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Cours de parodontologie 3e année médecine dentaire Oran le /02/2024

Les urgences en parodontologie


I-Introduction :

Le traitement d'urgence des problèmes parodontaux est un aspect important de toute pratique. En effet,
nombreux sont les patients qui consultent pour un abcès parodontal, une gingivorragie, une mobilité
dentaire... Soulager un patient passe avant tout par la mise en place d'un diagnostic correcte et par un plan de
traitement rigoureux.
Le chirurgien dentiste est souvent confronté lors de sa pratique quotidienne à de multiples cas d'urgence. En
parodontologie, les circonstances les plus fréquentes d'urgence sont :
L’abcès parodontal aigüe, les gingivorragies, la mobilité dentaire, la GUNA...
Quel serait le rôle du praticien face à ces situations ?
C'est d'abord soulager la douleur du patient et maîtriser l'infection. Pour cela, un examen clinique rigoureux
avec une bonne connaissance des différentes symptomatologies va lui permettre de bien poser son diagnostic
et de bien cibler sa thérapeutique.

II-Définition :

Le terme « urgence » décrit la survenue d’un phénomène aigüe douloureux nécessitant l’établissement d’un
diagnostic précis pour la mise en place d’un traitement rapide et adéquat.
Ces cas d'urgence sont :
- Abcès parodontal aigue,
- Syndrome de septum,
- Gingivorragies,
- Mobilité dentaire,
- Gingivite ulcéro-nécrotique,
- Péricoronarite.

A-Abcès parodontal aigüe :


Appelé également abcès latéral ou pariétal, il s'agit d'une inflammation purulente, localisée, située dans les
tissus parodontaux.

1-les étiologies :
Plusieurs facteurs peuvent être à l'origine de la formation d'un abcès parodontal. (Beer-gabel, 1973) (2). En
effet, il s'agit souvent d'une agression mécanique qui a pour effet d'entraîner une impossibilité de drainage
de la lésion. Cette agression pourrait être :
- Une obturation de l'extrémité d'une poche,
- Une blessure gingivale par une brossette, un cure dent ou une arête de poisson,
- Une détersion insuffisante lors d'un traitement d'une poche parodontale,
- Une perforation radiculaire après traitement endodontique ou un traumatisme auquel s'ajoute un facteur
microbien local.
2- Signes cliniques :
La gencive est rouge, œdémateuse, lisse et brillante ; douloureuse avec une sensibilité à la palpation et à la
percussion.
- Les signes généraux sont instables.
- La radiographie peut montrer la forme et l'importance de l'alvéolyse, les rapports avec les dents
voisines ou les structures avoisinantes et la présence d'une lésion endodontique associée.
Le diagnostic différentiel devrait se faire avec l'abcès périapical .
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A. périapical A. parodontal
Vitalité - +
Caries + -
Poches - +
Radioclarté apicale latérale
Mobilité +/- +
Percussion + + (aigu)
Fistule apicale latérale

En fonction de leur localisation, les abcès parodontaux peuvent être classifiés en :


a-abcès gingival ou abcès parodontal. L’abcès gingival est caractérisé par un oedème douloureux localisé
uniquement au niveau de la gencive marginale et/ou papillaire, souvent associé à l’inclusion d’un corps
étranger sur un parodonte initialement sain.
b- En revanche, l’abcès parodontal est caractérisé par un oedème douloureux souvent localisé en dessous
de la ligne mucogingivale affectant l’ensemble des tissus de soutien de la den

3-Diagnostic :
Le diagnostic repose sur l’anamnèse, l’évaluation des symptômes décrits par le patient, suivis de l’examen
clinique et radiologique.
Les symptômes vont de la gêne légère à la douleur sévère, le gonflement, la mobilité dentaire et la
sensibilité à la palpation.
Le signe clinique le plus fréquemment retrouvé est celui d’une élévation ovoïde de la gencive le long de la
partie latérale de la racine. On observe également la présence d’une suppuration, le plus souvent, à travers
l’ouverture de la poche, qui peut être spontanée ou provoquée lors d’un sondage ou d’une palpation,
associée à la destruction des tissus de soutien de la dent et à la formation d’une poche profonde .
L’examen radiologique peut révéler un niveau osseux normal ou un certain degré de perte osseuse (en
particulier, dans des cas de poche parodontale préexistante) sans lésion apicale. Étant donné la similitude
clinique avec les abcès d’origine endodontique (abcès periapical, kyste latéro-radiculaire, fractures
radiculaire…) un diagnostic différentiel doit être réalisé. L’analyse de l’ensemble des différentes données,
tels que la vitalité pulpaire, la présence de poches parodontales, la localisation de l’abcès et l’examen
radiologique doit être réalisée en détail pour parvenir à un diagnostic précis.
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4-Traitement :
a-Traitement d’urgence Contrôle de la phase aigüe
La première phase de traitement a pour objectif de stopper la destruction des tissus de soutien de la dent et
diminuer les symptômes cliniques. Différentes options sont à considérer :
 Extraction dentaire,
 Drainage et débridement sous-gingival,
 Administration d’antibiotiques systémiques ou locaux ou chirurgie.

b-Suite du traitement
Étant donné que la plupart des abcès se développent dans une poche parodontale préexistante, la prise en
charge de celle-ci constitue la suite du traitement. En cas de patients atteints d’une parodontite non-traitée, le
traitement parodontal sera alors envisagé.

B-MALADIES PARODONTALES NÉCROTIQUES :


Les maladies parodontales nécrotiques sont considérées comme les plus sévères affections inflammatoires
induites par de la plaque dentaire. Même si ces pathologies résultent d’une infection polybactérienne à
prédominance anaérobie, elles sont considérées par certains auteurs comme des marqueurs cliniques de
l’immunodépression. En effet, elles font partie des sept lésions orales associées à l’infection au VIH, mais
d’autres facteurs peuvent être également impliqués tels que le stress, le tabac, l’alcool et la malnutrition. Le
diagnostic repose sur l’examen clinique et radiologique qui va permettre de distinguer la gingivite
ulcéronécrotique de la parodontite ulcéronécrotique, deux formes cliniques correspondant à la même
pathologie mais à des stades d’évolution différents.

1-Diagnostic
Les maladies parodontales nécrotiques sont caractérisées par la présence de trois signes cliniques principaux
: nécrose papillaire, gingivorragie et algie gingivale.
Les lésions nécrotiques s’initient généralement par les papilles inter dentaires laissant place à une muqueuse
ulcérée en forme de cratère. La gencive marginale est secondairement atteinte et caractérisée par un
érythème linéaire séparant la gencive saine de la gencive malade. La localisation la plus fréquente concerne
les dents antérieures, en particulier, celles du secteur mandibulaire, alors que les secteurs postérieurs
semblent moins atteints. Le saignement gingival est constamment retrouvé. Il se produit très souvent de
forme spontanée ou après un contact minime. La douleur survient rapidement en début de la phase aigüe.
Son intensité est en fonction de l’étendue des lésions et elle augmente avec l’alimentation et les manoeuvres
d’hygiène orale qui deviennent de plus en plus difficiles à réaliser.
D’autres signes cliniques secondaires peuvent être également observés :
- pseudomembranes sur les zones nécrosées (enduits blanchâtres composés de tissu gingival nécrosé, fibrine,
érythrocytes, leucocytes et cellules bactériennes) ;
-bien que ce ne soit pas un signe exclusif des maladies parodontales nécrotiques, l’halitose est souvent
prononcée ;
- adénopathies, essentiellement sous-mandibulaire, qu’on retrouve généralement dans les cas plus sévères de
la maladie ;
- Fièvre et dysgueusie.
Le tableau clinique décrit ci-dessus est caractéristique de la gingivite et de la parodontite ulcéronécrotiques.
Néanmoins, en cas de parodontite ulcéronécrotique, deux autres critères doivent être présents : la perte
d’attache et la perte osseuse visible à l’examen radiologique.
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2-Traitement d’urgence : le traitement doit être instauré le plus précocement possible
a-Contrôle de la phase aigüe
Cette phase a pour objectifs de soulager le patient et d’enrayer le processus infectieux ainsi que la
destruction des tissus
b-Suite du traitement
Une fois la phase aigüe contrôlée, le traitement parodontal sera indispensable pour traiter la gingivite ou la
parodontite préexistante, pour minimiser les séquelles parodontales tels que les cratères gingivaux inter
proximaux et/ou les récessions, favoriser leur cicatrisation et finalement, réduire le risque de récidive ou
d’apparition de nouvelles lésions.
NB : En cas de PUN, il est recommandé de réaliser systématiquement une prescription NFS et sérologie
HIV pour le dépistage d’une déficience immunitaire.

C- SYNDROME DE SEPTUM

1-Définition du syndrome du septum :


Le syndrome du septum est provoqué par un tassement alimentaire du à l'insertion forcée d'aliments dans le
parodonte sous l’action des forces occlusales
Le patient va ressentir une douleur plus ou moins intense au cours et après les repas. En effet, il existe dans
un premier temps une compression mécanique associée à un développement bactérien, entraînant par la suite
l'inflammation de la zone.
2-Etiologie du syndrome du septum :
Les causes du syndrome du septum sont diverses, mais toujours liées à un défaut de l'environnement
dentaire et, ou, à une modification de la morphologie des couronnes des dents adjacentes, entraînant une
modification des surfaces de contact
3-Diagnostic du syndrome du septum
Le diagnostic du syndrome du septum est basé sur les symptômes évoqués par le patient et les signes
clinique retrouvés lors de l’examen clinique.
Signes et symptômes

a-Des signes locaux :


-Une douleur vague, sourde, continue, irradiant les maxillaires
- Une sensation de pression pendant et après les repas
- Un bourrage alimentaire
- Un saignement gingival
- Un mauvais goût à la succion
- Une halitose

. b-Examen clinique
- Une papille dentaire concernée qui apparaît le plus souvent inflammatoire : rouge, et
tuméfiée
- Un bourrage alimentaire
- Un saignement et une pseudo-poche parodontale liée à l’hyperplasie
gingivale présents lors du sondage parodontal
- Une sensibilité de la dent à la pression et à la percussion
- Des tests de vitalité pulpaire normaux
- Un écartement et une mobilité dentaire possibles
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Le diagnostic positif se fait à l'aide d'une spatule à bouche avec laquelle on réalise une simple pression au
niveau de la zone, ce qui va déclencher une douleur très vive et un saignement éventuel.
c-Examen radiologique :
En regard des zones inflammatoires différents éléments peuvent radiographiquement être constatés par le
praticien ce qui permettra ainsi de guider le diagnostic
 Un élargissement desmodontal
 Un aspect irrégulier des corticales et émoussé de la crête osseuse
 Une diminution et une désorganisation de la trabéculation avec une radio-transparence
 Une destruction osseuse possible (lésion angulaire)
 La présence ou non de caries proximales, d’obturations débordantes

4-Prise en charge du syndrome du septum :

a-Thérapeutique symptomatique: Le but est de nettoyer l’espace interdentaire afin de diminuer


l’inflammation gingivale.
 Détersion et irrigation de la lésion
 Débridement
 Prescription et conseils d'hygiène
 Thérapeutique étiologique

D- LA PERICORONARITE
1-Définition
La péricoronarite est l’inflammation localisée de la gencive et du sac péricoronaire qui recouvrent en partie
une dent en cours d’éruption ou de désinclusion
2-Etiologie de la péricoronarite :
Les accidents d’évolution sont donc en relation avec l’angulation de la 3ème molaire et l’environnement
squelettique et dentaire associé.
Les facteurs étiologiques responsables de la péricoronarite sont :

- La plaque bactérienne
- Les débris alimentaires
- L’irritation mécanique

Accumulation de bactéries et de débris alimentaires


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3-Bactériologie :

Il a été mis en évidence l’hétérogénéité, la nature complexe et mixte aéro-anaérobie de la flore microbienne
des péricoronarites. Les bactéries les plus souvent isolées dans les études cliniques sont des anaérobies
strictes (Prevotella intermedia, Veilonella) et également des micro-organismes aéro- anaérobie
(Streptococcus anginosus, Actinomyce). Le caractère anaérobie est cependant prédominant et retrouvé dans
80 % des échantillons

4-Facteurs Prédisposant
 Infection des voies respiratoires supérieures
 Stress
 Fatigue
 Maladie concomitante
 Grossesse
 Menstruation
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5-Diagnostic de la péricoronarite :

Diagnostic Péricoronarite aiguë congestive Péricoronarite suppurée

- Douleur spontanée, continue, rétro molaire, - Douleur spontanée, vive, insomniante, irradiante,
otalgie possible otalgie violente
Signes et - Signes fonctionnels : présence variable d’un - Mauvaise haleine
symptômes trismus - Signes fonctionnels : trismus, dysphagie, gêne à la
- Signes généraux : absents mastication
- Signes généraux : +/- violent - fébricule, asthénie

- Couronne de la dent partiellement visible - Palpation : - adénopathie submandibulaire


- Muqueuse inflammatoire, rouge douloureuse
- Empreinte des cuspides des dents antagonistes - Muqueuse inflammatoire, rouge, oedématiée jusqu’au
sur le capuchon muqueux possible pilier antérieur et au sillon gingivojugal
- Pression douloureuse avec - Possibilité d’ulcération
écoulement d’un exsudat purulent possible - Pression douloureuse avec écoulement d’un exsudat
purulent
Examen clinique

Figure 7 : Aspect clinique d’une


péricoronarite aiguë congestive de la 38. Figure 8 : Aspect clinique d’une péricoronarite
suppurée de la 38.

- Radio transparence en croissant distal à la dent de


- Si précoce, seuls les tissus mous sont atteints : sagesse
pas de signe radiologique
Examen
- Image en croissant radio clair distal à la dent
radiologique possible
(rétro alvéolaire
+ panoramique) → Evaluation des possibilités d’évolution de la
dent causale et des autres dents de sagesse + des
obstacles anatomiques Figure 9 : Radiographie panoramique suggérant une
image de kyste marginal en distale de la 38 [31].
→ Evolution spontanément favorable si : mise
en place de la dent sur l’arcade. → Evolution non favorable en l’absence de traitement
Evolution/
→ Récidive de cet épisode jusqu’à mise en
Pronostic place de la dent sur l’arcade . passage en forme chronique
→ Transformation en forme suppurée . accident muqueux, cellulaire

5-Prise en charge de la péricoronarite :


a-Thérapeutique immédiate : Traitement local
 Détersion et irrigation de la lésion
 Une anesthésie de contact de la zone atteinte peut être nécessaire. La détersion se fait avec un
antiseptique local à base de chlorhexidine
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 Débridement
 Drainage en cas de suppuration
b-Réglages occlusaux : en cas contact excessif à la mastication au niveau du capuchon muqueux
inflammatoire par les cuspides des dents antagonistes

E-LES MOBILITES DENTAIRES


1-Définition
C’est une augmentation de l’amplitude de déplacement de la dent sur l’arcade dans un plan horizontal et/ou
vertical suite à l’application d’une force

2-Les différentes types de mobilités dentaires :

- Mobilité physiologique : due aux hormones sexuelles durant la


Transitoire grossesse, à une désocclusion prolongée pendant le sommeil
- Mobilité iatrogène : due aux actes odontologiques
(traitements chirurgicaux, endondontique)

- Etiologie inflammatoire (inflammation des tissus


Réversible parodontaux, inflammation pulpaire, nécrose)
- Etiologie prothétique : effet scholiodontique des crochets ou
des attachements en prothèse adjointe partielle, éléments fixés
en extension mal répartis
- Etiologie occlusale : traumatisme occlusal, bruxisme
Irréversible - Mobilité consécutive à la perte du support osseux

3-Diagnostic des mobilités dentaires :


- Le praticien doit systématiquement rechercher la cause de la mobilité.
- L’anamnèse générale, l’examen clinique dentaire, occlusal, parodontal ou encore
radiographique apportent des éléments qui peuvent aider à l’établissement de l’étiologie
de la mobilité.
a-Signes et symptômes :
Le patient pourra décrire :
 Une inquiétude ; celle de perdre ses dents
 Une gêne fonctionnelle à la mastication, à la phonation ou encore à la déglutition
Une gêne psychologique
Examen clinique :
 Examen dentaire et occlusal :
 Evaluation de la mobilité dentaire :
 Examen du parodonte
 Examen radiologique

4- Prise en charge des mobilités dentaires


Différentes prises en charge de la mobilité dentaire sont retrouvées en fonction de l’étiologie
de la mobilité, et peut comprendre une thérapeutique étiologique et/ou symptomatique :

- L’ajustement occlusal sélectif


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- La contention immédiate
- Le traitement de l’inflammation
- L’extraction

F- GINGIVORRAGIES

Se manifestent par un saignement abondant des gencives. Le patient rapporte souvent un écoulement
sanguin sur sa taie d'oreiller.
1-Etiologies :
Locales :
- Hygiène bucco-dentaire défectueuse,
- Blessure gingivale.
Générales :
- Anomalie vasculaire (anémie...),
- Déficience de facteurs de coagulation (hémophiles).
2-Signes cliniques :
La gencive est rouge œdémateuse saignant au moindre contact.
3-Traitement :
- Détartrage et surfaçage de la zone atteinte,
- Prescription de bain de bouche à base de chlorhexidine avec une bonne motivation à l'HBD,
- Puis lors des visites ultérieures, un traitement conventionnel est effectué.

III-CONCLUSION
Le rôle du médecin dentiste ne consiste pas seulement dans le traitement de l'urgence mais dans la
prévention de celle-ci grâce au dépistage et à la motivation des patients pour pouvoir les traiter à temps.

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