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 24-127-B-20

Risque radiologique : prise en charge


médicale des victimes d’accidents
radiologiques
P. Laroche, G. Gagna, X. Castagnet, J.-C. Amabile

Le développement permanent des techniques comme la diversité des intentions de nuire rendent la
menace nucléaire et radiologique particulièrement imprévisible. Les pouvoirs publics élaborent ou actua-
lisent des plans d’intervention spécialisés, mettent en place des moyens matériels et humains, organisent
des formations pour le personnel d’intervention et valident un certain nombre de procédures par des
exercices de grande ampleur. Les victimes radiocontaminées peuvent présenter deux tableaux différents :
la contamination (interne par inhalation, ingestion et blessures ou externe par dépôt sur la peau et les
vêtements), et l’irradiation globale ou localisée. Dans tous les cas, la prise en charge de l’urgence médi-
cochirurgicale prime sur l’urgence radiologique. Lors du triage initial, les victimes sont catégorisées selon
la nature et la gravité de leurs blessures en urgences absolues ou relatives. En cas de contamination, et
sans interférer avec le traitement médical immédiat, les victimes doivent être déshabillées rapidement. Ce
simple geste permet ainsi d’éliminer 90 à 95 % de la contamination. Le traitement de la contamination
doit être débuté rapidement, sur simple présomption car il est d’autant plus efficace qu’il est administré
précocement. En cas d’irradiation, l’urgence est à l’évaluation dosimétrique. En effet, l’évaluation de la
dose reçue conditionne directement les modalités de la prise en charge médicale qui relèvent le plus
souvent d’une approche multidisciplinaire impliquant les services d’hématologie, des brûlés, de chirurgie
plastique et les unités de thérapie cellulaire.
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Mots-clés : Accident radiologique ; Contamination ; Irradiation ; Radionucléide

Plan Tout contact avec une source radioactive détermine une expo-
sition à des rayonnements ionisants, phénomènes physiques
■ Introduction 1 « invisibles » qui sont à l’origine d’une perception largement
irrationnelle autant dans la population générale que parmi les
■ Prise en charge des victimes blessées 2 professionnels de santé.
Prise en charge de la contamination 2 Le but de cet article est précisément de fournir des don-
Prise en charge de l’irradiation 8 nées pratiques permettant d’assurer une sécurité maximale pour
■ Prise en charge des victimes non blessées 11 la prise en charge d’une victime radiocontaminée ou irradiée
Victimes présentes sur le lieu de l’accident 11 et qui peuvent être mises en œuvre quelles que soient les
Autres victimes concernées par l’accident (impliquées) 11 circonstances, que l’exposition concerne un individu ou une
■ Conclusion 11 population.
Les deux seuls modes d’exposition à des sources de rayonne-
ments ionisants sont la contamination radioactive et l’irradiation
à distance.
Dans le premier cas, il existe un contact direct entre l’organisme
 Introduction et la matière radioactive, soit en surface lors d’une contamination
externe, soit à l’intérieur du corps en situation de contamina-
La menace nucléaire et radiologique est une réalité à plusieurs tion interne. Par opposition, dans le second cas, il n’existe pas
visages. Loin de se limiter à la seule sphère des risques acci- de contact entre la source et la victime et l’effet résulte de la pro-
dentels ou liés à l’activité industrielle (accident de Tchernobyl pagation des radiations ionisantes dans l’espace, parfois à grande
ou perte d’une source de gammagraphie), elle peut aussi résul- distance.
ter d’actes malveillants ou terroristes, voire de risques naturels La prise en charge et le traitement des blessés contaminés ou
comme lors du tsunami du 11 mars 2011 qui a mis à mal tous irradiés doit obéir à des principes simples, qui doivent être connus
les principes de sûreté nucléaire de la centrale de Fukushima et donc enseignés [2] . La circulaire 800/SGDSN [3] décrit la prise en
(Japon) [1] . charge des blessés radiocontaminés dans le cadre d’un acte de

EMC - Urgences 1
Volume 9 > n◦ 2 > avril 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S1241-8234(14)67061-9
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terrorisme. Les principes exposés peuvent cependant s’appliquer à L’ensemble des opérations de zonage réflexe et de prise en
des événements accidentels sans rapport avec la malveillance. De charge médicale des victimes en cas d’accident ou d’attentat radio-
manière pragmatique, on peut considérer que l’organisation de logique est synthétisé dans la Figure 1.
l’intervention médicale doit prendre en compte deux catégories Le médecin, chef des équipes médicales d’intervention, doit
de personnes : pouvoir distinguer la « zone très contaminée » encore appelée
• les victimes blessées : personnes blessées sur le site de l’accident « point zéro », où les gestes se limitent à assurer la survie et où
et pouvant être contaminées et/ou irradiées ; l’évacuation doit être très rapide, et une zone de mise à l’abri où
• les victimes non blessées : les victimes valides présentes sur le le risque de contamination, voire d’irradiation, est faible et où
lieu de l’accident et donc suspectes de contamination et les per- sont réalisés des gestes plus techniques et une mise en condition
sonnes non présentes sur les lieux lors de l’accident mais qui se d’évacuation plus élaborée. La notion de zone de « mise à l’abri »
sentent impliquées d’une façon ou d’une autre (la population est importante. Cette zone (généralement non matérialisée), où
de proximité, les équipes d’intervention, les équipes soignantes, les risques sont faibles, doit être contiguë de celle de l’accident
les journalistes, etc.). et implantée au vent de celle-ci. Elle se situe à distance du point
zéro, si possible dans un bâtiment ou derrière une cloison, pour
s’abriter de la contamination, voire de l’irradiation. À partir de
cette zone, les évacuations se font sur un poste d’accueil des bles-
 Prise en charge des victimes sés radiocontaminés (PABRC) ou toute autre structure de fonction
équivalente (antenne mobile de Service d’aide mobile d’urgence
blessées [Samu], service médical de centrale Électricité de France [EDF],
etc.).
Prise en charge de la contamination
Organisation initiale de la prise en charge
médicale
En cas de suspicion d’accident radiologique, le personnel inter-
“ Point fort
venant est équipé de tenues de protection spécifiques et de
dosimètres opérationnels. Dans l’ignorance des produits utili- Quel que soit le degré de radiocontamination, l’urgence
sés, la reconnaissance s’effectue avec une tenue de protection médicochirurgicale classique prime, c’est-à-dire que les
qui peut être légère mais qui doit surtout être aussi étanche gestes vitaux, les techniques d’urgence adaptées doivent
que possible. Bien que la circulaire 800/SGDNS prévoit le port toujours être mis en œuvre d’emblée.
d’un appareil respiratoire isolant, nous préconisons plutôt pour
les équipes médicales le port d’un appareil de protection des
voies respiratoires type filtering facepiece particles 3 (FFP3). En
cas de risque d’exposition aux iodes radioactifs, les équipes
Toute intervention en milieu radiocontaminé ayant pour but
d’intervention doivent se munir de cartouches filtrantes spéciales.
de relever des victimes doit toujours obéir aux trois principes
Le dosimètre opérationnel avec seuil d’alarme permet d’alerter
suivants :
les intervenants de l’existence d’une source d’irradiation. En cas
• l’urgence médicochirurgicale prime sur la contamination radio-
de source scellée irradiante, ces tenues ne sont pas adaptées et
logique ;
la protection des intervenants se fait en utilisant les principes
• les victimes, comme les équipes de secours, doivent être proté-
suivants :
gées du risque de contamination externe et interne ;
• temps : limitation du temps d’exposition, par exemple en cou-
• le traitement de la contamination interne est d’autant plus effi-
pant l’alimentation électrique d’un générateur, en réintégrant
cace qu’il est instauré précocement.
une source radioactive dans son conteneur ou en quittant le
La prise en charge des blessés radiocontaminés comporte sché-
champ d’irradiation ;
matiquement trois phases :
• distance : l’éloignement par rapport à la source (par approxima-
• les équipes d’intervention procèdent au ramassage et à la mise
tion, on considère que le débit de dose diminue en fonction de
en condition médicale des blessés radiocontaminés pour les
l’inverse du carré de la distance) ;
préparer à une évacuation ;
• écrans : l’interposition d’écrans efficaces vis-à-vis du rayonne-
• les victimes sont accueillies dans une formation médicalisée de
ment considéré : matériaux denses pour les photons X et ␥,
proximité ;
matériaux légers ou « neutrophages » pour les neutrons, plexi-
• les victimes sont accueillies dans une structure hospitalière.
glas pour les ␤.
Une investigation est effectuée sur les lieux du sinistre, afin
de vérifier la présence d’une radioactivité anormale. Un zonage Ramassage et mise en condition des blessés
réflexe est alors mis en place : Le ramassage des victimes radiocontaminées se déroule en
• la zone d’exclusion, qui est contaminée, contaminable ou quatre temps :
contaminante ; le port de la tenue de protection y est obliga- • analyse du risque et organisation des secours ;
toire. Cette zone comprend : • pénétration en zone contaminée et premiers soins ;
◦ la zone de danger immédiat (ZDI) (compte tenu des modé- • mise à l’abri des victimes et réalisation de gestes techniques
lisations effectuées, le choix a priori d’un rayon de 100 m simples ;
autour du point zéro de l’accident est préconisé), • sortie de la zone contaminée.
◦ la zone de danger sous le vent (ZDSV) (compte tenu
des modélisations effectuées, le choix a priori d’une zone
s’étendant sur 500 m est préconisé pour un accident à ciel
ouvert, avec un angle d’ouverture de 40◦ ) ;
• la zone de soutien (ZS), opposée au vent, qui accueille les ser-
vices de secours et le poste médical avancé (PMA) ;
“ Point fort
• la zone d’accès contrôlé (ZAC), bande séparant la zone Si le risque est connu, une protection des intervenants est
d’exclusion de la ZS. Le point de regroupement des victimes
adaptée à celui-ci. En cas de méconnaissance du risque,
(PRV) symptomatiques ainsi qu’une structure de décontamina-
tion sommaire y sont installés d’emblée. Cette zone permet de la protection doit être « enveloppe », c’est-à-dire couvrant
prévenir ou de réduire la contamination. C’est une zone ini- l’ensemble des risques possibles, mais il faut veiller à
tialement propre mais qui tend à se contaminer au long des l’alléger le plus rapidement pour optimiser l’autonomie et
opérations : le port de la tenue de protection y est donc obliga- les conditions d’intervention.
toire.

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Dans le cas d’un risque associé de contamination et Il est important de rappeler que la gestion des personnes décé-
d’irradiation, le temps d’intervention doit être limité. Dans dées contaminées n’est pas du ressort des équipes médicales
le cas du sauvetage d’une vie humaine, il semble difficile de d’intervention. Par ailleurs, la gestion de ces corps n’a pas encore
fixer une limite de dose. Le temps d’exposition doit être le fait l’objet de protocoles validés [5] .
plus court possible. Le port d’un dosimètre à lecture directe
muni d’un seuil et d’un système d’alerte est indispensable. Le
niveau de référence d’exposition est alors fixé à 300 mSv [4] Accueil dans une formation médicalisée
pour l’équipe d’intervention, mais il ne s’agit pas d’une limite de proximité
réglementaire. Accueil dans un poste d’accueil pour blessés radiocontaminés
Certaines installations, civiles ou militaires, disposent de struc-
tures de soins de proximité adaptées à la prise en charge
préhospitalière de blessés radiocontaminés initialement catégo-
risés urgences relatives (UR) au PRV.
“ Point fort Le PABRC est un concept du Service de santé des armées mais
il existe des structures très semblables dans certains établisse-
ments civils (AREVA, EDF, Commissariat à l’énergie atomique
Le mSv (millisievert) est une unité dosimétrique utilisée en [CEA], etc.). Il s’agit d’un service médical disposant d’installations
radioprotection pour évaluer le risque biologique résultant de décontamination et de moyens de traitement spécifiques qui
de faibles doses de rayonnements ionisants. La Commis- remplit les fonctions de chaîne de décontamination et de poste
sion internationale de protection radiologique (CIPR) médical avancé.
recommande de limiter à 1 Sv (1000 mSv) l’exposition de L’objectif est de transformer un blessé radiocontaminé en
patient stable décontaminé qui pourra être accueilli par la suite
chaque individu pendant la totalité de sa vie. Pour les fortes
dans un service hospitalier classique.
doses, en cas d’accident, l’unité dosimétrique est le Gray Urgences absolues (UA). Ces victimes sont prises en charge
(Gy). médicalement le plus rapidement possible. Les opérations de
décontamination peuvent constituer une perte de temps et ne

Zone Zone
d’exclusion contrôlée
Zone
de soutien

Équipes d’intervention médicale Urgences


Impliqués
absolues

Point de regroupement des


victimes (PRV) symptomatiques

Blessés
radiocontaminés

Centre de tri et de Poste d’accueil des


décontamination blessés radiocontaminés
sommaire (CTDS) (PABRC)

Contrôle Positif
Décontamination
fine après
traitement du
dernier blessé
Négatif
Hôpital d’instruction des armées ou
établissement de santé (ETS) référent

Centre de traitement des


Cellule d’urgence Hôpital de
blessés radiocontaminés (CTBRC)
médicopsychologique proximité

Prise en charge psychologique systématique


Voies médicalisées

Voies non médicalisées

A
Figure 1. Synthèse du zonage réflexe et des opérations de prise en charge médicale des victimes en cas d’accident radiologique (A, B).

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Vent

Direction du vent
(vent > 1 m/s)

20°

500 m 100 m
50 m

20°

Zone de soutien

ZDI ZDSV ZAC ZS B


Figure 1. (suite) Synthèse du zonage réflexe et des opérations de prise en charge médicale des victimes en cas d’accident radiologique (A, B) ; ZDI : zone
de danger immédiat ; ZDSV : zone de danger sous le vent ; ZS : zone de soutien ; ZAC : zone d’accès contrôlé.

sont pas, dans ce cas, indispensables. Seuls les gestes techniques charge médicale et stabilisation hémodynamique, une détection
de réanimation avant transport sont exécutés et complétés éven- et une décontamination peuvent être réalisées sur place.
tuellement par le déshabillage de la victime. Dans le cas où l’état Urgences relatives. Les blessés couchés sont, dans un premier
médical du patient le permet et en s’assurant de la protection des temps, traités comme décrit au paragraphe précédent mais trans-
voies respiratoires, la technique de la double enveloppe permet la férés sur un chariot et non reconditionnés en matelas coquille.
réalisation d’une évacuation sans dispersion de la contamination. Les blessés debout sont déshabillés pour limiter la dispersion de
la contamination. Toutes les victimes bénéficient d’une déconta-
mination avant leur évacuation.
“ Point fort • Première étape, le déshabillage : il doit être soigneux et précédé
d’une fine pulvérisation d’eau sur les vêtements afin de fixer
la contamination. Il est réalisé soit par découpe des vêtements
En pratique, la technique de la double enveloppe a aussi (victime allongée), soit par « pelure » (blessé debout).
un intérêt pédagogique. Sa mise en œuvre ne doit pas se • Deuxième étape, la détection : une détection, même grossière,
faire au détriment de la rapidité des soins. L’urgence médi- doit permettre de localiser la contamination résiduelle. Cette
détection est réalisée à l’aide d’un détecteur muni, dans la
cochirurgicale prime toujours sur le risque radiologique.
majeure partie des cas, d’une sonde X. En effet, si l’on excepte la
contamination par un radionucléide émetteur ␤ pur, les autres
radionucléides peuvent, en général, être détectés avec une
Après brumisation d’eau pour fixer les poussières, la housse dans sonde X, celle-ci donnant les meilleures chances de mise en
laquelle est placée la victime est ouverte et ses bords sont roulés évidence de la contamination.
sur eux-mêmes de l’extérieur vers l’intérieur. • Troisième étape, la décontamination : cette opération est réa-
Les vêtements de la victime sont incisés au niveau : lisée à l’eau additionnée, si possible, d’un savon acide. Il
• des manches, en partant des mains en direction du col ; apparaît que le meilleur traitement d’une contamination rési-
• de la fermeture antérieure de la veste ou de la combinaison ; duelle soit un lavage avec une solution de diéthylène triamine
• des jambes du pantalon, en partant des pieds en direction de la penta-acétate calcique (Ca-DTPA) à 25 % et ce quel que soit le
ceinture. radionucléide ; la technique est non agressive pour l’épiderme.
Au fur et à mesure de la découpe, les vêtements sont roulés Cette décontamination est, en général, complétée par une
sur eux-mêmes de l’intérieur vers l’extérieur. La contamination douche qui peut être réalisée couché ou debout. Cette douche
déposée à la surface des vêtements est ainsi confinée. La contami- non agressive est réalisée avec de l’eau tiède afin de ne pas
nation du cuir chevelu doit être confinée par la mise en place d’un induire de vasodilatation trop importante.
calot de chirurgien. Le matelas coquille est mis en pression après • Quatrième étape, la détection de contrôle : après séchage soi-
découpe des vêtements, la victime est alors soulevée, tandis qu’un gneux, les zones décontaminées sont contrôlées de manière fine
opérateur retire la housse contenant les vêtements contaminés. en utilisant une sonde de détection adaptée au type de rayon-
Le blessé est repositionné dans le matelas coquille qui est alors nement émis par le contaminant. Il faut noter qu’une détection
remis en dépression. Les gestes de réanimation et de monitorage du rayonnement ␣ est très difficile et très longue. Le faible par-
terminés, la victime est recouverte d’une couverture isotherme. cours dans l’air de ce rayonnement impose un séchage parfait.
Cette opération permet une décontamination externe de l’ordre Les radionucléides émetteurs ␣ émettent également des X ou
de 90 %. Si l’état clinique de la victime le permet, après prise en des ␥ dont la détection est plus aisée et plus sûre.

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Accueil dans une structure médicalisée non spécialisée Personnel. L’équipe médicale évoluant en zone d’accueil
Dans le cas où un accident peut provoquer un grand nombre de comprend un ou plusieurs médecins, des personnels paramédi-
victimes et dépasser les capacités locales de prise en charge (acci- caux et des brancardiers. Le médecin doit veiller à ce que les
dent nucléaire industriel de type Tchernobyl), voire survenir en victimes soient admises en bon ordre sans jamais saturer cet
dehors d’un site équipé (acte de terrorisme), la formation médi- espace.
cale de proximité est alors constituée par une antenne mobile Le personnel doit être protégé par :
de Samu ou un poste médical avancé et les services de secours • une tenue de protection légère intégrale (Tyvek® , etc.) si
interviennent dans le cadre des plans ORSEC. Les opérations l’hôpital en dispose ;
sont identiques à celles décrites au paragraphe précédent excep- • une tenue de bloc opératoire en cas d’intervention chirurgicale ;
tée la décontamination. Le contrôle de la contamination peut • un masque chirurgical ;
être réalisé par des personnels d’une Cellule mobile d’intervention • deux paires de gants en latex ;
radiologique (CMIR) des sapeurs pompiers ou par les Formations • un tablier imperméable pour le personnel réalisant la déconta-
militaires de la sécurité civile (ForMiSC) en renfort des sapeurs- mination.
pompiers. Protocole. Dans un premier temps, le médecin établit le bilan
Dans le cas de victimes radiocontaminées isolées ou en faible lésionnel de la victime et pratique les premiers gestes de réani-
nombre, seules des équipes de type Samu ou Service mobile mation médicale. C’est le concept de triage évolutif car à tout
d’urgence et de réanimation (Smur) interviennent avec des moment, les opérations de déshabillage et de décontamination
moyens mobiles limités (ambulances, véhicule de secours et peuvent et doivent être interrompues en cas d’apparition d’une
assistance aux victimes [VSAB]). Le degré d’urgence médico- détresse vitale imposant la réalisation de gestes de sauvegarde. Le
chirurgicale donne la priorité des opérations. La technique de deuxième temps est constitué par le déshabillage. Si la victime est
confinement de la contamination permet une prise en charge conditionnée dans une housse, il n’est pas nécessaire de prééqui-
de ces victimes dans de bonnes conditions de sécurité radiolo- per la table ou le lit d’examen. Dans le cas contraire, ces éléments
gique. L’impossibilité de réaliser une décontamination impose sont recouverts d’une feuille de vinyle.
une évacuation des blessés sur une structure hospitalière spécia- Décontamination. Une zone munie d’un dispositif de
lisée (Centre de traitement des blessés radiocontaminés [CTBRC] douche sur flexible et si possible d’une baignoire est affec-
des hôpitaux des armées, établissements de santé [ETS] référents tée à la décontamination des victimes et ultérieurement des
ou hôpital doté d’une chaîne de décontamination). personnels.
Personnel. Les opérations de décontamination proprement dites
Accueil dans une structure hospitalière ne nécessitent pas de personnel spécialisé. Cependant un entraî-
Une organisation spécifique a été mise en place au niveau des nement à ce type d’intervention permet d’améliorer l’efficience
sept zones de défense et de sécurité et dans les départements des équipes. La détection radiologique qui succède à la déconta-
et les collectivités d’outre-mer incluant les mesures à prendre mination nécessite la présence de personnel compétent capable
en cas de risque radiologique. Dans ce cadre, un ou plusieurs de mettre en œuvre les appareils de détection de la contami-
ETS de référence ont été désignés dans chaque zone de défense nation. Ce personnel de métrologie peut venir, suivant les cas,
et de sécurité [6] . La liste de ces ETS figure dans le Plan blanc des services de radiologie, de médecine nucléaire mais aussi des
élargi zonal. La mission de ces hôpitaux référents [7] consiste à CMIR, des sapeurs-pompiers ou des équipes de protection radiolo-
accueillir en priorité les victimes radiocontaminées, à coordonner gique des centres nucléaires (EDF–CEA). Le Service de protection
l’application des recommandations nationales au niveau zonal et radiologique des armées (SPRA) ainsi que les unités nucléaires du
à organiser la formation régulière des personnels hospitaliers aux ministère de la Défense disposent de personnel spécialisé dans ce
risques nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques (NRBC). domaine.
Ces ETS référents ont un rôle de conseil en cas de crise et doivent Protocole. Le déshabillage a entraîné une décontamination
être alertés sans délai. externe de l’ordre de 90 %. La contamination résiduelle est locali-
L’accueil et l’organisation des soins médicaux en cas d’accidents sée aux parties découvertes et au niveau des plaies. Le protocole de
radiologiques sont détaillés dans un guide dénommé « Guide décontamination est semblable aux étapes détaillées (cf. supra) en
national relatif à l’intervention médicale en cas d’événement sachant qu’en cas de contrôle positif, une deuxième décontamina-
nucléaire ou radiologique » de l’Autorité de sûreté nucléaire, tion, puis une détection sont entreprises selon le même protocole.
consultable sur internet, qui rassemble toutes les informations Si le contrôle est toujours positif, ces opérations sont renouve-
utiles pour les intervenants médicaux [8] . lées les jours suivants. La contamination externe résiduelle après
Le CTBRC est un concept militaire spécifiquement français [9] . deux décontaminations est parfaitement fixée. Elle ne pose pas
Cette structure de soins spécialisée dans la prise en charge des de problème sanitaire et peut attendre une décontamination plus
victimes radiocontaminées se distingue du PABRC par : fine après le départ du dernier blessé. En effet, elle ne présente
• l’accueil de victimes dont le degré d’urgence diffère et qui peut plus aucun risque de transfert de contamination pour les person-
concerner les UA ; nels soignants ni risque de dispersion dans l’environnement. Les
• la présence d’une structure chirurgicale dédiée. opérations de décontamination sont longues et imposent que le
Actuellement, les six CTBRC du Service de santé des armées, patient soit dans un état clinique stable. Toute altération entraîne
regroupés au niveau de six hôpitaux d’instruction des armées une suspension des opérations de décontamination au profit du
(Clamart, Toulon, Lyon, Metz, Bordeaux et Brest), réalisent un traitement médicochirurgical.
véritable maillage du territoire français. De par sa situation géogra- Réanimation – bloc opératoire. La prise en charge des vic-
phique privilégiée et l’expérience acquise dans la prise en charge times présente quelques spécificités.
de ce type de blessés, le CTBRC de l’Hôpital d’instruction des Personnel. Au personnel habituel d’un service d’urgence, il faut
armées (HIA) Percy (Clamart) représente actuellement la structure associer une ou deux personnes compétentes dans la mise en
de soins spécialisée de référence. œuvre des appareils de détection de la contamination.
Dans ces CTBRC, trois zones sont individualisées et adap- Protocole. Si les victimes sont admises après déshabillage
tées au risque de contamination éventuel : zone d’accueil et de et décontamination, les risques de contamination des per-
déshabillage, zone de décontamination et zone de traitement sonnels et des installations sont nuls. Si les victimes sont
(réanimation avec ou sans chirurgie). Elles se font suite, tout admises après déshabillage uniquement, le risque de contami-
retour en arrière devant être impossible (respect d’une marche en nation du personnel et des installations est faible mais non
avant). Elles sont toutes munies d’un dispositif de récupération nul :
des déchets contaminés. • le personnel est protégé au minimum par le port d’un masque
Zone d’accueil, triage et déshabillage. Cette zone est la chirurgical et deux paires de gants ;
première dans laquelle les victimes sont admises. Elle doit per- • les tables d’opération ou les lits sont protégés par du vinyle ;
mettre un examen médical rapide, une réanimation limitée et un • lorsque les gestes indispensables à la survie de la victime ont été
déshabillage des blessés. Cette zone est susceptible d’être la plus réalisés, une recherche et une localisation de la contamination
contaminée. sont effectuées ;

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• en cas de contamination de faible importance surfacique, une


décontamination sommaire à l’aide de compresses imbibées Portes d’entrée
de savon liquide ou de Ca-DTPA à 25 % est entreprise. Bien
qu’incomplète, elle est efficace ; Décontamination
Peau
• en cas de contamination plus importante, il faut, si l’état de la externe
victime le permet, entreprendre une décontamination en règle
(douche, etc.). Lavage
S’il n’a pas été entrepris auparavant, le traitement d’urgence de Parage Blessure
la contamination interne est mis en œuvre. Complexation

Accélération
Traitement de la contamination interne Insolubilisation
Digestif
Le traitement initial doit être entrepris le plus précocement pos- Inhibition de
sible, quel que soit le niveau d’intervention, sur simple suspicion. l’absorption

Complexation Élimination
Poumon

“ Point fort Lavage

Le traitement de la contamination interne est souvent mis


Dilution
en œuvre à l’aveugle sur simple présomption. isotopique Sang
Complexation

Cette attitude se justifie par l’absence de contre-indication


habituelle aux médicaments couramment utilisés ainsi qu’à la Saturation Organes
posologie généralement réduite en une administration unique ; Compétition de dépôt
de plus, on ne connaît pas d’interférence de ces produits avec
d’autres traitements.
La finalité de ce traitement est de réduire autant que faire se Complexation
peut la quantité de radionucléide incorporée et d’accélérer son
élimination en réduisant sa période biologique (notion de dose
engagée et de dose évitée). Figure 2. Principes de traitement de la contamination interne.
Le traitement d’urgence peut aisément être instauré si l’accident
se produit dans un site nucléaire, le service médical disposant des
différents produits spécifiques. Hors site ce traitement doit être dif-
féré pour être conduit à l’hôpital. Cela implique de renseigner très Complexation. C’est l’administration d’une molécule qui a trois
rapidement le service d’accueil hospitalier afin qu’il puisse se pro- propriétés :
curer en urgence les produits adéquats. Les principes de traitement • capturer le radionucléide pour former avec lui un complexe
de la contamination interne sont résumés sur la Figure 2. stable ;
Le traitement de la contamination interne peut être appliqué • être transférable rapidement ;
à la porte d’entrée du produit contaminant, dans le comparti- • être tout aussi rapidement et massivement éliminée, par voie
ment d’échange que constitue le compartiment sanguin et enfin urinaire.
dans le ou les organe(s) de dépôt du radionucléide. Les moyens Elle aboutit à détourner des organes de dépôt et à éliminer par
de traitement aux portes d’entrée ont le double but de dimi- voie urinaire rapide un radiotoxique qui, sans cela, aurait effectué
nuer la contamination interne locale (phase peu transférable de un séjour beaucoup plus long dans l’organisme.
la contamination) et d’éviter une contamination profonde ulté- Le Ca-DTPA est un agent complexant particulièrement pré-
rieure (phase transférable de la contamination). conisé lors des risques de contamination interne. C’est une
molécule très peu toxique, complexant les cations bi- à penta-
À la porte d’entrée valents, et d’élimination rapide. Le moyen le plus simple est
Décontamination externe de la peau. Elle doit être douce et l’irrigation de la plaie au moyen d’une ampoule injectable de
ne pas « incruster » l’agent contaminant dans la peau afin de ne pas solution de Ca-DTPA hypertonique à 25 % qui va permettre
transformer une contamination externe en une contamination de complexer un certain nombre de radionucléides, au pre-
interne. Elle fait appel à des lavages non agressifs, éventuellement mier rang desquels les transuraniens. Son caractère tensioactif
avec un complexant mais surtout avec un agent tensioactif qui, permet en outre de le recommander à la place de savons,
étant éliminé mécaniquement, entraîne le contaminant avec lui. même sur d’autres contaminants, en cas de contamination
Il peut également être fait appel à des pâtes de fixation qui, cutanée.
après leur application, entraînent le contaminant dans leur éli- Au niveau oculaire, l’irrigation au moyen d’une solution de
mination mécanique. La décontamination cutanée doit rester Ca-DTPA diluée à 10 % est une méthode employée même si elle
« raisonnable ». Il n’est, en particulier, pas question de pratiquer n’a pas actuellement d’autorisation de mise sur le marché (AMM)
des décontaminations itératives qui tendraient à perméabiliser pour cette indication.
la peau au risque de faciliter une contamination interne par Au niveau du tractus digestif, lors d’une contamination
passage transcutané. L’objectif est d’éliminer les quantités impor- par ingestion.
tantes de radionucléide qui entraîneraient une irradiation locale Accélération du transit intestinal. L’accélération du transit intesti-
significative ou un contaminant qui, facilement mobilisable et nal raccourcit évidemment le temps de séjour du radionucléide,
remis en suspension, pourrait se transformer en contamination donc l’irradiation ainsi que le temps disponible pour son trans-
interne. fert digestif. Cette accélération, obtenue par des laxatifs, doit
Au niveau des blessures. cependant répondre à des objectifs de bon sens, au premier rang
Lavage et parage. Ils font appel aux techniques habituelles de desquels la douceur doit figurer. Il n’est pas envisageable qu’un
la chirurgie des plaies. La difficulté est certainement de mener traitement agressif érode les muqueuses au risque de favoriser un
des mesures peropératoires destinées à estimer l’efficacité de la passage intempestif vers le milieu intérieur.
décontamination et de fixer le but raisonnable à atteindre par ces Insolubilisation. L’insolubilisation dans la lumière intestinale
techniques. Il n’est pas licite d’imposer des délabrements impor- vise à diminuer le transfert vers le compartiment sanguin. Elle
tants pour une contamination résiduelle modeste. est utilisée dans le cas particulier du césium (dont le 134 Cs

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Risque radiologique : prise en charge médicale des victimes d’accidents radiologiques  24-127-B-20

et surtout le 137 Cs qui sont tous deux des produits de fission de grandes quantités de produits de fission au premier rang des-
particulièrement redoutables) qui est un élément très transfé- quels figurent les isotopes radioactifs de l’iode. Ce traitement,
rable, qui se répartit très rapidement dans l’organisme entier, autrefois constitué par la prise de comprimés d’iodure de potas-
comme le potassium. Son insolubilisation à la porte d’entrée cuta- sium (KI) à 130 mg (AMM depuis 1997), a été remplacé par une
née surviendrait trop tardivement pour empêcher sa diffusion. galénique plus adaptée pour l’enfant constituée de comprimé
Mais, au cours de son séjour dans l’organisme, le césium a un quadrisécable à 65 mg de KI. Ce traitement est exclusivement
cycle entéroplasmatique permanent. L’administration de ferro- produit par la Pharmacie centrale des armées et bénéficie d’une
cyanure de potassium (bleu de Prusse), insoluble, per os, piège AMM dans cette indication depuis 2009. En pratique, la posolo-
dans la lumière intestinale le césium et interrompt ce cycle. Le gie d’administration est de : deux comprimés pour l’adulte, un
complexe formé reste insoluble et il est éliminé par voie fécale comprimé pour l’enfant, un demi comprimé pour le nourrisson
en 48 heures. L’utilisation du bleu de Prusse dans le cadre du et un quart de comprimé pour le nouveau-né. Cette posologie
traitement d’une contamination interne fait l’objet en France d’administration est à l’heure actuelle encore débattue au niveau
d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) à la différence européen dans le but d’une harmonisation.
des États-Unis où la Radiogardase® bénéficie déjà d’une AMM Bien que l’efficacité des comprimés de KI soit optimale lorsque
depuis 2003. la prise se fait avant la contamination par le radionucléide, il est
Inhibition de l’absorption. L’inhibition de l’absorption par tapis- acquis qu’un traitement même tardif conserve une relative effica-
sage des muqueuses peut faire appel à des alginates ou au cité. Idéalement le comprimé de KI doit être pris deux heures avant
phosphate d’alumine. l’exposition au nuage radioactif afin d’atteindre une efficacité
Au niveau bronchopulmonaire. Lors d’une contamination optimale. Cette mesure réduit de 98 % l’irradiation de la thyroïde
par inhalation, les actions traumatisantes comme le lavage bron- par les isotopes radioactifs de l’iode inhalés. Cette chronologie
chique sont maintenant proscrites. L’utilisation d’un complexant n’est pas irréaliste, puisque la conception des réacteurs nucléaires
comme le Ca-DTPA est actuellement recommandée car, comme occidentaux permet de retenir des scénarios d’accident à ciné-
pour les plaies, ce produit va faciliter le transit des radionucléides tique lente avec des rejets éventuels tardifs. Le traitement peut
dans l’organisme et finalement leur excrétion rénale. De ce fait, encore être administré une heure après le contact avec le radionu-
il a été réalisé une forme inhalable de DTPA avec des capsules à cléide. En revanche, au-delà de 4 heures à 6 heures, il semble que
utiliser avec un inhalateur permettant une pénétration bronchoal- l’efficacité s’estompe de façon importante (réduction seulement
véolaire profonde du produit. Le développement de cette forme de 50 % de l’irradiation). En pratique, la prise est unique. Si les
sèche (dry powder), plus efficace, réunit dans le cadre d’un contrat rejets d’iodes radioactifs se prolongent, une deuxième prise de KI
de recherche européen le Service de santé des armées et le CEA en peut être ordonnée pour maintenir un blocage de la thyroïde suffi-
vue de l’obtention de l’AMM. sant. Cette seconde prise doit être évitée chez les femmes enceintes
Dans le compartiment d’échange (compartiment sanguin) et les enfants de bas âge qui doivent par conséquent faire l’objet
d’une évacuation prioritaire de la zone contaminée. Néanmoins,
Dilution isotopique. La dilution isotopique au niveau san-
dans un contexte d’urgence comme celui de Fukushima, où les
guin consiste en l’apport d’un surplus important d’un isotope
expositions à l’iode radioactif pouvaient être répétées de manière
stable de l’agent contaminant. L’élimination, accélérée, du sur-
aléatoire avec une absence possible ou limitée dans le temps du
plus se fait indifféremment aux dépens des isotopes stables ou
port d’équipements de protection individuelle, il apparaît néces-
radioactifs, appauvrissant progressivement la concentration en
saire de réfléchir à la stratégie de prise d’iode pour les équipes
radio-isotopes dans l’organisme. Cette dilution isotopique est
d’intervention mais également pour les personnes ne pouvant
mise en œuvre dans le traitement des contaminations par l’eau
être évacuées hors de la zone contaminée [11] . Dans le cas de ces
tritiée. La période biologique de l’eau (tritiée ou non) est d’environ
expositions prolongées, l’administration de doses répétées semble
12 jours. La consommation de trois litres d’eau de boisson par jour
indiquée et pourrait être poursuivie à une posologie adaptée et
ramène cette période à trois jours. Des traitements plus agressifs
suffisante (15 mg de KI) [12] pour préserver un blocage du captage
visant à éliminer l’eau tritiée (diurétiques, voire dialyse rénale) ne
par la thyroïde d’au moins 90 %, tout en garantissant un risque
sont pas nécessaires.
d’effets adverses le plus faible possible. Toutefois, les conditions
Complexation. La complexation au niveau sanguin par le
d’administrations réitérées de KI méritent encore d’être claire-
Ca-DTPA reste une méthode de choix pour de nombreux radionu-
ment établies. Cette stratégie porte alors le nom de compétition.
cléides (cations bi- à pentavalents). Elle constitue le seul moyen
Complexation. Au niveau de l’organe de dépôt, on ne dis-
d’atteindre un radiocontaminant avant que ce dernier ne se
pose pas de chélateurs capables d’entrer dans la cellule sans
trouve, au niveau des organes de dépôt, hors d’atteinte des théra-
présenter une cytotoxicité importante. On considère donc que
peutiques proposées. Son efficacité a été récemment confirmée
les radionucléides fixés à ce niveau sont hors d’atteinte. Il existe
à la posologie de 0,5 g/j en intraveineuse lente/24 h puis 0,5 g
toutefois un « relargage » très progressif du contaminant par le
intraveineux trois fois par semaine pendant trois semaines puis
tissu (cas du plutonium 239) qui justifie des traitements prolon-
ajustement en fonction de l’excrétion urinaire [10] .
gés par le DTPA afin de chélater cet élément lors de son passage
Pour l’élimination de l’uranium, on utilise la complexation
dans l’organe d’échange pour le « décorporer » progressivement.
selon deux méthodes :
Un traitement même tardif conserve donc encore une relative
• complexation de l’uranium au niveau sanguin avec les bicarbo-
efficacité, mais ce processus très lent (lorsqu’il existe) renforce la
nates, mais ces complexes sont d’une stabilité moyenne, et sont
nécessité d’intervenir avant ce phénomène d’accumulation tissu-
cassés lors de la réabsorption des bicarbonates dans le néphron.
laire du radionucléide.
Le traitement consiste donc à saturer l’organisme en bicarbo-
nates, donc à inhiber cette réabsorption (pose de perfusion de
solutés bicarbonatés) ; Stratégie thérapeutique
• l’autre traitement consiste à administrer de l’acétazolamide
La stratégie thérapeutique de départ est la suivante :
(Diamox® ), diurétique inhibiteur de l’anhydrase carbonique
• lavage–parage des plaies ;
qui commande la réabsorption des bicarbonates.
• irrigation d’une plaie avec une solution de DTPA ;
Dans l’organe de dépôt • traitements généraux associés :
Saturation. La saturation constitue le traitement par excel- ◦ DTPA (systématiquement), intraveineuse lente,
lence de la contamination au niveau de l’organe de dépôt. Ce ◦ iodure de potassium (en cas de contamination par des iso-
traitement s’adresse aux contaminations par des isotopes radioac- topes radioactifs de l’iode), per os,
tifs de l’iode. Il consiste à amener préventivement une quantité ◦ bleu de Prusse (en cas de contamination par les isotopes
importante d’iode stable avant même la contamination, pour radioactifs du césium), per os,
occuper tous les sites fixant de l’iode. Ce traitement préventif ◦ eau.
est à la base des contre-mesures qui se mettent en place aux La poursuite d’un traitement à long terme d’une contamina-
niveaux nationaux en cas d’accident de réacteur nucléaire. Ce tion interne est à discuter en fonction de la quantité du ou des
type d’accident pourrait être en effet à l’origine de dégagement radionucléides incorporés et de leur nature.

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24-127-B-20  Risque radiologique : prise en charge médicale des victimes d’accidents radiologiques

Le bilan dosimétrique d’une contamination interne n’est pas Tableau 1.


une urgence et sa réalisation ne doit pas retarder la conduite du Lésions cutanées en fonction des doses reçues en exposition aiguë.
traitement. Il est effectué en milieu spécialisé au vu des résultats Dose en grays Effets observés
des examens destinés à évaluer l’importance de la contamina-
tion (anthroporadiamétrie et/ou analyses radiotoxicologiques sur > 25 Nécrose dermique et hypodermique
excrétas). Il permet d’établir la dose résultant de l’accident, appe- > 20 Ulcération
lée dose engagée, ainsi que le bénéfice obtenu grâce au traitement, > 15 Épidermite exsudative avec phlyctènes
appelé dose évitée. Ces éléments dosimétriques sont exprimés en
>6 Épidermite sèche
mSv :
• bilan biologique dont l’objectif dans le cas d’une contamina- >4 Épilation
tion est de pouvoir objectiver et quantifier la contamination 3–5 Érythème a
interne, identifier les radionucléides, suivre l’efficacité du trai- a
Pour toute dose supérieure à 5 Gy, un érythème survient de façon initiale et
tement et effectuer des calculs dosimétriques. Il s’agit des temporaire et peut être associé à une infiltration œdémateuse qui peut persister
prélèvements des selles et des urines de la victime associés, jusqu’à l’installation des lésions définitives.
éventuellement, au prélèvement du mucus nasal. Devant une
victime contaminée, un prélèvement sanguin a souvent peu consignée la description précise des circonstances de l’accident,
d’intérêt et ne doit pas être pratiqué en première intention ; l’analyse des paramètres physiques de l’accident (nature de
• recueil de renseignements dont l’objectif est d’assurer une la source, type de rayonnement, dose, débit de dose, durée
bonne traçabilité des opérations réalisées tout en renseignant d’exposition, distance et position par rapport à la source et aux
les équipes soignantes qui réceptionnent les victimes. Tout écrans), ainsi que le recueil d’éventuels éléments dosimétriques
blessé évacué sur un hôpital est muni d’une fiche de rensei- complémentaires (dosimètres passif et/ou opérationnel) qui per-
gnements médicaux. Dans le cas d’une radiocontamination, mettent d’obtenir une dosimétrie physique.
cet état doit être complété par une fiche « radiologique ». Cette
fiche comporte au moins l’heure de l’accident, l’exposition Signes cliniques
associée à des rayonnements pénétrants, le(s) radionucléide(s) Ils sont le reflet de l’atteinte des différents tissus : signes cuta-
susceptible(s) d’avoir été incorporé(s), leur quantité, leur forme nés en cas d’irradiation localisée (syndrome d’irradiation aiguë
et solution chimique, les produits chimiques associés, le localisée), signes hématologiques, gastriques, respiratoires et neu-
traitement d’urgence entrepris, les prélèvements effectués, rologiques en cas d’irradiation globale (syndrome d’irradiation
les coordonnées des personnes présentes au moment de globale aiguë). Ces signes sont importants à rechercher car ils
l’accident... apparaissent d’autant plus précocement que les doses reçues sont
élevées et concernent une grande partie du corps. Leur évolution
dans le temps est également un paramètre important à suivre. Ces
Prise en charge de l’irradiation signes cliniques constituent une véritable dosimétrie clinique qui
permet d’approcher rapidement la dose reçue.
Principes de la prise en charge médicale :
Examens biologiques
urgence au diagnostique
Deux examens biologiques sont essentiels afin d’établir une
La prise en charge de blessés irradiés n’impose aucune précau- dosimétrie biologique : la numération–formule sanguine (NFS)
tion particulière pour le personnel soignant excepté si la source est et la numération des aberrations chromosomiques par cytogé-
encore présente sur le lieu de l’accident. Dans ce cas, les équipes nétique conventionnelle. Les lymphocytes étant les cellules les
d’intervention doivent disposer de moyens dosimétriques de sur- plus radiosensibles, une NFS (5 ml sur tube EDTA) la plus pré-
veillance et d’alerte (dosimètres opérationnels) et mettre en œuvre coce possible est indispensable car la pente de chute du nombre
les principes de protection par le temps, les écrans et la distance. des lymphocytes circulants dans les 24 à 48 premières heures est
directement proportionnelle à la dose reçue. Le prélèvement des-
tiné à la recherche des aberrations chromosomiques (2 × 5 ml de
sang sur héparinate de lithium) doit être aussi effectué systé-

“ Point fort matiquement de façon précoce et horodaté. Il doit parvenir à


l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) sous
24 heures, à température ambiante. En l’état actuel des connais-
sances, la recherche des aberrations chromosomiques est l’examen
Un irradié n’irradie pas. Il n’y a donc pas de précaution par-
de dosimétrie biologique le plus sensible et le plus spécifique d’une
ticulière à prendre pour le personnel soignant et le patient irradiation.
peut être pris en charge dans une structure classique.
Prise en charge d’une irradiation localisée
Syndrome d’irradiation aiguë localisée
Contrairement à la contamination, l’urgence n’est pas théra-
peutique mais diagnostique. En effet, pour l’irradiation, la priorité Les conséquences cliniques d’une irradiation localisée
est donnée à l’évaluation de la dose reçue et des dommages bio- dépendent directement de la nature des organes et des tis-
logiques associés qui conditionnent directement le pronostic et sus concernés. Un élément reste cependant constant : l’atteinte
guident la conduite thérapeutique. Cette dose reçue peut être de la peau. La brûlure radiologique caractérisant ce syndrome
approchée au moyen d’éléments de dosimétrie clinique, phy- d’irradiation aiguë localisée est une lésion cutanée causée par des
sique et biologique. Bien évidemment, en cas de détresse vitale, rayonnements ionisants très pénétrants (photons gamma ou X et
l’urgence conventionnelle prime toujours sur l’urgence radiolo- rayonnements bêta-énergétiques) dont les effets peuvent ne pas
gique. se limiter au seul tissu cutané.
Lors d’un accident d’irradiation, il convient donc de confirmer Les lésions cutanées, qui vont de l’érythème à la nécrose, sont
l’irradiation, de la caractériser (irradiation localisée ou globale) la parfaite illustration des effets déterministes de l’irradiation ;
et de définir le plus rapidement possible les critères de gravité. leur survenue est systématique au-dessus d’une dose seuil et
Ce diagnostic de gravité repose sur le trépied anamnèse, signes leur gravité est directement proportionnelle à la dose absorbée
cliniques et dosimétrie biologique ; éléments d’enquête à recher- (Tableau 1).
cher sur le lieu même de l’accident au risque d’être définitivement Dans les irradiations graves, pour lesquelles la dose absorbée est
perdus. supérieure à 25 Gy et donc la nécrose inéluctable, l’évolution des
lésions peut dépasser le seul plan cutané avec atteinte des tissus
Anamnèse sous-jacents (nécrose musculaire et ostéoradionécrose).
L’interrogatoire est une urgence. Il est nécessaire de remplir La brûlure radiologique se caractérise par son évolution dyna-
pour chaque victime une fiche radiologique dans laquelle est mique et imprévisible dans le temps et l’espace avec des poussées

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inflammatoires successives et des reprises de nécrose parfois plu-


sieurs années après l’accident. Elle est le fait de processus inflam-
matoires fibro-ischémiants associés à des altérations cellulaires.
Sur le plan clinique, deux éléments sont importants à évaluer :
“ Point fort
l’érythème et la douleur. Le traitement d’une irradiation localisée avec risque de
• L’érythème est une manifestation initiale transitoire incons-
nécrose repose sur la chirurgie précoce guidée par la
tante mais très fréquente. Cette réaction apparaît dans les suites
de l’exposition et ne persiste que quelques heures. Il est donc reconstruction et associée à la thérapie cellulaire. Ce trai-
important de la rechercher à l’interrogatoire et à l’examen car tement de référence (gold standard) ne peut être mené
elle témoigne d’une irradiation localisée significative. avec succès que dans des centres spécialisés comme l’HIA
• La douleur est intense, permanente, résistante aux opiacés mais Percy en France.
peut être soulagée par les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
À ce titre, elle constitue un excellent signe fonctionnel prédictif
de l’évolution. Tableau 2.
Syndromes généraux et doses correspondantes en irradiation globale
Traitement des irradiations localisées
aiguë.
La brûlure radiologique est une entité spécifique qui se différen-
cie totalement de la brûlure thermique de par son génie évolutif Dose en grays Effets observés
qui rend son traitement difficile. > 15 Syndrome neurologique d’emblée avec troubles de
Depuis plus de dix ans, l’HIA Percy à Clamart détient une exper- conscience puis coma et décès
tise mondialement reconnue dans la prise en charge de ce type
10–15 Détresse respiratoire avec hémoptysies
de blessé. Le traitement « conventionnel » de ces lésions cutanées
radio-induites consistait en des parages larges et itératifs des tis- 5–10 a Syndrome digestif suivi par un syndrome
sus atteints associés à des couvertures secondaires des pertes de hématologique pour les survivants
substances ainsi créées par des techniques classiques de chirurgie 1–5 b Syndrome hématologique
plastique (greffes et lambeaux cutanés). a
Au-delà de 5 Gy, risque de l’apparition d’un syndrome de défaillance multivis-
L’évolution des lésions traitées par cette approche chirurgicale cérale (SDMV) avec décès possible du fait de l’accumulation des troubles malgré
conventionnelle a malheureusement été le plus souvent défavo- le contrôle thérapeutique ponctuel de certains d’entre eux.
b
rable en raison de l’absence de limites dosimétriques fiables de Au-delà de 3 Gy, le pronostic vital est engagé. En l’absence de traitement, une
la zone irradiée conduisant souvent à un parage incomplet, de dose de l’ordre de 4,5 Gy provoque une létalité de 50 % dans une population.
parages chirurgicaux itératifs qui relancent les processus inflam-
matoires et conduisent à une extension de la nécrose et d’une certains systèmes cibles de l’organisme (syndrome hématopoïé-
couverture secondaire compromise par le lit de la brûlure radiolo- tique, syndrome gastro-intestinal et syndrome neurovasculaire).
gique qui n’offre pas les conditions de cicatrisation requises pour L’apparition de ces différents syndromes est conditionnée, d’une
les greffes cutanées. part, par la dose reçue, et, d’autre part, par la radiosensibilité de ces
Depuis 2005, une nouvelle approche thérapeutique, fruit de ces différents systèmes. Ainsi, la moelle osseuse est la plus radiosen-
échecs, s’est progressivement développée puis imposée comme sible, suivie par le système gastro-intestinal. Le système nerveux
traitement de référence préconisé par l’Agence internationale de central est lui caractérisé par une radiorésistance organique mais
l’énergie atomique (AIEA) : le traitement chirurgical précoce guidé une grande radiosensibilité sur le plan fonctionnel.
par la reconstruction dosimétrique et la chirurgie réparatrice asso- L’évolution clinique comprend classiquement quatre phases.
ciée à la thérapie cellulaire [13] . Chacune des trois premières phases est d’autant plus courte et
Cette chirurgie d’exérèse précoce consiste au parage de tous les son intensité d’autant plus grande que la dose reçue a été élevée.
tissus ayant reçu une dose supérieure à 25 Gy (courbes isodoses • Le syndrome initial ou phase prodromique dure de quelques
rapportées sur des images par scanner ou résonance magnétique heures à 48 heures au maximum. Il est caractérisé notam-
[IRM]) alors même que ces tissus apparaissent tout à fait sains aux ment par l’apparition de symptômes aspécifiques (nausées,
yeux du chirurgien. Cette reconstitution dosimétrique est réalisée vomissements, anorexie, asthénie, céphalées, hyperthermie)
actuellement par l’IRSN par différents moyens : fantômes anthro- qui apparaissent d’autant plus rapidement et avec d’autant plus
pomorphes, modèles de calculs numériques de type Monte-Carlo d’intensité que la dose reçue est élevée. L’analyse de ces signes
ou par résonance paramagnétique électronique (RPE) sur des pré- cliniques est un des facteurs essentiels pour le diagnostic et le
lèvements biologiques (ongles, émail dentaire, esquille osseuse) premier tri en cas d’afflux massif de victimes.
ou des matériaux (bouton de chemise, verre de montre). • La phase de latence, cliniquement muette, dont la durée est
Lorsque la reconstitution dosimétrique n’est pas réalisable (cir- d’autant plus courte que la dose est élevée (7 à 21 j en moyenne,
constances de l’accident mal définies), la chirurgie de couverture phase absente pour les très fortes doses).
secondaire est toujours combinée à la thérapie cellulaire par • La phase critique ou d’état, durant laquelle se manifestent les
injections in situ de cellules souches mésenchymateuses (CSM) conséquences cliniques des atteintes tissulaires (Tableau 2) :
autologues. ◦ le syndrome hématopoïétique (doses supérieures à 1 Gy)
Ces CSM, obtenues à partir de prélèvements de moelle osseuse se caractérise par une aplasie médullaire avec pancytopé-
autologue après une expansion in vitro de 15 jours environ, pro- nie dont les conséquences peuvent menacer la survie de
duiraient localement des cytokines et des facteurs de croissance l’individu, lors du premier mois, du fait du risque important
qui auraient un rôle immunomodulateur dans le contrôle des d’infections et d’hémorragies ;
manifestations inflammatoires qui caractérisent la brûlure radio- ◦ le syndrome gastro-intestinal (doses au-delà de 5 Gy) se
logique. En fait, tout se passe comme si « la chirurgie apportait la caractérise par l’apparition de douleurs abdominales, de
pierre de la reconstruction et la thérapie cellulaire le ciment » [14] . vomissements, de diarrhées conduisant à une dénutrition
et à des pertes liquidiennes sévères. La dénudation progres-
sive de l’épithélium intestinal peut entraîner des hémorragies
Prise en charge d’une irradiation globale
digestives voire des septicémies par rupture de la muqueuse
Syndrome d’irradiation globale aiguë intestinale. Il peut entraîner la mort en 1 à 2 semaines ;
Le syndrome d’irradiation globale aiguë (SIGA) n’apparaît ◦ le syndrome neurovasculaire (doses supérieures à 15 Gy) se
qu’après une irradiation du corps entier à forte dose. Son impor- caractérise par une désorientation temporospatiale, des crises
tance dépend non seulement de la dose absorbée totale (fonction convulsives et un coma en relation avec l’œdème cérébral,
de la durée de l’irradiation et du type de rayonnement), mais aussi ainsi qu’une hypertension intracrânienne et une anoxie céré-
de la distribution de cette dose dans l’organisme. brale. Ce syndrome est létal en moins de deux jours.
Sur le plan clinique, le SIGA est une combinaison de plusieurs • La phase de récupération à dose infralétale qui peut durer plu-
syndromes, ensemble de symptômes résultant de l’atteinte de sieurs mois.

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Figure 3. Principaux signes cliniques après


Dose absorbée probable > 15 Gy 8 à 15 Gy 4 à 8 Gy 2 à 4 Gy 1 à 2 Gy < 1 Gy irradiation dans les 24 premières heures
(d’après [17] ).
Début des prodromes Premières minutes 30 min à 1 h 1 h à 2 h >2h

Détresse circulatoire

Convulsions

Désorientation

Obnubilation

Érythème

Œdème précoce

Diarrhée

Hyperthermie

Céphalées

Asthénie

Nausées
Vomissements

Parotidite
Apparition dans les 24 heures
Érythème précoce

Grade III II I

Intensité des signes +++ ++ + ± –

Classification METREPOL et traitement des irradiations • RC 1 : guérison certaine. Thérapie de soutien à la gué-
globales rison (antalgiques, antiémétiques, antispasmodiques, anti-
Les symptômes résultant d’une irradiation globale accidentelle œdémateux, antibiothérapie, support nutritionnel, ...) – Soins à
n’ont pas de spécificité marquée. Afin de débuter un traitement domicile ou hospitalisation dans un centre hospitalier général.
adapté, il est indispensable d’évaluer au plus vite les atteintes • RC 2 : guérison probable. Thérapie de soutien + thérapie de sub-
physiopathologiques. Le principe de ce système d’évaluation stitution (transfusion d’éléments sanguins) – Hospitalisation
des dommages radio-induits a été développé par un groupe dans une structure hospitalière disposant de consultations
d’experts internationaux, au sein d’une action concertée appelée d’hématologie, de neurologie et de dermatologie.
« MEdical TREatment ProtocOLs for radiation accident victims as a • RC 3 : guérison possible. Administration au plus tôt de facteurs
basis for a computerised guidance system » (METREPOL). Les critères de croissance : granulocyte-colony stimulating factor et keratinocyte
d’évaluation de la gravité initiale du syndrome aigu d’irradiation growth factor pendant 14 à 21 jours, complétés éventuellement
retenus sont ceux décrits dans le manuel : Medical management of par d’autres cytokines (thrombopoïétine, érythropoïétine et
radiation accidents – Manual on the acute radiation syndrome [15] . stem cell factor) – Hospitalisation dans un service d’hématologie
L’approche METREPOL est fondée sur l’examen des symptômes disposant d’une unité de soins intensifs et de chambres
cliniques associés aux quatre principaux systèmes physiologiques d’isolement.
les plus critiques à la suite d’une irradiation aiguë accidentelle, • RC 4 : guérison difficile. Greffe allogénique de cellules souches
c’est-à-dire le système neurovasculaire (N), le système hémato- hématopoïétiques ; greffe dans tous les cas différée à trois
poïétique (H), le système cutané (C) et le système gastro-intestinal semaines chez les patients n’ayant pas répondu positivement au
(G). Pour chacun de ces systèmes physiologiques, un score allant traitement par cytokines et remplissant certains critères prédéfi-
de 1 à 4 est attribué suite à l’analyse semi-quantitative des symp- nis – Structure hospitalière disposant d’unités de soins intensifs
tômes observés. La combinaison du score dans les quatre systèmes et de thérapie cellulaire.
physiologiques permet alors d’attribuer à la victime un score de
sévérité de l’atteinte (Ni Hi Ci Gi ). Cette classification des dom- Stratégie en cas d’afflux important de blessés irradiés
mages radio-induits aboutit à la définition d’une catégorie de Dans le cas d’un accident ou d’un acte de terrorisme de grande
réponse (RC) dont le score de 1 à 4 équivaut à la valeur de l’indice ampleur, un nombre très important de victimes irradiées doit être
le plus élevé parmi les quatre systèmes. trié et traité dans l’urgence. Afin d’aider les équipes médicales non
Cette RC permet de faciliter les prises de décision dans la gestion spécialisées et impliquées dans la prise en charge initiale, une doc-
médicale du patient car elle conditionne directement à la fois la trine plus opérationnelle que la classification METREPOL a été
thérapeutique à instaurer et la structure hospitalière d’accueil. élaborée par des spécialistes lors d’une conférence de consensus
Cette classification doit être réévaluée à intervalles réguliers, des Vaux-de-Cernay en 2003 [16] .
afin de suivre l’évolution de l’état du patient (par exemple RC = 32d Le tri des irradiés accidentels dans une perspective thérapeu-
signifie que la catégorie de réponse coté 3 a été établie au 2e jour tique est fondé sur deux grands critères :
après l’exposition). La stratégie thérapeutique à adopter est alors • l’analyse des signes cliniques de la phase initiale (24 premières
la suivante. heures) du syndrome aigu d’irradiation (Fig. 3) [17] ;

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Risque radiologique : prise en charge médicale des victimes d’accidents radiologiques  24-127-B-20

• l’importance et la rapidité de la chute des lymphocytes sanguins est prescrit. Si le deuxième contrôle met en évidence une
dans les 24 à 48 premières heures. contamination résiduelle (contamination fixée), le patient
Une catégorisation simple des victimes en trois niveaux est est accompagné vers une structure adaptée pour décontami-
ainsi proposée en fonction de la sévérité du syndrome aigu nation fine et traitement de la contamination interne (PABRC
d’irradiation : par exemple) ;
• grade I : absence de risque létal, simple mise en observation, ◦ en cas de contrôle négatif, les victimes, après rhabillage, sont
traitement ambulatoire ; dirigées vers une cellule d’accueil pour la prise en charge
• grade II : risque létal (atteinte hématopoïétique de légère à psychologique.
sévère sans atteinte gastro-intestinale irréversible), traitement En ce qui concerne le contrôle des personnels ayant participé
à visée curative (admission en service d’hématologie ou de can- à l’intervention, les personnels ayant opéré en secteur chaud
cérologie) ; doivent, avant de le quitter :
• grade III : survie impossible (symptômes d’atteintes gastro- • se déshabiller ;
intestinales ou cérébrovasculaires irréversibles), traitement à • prendre une douche systématique ;
visée palliative (traitement symptomatique jusqu’à réévalua- • bénéficier d’un contrôle radiologique systématique ;
tion clinique à j4 ou j5 pour confirmer définitivement le • bénéficier d’un soutien psychologique.
caractère irréversible). Tous ces personnels doivent être répertoriés et faire l’objet d’un
En parallèle, il faut établir une check-list d’examens biologiques suivi particulier par le service de médecine du personnel. Une éva-
nécessaires à l’évaluation dosimétrique biologique et à la conduite luation de la dose reçue par ce personnel au cours de l’intervention
à tenir sur le plan thérapeutique : est obligatoire. Cette évaluation dosimétrique peut s’appuyer sur
• NFS toutes les quatre heures, au minimum toutes les huit heures des résultats individuels ou collectifs de dosimétrie opération-
(pour une évaluation précise de la pente de la chute lympho- nelle. La restauration des locaux et la récupération des déchets
cytaire) pendant les 48 premières heures puis deux fois par jour sont réalisées par des équipes spécialisées.
les jours suivants ;
• deux prélèvements à quatre heures d’intervalle pour la dosimé-
trie cytogénétique (recherche et dénombrement des aberrations Autres victimes concernées par l’accident
chromosomiques) à transmettre en urgence au laboratoire de (impliquées)
dosimétrie biologique de l’IRSN ;
• bilan complet et prétransfusionnel ; Les populations vivant à proximité du lieu de l’accident peuvent
• examen cytobactériologique urinaire, coproculture ; développer une inquiétude et des interrogations légitimes. Il en
• bilan inflammatoire ; va de même pour les différents intervenants d’une façon ou
• typage human leukocyte antigen (HLA) classe I et congélation des d’une autre dans la gestion de cet événement. Ces personnes
cellules pour typage classe II ; doivent bénéficier également d’un soutien psychologique et par-
• sérothèque en particulier pour le Flt3-ligand (bio-indicateur des fois, même si ce cas de figure ne constitue pas une urgence,
dommages hématopoïétiques radio-induits en situation acci- d’examens complémentaires spécifiques (comme une anthropo-
dentelle). radiamétrie) qui bien souvent permettent de les rassurer. Le SPRA
Sur le plan thérapeutique, le traitement est identique à celui et l’IRSN disposent d’installations mobiles d’anthroporadiamétrie
détaillé plus haut : qui peuvent renforcer les moyens locaux. L’exposition à des radia-
• le support transfusionnel classique de l’aplasie médullaire est tions ionisantes a cette particularité de ne pas nécessairement
d’une importance fondamentale dans ce contexte d’irradiation rendre concrète l’atteinte, ouvrant la voie à l’imaginaire. La fonc-
avec un grand nombre de victimes ; tionnalité du dispositif mis en place pour porter secours est le
• le traitement systématique par cytokines est indiqué le plus meilleur moyen de faire limite à des débordements émotionnels
rapidement possible pour tous les patients de grades II et III sauf désorganisateurs. Le déploiement d’une cellule d’urgence médi-
ceux présentant des signes neurologiques irréversibles (traite- copsychologique (CUMP) est le signe fort d’une attention portée
ment interrompu en cas de confirmation d’un grade III à j4 ou aux inquiétudes individuelles en même temps que le moyen
j5) ; d’apporter des soins spécifiques rapides dès qu’émerge un trouble
• l’indication de greffe de cellules souches hématopoïétiques ne psychiatrique. C’est enfin le moyen d’introduire le sujet dans une
doit pas être posée avant le 21e jour après l’irradiation et uni- logique de soins plus que d’isolement [18] .
quement pour les patients présentant une aplasie sévère sans
aucun signe de reprise (non-détection d’une hématopoïèse rési-
duelle sur les myélogrammes à j21), absence de signe clinique
d’atteinte gastro-intestinale ou pulmonaire et dosimétrie (phy-
sique ou biologique) indiquant une dose moyenne corps entier
de 10 Gy environ.
“ Point fort
La prise en charge psychologique des victimes blessées ou
non est particulière et doit être désormais connue du plus
 Prise en charge des victimes grand nombre.
non blessées
Victimes présentes sur le lieu de l’accident
La prise en charge des contaminés non blessés (suspects de  Conclusion
contamination) est effectuée au départ avec des équipes non médi-
cales. Cette prise en charge comprend trois étapes : La prise en charge médicale d’un blessé radiocontaminé répond
• mise à l’abri (dénombrement des personnes impliquées, orga- à un certain nombre de principes simples modulés par la gra-
nisation de l’évacuation) ; vité des lésions et par le type d’exposition. Ainsi, la gestion
• arrivée dans une chaîne de décontamination ou dans un centre médicale d’une contamination ou d’une irradiation obéit à des
de tri et de décontamination sommaire (CTDS). Les CTDS sont logiques différentes qui imposent des priorités spécifiques parfois
utilisés pour le traitement des personnes valides susceptibles opposées :
d’avoir été contaminées ; • une victime contaminée impose des mesures de précautions
• déshabillage, décontamination externe par douche et détec- vis-à-vis du risque radiologique pour le patient et l’équipe soi-
tion : gnante. Le patient contaminé est exposé à l’apparition d’effets
◦ en cas de résultat positif (contamination supérieure à deux stochastiques, soit un risque à long terme (cancérogenèse, leu-
fois le bruit de fond), un nouveau passage à la douche cémies, etc.), mais paradoxalement la priorité est au traitement

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24-127-B-20  Risque radiologique : prise en charge médicale des victimes d’accidents radiologiques

qui doit être aussi précoce que possible. Cette prise en charge [5] Rapport sur les décès massifs : Situation actuelle, circonstances
médicale est relativement simple : déshabillage, décontamina- particulières, proposition, plan d’intervention spécifique du profes-
tion et traitement de la contamination interne ; seur D. Lecomte et du docteur D. de Penanster, 12 mars 2004.
• une victime irradiée n’impose aucune précaution particulière p. 81–3.
vis-à-vis du risque radiologique pour le patient ou l’équipe [6] Arrêté du 30 décembre 2005 relatif à la liste des établissements de santé
soignante. Le patient est exposé à l’apparition d’effets déter- de référence.
ministes, soit un risque à court terme, mais la priorité n’est [7] Décret no 2005-1764 du 30 décembre 2005 relatif à l’organisation du
pas le traitement mais l’évaluation dosimétrique car c’est elle système de santé en cas de menace sanitaire grave.
qui conditionne la stratégie thérapeutique et le pronostic. [8] Guide national relatif à l’intervention médicale en cas d’événement
nucléaire ou radiologique, consultable sur le site internet de l’ASN :
En revanche, la thérapeutique est généralement complexe et
www.asn.fr/index.php/S-informer/Publications/Guides-pour-les-
relève le plus souvent d’une prise en charge pluridiscipli-
professionnels/Situation-d-urgence/Guide-national-d-intervention-
naire en milieu spécialisé (services d’hématologie, de chirurgie medicale-en-cas-d-evenement-nucleaire-ou-radiologique.
plastique, centre de traitement des brûlés, unité de thérapie [9] Amabile JC, Michel X, Rotger C, Entine F, Cazoulat A,
cellulaire et appui d’organismes experts). Laroche P, et al. Le CTBRC : un concept spécifiquement français.
L’actualité récente des événements survenus à la centrale de Urgence pratique – Journée NRBC-E de l’École du Val-de-
Fukushima au Japon a démontré l’importance capitale d’analyser, Grâce « Les réponses aux menaces terroristes, 2011;(no hors série):
d’évaluer et de gérer le risque radiologique. Cette connaissance 9–11.
scientifique et ce savoir-faire pratique sont détenus en France par [10] Grappin L, Legoff JP, Carbone L, Courtay C, Agrinier AL, Aninat
quelques institutions parmi lesquelles se distingue le Service de M, et al. Traitement par le Ca-DTPA des contaminations internes
santé des armées dont les compétences sont reconnues sur le par le plutonium et l’américium : recommandations pour la rédac-
plan international. Cet acteur clé du dispositif national contre tion de protocoles dans les centres CEA et AREVA. Radioprotection
les risques NRBC-E permet, à travers des collaborations civilomili- 2009;44:447–61.
taires, d’améliorer la sensibilisation, la préparation et la formation [11] CODIRPA. Post-accidentel nucléaire 2011, Les avancées du
des établissements comme des personnels de santé, qui seront un CODIRPA : « La préparation à la gestion post-accidentelle d’un acci-
jour inéluctablement engagés en cas d’accident radiologique ou dent nucléaire : les recommandations du CODIRPA ». Paris, 5 et 6 mai
nucléaire de grande ampleur sur le territoire national. 2011.
[12] Bohand X, Schoulz D, Bohand S, Michel X, Bardot S, Laroche P.
Iodure de potassium : modalités pratiques d’utilisation dans un contexte
Remerciements : les auteurs remercient pour leurs aides et leurs conseils le d’urgence. Urgence pratique – Journée NRBC de l’École du Val-de-
docteur Daniel Schoulz (Commissariat à l’énergie atomique/Direction des appli- Grâce, 2011;(n◦ hors série):43–6.
cations militaires [CEA/DAM]) et le Lieutenant de vaisseau (R) Pascal Doussot. [13] Lataillade JJ, Doucet C, Bey E, Carsin H, Huet C, Clairand I, et al.
New approach to radiation burn treatment by dosimetry-guided surgery
combined with autologous mesenchymal stem cell therapy. Regen Med
 Références 2007;2:785–94.
[14] Bey E, Doucet C, Duhamel P, Brachet M, Prat M, Bargues L, et al. Brû-
[1] Rapport de l’Académie des sciences. L’accident majeur de Fukushima : lure par irradiation : « approche thérapeutique innovante ». Ann Chir
considérations sismiques, nucléaires et médicales. Groupe de travail Plast Esthet 2010;55:354–62.
présidé par Alain Carpentier avec Étienne-Émile Beaulieu, Édouard [15] Fliedner TM, Friesecke I, Beyrer K. Medical management of radia-
Brézin et Jacques Friedel. Paris: EDP Sciences; 2012. 87p. tion accidents. Manual on the acute radiation syndrome. London: The
[2] Laroche P, de Carbonnières H, Collection Médecine des risques Ter- British Institute of Radiology; 2001.
rorisme radiologique. Paris: Elsevier; 2004, 120p. [16] Conférence de consensus des Vaux de Cernay de mai 2003 : Straté-
[3] Circulaire no 800/SGDSN/PSE/PPS du 18 février 2011, relative à la gie thérapeutique des irradiations accidentelles. Rapport d’activité de
doctrine nationale d’emploi des moyens de secours et de soins face à l’IRSN, 2003.
une action terroriste mettant en œuvre des matières radioactives. [17] Guiraud R. Les professions de santé et l’exposition de l’homme aux
[4] Code de la santé publique. Partie réglementaire – Première partie – rayonnements ionisants, Université Paul-Sabatier, EDF, Centrale de
LIVRE III – Titre III – Chapitre III – Section 6 : Situation d’urgence Golfech/SFEN, 1992.
radiologique et d’exposition durable aux rayonnements ionisants – [18] Boisseaux H, Laroche P, de Carbonnières H, Foehrenbach H.
Sous-section 3 : Intervenants en situation d’urgence radiologique. Art. L’agression radionucléaire. Impact psychologique et prise en charge.
R. 1333-86. Med Nucl 2006;30:464–70.

P. Laroche, Professeur agrégé du Val-de-Grâce, ancien titulaire de la chaire d’imagerie médicale appliquée aux armées et risque radionucléaire (laroche-
pierre@free.fr).
Direction médicale, Groupe AREVA, 33, rue La-Fayette, 75009 Paris, France.
G. Gagna, Praticien confirmé en radioprotection.
Bureau de radioprotection médicale, Service de protection radiologique des armées, 1 bis, rue du Lieutenant-Raoul-Batany, 92141 Clamart cedex, France.
X. Castagnet, Médecin du travail.
Centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine (CESTA) du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), B.P. n◦ 2, 33114 Le Barp, France.
J.-C. Amabile, Professeur agrégé du Val-de-Grâce.
Bureau de radioprotection médicale, Service de protection radiologique des armées, 1 bis, rue du Lieutenant-Raoul-Batany, 92141 Clamart cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Laroche P, Gagna G, Castagnet X, Amabile JC. Risque radiologique : prise en charge médicale des victimes
d’accidents radiologiques. EMC - Urgences 2014;9(2):1-12 [Article 24-127-B-20].

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Prise en charge et traitement des blessés contaminés ou irradiés.
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Premier bilan dosimétrique des intervenants de l'accident de Fukushima. Présentation en 2012 par l'Académie des sciences. Total
des personnels ayant accumulé des doses par voie externe et par contamination interne en mars et en avril 2011 à Fukushima
Dai-ichi.
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Traitement d'une radiodermite des deux mains (accident de gammagraphie industrielle) à l'Hôpital d'instruction des armées Percy
en 2008 : thérapie cellulaire par injection de cellules souches mésenchymateuses autologues à j66 + autogreffes de peau mince.
Main droite, à j9 (a), j43 (b), j109 (c). Main gauche, à j9 (d, g), j43 (e, h), j109 (f, i).
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Évolution du concept de Centre de traitement des blessés radiocontaminés (CTBRC).
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Notion de dose engagée et de dose évitée.
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Classification METREPOL.
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