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Sommaire

Remerciements ........................................................................................................................................ 3
Introduction Générale ............................................................................................................................. 4
Chapitre1 : Le duopole de Cournot ..................................................................................................... 6
1. Présentation du modèle .......................................................................................................... 6
2. Analyse du modèle de Cournot ................................................................................................ 6
Conclusion du 1er chapitre ............................................................................................................ 11
3. Exercice (Cas du duopole Cournot) ....................................................................................... 12
Chapitre 2: Le duopole de Stackelberg ............................................................................................. 15
1. Présentation du modèle ........................................................................................................ 15
2. Analyse du modèle de Stackelberg ........................................................................................ 16
3. Comparaison Cournot-Stackelberg ....................................................................................... 18
Conclusion du 2ème chapitre ......................................................................................................... 19
4. Exercice : (cas du duopole Stacklberg) .................................................................................. 20
Chapitre 3 : Le duopole de Bertrand ................................................................................................. 22
1. Présentation du modèle ........................................................................................................ 22
2. Analyse du modèle de Bertrand ............................................................................................ 22
4. Paradoxe de Bertrand ........................................................................................................... 25
5. Contraintes sur capacités de production .............................................................................. 25
Conclusion du 3ème chapitre ......................................................................................................... 31
6. Exercice : (cas du duopole Bertrand)..................................................................................... 32
Conclusion Générale.............................................................................................................................. 34
Liste des figures ..................................................................................................................................... 35
Référence bibliographique ................................................................................................................... 36
Remerciements

En préambule à ce travail, nous souhaitons adresser nos

reconnaissances à notre Dieu tout puissant, de nous avoir permis d’en

arriver là, car sans sa bénédiction rien n’est possible.

Nous tenons également à remercier chaleureusement et à

exprimer notre plus profonde gratitude à notre professeur M. EL

HASSANI pour tout l’effort et le soutien qu’il nous a donnés, sa

disponibilité permanente et ses conseils qui nous ont été très précieux

pour le bon déroulement du travail.

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Introduction Générale

La théorie de l’oligopole a été souvent présentée à partir de la théorie du duopole. Ce type


de marché est très répondu en réalité. En effet il arrive souvent que le nombre des entreprises
dans une branche économique ne soit pas très élevé.

Un oligopole est une situation dans laquelle, d’une part, l’offre est assurée par un petit
nombre de vendeurs et, d’autre part, la demande est émise par un grand nombre d’acheteurs.
Le modèle d’équilibre général suppose que chaque vendeur prend le prix comme une donnée.
Or il existe de nombreux cas dans lequel ce n’est pas possible. Par exemple, lorsqu’un petit
nombre de vendeurs est présent sur le marché, ils peuvent s’observer mutuellement et s’ils y
trouvent un avantage, pourront effectivement modifier leurs tarifs. Il est important de
comprendre que ceci peut se produire même en l’absence d’un accord explicite entre les
producteurs. Il faut alors régler un problème complexe : comment représenter le comportement
d’un ensemble d’agents économiques quand l’action de chacun d’entre eux a un effet sur les
gains des autres. Le premier chapitre présente la première application de l’équilibre de Nash à
un problème d’économie. Réalisée par Augustin Cournot en 1838, elle consiste à prévoir les
quantités qui seront produites par deux producteurs en concurrence (i.e., reliés par une fonction
de demande). Nous passons ensuite à l’analyse d’un nombre quelconque de producteurs, ce qui
permet d’illustrer l’hypothèse d’atomicité utilisée en microéconomie. Nous concluons ce
chapitre sur l’étude du nombre maximum d’entreprises viables sur un marché où les entreprises
se font concurrence en quantités. Le deuxième chapitre explore une autre dimension de la
concurrence : celle de l’ordre dans lequel les entreprises prennent leur décision de production.
Cette représentation de la concurrence, étudiée par Heinrich von Stackelberg en 1934, est
parfois considérée comme plus réaliste pour étudier l’entrée des entreprises sur un marché. Par
opposition à l’oligopole de Cournot, qui suppose une entrée simultanée, l’oligopole de
Stackelberg suppose une entrée séquentielle des entreprises. Après avoir montré que ce cas
permet également de justifier l’hypothèse d’atomicité, nous concluons le chapitre en montrant
que le nombre d’entreprises viables à l’oligopolede Stackelberg est toujours plus faible qu’à
l’oligopole de Cournot, pour deux marchés identiques. Le troisième chapitre propose d’explorer
une autre variable stratégique que la quantité. Les entreprises choisissent maintenant leur prix.
Cette analyse, défendue à l’origine par Joseph Bertrand en 1883 dans sa revue de l’ouvrage de
Cournot, conclut que la tarification se fait au coût marginal. Ce résultat s’oppose fortement à

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celui obtenu par Cournot alors même que les duopoles étudiés sont identiques et que le seul
changement d’hypothèse semble porter sur le choix du prix comme variable stratégique. Ce
résultat mène au paradoxe de Bertrand qui est étudié dans le troisième chapitre. Peut-on
réconcilier les deux analyses? Oui, en introduisant le choix des capacités de production des
entreprises. Alors que les entreprises du duopole de Cournot s’engagent sur une quantité et
vendent ensuite au prix de marché, les entreprises du duopole de Bertrand s’engagent sur un
prix et vendent ensuite la quantité qu’il leur sera demandée sur le marché; or ce dernier point
suppose qu’elles aient une capacité de production suffisamment grande pour y parvenir, et ce
d’autant plus que le prix d’équilibre est faible (égal au coût marginal). Ceci amène à étudier la
question importante suivante : Les entreprises ont-elles réellement intérêt à faire des
investissements importants en capacités de production, alors même que ces grandes capacités
entraîneront une guerre des prix? Il faudra attendre cent ans pour que le problème soit
complètement résolu. Un premier pas significatif vers la résolution sera franchit en 1962 par
Richard Levitan et Martin Shubik, sous l’hypothèse que les capacités de production des
entreprises sont identiques. Enfin, en 1983, David Kreps et Jose Scheinkman montreront dans
le cas général que le résultat d’un jeu où les entreprises choisissent leurs capacités de production
dans une première étape, puis se font une concurrence en prix (i.e. à la Bertrand) dans une
seconde étape, donne l’équilibre de Cournot. La cinquième section propose une réponse moins
sophistiquée au paradoxe de Bertrand. En fait, dans son article de 1883, Bertrand indique que
les producteurs auraient plutôt intérêt à s’entendre qu’à engager une guerre des prix. Ce chapitre
montre que même en l’absence d’accord explicite des producteurs, il peut s’instaurer une
collusion tacite débouchant sur le prix de monopole. Globalement, il suffit de lever n’importe
qu’elle hypothèse du duopole de Bertrand pour que l’on voie disparaître le résultat de
tarification au coût marginal.

L’oligopole est l’étude des interactions d’un petit nombre d’entreprise sur un marché,
autrement dit, on se trouve dans un marché qui se compose d’un nombre suffisamment faible,
face aux multitudes des demandeurs , parce que la politique adoptée par chacun des vendeurs
exerce une influence sur le marché et par conséquent sur le profit des autres vendeurs, alors
qu’elles sont les caractéristiques et les principaux modèle de ce marché ?

5|Page
Chapitre1 : Le duopole de Cournot

1. Présentation du modèle

Un duopole est un oligopole composé de deux membres, c’est la forme la plus rudimentaire de
l’oligopole, ainsi le duopole par sa simplicité permet une analyse formelle poussée et une
meilleure compréhension des décisions des entreprises en présence d’interactions stratégiques.

Dès 1838, A.Cournot, transcrira sur le plan mathématique les comportements des entreprises
sur un marché oligopolistique. Mais cette analyse est souvent sujette à la critique selon laquelle
elle ne retient que la quantité comme variable explicative et non le prix, d’où vient l’analyse de
Stackelberg pour la compléter. Pour enfin, nous verrons l’apport de Bertrand à l’analyse du
duopole.

Le modèle classique du duopole et le premier que l’on trouve dans la littérature économique est
celui proposé par mathématicien français Antoine Augustin Cournot (1838). Les deux
entreprises vendent un bien homogène (l’eau minérale dans l’exemple donné par Cournot) et on
peut supposer que le prix est fixé par le commissaire-priseur (en fonction de l’offre et de la
demande globale). Le prix est nécessairement le même, dit Cournot, car les deux entreprises
alimentent concurremment le même marché.

2. Analyse du modèle de Cournot

L’analyse de Cournot se situe dans le cas de deux biens homogènes, c’est-à-dire considérés
comme équivalents du point de vue du consommateur (des fonctions de demande). Des biens
homogènes ne peuvent être vendus qu’au même prix. Plus précisément, l’équilibre de Cournot
est un équilibre de Nash en quantités. Chaque vendeur s’engage à fournir une quantité donnée au
prix qui s’établira sur le marché. Le jeu peut être décrit de la manière suivante :

 Il y a deux duopoleurs, indicés par i ∈ {1, 2}.


 Les stratégies des duopoleurs sont les quantités qu’ils amènent sur le marché, elles sont
notées 𝒒𝒊 𝝐 𝑨𝒊 = ℝ+
 Les règles du jeu sont les suivantes :

(a) Le prix est déterminé par les quantités selon la fonction de demande inverse 𝒑 = 𝒂 −
𝒃 (𝒒𝟏 + 𝒒𝟐 ).

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(b) Les coûts unitaires de production des entreprises sont constants, égaux à ci > 0.

(c) Les entreprises appliquent leurs décisions de production en même temps.

Alors, considérons deux entreprises, A et B, qui font face à la même demande globale de
bien décrite par la fonction p(Q), avec Q, la quantité totale du bien produit par A et B. Si la
firme A pense que la firme B ne va pas produire, elle considéra que la demande qui s’adresse à
elle est la demande du marché, p(Q) et sa décision sera similaire à celle d’un monopole. Mais,
si elle pense que la firme B produira une quantité positive, la firme A anticipera une plus faible
demande pour elle. Sa décision optimale en sera modifiée. En suivant ce raisonnement, la firme
A construit sa fonction de meilleure réponse (de réaction) à la décision de la firme B. Le profit
de la firme A dépend de la décision de la firme B, à savoir la quantité qu’elle souhaite produire
𝜋𝐴 = p (𝒒𝐴 + 𝒒𝐵 ) × 𝒒𝐴 – 𝐶𝑇𝐴 (𝑦𝐴 ), avec 𝒒𝐴 et 𝒒𝐵 ,

les quantités produites par les firmes A et B et 𝐶𝑇𝐴 (𝒒𝐴 ), le coût total de production de la firme
A pour une quantité 𝒒𝐴

Toutefois, La firme A va chercher la quantité, 𝒒𝐴 , qui maximise son profit. Nous considérons
dans la suite du chapitre que les profits sont bien quasi-concaves. La condition d’optimalité
𝝏𝝅𝑨 𝝏𝝅𝑨 (𝒒𝑨 + 𝒒𝑩 )
s’écrit simplement : = =𝟎
𝝏 𝒒𝑨 𝝏 𝒒𝑨

Fonction de réaction dans le duopole de Cournot

La condition d’optimalité d’une firme permet de déterminer sa « fonction de réaction » ou « fonction


de meilleure réponse » : 𝒒𝐴 = 𝑀𝑅𝐴 (𝒒𝐵 ). Cette fonction donne la quantité 𝒒𝐴 qui maximise les
profits de la firme A en fonction de la quantité 𝒒𝐵 produite par sa concurrente.

Évidemment, la firme B agit de manière similaire et nous pouvons déduire de sa condition


d’optimalité, sa fonction de réaction, 𝑀𝑅𝐵 (𝒒𝐴 ). L’existence et la stabilité d’un équilibre de
marché en duopole, et plus généralement en oligopole, dépendent des anticipations que font les
entreprises sur les stratégies de leurs concurrents. Plusieurs équilibres sont possibles en fonction
des situations et des stratégies possibles. Pour déterminer les solutions d’équilibre, nous allons
utiliser les outils de la théorie des jeux. D’où nous allons résoudre une situation de duopole à la

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Cournot dans un cas simple où la fonction de demande est linéaire et les coûts marginaux sont
constants.

Les deux firmes, A et B, produisent un bien homogène. Leurs fonctions de coûts sont :

𝑪𝑻𝑨 (𝒒𝑨 ) = 𝒄𝑨 × 𝒒𝑨 et 𝑪𝑻𝑩 (𝒒𝑩 ) = 𝒄𝑩 ×𝒒𝑩 , avec 𝒄𝑨 >0 et 𝒄𝑩 >0.

Pour simplifier les résultats, supposons sans perte de généralité que la firme A est plus
efficace que la firme B : 𝑐𝐴 = c et 𝑐𝐵 = c + Ɵ, avec Ɵ ≥ 0.

Nous pouvons écrire les profits des deux firmes facilement :1

𝜋𝐴 = [𝑎 − 𝑏(𝒒𝐴 + 𝒒𝐵 )] × 𝒒𝐴 − 𝑐𝒒𝐴
{
𝜋𝐵 = [𝑎 − 𝑏(𝒒𝐴 + 𝒒𝐵) ] × 𝒒𝐵 − (𝑐 + 𝜃)𝒒𝐴

Nous allons maintenant déterminer les fonctions de meilleure réponse des deux firmes. Pour
cela, nous devons résoudre le programme des deux firmes et déterminer la quantité optimale
(décision de la firme) en fonction de la quantité de la concurrente. Commençons par la firme
A. Son programme s’écrit :

max 𝜋𝐴 = [𝑎 − 𝑏(𝒒𝐴 + 𝒒𝐵 )] × 𝒒𝐴 − 𝑐𝒒𝐴 = [𝑎 − 𝑐 − 𝑏𝒒𝐵 ] × 𝒒𝐴 − 𝑏𝒒𝐴 2


𝑦𝐴

Et la condition d’optimalité est obtenue en dérivant le profit par rapport à 𝒒𝐴 :

[𝑎 − 𝑐 − 𝑏𝒒𝐵 ] − 2𝑏𝒒𝐴 = 0

Nous pouvons en déduire la fonction de réaction de la firme A par rapport à la décision 𝑦𝐵


de la firme B :

𝑎 − 𝑐 − 𝑏𝒒𝐵
𝑄𝐴 = 𝑀𝑅𝐴 (𝒒𝐵 ) =
2𝑏
De manière similaire, nous pouvons déterminer la fonction de meilleure réponse de la firme B aux
décisions de la firme A :
𝑎 − (𝑐 + 𝜃) − 𝑏𝒒𝐴
𝑄𝐵 = 𝑀𝑅𝐵 (𝒒𝐴 ) =
2𝑏
Alors, nous avons obtenu les deux fonctions de meilleures réponses, il faut maintenant déterminer
l’équilibre. D’où Il faut chercher les points fixes, soit résoudre le système à deux équations et deux
inconnues suivant.

1
Microéconomie : Etner, Johanna,Jeleva, Meglena, Editeur: Dunod2018. Page 261

8|Page
𝑎 − 𝑐 − 𝑏𝑄𝐵 (1)
𝑄𝐴 = 𝑀𝑅𝐴 (𝑄𝐵 ) =
{ 2𝑏
𝑎 − (𝑐 + 𝜃) − 𝑏𝑄𝐴
𝑄𝐵 = 𝑀𝑅𝐵 (𝑄𝐴 ) = (2)
2𝑏

La solution de ce système, (𝑄𝐴𝐶 ,𝑄𝐵𝐶 ), est l’équilibre dit de Cournot-Nash :

En remplace par la valeur de 𝑄𝐵 dans l’équation (1), Et par la valeur de 𝑄𝐴 dans la


l’équation (2), et on constate :

𝑎−𝑐+𝜃
𝑄𝐴𝐶 =
3𝑏
{ 𝑎−𝑐−𝜃
𝑄𝐵𝐶 =
3𝑏

Figure1 : L’équilibre dans le duopole de Cournot2

Dans la mesure où la demande et les coûts sont supposés linéaires, les deux fonctions de
meilleure réponse sont représentées par des droites. Ces droites sont décroissantes ce qui traduit
la substituabilité stratégique. Plus la firme concurrente produira, moins la firme pourra elle-
même produire. L’équilibre est représenté par le point d’intersection des deux courbes de
meilleures réponses.

2
Microéconomie : Etner, Johanna,Jeleva, Meglena, Editeur: Dunod2018. Page 262

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2(𝑎−𝑐)
À partir des quantités d’équilibre, 𝑄 𝐶 = 𝑄𝐴𝐶 + 𝑄𝐵𝐶 = , nous déduisons le prix
3𝑏

d’équilibre en utilisant la fonction de demande inverse :

𝑎 + 2𝑐 + 𝜃
𝑃𝐶 = 𝑃(𝑄 𝐶 ) = 𝑎 − 𝑏(𝑄 𝐶 ) +
3

(𝑎−𝑐+𝜃)²
𝜋𝐴𝐶 =
9𝑏
Les profits des firmes à l’équilibre sont :{
(𝑎−𝑐−𝜃)²
𝜋𝐵𝐶 =
9𝑏

Nous pouvons déduire de ce cas simple, quelques propriétés des résultats. Tout d’abord,
nous remarquons que les deux entreprises produisent alors même qu’il y en a une qui possède
un coût de production plus élevé que l’autre. Dans un cadre parfaitement concurrentiel, seul le
producteur le plus efficace (coût plus faible) devrait produire. Néanmoins, c’est le producteur
2𝜃
le plus efficace qui produit le plus : 𝑄𝐴𝐶 − 𝑄𝐵𝐶 = 3𝑏 ≥ 0. De plus, le producteur le plus efficace
4𝜃(𝑎−𝑐)
réalise le profit le plus élevé B : 𝜋𝐴𝐶 − 𝜋𝐵𝐶 = > 0 (notons que nous supposons que les
9𝑏

quantités sont bien positives, a > c.)

10 | P a g e
Conclusion du 1er chapitre
L’analyse de Cournot met en valeur l’interdépendance des deux firmes sur le même marché.
En effet, les décisions de l’une sont influencées par l’autre et influencent celles de l’autre.
La situation d’équilibre du duopole intervient lorsque chacun des deux firmes produit un
tiers du marché (son profit est alors maximum).
L’équilibre de Cournot est aujourd’hui considéré comme un «équilibre de Nash car les
stratégies des deux joueurs (des deux firmes) sont optimales compte tenu de leurs actions
réciproques.
Si le modèle à l’avantage d’introduire l’hypothèse d’interdépendance des producteurs
(décisions de productions optimales étant affectées par celles du concurrent), considérer les
entreprises dans une position parfaitement symétrique est une donnée contestable.
Donc introduire des situations symétriques (domination ou position privilégiée) semble plus
réaliste.

11 | P a g e
3. Exercice (Cas du duopole Cournot)

Soient deux entreprises en situation de duopole.

La fonction du cout total de l’entreprise 1 est : 𝑪𝑻𝟏 = 𝟐𝒒𝟐𝟏

Celle de l’entreprise 2 est sous la forme : 𝑪𝑻𝟐 = 𝟒𝒒𝟐𝟐

𝑞1 𝑒𝑡 𝑞2 , étant les quantités respectives d’un bien homogène produit par les firmes 1 et 2.

La production totale de ce bien dans l’économie : Q= 𝒒𝟏 + 𝒒𝟐

La fonction inverse de la demande sur ce marché s’écrit sous la forme : P = -2Q+30

Questions :

1. Calculer les fonctions de réaction de deux producteurs dans l’hypothèse de Cournot.

2. Déduire l’équilibre de Cournot.

Solution :

1. Les fonctions de réaction :

Le modèle de Cournot consiste pour les deux firmes à maximiser leurs profits séparément :

 Pour l’entreprise 1, il s’agit de maximiser son profit :


𝜋1 = 𝑅𝑇 − 𝐶𝑇1
𝜋1 = P.𝑞1 - 𝐶𝑇1
𝜋1 = [−2(𝑞1 + 𝑞2 ) + 30]𝑞1 − 2𝑞12
𝜋1 = [−2𝑞1 − 2𝑞2 + 30]𝑞1 − 2𝑞12
𝜋1 = -2𝑞12 - 2𝑞1 𝑞2 + 30q1 − 2q21
𝜋1 = -4𝑞12 - 2𝑞1 𝑞2 + 30q1
𝜕𝜋1
 A l’optimum, nous avons : =0
𝜕𝑞1

(𝜋1 )′ = ( -4𝑞12 - 2𝑞1 𝑞2 + 30q1)’


𝜋1 = -8𝑞1 - 2𝑞2 + 30

12 | P a g e
15 − 𝑞2
𝑞1 =
⟹ 4
C’est la fonction de réaction de l’entreprise1

 De même pour l’entreprise 2 :

𝜋2 = 𝑅𝑇 − 𝐶𝑇2

𝜋2 = P.𝑞2 − 𝐶𝑇2

𝜋2 = [−2(𝑞1 + 𝑞2 ) + 30]𝑞2 − 4𝑞22

𝜋2 = [−2𝑞1 − 2𝑞2 + 30]𝑞2 − 4𝑞22


𝜋2 = -2𝑞1 𝑞2 - 2𝑞22 + 30q 2 − 4q22
𝜋2 = -6𝑞22 -2𝑞1 𝑞2 +30q 2

𝜕𝜋2
 A l’optimum, nous avons : =0
𝜕𝑞2

(𝜋2 )′ = (-6𝑞22 -2𝑞1 𝑞2 +30q 2 )’


𝜋2 = -12𝑞2 -2𝑞1 +30

15 − 𝑞1
⟹ 𝑞2 =
6 C’est la fonction de réaction de l’entreprise 2

2. L’équilibre de Cournot :

On a :
𝟏𝟓−𝒒𝟐
 La fonction de réaction de l’entreprise 1 : 𝒒𝟏 = (1)
𝟒
𝟏𝟓−𝒒𝟏
 La fonction de réaction de l’entreprise 2 : 𝒒𝟐 = (2)
𝟔

 On remplace la fonction (1) dans la fonction (2) et on obtient :


15−𝑞1
𝑞2 = ⟹ 6 𝑞2 = 15 − 𝑞1
6
15−𝑞2 60−15+𝑞2 45+𝑞2
⟹ 6 𝑞2 = 15 − = =
4 4 4

⟹ 24 𝑞2 = 45+𝑞2
45
𝑞2 =
23
⟹ 𝑞2=1.95
13 | P a g e
15−1.95
Alors : 𝑞1 = = 3.26 𝑞1=3.26
4

Dans ces conditions :

Q= 𝑞1 + 𝑞2 ⟹ Q = 5.21

Avec P est égal : 𝑃 = −2(5.21) + 30 = 19.58 P = 19.58

Donc :

 Le profit de la firme 1 est :


𝜋1 = -4𝑞12 - 2𝑞1 𝑞2 + 30q1
𝜋1 = -4(3.26)² - 2[(3.26) × (1.95)] + 30(3.26)

𝜋1 = 42.57

 Le profit de la firme 2 est


𝜋2 = -6𝑞22 -2𝑞1 𝑞2 +30q 2
𝜋2 = -6(1.95)² -2[(3.26) × (1.95)] +30(1.95)

𝜋2 = 22.97

14 | P a g e
Chapitre 2: Le duopole de Stackelberg

1. Présentation du modèle
L’analyse de Cournot suppose que les entreprises prennent leurs décisions de production en
même temps. Ceci suppose que l’on se trouve dans la situation particulière où les producteurs
sont entrés sur le marché à la même date ou prennent leurs décisions de production en même
temps. En effet, dans cette situation, aucun producteur ne peut imposer sa production à un
concurrent. Il en va autrement quand une entreprise peut prendre sa décision en premier. De
plus, ce type de représentation est plus réaliste dans le cas suivant : un producteur est déjà
installé sur le marché et réalise un profit de monopole; ce profit élevé ne manque pas d’attirer
un concurrent, puisque les marchés concurrentiels procurent moins de bénéfices que les
marchés concentrés. Il nous faut donc analyser la situation où l’entrée des entreprises est
séquentielle. Une première entreprise entre sur le marché, puis une deuxième etc.. Ce problème
a été étudié à l’origine par Heinrich von Stackelberg (1905-1946) dans son ouvrage de 1934.
Pour résoudre ce problème, il nous faut utiliser à nouveau la récurrence vers l’amont. En effet,
comme les deux producteurs vendent un bien homogène, ils doivent le vendre au même prix.
Ceci implique que l’entreprise qui s’installe en premier anticipe la quantité que choisira la
deuxième entreprise. Pour cette raison, on part du deuxième modèle en étudiant la quantité
choisie par la deuxième entreprise en fonction de la quantité déjà mise sur le marché par la
première entreprise. Ensuite, on détermine la quantité choisie par la première entreprise. Pour
simplifier, cette méthode repose simplement sur le constat que l’on ne peut prendre une décision
optimale aujourd’hui que si l’on sait ce que l’on fera demain. Dans un premier temps, nous
étudierons le duopole puis l’oligopole de Stackelberg. Dans un second temps, nous introduirons
des coûts fixes de production. Cette extension nous permettra de donner une des définitions du
monopole naturel et de réfléchir au nombre maximum d’entreprises qui peuvent s’installer sur
un marché.
A cet effet, nous ne considérons que des situations de duopole, soit une firme leader et une
autre firme dite « suiveur ». Nous allons chercher l’équilibre d’une situation dans laquelle, la
firme A choisi en premier et la firme B suit en second. En termes de jeu, nous passons d’un jeu
simultané à un jeu séquentiel. Les stratégies des deux firmes vont s’en trouver modifiées car la
firme B va réagir aux décisions de la firme A et la firme A va anticiper les réactions de la firme
B à ses propres décisions. La firme A a-t-elle intérêt à rester leader ? Quelles seront les quantités

15 | P a g e
produites par les deux firmes ? La quantité produite est-elle plus importante que dans le cas du
duopole de Cournot ?

2. Analyse du modèle de Stackelberg


Reprenons le cadre précédent avec une demande linéaire et des coûts marginaux constants,
que nous supposerons identiques pour les deux firmes, 𝐶𝑇𝐴 (𝑞) = 𝐶𝑇𝐵 (𝑞) = c × 𝑞, avec c < a.
Nous allons résoudre ce jeu en commençant par la fin, c’est-à-dire la firme qui joue en second.
La firme B connait la décision de la firme A,𝑞𝐴 , et va chercher à maximiser son profit étant
donné cette information.

Le profit de la firme B est 𝜋𝐵 = [𝑎 − 𝑏(𝑞𝐴 + 𝑞𝐵 )] × 𝑞𝐵 − 𝑐𝑞𝐵 et la condition d’optimalité


est [𝑎 − 𝑐 − 𝑏𝑞𝐴 ] − 2𝑏𝑞𝐵 =0. Nous pouvons en déduire, comme dans le chapitre précédent, la
fonction de réaction de la firme B par rapport à la décision, 𝑞𝐴 , de la firme A :

𝑎−𝑐−𝑏𝑞𝐴
𝑞𝐵 = 𝑀𝑅(𝑞𝐴 ) = . La firme « suiveur » se comporte donc à la Cournot.
2𝑏

Quelle va être la réaction de la firme A ? Elle sait que la firme B va réagir en fonction de sa
décision, 𝑞̃𝐴 et va mettre sur le marché, une quantité𝑞̃𝐵 = 𝑀𝑅𝐵 (𝑞̃𝐴 ). Elle va donc utiliser cette
information pour déterminer la quantité qui maximise son profit :

𝑚𝑎𝑥𝑦𝐴 𝜋𝐴 = [𝑎 − 𝑏(𝑞𝐴 + 𝑞𝐵 )] × 𝑞𝐴 + 𝑐𝑞𝐵

𝑎−𝑐−𝑏𝑞𝐴
SC : 𝑞𝐴 = 𝑀𝑅𝐵 (𝑞𝐴 ) = 2𝑏

𝑎−𝑐−𝑏𝑞𝐴
Soit 𝑚𝑎𝑥𝑦𝐴 𝜋𝐴 = [𝑎 − 𝑏(𝑞𝐴 + )] × 𝑞𝐴 + 𝑐𝑞𝐴
2𝑏

En réécrivant le profit de la firme A, le programme de la firme leader devient :

𝑎−𝑐 𝑏
𝑚𝑎𝑥𝑦𝐴 𝜋𝐴 = × 𝑞𝐴 − 𝑞𝐴2
2 2

La condition d’optimalité pour la firme A est alors :

𝑎−𝑐 𝑎−𝑐
− 𝑏 × 𝑞𝐴 = 0 ↔ 𝑞𝐴𝑠 =
2 2𝑏

Dans ce cas, le leader produit la quantité du monopole. Nous déduisons la décision de la


𝑆 𝑎−𝑐
firme B à partir de sa fonction de réaction : 𝑞𝐵 =
4𝑏

16 | P a g e
3(𝑎−𝑐)
La quantité offerte est 𝑞 𝑆 = 𝑞𝐴𝑆 + 𝑞𝐵𝑆 = et peut être comparée à celle de l’équilibre de
4𝑏
𝑎+3𝑐
Cournot avec coûts identiques. Enfin, le prix d’équilibre : 𝑃 𝑆 = (Analyse du modèle du
4

stack) comme conclusion

Notons que la firme A, qui détient un pouvoir plus important que la firme B, produit
davantage et réalise un profit plus grand que celui de la firme B.

Rappelons-nous qu’à l’équilibre de Cournot, la quantité produite par les deux firmes est
𝑎−𝑐
𝑄𝐶 = lorsque les coûts marginaux sont identiques. Nous pouvons remarquer que la firme
3𝑏

A, leader, produit davantage qu’à l’équilibre de Cournot, mais pas la firme B, suiveur. Une
façon simple de comparer l’équilibre de Stackelberg et l’équilibre de Cournot est de les
représenter graphiquement.

Figure 2 : L’équilibre dans le duopole Stackelberg3

3
Microéconomie : Etner, Johanna,Jeleva, Meglena, Editeur: Dunod2018. Page 267

17 | P a g e
3. Comparaison Cournot-Stackelberg
Comparaison Cournot-Stackelberg : En comparant avec les résultats du duopole de Cournot,
on constate que la production du leader de Stackelberg est plus élevée que la production d’une
firme en Cournot, tandis que la production de la firme follower est plus faible qu’en Cournot.
Le profit du leader augmente et le profit du follower diminue par rapport au profit obtenu dans
le duopole de Cournot. Les profits totaux de l’industrie sont plus élevés dans le duopole de
Cournot que dans le duopole de Stackelberg. Le prix d’équilibre est plus faible dans le duopole
de Stackelberg que dans le duopole de Cournot, ce qui implique que le surplus des
consommateurs est plus élevé en Stackelberg qu’en Cournot. Le surplus social est, lui aussi,
plus élevé en Stackelberg qu’en Cournot car l’écart entre le prix d’équilibre et le coût marginal
de production des firmes est plus faible. La production totale reste, cependant, plus faible que
le niveau socialement optimal.

La firme 1 met à profit son statut de leader pour influencer le comportement de la firme 2.
La firme 1 souhaite que la firme 2 réduise sa production. Or, les quantités sont des substituts
stratégiques. Pour inciter la firme 2 à réduire sa production, la firme 1 doit augmenter la sienne.
La réduction de la production de la firme 2 est inférieure à l’augmentation de celle de la firme
1. La quantité totale augmente, ce qui provoque une réduction du prix d’équilibre et une
augmentation du surplus des consommateurs.

18 | P a g e
Conclusion du 2ème chapitre
La concurrence de Stackelberg est un modèle de duopole qui complète et enrichie les analyses
de Cournot et de Bertrand concernant l’interdépendance conjoncturelle (fondé sur la
conjoncture) en mettant en évidence le concept d’interdépendance conjecturale (fondé sur des
conjectures) .

L’interdépendance conjecturelle renvoie au fait que chaque firme se limite à constater que sa
propre situation dépend de celle de l’autre. En revanche, l’analyse conjecturale prévoit non
seulement que chaque firme sait que sa situation dépend de celle de l’autre, mais aussi que
l’entreprise concurrente adopte un raisonnement identique.

Les hypothèses de ce modèle sont multiples. Tout d’abord, le duopole de Stackelberg est
asymétrique, C.-à-d. que les deux firmes concurrentes n’ont pas la même puissance. On parle
alors de firme Leader(ou firme pilote) et de firme satellite.

L’analyse des duopoles de Stackelberg apparait également dans la théorie des jeux. Par
exemple, l’équilibre de Nash joue un rôle important dans la résolution des jeux de Stackelberg.

19 | P a g e
4. Exercice : (cas du duopole Stacklberg)

Dans un marché de duopole, où il y a deux joueurs qui sont : l’entreprise Sidi Ali (leader) et
l’entreprise Ain Sultan (suiveur), la fonction de la demande inverse est donnée par : 𝑃(𝑄𝑖) =
80 − 4𝑄𝑖 et le coût total 𝐶𝑇(𝑄𝑖) = 20𝑄𝑖, avec Q1 et Q2 sont successivement les quantités
produites par l’entreprise 1 et l’entreprise 2.

Question : Trouver l’équilibre selon le duopole de Stackelberg ?

Solution

On sait que le concept de Stackelberg consiste que l’entreprise meneuse connait au début la
fonction de réaction de l’entreprise suiveuse, pour cette raison, En débutant par le calcul de la
fonction de réaction de l’entreprise 2 (suiveuse) pour qu’on puisse la remplacer dans le calcul
de la fonction de réaction de l’entreprise 1 (meneuse).

 Calcul du profit de l’entreprise2 (Suiveur) :

𝜋2 = [𝑅𝑇 − 𝐶̂ 𝑇] = [𝑃. 𝑄] − 𝐶𝑇

𝜋2 = [(80 − 4(𝑞1 + 𝑞2 ). 𝑞2 − 20𝑞2 )]

𝜋2 = [(80 − 4𝑞1 − 4𝑞2 ). 𝑞2 − 20𝑞2 ]

𝜋2 = [80𝑞2 − 4𝑞1 𝑞2 − 4𝑞22 − 20𝑞2 ]

𝜋2 = [60𝑞2 − 4𝑞1 𝑞2 − 4𝑞2 ]

𝜋2 = 60𝑞2 − 4𝑞1 𝑞2 − 4𝑞2

 La dérivée de 𝝅𝟐 par rapport à 𝒒𝟐

𝜕𝜋2
= 0 ⟺ [60𝑞2 − 4𝑞1 𝑞2 − 4𝑞2 ]′
𝜕𝑞2

60 − 4𝑞1 − 8𝑞2 = 0
60 4
60 − 4𝑞1 = 8𝑞2 ⟺ − 𝑞1 = 𝑞2
8 8

15 1
𝑞2 = − 𝑞
2 2 1

 Calcul du profit de l’entreprise1

20 | P a g e
𝜋1 = [𝑃. 𝑄] − 𝐶𝑇
15 1
𝜋1 = [(80 − 4 (𝑞1 + − 𝑞1 ) . 𝑞1 − 20𝑞1 )]
2 2

𝜋1 = [(80 − 4𝑞1 − 30 + 2𝑞1 ). 𝑞1 − 20𝑞1 )]

𝜋1 = [80𝑞1 − 4𝑞21 − 30𝑞1 + 2𝑞21 − 20𝑞1 ]

𝜋1 = [30𝑞1 − 2𝑦12 ]
 la dérivée de 𝝅𝟏 𝒑𝒂𝒓 𝒓𝒂𝒑𝒑𝒐𝒓𝒕 à 𝒒𝟏 :

𝜕𝜋1
= 0 ⟺ [30𝑞1 − 2𝑞12 ]′
𝜕𝑞1

⟺ 30 − 4𝑞1 = 0

⟺ 4𝑞1 = 30
30 15
⟺ 𝑄1 = = = 7,5
4 2

15 1
Sachant que : 𝑞2 = 2 − 2 𝑞1

15 1 15
Alors 𝑞2 = 2 − 2 . 2

15
Donc 𝑄2 = = 3,75
4

On résulte que : 𝑄1 > 𝑄2

 Alors la quantité globale du duopole de Stacklberg :

𝑸𝒕𝒐𝒕𝒂𝒍 = 𝑄1 + 𝑄2 = 7,5 + 3,75 = 11,25

 pour trouver le prix : 𝑃 = 80 − 4𝑄𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙


𝑃 = 80 − 4 × 11,25
𝑃𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 = 35
 Et donc l’équilibre du duopole de Stackelberg est:
{𝟏𝟏, 𝟐𝟓|𝟑𝟓}

21 | P a g e
Chapitre 3 : Le duopole de Bertrand

1. Présentation du modèle

Dans sa revue des ouvrages d’Augustin Cournot et de Léon Walras, publiée en 1883,
Joseph Bertrand (1822-1900) remet en cause la résolution du duopole proposée par Augustin
Cournot en 1838.

L’étude lutte entre deux propriétaires qui, sans avoir à craindre aucune concurrence,
exploitent deux sources de qualité identique. Leur intérêt serait de s’associer ou tout au moins
de fixer le prix commun, de manière à prélever sur l’ensemble des acheteurs la plus grande
recette possible; mais cette solution est écartée. Cournot suppose que l’un des concurrents
baisse ses prix pour attirer les acheteurs, et que l’autre, pour les ramener, les baissant à son tour
davantage, ils ne s’arrêteront dans cette voie que lorsque chacun d’eux, alors même que son
concurrent renoncerait à la lutte, ne gagnerait rien à abaisser ses prix. Une objection péremptoire
se présente : dans cette hypothèse aucune solution n’est possible, la baisse n’aurait pas de limite;
quel que soit, en effet, le prix commun adopté, si l’un des concurrents abaisse seul le sien, il
attire à lui, en négligeant des exceptions sans importance, la totalité de la vente, et il doublera
sa recette si son concurrent le laisse faire.

Selon Bertrand, les producteurs auraient intérêt à former ce que l’on appelle un cartel, qui
consiste à maximiser la somme des profits des producteurs, puis à se partager le profit de
monopole ainsi obtenu. Sinon, la concurrence en prix amènerait (sans coût unitaire de
production) à un prix nul. Le mécanisme important qui amène à ce résultat est simplement le
fait qu’un producteur peut attirer toute la demande à lui en baissant légèrement son prix en
dessous de celui de son concurrent.

2. Analyse du modèle de Bertrand

Alors, Que se passe-t-il si les firmes se concurrencent en utilisant les prix au lieu des
quantités ? Les producteurs pourraient avoir intérêt à former un cartel, c’est-à-dire se réunir
pour maximiser non pas leur propre profit, mais la somme des profits de l’ensemble des

22 | P a g e
membres du cartel et se partager équitablement ce profit de monopole. Sinon, dans un cas
simple sans coût, la concurrence en prix conduirait à un prix nul.

En effet, dans un duopole à la Bertrand, chaque vendeur s’engage à fournir, à un prix


convenu à l’avance, toute quantité qui lui sera demandée par les consommateurs. Nous
supposons, conformément à ce qui précède, que le bien est homogène, et ne considérerons pas
le cas des biens différenciés. La décision des firmes concerne uniquement le prix de vente des
biens. L’équilibre qui en découle est un équilibre de Nash en prix. Reprenons le modèle simple
avec une courbe de demande linéaire et des coûts marginaux constants. Pour simplifier la
résolution, nous supposons que les coûts sont identiques pour les deux firmes,

𝐶𝑇𝐴 (𝑞) = 𝐶𝑇𝐵 (𝑞) = 𝑐 × 𝑞, avec 𝑐 > 0.

𝑎−𝑝
La demande totale s’écrit simplement, 𝑄 𝐷 (𝑝) = avec 𝑎 > 0 𝑒𝑡 𝑏 > 0.
𝑏

En cas d’égalité des prix à l’équilibre, la demande peut se partager entre les deux firmes de
différentes façons. Dans notre exemple, les firmes sont identiques et il semble naturel de
supposer qu’elles se partagent la demande à part égale : Avec j=1,2…
𝑠𝑖 𝑃𝑗 < 𝑃−𝑗
𝑎 − 𝑝𝑗
𝑏 𝑠𝑖 𝑃𝑗 = 𝑃−𝑗 = 𝑃
𝑄𝑗𝐷 (𝑝𝑗 , 𝑝−𝑗 ) 𝑎 − 𝑝
2𝑏 𝑠𝑖 𝑃𝑗 > 𝑃−𝑗
{ 0

𝑄𝑗𝐷 (𝑝𝑗 , 𝑝−𝑗 ) est la demande qui s’adresse à la firme j étant donné le prix proposé par 𝑗, 𝑝𝑗 et
celui proposé par sa concurrente, 𝑝−𝑗 . Si une firme propose un prix plus faible que sa
concurrente, tous les consommateurs vont souhaiter acheter à cette firme et elle fera face à la
demande totale tandis que la firme qui propose le prix le plus élevé ne trouvera aucun acheteur.

3. L’équilibre dans le cas d’une concurrence avec les prix


Il n’est pas possible de résoudre ce jeu, comme nous l’avons fait précédemment, en dérivant
la fonction de profit des deux firmes dans la mesure où la fonction de demande qui s’adresse à
chaque firme présente une discontinuité en 𝑝𝑗 = 𝑝𝑖 = 𝑝. Nous remarquons néanmoins que le
seul équilibre possible correspond à une situation avec des prix identiques. En effet, supposons
que ce ne soit pas le cas. Si, par exemple, la firme A fixe son prix à un niveau inférieur à celui
de son concurrent, 𝑝𝐴 < 𝑝𝐵 , la firme B perd toute sa clientèle et réalise un profit nul. Or, en

23 | P a g e
réduisant son prix, la firme B peut gagner soit la moitié ( 𝑝𝐵 = 𝑝𝐴 ) soit la totalité (𝑝𝐵 < 𝑝𝐴 )
de la demande. La firme B a donc intérêt à modifier son prix. La situation 𝑝𝐴 < 𝑝𝐵 n’est pas
un équilibre.Si la firme A fixe un prix supérieur à sa concurrente, 𝑝𝐴 > 𝑝𝐵 , la firme A perd ses
clients et réalise à son tour un profit nul. Elle a donc intérêt à dévier de cette solution en
diminuant son prix. Si les prix sont égaux, les deux firmes captent la moitié de la demande et
réalisent un profit positif. Les deux joueurs n’ont pas intérêt à dévier : c’est bien un équilibre
au sens de Nash. Nous venons de montrer que les prix à l’équilibre seront les mêmes. Mais,
cela ne nous indique pas à quel niveau ils vont se fixer.
Nous allons montrer, par un raisonnement simple, que les firmes vont vendre au coût
marginal. Supposons que les firmes vendent à un prix supérieur au coût
L’équilibre de Nash en prix
marginal, 𝑝𝐴 = 𝑝𝐵 = 𝑝 > 𝑐. Les deux joueurs ont intérêt à diminuer lorsque les firmes sont
leur prix pour réaliser un profit plus important en captant la demande. En identiques est tel que les
firmes vendent toutes au
fait, tant que le prix est strictement supérieur au coût marginal, il est
même prix, égal au coût
possible de le réduire en produisant de manière rentable pour toute la marginal, 𝑝𝐵 = 𝑐.
demande.
Nous retrouvons ici le même résultat qu’en concurrence parfaite. L’équilibre du duopole est
optimal.

Attention ! Ce résultat n’est vrai que si les hypothèses que nous avons faites sont vérifiées.
Or, ce n’est généralement pas le cas. Supposons, par exemple, que les coûts soient différents
avec 𝑐𝐵 > 𝑐𝐴 . La concurrence en prix incite chaque firme à baisser son prix par rapport à
sa concurrente. La firme A peut vendre à un prix inférieur au coût marginal de la firme B,
éliminer sa concurrente et se retrouver en situation de monopole sur le marché. Dans ce cas,
𝑎+𝑐𝐴
la firme A va pratiquer un prix de monopole, 𝑝𝐴 = 𝑝𝑀 = . Cette situation est possible
2

si effectivement le prix du monopole est bien inférieur au coût marginal de la firme B,


𝑐𝐴 +𝑎
≤ 𝑐𝐵 . Dans le cas opposé, la firme A a intérêt à proposer un prix juste inférieur au coût
2

marginal de la firme B pour obtenir toute la demande des consommateurs, 𝑝𝐴 = 𝑐𝐵 – 𝜀, avec


𝜀, un réel positif. La firme A reste donc en position de monopole sans pratiquer le prix du
monopole. Nous pouvons montrer que le profit de A reste supérieur au profit qu’elle ferait
en tarifant au coût marginal de B. À la limite, le prix d’équilibre devient :
𝑎+𝑐𝐴
𝑝𝐵 = 𝑐𝐵 ;
2

24 | P a g e
La concurrence à la Bertrand conduit ici à un prix différent de celui en concurrence parfaite.
De plus, cet équilibre n’est pas optimal puisque l’optimum consisterait à produire au coût
marginal le plus faible 𝑐𝐴 et non au coût marginal le plus élevé 𝑐𝐵 .

4. Paradoxe de Bertrand
Revenons au cas de coûts identiques, la différence entre la structure du jeu de Cournot et
celle de Bertrand semble résider uniquement dans le choix de la variable stratégique.
Cependant, les deux jeux conduisent à des équilibres de Nash totalement différents. Dans le
duopole de Cournot, le prix est supérieur au coût marginal alors qu’il est égal au coût marginal
dans le duopole de Bertrand. Ceci est d’autant plus étonnant que le fait de fixer le prix semble
plus réaliste que le fait de fixer une quantité. Cette apparente contradiction constitue ce que l’on
appelle couramment le paradoxe de Bertrand.

FOCUS
Paradoxe de Bertrand

Une situation avec deux firmes en concurrence sur les prix peut être équivalente à une situation de
concurrence parfaite (tarification au coût marginal).Pour résoudre ce paradoxe, nous pouvons
remarquer que les approches de Bertrand et de Cournot ne font pas la même hypothèse sur les
capacités de production (Edgeworth, 1897). À l’équilibre de Cournot, les entreprises s’engagent
sur une quantité qu’elles fourniront au prix du marché. À l’équilibre de Bertrand, les entreprises
s’engagent sur un prix, et doivent fournir toutes les quantités qui leur seront demandées à ce prix.
Cette dernière hypothèse sous-entend que les firmes ont une capacité de production suffisante pour
satisfaire la demande à un prix relativement faible.

5. Contraintes sur capacités de production


Nous allons considérer que la concurrence entre les deux firmes se fait en deux étapes. Le
choix de capacité est une décision de long terme, tandis que le prix est une décision de court
terme contrainte par la capacité de production de l’entreprise. Dans une première étape, les
firmes choisissent une capacité de production (choix d’une quantité comme dans le modèle de
Cournot). Puis, dans une seconde étape, les firmes choisissent leur prix et produisent la quantité

25 | P a g e
demandée sous la contrainte qu’elles ne dépassent pas leur capacité de production (choix d’un
prix comme dans le modèle de Bertrand).

𝑎−𝑝.
Nous allons résoudre ce jeu dans le cas simple de demande linéaire, 𝑄 𝐷 (𝑝) = Chaque
𝑏

firme fait face à une contrainte de production, 𝑞𝑗 ≤ 𝑞̅𝑗 , avec 𝑦𝑗 , la quantité de biens vendue par
la firme 𝑗 𝑒𝑡 𝑞̅𝑗 , sa capacité de production. Nous supposerons que chaque unité de capacité
coûte 𝑐 ≤ 𝑎 (il n’y a pas de coût variable dans ce modèle).

5.1 Première Etape de résolution : la concurrence en prix

Pour résoudre cette étape, nous devons faire des hypothèses sur les capacités de production.
En effet, selon les capacités, la totalité de la demande peut être ou non servie. Trois cas sont
possibles.

 Cas 1 : Les capacités de production sont « élevées »

Les capacités de production sont suffisamment élevées pour que chaque entreprise puisse
servir tout le marché. Les capacités de production ne sont donc pas contraignantes. Nous
retrouvons exactement le cadre de la concurrence à la Bertrand. Puisque le coût marginal est
nul par hypothèse (pas de coût variable), le prix à l’équilibre s’établit pour les deux firmes à
𝑝̃ = 0.

Ce résultat est vrai si la capacité de production des deux firmes est bien « élevée », c’est-à-dire
𝑎
qu’elle vérifie : 𝑞̅𝑗 = 𝑄 𝐷 (𝑝̃ = 0) = 𝑏.

𝑎
La quantité proposée par chaque firme se partageant la demande à parts égales est 𝑞̃𝑗 = .
2𝑏

Nous pouvons remarquer que les profits sont négatifs : 𝜋̃𝑗 = 𝑞̃𝑗 − 𝑐𝑞̅𝑗

 Cas 2 : Les capacités de production sont « moyenne »

Nous supposons maintenant qu’aucune firme ne peut servir le marché à elle seule, sa capacité
𝑎
de production est inférieure à la demande totale, 𝑞̅𝑗 < 𝑏.

Chaque firme a deux possibilités. Elle peut fixer un prix inférieur à sa concurrente et
répondre à toute la demande qu’elle peut satisfaire ou fixer un prix supérieur à celui de sa
concurrente et maximiser son profit sur la demande que lui a laissé sa concurrente. Pour que ce
type de stratégie corresponde à un équilibre en prix, il faut que les entreprises réalisent le même
gain dans les deux situations. Nous voyons bien que, sinon, une d’entre elles aurait intérêt à

26 | P a g e
dévier. Nous allons chercher l’équilibre qui est défini ici par deux prix, un prix relativement
faible, 𝑝, et un prix plus élevé, 𝑝̅. Sans perte de généralité, nous supposons que c’est la firme A

qui fixe le prix le plus faible.

Les acheteurs vont préférer acheter à la firme 𝐴, mais la contrainte de capacité de la firme A
ne lui permet pas de satisfaire toute la demande. La quantité produite par la firme A sera donc
égale à sa capacité maximale, 𝑦𝐴. Son profit est alors 𝜋𝐴 = (𝑝 − 𝑐) = 𝑞̅𝐴 .

La firme B servira la demande résiduelle. Sa demande est donc réduite des unités déjà vendues
par la firme 𝐴 ∶ 𝑄 𝐷 (𝑝̅ ) − 𝑞̅𝐴

𝑎−𝑝̅
La firme B choisit le prix, p, qui maximise son profit, 𝜋𝐵 = 𝑝 ( − 𝑞𝐴 ) − 𝑐𝑞̅𝐵 .
𝑏

𝑎−𝑏𝑦̅𝐴
Le prix proposé par la firme B est donc 𝑝̅ = . À ce prix, la firme B obtient le profit
2

𝑎 − 𝑏𝑞̅𝐴
𝑎 − 𝑏𝑞̅𝐴 𝑎 − 2 1 𝑎 − 𝑏𝑞̅𝐴 2
𝜋𝐵 = ( − 𝑞̅𝐴 ) − 𝑐𝑞̅𝐵 = ( ) − 𝑐𝑞̅𝐵 .
2 𝑏 𝑏 2

Nous venons de déterminer les prix des deux firmes à l’équilibre en fonction des capacités
de production. Encore faut-il que cet équilibre existe. Pour cela, nous devons nous assurer que
les profits des deux firmes sont bien identiques. Si tel n’était pas le cas, une des firmes au moins
aurait intérêt à modifier sa stratégie.

1 𝑎 − 𝑏𝑞̅𝐴 2
𝜋𝐴 = 𝜋𝐵 ⇔ (𝑝 − 𝑐) = ( ) − 𝑐𝑞̅𝐵
𝑏 2

Nous pouvons en déduire le prix d’équilibre 𝑝, 𝑦̅

1 1 𝑎 − 𝑏𝑞̅𝐴 2
𝑝= [ ( ) − 𝑐(𝑞̅𝐵 + 𝑞̅𝐴 )]
𝑞̅𝐴 𝑏 2

Comme les firmes sont identiques, il est naturel de penser que les capacités de production
choisies seront identiques, 𝑞̅𝐵 = 𝑞̅𝐴 = 𝑞̅ . Dans ce cas, le prix bas s’écrit simplement

1 𝑎−𝑏𝑞̅ 2
𝑝= ̅
( ) Il faut maintenant être assuré que le prix p est bien plus élevé :
𝑏𝑞 2

𝑎 − 𝑏𝑞̅ 1 𝑎 − 𝑏𝑞̅ 2
𝑝̅ = >𝑝= ( )
2 𝑏𝑦̅ 2

27 | P a g e
𝑎
Cette condition est vérifiée lorsque la capacité de production est supérieure à 3𝑏.

𝑎
Il reste à étudier le cas de capacité de production inférieure à 3𝑏.

 Cas 3 : Les capacités de production sont « petites »

Dans ce cas, les deux firmes n’arrivent pas à satisfaire l’ensemble de la demande. Elles ont
intérêt à produire à leur capacité maximale. Comme elles se font concurrence en prix, le seul
équilibre possible est obtenu en égalisant les prix, 𝑝𝐴 = 𝑝 𝐵 = 𝑝̃.

En effet, si elles proposaient un prix plus faible, les deux firmes vendraient toute leur capacité
mais gagneraient moins. En vendant à un prix plus élevé, les firmes se feraient une guerre des
prix qui tendrait le prix à diminuer. Le prix d’équilibre est obtenu à partir de la fonction de
demande, 𝑝̃ = 𝑎 − 𝑏 (𝑞̅𝐵 + 𝑞̅𝐴 )

Les profits des firmes A et B sont respectivement

𝜋̃𝐴 = (𝑎 − 𝑐 − 𝑏𝑞̅𝐴 − 𝑏𝑞̅𝐵 )𝑞̅𝐴 et 𝜋̃𝐵 = (𝑎 − 𝑐 − 𝑏𝑞̅𝐴 − 𝑏𝑞̅𝐵 )𝑞̅𝐵

Les profits obtenus selon les trois cas sont résumés ci-après
𝑎
−𝑐𝑞̅𝑗 Si 𝑞̅𝑗 ≥
𝑏
(𝑎 − 𝑏𝑞̅−𝑗 ) 𝑎 𝑎
𝜋𝑗 = − 𝑐𝑞̅𝑗 Si ≤𝑞
̅𝑗 ≤
3𝑏 𝑏
4𝑏
𝑎
{(𝑎 − 𝑐 − 𝑏𝑞̅𝑗 − 𝑏𝑞̅−𝑗 )𝑞̅𝑗 Si 0 ≤ 𝑞
̅𝑗 ≤
3𝑏

Nous venons de terminer la résolution de l’étape 1, nous allons maintenant résoudre l’étape 2.

5.2 Deuxième étape de résolution : le choix des capacités de production

Les entreprises choisissent leurs capacités de production, en anticipant la concurrence en prix


qui aura lieu ultérieurement. Comme nous l’avons déjà évoqué, il est naturel de se pencher sur
les équilibres symétriques dans la mesure où toutes les firmes sont identiques.

 Cas 1 : lorsque la capacité est élevée : La firme doit payer un investissement élevé. Il
s’en suit une guerre des prix et l’équilibre qui en résulte est un équilibre de Bertrand. Le
𝑎 𝑎
profit est maximisé lorsque la capacité de production est égale à 𝑏 , 𝜋̃ 𝐵 = −𝑐 𝑏

28 | P a g e
 Cas 2 : lorsque la capacité est moyenne : Le profit décroît avec la capacité de
𝑎
production. Le profit est maximisé pour une capacité égale à 3𝑏. Les profits des deux
firmes sont

𝑎 2
(𝑎 − 𝑏 )
𝜋̃ 𝐸 = 3𝑏 − 𝑐 = 𝑎(𝑎 − 3𝑐)
4𝑏 9𝑏

 Cas 3 : lorsque la capacité est faible : Chaque firme maximise son profit pour une
capacité de production vérifiant

𝜕𝜋̃𝑗 𝜕
= (𝑎 − 𝑐 − 𝑏𝑞̅𝑗 − 𝑏𝑞̅−𝑗 )𝑞̅𝑗 = 0
𝜕𝑞̅𝑗 𝜕𝑞̅𝑗

𝑎−𝑐−𝑏𝑞̅−𝑗
Nous en déduisons les fonctions de meilleures réponses :𝑞̅𝑗 = pour 𝑗 = 𝐴, 𝐵.
2𝑏

𝑎−𝑐 (𝑎−𝑐)2
La solution est 𝑞̅𝐴 = 𝑞̅𝐵 = et le profit 𝜋̃ 𝑐 =
3𝑏 9𝑏

Les capacités de production sont égales aux quantités du duopole de Cournot et le profit est ici
exactement le profit de l’équilibre de Cournot.

Maintenant que nous avons déterminé les profits selon les capacités de production choisies, il
faut déterminer le choix optimal de capacité. À cette fin, nous devons comparer les trois
situations.

Tout d’abord, il semble clair que la première situation avec un profit négatif n’est souhaitable
pour aucune des firmes. Ensuite, il vient facilement que 𝜋̃ 𝑐 = 𝜋̃ 𝐸

Par conséquent, les deux firmes choisiront une capacité de


L’équilibre de Cournot est le 𝑎−𝑐
résultat d’un jeu en deux étapes, où production égale à ̅𝑞𝐴 = 𝑞̅𝐵 = . Ce choix de capacité
3𝑏
les firmes choisissent leurs capacités implique que les quantités produites sont identiques à celles de
de production dans une première
l’équilibre de Cournot. Ce résultat, démontré de façon plus
étape, puis, choisissent leurs prix
sous contrainte de capacités de générale par Kreps et Scheinkman (1983), permet d’obtenir une
production dans une seconde étape. nouvelle interprétation de l’équilibre de Cournot. Face à une

situation oligopolistique, quel est le modèle à retenir ? Bertrand ou Cournot ? D’après ce que
nous venons de voir, si la capacité de production peut être ajustée facilement, la concurrence à
la Bertrand semble la plus pertinente. Mais, si la capacité de production s’ajuste difficilement,

29 | P a g e
le modèle pertinent est la concurrence à la Cournot. Dans le secteur automobile avec une
capacité de production difficile à ajuster, la concurrence en quantité semble plus naturelle. En
revanche, dans le secteur bancaire ou assuranciel, la capacité de production est ajustable
facilement et une concurrence en prix semble plus pertinente.

30 | P a g e
Conclusion du 3ème chapitre
Dans l’analyse de Bertrand, la variable stratégique n’est pas la production mais le prix (à
l’inverse de l’approche de Cournot). Les hypothèses sont cependant identiques à celles de
Cournot, à savoir que le produit est homogène, que les firmes ont la capacité de répondre à toute
demande et que le cout de production est identique pour les deux firmes.

L’opinion traditionnelle, fondée sur le résultat de Bertrand, est de croire que la concurrence
par les prix est une forme de concurrence bien plus radicale que la concurrence par la quantité.
Même s'il y a peu d'entreprises sur le marché, les résultats de Bertrand montrent qu'une
concurrence imparfaite peut conduire à une tarification au coût marginal et donc à une
optimalité sociale. La concurrence de Bertrand offre un cas dans lequel la réglementation des
prix ou des politiques anti-confiances ne sont pas nécessaires, même en l'absence de libre entrée
sur le marché. La possibilité de la concurrence de Bertrand est donc un argument logique en
faveur d’une plus grande déréglementation.

31 | P a g e
6. Exercice : (cas du duopole Bertrand)

Le marché des boissons au cola est un marché duopolistique où les deux entreprises présentes,
Pepsi et Cola-Cola, jouent à la Bertrand. On suppose que les boissons de Pepsi et de Coca-cola
sont parfaitement substituables. Le cout moyen de production de Pepsi est de 3𝑑ℎ, celui de
Coca-Cola est de 2 𝑑ℎ

La fonction de demande du marché des boissons au cola est la suivante :

𝑃 = 10 – (𝑄1 + 𝑄2 ).

1. A quel niveau le prix va-t-il s’établir ?


2. L’entreprise Pepsi Fait faillite. Un nouveau concurrent, Corsica-Cola, Pénètre le
marché. Son cout moyen de production est de 7𝑑ℎ . Quel est le nouveau prix
d’équilibre ? Pourquoi n’est-il pas égal à 7 − 𝜀, avec 𝜀 > 0 petit ? expliquez.

Solution :

1. La guerre des prix entre Pepsi et Coca-Cola conduit a un prix a un niveau de prix de
3 − 𝜀 , avec 𝜀 > 0 petit. A ce prix, Coca-cola réalise des profits (car le prix est
supérieur a son cout moyen de 2𝑑ℎ) et l’entreprise Pepsi se voit contrainte de quitter le
marché car son activité n’est pas rentable ( elle ne peut pas survivre avec un prix de
vente inférieur a son cout moyen de 3𝑑ℎ) Coca Cola est donc en situation de monopole,
sert la totalité de la demande de marché et produit de quantité de 7, (3 = 10 – 𝑄 ⟹
𝑄 = 7). Pepsi quitte le marché, donc 𝑄𝑝𝑒𝑝𝑠𝑖 = 0 𝑒𝑡 𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 = 7.

2. corsica-Cola de 3𝑑ℎ a des couts de production trop élevés pour faire face à la
concurrence de Cola-Cola : tout prix inférieur à 7𝑑ℎ et supérieur à 2𝑑ℎ implique des
pertes pour corsica-cola et des bénéfices pour Cola-Cola. Coca-Cola se retrouve donc
dans une position de monopole.

Un de (7 − 𝜀 )dh maximise-t-il le profit de Coca-Cola ? Lorsque Coca-cola est en


monopole, il sert la totalité de la demande du marché et son profit s’écrit
Type equation here.
𝜋𝑐𝑜𝑐𝑎 = (10 − 𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 )𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 − 2𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎

32 | P a g e
La condition nécessaire de maximise le profit de Coca Cola est :

10 − 2𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 − 2 = 0

C’est-à-dire 𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 = 4 . Le prix qui maximise le profit de Coca-Cola est donc de 10 −


4 = 6 𝑑ℎ. Son profit est de
𝜋𝑐𝑜𝑐𝑎 = (10 − 𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 )𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 − 2𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎

𝜋𝑐𝑜𝑐𝑎 = (10 − 𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 − 2)𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎


Application numérique :
(10 − 4 − 2)4 = 16𝑑ℎ.

Coca-Cola peut se permettre de fixer son prix à 6𝑑ℎ, qui est trop faible pour que
Corsica-Cola subsiste sur le marché

Si Coca-Cola fixe un prix égal à 7 − 𝜀 Il évince Corsica-Cola, mais il ne maximise pas


ses profits, En effet, pour 𝑝 = 7 − 𝜀, 𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 = 10 − (7 − 𝜀) = 3 + 𝜀 et donc

𝜋𝑐𝑜𝑐𝑎 = (10 − 𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎 − 2)𝑄𝐶𝑜𝑐𝑎

𝜋𝑐𝑜𝑐𝑎 = (10 − (3 + 𝜀) − 2)(3 + 𝜀) ≈ 15 < 16

La différence de structure des couts entre Coca-Cola et corsica-Cola est suffisamment


grande pour que Coca-cola fixe de monopole (6𝑑ℎ). En revanche, la différence de
structure des cous avec Pepsi trop petite pour que Coca-Cola se permette un prix de
monopole : pour un prix de 6 𝑑ℎ, Pepsi subsiste sur le marché comme concurrent de
Coca-Cola.

33 | P a g e
Conclusion Générale

Ce modeste travail nous a permis de mieux cerner l’idée du fonctionnement de l’oligopole.


Ce type de structure du marché qui fait partager l’offre entre peu d’offreurs, nous oblige à
étudier les interactions qui s’y produisent, plutôt que de chercher à maximiser les profits de
chaque offreur indépendamment des autres. Avec ce petits nombres d’offreurs qu’on appel
oligopoleurs, la meilleure action pour chaque concurrent dépend de ce que les autres font.

Lorsque les duopoleurs produisent des produits identiques, les résultats possibles dépendent
de la nature des paiements, ainsi que le comportement assumé des décideurs. Si la quantité est
la variable de décision et le protocole de mouvement simultané s'applique, à l’extrême les
entreprises peuvent se comporter comme un monopoleur commun. La solution est l'équilibre
intermédiaire de Cournot : chaque entreprise choisit de manière optimale, compte tenu de la
quantité de production de l'autre entreprise. Lorsque le prix est la variable de décision à la place,
la solution est appelé l'équilibre de Bertrand : chaque entreprise choisit des prix maximisant le
profit, étant donné les prix des autres. La concurrence par les Prix est plus sévère que la
concurrence en quantité, et conduit ainsi à des résultats pires pour les entreprises (mais de
meilleurs résultats pour les consommateurs). Pour le protocole du mouvement séquentiel, le
leader de Stackelberg à un certain avantage dans la concurrence par la quantité, mais un
désavantage dans la concurrence des prix.

Le fait que les oligopoleurs ont eu conscience qu’ils vont se retrouver mainte et mainte fois
face a face, ça peut leur donné une idée selon la quel que la coopération peut être une façon
d’agrandir le gâteau et donc partager des profits mieux que s’il rentre dans une guerre de prix,
sinon ils recourent a la différenciation de leurs produits. Pour maintenir la coopération, il faut
que le futur soit assez long et que les firmes n’aient pas su la fin de leur compétition.

34 | P a g e
Liste des figures

Liste des figures Page

Figure 1. L’équilibre dans le duopole de Cournot 8


Figure 2. L’équilibre dans le duopole Stackelberg 16

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Référence bibliographique

- BERTRAND J., « Book review of théorie mathématique de la richesse sociale and of


recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses », Journal de
Savants 67 : 499–508, 1883.
- Etner Johanna & Jeleva Meglena Microéconomie ; éditions DUNOD 2018

- Lekbir Oussalah Microéconomie II « Théorie des prix et des marchés »

- Phillip Aghion “Microéconomie” p.240, Edition 2010, Education France,


Paris.

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Table des Matières

Remerciements ........................................................................................................................................ 3
Introduction Générale ............................................................................................................................. 4
Chapitre1 : Le duopole de Cournot ..................................................................................................... 6
1. Présentation du modèle .......................................................................................................... 6
2. Analyse du modèle de Cournot ................................................................................................ 6
Conclusion du 1er chapitre ............................................................................................................ 11
3. Exercice (Cas du duopole Cournot) ....................................................................................... 12
Chapitre 2: Le duopole de Stackelberg ............................................................................................. 15
1. Présentation du modèle ........................................................................................................ 15
2. Analyse du modèle de Stackelberg ........................................................................................ 16
3. Comparaison Cournot-Stackelberg ....................................................................................... 18
Conclusion du 2ème chapitre ......................................................................................................... 19
4. Exercice : (cas du duopole Stacklberg) .................................................................................. 20
Chapitre 3 : Le duopole de Bertrand ................................................................................................. 22
1. Présentation du modèle ........................................................................................................ 22
2. Analyse du modèle de Bertrand ............................................................................................ 22
3. L’équilibre dans le cas d’une concurrence avec les prix .......................................................... 23
4. Paradoxe de Bertrand ........................................................................................................... 25
5. Contraintes sur capacités de production .............................................................................. 25
5.1 Première Etape de résolution : la concurrence en prix ....................................................... 26
 Cas 1 : Les capacités de production sont « élevées ».................................................... 26
 Cas 2 : Les capacités de production sont « moyenne »................................................. 26
 Cas 3 : Les capacités de production sont « petites »..................................................... 28
5.2 Deuxième étape de résolution : le choix des capacités de production............................... 28
 Cas 1 : lorsque la capacité est élevée ............................................................................ 28
 Cas 2 : lorsque la capacité est moyenne ....................................................................... 29
 Cas 3 : lorsque la capacité est faible.............................................................................. 29
Conclusion du 3ème chapitre ......................................................................................................... 31
6. Exercice : (cas du duopole Bertrand)..................................................................................... 32
Conclusion Générale.............................................................................................................................. 34
Liste des figures ..................................................................................................................................... 35
Référence bibliographique ................................................................................................................... 36

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