Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Les spondylarthropathies (SP) regroupent des pathologies dont la lésion élémentaire est une atteinte
inflammatoire des enthèses axiales et/ou périphériques. Il s’agit de la spondylarthrite ankylosante (SPA),
des arthrites réactionnelles (AR), du rhumatisme psoriasique (RP) et des manifestations articulaires des
entérocolopathies inflammatoires chroniques (maladie de Crohn et rectocolite ulcérohémorragique). Leur
prévalence est proche de celle de la polyarthrite rhumatoïde, de l’ordre de 0,2 à 0,5 % dans la population
générale. Ces rhumatismes ont des caractéristiques communes : Ils débutent le plus souvent chez l’adulte
jeune avec un terrain génétique prédisposant (human leukocyte antigen [HLA] B27) et ont une
évolution marquée par de fréquentes rémissions spontanées mais aussi vers une forme chronique,
invalidante et handicapante. Toutes les enthèses peuvent être touchées. Les localisations les plus
caractéristiques sont les sacro-iliaques et le rachis, responsables de l’atteinte axiale, mais aussi le
calcanéus, les articulations claviculaires, la symphyse pubienne et les interphalangiennes distales pour ce
qui est des atteintes périphériques. Des arthrites périphériques, asymétriques, peuvent compléter le
tableau clinique. Face à un tableau de rachialgies inflammatoires de l’adulte jeune, ou d’atteinte
inflammatoire des enthèses ou articulations périphériques, il faudra à l’interrogatoire et à l’examen
clinique des antécédents personnels ou familiaux de SP, mais aussi de psoriasis, acné, pustulose,
entéropathie, affection génito-urinaire ou digestive, atteinte oculaire. L’examen clinique recherche les
syndromes pelvirachidien, enthésitique, articulaire périphérique et extra-articulaire. Le bilan biologique
sert surtout à éliminer les diagnostics différentiels. En effet, le syndrome inflammatoire peut être absent ou
discret, surtout dans les formes axiales. La recherche de HLA B27 ne se justifie que dans les formes
débutantes et/ou atypiques de SP et doit être interprétée avec prudence car 7 à 10 % de la population
caucasoïde porte au moins un allèle HLA B27. Les lésions radiologiques caractéristiques apparaissent le
plus souvent tardivement, mais permettent alors de confirmer le diagnostic. La pierre angulaire de la prise
en charge des SP est l’association des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), dont l’efficacité est un
critère diagnostique important, et de la rééducation fonctionnelle. Les antalgiques sont intéressants en
traitement d’appoint des AINS. En cas d’insuffisance des AINS, on pourra envisager l’introduction d’un
traitement de fond. Pour les formes périphériques, certains traitements comme la Salazopyrine®, le
méthotrexate, le léflunomide et les anti-tumor necrosis factors (TNF)-a ont fait la preuve de leur efficacité
clinique, en particulier dans le RP. En revanche, seuls les anti-TNF-a ont démontré une efficacité clinique
sur les formes axiales. Ces traitements ne peuvent être utilisés dans les SP qu’après l’échec d’un
traitement conventionnel conduit de façon optimale et sur avis d’un rhumatologue ayant une grande
expérience des SP et des biothérapies.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Spondylarthrite
ankylosante
Rhumatisme Spondylarthropathies
psoriasique indifférenciées
Manifestations
articulaires des
affections dermatologiques
(acné, pustulose)
SAPHO ?
Téléchargé pour Clinicalkey User (clinicalkey.student@sendnow.win) à Holy Spirit University of Kaslik à partir de ClinicalKey.com par Elsevier sur
décembre 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Spondylarthrite ankylosante et autres spondylarthropathies ¶ 7-0510
Tableau 1.
Critères diagnostiques des spondylarthropathies : critères proposés par l’European Spondylarthropathy Study Group (ESSG) (1991).
Description des critères
Critères majeurs
1. Douleurs rachidiennes inflammatoires 1. Douleurs rachidiennes inflammatoires
Antécédent ou douleur actuelle du rachis lombaire, dorsal ou cervical avec au moins 4 des 5 critères suivants :
- âge de début inférieur à 45 ans
- début insidieux
- douleur augmentée par l’effort
- raideur matinale
- depuis au mois 3 mois
2. Synovites asymétriques ou prédominantes 2. Synovite
aux membres inférieurs Arthrites asymétriques dans les antécédents ou en cours ou arthrites prédominantes aux membres inférieurs
Critères mineurs
1. Antécédents familiaux de spondylar- 1. Antécédents familiaux au premier ou au deuxième degré de :
thropathie Spondylarthrite ankylosante ou psoriasis ou uvéite ou arthrite réactionnelle ou maladie inflammatoire intesti-
nale
2. Psoriasis 2. Psoriasis
Dans les antécédents ou en cours objectivé par un médecin
3. Maladie inflammatoire intestinale 3. Maladie inflammatoire digestive
Dans les antécédents ou en cours, maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique diagnostiquées par un mé-
decin et confirmées par la radiographie ou l’endoscopie
4. Urétrite 4. Douleurs fessières à bascule
Dans les antécédents ou en cours
5. Diarrhée aiguë 5. Enthésopathies
Douleurs ou sensibilité à l’insertion des tendons d’Achille ou de l’aponévrose plantaire
6. Douleurs fessières à bascule 6. Diarrhée
Précédant de moins de 1 mois les arthrites
7. Enthésiopathie 7. Urétrite
Non gonococcique, ou cervicite précédant de moins de 1 mois les arthrites
8. Sacro-iliite radiologique 8. Sacro-iliite
≥ stade 2 ou bilatérale
≥ stade 3 si unilatérale
(stade 0 : normal, stade 1 : possible, stade 2 : minime,
stade 3 : modérée, stade 4 : ankylose)
Tableau 2. Tableau 3.
Critères diagnostiques des spondylarthropathies d’Amor (1990). Dix caractéristiques épidémiologiques et physiopathologiques
essentielles des spondylarthropathies.
A. Signes cliniques ou histoire clinique Points
1. Douleurs nocturnes lombaires ou dorsales et/ou raideur 1 L’âge de début est de 20 à 30 ans mais il existe des formes juvéniles et des
matinale lombaire ou dorsale formes à révélation tardive (> 50 ans)
2. Oligoarthrite asymétrique 2 L’homme est plus souvent touché que la femme mais les formes fémini-
3. Douleurs fessières sans précision ou douleurs fessières 1 ou 2 nes sont fréquentes même dans la spondylarthrite ankylosante (2 à
à bascule 3 hommes/1 femme)
4. Doigt ou orteil en « saucisse » 2 La prévalence globale des spondylarthropathies est de 0,2 à 0,5 % dans
la population générale. Cette prévalence est directement liée au terrain
5. Talalgie ou autre enthésopathie 2
génétique (HLA B27)
6. Iritis 2
L’évolution des spondylarthropathies est marquée par de fréquentes ré-
7. Urétrite non gonococcique ou cervicite moins de 1 mois 1
missions spontanées et l’évolution possible vers une forme chronique
avant le début de l’arthrite
Différentes formes de spondylarthropathie peuvent s’associer simulta-
8. Diarrhée moins de 1 mois avant l’arthrite 1
nément ou successivement chez un même individu
9. Présence ou antécédent de psoriasis et/ou d’une balanite 2
et/ou d’une entérocolopathie chronique La pathogénie des spondylarthropathies se caractérise par l’interaction
entre un terrain immunogénétique prédisposant, particulièrement lié à
B. Signes radiologiques
HLA B27, et des micro-organismes arthritogènes (cf. Tableau 5)
10. Sacro-iliite (stade < 2 bilatérale ou stade > 3 si unilatérale) 3
Des modèles animaux des spondylarthropathies (rats transgéniques
C. Terrain génétique
pour le gène HLA B27 humain) confirment les données cliniques et pa-
11. Présence de l’antigène B27 et/ou antécédents familiaux 2 thogéniques humaines
de pelvispondylite et/ou de syndrome de Reiter et/ou
La lésion élémentaire est une atteinte des enthèses axiales (syndrome
de psoriasis et/ou d’uvéite et/ou d’entérocolopathie chronique
pelvirachidien) et/ou périphériques (talalgies et autres enthéso-
D. Sensibilité au traitement pathies)
12. Amélioration en 48 heures des douleurs par les anti- 2
Les lésions inflammatoires des spondylarthropathies sont faites de poly-
inflammatoires non stéroïdiens et/ou rechute rapide (48 h)
nucléaires neutrophiles, contrairement aux autres rhumatismes inflam-
des douleurs à leur arrêt
matoires comme la polyarthrite rhumatoïde
Le malade sera déclaré ayant une spondylarthropathie si : La sensibilité aux anti-inflammatoires non stéroïdiens est un bon critère
=> la somme des points des 12 critères est égale ou supérieure à 6 diagnostique
=> et s’il répond aux items 7 ou 8 HLA : human leukocyte antigen.
Tableau 4.
Prévalence, association avec human leukocyte antigen (HLA) B27 et sex-ratio des différentes spondylarthropathies.
Spondylarthropathies Prévalence (population Association avec HLA B27 Risque relatif Sex-ratio
caucasoïde) (%) (%)
Spondylarthrite ankylosante 0,2 à 0,5 90 à 95 90 2-3 H/1 F
Arthrite réactionnelle 0,1 60 à 80 35 2-6 H/1 F pour forme génito-urinaire
1 H/1 F pour forme digestive
Rhumatisme psoriasique 0,1 40 à 70 10 1 H/1F
Arthrite associée à une maladie 0,01 30 à 60 10 1 H/1F
inflammatoire intestinale
Dans la population caucasoïde, la prévalence de HLA B27 est de 7 à 10 %. Le risque relatif évalue la probabilité d’apparition d’une spondylarthropathie dans une population
caucasoïde quand le sujet porte un allèle HLA B27. H : homme ; F : femme.
Téléchargé pour Clinicalkey User (clinicalkey.student@sendnow.win) à Holy Spirit University of Kaslik à partir de ClinicalKey.com par Elsevier sur
décembre 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Spondylarthrite ankylosante et autres spondylarthropathies ¶ 7-0510
La physiopathologie
des spondylarthropathies se caractérise
par l’interaction entre un terrain
immunogénétique prédisposant
et des micro-organismes arthritogènes :
exemple des arthrites réactionnelles
Chez l’homme, l’étude des AR a permis de mieux comprendre
ces interactions entre l’hôte et les micro-organismes. Ces
constatations ont été étendues à la compréhension des méca-
nismes des autres SP (Tableau 5). [9-11]
L’étude des modèles animaux de SP a aussi été particulière-
ment contributive pour comprendre la pathogénie des SP. Des
rats transgéniques B27 ont été créés en introduisant de multi-
ples copies des gènes humains de HLA B27 et de la bêta-2-
microglobuline dans le génome murin. Ces rats transgéniques
vont développer une affection proche des SP associant des
arthrites périphériques, une colite, une inflammation génitale et
des anomalies cutanées et unguéales. Il est intéressant de
constater que si des rats nouveau-nés sont élevés en ambiance
stérile (germ free), ils vont développer une affection associant
uniquement des signes cutanés et génitaux mais sans arthrite et
sans colite. Ces constatations confirment bien la nécessité d’une
interaction entre un terrain génétique prédisposé et des micro-
organismes pour expliquer l’apparition de manifestations
articulaires. [9-11]
Téléchargé pour Clinicalkey User (clinicalkey.student@sendnow.win) à Holy Spirit University of Kaslik à partir de ClinicalKey.com par Elsevier sur
décembre 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Spondylarthrite ankylosante et autres spondylarthropathies ¶ 7-0510
Tableau 5.
Infections et portes d’entrée dans les spondylarthropathies.
Spondylarthropathies Notion d’infection ou de porte d’entrée Germes en causes
Arthrite réactionnelle Infection génito-urinaire Chlamydia trachomatis
Infection digestive Ureaplasma urealyticum
Salmonella typhimurium et enteritidis
Yersinia enterocolitica et pseudotuberculosis
Shigella flexneri
Campylobacter jejuni
Spondylarthrite ankylosante Porte d’entrée digestive ? Klebsiella pneumoniae ?
Rhumatisme psoriasique Porte d’entrée cutanée ? Streptocoques ?
Arthrites associées à une maladie digestive Porte d’entrée digestive ? Entérobactéries ?
inflammatoire Mycobactéries ?
Tableau 6.
Germes arthritogènes impliqués dans les arthrites réactionnelles.
Tractus urogénital Tractus intestinal Autres
Rôle certain Chlamydia trachomatis Shigella flexneri
Ureaplasma urealyticum Salmonella enteritidis
Salmonella typhimurium
Yersinia enterocolitica
Yersinia pseudotuberculosis
Campylobacter jejuni
Rôle possible Neisseria gonorrhoeae Shigella sonnei Chlamydia pneumoniae
Clostridium difficile Chlamydia psittaci
Leptospira icterohemorrhagica Mycobacterium bovis
Escherichia coli Borrelia burgdorferi
Giardia lamblia Streptococcus
Cryptosporidia Staphylococcus aureus
Entamoeba histolytica Propionibacterium acnes
Taenia saginata
Téléchargé pour Clinicalkey User (clinicalkey.student@sendnow.win) à Holy Spirit University of Kaslik à partir de ClinicalKey.com par Elsevier sur
décembre 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Spondylarthrite ankylosante et autres spondylarthropathies ¶ 7-0510
présence d’une raideur matinale, améliorée par l’exercice. Ces Cette uvéite régresse habituellement sans séquelle mais peut
rachialgies ont aussi la particularité d’être bien soulagées par laisser des synéchies cicatricielles exceptionnellement responsa-
les AINS. Les autres signes (limitation de la mobilité, défor- bles de cécité.
mation) sont plus tardifs et peu utiles au diagnostic précoce.
• Les douleurs fessières, souvent à bascule, traduisent une sacro- Autres manifestations extra-articulaires
iliite habituellement bilatérale, mais parfois à début unilaté- Différentes autres manifestations extra-articulaires caractéris-
ral. Les douleurs inflammatoires siègent à la partie supérieure tiques de chaque SP peuvent être observées, parfois successive-
de la fesse et peuvent irradier jusqu’aux genoux, plus rare- ment ou simultanément chez un même patient.
ment aux mollets. L’examen clinique est assez difficile car Le psoriasis cutané observé dans le RP est souvent minime,
peu de manœuvres sont spécifiques, surtout quand le sujet touchant surtout le cuir chevelu et les plis. L’atteinte unguéale
souffre de rachialgies. La douleur reproduite par la palpation parfois polymorphe est très spécifique. Parfois, ces lésions ne
directe est l’un des meilleurs signes cliniques. sont évoquées qu’à l’interrogatoire, ce qui rend le diagnostic de
• Des douleurs thoraciques antérieures (sterno-costo- certitude difficile.
claviculaires et chondrosternales) et postérieures (costoverté- Les lésions digestives de la maladie de Crohn et de la rectocolite
brales) sont très spécifiques. Parfois, les atteintes antérieures ulcérohémorragique précèdent souvent l’atteinte articulaire. Plus
peuvent se manifester par une véritable tuméfaction inflam- rarement, l’atteinte digestive peut être précédée et parfois
matoire de la paroi thoracique. révélée par un tableau de SP. Dans ce cas, les signes digestifs
peuvent être uniquement décelés à l’interrogatoire. En pratique,
Syndrome enthésopathique périphérique en l’absence de tout signe digestif ou d’anomalies biologiques
Ces enthésopathies sont responsables de manifestations (syndrome inflammatoire, troubles de l’absorption), les examens
cliniques caractéristiques. digestifs systématiques (endoscopie) ne sont pas nécessaires
• Les talalgies inflammatoires rétro- et sous-calcanéennes mais il est intéressant de noter que des coloscopies systémati-
doivent absolument faire évoquer le diagnostic de SP chez le ques ont montré des lésions inflammatoires iléales dans plus de
sujet jeune. Le caractère inflammatoire de cette atteinte se la moitié des SPA et des AR. La signification de ces lésions n’est
traduit habituellement par des douleurs qui surviennent dès pas univoque. Il s’agit, soit de lésions liées aux AINS, soit de
la marche au lever et gênent les premiers pas. lésions digestives spécifiques des SP.
• D’autres enthésopathies touchant la tubérosité tibiale anté- Les signes extra-articulaires des AR sont de deux types :
rieure, le grand trochanter et le pubis se traduisent aussi par • les signes infectieux génito-urinaires (urétrite, prostatite,
des douleurs inflammatoires caractéristiques qu’il ne faut pas salpingite, cervicite) ou digestifs (gastroentérite), qui précè-
confondre avec des tendinopathies microtraumatiques. dent de 4 à 6 semaines l’apparition des manifestations
articulaires ; cette porte d’entrée peut passer inaperçue dans
Syndrome articulaire périphérique plus de la moitié des cas, surtout quand il s’agit d’une
infection génitale féminine ;
Le tableau caractéristique est une oligoarthrite des membres • certains signes oculo-cutanéo-muqueux, apparemment non
inférieurs touchant surtout les genoux et les chevilles. Cette infectieux, peuvent marquer l’évolution d’une AR :
oligoarthrite peut se voir dans toutes les SP, notamment dans la C l’atteinte oculaire est une conjonctivite banale souvent
SPA (dans 30 % des cas), mais elle est très caractéristique des AR. bilatérale ;
Plus rarement l’atteinte peut être monoarticulaire ou polyarti- C les lésions muqueuses génitales sont une balanite (20 % des
culaire. Ces formes polyarticulaires ne doivent pas être confon- cas), et parfois peuvent s’accompagner de macules ou
dues avec une polyarthrite rhumatoïde ou un autre rhumatisme d’érosions du scrotum disparaissant sans séquelles ;
périphérique.
C les lésions muqueuses buccales sont des plaques érythéma-
Deux localisations particulières méritent d’être signalées.
teuses (6 % des cas), indolores, s’étendant exceptionnelle-
• L’atteinte coxofémorale (coxite) est un signe de sévérité des
ment autour de la bouche et du nez (ectodermose
SP. Cette atteinte assez fréquente (20 à 40 % des cas), surtout
dans les SPA, survient souvent dans les 5 premières années pluriorificielle) ;
d’évolution. Cette coxite doit être distinguée des enthésopa- C les autres lésions cutanées sont exceptionnelles. Il s’agit de
thies des adducteurs et du pubis qui sont également respon- papules ou de pustules le plus souvent palmoplantaires qui
sables de douleurs inguinocrurales inflammatoires. forment des lésions hyperkératosiques parfois difficiles à
• Les orteils et doigts en « saucisse » se caractérisent par une différencier d’un psoriasis.
tuméfaction inflammatoire érythématoviolacée qui s’observe
Autres complications viscérales des SP
surtout dans les AR et le RP. Cet aspect très spécifique est
assez rare, observé par exemple seulement dans 5 à 10 % des Elles sont rares.
AR à Chlamydia trachomatis. • Les manifestations cardiaques (surtout des valvulopathies,
Ces atteintes périphériques sont liées à une synovite souvent parfois des myocardites et rarement des péricardites) sont
non spécifique. Parfois, l’aspect histologique peut être plus observées, surtout dans la SPA et les AR. Ces atteintes sont
caractéristique, marqué par une intense hyperplasie vasculaire et rares (moins de 5 % des cas, même après 10 ans d’évolution).
une inflammation périvasculaire, mais sans nécrose importante • Les atteintes pulmonaires sont presque exclusivement obser-
et sans hyperplasie synoviale. En pratique, l’histologie synoviale vées au cours de la SPA. Le plus souvent il s’agit d’une
n’a pas d’intérêt diagnostique. atteinte respiratoire restrictive liée à une atteinte des articu-
lations thoraciques. Plus rarement, dans 1,3 % des cas, il a été
Syndrome extra-articulaire décrit une altération fibrobulleuse des sommets, sans signe de
tuberculose.
Signes généraux
• Une atteinte rénale amyloïde (de type AA) est observée dans
Les signes généraux (asthénie, amaigrissement, fièvre) sont 0,5 à 10 % des SPA, surtout dans les formes à début juvénile.
rares mais peuvent être observés dans les AR aiguës, en particu- Plus rarement, des néphropathies à immunoglobulines (Ig)A
lier dans les formes postdysentériques. Ces signes seraient aussi ont également été décrites, surtout dans la SPA.
plus fréquents dans les formes à début tardif (> 50 ans). • Des atteintes neurologiques liées à des subluxations atloï-
doaxoïdiennes sont possibles dans 1 à 2 % des cas. Il a
Uvéite
également été décrit des épidurites aseptiques parfois compli-
C’est le signe extra-articulaire le plus fréquent. Il s’agit d’une quées de syndrome de la queue de cheval caractérisé par
uvéite antérieure qui se traduit par un œil rouge et douloureux l’existence d’un mégafourreau dural.
(pendant plus de 48 heures). Sa prévalence, liée à la présence de .
• Une ostéopathie fragilisante parfois révélée par des fractures
HLA B27, varie selon les SP. Dans la SPA, elle est observée dans rachidiennes est observée dans les formes évoluées de SPA. Sa
30 % des cas et peut être inaugurale chez 2 à 5 % des patients. fréquence est mal connue.
■ Quelle est la valeur des examens • Dans les formes postdysentériques, les coprocultures sont
généralement sans intérêt car il n’y a plus de germes dans les
complémentaires ? selles quand les signes articulaires apparaissent.
• La recherche de germes intra-articulaires par des méthodes
Quel est l’intérêt du bilan standard ? classiques (culture, immunofluorescence) ou par d’autres
techniques (PCR) n’a pas démontré son intérêt en pratique
• Un syndrome inflammatoire est noté dans 60 à 80 % des cas
quotidienne. Des travaux complémentaires sont justifiés pour
mais la vitesse de sédimentation (VS) est souvent inférieure à
démontrer la valeur diagnostique et l’utilité réelle de ce type
50 mm à la 1e heure et la C reactive protein (CRP) inférieure à
de recherche.
60 mg/l. Un syndrome inflammatoire plus fréquent et plus
• Les examens sérologiques apportent exceptionnellement une
intense est observé dans certaines formes périphériques, en
certitude diagnostique car la présence d’anticorps peut être
particulier dans les AR à porte d’entrée digestive, les arthrites
simplement la cicatrice sérologique d’une infection ancienne.
des entéropathies et certains rhumatismes psoriasiques. En
Une infection récente ne peut être évoquée qu’en cas de
revanche, dans les formes purement axiales, le syndrome
primo-infection documentée (apparition d’abord d’IgM, puis
inflammatoire peut être discret ou absent dans près de 30 %
quelques semaines après d’IgG à titre croissant). Ce profil
des cas. Au total, quand elles sont présentes, ces anomalies
sérologique n’est pas fréquent chez un adulte qui développe
biologiques sont des marqueurs d’évolutivité des SP.
une SP. En pratique, la seule sérologie dont la valeur est
• La thrombocytose est une anomalie biologique inconstante qui
reconnue est celle pour Chlamydia trachomatis. En revanche,
peut s’expliquer par un syndrome inflammatoire, mais égale-
les sérologies des germes digestifs des entérobactéries (Yersinia,
ment par une carence martiale liée à un saignement digestif
Salmonella) ne sont pas spécifiques en raison de phénomènes
induit par les AINS ou une entéropathie inflammatoire.
de réactivité croisée avec d’autres entérobactéries. L’étude
• Une hypergammaglobulinémie polyclonale est observée le
d’isotype particulier peut être intéressante car il a été montré
plus souvent dans les formes inflammatoires. Dans ces
que la persistance d’IgA anti-Chlamydia trachomatis et anti-
formes, l’élévation polyclonale des IgA pourrait être le reflet
Yersinia pouvait être liée à la persistance d’une infection
des réponses immunitaires à une stimulation antigénique des
extra-articulaire. Néanmoins, dans l’état actuel des choses, ces
muqueuses génitales et/ou digestives. La recherche de ces
résultats n’ont pas démontré leur intérêt pratique.
anomalies n’a pas d’intérêt en pratique quotidienne.
Téléchargé pour Clinicalkey User (clinicalkey.student@sendnow.win) à Holy Spirit University of Kaslik à partir de ClinicalKey.com par Elsevier sur
décembre 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Spondylarthrite ankylosante et autres spondylarthropathies ¶ 7-0510
-
HLA B27 Autres examens d'imagerie
• Scanner sacro-iliaque pour rechercher ou affirmer une sacro-iliite
• Scintigraphie pour rechercher des signes d'enthésopathie
- + • IRM sacro-iliaque et dorsolombaire pour rechercher une atteinte
inflammatoire spécifique
Figure 7. Arbre décisionnel. Comment faire le diagnostic de spondylarthropathies. Cet arbre doit se faire en tenant compte des dix étapes du bilan
diagnostique (cf. Tableau 6). RCUH : rectocolite ulcérohémorragique ; AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens ; RX : radiographie ; HLA : human leukocyte
antigen ; IRM : imagerie par résonance magnétique.
Téléchargé pour Clinicalkey User (clinicalkey.student@sendnow.win) à Holy Spirit University of Kaslik à partir de ClinicalKey.com par Elsevier sur
décembre 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Spondylarthrite ankylosante et autres spondylarthropathies ¶ 7-0510
Téléchargé pour Clinicalkey User (clinicalkey.student@sendnow.win) à Holy Spirit University of Kaslik à partir de ClinicalKey.com par Elsevier sur
décembre 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Spondylarthrite ankylosante et autres spondylarthropathies ¶ 7-0510
Téléchargé pour Clinicalkey User (clinicalkey.student@sendnow.win) à Holy Spirit University of Kaslik à partir de ClinicalKey.com par Elsevier sur
décembre 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Spondylarthrite ankylosante et autres spondylarthropathies ¶ 7-0510
■ Références
.
J. Sibilia (jean.sibilia@wanadoo.fr).
Service de rhumatologie, Centre hospitalier universitaire de Strasbourg, Hôpital de Hautepierre, 1, avenue Molière, 67098 Strasbourg cedex, France.
T. Pham.
Service de rhumatologie Sud, Centre hospitalier universitaire de Marseille, hôpital La Conception, 27, boulevard Jean-Moulin, 13005 Marseille cedex,
France.
C. Sordet.
Service de rhumatologie, Centre hospitalier universitaire de Strasbourg, Hôpital de Hautepierre, 1, avenue Molière, 67098 Strasbourg cedex, France.
B. Jaulhac.
Laboratoire de bactériologie, Centre hospitalier universitaire de Strasbourg, Hôpital de Hautepierre, 1, avenue Molière, 67098 Strasbourg cedex, France.
P. Claudepierre.
Service de rhumatologie, Centre hospitalier universitaire de Créteil, Hôpital Henri Mondor, 51, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94010 Créteil
cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Sibilia J., Pham T., Sordet C., Jaulhac B., Claudepierre P. Spondylarthrite ankylosante et autres
spondylarthropathies. EMC (Elsevier SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 7-0510, 2005.