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MARS

No
l 957
J. ..,._ _ _
7 ans---- ...
M A RS 1964
No 49

YIN-YANG
A h!
cette route
personne
ne la prend
sinon
le couchant
d 'automne ...

HAIKU
DE BASHYO
Com posé en
M ars 1694

voir notre article


sur la poésie
japonaise en page 31

Bashyo 1644 · 1694

le Principe Unique de la Philosophie


OHSAWA
et la Science d'Extrême- Orient
- Y I N - Y t\ N C

Institut de Philosophie et de Science d'Extrême -Orient


CENT RE IGNORAMU S
8, ru e Lamartine - Tél. LAM. 5 4-3/ fJ!\ f<l :i 9"
C . C . P . Paris 15998. 91

ERRATA

D a ns n · 48 P. l 0 il fallait lire :
On dit qu'un e cho se est yan g
lo rs qu e chez e ll e la farce
centripéte l'em porte s ur la
forc e centrifuge.

- - - -- - -- -
- YI N-YA NG -

DANS CE NUMERO:

Le ca n cer c t la philosophie d'Ex-Or. p. 5

par C. OHSAWA

Qu'es t-ce (1u e le Haïku ? . . . . p. 31

par C. MASSAT

La m en ta l ité d es peuples an tiood es . . . . . . . . p. 20

par C. 0!-JSAWA

Ode t te Laure Deux moi s au Japon p. 25


par C. MASSAT

Mme L1berman , doye nne des judokas . . . . . . . . . . p. 34


par C. MASSAT

Cu mm en t i m e m èr e sa uva son enfant p. 38

Qu 'es t-ce qu e le fanat isme? p. 39

par C. OHSAWA

l\10tn~ con (e Qu'est-ce qu'un ch ev a l ? .. . . . . p. 40

par R. PEDRETJ

Les lcc te u r -; écr ivent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 41

3
INSTITUT DE PHILOSOPHIE f:T DE SCIENCE
D'EXTREME- ORIENT
Centre IGNORAMUS
Li\ M . 54-31
Vous propose

Le Mardi à 20 h. 30
( rue La mar tine)
Co urs de .iapunai s
C. Yosh im i

Le Mercredi à 21 h.
(an Mu<;te Soc i al)
Co nfére nce s ur le P.U .
De. Baudry

i.e Jeudi à 20 h.
(St udi o Co nsLa nt )
Aik icl o
C. Yoshim i

Le Vendre di à 21 h.
( rue La mar tin e)
Qu 'cs l-ee que le p nn c ipc
uniqu e . Qu'es l-ce qu e Yin -
Ya ng.
G. M~ I SSéll

Le Diman.:he à 11 h.
/\ikid o
C. Yl!s hi111 i

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- · \' I N- YA NG -

« LA FRANCE PREND LA TETE DE LA LUTTE


CONTRE LE CANCER ... ,

Ce litre, vous l'avez lu cl a ns les j ou rna u x il y a que lques


Jours. La France fait do n ci e 100 million s A.F. à J'In s lilul
in ternat io nal de lu tte co nt re le can cer. Cet o rga ni s m e a u ra
un1 budge t de 65 millia rd s A.F. po ur cinq ans ..

Mais
LE C ANCER
ET LA

PHILOSOPHI E D'EXTREME -ORIENT


par G. OHSAWA

UN JAPONAIS TRADITIONNEL PARLE •


Nou s ovons import é IOule lu civilisa lio u d e l'Ou es t, brillant e el
séduisant e c ivilisat ion scientifique e l !ecllllicienne. C'es t J/0/re tour
d'offrir lnu1lbl emen t l'esse nce d e no tre p r.up re civilisulion; elle r1'e s 1
)!,Uère brillunt e, plu/ Ô! sombre e l illvis ible, théoriq ue et plziloso p!Jique.
C'es t un 111 0d es le cadeau: le prin cipe uniqu e, une dialeclique pra ti-
ca ble par tous e l susce ptible de 1rans jo n11 er rou / anlagonism e en
c; JnpléJne nl arité ... Muis c'est la lump e cl'Aluclin ..
G. O.

Nou s d éd ions ce .l ivre au Préside nt


cie GAULLE e l à l'In stitut internati ona l
de lu tte contre le Can cer.
Le Ce ntre IGNORAMUS.

5
- Y I N- YA NG -

Meeting international no 2

CA .M P OHSAWA
1964
JUILLET AOUT à St-Médard de Cuizières
Gironde

Cours de cuisine macrobiotique


Il
de Philosophie pratique
Il
de Japonais (méthode OHS)
Il
d'Aïkido

bains dans l'Isle (50 m . de large)


tennis
golf
excursions
visites
(voir notre circulaire)

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- YlN-YANG

Chacun est heureux, sinon c'est de sa faut e (Epictète).


Votr e malh.eu,r est le baro mètre des crim es que vous avez com111is
par ignorance - par l'ignorance de votre « moi>>, de la vie, du monde,
et surtou t de ce qui les suscite, les dé! ruit el les reprod·u it depuis
toujours el pour tou jours : l'ordre de l'univers infini. Le malheur est
la décorai ion qu'ils se sont décernée à eux-mêmes, ceux qui, dans
leur ignorance de l'ordre de l'univers, se sont défiés, se sont m ont rés
égocentriqu es, exclus ifs el arrogants t els les astronomes prédécesseu rs
de Copern ic.
(G. 0 .)

LE CANCER
ET LA

PHILOSOPEIIE D'EXTREME-O RI ENT

Con11me Bashyo...
(v. notrf> cou.vPrtu• ·<' )
INTRODUCTION

Mes c hers a mi s de tou s les pays !


J'ai écrit ce petit liv re au comm e nce m ent de m a soixan te-douzième
année, e n s ui vant mon p ropre sentier que j e monte se ul depui s c in-
quante ans. Le but de ce petit liv re , mon se p tième ouvrage en français ,
est, comme touj o urs, de m ene r à la comp réh e nsion mutuell e de l'Est
ct de l'Ouest. Je m'efforce de vous [aire .c omprendre la mentali t é
des Otienta ux ct autres coloni sés, la m e ntalité que Lévy-Bruhl a
appe lée la « mentalité primiti ve>>. Au train oü vont les ch oses, cette
mentalité devra it bi entô t di s paraître. P ar tout, les primi tifs so nt en
vo ie d 'e xt in ct io n o u d'assim ilation par les c ivili sés, à l'exe mple des
Tncli e ns d'Amérique.
La mentalité primitive est sans cloute simple, enfantin e, parfo is
1 id i'Clde. Mais e lle possède un e pro pri é té très belle, très pra tique e t
très profonde, un e propriété inconnue des civilisés, une p lü losop hi c
di a lectique ex trê mement simp le, conde nsée clans deux mots antago"
11i stcs : Yin e t Yang, Tama jic e t Rajasic, e tc ... Cette p hil osop hi e
est un e concepti on synth étiq ue du monde, d'où décou lent toutes les
sc iences c t te c hniques ·d'Extrême-Orient. Toutes les sc iences et tec hni -
ques sunl uni·f'i écs clans l'énoncé de son pr in c ipe uni•qu c. La médec in e,
par exemp le, n'es t qu'une app lica tion de cc pri ncipe un ique se lo n
icqllc l tou tes c hoses no us appara isse nt so us de u x a s pec ts o pp usés.

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Y I N-YANG -

Le monisme d ialectique é tait bi e n connu aussi e n Europe, même


2.000 an_s avant J és us (druides, Celtes, etc ...). Il n 'y a j amais: été totale-
men t dclrut t , m ême à l 'époque moderne. L'agent pl-in c ipal cie sa, déca-
dence a é lé la J-e li gion d e Jésus, le ch ristia ni sme, loujo'LJ''S trè s résolum e nt
dua ! Jsl~ (de ux natures : le Bien et le Mal, Di e u c l le Diable, e t c ... ,
le. Malene] e l le Spmtud, l'Am e el le Corps ... ). Tho m as d'Aquin éta it
resol ument duallsle (« Dw1s le monde, il n'v o ji/IllOis trop de B ten ») .
Ccc1 es t lact 1ce. Hegel étudiait et e n se ig nait ce ll e diale c tique para-
doxa le. l!n. ét udiant de I--Iegel, Kar l Marx a u til isé cel le dia lectiq ue
po_ur lortJfJer sa théorie sociologique . Les é ludi< Inl s lie Mar·.\ ont réuss i
a e tab li r une so:ié té puissante gràce à ce tte logiq ue dial ec t iq u e . Enfin ,
les d escendant s de ces ét udiants ont ré u ssi à l"alwiqun les premiers
" Spoulniks "·
. Mais on n'a pas encore ét udié la manière cl'app liqucJ· ce lle d ialcc-
llque à. la science de l a v ie. En Occi dent, la bi o log ie, la biod1imi e,
lél physwlog1e, la médecine, etc .. sont res tées en lll<lr·gc cie la v ie.
Ces sciences n'étudient que la stru ctu re des viva n ts ; e lles n'ut il ise nt
que les connaissa n ces physico-ohim iqu es ne d épas.sa nl pas le niveau
des électron s. Ma is la vie est beauco up p lu s profonde que le doma in e
des electrons . E lle crée les nucléo ns de tous les a lomes cl e ll e crée
tous les organismes qui pe u vent transm ut er les <ll omes . E lle c:-ée
s u rtou~ les activités menta les e t spirit ue lles, telles qu e im ag in ation,
ccmprehcnswn , .JUgemen t, volo nt é, pensée, etc ... La vic transm ut e
l ~s atomes sans requérir ni grande c hale u r, ni grande pression ;
c est miracu leux. Mais la p hil osop hie d'Extrê m e-Orient, unificatrice de
la bw log1e , de la biochimie, de la phys iologie, de l'agricultu re, cie la
botamque, de la zoologie e t de la m édeci n e, nous e n seigne comm e n t
guenr toutes les maladies avouées "incurables>> p<on- la m édeci ne
o~c1c~enta l e ; et ceci par une m ét ho de répu tée paradoxale, dépour vu e
d opcratwns sa nglant es, n'utilisant aucun prod uit chim iq ue, opérant
cx::h.ts1vement par le s im ple c hoix des aliments quotid iens d'après
l'ordre de l'univers : le r égim e m acrob iotique.

TOUT CHANGE

. Plusie u rs cl'cnlrc vou s l'un i vu upéJ ·cJ · ; .s~1 pr~1tiquc èl gué ri p lu-
Sieurs d'entre vo us , que la mé'Ciecinc o l'l ic ic ll c avèlil co nd a mn és co mme
« in curables>>. Certains li'cnl rc vo u s l'ont ense ig née c l onl sè1 UV é beau-
co up d'autres. Au point q ue les m<Igasi ns qui vcmlcnl des produi ts
de santé, et même les p lu s gra nds magas ins de FI-a nce, ci e Belgique
ct des Etals-Unis, vendent au jo urd'hui nos produ its ma crobiotiques.
Toutefois,. la médecine ofti cie lle ccml inu c à i gnorer l'apparition d e la
macrobtolique, bien qu'elle a il reconnu l'uti l ité c l l'effi cacité de l'aCLJ-
punct urc, que j 'a i introduite e n Occident i l y a plus clc 35 ans. San s
cloute est-ce dû à ce que l'acupuncture est une thérapeutiqu e sympto-
~laÜ:-JUC s i simple à apprendre que l'on peut l'app liquer sans avoir à
ctucl1er profondément le principe u nique. Le massage et le moxa son t
?'autres thérapeutiques éga lement symptoma t ique s , s im p les, faci les
a. a[::prenclre et pouvant se prat iquer sans danger. Il y a quelques
d1zaines de milliers d'a cupun cte urs au Japon. Quelques centaines de
milliers en Chine . 5.000 en Europe, s urtout en Fran ce c t en Al lemagne.
Il ,Y a 7 ans, tout le monde, tous les journaux parisiens e n parla ien t.
Meme toul récemment, un g rand article intitulé " Une rnédec in e
différen t e: l'Acupuncture» est paru clans la rev u e Planète ( n" 13).

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YI N-Y ANG -

L'arra n gement des fleurs, le Judo, le Bonke i (paysage naturel en


miniat u re), tout es ces app li cations elu principe unique Yin-Yang, que
j'a i commen cé à montrer à Paris il y a 40 ans, sont assez répan due s
d e nos j ours. Su rtou t la culture du r iz, q ui était toul à fait inconnue
il y a 40 ans maintenant la France est une des p lus grandes prccluc-
tciccs de riz en Europe 100.000.000 d e kilos par an . On peut en acheter
partou t, m ê m e par sacs de 50 ki los . Il y a 40 ans, le riz se vendait
en pet ites b oîtes d e 50 grammes . Il me fallait alors en acheter une
centaine cie boîtes par m o is 1 Comme i l éta it dilt ic ile de trouver
un épic ier qui pu isse mc satisl-aire 1
Mais tou t c hange ! Le temps passe 1
Il y a auj o ul'cl'hui 2 o u 3 restaurants macrobioti ques où J'on peut
m a nger du riz ccm p let à Paris, ainsi qu'à Neve York, à Los Angeles et
mêm e à Stockh olm, au pays des Vikings !

TOUT CE QUI DOIT ARRIVER ARRIVE

Pourquoi donc la m é clcc i ne o llï cic ll c en Occ iden t ne reconnaît-e lle


et n e recommande-t-dle pas la macrobiutiquc ' Serait-ce qu'e lle ne
veut pas perdre la J ace ' ···
Mais toul ce qui doit arriver arrive ! Et ce qui arrive, c'est le
ca ncer, aujo u rd' hu i considéré comm e le plus gra nd ennemi cie l'homme
e n Occiden t. D'après la p hil osophi e clialecliquc, la philosoph ie d u
bonheur éternel, d e l a liberté infinie ct d e la justice abso lu e , le ca n cer
es t en réa lité le pl u s grand bi enl"a it.eu r de l' ho"mmc. C'est lui, le c ancer,
qui frein e la vitesse form idable e t catastrop hiqu e de notre c ivil isa tion,
vola nt vers Ja f in elu dua li sme !
Si les bombes à hydrogène nous empêchent cie nous tue r les
les a ut res inuti le ment, c 'est Je cancer q u i nous sa uve de
Llll S J'impasse
cie la c ivi li sation scie nt ifiq ue et technicienne, étra ngère à la vie, à
la spiritualité, au monde cl à la _ju s ti ce absolue qu i crée e l gouverne
leut clans ce l un ivers.
Vous avez dé jà vu d es malades qui se sont guéris eu x-mêmes
e n étudiant ct en pratiquant la philosophie dialectique, en Europe
a u ssi b ien qu'aux Etats-Unis. Souvent, ils avaient été officiell ement
déclarés <<incurables "• non seulement elu cancer, mais de toutes so r tes
cie maladies physiques el mentales. De pl us, ils ont obtenu la liberté
infi nie, le bon h eur éternel et la justi ce absol ue que les h ommes ont
tant rec herchés depuis des milli ers d'années.
Le but des cinq grandes religions de l' homme- religio ns plusieurs
l"ois mi ll énaircs, i nventées en Orien l - m'apparaît avant tout comme
de sa u ver l'homme de ses << quatre g ra11de s souffrances p!tysiologiques »
(so u ffrance de vivre, souffrance de la maladie, soutfra ncc ci e la viei l-
lesse ct sourtran ce de la mort), c'est-à-d ire de nroc urer la santé, Ja
lcngévité et la jeunesse mainten ue, qui sont la base fondamentale
de notre bo nheur et de no!r e liberté. Ma is, à travers les siècles, les
rc l!g icms sont t ombées dans les mains c.le re ligi eux pTOfessionnels qu i
11c sun l que d es p h onograp hes d ébitant des mots et des paroles sa crés.
{) uc lq u cs sava nt s, il est vra i, ont une connaissance con ::cp l uellc dL· s
huis de la re ligio-n, mais, ma lh e u reusemen t, ces h o mmes ne sont p~1s
d1r I• Jul pratiques.

9
Y I N- YA NG -

JE M'ADRESSE AUX PENSEURS OCCIDENTAUX

Aprl:s avoir passé p lus d 'un e cinqu a ntaine d' a nnées à é tudier,
pratiqu e r e t e nseigner le principe unique ci e la p hil osophie di a lectique,
j e crois le te mps venu ete •l n'aclres ser a ux pe nseurs occidentaux , leur
d e m a nd a nt d 'é tudier eux au ss i ce tte logique para doxale , e nfantin e,
en a ppa rence trop s impli s te mais e n rt:a lil é t rl:s pra tiqu e e t très
e ffi cace lorsq u'o n l'app lique à la vie qu o lidi c nn.:. Vo il à la ra iso n qui
m'a fa it écri re ce petit liv re.
Il es t re co nnu que no tre c ivili sa ti o n sc i<.: ntilï quc c l tec hni cien ne ,
s in o n toute l'h um anité, se trou ve a u borel d 'un e ccrla s l rop hc 1 L'homm e
civili sé m oder ne es t pro fond ém e nt e nve loppé par le «s m og>> de J'in cer-
titude, de la peur politiqu e, soc io logiqu e c l physi o log iqu e, de la pe ur
des crimes a t roces et des mala-di es in c ura bles do nt la p lu s re dout ée
est le cancer.
Les civili sés on t sa ns cloute réuss i à rt:vo luti on nc r· cc mon de d 'es-
clavage et d e mi sères e l à é tab lir un e bri li a n tc c i vi 1isérl ion .~c i e n ti fi qu e
et techn icienne . Elle es t sans pare ill e e l sa ns p réct:dcnt clan s toute
J'hi s toire de l'·hommc . Tou s, n ous J'admiro ns c t no us J'a imo ns .
Mais , "p lus g r-and e la fac e, plu s grand le clos>> 1 Cette c ivil isat io n
si br ill ante , e t avec e ll e toute l'humanité , sont menacées à c haq ue
in s tant elu da n ger d'explos ion . Nous p ouvo ns to ut perdre ct n o us
pul vériser !
Quel clorrnm age !
Mai s quell e es t la cau se et e ce tte auto-ex plosi on ?

LE PASSAGER ORIENTAL

La ci,vi li sa ti on sc ie ntifique e l tec hni c ie nn e, très puissante c l gi-ga n-


tesqu e clan s son en vergure apparen te, m arc he avec un e vitesse tor mi-
clab·le el de plus en plu s accélt: rée à tra ve rs les lt:·nbbres d'un océa n
inco nnu et déchaîn é. L'équipage de œ gra nd paque bo t mo bilise tou s
les in s truments d e préc is io n afin de déterminer un e bo nne orie ntati o n.
H élas ! les in stnunents ne do nne nt pas le rés ultat es péré . Il n 'y a
rien à faire ;tou t l'équi•pa,ge s'é pui se e l se cléses pl: rc ... Ma is, p a r' mi, les
milli ers de p assagers d e ce paque bo t, il y a un Or ie ntal t rl:s âgé qui
connaît Je moyen ete tro uver un e bonn e orie ntation cl'aprl:s un e con s-
tellat ion d' étoi les lointa ines . Il offre volo ntai reme nt ses servi ces e n
tant qu'ancien astronome. Pendant de lo ngues ann ées, il a é tudi é un
antique système d'astronomie plu s ie urs fo is millé na ire . Ce tte astrono-
mie, d'ap rès les cieux sa vants fra nça is Bi os , pè re e t fi .l s, pouvai t
prévo ir les éolip ses de sole il il y a 4.000 a ns . Toute fois, il y a davan-
ta ge : ce vieux passage r peut o ffr ir non seul ement son astron omi e,
mais au ssi sa connaissance d'une route plus süre, ce lle elu bonheur
é terne l, cie la liberté infinie et s urtout d e la jus ti ce a bsolue, qui peut
transmuter tout malheu r en b o nheur . Mi e ux encore : il est e n mesure
d 'affirm er que plus grand est le ma lh eu r, plus grand sera le bon heu r .
Toutes vos cri tiques, m ê m e sans cérém o nie, se ront reçues avec
une gran de j o ie. Je sui s à votTe e ntière dis position pour vo u s fournir
toutes les infor mations à. propos de ce m ouve ment philosophique ct
p h ys io logique cla ns ce Nippon s i peu access ible aux é trangers.

10
YJN-YA NG - -

Chap. I

LE CANCER
ENNEMI OU BIENFAITEUR
DE L'HUMANITÉ
?

LE TABAC PEUT ETRE RECOMMANDE


AUX CANCEREUX

La dernière forteresse cie la civilisation orientale, l' « invincible»


N ip pon, qui s 'était forüfié en utili~~nt la civili sa tion . occiden~a le, a
caJJitulé à la suite des deux premieres bombes atom}ques. Plus de
318.000 civils ont é té inhum a inement tués en que1ques secondes dans
les deu x villes pacifiques de Hiroshim a e t Nagasaki. De p lus , quelCJ,ues
million s d 'autres ont ét é intoxiqués ou mutilés ; quelques m1lll ers
en meurent encore chaque année. Tout ce qui a un commen cem e nt
a un e fin !
La civili sation o rie ntale était mora le, comme le montre la stra tég ie
d.: Ga ndhi. Mais l'Invincible Nippon , Je meilleur é tudiant ete la c ivi-
li sa tion occidentale, avait travaillé à s'occide ntali ser cl t::puis 80 a ns.
L.c gé néral Tojo, ch e f de militaires simplis~e.s e_t fan a tr·q ues , vo:r·lut
rlH J•Il l rc r que le :meilleur étudia nt de la clv lll S<OI't rorn de 1Oues t cta rl

11
- YIN- YA NG -

devenu supér ieur à son maître. C'était de J'arronoance Il avait oublié


l'enseign_eme nt oriental qu'il avait a ppri s dans Sa j~unesse, surtout
0

la stnüeg1e de Song-tse, la stratégie d e J'amour. La d éfaite totale et


complete de l'Invincible Ninpon était un tait s ans précédent dans
toute notre lustOJre . Ensuite de quoi, no us a vo ns volontairement
r ennnc é à la fopce militaire pour toujours.

L'INVINCIBLE NIPPON
N'EXISTE PLUS
L'Invin~ibl~ Nippon n'existe J?•l us. Tout chan ge, toul c!i s pa 1·aît clans
ce monde, ephemere et relatü. ~Ien n'y est con s tant ni é te rn e l, à J'ex-
ceptwn dune seule regle : la lm de toute tran s mut a ti on , Yin-Yan g.
Au contrair,e du Jap~:m: les .Etats-Unis ont vain c u. M a is ce rut pour
lomb~r dans d autres difficultes beaucoup plus g raves qu e la guerre.
On .~I~ que les Etats-Unis ont fabriqué 60.000 b ombes H e t qu e les
So:vie tiques. en ont 30.000; ave c ces 90.000 bombes l-1, on p e ut a n éanti r
smxante"qUJ~ze fois l'humanité entière. Une telle s ituation su pp r i me
les perspectives de paix durable bien autrement qu 'elles ne le f urent
pendant la guerre. La paix en vue, c'est la paix de la mort. Si l'on
utilise ,ces en~Üis meurtr iers sans précédents, ce sera le suicide de
toute l humamte, ou presque.
. En plus. de ces difficultés stratégiques, il y a les difficultés biolo•
giques: physw~ og1ques, mentales ~t morales : cancer , allergies, diabète ,
mala dies cardiaques et Circulatoues, e t surtout maladies mentales e t
morales (cr.i minelles) qui dépassent en importance ces premières ma-
ladies physwlogiqu~s. Les Américains leur consacrent un e d épense de
3~0 dollars par tete chaque année (et c eci ne comprend pas les
dep enses elu gouvernem ent et des institutions officielles) : le total en
est 54.000.000.000 de dollars. Ma1gré cela, le n ombre des mal a des au o-
mente de plus en plus, et qui plus est, il a p paraît beauco up de maladi;s
nouvell~s. dont la plupart sont du es di rec te ment aux m édecins et
aux medicaments. On les a ppe lle m ala di es ia t mgéntqucs.
Voilà pourquoi l'h omm e , e t s urto ut !'•h omm e civili sé, vit p énible-
ITten~clans la compa.gm e quo tidie nne d e l'in certitud e e t d e la p eur.
Il ny a aucun espot r b1en t ond é de santé du rabl e . Voilà où nous
en somm.e s.

lE NOMBRE DES MALADIES


S'ACCROIT
, La m~decine occidentale a sans doute énormément progressé . Il
~y a . g~ere pl~s de cent-cmqu.ante ans que François Quesney l'a
emancip~e des echüpes de barbiers. En ces quelques années, elle a
progresse beaucoup plus qu'elle ne l'avait tait clans le s deux mille
tmi~-cents . at;s précédents .qui la séparent de l'époque d'Hippocrate.
Ceci est generalement aclm1s. Il est mcontestahle que l'on trouve par-
tout aujourd'hui de grands hôpitaux dont le nombre n e cesse d'aua-
menter. Mais il n'est pas moins incontestable que le no mbre cl;s
m~lades et des nouvelles maladies s'accroît en mêm e temps. Et
pws : le cancer reste toujours invincible ! En réalité, toutes les au tres

12
- YI N-YA NG -

'na la di es s ont également invincibles . La médecine oocidentale croit


avu·ir guéri la maladie quand elle en a éliminé les symptômes o u les
rés ult a ts ; elle ne s'occupe pas des causes. Ce ne sont pas les microbes
o u virus qui causent une maladie infectieuse : il y a immunité natu-
re ll e contre tous les o11ganismes étrangers. Mais pourquoi le malade
a-l-il perdu son immunité naturelle ? Là se t rouve la cause de la
m a ladie. Pourquoi ne recherche-t-on pas la cause dans la médecine
occidentale? Est-ce dù à la m e ntalité des civilisés? C'est tout à fait
incompréhensible !

IL EST TEMPS DE REPENSER


LE PROBLEME DE LA CIVILISA Tl ON

Les nuages noir s de l'incertitude et de la peur qui suppriment toute


visibilité à tous les horizons de l'homm e , j oints à la maladie invincible
(maladies mentales et cr imes ) qui progresse à pas de géant, nous
o bligent à repenser le problèm e de la civilisation sci e ntitique et techni-
c ienne, surtout celui de la m é decine s ymptomatique qu e nous avon s
adoptée précipitamment depui s e rwiron un s iè cle . Nou s repens on s ici
à notre civilisation plusieurs foi s millén a ire que nous avons a ban-
d onnée si naïvement à la re ncontre ci e la brillante civilisation occi-
dentale , la civilisation de la technique, de la force, du confort et du
plaisir. A beaucoup de points de vue, notr e civilisatio n était diamétr a-
lement opposée à la civilisation cie l'Ouest. Le moteur de c ette dernière
est la volonté de satisfaire nos désirs sensoriels et se ntimentaux, tandis
que le moteur de la pre mière est la volonté de r éaliser le « moi» ,
de perfectionner la personnalité , de connaître la signification et la
valeur de la vie, du monde e t de l'univers. Le septième ciel s'obtient
en conquérant tous nos petits désirs et plaisirs éphémères à travers
toutes les difficultés de ce monde r elatif et toutes les tristesses sen-
timentales. L'on y trouve et l'on y vit la justice absolue qui est le
bonheur éternel et la liberté infinie. La voie << occidentale >> est la
route facile ; l'autre est le sentier difficile ...

JE SUIS UN JAPONAIS PARMI LES PLUS TRADIONALISTES


QUI AIT VECU PLUS DE VINGT ANS EN OCCIDENT

Le << smog>> de l'incertitude et de la peur a supprimé les vues


s ur tous nos horizons. Il a conduit notre civilisation scientifique et
teohnicieime au bout d'une impasse. A cette vue , le vie il auteur de
ces lign es éprouve les regrets les plus profonds. Il se remémore les
pa roles des sages de l'Est qui vivaient sur cette planète il y a des
milli ers d'années et qui vivent encore dans leurs paroles, ces paroles
qui nous donnent la lumière, l'espoir et le courage . Ces sages furent
de véritables h o mmes libres : Lao"tse, Song-tse, Boudha, Nagarjuna ...
Ayant été or phelin et pauvr e depuis l'âge de 10 ans, je n'ai pas
pu recevoir l'enseignement de la civilisation (moderne offici e ll e ) dan s
m a j eunesse. To ut compte fait, ce fut heureux. (J'admire la pauvre té
ct les diff icultés qui seules peuvent nous tortitier et nou s do nn er
suit e t faim de justice!). Je m'efifor çais d'absorber tout l'enseign e m ent
1 r~1 cl iti onnel qui vivait encore ces jour s-là dans la vie qu o tidi e nn e de
CL' pe lit pays à l'extrémité orientale du monde civilisé o u colo ni sé.

13
YIN-YANG

Plus grande la face, plus grand le dos Plus grand le malheur,


plus g ra nd le bonheur ! Si vous avez un e des maladies les plus
redoutabl es (par exemple le cancer du foie), vous ê tes assurés d'être
sa u vés Je p.Jus miraculeusement. Un exemp.Je en tre mille : j 'étais moi-
m ê me un des plus misérables « sans fa mille» à ]âge de 10 ans. Mon
av idité fut d'autant plus forte de faire connai ssance avec la civilisat ion
occ id ent a le. Maintenant, je suis une rareté : un J aponais parmi les
plus traditionalistes qui ait vécu plus de 20 ans en Occident.
Malheureusem ent, et aussi h e ureusement , je fu s abandonné à J'âge
de 18 ans par la m édecine occidentale. J e souitra is de tuberculose
pulmonaire, comm e ma mère qui en mourut à J'âge de 30 ans, co mme
m on uniqu e frère cadet (mort à 16 ans) et comme aussi mes p e tites
sœurs. Ma famille fut une parmi des milliers e t des milliers de fa mi Iles
qui ont disparu faute de savoir s'adapter à la n ouvelle civilisation
exotique. Mais j e me suis sauvé à J'âge de 20 ans grâce à la pratique
de l'enseignement des ancien s sages , homm es libres, surtout grâce
à la philosophie unificat r ice, m ère de to utes les sci en ces et d e toutes les
tec hniques OPientales. L'enseign e me nt ·d e J és u s fut a ussi en m ême te mps
médecine, morale , savoi r-vivre, une véritable méd ecine du bonhe ur.
P'ui squ e nous so mmes corps et aussi àme, que la matière e t la s<pi r i-
tu a lité sont les deux faces de notre unique existe nce, nous pouvon s
ag:ir s ur la maladie en l'attaquant de ces deux côtés. Le traitement
elu cô té matériel est forcém ent plus fac ile, mais symptomatique et
sa ns fin , tandis que le traitement de l'inté rieur de la personn a lité,
ou spiritualité, est plus difficile mais p lus fondamental et quelque fois
miraculeux. C'est pourquoi Jés us a sauvé tant de malades dits « in cu-
ra bles'' si fac ilement et mirac uleusement.
La m é thode d'or de Jésu s est : « Prier e t j eü ner "· C'est a ussi
la technique fondamentale de toutes les écoles où l'on apprend à
se diriger vers Je royaume du .b onheur éternel, de la liberté infini e
e t de la justice absolue clans tous les pays asiatiques, aujourd 'hui
comme il y a d es milliers d'années : B ouddhis me, Ta o~·sme, Shintoïs me ,
toutes les p hilosophies des I ncles, t ou tes les religions trad itionne lles
e t toutes le urs écoles a c tuelles. Aux maîtres de ces écoles re li.gieu ses,
m o rales, philosophiques ou cu lturell es, il n 'es t pas p e rmi s de t omber
m a lades ni d'être tués soit par clcs assass in s soit par des a ccid ents
en n'impo rte que lles c ircons ta nces . Lorsque: je vi s ite des hôpita ux

LA QUANTITE CHANGE LA QUALITE


VIVERE PARVO

catholiques ou p rotestants un peu partout e n Europe, a ux Etats-Unis,


en Afrique ou aux Indes, je suis t rès fortement choqué : ils. pratiquent
tous la thérape utique de la m édecine « scientitique" officielle !
Que lle h onte ! Quel crime ! Ils t émoignent p·l us de coruiance dans
la vertu d es m éd icaments et du traitement m édical qu'ils n'en accor-
dent à la Toute Puissance de le ur Dieu. Si la religi on ne nous garantit
pas la santé, base fondamentale de notre bonheur, je la tiens pour
menteuse ou pour un « opium "· Toutes les grandes religions d 'Extrê me-
Orie nt n ous garantissent le b onheur immédiat dan s ce m onde, non
pas au paradis. S'il y en a une qui ne le peut pas, elle est fau sse,
décevante, eUe n'est que superstition.

14
YI N-YANG -

Vivere par vo ! " est une a utre expression de « Prier et j eüner >> .
E n pratique, << Vivere parvo" si.gni.fie : " Sois d étaché de tout ce qui
n'est pas absolument et immédiatem ent n écessaire ; il ne fa ut manger
ct boire que le minimum absolument n écessaire (la quantité change
la qualité ! ) ; il faut prendre tout ce qui est absolum ent nécessaire
e n quantité suffisante, et ri en de p lu s"· Si c'est là le sentier qui doit
nou s conduire vers le bonheur et la jus tice absolus , comme l'ont
e nseigné Jésus, Bouddha, Lao"tse, etc ... , pourquoi la san té abso lue n e
se rait-elle pas ga rantie à tous? La civilisati on scientifique et technique
es t en fait la seule re ligion créée en Occident : elle nous conduit dan s
un e voie t out à fait contraire à la nôtre : vivre dans l'abondance,
clans la jouissance et la sati s faction illimitée de tous nos désirs sen-
so riels, sentimen taux , économiques. Elle est la réalisation d e J'insa-
tiabilité de la folle voracité de l'ho mme. C'es t pourquoi tous les sages

100 '~u DES MALADES


SONT lATROGENIQUES
traditi onnels de l'Ori e nt m ode rn e sont con tre la c iv ili sa tion occiden-
ta.le : Gandhi, Aurobindo·, sul'to ut Tagore .. . Te nsin Okakura, Mao" tse-
lung, et tous les · grands maîtres n on académiques ct non officiels
de la philosophie, de la m ora le et de la tradition au Japo n d'aujour-
d'hui, te ls : M. Taniguohi, S. Yasuo ka, I. Tsuneok a, e t c .. . Le doc teu r
François Magendie a écrit : « S'il n 'y avait aucun mécleci n ni sage-
kmme, l'h omm e se porterait beaucoup mi e ux e t serait plus heureux" ·
Henri Thoreau é tait aussi contre la civilisati on, de m ême que Ro usseau ,
Carpen ter, etc ...
Si J ésus revenait clans ce monde d'ab ondance et d'excès, où l'on
ne mange et b oit que pour satisfaire ses plaisirs sen soriels, il serait
tout à fait stupé fié e t il me semble qu'il commen cerait par abulir
tout de s uite toutes les égli ses et par chasser t ous les moin es qui
sont << gr.os comme des n'laines"· S'il descen dai t la 5""' Avenue de
New York, et s'il pouvait lire clans LLD des derniers num ér os elu maga-
zine Look ce g rand reportage m édical où il est elit « qu'au moins
20 % des m alades so nt iatrogéniqu es », il lui faudra it s 'excla mer :
« Non ! 100 % sont iatrogéniqu es 1 Vou s mangez trop e t vou s buvez
trop, vous consommez m êm e des produits exotiques et h o-rs de saison !
Oh ! fils et fi.lles d e vipères ! Vou s priez : Donnez-nou s notre pain
quolidien ! et vou s n'e n m angez qu'un t o ut petit morceau, que vou s
a ccompagnez d 'une épaisse t ra nche de bifteck , d e quantités cl'icc-c ream ,
de café·, de fntits exotiques, e t de tant d'aut res choses. Et ce que vous
~1pp e l ez pain est gonfl é à la levure , blanchi et stéri lisé a ux produits
c himiques, fait d e farin e trop raffin ée. Voul ez-vous elene vous sui cider J
Vo ulez-vo us donc aller aux En fers à tout prix e t à toute vitesse J
Etes-vous donc si in compréhensifs, s i ignorant s, si ar t c·o;an ts et si
f'o us ') Vous avez perdu le se ns de l'ordre de l'univers ! Faites votre
~1u tc -cr i tique : me a cul pa ! "·
L'in cc rtiluclc, la peu r , le danger et l'angoisse qui règnent clan s
la civilisa ti o n ac tuelle, gloire de la scien ce et de la le ohn iq ue, ne
sont au tres que celles elu roi Midas ! La c ivilisation occidental e pos-
sède la maîtri se de la maté rialisation, ou presque. Mais la matéria·
li sa tion absolue est l'immobilis ation totale, donc la mort. La vi c est,
au contra ire, la mobilité inhnie. La vie es t la transmutati o n p er ma-
nente et incessa nte e n accord avec l'ordre de l'univers étem e l.

15
- Y! N-Y ANG -

LA DIALECTIQUE YIN -YANG


La ma ladie ph ysiologiqu e est la dé maté ri a lisa ti o n de n ot re corps.
La dématéria li sa tion es t produite p ar la p erte de l'ordre clans la
matéria li sa ti o n. ·
Lao- tse elit : " Un p roduit Deux, Deux produise nt Trois e t Trois
produisent tout ». Je s uis son interprè te pour vo us. Il dit : " Un infini ,
comm encem ent sans commencement, prod uit De ux pôles Yin et Ya ng,
antagonistes é te rnels qui s 'attirent forteme n t p uis qu'ils sont antago~
nis tcs ; lors qu'ils se son t rencon t rés, Jls luttent d ésespérém e nt l 'un
contre l'a u tre p uis qu'ils sont antagonistes nés . Ma is de leu r prem ière
r encontre, le troisiè m e antagoniste est né : il s'oppose à son p ère
a ussi b ien qu'à sa m ère p uisqu 'il n'es t n i Yin comm e sa m ère, ni Yan g
comme son père. C'est de ce tte mani è re que tou t est produit par
la rencontre des a ntagonis tes Yin e t Ya ng. To us ceu x qui sont p r o dui ts
ens uite sont nécessairem ent antago nis tes de p·lus en plus compliqués
et différ entiés . Voilà pourqu oi la vic es t a mu sa nt e e t pl eine de
conflits ; les un s m onten t et les a utres tombe nt, le pre mier de vie nt
le derni er, le plus fort devient le plu s fa ib le el ce tte gue r re perpé-
tuelle n'a d'a utre iss ue que la Mor t ou les En fers . Voilà la v ic
humaine clan s ce m on de infini .
Mai s, dans la nat ure, il en va tout à l'ai t di.Jté remment. De ux pôles
Yin et Yang produi sent l'énergie é lectro-m agnétique. Cette dern ière
produi t la m at iè re préatomique qui se condense en atomes. Ces pre-
miers atomes se multiplien t . Les m ul tip les isotopes n ous révèle nt
les passages d 'un ge nre d 'atomes à u n a u tre. Les atomes s'oPganise n l
enfin e n dive rses m o lécules, et cell es-c i e n organism es selon l'ordre
universel de l'in fini UN. H n'y a aucun conflit. Tout va bien, faci le-
ment e t naturelle m ent. Voici le secret le plu s précie ux : le sec re t de
t oute la fac ile t ra nsmutation n at u relle. C'es t la loi unique Yin-Yang,
qui es t Je prin cipe uniq ue de la p hilosophie d'Extrêm e-Ori e nt. S i l'o n
applique ce principe unique dans la vie qu o ticü en ne, il n'y a u ra a ucun
conflit, auc un e di ffic ulté, ni incertitude , ni pe u r, en tou s cas b ea ucoup
moins. Ain si les végétaux vivent sans parler ni c rie r, m a is pa cifiqu e-
ment. Les a nim a ux a ussi vivent e n général pacifi quement; il s o nt
bien quelques conflits passagers , a mi ca ux, mai s n e n ous m o ntre nt
jamai s d e guerre sys té matique visant à la destruction toLa le de l'en-
nemi , à la t ue ri e d e milli ons d'ê tres e t fina lem e nt à la s té rili sa t io n
de la p la nè te .
La civilisa tio n orie nta le ne traite pas elu to ul les c hos es à la mani è re
de la civ.i·lisat io n occidentale ! Celle-ci a e n vue un m o nde idéal où
l'o n p e u t satist a ire t o us ses désirs se nsorie ls à vo·lon té. La première
a en vu e une socié té où l'on vit e n parta it a ccor d avec l'ordre de
l'univers infini, a vec les lois de Yin-Ya ng. Arts, rehgions, philosophies
e t cultures scm t les fleurs de la civilisatio n orie n ta le tandis que force,
tec hnique e t hégém onie mondiale sont les fl eurs de la civili sa tio n
occidentale, clonl l'aboutissement est la bombe à hydrogène .

IL N 'Y A PLUS D'ECOLE OFFICIELLE


OU L'ON ENSEIGNE LE PRINCIPE UNIQUE
Il est vrai que les Orientaux , e t su r tout les Japonais, on t aban-
donné e t ou blié ce principe unique dep ui s un siècle. Il n'y a plus
aucune école offi c ielle au Japon où l'on enseigne le principe unique

16
- YIN-YA NG -

de Yin-Yancr. Autrefois, tou tes les écoles l'enseignaient depui s des


m illi e rs d'a~n ées . La vie elle-m êm e avait é té con sidérée comm e une
g ra nde école dont le but é tait d 'enseigner le principe unique.
Les ca rac tères chinois q ui sont emp loyés pou r désign er la civi-
li sation occi dentale son t erron és . Ils s igni lie nt « le monde éclairé par
la lumière de la philosophie (le principe unique qui un ifie t out a nta-
oonism e en comp lémentarité ) "· La civili sa tion occidentale devrait
plutô t ê tre représentée par les caractères qui sign Hient " le monde
é clairé p ar la lumiè re de la tec hni cité (m a térialiste, dualis te, at hée)>>.

LE CANCER EST AUTOGENE


DE L'HOMME CIVILISE

Les nu ages somb res d e l'in ce rti lude, de la peur, des v!rus, elu
ca ncer, des ma ladies m en ta les, e tc ... sc lèvent à tous les h oriZon s d e
la civili sa ti on occid entale, sc ic n ti 1iq uc c t teohnique. E lle ne peut p lu s
accuser ces nuages d'ê tre de prove nance ét ra ngère et hostile, d 'être
les p roduits d'un au tre monde ex té rieur. f: ll e les a développés ell e-
m ê me surtout le cancer. On p e ul pres q ue cltre que le cancer es t a uto-
crène .de l 'homme civilisé d e la civili sa ti o n e ll e-même ! Mais ni l'homm e
~ivili sé ni la civili s ati~'n m odern e ne p eu vent pas s'apercevoir d e
le urs propres fa utes . Pourquoi J Pa rce que ces taules sont trop
(J'rancies ! Quelles son t ces fau tes? Des dua li smes , d ua li s mes a na -
l y tique e t mécanique, matérialiste e t égoce nt r ique !
De puis Aristo te e t su rtout de puis Descartes, J'on a écarté les -p ro-
blè mes immatérie ls. On s'est seule m e n t occupé d e la matiè re e n
o ubli ant de P'lus en plus tout ce qui n 'était pas << matière>> ju ~ q~~ ·~
ce que l'on e n eü t complètement oub lié J'exis tence. On. en esl arnve a
croire que to us les p roblèmes peuvent ê tre r ésülus quand on trc;>uve
par a nalyse tous leurs constituants. Ma is la chimie et la p h ys1q u ~
o nt déco uvert que les m oléc ules c himi ques n'ét aient pas les cornstl-
tuants finaux de ce monde ; puis, q ue les atomes ne l'étaient pas
non plus, malgré le ur d éfinition m illéna ire ; puis, que les a tomes
e t les part icules préatomiques dont ils son t constitués v ienne nt de
J'énergie dont l 'origine est tout à fa it in connue. Tou tes les r echerches
sc ientifiques e n ont été boule versées. Le grand professeu r Brid gm an
s'es t s ui c id é à J'âge de 79 an s, t o ta le me nt déç u.
La m édeci ne occidenta le, qui s'ava nça it en tâtonnant et e n s'a p-
puya nt su r la ph ysique e t la chimi e, ne sait que faire devant la
multipli cation de tant de maladies « i ncu rables» : c ancer, a lle rgies,
ma lad ies m e nta les, maladies cardi a ques, e t beaucoup de nouvelles
ve nues . La méd ecine croyait que la 1b ase fondamentale d e la v ie se
trou ve a u niveau de la chimi e, c'es t-à-dire au niveau de la couohe
é k ctronique externe des atomes. Ma is, loin de là ! La racine d e .la
vic desce nd beau coup plus p rofondément, jus qu'au niveau des nu cléons
e l probable me nt au-delà. Les exp ert s modernes recherchen t le méca-
ni sm e v i la i cla ns la résonan ce électromagnétiqu e, le spi.n élec troniqu e,
la tran s mutat io n naturelle et la t ransm uta tion biologique ... Ma is, m ê me
s'ils p ouv a ie nt réaliser la véritable image d e la stru cture ult ra-
infinités im ale de la vie, ils ne p ourront jamais réaliser l'im age de
ce qu i l'a nim e c t qui est l'i nvis ible : la v ie.

17
- YIN-YANG

TOUTES LES GRANDES CIVILISATIONS


ONT COMMENCE A SE DECOMPOSER
PAR L'INTERIEUR
L'histoire nous montre qu'invaria,blem ent, tous les grands empires
et toutes les grandes civilisations ont commencé à se décomposer par
l'intérieur. C'est celui qui dirige un pays ou une civilisati on qui en
est responsable :. le roi, le gouvernem ent, par leur conception elu
monde. Il leur Jaut donc avoir une foi e t une volonté bien fond ées
s ur une conception juste de la vie, du m o nde de l'univers . La c ivi-
lisation occidentale a progressé trop vite, t rop ~atérialisitiquem en t. Il
lui faudrait s 'arrê te r un peu, réfléchir à l'ori oine cie ce tte in certitu de
et cie cette peur cie la guerre qui p e ut exploser à tout mom ent , e t
elu ~ancer qui menace l'humanité. Depui s p lu s de elix ans, il es t
aclm1s que n o us sommes entrés dans une crise extraord inaire et san s
précédent clan s l'hi s toire de l'hormme. Le ca ncer est d 'ailleu rs reconnu
comme autogène. S'il é tait vrai que le can cer füt cau sé pa r un virus,
comment sc ferait- il qu'une personne en bo nne santé· puisse résister
si facilem ent à son inoculation? Si l'on admet l'exis ten ce d 'un e immu-
J1.Ïté naturelle, qu'est-ce que l'immunité nature lle? On n 'en saiL r ie n.
Il est vraiment trop prématuré d 'a ocuser un virus qui n 'est encore
qu'une inconnue ! Beaucoup de m édecins occidentaux ont déclaré
qu'un virus était la caus e du cancer, mais p ersonne ne sait encore
quelle est la nature de ce virus, ni d'où il vi en t, ni comment il produit
le cancer. On n e sait m êm e pas encore la nature du cancer et e ncore
moins celle cie son virus supposé ! Comment p eut-on combiner ces
deux « inconnues"? D'autre part, le gouvernement des Etats-U ni s
accuse la c igarette comme étant le gr a nd malfaiteur responsable elu
cancer du poumo n. Il se 'b ase s u r d es s tati s tiques . La médec in e s ta-
tistique ! So it !
La m éd ecin e sta tistique ou virologique p eut accuser n 'im pu rt c
qui d 'être Je coupable du cancer.
Les m édecin s occidental isés du Japon n'acc use nt , e n uén éra l , pa s
un virus comm e é ta nt res ponsable du ca nce l- ; presque to~u s, il s at ta-
chent la plus gra nde importance à la th éor ie de l'excita ti on répé tée
comme étant la ca use elu cancer. C'é ta it la th éor ie la plus co ns id érée
au cours elu s iècle passé. Seul, à ma conn a issa nce, le docteu r K. Has umi
s 'est pronon cé en fave u r de la th éorie d 'un v iru s comme éta nt l'auteur
de tous les cancers .

QU'EST-CE QUE LE CANCER ?

Mais qu'est-ce donc que le cancer?


Le cancer ne vieillit pas ; il ne tombe pas malade, il se d éve-
loppe , il s'arrête, il dort, il se réveille et recommence ses activités.
Il répète un tel cycle indéfiniment. Il ré s is te, i 1 s'adapte, il triomphe.
C'est la vie elle-même . C'est la vie clans son é tape métabiologique,
rnétapbysico•obimique, métapbysiologique , m éta.g éologique . C'es t la
matière de la vi e à laquelle manque e n core se ul ement l'or ien ta ti on
ou la spirituali té; elle est donc aveugle . C'est la volonté ave u ale, m é-
canique, c'est-à-di re l'insatiabilité, la v oracité , l'expansion infi~ i e très
parfaite au p oint de vue de la matière organiqu e mais non au point

18
Y I N-YJING -

de vut: dt: la sp iritualité. C'est-à-dire tro p de m atérie l, t rop de p h ys ique


L'l 11·up pe u etc n o n-maté riel. Pou r quo i ce dés équilibre e n lrt: la matière
c l 1 ~1 sp iritu al ité ? Tout dépend de so n c réa te ur 1

Le c réateu r elu ca ncer est J'h om m e dua li s te, maté rialis te. Il es t
cc mm e le roi Midas qui a tou t transmu té en or . C'est la réa l isation
dt: so n rêve c héri. Le Midas m oderne, e n vo ulant mo nopo.Ji scr le
mend e af in de satislairc ses désirs ave u gles e t se nsoriels, a réa lisé
le ca ncer. Le cance r, qui se d éve loppe inci él:inim e nt e t aveu g lé m en t,
est l'image elu vou loir de l'h omm e qui a abandonné et o ubli é se n
5 m c à la s uite de la dich o,tomi e ca rtés ie nne o u aristotéiicnne. La
quant ité c hange la qualité ! Le ro i Mid as a perdu la vue e t ave c e lle
so n orientati o n ' Il ne voit p lus, il. n e ve ut plus voir la vale u r de
la matière en abondan ce. Dan s l'abo ndan ce, il a trcuvé le contraire
de son id éa l in ce rtitude, peur, a ngoisse, guerre, ca ncer invisibl e ;
maintenant, il do it écouter, son ore ille es t c nccrc ouve rte. S'il éco ute
la voix de la c ivili sa ti o n n o n - m atér i ; lli s~c. m é taph ysi que, m•; rale qui
vit d 'après l'o rdre de l'uni vers infini , d'après la phi losophi e Yin-Yan g,
sa vue lui revie nd ra in sta ntan é m en t. Le roi Mid~1s m ode rne, c'est-à-el ire
la civi li sa t ion sc ient ifique ct te c hniqu e, retrouvera de nou veau le
vé ritab le parad is qu 'il a tant rcc hc 1'C hé, le parad is ,_, ü il est Je rci
leut puis sa nt, respec té par Di o nys os , le di e u fabr iqu a nt le vin (plai ~ i rs),
cù il est l'ami cie S ilcnu s, le maître de Di onysos, c ü il j ouit etc tous
les fruit s et cie tous les produits s i dé li c ieux de cc j ardin oü co ul e
Je Pac to le a u x pai llettes d' or, O LI s ur tout il a toujours a upr ès de lui
sa fille Ma rigol, la plus belle, la p lu s sage elu monde. Mai s il lui lau t
perdre ses ore illes d'âne qui prélèrenl e ncore la mu siq ue de 1<1 rl utc
de Pan ( m o nda in, matéria liste) à ce ll e de la lyre d 'Apo llon ( mus ique
du ro ya um e etes sep t cieux, céles te, s,piritua li ste). Sincn les p ; sca ux
co ntinueront à répé ter au moindre ve nt : << Mid as, le roi Midas a etes
creillcs d'âne 1 » . Ceci veut elire que << la civ ili sa ticn s:::icntil iquc ct
tec hnique a etes orei lles d 'âne ! Ces cre illes ne peuvent pas appréc ier
la mu s ique du roya um e des c ieux l'onlre grandicse de l' Univers
1nlïni >>.

G. OHSAWA.

la suite prochain ement :


MILLE ET UNE MÉTHODES
POUR GUÉRIR
LE
CANCER

19
YI N-Y ANG -

Philosophie des fleurs

LA
/

MENTALITE
DES PEUPLES
ANTIPODES
par G. OHSAWA

Auj ou r d'hui que la terre es t con nue dans to u tes ses parties , s il-
lo nnée par to u tes sortes d e vo ies cie communica tion , qu e Je cie l m ê m e
:.:s t e xpl oré, il res te un e région absolum ent secr è te , incl éc hiffrablc
mê m e, semb le-t-i l, tellem ent é trangère qu e les se ns n e la perçoivc n t
pas : c 'es t la m enta lit é des pe u p les antipodes .
C'es t un e vue incomp lète de croire que le J a pon n' es t ant ip m lc
de J' Europe qu'en géographie. E n ps ych ologie , e n moral e, en es th é tiqu e,
il l'est a u ss i.
Avec l'art des arrangem e nts r!o r' èlLI X, o n peu l vo ir qu e la bea ut é Jù -
bas n'est p as la .m ê m e q u' ici, ma is no us ne sa is issc. ns pas encore
pou r quo i existe une pare ill e clifTércn cc c t , s urt o ut, no us ne croyo ns
pas qu'ell e ex iste partuul. Po u r ta;ll r ien n'es t p lu s gé né ra l. Les J'leurs
sent au cc ntrai re un s uj et à propos duque l les cl if-J-é re nces so nt les
plus fa ibl es, c 'es t puurquoi n u·us J' avo ns c ho is i. Il fa ud rait qu'il 11 o u s
serve de point d e d é part.
On obj ec tera « Les N ippons so nt semblab les à nous pui s que
depuis p lus de so ixa nte ans ils pro dui sent les rn èm es ch oses que n o us,
fa briqu ent les m êm es o b je t s , en un mot ont la m ê me civilisa tion" ·
Les met s tr ahi ssent la pensée : le mot .japona is, qui corres pond
au. mot civilisa tion, s ignifie «es pr it écla iré>> o u <<es prit pro fond >>. Il
a d on c une va leur p u rem en t murale, i m matérie11 e. Une c ivili s a Lio n
ma téric lle, ce l<l n'a pas d e sen s .
Que des savan ts, cles h o mmes rép utés sages a ien t pu prendre po u r
but un p e rfectionn e m e nt matérie l, cela es t incon ceva b le pour un v ra1
Nippon .
La n a ti on nipp o nn e est un e nati on hiérarchisée. La m asse sc pré-
cipite s ur l'argent comm e parto ut , mais elle adm ire le d ésint éresse-
ment. Dan s l'ancien N ippo n, les classes socia les éta ie nt ra ngées clan s
l'ordre : s amou raïs, paysans , arti sans e t ma r chands. Les marchand s
é tai e nt les p lu s riches, mais !.es p lus m é prisés.

20
YI N- YA NG -

Auj o urd'hui encore, aux réceptions so lennc!I es du M ikad o, ce ux qui


dînent à ses côtés , to ut près de lu i, sont so u vent de pauvres sa m o ur ais .
Les mi ll ia r daires sont re lég u és a u bas b out de la table. Le Nippon,
ma lgré t0 1,.1t son d ésir de copier l'Occi dent dans ses rnoin clres dé tail s,
n'a pu se résoudre .à changer de jugement. Il reste attach é· a u x vale urs
imma tériell es, la pauvreté·, la nob lesse, la mort au ch amp d'hcl'nn eur.
Lorsq u'un premier mini stre, amira l ou gé néra l, s 'in s tall e à la c ll an-
collcrie, les journaux décrivent son m ob il ier. Souven t, i l arrive que
ce lui-c i con s iste e n un petit lit de fer.
T mis objets sacrés préhi s t oriques so nt con servés dans le Palais
el u Mika d o e t doivent se rvi r de m o dè les aux Nippons, ce sont : une
pierre précieu se, sy mb o le de la gén érosité ; un mi roir, sym b o le de la
rdlexion s u r soi ; un e é pée, sy mb ole de ju s ti ce.
Que la justice ait ic i e n Europe pour e mb lème une ba lance, voi là
le s igne q u 'on a affaire à des p e upl es .march a nd s.
Mais revenons aux fl e urs. Cakya B o uddha m on t ra un j o ur un e
lî e ur a ux disci p les qui l'entoura ien t " J e vou s cède a uj o urd'hui tou l
le secret de n o tre phil osoph ie, clit-i1l. Le voic i >> . Pc ;.· sunnc ne Je compre-
nait. Un se ul. discip le suuri t en Je regardant.
"T u m'as compris . J e tc per mets ci e pr-êc her cl ès main te nant à
m a p lace>>, dit le Bouddh a .

L'ART NIPPON
PORTE L'EMPREINTE DE L'AMOUR
DE L'IMMATERIEL
Po u r Ne wton, la chute d 'un e p o mme a été J'occasion de la dé cou-
ve rte des lois de la gravit at ion. Pou r le Nippon , au cont r ai re , une
s imple feuille qui tcmbe au m1li e u d es cou leurs sp le ndid es de J'automn e
s uffit à montrer la van i té de toul, l'écoule ment de cc qu e l'h o mm e
i nsc nsé ve ut rete nir, le d éses poir elon t la con si d éra ti on des chos es
matérielles es t la ca us e . S'il n'av a it pas déjà hérité depu is des siècles
J'amour de l'immatériel, de l'in visi ble, de J'i nex ista nt, ce petit fait
J' é•c la ircrait. Il [aut être sourd pou r n e pas en te ndre ce qu e les fle u rs
d ise nt. E lles parlent comm e parlen t to u tes les beautés nature lles
la m er, l'océa n, les r ivi ères , les m oi1la,gnes, les pla ines, d 'un e mani è r e
te ll ement éloquente que J'h o mm e , saisi, ne t rou ve rien à. elire. Ses
IXluvres paroles feraient pitié à cô té de ce langage éterne l.
Le Nipp on entend ce qu e lui elisen t les fleurs, les p la ntes, les
insec tes Cll les oiseaux . Il s dis e nt que l'h omm e es t un être ridi c ul e
d Dn t les mcindres ges tes, les moindres d és irs sont des erreurs ou
d es blasph è mes. Il es t s i pe tit , si ignoran t qu'il n e peut qu e se tromper,
c t le mieux qu'i l ait à faire c 'est d 'abandonner tout ct de vi vre comme
les fieu rs des champ s. En m ême te m ps, i l gagn era la félicité é ternelle.
Un proverbe elit «Renonce r à t o ut, c'es t posséder tout>>.
Fc r''cé:m ent, l'a rt nippon doit p or ter l'e m preinte de sa m e nt a lit é.
Au début cie l'importatio n de la civilisation chin oise, il s 'in spi r a
des deux écu les de ses m aîtres : l'école elu Nord et l'école du Sud.
L'éuJ ie du Nord était réali s te, fidè le à la mati ère, aux coule urs, tand is
q 11 c 1'école du Sud était id éalis te e t impression ni s te . E ll e ch erc hai t ~~
L'X Iwi m er les id ées p lutôt qu e J'apparence. L'écu le elu Nord e mp loya it
11L-:lli C' ''LIP d e cuu le ur'S nature ll es . L'école elu Sud n'c mp·l uya it qu e

21 - >
YIN-YA NG -

l'en cre cie Chine p lu s ou m o ins étendue d'cau. Elle c herchait se ulem e nt
la bea ut é id éa le e t morale.
,L 'école d u Sud é tait naturellement la plus proc he du véritable
espri t nippon, si méprisant pour la matière . Mais les artistes de ce
te mJ~ s. d ont les plus cé lèbres sont les trois Nakao · Noami, Geami
e l Soami , se tro uvaient en é tait d'infériorité pour t raduire leur amour
de la natu re . Il s laissaient aller leur p in ceau suivant leur mystiq ue,
il s m éprisaie nt la forme , mai s ils se privai e nt e n m ê m e le mps des
coul e u rs .
Al urs , par un t r ait cie génie, ils ci-éèren l l'éco le des lî e urs. Les
fl e u rs, neuvelle matière pre mière pour l'art. Le urs cc uJcu1-s so nt var iées
il J'infini, e ll es son t préparées par l'Infini lui-mê me . Leurs formes sont
limitées , mais c 'est un grand avantage •puisque ce lte lim ite fixe le
langage d es fleurs . Dès lc•rs l'a rt nipp o n ayant trouv é so n mode .cl'ex pres-
press ic n parfa it s 'es t d éve loppé par ses prop res m oye ns .
O n peut s 'ét on ner de voir dan s les vieux dessin s japonai s une
perspect ive s in gulière. Ce so nt les premiers plan s qui présentent les
p lus retites d imensions, les derni e rs au contraire s o nt les plus grands.
Ains i un c ube es t représenté avec sa fa ce elu fo nd t rès grand e et cell e
elu ele va nt petite . Comment ce la se fait-il ?
C'est toujou rs le même caractè re, soucieux du pro fon d, cie l'invi-
s ible. Les Ccciden tau x ne se sou cient que de ce qu'ils voient en plein e
lumière, de ce qu'ils peuvent toucher, les Ori e ntau x s 'inqui è te nt de ce
qu'il s n e p e uve nt atteindre.
Il es t ais é de voir qu e J'esprit nipp o n réclame le cl ésintéressoment
a bs c•l u, le silence absolu, le m épris des c h oses tangibles . La civi lisaêion
ccc icl c ntal e ne pe u t cl o n e lui apparaître comm e un e véritab le c ivi li sa-
tion.
Le m o t ri c hesse e n japo nai s n'es t pa s équi valent aux m o ls o:.:c i-
clenLa u x correspondants c l s ig ni fie « menta lit é sans sou c i, absence d e
tourments». C'est un é tal d'âm e.

DEFINITION DE L'ART AU SENS NIPPON

Qu'cHe sera la meilleure définiti o n de l'art a u sens nipp o n? Un


cé lèbre phi losophe de la VI' épcque, Syakaku, n ou s la donne clans son
es th étique «C'es t un e vibrati o n , une palpitati o n a u rythme de
l' univers» .
Te ll e qu'e ll e es t, elle se mble ra in compré hens ible il beau coup
d 'Occi de ntau x. Jviai s le plus diffi cile à expliquer c'es t que cc l u nivers
dont elle pa r le es l l'unive r s invisible, clo ué d'une b ea u ~é imm atérie lle,
imp un clérable , au sein de laquelle les art istes nippon s so nt pl o ngés .
Le mond e a d eux faces : l'un e matérielle, l'a utre imma tér ie ll e. La
pre mi è re, les se ns les plus grossiers s uffis ent à Ja conn aître l'ouïe,
la vu e, l'o dora t, le t o u cher. Pur percevoir la secu·ncl e il fa ut êu·e éc lai-
ré intérieu re ment. Ce qu'il y a d e m e rveilleux c'est qu e pour l'es prit
nippon cet te fa ce immatérielle réalis e l'unité . Tout est diffé re nt a u
pein t de vue ma tériel il n'y a pas cieux visages a u monde, pas m ê me
deux a i·bres , ni deu x fe uilles, ni deux pierres qui so ient e xa c te ment les
n~êmes. Par co ntre, pour qui sait sentir, tou t a la mê m e âme, l'inf'ini
c t le fini, le ciel e t la terre, J'homme e t Di eu.

22
YIN-YA NG -

Aussi l' œ uvre d'art peut-elle ê tre réalisée par des procédés qucl-
cunqu es . Le peintre pourra e mployer des couleurs, mai s il pourra a us si
s'e n passer. La sen sation devra être la même. L'art ne doit pas êtr e
esc lave des choses, il ne doit pas se borner à reproduire la nature ,
il serait alors quc1que chose comm.e la photographie, il doit par son
es prit nous transporter au sein elu monde immatériel. Il ne s'agit clone
pas d'adresse ni d'habileté, petites c hoses humaines, il s'agit de voir
l'invi sible, de r ete nir l'i nsai sissable.

Si le philosophe occidental doit être d'abord géomètre , si les


sages de la Grèce elevaient avoir d'abord la connaissance des nombres ,
le sage oriental doit percevoir les principes cie la géométrie morale .
C'est une géométrie de la quatrième dimension qui est la c le f de to utes
les sciences ct de tou s les arts.

L'ORIENT CACHE CE QUE L'OCCIDENT SOULIGNE

De même, la poes1e. Les plus beaux poè mes d'Oc ci dent no us parais-
sent fab riqués avec des m o ts. On s'appl ique à rendre ceux-ci les plus
sc ncres, les plus brillants, les p lus visibles possi•bles ' ; il fa udrait au
contraire les cacher. C'est comme un ti ss u qui laisserait voi 1· la tra m e.

Les Nippon s o nt l'impression que s'i ls se nourri ssa ie nt de ce tt e


J~césie, il leu r manquerait quelque c hose qui est à la base de tou l
ê tre vivant, un e vitamin e que lconque. C'est lJne b eauté m o rte.

La poésie nipponne n e pourra jamais être comprise en dehors


cie son pays natal. La traduction es t toujours fatale il la poésie , mais
que penser d'un e traduction qui est un retou rnement complet, qui
a u lieu cie m o ntrer la face esprit, montre la fa ce matière . Tandis que
la poésie occ identale a pour but de n ous m o ntrer que ce bas m o nd e
n'est pas après tout au ssi laid ni aussi mesquin qu'on po ur·raiL Je
c rc ire, la poés ie nipponne veut rad ic a le ment n o us e n arracher. Par
quelques m o Ls (17 sy l•l abes c u 31 syll abes) e lle ve ut nous rappe le r le
ry thme de l'unive;-s invi s ible que n o us o ublions tro p, e ll e ve ut donner
il not·re àm e la n os talgie de son pays n ~1tal l'imm a té ri e l.

Impossibl e cie découper de beaux vers dan s lin poè m e nippon. Il


ne faut même pas qu'il y cn a it, puisqu e leur bea ut é serait matérielle,
terrestre, par conséquent vu lgaire. Ceu x qui o nt l racluit d es poèmes
nipp o ns ne se sont m ê me pas re ndu compt e qu'ils n'ont rie n fait.
Comm ent a uraient-i ls pu s'en apercevoir. Pa1- exe mple , il s traduisent
mid u par eau et toku par vertu, mais tandis que l'e au est p our le
poèt e ci'Gcc iclent un e belle mati ère , de be ll es co uleurs , de beaux tour-
billons, une grande fe rce matérielle , ell e es t p our le poè te d'Orient
Je m cdèle de toutes les ver tus. Elle est mockst<..: · e lle se tient tou -
ic u rs dans les lieux les plus bas. E lle est obéissa nt e et résignée puis-
qu'e ll e prend la forme cie t o us les v as es . M ais e ll e est a u fend la
lll ciÎlresse de tout : to us les animaux, tous les végétaux dépendent
d'elle ; el le arrive il user les roch ers les plu s durs . Même clans sa
1rcmquillité , ell e n'a pa s peur elu feu ...
G . O.

23
YTN-YANG

La fleur epanouie a la tige la


plus longue ; elle représe nte la
réalisation e t l'épanouisse ment de
toutes les qualités ; elle se courbe
vers la gauche. qui est le cô té de
Ja sagesse.
La second e fleur es t en bouton
puisqu'il la ut avoir sous les yeux
tous les stades de la vie.

FLF.UI1S u'I\II S.

FLEUHS OC PÊ.CHE

Jamais d'arran geme nt s ymétrique.


Ce qu i donne l'impress ion d' ê tre
inachevé est se ul capable de tra-
duire la vie ; ie bcruq uet doit
traduire la souplesse pr opre à la
!lllANCI~E UE BA~I Il OU. vie.

24
- YLN-YANG -

ODETTE LAURE
Deux mois au Japon
à l'école du Professeur G. OHSAW A

I c i, Odette LAURE avec M' YAMAGUTI (7'"' Dan) ,


macrobiotique depuis 16 ans .

25
- Y I N-YA NG -

On ne pe rd j ama is
~ on lemps quand
u n re nd se rvi ce ..

Tout co mm en ça un dim a n c he de juin ul.i s u1· Je t ru tto ir d 'un ·bo ule-


vard pa ris ie n un e grosse clame fut pri se d' un ma lai se. - Aïe ... , j e
m 'éva no u is, s'écria-t-elle en murmu ra nt so n a dresse avec un fcr t
a c ce nt ma rse illa is, ct sa ns p lu s de cé·r é m on ie e ll e t o m b <~ clans les b ras
d 'Odette Laure qui passait par là.
Que faire?
La voitu re de 1<.1 cé lèb re a rt iste é ta it ltt. Sans hés iter, n'é;:o utant
que son b o n cœ ur e t dev inant que le ma la ise n'avait rien de grave,
Odette Laure déc ida d'a ccompagne ;- la g rosse clam e à son clomi c ik.
Dan s la voiture la marseillai se repr it ses cspri ts
- Merc i Ma d a m e de me racco mpag ner, vo us ê tes bien ge nt ille ;
c'es t fou ce que vo us ressemblez à Gclettc La ure , on a clü déjà vou s
le dire .. .
Et la grosse clam .:: raconta sa vie.
Odette Lau re, am usée cie l'ave nture n 'écc ulail que d 'une o 1·ei ll c
distraite.
- Et puis, di sait la marse illais e, j'a i tCi lU lill e b u u ~ iquc de 1·ég imc,
à ce propos , il n'y a qu'un rég ime vabble c '· ;s t Li m é th ode Ohsawa,
si un j our vo us vou lez mai g 1·ir étll cz rul' Lllllé<l'l.in c ...
Qu elques .'ic m a i nes sc pas se n 1.
Entre de ux cont ra ts, Odette Laure a q uelqu es j ours de répit. E ll e
décide de p re ndre des vacan ces en Suisse clans un e maiso n où o n la
assur6e de la fa ire mai grir de que lques kil os . E lle a pris so r1 bi ll e t
d'avi o n, e ll e do it part ir le Il a c üt. En a ttend a n t, ce qui n'arrive que
rareme nt da ns la vie d 'un e vedette, Odet te La ure a que lques j ou rs
de libe rté ccrmp ll: tc. E lle se so u vient de la grosse cl a m e : « Si vc u s \
voul ez m a ig;· ir, passez ru e Lamartine >> .
Rue La m a rtin e') Mais quel numé ro ? Que l no m J E n plein m ois
(
cl'ao ùt le magas in do it ê tl-e ferm é !
<< Bah, se dit Odette Laure, la w c n'est pa~ bie n lo ng ue, e lle n 'a
que 64 num éros , e n regardant bien j e fin irai pat- tro u ver.>>
Au moi s cl'a olit Je magasin des Trois-Epi s es t to uj ours rc r mé, mai s
ce j our-là le gérant, M. Brugnoli, était e xceptionne ll em e nt venu pe ndant
un petit qua rt d'heure préparer un -coli s pour un de ses ami s.
La p o·rtc es t ouver te. Odette Laure ent re .
- Je n'ai pas bea uco up de temp s pour vous expliqu e r to ute la
métho-de , s'excuse M. Brugn oli , m a is vous avez de la ch ance, le pro-

26
- YIN-YANG -

resse ur Oh sawa est actuellement à Paris, il donne une confé re nc e


cc soir, allez-y ...
Ode tte Laure se rend rue de Rennes à la conféren ce. Tout de
s ui te elle es t séduite par la personnalité du professeur Ohsawa. Mais
Sc nsei es t très en touré, elle ne peut l'approch er. Elle achète le Zen
M e~ c robiotique, elle Je lit dans la sokée. Elle ne comprend pas to ut.
Un problème se pose : doit-elle aller en Suisse Caire la cure d 'muai-
g rissement qu'on lui a recommandée ou cloit-e!k essayer ~a Macrobio-
tique? EUe voudrait lire d'autres ouvrages ; elle smt pertmament que
la librairie Oh sawa est ferm ée au mois d'aoüt, mais elle s 'y rend
q ua nd m êm e.
Exceptionnellement c'est ouvert, elle pousse la porte. Le profes-
se ur Ohsawa es t attablé avec de n ombreux am is japonais et fran çai s,
un s'apprê te à servir un repas.
- Entrez, dit le professeur Oh sawa, asseyez-vous avec no us, vo us
a ll ez partage r n o tre repas .
- Comme nt , vous m'invitez?
- Asseyez-vous ici.
R a vie e t amusée par l 'inatlencl u cie l'in vitation , Odette Laure·
co nsomme son premier repas ma crobi ot ique.
M. Maltèse, qui tient le magasin de r égim e << Mangez sain >> , arr ive .
Il rec onnaît Odette Laure.
- Enfin, s'exclame celle-ci, quelqu'un à qui parler. Tout le mond e
ic i à l'air de se connaître et comme j e sui s nouvelle perso nne ne
s 'entretie nt avec moi.
M. Ma ltèse p résente Odette La ure au professeur Ohsawa qui, sans
ménao·e m e nt, lui annonce b eaucoup de diffi cultés .
~De que l ordre, demande la vedette, pro-fessionnel , sentim e ntal ,
~ anté ?
Tout à la .fois ! r épond le pratesse ur Oh sawa , qu'ell e ne com -
pre nd pas en core très bien . .
- Là , ré p.Jique Odette Laure, vo us m 'e n d1tes trop ~:J>u pas assez.
E t de répartir : vorus n'êtes tout de même pas Je bon D1eu !
- J e s ui s peut-être son représentant, répond le professeur Oh sawa
sans sourciller 1
Grâce à M. Maltèse, Odette Lau re comm e nçe à comprendre e n
q uoi consiste la macrobiotique . E lle r e tient un e c!1ose précise : f a ire
d ix j ours de riz. Elle renonce à son voyage en Swsse et qu1n;-e Jours
p•lu s tard, J'he bdomadaire Nmr et Blanc (n" 968) pubhe son ex pe n en ce :
s ix kilos en dix j ours ! Odette Laure a re t•rouvé sa s vel tesse e t un
L' rltra in j a mais égalé (ce qui n'es t pas pe u dire lors qu'o n la connaî t
par ses f ilm s) .

) En oh e rchant un r égime p o u r mai grir, Odette Laure a troruvé un e


p hilosophie . E lle prend con sc ie nce de l'impo rtan ce de sa d écou verte.
Ses id ées se précisent. Son pre mi e r m é tier ayant é té l'es thétique, d es
ho ri zons n ouveaux s'ouvrent à ses ye ux. E lle es t émer veillée , e ll e veut
,, , sa voir p.Jus long. Elle assiste à que lq ues conférences rue Lam artin e.
Sa d éc is ion est prise: elle ira a u J a p on .

L'ECOLE OHSAWA AU JAPON


Aller a u Japo n, qu'est-ce que cela s ignif ie ? D'aJbord, un voyage
qJ JJ co ùt c che r. Ensuite, pour y apprendre quelque ch ose Il faut au.
rrrui11s y rester un mois. Ce qui oblige à reno ncer à beaucoup de

27
- YIN-YANG -

contra ts : ra di o, télévision, etc. « Et là-bas le p rofesseur Ohsawa m e


recev r a- t-il ? Au centre de Paris on m' ass u re que oui , mais le pro•
fesseur Oh sawa n 'a pas répondu au x le tt res que j e lui ai envoyées ...
Env isager la m acrobio tique sur le p lan est hétique, p e ut-êt re cela ne
va-t-il pas lui plaire ? ,
Un j our~ pourtant, une lettre d 'Ohsawa a nn on ce : <<Nous vous
a ttendons "· E t atprès une émission de ra di o, une interview de TV,
après avoir o ubli é son passeport et fa it e nregistrer ses bagages à la
derni ère minute Od e tte Laure se r etroruve clans l'av ion qui vole vers
Tokio.
Le lendemain elu j our de son ar r ivée, ali Cat ha r ina e t des étu-
diants elu P.U. l'ont accueillie avec des lie urs, el le entre clans la
maison du p rofesse ur Ohsawa.
- Félicitations, vous êtes courage use, lui dit Se nsei, vous êtes
la première Fra nçaise à venir oh ez m oi pour apprendre le Prin cipe
Unique.
Aj outu ns que non seulem ent Odette La ure es t la première Fran-
çaise qui soit a llée au Japon pour étu dier le Principe Unique, m a is
en core qu 'il va juste y avoir ,sept an s que le professeur Oh saw a
e nseign e le Prin cipe Unique en France ; sept ans, c'est le m ome n t
où tout di sparaî t ou s'épanouit. (Que ce voyage soit la preuve de
l'épanoui ssem ent. ) Avec le sourire d'Odet te Laure qui entrait obez
lui, le professeur Ohsawa voyait-il la France, les macrobiotiques fr a n-
çais, l'hi stoire de la mac robiotique en France , toutes les aventures de
milliers de ge ns? Sans doute. Quo iqu'il en soit Odette Lau re devait
passer son << exa m en "· L'école Ohsawa, elle ne savait pas ce que
c'était. E lle s'atte nd a it à prend re des cours tous les jorurs un pe u,
comm e à la Sorbonne. A l'occasion d'un de ces cours elle es pé ra it
bien p o uvo ir présen ter son p roje t d'un institut de beauté ... Certes, il
y e ut des cours tous les j ours, do nn és no tam me nt p a r M. H e naf, le
c himi s te du P.U., que nous conna issons bien ; ma is c ha que fo is
qu 'Odette La u re voul a it abord er <<son pro je t », le prolcsseur Ohsawa
répo ndait : << Nous ver ro ns plu s tant, ~1 uj ourcl ' hui fa ites de l'Aïkido>>,
etc .

UN EXAMEN << ZEN "


Quelques j o urs s'étaient écoulés quand le protesseur demanda à
Odette Laure :
- Allez saluer vo tre ambassadeur et M. Shoriki qui est le directeur
de la TV japona ise.
Ces vi sites semblaient des plus n aturelles, con tac t officiel cie pure
courtois ie e t sa ns conséquence. Odette La ure s'y sorumit avec g râce.
Mais lorsqu 'elle rev int de ohez M. Shoriki, le professe ur Ohsawa lui
demanda :
- Comment le t rouvez-vous?
- C'est un vieux monsieur , rép ondit Ode tte La ure ; il me semble
conges tiann é et fa tigué.
- C'est vra i, elit le professeur Oh sa,w a, il est très malade. C'est
pourquoi vo us devez accomplir la plus gra nd e œ uv re de votre vie :
vous a ll ez le guérir !
- Quo~? s 'exclama la nouvelle étudi a nte du P.U., mais c'est irnpos·
sible . P r im o j e ne parle ni l'anglai s, ni le j a po nais. Il m'est très dif-
fic ile ici de me faire comprendre ; seconda j e ne connais rie n à la
mac robiotique puisque je suis venue ic i pour J'apprendre. Je ne peux
absolume nt pas donne r rendez-vous à ce m on sieur que je ne conn a is

28
YI N-YANG -

De gauch e à droite: M. H ENAF, Mm e OHSAWA, P r


OHSAWA, Odette LAURE. - Derriè re : des étudiant s du
P . U. dont, au cent~e , le responsab le de la re vue Yin-Y an g
Japonarse, et J EF, é tudi a nt belge.
pas po ur lui ·parler, dans une langue qui m 'es t in co nnue d'une chose
<~ LI SS I vas te que la macrob iotiqu e dont j e n'ai que de très' vagu es rudi-
me nts ... ~
---;- M. Shoriki es t très important, con tinua le pro tesseur Oh sawa
cc n es t p~s un directeu; de TV ordinaire. Il diri ge d'immense~
co mpl exes econom1qu~s, c es t , l'homm e occulte elu Japon. De p lus, il
l ' Il clans un n~ onde tres ferme. Il est cliüicile à j oindre. S1 vo us avez
compn s le Pnne1pe Umque vous devez le convaincre
--:- Mais cormment? Si c'était un directeur cie TV ordinaire bien
q ue Je ~e sac he. pas quoi lui elire , j'arriverais par le biais cie la TV
<1 .ob te nir de lw. un ren.dez-V<:JUS, m ais après ce que vous ve nez de
m a nnoncer, vrmme nt..., Je suts d ésemparée.
- Cherchez, elit le professeur Ohsawa.
Odette L_a u re ne d ormit pas de la nuit. Elle lu t e t relut les li vres
<.l u ry., espera nt y trouver un e idée qui la m ettrai t s ur la piste d'une
su lu t1o n .
EJ!e présenta des projets de le ttres pour Sh oriki.
- Trop long, répondait le p rofesse ur Ohsawa ; c herc he z e ncore
cela ne va pas. '
. D,ésorie ntée, acca blée, Ode tte Laure se déses pé rait. E lle comme n-
(;a 1t a com pre ndre la phrase d 'acc ue il cie Sen sei : << Vous ê tes très
co u rageuse ... ».
Puis le professeur Ohsawa lui mo ntra un e lettre cie plusieurs
P<lges écrites en j aponais .
- C'est long, fit re ma nquer Odette Laure.
- Ici tout est expliqué, lui dit Se nse i. Vous allez envoyer ce la
: t S horiki.
Ode tte Laure se fait traduire la let tre.
- Je n e p e ux l'envoyer, conolut-elle; les idées qu'elle contient me
dc"· passent, c'est à peine si .i e p ourrais e n soute nir quelques-unes clan s
111 1c co nversa tion superficielle.
Ode tte La ure rentra à son h ô tel encore plus accablée.

29
YiN-YANG -

- Tant pis, se disait-elle, je ré fléchis . tout le. temps el j e ne


trouve r ien, on m e demande une c hose que Je ne sms pas capable de
fa ire le prorfesseur Ohsawa ne veut pas entend re parler de mes pro~ets ,
mon' voyage au Japorn n'aura été qu 'une fantaisie d'artiste, etc.
Sur ce, elle se coucha et s'abandonna à un s<?m meil profo_ncl. Quand
elle s 'éveilla ses pensées étaient devenues exl ~e m e men~ clm~es. Brus-
quement eUe s ut ce qu'elle elevait elire à Sho nk1. En v1ngt hgnc ~, e lle
expliqua' tout d'une façon engageante, olaire et sé rieuse. Elle prese nta
sa lettre à Sensei.
- C'est tout à fait ce qu'il fallait elire, a nn o nça ce dernier. C'est
très bien. J e tradui s m oi-même votre lettre ct nous l'envoyon s .
Ouf ! Les j ou rs redevi n rent ce qu'ils éta ien t. Le prolesse u r Ohsawa
organisa le p rog ramm e d'Odette Laure : Co_:urs avec Henaf, AikJdo
avec maître Yamaguti (7' clan), Yoga avec mattre Ok1, tous des macro·
biotiques, p romenades, visites avec Cathann a, etc., etc. Ma_Is ?clette
Laure n'arrivait pas à discuter de ses _Pr<;>:J ~ ts , avec, Sense1. Chaque
fo~s. il éludait la ques tion avec u~e cont,mLn,t e desesperante. quand un
beau matin Odette Laure se presenta a dejeuner comme dhab1tucle
ohez Je pro:fesseur Ohsawa qui l'accu eil,Iit en ~ounan~ . . ..
_ Bonne nouvelle, vous avez gagne, Shonk1 a repondu a vot re
lettre. Vous avez accompli votre tâche avec su ccès. Mamtenant vous
pouvez m e demander ce que , vous voul~z: , . _ _.
A partir de ce mom ent-la M. Shonk1 e nvoya_ ses emJssaJr~s c hez
le profes seu r Ohsawa : spécialistes de ph1 losoph1e Zen, de m eclec me
traditionnelle, d'acuponcture. .
_ Maintena nt, conclut le prn!esseur Ohsawa, mon t rava il co-n<-
mence. Vous pouvez me demander ce que v~m s voul ez. . _ _ .. _
Odette La ure le savait. E lle avmt gag ne. Elle a lla it en. pro(Ilei.
Mais ce qu'el le d e mar~cl~ au professeLir Ohsawa nous n e le, d1 ro~:~s- ,pas
ici. Des journaux pan s 1 e~ s, ~a ra.cl to, la TV ,en ornt donne ciiff<: I ~nts
éch os . Bien sü r orn parle dun mst1tut de bea ute, mms sous quelle l o1 m e,
avec quelle organ isa tion, avec quel esprit? Cela n~us le verr?n: sa ns
cloute clans que lque temps . De toute fa çon ce qua. d emand e exa c te-
ment Odette Laure . c'es t son secret. Nous Je IUJ la1ssons ...
G. MASSAT.

CATHARINA, Odette LAURE,


Pr OHSAWA, Mme OHS.AWA.

30
- YIN-YANG

Poésie

QU'EST CE
QUE
LE HAIKU?
par G. MASSAT

Le Haiku est le poème à form e tixe Je olus cou r t qui soit d ans
la poésie de tous les peup-les. Composé de t rois vèrs de 5, 7, 5 sylla bes,
il c ontient, dan s un s tyle ramassé, fait de notation et d 'éclairs, grâce
ù quatre ou cinq images-idées , dont 1\me fait obliga toirement allusion
~~ la saison, un symbole poétique. On d éti nit généralement ce .genre de
poés ie cOTlùll1e « l'expression spontanée des sentiments de la vie à
travers les quatre sa·isons "· Le H aïku est auss i une école de concen-
lra tion et de discipli ne en même tem ps qu'un exercice de m é ditat ion.
Il exige ascé tis me du langage et patience dan s l'œuvre.
Quelle discipline pour le poète ! En trois vers si courts clan s le
IL:m ps et dan s l'es pace, il doit exprimer, par les ellipses plus qu e pa r
ks mots, la te nsion, la beauté, la profondeur e t, par surcroît, la form e
cl la couleur. Il faut a bstraire J'anecdo te et l'émotion sans j a m ais les
montre r nues, exprimer en un e lan gue cursive et simple Je ohoc subi .
LL: Haïku es t bien une exdamati on poétuque e t sy mboüque au premier
pla n, mai s il donne le départ au d évelo ppem e nt inti ni de la pe nsée ;
c 'est même plus : c'es t un rpont qui mène le lec te ur d 'un simple sp ec-
lacle de la nature en sa saison vers LA Pc ns6e prolondc ; il nL: dépend
q uL: de lui que -c e pont soit ouvert o u l'erm é_
Le Haiku, à cause de sa forme e l -cie sa vertu parli culi èrL:S, est
i11Lra dui sible. De plus , en japonais calli graphi é, il re prése nte autre
c hose que des « mots qu'on entend,, .ma is des « mots qu' on voit''·
L'écr iture à l'e ncre de Chine, form e un tablea u qui t ient cie l'abstrait
L'l du symb o le. Traduit, le Haiku perd sa beauté poétiqu e, son p ouvoir
-< uggcs tit, son mystère profond et sa noblesse. Cette vision, par le
pc lil bout de la lorgnette, est d é truite et l'ex pressi on viva nte de
)'()onomatopée a disparu. Les rendre ,Par des vocables é trangers a utant
" déc ri re un e image " ! C'est vouloir re mplacer un poèm e v is ue l par
1111 poè-me p our la seu le oreille.

31
YI N-YA NG -

Grâce a u. prin cipe unique, on peut en deviner la b eau té. La poésie


à e H aïku parl e à la vue. ·Elle es t destinée à ê tre regardée e t non à
ê tre e n fe rm ée d a ns un livre. Calligraphiée, elle devient une poésie
décora ti ve : norus la verron s sur les murs sous la form e d e Kake m ono
(rouleau. p ein t ), de Gakumen (tableau e ncadré ), de Sikishi (car ton
ca rré ), o u de Tan zaku (lon gue b ande d e cart on ). Ces cart ons sont p ar-
fois de couleur, ou rehau ssés de motifs Jégt:r s d 'or e t d'a ngent. 0~1
décore a ussi para vents e t cloi son s de quelque H a iku à la calligra phie
é léga nte ou fantai sis te. Enfin, on les in sc ri t jus qu e s ur le p a n d es
kim on os, les d oublures précieuses d es mantea ux ou s ur les ceintures .
Le p oèm e aj oute au cos tume et à la pe rsonne un ca ohe t de ra ffine-
m ent sp éci a l.

BASHYO POETE DE " L'EXPANSION INFINIE »

BASHYO, poè te itin éra nt, philosophe de >l'Exp a nsi on infini e , s'iden-
tifie a vec le H ai ku . Il e n est Je grand maître au XVIIe s iècle. On Je
place à Ja tê te des << six sages du H aiku » ou Rokk asen. Il t ra nsforme
le H a iku, qui n 'était d'ab ord qu'une sorte d'épig ramme a mu sante et
hum oris tique , en un j oyau ciselé a vec art, un te rcet d ans lequel
s'engou ff re to ut J'univers poé tique. Il es t intéress ant, par allleu rs , de
no ter l'ordre de su cce ssion des genr es poétiques a u Japon : origine
friv ole puis réforme ; l'Art po ur l'Art, c'est-à-dire l'invers e d e ce qui
all ait se p rodui re en Europe.
La vie de BASHYO n'offre d e repères qu e ses poèm es c t ses
ré cits . On ignore dans quelle saison il es t n é, et que l j our, m a is ce
fut en 1644 d a ns une v ille fort e de la p rovin ce Na gan o, a u cœur d e
la plus ar a nde île de l'a rc hipel nippon. So n père , Bi zacm e n Ma ts no,
éta it un S a mo ura ï de r a ng infé ri e ur. So n lrèrc aîné de vint ca ll ig ra ph e,
son second fr è re de me ura gue rri e r.
Chaque publi ca tio n de BASHYO lait da le d a ns l'hi s to ire elu H a iku :
1681, parution d e son Journal ci'Azuma; 1684, son Eve nlclll ron el de
l'auto mne ; 1689, celle elu Dése rt. Ces re cue il s impose nt Je s tyle, J'ind é-
pe nda n ce e t la per sonnali té d e BASHYO. On m édite sa doc trine :
r ecrar cler la nature, certes , mai s , à trave rs elle, l'In fini ; noter les sai-
so~s qui passent a vec l'homm e, mai s saisi r ce gu e son oœur éprouve
d'immortel. Le H a iku, explique maître Ohsa w a clan s « Le Pr in cipe
Unique de la p hilosophi e d 'Extrêm e-Orient » :
C'est le plein centre de l'univers de Sunnya, où il n'y a a ucune trace
des ê tres a ucun sentiment, a ucune subj ec tivité ni obj ec tivi té, c 'est
au-d elà cl~ sentim ent , d es connai ssan ces de l' hum anité, d e la mi séri-
cord e b on m arch é.
Il ra conte en core ce tte histoire :
«Un .jour BASHYO reçoit un ami, prê tre bou d dhi ste. La conver sa-
tion é tait tranquille, peu cie p a r oles, pa r ce que la pa role per d l'amiti é
p rofo nde . L'entrevue p resque silenci eu se s ufl'it à ce ux qui saisisse nt
tout par leu r intuition .
« - La loi unique, ava nt la végé ta tion d e la m ou sse, qu 'était-
elle ? » de m a nd a le bouddhiste e n r egarda nt l'é tan g clans le jardin
co uvert de mousse. Le poète ne r épondai t pas ... Un bruit impercep tible
vibra e t con w lida la tr anquillité. C'éta it un e grenouille qui sa uta it

32
YI N- YAN G -

da ns l'é tan g. Ni le prê tre, ni le poè te n e bougeaient . « - Un b r uit


da ns l'eau, f ait par le sa ut d 'une gre nouille, n'est"ce p as ? , elit le
poète .

_ . (Il avait f~it une es 9_ui sse de l 'infini pa r _u~ ,bruit imper ceptible
p1odmt dans 1 eau, qm s etemt dans la tran qml!Jte. Il avait tradui t la
pr?fond e ur ?~ ~a m er de l'infini p ar la t ranquillité et les ê t res éph é-
m,e res _qur s eteif? ne,I;t e t rent ren.~ cl_af_l s l'un,i vers-éther , sans cesse, par
cc b ru~t bref qm s e ternt clans } ~nfmr. Il r el?ond ait à son hôte que Ja
lo1 umque cla ns le m onde p rehrs tonque, ou la m ousse n 'es t m ê me
pas en core p ar\le es t i1~sai s i ss able c omme un bruit qui s 'ét eint.) ·
«. - Le br mt clans l eau que fart une grenomlle, c'est m erveill e ux
me r cr ! ,, murmura le prê tre sati sfa it. '
L e bruit dans l'eau du vieil étang,
Que fait une grenouille en sautant.
C'est un d es poèmes les plus connus d e BASHYO. I ci aussi la tr a-
du c ti on fa it perd re la noblesse e t la s imp li cité elu st y le qui ca r a c té-
lïsent la philosophi e de l'intuiti on.
G. M.

Œuvre d'art ? Tableau ? Poème ?


Tout à la fois : c'es t se ule me nt une p age
d'un di c tionnai re de c ursives (les formes
r éguli ères d es ca r actèœs sont do nn ées en
petit, à droite ).
- YIN-YANG -

Madcun e LI B E RMAN, gran d e voyageuse, éc rivain, philosophe,


comm ence le fudo à l'âge de 62 ans, d evient ceinture noire quatre ans
après , commence l'Aïkido à l'âge de 68 ans, part au Japon qu'elle
visite su r 18.000 kilom è tres , reste trois mois ch ez Maître UESJBA .
Aujourd'hui, à 72 CLns, elle vise le d euxième dan d'Aïkido. Sans con-
naître le professeur OHSAWA, elle vit et mange selon la macrobiotique.
Nou s son,mes allés la voir ...

AII(IDO

Un entretien avec. Mme LIBERMAN,


doyenne des Judoka et des Aikidoka
à 72 ans elle vise son ze dan . ..
par G- MASSAT

Mm e J eann e LIBERMAN est française, pe tite (lm. 54), extraord i-


naire m e nt dynamique, n e parais sant évklemment pas du tout son âge.
Elle m' a reçu avec un e sympathie s i na turelle que je m e s ui s cru
autorisé à lui demander sa carte d 'identité
- Vraim en t, vous avez 72 ans?
J. L. - J e sui s née à Lim oges le 24 fé vrier 1892.
- Mad ame Libennan, vous avez écrit un livre, parmi b eaucoup
d'autres, dont le t itre est extrêmemen t audacieux : << Le Secre t de
la Vie». Alors, pe rm ettez-moi d e vous poser la question : qu'es t-ce
que la v ie?
J. L. - J e vous prev1ens d'abor d, comm e j e l'ai fait d ans m o n
livre, que j e ne m'exprime pas dan s un la n gage scien tifique, ou d' é ru-
dition. La vérité é t a nt toute simple, elle d oit être exprim ée s implemen t.
N o tre vi e es t fa ite 1de mille petits r ie n s. Si j e d is que la vie est autre
chose, vous n e m e .c r oirez pas parce ·q ue vous ê tes installé un e fois
pour toutes dans votre vie , que vous avez organisée selon vos goû ts
et vos aspirations , famille , enfants, a mis, s ituation, e tc ... C'est vo tre

34
YI N-YANG

ilu r iw ·' : 1 S ' il vous fa llait, du j o ur a u le nd e main, c ha n aer que lque


< iluse a vot re m o de d 'exis ten ce, vous seriez malheu reu x. C'e
qui vo us
,·o nvtc nd ra Jt m1 e u x .- e t cela parce qu'a uc un c han ge ment série ux ne
tJ IOC! tft e rmt vos .hab1tucles - ce sera il, par exem.ple, une am éliora tion
·:g r:a ble clan s votre vie, sa_ns dout e un peu trop unitorme, que vous
1 JVL:Z par h ~b!t ucl e . Les hab 1tudes so nt mal sa ines, e lles vous em p êch e nt
d e: pc.nser seneu se m e nt et juste m e nt , o n s 'en1:er m e dans ses habitudes .
Un .n Y pe ut n e n _cha nger et, à force de fa ire des taux-pas, o n tombe
L'i 1 o n sc tro uv e a l'op posé de ce qu e l'o n dés irait...

- Oui, mais qu'est-ce que la vie?


J . L. ----: La vie, c'est l'expi ra ti o n - ins pira ti o n. La vie elle-mê m e est
c xptr- resptr, les. batte m ents de votre cœur sont liés intimeme nt a u
g r ::u~cl ü<;e L~r ~os m1qu e. T o ut resp ire, expire, tout est vie. Dans un inspir,
Id vt ~ . pe ne tte,e n vous ·par tous les p ores de ,v_ot re pea u . Dans un ex pir,
to utes les tox in es qut vou s e mpo1sonn e nt s ec hap pent de votre corps
d l a t ss~ ~lt 1!'1 pla ce ltbre po ur qu e la vie pé nè tre à nüuvea u sou s
lcrme d msp tr.
. -:-- Da ns_ le n·u méru précédenl .de noire re vue, le professeur Ohs.awa
d1 swt la me~n e cho~e en ,ces lennes : << N ous somm es la vie; à c haque
111~ tant , not 1e vze s Jm,pre.gne d e Yw e t enswt e de Yang .. . >> .

J. L. - Ou i! nou s sommes la vic c t clan s la vie, el comm e nt


vc ul ez-vou s •JOLil r ci e la v1e s t vous ê tes en mauvaise santé? Dieu
est exp•1r e t respir .. c'est le prin c ipe uniqu e . Comment vo ul ez-vo us
co m pre ndre la v1e. s t vo us ne savez pas regarder un e fl e ur ? Si vous
ne savez p as resp 1rer son parfum ? Cependant, la fl e u r garde bien
,.;o n secre t : e ll e vo u s o ffre sa bea uté, son parfum ct sa g râ ce, ma is

Ri e n ne lui fa it p e u r,
R ie n ne lui rés iste.

<< Ce que j e fais, tout


le m o nde peut le fa ire.
Il s uffit d'a vo ir la
volo nt é ... - elit Mm e
LIBERMAN - e t cie
connaître le Vivcrc
P ::u-vo... "·

35
- YTN-YANG -

Mme LIBERMAN et
M' UESIBA, fondateur
de J'Aikiclo.

Cc petit homme, 1 m. 53,


renverse cl'un seul coup
JI hommes l' attaqua nt
en même temps ct cie
tous les côtés ..

Voi r «Le livre du Judo»


elu Professeur OHSAWA

e lle ne divulgue pas le secret ,cJe sa vic, etc sa couleur, cie srJn parfum ;
c 'est pourquoi, <p our compre nd re Ja vie, il n'est 'p as nécessaire cie
se poser la question de tout le monde : Qu'est-ce que la vie J Quelle
réponse pourrions-nous donner? Aucune ... La vie ne pe u t pas s'exp li-
quer, elle se vit et savoir v ivre est assez diflicilc, ca r, s i la vic est
s imple , nous comp,J iquo n s et embroui ll o ns l'éc hevea u. Pour le dém ê le r,
il faut savoir se servir de ses facultés. L'homme es t do té de pensée
c'est pmu· qu'il s'en serve !
- Et, pour penser, il n 'v 11 qu e lieu .\ cltoses expir el inspir
(«Yin-Yang»)?
J. L - C'est ce la 1

-Vous avez. commencé le judo à l'âge ri e 62 ans . Or, le judo


esl une successian de chutes violentes. Comment pouvzez.-vous résister
à ces chocs, quel est votre secTet?
J. L. - Je supp orte ces chocs parce que j e sais respirer et q ue
j e vis 1rès sob rement voi là mon secret ! Si vou s conna issez les prin-
cipes de la santé, vous avez les clefs elu bonheur. Mais il faut expé-
r imenter soi-même, l'expérience des au tres n'est pas va labl e en la
c irconstan ce .
- Vous avez dit : « Pa rce que j e vis t rès sobrement"· Pourrie z.-
vous vous expliquer davantage? Qzœ mang ez.-vozts, par exe mple?
J. L. - J e ne mange pas de s u cre, pas de viande, pas de truits,
pas de vi n, etc ... Juste un peu de céréa les e t tr ès pe u cie légum es .
-???
J. L. - Nous attach ons beaucoup trop d'importance à notre v ic
ma t érielle : elle r emplit toute notre vic. Ces soucis nous absol'bent et,
plus nous y pensons, plus ils p·r enn e nt de l'importance . Nous les ampli-
fions démesurément au point que nous n e pouvons plus penser à
autre ch ose. Travailler pour v ivre est ch ose normale et naturelle el,

36
- YI N·YANG -

_, jnous nous contentions elu strict n écessaire, no us serion s ,heu re u x.


Il nous faut si peu de chose : de l'air, de l'eau, du soleil, très peu de
IIC UITJture, un toit pour no us abriter, c'est tout .. .
- A l'âge de 62 ans, vous commencez le judo ; 4 ans plus tard,
1 1 ~J'US êtes ceinture noire. Là, vous commencez l'Aikido, vous partez
11 11 lapon chez.. Maître Uesiba, vous gagnez votre ceinture noire. Qu elle
carnere 1 AujOurd'hw, à 72 ans, pratiquez-vous e11.core l'Aikido :J
J. L. - Bi en sùr, e t j 'espère bi e ntôt devenir deuxième Dan 1
- ! 1!
J. L. - Ce que j'ai fait, tout le m onde peut le faire il n'y a pas
d'except ion : il suffit d 'avoir la volonté 1 '

- Et vos voyüges? vos livres J vos expér iences? 11 y a b eaucoup


~_~e .
c,hose;· fJasswnnantes. que nous ainzerian.s savoir; elles feront,
1 espere, 1ob ]Ct de prochams ar/zeles .. . Mms, pour 1er miner, permet/ ez-
lltOt de vous poser une dernière question la liberté, qu'est-ce que c'est
)iraimenl, selon vous ?
J. L. - Pouvez-vous dire : " Je s uis libre ete pe nser ce que de
veux»? Si vous n'êtes pas Jiibre de penser ce que vo us voU!lez c'es t
q ue votre liberté n'est qu'ap,parentc ct qu'en réalité, vo us êtes en~ h aîn é
~~ une idée, à une religion, un par ti, etc ... Cela vous gêne. Pour suppri-
mcl- ce gêne, s upprim ez-en la cause ; pensez correcteme nt et vous
s upprimerez la cau se de tous vos malheurs. Un homme lib re est ce lui
q ui peut tout réaliser par lui-même, sans s'inqui é ter des autres et
négligea nt toute ai·de extérie ure à lui-m ême. Si nous apprenons à
pe nser correctement, not re vie c han ge ra , non parce que les autres
~lllront fait quelque ch ose pour nous, n1ais parce que nou s aurons agi
l'l que nous auron s compn s que nous som m es le se ul m aître cie notre
destinée. C'est à ce festin que je vous convie, ce festin merveilleux
q u i ne finit jamais parce que, le bonheur étant éterne l, c'est pm.1r
l'é ternité que n ous somm es heure ux, intégr alement ..

~esti ons de M• 0HSA WA

Pourquoi les animaux sauvages grossÏssent-ils en hiver


o1 / les aliments manquent et le climat nécessite plus de calories?

*
Pourquoi les cellules cancereuses n 'ont -elles pas
de système de nerfs ?

37
- YI N- YANG -

Comment une maman


sauva son enfant
en trois mois
Miriam BORDREU I L. Née le 2 avril 1961.
L'enfant fut m on trée au prof esseur Ohsawa le 5 août 1963. Ell e
avait alo rs 2 ans el 4 mozs, pesait 6 k g. 800, ne marchait pas, avait
un eczema sec limit é au crâne ; ses sell es e t ses u rines ét aient a bo:;-
dant es ; ell e gémissait constamment.
Cependant , elle éf,ai t psychiquemen/ n.ormale, avait percé ses
20 d ents el n e paraissait pas avoir d e ra chi t is m e osseux.
V oic i le régime mad,robiotique qu'elle .a s ui vi du 5 aoû t au
5 se ptembre :
1 bol d e riz avec une pincée de goma-sio et quelques goull es
d e tamari malin, midi et soir. Ce ri z av ait cuit 2 h eures dan s
d eux fo is son volume d'eau et chaque bou c h ée était ma s tiquée
longuement par sa m ère, qui suivait exnctem ent le m ê m e régim e.
Pour le goûter, 2 à 3 gale/les d e riz éclat é. .
Boisson : d écoction de riz, dendelio ou eau pure, 5 à 6 cwllerées
à café par jour. Ce rtains jow·s, l'en fant ne d emandait pa s à boire.
Vo ici les premiers signes obse rvés durant ce m o is :
Les selles dev inren t âès le début jaunes et fermes, peu abonda n t es
(2 au début par 24 heures, et un e à la fi n. du m o is) .
Les urines furem peu abondantes au d ébut, abo ndant es au 111ilieu
du mois pou r se raréfier à la fin et se colorer.
Une fi èvre légè re (37"5-38").
L'ecz.ém a s'acce ntua.
La lan gue fut blanch e.
Le paids augmenta d e l kg. 500.
B on sommeil.
Modifi ca tion du caractè re, qui d eviut gai et plu s calm e.
Pendant ce premie r mois, l' en fant a eu de s périod es de 2 ou
3 jours où ell e a gémi; les selles étaient glaireuses, l'eczéJma plus
important. Mais c'était les manifest ation s de s.on organis m e se purr-
fiant . Nou s d isons cela car d es personn es conmussa nt encore peu
la m acrobiotique risqueraient d'y voi r les signes d'une aggravation
de l' état général et d e se découra ger, alors q ue ce so,n t de s ~ymptômes
d'élimination. Les conseils dévou és de nos an11s ma.crobwt1.ques nous
on t é té très bén é fiqu es en cell e période d'inc ertitud e.
Le d euxième nwis, l'alimentation fut légè rem en t modifiée par
appo rt d'au/res céréales , légumes en pe tit e quantit é, azu./âs, pain
algues , misa. La le mpérat ure red evint normal e et la lang u e rose.
Les mois qui suivirent , l' enfant ne cessa d e se fort ifier e t de grossir.
L'eczéma dis parut to talement : ell e marcha seu le /.; 20 no vembre e l
son caractère se modifia profon.c~ém ent. De lirnid e et trist e, elle est
devenue sociable et gaie. Depuis décembre, ell e ,1nas tiqu e ell e-mêm.e
ses aliment s .
Nou s som:mes très h eureux de ce rés ultat et nous en re m ercious
le p l~ofesseur Ohscnvc! 1rès sincè rem ent el d ~ tout cœur, a ins i q u e les
personnes ma crobwtzque s qut IN~us ont au/es d e leu;rs cons et.ls e l d e
leur expérience avec bea ucoup de patrence el d e d e vouem en t.

38
YlN-YANG -

JI es/ essentiel d e croire que la macrob iotique n'est pas un trai-


lc lll en t à appliquer seulement pendant le te mps de la maladie, mais
11 11 1node de vie, une ob éissance aux lois d e Dieu et que nous ne
/)() flvons pas en fr eindre ces lois sans supporter les inévitables sou f-
fl<lu.ces qu e le ur viola tion entraîne. Nou s continuo ns à suivre la macro-
/J iotique, à l' étudier et à la faire connaître autour de nous.
Mme BORDREUIL.

QU'EST-CE QUE LE FANATISME?


G. O. (S uite e t fin )
Le fanatiq ue est am usant à voir. Ma is pourquoi est-i l détes té?
parce qu'il attaque les a utres, qu'il insi s te sur lui "m è m e 'c omme seul
représentant de la jus tice dans le m on de. Il se dé fie. Il es t égocen-
lr ique, il es t exclu si f, il est clo ne du ali s te (lui co ntre tout le m o nde).
Ce n 'es t p as e n attaq uant que vous pourrez co nva in cre. Si vo us
vou lez conva in c re qu e lqu 'u n, un ohie n méc han t ou un e vipè re vous
devez gagner, d'abord, toute sa confian ce. Il doi t ê tre a tti ré par vou s.
Vc us elevez ê tre très a ttractif, t rès ge n t il , très bi e nfaiteur, impeccable
dan s vo t re compc rte mc nt e t da ns vos pa ro les . Vo us n e devez j ama is
don ne r ce qu' o n. ne vo us clemanclc pas, ni par ler cie cc do nt e n ne vous
pa rl e pas . JAMAIS DE LA VI E.
S i par bonheur o n vou s de m a nd e « qu'est-ce q ue la ma crobi o ti -
q ue?» Vo us répondrez très humblem e nt : « Je n'en sa is pas gra nd
c hose, je s ui s un s im p le dé b utant ••, etc.
Si l'en in sis te, vous répondrez : << J'a i appris q uelqu e c hose comm e
(,:a ... ». Je crois , c'es t jus te .. . que ... •• ; o u bien : << J'a i pratiqu é comm e
ce la, j'ai observé qu e lque ch ose comm e cela, vou s n 'avez qu 'à essayer
vo us-mê n1e ... >> .
Si l'on insiste pou r vous écouter davantage; << Li sez ct re li ~ez
les publications macrobi otiques . To ut es t expliqué, là '' ·
Si l'on veut pra tiquer :
« Voul ez-vous s up•primer le su cre c t tou t ce q ui est s uc ré pe nda nt
10 j o urs? To ut Je res te comm e votre ha bitude.>> Et apt-ès 10 j o urs
vous vePrez. E t s i vou s avez vu qu'il a pratiq ué très sér ie use m e n t,
<< Mainte nan t , diminu ez la q ua ntité ci e votre bo isso n un petit peu ...
Pendant une se ma in e s i vous vou lez ... ''·
Allez d ou ce m e nl pe ndant un e péri o de préparatoire, un mois. Ne
vc us appesa nti ssez j ~1m ais lo ng te mps : pa s plu s d'un e de mi -he ure
c haq u e ·fois.
Si l'on vous pose un e qu es ti on dilî ic ile
<< C'est un e ques ti o n 1rès diflï c il c. Voulez-vo us c herc her 1 ~ 1 répo nse
da ns les publicatio ns vous- mê mes.. Nous l'ét udi ero ns la p roc ha ine
ru is ... ))
Ma is vou s elevez apprendre qu elqu e c hose de no uveau c h ~1 quc J'o is
:1 propos de l'origin e cie la ma la di e, du d ia g nos ti c, e tc .. S i vo u s ne
po uv ez pas é largir e t approfo ndir vo t re compré he nsion c haq ue J'o is
que vo us re ncon t rez que lqu 'un , ce la vcu l d ire qu e vo us ê tes arroga nt.
Si vou s av iez l'œ il qui vnit, vo us pou 1-r icz lire l' hi s to ire de milli ons
d'années dans un e p ierre (com me M. Kc rva n ).
N ous sommes étud ian ts de J'art cie ju ger. Ma is « le juge r >> es t
un iq uement pour nou s-m êm es, pou r no tre bo nh eur. Il ne ra ut j ama is
c ri tiquer ou juger les a utres. (Cette personne qu e j 'a i e n voyée auprès
d' un m a lade .qui souffre depuis 18 ans, a c ritiqu é la m édec in e, mê m e
la re li gion.)
G. O .

39
Yl t".!-Y t\NG -

UN CONTE YIN-YANG

Pour ceux qw vou:dmienl que l'INFINI soit clair et fini, et qui


lrcuv ent que les livres de Maître OHSAWA ne sont pas faciles comme
nos manuels scolaires, voici un co111e édifiant

QU'EST·CE QU'UN CHEVAL?


Conte Taoïste recueilli par R. Pedreti
IL ETAIT UNE FOIS dans l'é ta t de Tchine, un ex·p ert infaillible en
race chevaline. Son nom é tait PO LO. Sa t·éputation avait atteint le duc MU
dont la passion était de posséder les chevaux les plus rat·es : juments de Gobi,
t'talons tatares, vifs comm e le vent , légers comm.e l'esprit, aussi blancs que la
lune, ou noirs comme 1<>. nuit. Un jmu·, il désira posséder le seul, l'UNIQUE.
Il fit mander PO LO el lui dit : " Tu vas chercher pout· moi, le cheval supé-
rieur, parfait sur tous les points, un coursier d 'Empereur ! » Le vieux PO
s'inclina, présenta comme exc use qu'i l se sentait trop las pour remplir si déli-
cate mission ; il dit que son aîné avait reçu de lui ce don qui est inné, et
que mieux que lui-même au milieu des prairies, il saurait découvl'ir la beau ' é
la plus pure , aux rares qualités , qui court sur les chemins, sans lever la pous -
sièt·e, et dont les traces sont de l'eau sur la rivière. Le duo MU envoya le fils
vers son destin.
Enfin, trois mois plus tard , nonchalant, il revint. Il déclm·a , sans plus,
qu'il venait préparer le box pout· la merveille qu,i arrivait demain. Le duc le
questionna sur l'aspect , la couleur ... « ·C 'est une jument grise, à l'aspect le m ei l·
leur. » Il n'en dit pas plus long, c'était un laconique. Le cheval aniva : c 'é tait
un éta lon aussi noir que l'enfer et vif comme un frelon ! Le duc se mit en
rage et fit venir le père pour lui manifester son d ép it , sa colèl-e. " Comment !

40
Yl N-Y i\ NG

cc fin <ll'b ilre était un b e au habl e u.t· ! Incapable de fai re une distinction ! Il
sc trompait sur tout , puisqu 'il s'était montré ignorant d'une chose visible
a utan.t que la couleur ! ni n'avait même su distinguer le sexe ! »
PO LO parut ravi et son plus beau sourire répondit aux fureurs qui agi-
ta ient son seigneur : " Mon [ils est bien p lus fort que je ne supposais. Il v<>.ut
m ille fois plus que je n e J'espérais ! Il n'y a entre nous pas de ligne possible !
Cc qu'il a regardé, c'est le signe invisible , Je sexe et la ·c ouleur, il ne les a pas
vus. Mais je suis sûr que c'est le CHEVAL ABSOLU ! , Le duc était sans voix.
11 ordonna l'épreuve. Comme avait dit PO LO, il en reçut la preuve
CELU I QUI VOIT LES TRAITS NE CONNAIT QUE L'AS.PECT ,
CELUI QUI SAIT VOIR L'AME ATTEINT LE PUR SUJET.

LES LECTEURS ECRIVENT ...


OHSA WA REFOND ...
C hn a mi,
Mes l'é li L·ila ti o ii S 1 V< ,us .s , ;u·ll rL'/. d'L111 c CU 11j u 11 c 'ivi tc de l'œi l 1
C'c.s l un m ~ dh c ur "J Nu 11 , _ j ~ 111 ~~ ~i s d e la vic 1 C'es t u11 co up d e té· lé phunc
de la pari du pri11 c ipc Utti CILI L', cie ! ~1 _ju s l icc du n .y au 1n c clcs 7 c ie u x,
q u i c.s l le LTé a lc ur du hu1 1h Ctll · c t de l'ut1i vc1 ·.s.
Le pr i11 c ipc Ulliqu c ! ~1 _j11 s ti cc , es t in! ini iii CII I préc i.s c l se ns ible
~~ J' inju s ti ce qu i sc pr ·u duit ~~ lo us les niveaux cie c c m o nde. Dès que
n'impc;rlc que l cr ime sc prod uit, il c nvu ic un s i g n ~d d '~tl armc. I l est
s i gc n til !
Qu'est-ce que J'œ il ) n sc tr o uv e en haut (yin) de nu t rc corps,
il est J' organe de perception vis u ell e (y in) , le p lu s l'in ( y in) c! e nu s
se ns. Il est donc le p lu s yin d e nos organes d es sens . Aussi ne p e ut-i l
.s upporter le m o indre excès de yin (tandis que les muscles de s pieds
- ya ng - s upp ortent Je y in fa cilem e nt pui s qu'ils u n t ta nt ci e yang
pour le neu Lralisc r ).
Qu'es t-ce que la co nj onc tivi te ') C'est un e inflammati on gontle-
me nt, rou geur, e tc .. lo us les symptôm es yin ty piqu es . La ca use d e
vo tre sou flra n cc es t évi d em ment J' excès d e yin !
Vou s elites que vuu s av iez un e vie très act ive (ya ng) lursquc ce la
~ ~ co mm encé. Quand un d ev ient très yang, e n es t al li ré par yin. On
l' importe sans s'en apcrccvuir. C n d épas se un peu la limite, r .ar
réac ti on. Bref, vo us ave;. ètbsorbé , sa ns le savu ir, qu e lques grains y1 n,
quelque fr ui t, qu e lqu e c husc que vo us se ul puuvez tmuvc r . En tous
cas, la cause es t clair-e !
Les cons é qu ences d o iven t disp èll .étÎtrc dè s que la c a u se sera s up-
pr im ée. Le régim e n" 7, absulumcnt r ie n d 'ètulrc, pas cie boisson c u
lrès peu . (Traitement sy mpt ome~ ti quc cu mp:-csscs de th é d e 3 ans
s a lé 3 o u 4 t ois par ju ur). Si vuus ~tvi c;. appliqu é cc t ra itement aux
premiers m cmenls, ce la aurait dé g u ér i e n que lques he u res.
Mai s ce n'est pas t rop la rd 1 Appt-endre c l cumprcnel re la .Ju s ti ce
n'es t pas fa cile tant que vous ne pouvez pas _ju ger, que vous n'êtes
p<.ts certain de votre ju geme nt y in cl ya ng . Mai s y in e t yang sont
te llement clairs, comm e jo u r c l nuit, c haud e t l roid 1 Ce qu'a el i t
J é sus : <<Priez et jeûnez.,, es t jus te pour tu uj ou rs : priez e l pensez
to ut d'après yin ct yang.
G. OH SAWA
23 janvier 1964 .

41
- YI. N- YA NG -

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CENTRE IGNORAMUS, 8, rue Lamartine, Paris 9e

42
R . MARTINET &. Ci e _ PARI S
YIN -YANG
LE CA NCE R
E T LA
PHIIJOSOPHI E D' EXTREME - ORI ENT

• Le cancer ennemi ou bienfaiteur


de l'humanité ?
* Le tabac peut-être · recommandé
aux cancéreux.
* M ille et une méthodes pour
guerrir le cancer.

" Je peux donner une pres-


cription pour fabriquer des
cigarettes préventives et cura -
ti ves pour les cancéreux, les
allergiques et spécialement les
asthmatiques ... "

[ _______c_._o_H
_sA_w_A
___,

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