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Axe N°4 : la banque

Sujet N°5
Règles prudentielles et ratios de solvabilité

I. Introduction :

La réglementation bancaire a pour objectif de garantir la stabilité financière et de protéger les déposants en établissant des normes et des
règles auxquelles les banques doivent se conformer. Parmi les principales mesures réglementaires mises en place figurent les règles
prudentielles et les ratios de solvabilité. Ces mesures visent à assurer la solidité financière des banques et à minimiser les risques pour les
investisseurs, les déposants et les autres parties prenantes.

Problématique :

Cependant, l'application des règles prudentielles et des ratios de solvabilité peut être coûteuse et peut entraîner des impli cations pour les
banques et l'économie en général. Les banques peuvent être prudence à suivre ces mesures, avoir peur que cela ne réduise leur rentabilité
ou leur capacité à financer l'économie. De plus, l'efficacité de ces règles est souvent mise en doute, en particulier lors de crises financières.
Dans le cadre de cette recherche, nous sommes partis dans l’objectif de savoir :

 Le rôle des banques dans l'application des règles prudentielles et des ratios de solvabilité ?

 Si ces mesures réglementaires sont suffisantes pour garantir la stabilité financière ?

II. Les règles prudentielles pour les banques

1. Définition et objectifs des règles prudentielles

Les règles prudentielles sont des normes réglementaires mises en place par les autorités de supervision financière pour garantir la sécurité
et la stabilité du système financier. Elles sont créées pour assurer que les institutions financières disposent d'un niveau parfait de fonds
propres, de liquidité et de gestion des risques pour absorber les pertes potentielles et éviter les défaillances.

Selon Frederic Mishkin"les règles prudentielles sont des normes réglementaires qui obligent les banques à maintenir un certain niveau de
fonds propres, à respecter des limites d'endettement et à tenir compte du risque dans leurs activités" 1

L'objectif principal des règles prudentielles est de réduire les risques de défaillance des institutions financières, de minimiser les
perturbations du marché et de protéger les clients et les investisseurs. Elles visent également à encourager la transparence financière, la
gestion saine et prudente des institutions financières et à promouvoir la confiance dans le système financier dans son ensemble.

Les règles prudentielles sont en constante évolution pour refléter les changements dans l'environnement économique et financier, ainsi que
pour s'adapter aux nouvelles formes de risques. Elles sont généralement mises en place par les autorités réglementaires, telles que les
banques centrales, les autorités de supervision financière ou les ministères des finances, et peuvent varier selon les juridictions et les types
d'institutions financières.

2. Les différents types de règles prudentielles :

Les règles prudentielles sont un ensemble de normes réglementaires mises en place pour garantir la sécurité et la stabilité du système
financier. Elles comprennent plusieurs types de règles, notamment :

Les exigences de fonds propres : Ces règles imposent aux institutions financières de maintenir un niveau minimum de fonds propres pour
couvrir les risques auxquels elles sont exposées. Cela garantit que les institutions disposent de suffisamment de capitaux po ur absorber les
pertes potentielles et continuer à fonctionner en cas de difficultés financières.

Les exigences de liquidité : Ces règles obligent les institutions financières à maintenir un certain niveau de liquidité pour faire face aux
demandes de retrait de fonds des clients. Cela garantit que les institutions ont suffisamment de liquidités pour répondre aux demandes de
retrait de fonds et continuer à fonctionner normalement.

Les exigences de gestion des risques : Ces règles obligent les institutions financières à mettre en place des systèmes de gestion des risques
solides pour identifier, évaluer et gérer les risques auxquels elles sont exposées. Cela garantit que les institutions prennent en compte les
risques dans leur prise de décision et évitent les pertes potentielles.

Les règles comptables : Ces règles énoncent les principes comptables que les institutions financières doivent suivre pour assurer la
transparence financière et permettre une évaluation juste et précise de leur situation financière.

1 Frederic Mishkin "Monnaie, Banque et Marchés financiers" (10e édition, Pearson, 2013), (p. 552).
Les règles de gouvernance : Ces règles énoncent les principes de gouvernance que les institutions financières doivent suivre pour garantir
une gestion saine et prudente, ainsi qu'une responsabilité sociale et environnementale.

Les règles de protection des consommateurs : Ces règles énoncent les principes de protection des consommateurs que les institutions
financières doivent suivre pour garantir des pratiques commerciales équitables et transparentes 2.

Les règles prudentielles sont mises en place par les autorités de supervision financière, telles que les banques centrales, l es autorités de
réglementation et les ministères des finances, et peuvent varier selon les juridictions et les types d'institutions financières.

III. Les ratios de solvabilité pour les banques

- Définition et objectifs des ratios de solvabilité

Les ratios de solvabilité sont des indicateurs financiers utilisés pour évaluer la capacité d'une institution financière à absorber les pertes
potentielles et à maintenir ses activités à long terme. Ils sont souvent utilisés par les régulateurs financiers pour supervi ser les institutions
financières et assurer la stabilité du système financier.

Les principaux ratios de solvabilité :

Le ratio de fonds propres : ce ratio mesure le niveau de fonds propres d'une institution financière par rapport à ses actifs pondérés en
fonction des risques. Il s'agit d'un indicateur clé de la capacité d'une institution à absorber les pertes.

Le ratio de levier : ce ratio mesure le niveau de fonds propres d'une institution financière par rapport à ses actifs totaux. Il s'agit d'un
indicateur de la capacité d'une institution à faire face aux pertes sans recourir à des financements supplémentaires.

Le ratio de liquidité : ce ratio mesure le niveau de liquidité d'une institution financière par rapport à ses obligations à court terme. Il s'agit
d'un indicateur de la capacité d'une institution à faire face aux retraits de fonds des clients et à maintenir ses activités.

Le ratio de couverture de risque : ce ratio mesure le niveau de fonds propres d'une institution financière par rapport à son exposition aux
risques, tels que le risque de crédit, le risque de marché et le risque opérationnel. Il s'agit d'un indicateur de la capacité d'une institution à
faire face aux pertes liées à ces risques.

Les ratios de solvabilité sont largement utilisés par les régulateurs financiers, les analystes financiers et les investisseurs pour évaluer la
solidité financière des institutions financières et prendre des décisions d'investissement 3.

IV. Bâle I, Bâle II et Bâle III

1. Présentation des accords de Bâle I, Bâle II et Bâle III

Les accords de Bâle I et Bâle II sont des normes internationales qui ont été établies par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire de la
Banque des règlements internationaux (BRI) afin de renforcer la stabilité et la solidité des systèmes bancaires dans le monde entier. Voici
une présentation de chacun de ces accords :

Accords de Bâle I ou Ratios Cooke :

Les accords de Bâle I, également connus sous le nom d'Accords de 1988, ont été adoptés par les régulateurs bancaires internationaux en
réponse aux crises financières des années 1970 et 1980. Ces accords ont établi un ratio de solvabilité minimum de 8% pour les banques, ce
qui signifie que les fonds propres d'une banque doivent représenter au moins 8% de ses actifs pondérés en fonction des risques. Ce ratio a
pour objectif d'assurer que les banques disposent de suffisamment de fonds propres pour absorber les pertes en cas de difficultés
financières.

Source : Jonh Hull (2007) 4

2
Chavagneux, C. (2002). "La réglementation prudentielle, le forfait de la BRI." Revue d’économie financière P47-58.

3
Dov Ogien. (5e édition, 2016) « Comptabilité et audit bancaires " (Chapitre 11) Gestion prudentielle et exigences de Bâle II
4 John Hull (2007) : « Gestion des risques et institutions financière » Pearson Education France.
Accords de Bâle II :

Les accords de Bâle II, adoptés en 2004, sont une évolution de Bâle I qui cherchent à renforcer davantage la solidité des systèmes bancaires
et à prendre en compte les risques associés aux différents types d'actifs détenus par les banques. Bâle II introduit trois piliers clés :

Tableau les trois piliers de bale II du F. Mishkin

Le premier pilier définit des méthodes de mesure des risques pour évaluer les risques de crédit, de marché et opérationnels. Il permet ainsi
de mieux prendre en compte les risques liés aux différents types d'actifs détenus par les banques.

Le deuxième pilier traite de la surveillance et de la gestion des risques au sein des banques, ainsi que de la façon dont les régulateurs
supervisent les banques.

Le troisième pilier a pour objectif de promouvoir la transparence en obligeant les banques à fournir des informations sur leur situation
financière et leur exposition aux risques.

En résumé, les accords de Bâle I et Bâle II sont des normes internationales visant à renforcer la stabilité des systèmes banc aires dans le
monde entier. Bâle I a établi un ratio de solvabilité minimum de 8% pour les banques, tandis que Bâle II a introduit des méthodes plus
sophistiquées pour mesurer les risques et a renforcé les exigences en matière de surveillance et de transparence 5.

Accords de Bâle III :

Bâle III est un accord international de réglementation bancaire élaboré par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. Il a été publié en
décembre 2010 et mis en œuvre progressivement à partir de 2013.

L'accord Bâle III visent la règlementation au niveau des banques, dite micro prudentielle, qui contribuera à renforcer la résilience des
établissements bancaires en période de tension ; les risques systémiques et macro prudentielle, susceptible de s’accumuler dans le secteur
bancaire et leur amplification pro-cyclique dans le temps. Ces deux approches à l’égard du contrôle bancaire sont complémentaires. Une
plus grande résilience des établissements réduisant le risque de chocs d’ampleur systémique 6.

L'objectif globale de l'accord est de garantir la stabilité financière mondiale en réduisant le risque de faillite des banques et en limitant la
propagation des crises financières.

2. Objectifs et principes directeurs de ces accords

Les accords de Bâle ont plusieurs objectifs et principes directeurs. Les principaux objectifs et principes directeurs des accords de Bâle sont
les suivants :

Objectifs :

Renforcer la stabilité financière : Les accords de Bâle ont pour objectif de renforcer la stabilité financière en réduisant le risque de défaillance
des banques et en limitant les perturbations du marché financier.

Encourager une concurrence équitable : Les accords de Bâle visent à encourager une concurrence équitable entre les banques en établissant
des règles de réglementation uniformes pour tous les acteurs du secteur bancaire.

Protéger les déposants et les créanciers : Les accords de Bâle ont pour objectif de protéger les déposants et les créanciers en exigeant que
les banques disposent d'un niveau adéquat de fonds propres pour couvrir leurs risques.

5 Frederic Mishkin "Monnaie, Banque et Marchés financiers" (10e édition, Pearson, 2013) P374
6
Frederic Mishkin "Monnaie, Banque et Marchés financiers" Chapitre 12 10e édition, Pearson (2013) P335
Principes directeurs :

Adéquation du capital : Les accords de Bâle exigent que les banques disposent d'un niveau adéquat de fonds propres pour couvrir leurs
risques. Le ratio de solvabilité est utilisé pour mesurer la capacité des banques à absorber les pertes 7.

Surveillance et évaluation du risque : Les accords de Bâle encouragent les banques à évaluer leur propre risque et à mettre en place des
systèmes de surveillance et de gestion des risques. Les régulateurs supervisent également les banques pour s'assurer qu'elles disposent de
systèmes de gestion des risques adéquats.

Transparence et divulgation : Les accords de Bâle exigent que les banques soient transparentes et divulguent des informations financières
complètes sur leur situation financière et leur gestion des risques.

Cohérence internationale : Les accords de Bâle ont pour objectif d'établir des normes de réglementation et de supervision bancaires
cohérentes à l'échelle internationale pour garantir une concurrence équitable et réduire les risques de défaillance bancaire.

V. L'application des règles prudentielles et des ratios de solvabilité

- Le rôle des banques dans l'application des règles prudentielles et des ratios de solvabilité

Les banques ont un rôle clé dans l'application des règles prudentielles et des ratios de solvabilité, qui visent à garantir leur stabilité financière
et à protéger les déposants et les investisseurs. Les banques doivent ainsi veiller à respecter les exigences en matière de f onds propres et
de ratios de solvabilité fixées par les autorités de réglementation et de supervision bancaires, en vue de limiter les risques encourus et
d'assurer leur capacité à faire face aux pertes potentielles.

Les banques sont également tenues de suivre les normes et les principes édictés par les accords de Bâle, qui établissent des standards
internationaux en matière de réglementation bancaire. Ces accords ont pour objectif de renforcer la stabilité du système fina ncier mondial
et de réduire les risques de crises bancaires.

Pour s'assurer de la conformité des banques aux règles et aux ratios de solvabilité, les autorités de réglementation et de supervi sion
bancaires mènent des inspections et des audits réguliers, et peuvent sanctionner les établissements qui ne respectent pas les normes en
vigueur.

En cas de non-respect des règles prudentielles et des ratios de solvabilité, les autorités de réglementation et de supervision bancaires
peuvent donner des sanctions aux établissements concernés, telles que des amendes, des limitations d'activités, les sanctions peuvent
également inclure des mesures plus sévères, comme la révocation de la licence bancaire ou la mise en faillite de l'établissem ent.

Mishkin explique comment les banques sont chargées de respecter les exigences en matière de fonds propres et de ratios de solvabilité
édictées par les autorités de réglementation et de supervision bancaires, en vue de garantir leur stabilité financière et de protéger les
déposants et les investisseurs.

Et souligne également le rôle crucial des accords de Bâle dans la réglementation bancaire internationale, et la nécessité pour les banques
de suivre les normes et les principes édictés par ces accords. Enfin, il aborde la question de la supervision bancaire et des sanctions qui
peuvent être infligées aux établissements qui ne respectent pas les normes en vigueur 8.

Conclusion :

En conclusion, les règles prudentielles et les ratios de solvabilité sont des éléments essentiels de la réglementation bancaire visant à assurer
la stabilité financière. Cependant, leur application est souvent confrontée à des défis et des obstacles qui peuvent affecter leur efficacité.
Malgré cela, il est indispensable de maintenir des normes élevées de réglementation et de supervision pour garantir un systèm e bancaire
solide et résilient et capable de faire face aux défis et aux chocs économiques.

Références Bibliographies :

- Frederic Mishkin "Monnaie, Banque et Marchés financiers" (chapitre 12) 10ed édition, Pearson, (2013) P374-377
- Dov Ogien. « Comptabilité et audit bancaires " (Chapitre 11) Gestion prudentielle et exigences de Bâle II (5ed
édition, 2016)
- Artus, P. "Le ratio Cooke et le comportement des banques." Revue française d’économie (1990). P80-104.
- Chavagneux, C. "La réglementation prudentielle, le forfait de la BRI." Revue d’économie financière. (2002) P47-58.
- Berrada Mohamed. A "Les techniques de banque de crédit et de commerce extérieur" 5ed (2007) P350

7 Berrada Mohamed. A "Les techniques de banque de crédit et de commerce extérieur" 5ed (2007) P350
8 Frederic Mishkin "Monnaie, Banque et Marchés financiers" (chapitre 12) 10ed édition, Pearson, (2013) P374-377

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