMPREINTE DE L'AMOUR
DE L'IMMATERIEL
Po u r Ne wton, la chute d 'un e p o mme a été J'occasion de la dé cou-
ve rte des lois de la gravit at ion. Pou r le Nippon , au cont r ai re , une
s imple feuille qui tcmbe au m1li e u d es cou leurs sp le ndid es de J'automn e
s uffit à montrer la van i té de toul, l'écoule ment de cc qu e l'h o mm e
i nsc nsé ve ut rete nir, le d éses poir elon t la con si d éra ti on des chos es
matérielles es t la ca us e . S'il n'av a it pas déjà hérité depu is des siècles
J'amour de l'immatériel, de l'in visi ble, de J'i nex ista nt, ce petit fait
J' é•c la ircrait. Il [aut être sourd pou r n e pas en te ndre ce qu e les fle u rs
d ise nt. E lles parlent comm e parlen t to u tes les beautés nature lles
la m er, l'océa n, les r ivi ères , les m oi1la,gnes, les pla ines, d 'un e mani è r e
te ll ement éloquente que J'h o mm e , saisi, ne t rou ve rien à. elire. Ses
IXluvres paroles feraient pitié à cô té de ce langage éterne l.
Le Nipp on entend ce qu e lui elisen t les fleurs, les p la ntes, les
insec tes Cll les oiseaux . Il s dis e nt que l'h omm e es t un être ridi c ul e
d Dn t les mcindres ges tes, les moindres d és irs sont des erreurs ou
d es blasph è mes. Il es t s i pe tit , si ignoran t qu'il n e peut qu e se tromper,
c t le mieux qu'i l ait à faire c 'est d 'abandonner tout ct de vi vre comme
les fieu rs des champ s. En m ême te m ps, i l gagn era la félicité é ternelle.
Un proverbe elit «Renonce r à t o ut, c'es t posséder tout>>.
Fc r''cé:m ent, l'a rt nippon doit p or ter l'e m preinte de sa m e nt a lit é.
Au début cie l'importatio n de la civilisation chin oise, il s 'in spi r a
des deux écu les de ses m aîtres : l'école elu Nord et l'école du Sud.
L'éuJ ie du Nord était réali s te, fidè le à la mati ère, aux coule urs, tand is
q 11 c 1'école du Sud était id éalis te e t impression ni s te . E ll e ch erc hai t ~~
L'X Iwi m er les id ées p lutôt qu e J'apparence. L'écu le elu Nord e mp loya it
11L-:lli C' ''LIP d e cuu le ur'S nature ll es . L'école elu Sud n'c mp·l uya it qu e
21 - >
YIN-YA NG -
l'en cre cie Chine p lu s ou m o ins étendue d'cau. Elle c herchait se ulem e nt
la bea ut é id éa le e t morale.
,L 'école d u Sud é tait naturellement la plus proc he du véritable
espri t nippon, si méprisant pour la matière . Mais les artistes de ce
te mJ~ s. d ont les plus cé lèbres sont les trois Nakao · Noami, Geami
e l Soami , se tro uvaient en é tait d'infériorité pour t raduire leur amour
de la natu re . Il s laissaient aller leur p in ceau suivant leur mystiq ue,
il s m éprisaie nt la forme , mai s ils se privai e nt e n m ê m e le mps des
coul e u rs .
Al urs , par un t r ait cie génie, ils ci-éèren l l'éco le des lî e urs. Les
fl e u rs, neuvelle matière pre mière pour l'art. Le urs cc uJcu1-s so nt var iées
il J'infini, e ll es son t préparées par l'Infini lui-mê me . Leurs formes sont
limitées , mais c 'est un grand avantage •puisque ce lte lim ite fixe le
langage d es fleurs . Dès lc•rs l'a rt nipp o n ayant trouv é so n mode .cl'ex pres-
press ic n parfa it s 'es t d éve loppé par ses prop res m oye ns .
O n peut s 'ét on ner de voir dan s les vieux dessin s japonai s une
perspect ive s in gulière. Ce so nt les premiers plan s qui présentent les
p lus retites d imensions, les derni e rs au contraire s o nt les plus grands.
Ains i un c ube es t représenté avec sa fa ce elu fo nd t rès grand e et cell e
elu ele va nt petite . Comment ce la se fait-il ?
C'est toujou rs le même caractè re, soucieux du pro fon d, cie l'invi-
s ible. Les Ccciden tau x ne se sou cient que de ce qu'ils voient en plein e
lumière, de ce qu'ils peuvent toucher, les Ori e ntau x s 'inqui è te nt de ce
qu'il s n e p e uve nt atteindre.
Il es t ais é de voir qu e J'esprit nipp o n réclame le cl ésintéressoment
a bs c•l u, le silence absolu, le m épris des c h oses tangibles . La civi lisaêion
ccc icl c ntal e ne pe u t cl o n e lui apparaître comm e un e véritab le c ivi li sa-
tion.
Le m o t ri c hesse e n japo nai s n'es t pa s équi valent aux m o ls o:.:c i-
clenLa u x correspondants c l s ig ni fie « menta lit é sans sou c i, absence d e
tourments». C'est un é tal d'âm e.
22
YIN-YA NG -
Aussi l' œ uvre d'art peut-elle ê tre réalisée par des procédés qucl-
cunqu es . Le peintre pourra e mployer des couleurs, mai s il pourra a us si
s'e n passer. La sen sation devra être la même. L'art ne doit pas êtr e
esc lave des choses, il ne doit pas se borner à reproduire la nature ,
il serait alors quc1que chose comm.e la photographie, il doit par son
es prit nous transporter au sein elu monde immatériel. Il ne s'agit clone
pas d'adresse ni d'habileté, petites c hoses humaines, il s'agit de voir
l'invi sible, de r ete nir l'i nsai sissable.
De même, la poes1e. Les plus beaux poè mes d'Oc ci dent no us parais-
sent fab riqués avec des m o ts. On s'appl ique à rendre ceux-ci les plus
sc ncres, les plus brillants, les p lus visibles possi•bles ' ; il fa udrait au
contraire les cacher. C'est comme un ti ss u qui laisserait voi 1· la tra m e.
23
YTN-YANG
FLF.UI1S u'I\II S.
FLEUHS OC PÊ.CHE
24
- YLN-YANG -
ODETTE LAURE
Deux mois au Japon
à l'école du Professeur G. OHSAW A
25
- Y I N-YA NG -
On ne pe rd j ama is
~ on lemps quand
u n re nd se rvi ce ..
26
- YIN-YANG -
27
- YIN-YANG -
28
YI N-YANG -
29
YiN-YANG -
30
- YIN-YANG
Poésie
QU'EST CE
QUE
LE HAIKU?
par G. MASSAT
Le Haiku est le poème à form e tixe Je olus cou r t qui soit d ans
la poésie de tous les peup-les. Composé de t rois vèrs de 5, 7, 5 sylla bes,
il c ontient, dan s un s tyle ramassé, fait de notation et d 'éclairs, grâce
ù quatre ou cinq images-idées , dont 1\me fait obliga toirement allusion
~~ la saison, un symbole poétique. On d éti nit généralement ce .genre de
poés ie cOTlùll1e « l'expression spontanée des sentiments de la vie à
travers les quatre sa·isons "· Le H aïku est auss i une école de concen-
lra tion et de discipli ne en même tem ps qu'un exercice de m é ditat ion.
Il exige ascé tis me du langage et patience dan s l'œuvre.
Quelle discipline pour le poète ! En trois vers si courts clan s le
IL:m ps et dan s l'es pace, il doit exprimer, par les ellipses plus qu e pa r
ks mots, la te nsion, la beauté, la profondeur e t, par surcroît, la form e
cl la couleur. Il faut a bstraire J'anecdo te et l'émotion sans j a m ais les
montre r nues, exprimer en un e lan gue cursive et simple Je ohoc subi .
LL: Haïku es t bien une exdamati on poétuque e t sy mboüque au premier
pla n, mai s il donne le départ au d évelo ppem e nt inti ni de la pe nsée ;
c 'est même plus : c'es t un rpont qui mène le lec te ur d 'un simple sp ec-
lacle de la nature en sa saison vers LA Pc ns6e prolondc ; il nL: dépend
q uL: de lui que -c e pont soit ouvert o u l'erm é_
Le Haiku, à cause de sa forme e l -cie sa vertu parli culi èrL:S, est
i11Lra dui sible. De plus , en japonais calli graphi é, il re prése nte autre
c hose que des « mots qu'on entend,, .ma is des « mots qu' on voit''·
L'écr iture à l'e ncre de Chine, form e un tablea u qui t ient cie l'abstrait
L'l du symb o le. Traduit, le Haiku perd sa beauté poétiqu e, son p ouvoir
-< uggcs tit, son mystère profond et sa noblesse. Cette vision, par le
pc lil bout de la lorgnette, est d é truite et l'ex pressi on viva nte de
)'()onomatopée a disparu. Les rendre ,Par des vocables é trangers a utant
" déc ri re un e image " ! C'est vouloir re mplacer un poèm e v is ue l par
1111 poè-me p our la seu le oreille.
31
YI N-YA NG -
BASHYO, poè te itin éra nt, philosophe de >l'Exp a nsi on infini e , s'iden-
tifie a vec le H ai ku . Il e n est Je grand maître au XVIIe s iècle. On Je
place à Ja tê te des << six sages du H aiku » ou Rokk asen. Il t ra nsforme
le H a iku, qui n 'était d'ab ord qu'une sorte d'épig ramme a mu sante et
hum oris tique , en un j oyau ciselé a vec art, un te rcet d ans lequel
s'engou ff re to ut J'univers poé tique. Il es t intéress ant, par allleu rs , de
no ter l'ordre de su cce ssion des genr es poétiques a u Japon : origine
friv ole puis réforme ; l'Art po ur l'Art, c'est-à-dire l'invers e d e ce qui
all ait se p rodui re en Europe.
La vie de BASHYO n'offre d e repères qu e ses poèm es c t ses
ré cits . On ignore dans quelle saison il es t n é, et que l j our, m a is ce
fut en 1644 d a ns une v ille fort e de la p rovin ce Na gan o, a u cœur d e
la plus ar a nde île de l'a rc hipel nippon. So n père , Bi zacm e n Ma ts no,
éta it un S a mo ura ï de r a ng infé ri e ur. So n lrèrc aîné de vint ca ll ig ra ph e,
son second fr è re de me ura gue rri e r.
Chaque publi ca tio n de BASHYO lait da le d a ns l'hi s to ire elu H a iku :
1681, parution d e son Journal ci'Azuma; 1684, son Eve nlclll ron el de
l'auto mne ; 1689, celle elu Dése rt. Ces re cue il s impose nt Je s tyle, J'ind é-
pe nda n ce e t la per sonnali té d e BASHYO. On m édite sa doc trine :
r ecrar cler la nature, certes , mai s , à trave rs elle, l'In fini ; noter les sai-
so~s qui passent a vec l'homm e, mai s saisi r ce gu e son oœur éprouve
d'immortel. Le H a iku, explique maître Ohsa w a clan s « Le Pr in cipe
Unique de la p hilosophi e d 'Extrêm e-Orient » :
C'est le plein centre de l'univers de Sunnya, où il n'y a a ucune trace
des ê tres a ucun sentiment, a ucune subj ec tivité ni obj ec tivi té, c 'est
au-d elà cl~ sentim ent , d es connai ssan ces de l' hum anité, d e la mi séri-
cord e b on m arch é.
Il ra conte en core ce tte histoire :
«Un .jour BASHYO reçoit un ami, prê tre bou d dhi ste. La conver sa-
tion é tait tranquille, peu cie p a r oles, pa r ce que la pa role per d l'amiti é
p rofo nde . L'entrevue p resque silenci eu se s ufl'it à ce ux qui saisisse nt
tout par leu r intuition .
« - La loi unique, ava nt la végé ta tion d e la m ou sse, qu 'était-
elle ? » de m a nd a le bouddhiste e n r egarda nt l'é tan g clans le jardin
co uvert de mousse. Le poète ne r épondai t pas ... Un bruit impercep tible
vibra e t con w lida la tr anquillité. C'éta it un e grenouille qui sa uta it
32
YI N- YAN G -
_ . (Il avait f~it une es 9_ui sse de l 'infini pa r _u~ ,bruit imper ceptible
p1odmt dans 1 eau, qm s etemt dans la tran qml!Jte. Il avait tradui t la
pr?fond e ur ?~ ~a m er de l'infini p ar la t ranquillité et les ê t res éph é-
m,e res _qur s eteif? ne,I;t e t rent ren.~ cl_af_l s l'un,i vers-éther , sans cesse, par
cc b ru~t bref qm s e ternt clans } ~nfmr. Il r el?ond ait à son hôte que Ja
lo1 umque cla ns le m onde p rehrs tonque, ou la m ousse n 'es t m ê me
pas en core p ar\le es t i1~sai s i ss able c omme un bruit qui s 'ét eint.) ·
«. - Le br mt clans l eau que fart une grenomlle, c'est m erveill e ux
me r cr ! ,, murmura le prê tre sati sfa it. '
L e bruit dans l'eau du vieil étang,
Que fait une grenouille en sautant.
C'est un d es poèmes les plus connus d e BASHYO. I ci aussi la tr a-
du c ti on fa it perd re la noblesse e t la s imp li cité elu st y le qui ca r a c té-
lïsent la philosophi e de l'intuiti on.
G. M.
AII(IDO
34
YI N-YANG
Ri e n ne lui fa it p e u r,
R ie n ne lui rés iste.
35
- YTN-YANG -
Mme LIBERMAN et
M' UESIBA, fondateur
de J'Aikiclo.
e lle ne divulgue pas le secret ,cJe sa vic, etc sa couleur, cie srJn parfum ;
c 'est pourquoi, <p our compre nd re Ja vie, il n'est 'p as nécessaire cie
se poser la question de tout le monde : Qu'est-ce que la vie J Quelle
réponse pourrions-nous donner? Aucune ... La vie ne pe u t pas s'exp li-
quer, elle se vit et savoir v ivre est assez diflicilc, ca r, s i la vic est
s imple , nous comp,J iquo n s et embroui ll o ns l'éc hevea u. Pour le dém ê le r,
il faut savoir se servir de ses facultés. L'homme es t do té de pensée
c'est pmu· qu'il s'en serve !
- Et, pour penser, il n 'v 11 qu e lieu .\ cltoses expir el inspir
(«Yin-Yang»)?
J. L - C'est ce la 1
36
- YI N·YANG -
*
Pourquoi les cellules cancereuses n 'ont -elles pas
de système de nerfs ?
37
- YI N- YANG -
38
YlN-YANG -
39
Yl t".!-Y t\NG -
UN CONTE YIN-YANG
40
Yl N-Y i\ NG
cc fin <ll'b ilre était un b e au habl e u.t· ! Incapable de fai re une distinction ! Il
sc trompait sur tout , puisqu 'il s'était montré ignorant d'une chose visible
a utan.t que la couleur ! ni n'avait même su distinguer le sexe ! »
PO LO parut ravi et son plus beau sourire répondit aux fureurs qui agi-
ta ient son seigneur : " Mon [ils est bien p lus fort que je ne supposais. Il v<>.ut
m ille fois plus que je n e J'espérais ! Il n'y a entre nous pas de ligne possible !
Cc qu'il a regardé, c'est le signe invisible , Je sexe et la ·c ouleur, il ne les a pas
vus. Mais je suis sûr que c'est le CHEVAL ABSOLU ! , Le duc était sans voix.
11 ordonna l'épreuve. Comme avait dit PO LO, il en reçut la preuve
CELU I QUI VOIT LES TRAITS NE CONNAIT QUE L'AS.PECT ,
CELUI QUI SAIT VOIR L'AME ATTEINT LE PUR SUJET.
41
- YI. N- YA NG -
Nom:
Adresse:
( t rès lis ibl e)
C. C. P. Paris 15998-91
N. -B. - Tout règlement doit êt r e libellé à J'ordre de
CENTRE IGNORAMUS, 8, rue Lamartine, Paris 9e
42
R . MARTINET &. Ci e _ PARI S
YIN -YANG
LE CA NCE R
E T LA
PHIIJOSOPHI E D' EXTREME - ORI ENT
[ _______c_._o_H
_sA_w_A
___,