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LA COMMUNICATION SCIENTIFIQUE À L'AUBE DU XXIE SIÈCLE

Jane M. Russell

Érès | « Revue internationale des sciences sociales »

2001/2 n° 168 | pages 297 à 309


ISSN 0304-3037
ISBN 9782865868926
DOI 10.3917/riss.168.0297
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https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-
sociales-2001-2-page-297.htm
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La communication scientifique
à l’aube du XXIe siècle

Jane M. Russell

Introduction melles », il faut entendre l’information publiée


(autrement dit, rendue publique), qui reste en
La communication est un aspect de l’activité général à la disposition d’un vaste public durant
scientifique inhérent à sa nature et à sa pratique. de longues périodes de temps, comme celle que
Le fait que le nombre des revues spécialisées et l’on trouve dans les livres et les publications en
celui des contributions à ces revues soient consi- séries. L’information circulant par des voies
dérés comme des indicateurs du degré de déve- informelles a un caractère plus éphémère et est
loppement de cette activité est la preuve que le réservée à un nombre restreint de destinataires.
volume de publications auquel donnent lieu les Des exemples notables en sont les communica-
travaux de recherche constitue une mesure valide tions orales et la correspondance personnelle
de sa vitalité. Non seulement (Meadows, 1998). Les
les scientifiques communi- Jane M. Russell est chercheur principal canaux informels diffèrent
quent leurs résultats à leurs au Centre universitaire de recherche en des canaux formels en ce
pairs au moyen d’articles bibliothéconomie de l’Université natio- qu’ils autorisent une interac-
dans des revues spécialisées, nale autonome du Mexique (UNAM). tion plus immédiate entre
de preprints (publications Adresse postale : Centro Universitario l’émetteur de l’information
de Investigaciones Bibliotecológicas,
préliminaires) sur support Torre II de Humanidades, pisos 12 y 13, et son récepteur.
électronique et de communi- Universidad Nacional Autónoma de La technologie de l’in-
cations présentées à diverses México, Ciudad Universitaria, 04510 formation, point de conver-
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conférences, mais ils s’ap- Mexico DF, Mexique. Adresse électro- gence des ordinateurs et des
nique : jrussell@servidor.unam.mx.
puient en outre sur les tra- Elle consacre l’essentiel de ses réseaux, est en train de trans-
vaux publiés antérieurement recherches à l’étude des modes de com- former en profondeur les
pour formuler des proposi- munication et de collaboration entre systèmes de communication
tions de recherches et des scientifiques mexicains. scientifique. Cette évolution
suggestions d’ordre métho- est allée de pair avec
dologique. L’échange de d’autres changements
points de vue et de données entre collègues est un importants dans la sphère scientifique, comme la
élément essentiel de la phase expérimentale. La mondialisation de la science et l’essor des bio-
communication reste ensuite une nécessité à cha- sciences (Kling et McKim, 1999). L’importance
cune des étapes ultérieures. nouvelle que les études sur la communication
La communication scientifique constitue scientifique ont acquise à compter de la deuxième
elle-même un champ de recherche particulier, moitié des années quatre-vingt-dix s’explique
que l’on a défini comme « l’étude des moyens sans doute par la réorganisation progressive du
mis en œuvre par les spécialistes d’un domaine système sur lequel se fonde cette communication,
quelconque (physique, biologie, sciences sociales alliée au développement rapide de la technologie
et sciences du comportement, sciences humaines, de l’information, des réseaux et de l’édition élec-
technologie, etc.) pour exploiter et diffuser l’in- tronique (Borgman, 2000).
formation, par des voies formelles ou des voies Les deux modes de communication, formel
informelles » (Borgman, 1989). Par « voies for- et informel, connaissent des transformations à ce

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point radicales qu’il devient de plus en plus mal- XVIIe siècle, lorsqu’il devint malcommode pour
aisé de définir ce qui les distingue. Cet efface- les membres des sociétés savantes de se commu-
ment progressif des frontières entre des catégo- niquer leurs travaux sous forme épistolaire.
ries jusque-là bien définies est un aspect majeur L’examen par les pairs fut alors le moyen utilisé
du passage du support imprimé au support élec- pour garantir la qualité des travaux imprimés. La
tronique. Il a des conséquences non seulement sur publication formelle était aussi un moyen de gar-
la manière dont s’échange l’information, mais der la trace des résultats et des observations. Au
encore sur la nature des organismes qui ont la res- cours des trois siècles suivants, l’édition scienti-
ponsabilité de la traiter et de la fournir. Les rôles fique et universitaire prit une ampleur considé-
traditionnellement assignés au producteur de l’in- rable afin de faciliter la communication entre
formation, à celui qui en assure le traitement et à chercheurs (Oppenheim, Greenhalgh et Rowland,
celui qui l’utilise sont profondément remodelés. 2000).
Il est difficile de dire si la publication d’un rap- Bon nombre d’experts considèrent que la
port de recherche sur la Toile par le chercheur ou publication de travaux scientifiques, dont les
l’institution même qui en est l’auteur relève de la revues spécialisées sont le principal véhicule, tra-
communication formelle ou de la communication verse actuellement une crise qui impose l’émer-
informelle, puisqu’elle participe à la fois de l’une gence de nouvelles structures de communication.
et de l’autre. Informelle, elle l’est parce que n’en- Même si l’édition scientifique répond aux
trant dans aucune catégorie classique, telle que besoins des scientifiques et des chercheurs,
celle des articles publiés dans les revues spéciali- condamnés à « publier ou disparaître », cette acti-
sées, mais elle n’en est pas moins formelle en ce vité obéit de plus en plus aux intérêts commer-
qu’elle ne vise pas un groupe particulier, qui- ciaux des éditeurs. Depuis quelques années, les
conque le souhaite pouvant accéder à l’informa- bibliothèques universitaires sont contraintes de
tion. Il n’est pas davantage possible de définir réduire le nombre de publications en séries aux-
clairement en termes traditionnels la démarche quelles elles sont abonnées, alors même que la
d’un scientifique qui « publie » son travail sur la production d’information scientifique croît de
Toile, car il est à la fois le producteur de l’infor- façon exponentielle. En effet, leur budget dimi-
mation et celui qui l’édite et la diffuse. Il peut nue alors même que le nombre de revues spécia-
même faire de son rapport un outil de savoir en lisées et leur prix ne cessent d’augmenter. De ce
incluant dans sa « publication » des liens ren- fait, la masse de documents mise à la disposition
voyant à d’autres travaux également accessibles des scientifiques par les services de bibliothèque
sur la Toile. a diminué partout dans le monde. Nombreux sont
De telles évolutions affectent la structure les bibliothécaires et les spécialistes de l’infor-
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globale du système de communication scienti- mation qui voient dans cette commercialisation
fique, en transformant les fonctions et les rôles croissante des publications scientifiques une
des différents acteurs concernés. De ce fait, les menace pour la libre circulation de l’information
méthodes traditionnelles de publication et de spécialisée, vitale pour l’investigation et la créa-
communication des travaux scientifiques sont tivité scientifiques, sur laquelle a longtemps
sans cesse redéfinies à la lumière des possibilités reposé la communication entre chercheurs
nouvelles offertes par la technologie de l’infor- (Create Change, 2000).
mation. La question de savoir dans quel sens ces Le fait que les directeurs de publication
transformations se poursuivront durant les pre- détiennent des droits de reproduction exclusifs
mières décennies du nouveau siècle donne lieu à sur les articles paraissant dans leurs revues est
d’intéressantes spéculations. une cause de mécontentement fréquente au sein
de la communauté universitaire. Les conditions
restrictives que certains d’entre eux imposent aux
La publication de travaux de auteurs souhaitant rééditer leurs propres travaux
recherche : une période de ou les réutiliser à des fins d’enseignement ont
transition indigné auteurs et universités. Les droits élevés
demandés par les grandes maisons d’édition pour
Publier est un aspect essentiel de la communica- autoriser une nouvelle publication d’ouvrages qui
tion formelle entre scientifiques. Les premières sont le fruit de recherches coûteuses, souvent
revues scientifiques virent le jour dès la fin du financées par les universités elles-mêmes, ont
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Stockage de l’information scientifique dans l’ère pré-électronique. Robert Doisneau/Rapho.


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amené des auteurs et des administrateurs à envi- éditeurs (Oppenheim, Greenhalgh et Rowland,
sager le principe de l’autopublication (Anon, 2000) ; l’apparition de logiciels de plus en plus
2000). L’édition électronique apparaît comme puissants, mais d’une utilisation aisée, et l’aide
une solution de rechange aux yeux des auteurs experte que leur fournissent leurs institutions
qui n’ont pas la possibilité de faire appel aux dans le domaine de l’édition électronique et de
revues traditionnelles ou qui s’y refusent. l’informatique ont permis à nombre d’entre eux
Beaucoup d’universitaires ne voient pas d’envisager l’autopublication.
pourquoi la communication entre chercheurs On a suggéré que les universités et autres
devrait demeurer presque totalement tributaire établissements d’enseignement et de recherche
des éditeurs commerciaux. Chacun en est toute- pourraient être appelés à jouer un rôle décisif
fois conscient, les nouveaux systèmes de publica- dans la réorganisation de la communication
tion ont peu de chances de s’imposer s’ils ne sont scientifique. Les presses universitaires assure-
pas mis en œuvre avec professionnalisme. Or, raient la publication des ouvrages spécialisés,
depuis que les chercheurs, aidés par les technolo- dont elles resteraient titulaires des droits d’auteur,
gies de l’information, se sont familiarisés avec ce qui permettrait d’économiser une part des
l’ordinateur, ils ont acquis un certain nombre de sommes utilisées jusqu’à présent pour racheter
compétences qui étaient jusque-là l’apanage des aux éditeurs commerciaux les droits relatifs à des
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travaux réalisés par les propres enseignants et d’une forme quelconque d’assurance de qualité.
chercheurs de l’université (Oppenheim, Green- La fiabilité est considérée comme une condition à
halgh et Rowland, 2000). laquelle il est impératif de satisfaire pour être
D’autres auteurs ont proposé que les cher- effectivement « publié » sur la Toile. Elle suppose
cheurs de toutes disciplines « publient » leurs que le document électronique a fait l’objet d’un
articles en les versant aux archives librement certain contrôle collectif, à l’issue duquel il a été
accessibles d’un « système de communication reconnu que son contenu présentait un degré de
interuniversitaire », c’est-à-dire d’un réseau élec- fiabilité élevé. Ce contrôle collectif repose en
tronique où les universités auraient de nouveau le général sur certaines normes propres à la com-
contrôle des auteurs et des travaux « publiés ». munauté scientifique, comme les garanties que
Des comités de lecture, dont les membres seraient confèrent l’examen par les pairs, la réputation de
sélectionnés et élus par les institutions participant l’éditeur, la qualité d’une revue spécialisée ou le
au projet, seraient chargés de noter chaque article parrainage par tel ou tel organisme (Kling et
en fonction de sa contribution à la discipline inté- McKim, 1999). Les auteurs ont tendance à choi-
ressée avant sa diffusion dans le système. Les lec- sir les revues auxquelles ils adressent leurs
teurs auraient la possibilité d’ajouter des com- articles en fonction de leur prestige, du sérieux
mentaires signés sur différents aspects du contenu dont fait preuve selon eux leur comité de lecture,
d’un article, par exemple pour suggérer d’y de leur capacité de toucher le public visé et de
inclure des références, réfuter certains arguments, leur circulation au sein du groupe cible (Borg-
signaler des chiffres erronés, etc. Passé un certain man, 2000). Point intéressant, les délais de publi-
laps de temps (six mois, a-t-on suggéré), il pour- cation sont, semble-t-il, une considération secon-
rait être établi une version révisée de l’article qui daire, sauf peut-être dans certains domaines de
serait soumise au comité de lecture pour approba- recherche où la concurrence est si rude qu’il est
tion définitive. Entre autres avantages, cette for- impératif de revendiquer immédiatement toute
mule permettrait de faire l’économie de coûteux nouvelle avancée.
abonnements à des revues spécialisées et d’utili- Le droit d’auteur et l’assurance de qualité
ser à d’autres fins les sommes ainsi libérées. Les sont, on le conçoit, deux des principaux sujets de
bibliothèques n’ayant plus à traiter et entreposer préoccupation de la communauté scientifique
un nombre toujours plus important de publica- face à la prolifération des publications électro-
tions, ce système se traduirait pour elles par un niques. Dans la plupart des cas, les revues diffu-
gain de temps et d’espace (Rogers et Hurt, 1990). sées en ligne ne sont aujourd’hui que des équiva-
Dans le monde universitaire d’aujourd’hui, lents électroniques de leur version sur papier
le prestige que confère la publication par de auxquels l’accès est payant et filtré par un mot de
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luxueuses revues imprimées, où les articles sont passe. L’éditeur commercial reste titulaire des
sélectionnés selon le principe de l’examen par les droits d’auteur et l’acceptation ou le rejet des
pairs, est cependant un fait dont les chercheurs ne manuscrits relève de la décision de lecteurs dési-
peuvent se permettre de ne tenir aucun compte. gnés par le rédacteur en chef. Même si le support
Cette formule demeurera la solution de choix a changé, les forces du marché continuent dans
pour une majorité de chercheurs aussi longtemps une large mesure de régir la communication
qu’elle sera la seule forme de publication recon- scientifique formelle.
nue valide par les comités d’examen. Dans le cas Mais ce n’est là qu’un aspect des choses.
où un réseau du type « système de communica- Dans certaines disciplines parmi les plus dyna-
tion interuniversitaire » verrait effectivement le miques, où la publication sous le contrôle des
jour, on compte que les institutions universitaires pairs n’est plus adaptée aux besoins actuels de la
considéreraient automatiquement le fait d’y avoir recherche, les scientifiques ont su mettre à profit
été publié comme une base valide pour décider les possibilités offertes par les nouvelles techno-
des titularisations, des promotions, de l’octroi de logies pour inaugurer de nouveaux modes de
bourses et autres mesures fondées sur une appré- communication. Ces nouvelles pratiques, qui
ciation des compétences. Pour l’heure, ce sont les combinent en général procédures formelles et
éditeurs et leurs propres comités de lecture qui procédures informelles, sont en train de transfor-
décident des auteurs publiés. mer non seulement le « paysage » de la commu-
La notion de « publication » est étroitement nication scientifique, mais encore la manière de
liée, dans l’univers électronique, à l’existence faire de la recherche. Néanmoins, ces change-
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ments radicaux ne se sont pas produits du jour au l’accès intellectuel à l’information spécialisée se
lendemain, mais à l’issue de plusieurs décennies heurte à un certain nombre d’obstacles. Les
d’innovations et de progrès dans le domaine de la scientifiques se plaignent d’être submergés par
communication par ordinateur qui, après avoir une masse excessive d’informations, tout en se
dans un premier temps facilité l’utilisation des félicitant de la manière dont la télématique leur a,
systèmes d’information existants, ont contribué à à bien des égards, simplifié la vie. Tous les
une remise en question des méthodes de la com- canaux de communication gagnent aujourd’hui
munication scientifique. en efficacité, la difficulté étant alors de faire le tri
face à une offre pléthorique. L’Internet et la Toile
L’émergence de nouveaux modes mondiale permettent d’accéder à toutes sortes de
de communication scientifique dérivés des formes traditionnelles de la littérature
scientifique et technique – communications,
Au cours des quatre dernières décennies, les pro- revues, bulletins, bases de données bibliogra-
grès techniques ont révolutionné la manière dont phiques, séries de données, répertoires, rapports
s’opèrent le traitement, le stockage, la consulta- officiels, textes réglementaires et normatifs –
tion, le partage et l’analyse de l’information. Dès ainsi qu’à des systèmes interactifs novateurs. Les
1975, la production assistée par ordinateur de catalogues d’un certain nombre de bibliothèques
bulletins d’analyse et les services de recherche et divers catalogues collectifs sont désormais en
automatique en ligne s’étaient banalisés. Les flux ligne. Néanmoins, la documentation ainsi dispo-
d’information scientifique et technique n’en nible n’est pas nécessairement d’un accès aisé
avaient cependant guère été affectés, les centres pour l’utilisateur. Si l’accès intellectuel aux bases
d’information et bases de données traditionnels de données classiques mises en ligne est facilité
jouant toujours pleinement leur rôle au sein du par exemple par le recours à un vocabulaire nor-
système de communication scientifique. Au cours malisé au stade de l’indexation et par l’utilisation
des dernières années du millénaire, on a vu se de thésaurus, la recherche ne peut s’effectuer sur
développer l’utilisation de l’ordinateur et de la d’autres sites de l’Internet qu’au moyen de réper-
télématique, qui sont venus s’ajouter aux moyens toires d’adresses organisés selon des règles de
de communication plus traditionnels tels que les classification très générales ou de liens hyper-
revues et ouvrages spécialisés. La recherche texte dont la logique sémantique demeure impli-
scientifique est devenue de plus en plus une cite (Vickery, 1999).
entreprise collective transcendant les frontières Il est vrai que seule une faible proportion de
institutionnelles, géographiques et politiques. Les l’information disponible sur l’Internet peut être
scientifiques ont alors commencé à souhaiter des qualifiée de scientifique et qu’elle a de plus
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échanges d’information plus fréquents, plus grandes chances d’être aisément accessible que
dynamiques et plus souples avec leurs collègues. l’information non scientifique. Pour mener à bien
La communication informelle à laquelle donnent leurs tâches quotidiennes, les scientifiques,
lieu conférences, conventions et autres réunions comme tous les professionnels, ont besoin
de caractère scientifique et technique s’est inten- d’avoir accès à toutes sortes d’informations
sifiée, témoignant d’un besoin permanent de – horaires des vols et services hôteliers avant la
contacts personnels. L’avènement, à compter des tenue d’une conférence, renseignements sur les
années soixante-dix, de réseaux télématiques spé- réunions elles-mêmes ou encore informations sur
cialisés, l’apparition de l’Internet au début des divers types de matériel, tels que matériel de
années quatre-vingt, puis de la Toile mondiale laboratoire, matériel de bureau, réactifs, etc. Il
(World Wide Web) au début des années quatre- leur faut également pouvoir retrouver les coor-
vingt-dix ont apporté aux scientifiques l’autono- données d’autres spécialistes de leurs propres dis-
mie en matière d’échange d’information qu’ils ciplines ou de domaines connexes et prendre
appelaient de leurs vœux. contact avec eux pour leur demander des infor-
L’attitude ambivalente que l’on observe mations ou des conseils ou pour les inviter à telle
aujourd’hui à l’égard des nouveaux systèmes ou telle conférence. Autrefois, ce type d’informa-
d’information scientifique tient à ce que, d’une tion circulait de bouche à oreille. Aujourd’hui, il
part, les scientifiques disposent désormais d’un suffit de consulter les pages Web d’autres inter-
accès accru et mieux intégré à un vaste éventail nautes, d’institutions ou de sociétés commer-
de sources d’information, mais que, d’autre part, ciales.
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Les technologies de l’information et de la vaux de recherche, ce système évite le gaspillage


communication ont été adoptées avec une aisance que génère la diffusion de documents imprimés.
et une rapidité extrêmement variables selon les Le serveur fait en outre office de point de ren-
disciplines. S’il faut s’attendre à ce que certaines contre virtuel pour des scientifiques qui, autre-
induisent une transformation générale des ment, n’auraient peut-être jamais eu de contacts
méthodes de travail des scientifiques, d’autres ne entre eux. Même si dans le domaine de la phy-
s’imposeront sans doute que dans des disciplines sique des hautes énergies, l’usage des prépublica-
à même de tirer pleinement parti des possibilités tions sur support papier s’était déjà imposé et
novatrices qu’elles offrent. Des études donnent à avait supplanté les revues spécialisées en tant que
penser que chaque discipline mettra à profit les principal mode de diffusion, un tel usage n’est
aspects de la communication par ordinateur qui pas considéré comme un préalable indispensable
s’intègrent le mieux à son organisation sociale à l’adoption d’un système d’archivage électro-
traditionnelle. Ces technologies s’institutionnali- nique dans d’autres disciplines (Ginsparg, 1996).
seront au fur et à mesure que leur utilisation Nous l’avons vu, les applications interac-
deviendra affaire de routine (Walsh et Bayma, tives ont connu un succès très variable selon les
1996). disciplines et selon les thèmes de recherche et les
Avant d’être adoptée dans un grand nombre institutions (North Carolina Board of Science and
de disciplines, l’innovation technique est le plus Technology/National Research Council, 1999).
souvent le fait de chercheurs travaillant dans des Cela s’explique en partie par des différences dans
secteurs très actifs et généreusement subvention- le degré d’utilisation des technologies de l’infor-
nés. Elle survient en général lorsque les circuits mation, ainsi que par la volonté plus ou moins
traditionnels fondés sur l’imprimé ne répondent grande de collaborer avec d’autres chercheurs et
plus aux besoins de communication de disci- par les formes de collaboration retenues. Les
plines connaissant des avancées rapides. Un bon bases de données, les bibliothèques et la possibi-
exemple en est la fusion froide, où les médias tra- lité d’y accéder sont indispensables aux disci-
ditionnels sont vite apparus inaptes à répercuter plines qui reposent sur l’exploitation des don-
les multiples rebondissements qui ont agité ce nées, alors que la possibilité d’afficher ou de
domaine de recherche « brûlant » vers la fin des visualiser des sous-ensembles de données revêt
années quatre-vingt. Un bulletin électronique souvent, pour d’autres, une importance primor-
spécialement créé pour l’occasion et doublé diale. Algorithmes et logiciels sont des outils tout
d’une messagerie s’imposa comme le meilleur aussi nécessaires pour les disciplines fondées sur
moyen d’échanger des informations durant les la modélisation (National Research Council,
quelques mois où le sujet fut au centre du débat Committee towards a National Collaboratory,
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scientifique. Lorsque parurent les premiers 1993). Dans certains domaines, l’informatique a
articles dans la presse spécialisée, la plupart des insufflé une nouvelle vie à des sujets de recherche
scientifiques étaient déjà parvenus à la conclu- déjà anciens. Tel est le cas, par exemple, de la
sion qu’il n’y avait plus lieu de s’y intéresser géométrie des espaces à petit nombre de dimen-
(Meadows, 1991). sions, qui joue aujourd’hui un rôle important
Dans des domaines comme les mathéma- comme base théorique des techniques de visuali-
tiques, la physique, le calcul et la linguistique, la sation liées à la modélisation et au calcul scienti-
circulation préalable des manuscrits sous forme fique. De même, les systèmes et logiciels infor-
de preprints est désormais la principale méthode matiques font de plus en plus souvent appel aux
utilisée par les chercheurs pour rendre compte de mathématiques pour la conception des algo-
nouvelles découvertes. Un an après la mise en rithmes (Fenstad, 1999).
place du premier serveur de preprints en phy- Mais les changements les plus significatifs
sique théorique des hautes énergies, au début des qu’ont suscités la souplesse et l’adaptabilité
années quatre-vingt-dix, cette pratique était déjà extraordinaires des moyens de communication
devenue la règle dans ce domaine de recherche. électronique sont sans doute ceux qui affectent
Toutes les opérations sur ce serveur sont automa- les méthodes de recherche traditionnelles. Des
tisées, y compris les procédures de soumission aspects aussi fondamentaux de l’activité scienti-
des manuscrits. Il est possible d’accéder aux fique que la collaboration entre chercheurs sont
archives par e-mail, FTP anonyme et le World redéfinis sur des bases radicalement nouvelles.
Wide Web. Tout en accélérant la diffusion des tra- De nouveaux champs de recherche voient le jour
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à la croisée de disciplines classiques, par suite de conduire des travaux de recherche qui permet à
la pénétration rapide des technologies de l’infor- des chercheurs de tous horizons d’avoir aisément
mation dans toutes les sphères de l’activité scien- accès à d’autres personnes, d’autres données,
tifique. d’autres instruments et d’autres résultats en une
sorte de laboratoire de recherche virtuel. Les col-
De la collaboration aux laboratoires réalisent un subtil équilibre où sont
« collaboratoires » respectées les exigences propres à chaque disci-
pline, mais où tous les partenaires travaillent à la
La révolution des technologies de l’information réalisation d’un objectif commun. Ils viennent
n’a en rien allégé le travail intellectuel que repré- ainsi jeter des passerelles entre les disciplines. Ils
sente la production d’informations scientifiques, offrent en outre un excellent moyen de mettre à
techniques et médicales. Néanmoins, l’utilisation profit les techniques informatiques et téléma-
combinée de l’ordinateur et de la télématique tiques de pointe pour faire reculer les limites de la
pourrait contribuer à accroître la productivité et science, en particulier dans des branches pion-
l’efficacité des chercheurs (National Research nières de disciplines telles que l’océanographie,
Council, Committee towards a National Collabo- la physique de l’espace ou la biologie molécu-
ratory, 1993). De manière générale, les scienti- laire (North Carolina Board of Science and Tech-
fiques s’intéressent aujourd’hui à des problèmes nology/National Research Council, 1999).
d’une complexité croissante et d’un caractère Les recherches sur la cartographie des gènes
fondamentalement interdisciplinaire qui nécessi- sont considérées comme un parfait exemple de
tent un travail d’équipe dans lequel chacun collaboratoire scientifique. Ces travaux ont
apporte les compétences, les contacts, les infor- même donné naissance à une discipline nouvelle,
mations et les données propres à sa spécialité. la bio-informatique, décrite comme le fruit du
La capacité des scientifiques de communi- mariage de l’ordinateur et de la biologie, qui s’est
quer par-delà les océans s’est traduite par une développée parallèlement aux efforts pour
multiplication des travaux de recherche menés en déchiffrer le génome humain et qui a pour objet
collaboration et par l’émergence d’une commu- de collecter, analyser et interpréter les données
nauté scientifique mondiale où chercheurs et génétiques. La bio-informatique a vu le jour au
scientifiques font preuve d’une mobilité accrue. début des années quatre-vingt sous la forme
Témoin l’accroissement considérable, à la fin du d’une base de données baptisée GenBank, créée
XXe siècle, du nombre de travaux signés par plu- par le ministère américain de l’Énergie en vue de
sieurs coauteurs. De 1981 à 1995, le nombre d’ar- répertorier les courtes séquences d’ADN que les
ticles cosignés a augmenté de 80 % et celui des scientifiques commençaient tout juste à déchif-
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articles résultant d’une collaboration internatio- frer dans le cadre du Projet sur le génome
nale de 200 %, alors que le volume total d’articles humain. Le volume de données résultant du
publiés n’a progressé que de 20 %. Ces tendances séquençage de l’ADN a connu par la suite une
s’observent tous domaines de recherche confon- croissance exponentielle. Aux États-Unis, en
dus (National Science Board, 1998). La collabo- Europe et au Japon, des sociétés privées, ainsi
ration entre collègues représente un défi pour la que d’autres institutions publiques, ont mis en
communauté scientifique. Même si la technolo- route des projets parallèles en créant à leur tour
gie ne peut suffire en elle-même à rapprocher des leurs propres bases de données afin de regrouper
partenaires réticents, elle fournit un environne- toutes les informations relatives aux séquences de
ment propice à la collaboration et à la communi- gènes, à l’expression des gènes, à la structure de
cation. diverses protéines et à la cartographie des inter-
Le terme « collaboratoire » a été forgé à par- actions entre protéines, de sorte que le Projet sur
tir des mots « collaboration » et « laboratoire » le génome humain prit une dimension véritable-
pour désigner l’ensemble des techniques, outils et ment internationale. Des logiciels spéciaux per-
équipements permettant à des scientifiques de mettant de comparer des séquences d’ADN furent
travailler avec des installations et des collègues mis au point. Les chercheurs acquirent la possibi-
situés à distance comme si ceux-ci se trouvaient lité de verser directement des séquences de gènes
sur place et étaient physiquement en contact les à la GenBank via le World Wide Web. La com-
uns avec les autres (Glasner, 1996). Ces « centres plexité des bases de données sur le matériel géné-
sans murs » constituent une manière nouvelle de tique est telle que toutes sortes de spécialistes
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furent appelés à travailler de concert pour déve- des projets scientifiques des pays en développe-
lopper les connaissances dans ce domaine. Le ment dans la recherche internationale.
besoin se fit de plus en plus pressant de regrouper L’annonce récente par des chercheurs de
cette masse considérable d’information présen- l’État de São Paulo du décryptage de la toute pre-
tant un intérêt majeur pour des chercheurs du mière séquence du génome d’un agent pathogène
monde entier. L’interopérabilité des différentes d’un végétal prouve que les pays de la périphérie
bases de données mises sur pied, c’est-à-dire leur peuvent faire bonne figure dans la recherche de
capacité de « dialoguer » les unes avec les autres, pointe (Collins, 2000). Deux initiatives complé-
devint un enjeu primordial. Les différentes insti- mentaires ont contribué à renforcer la contribu-
tutions et sociétés commerciales poursuivant des tion de la recherche brésilienne à l’activité scien-
recherches sur le génome nouèrent des alliances tifique mondiale. C’est tout d’abord une politique
stratégiques en vue de mettre en commun leurs mise en place dans les années soixante, en vertu
multiples sources de données et de réduire autant de laquelle une fraction donnée de toutes les
que possible les chevauchements (Howard, recettes fiscales de l’État de São Paulo est rever-
2000). sée aux termes de la loi à la FAPESP, une fondation
Le Projet sur le génome humain diffère aussi créée par ce même État pour promouvoir la
des recherches classiques en ce qu’il génère un science et la technologie, qui a permis de financer
vaste corpus de données de référence utiles dans un projet aussi ambitieux. Puis, la constitution
un grand nombre d’autres disciplines scienti- d’un institut de recherche « virtuel » destiné à
fiques. Cette avalanche de données a fait vaciller relier entre eux les 35 laboratoires travaillant au
une forme de communication scientifique qui séquençage de l’ADN qui sont disséminés dans
était demeurée inchangée durant près de trois l’État de São Paulo a fourni la complexe infra-
siècles. Le support papier se prêtant mal au stoc- structure matérielle, technique et humaine qui
kage de tels volumes de données, les chercheurs était nécessaire pour mener à bien ce travail.
eurent tôt fait de l’abandonner au profit de la L’idéal serait que d’autres « petits pays »
communication électronique. Les bulletins (« petits » dans le domaine scientifique) fassent
consacrés à la question se multiplièrent, de même de même. Dans la pratique, toutefois, les condi-
que les serveurs de listes. Mais la grande nou- tions sont souvent loin d’être réunies pour que
veauté, c’était que les données étaient directe- puissent être adoptées, à l’échelle d’un pays ou
ment versées à la GenBank et autres bases de d’un État fédéré, des stratégies visant de même à
données similaires avant même la publication des promouvoir la recherche scientifique.
manuscrits dans les grandes revues spécialisées,
c’est-à-dire avant l’examen par les pairs. L’un des La communication par ordinateur
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avantages de ce système est que le personnel qui dans les pays en développement
gère la base de données est à même de déceler
toute éventuelle erreur ou anomalie dans les don- En principe, le passage à l’édition électronique
nées et de la corriger avant que celles-ci soient devrait être extrêmement bénéfique pour les
rendues publiques. De plus, les comités de lecture scientifiques du monde entier, puisque, pour la
ont accès aux données initiales, ce qui n’est pas le première fois, la possibilité leur est offerte de
cas avec les revues classiques. communiquer de façon informelle avec les cher-
Il importe toutefois que les collaboratoires cheurs de n’importe quelle autre région du
ne demeurent pas le privilège exclusif des pays monde. Néanmoins, la vision idéalisée d’un
scientifiquement avancés. Parce qu’ils offrent modèle radicalement nouveau de la communica-
aux petits pays des possibilités de participer à des tion scientifique internationale où les scienti-
travaux de pointe, ils représentent un enjeu vital : fiques des pays en développement joueraient un
associer davantage les petites communautés rôle de plus en plus important dans la recherche
scientifiques à la recherche mondiale. L’une des mondiale est sérieusement mise en doute par des
principales questions que soulève aujourd’hui la spécialistes de ces pays, qui font valoir que, par
diffusion rapide des technologies de l’informa- elle-même, la technique ne changera rien à leur
tion est celle de savoir jusqu’à quel point ce phé- situation à la périphérie. Beaucoup pensent que la
nomène réduit les clivages entre centres et péri- plupart des pays en développement restent les
phéries dans le domaine de la science, en ce qui laissés-pour-compte de la révolution de la com-
concerne en particulier le poids des chercheurs et munication et que « l’info-pauvreté » vient
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s’ajouter aux nombreux autres fossés qui séparent organisationnel qui, tant au niveau des pouvoirs
déjà les pays en développement des nations publics que des institutions, est incapable d’assu-
industrialisées. Les premiers accusent un fort rer la mise en œuvre d’un système de diffusion de
retard sur les seconds dans tous les domaines de l’information rapide, efficace et sans disconti-
la production des connaissances (Arunachalam, nuité (Russell, 2000).
1999). Tous les freins à une utilisation optimale des
L’accès à l’ordinateur progresse indéniable- nouvelles technologies en matière de communi-
ment dans presque tous les pays. Même si la plu- cation électronique ne sont pas d’ordre matériel.
part des centres de recherche ont pour politique Divers facteurs sociaux, culturels et politiques et
générale de fournir à tous leurs chercheurs des certains maux propres aux sociétés en développe-
ordinateurs connectés aux réseaux, l’utilisation ment retardent la mise en œuvre de ces technolo-
qui en est faite varie selon l’environnement gies. Le fait que la plupart des logiciels et des
social, économique et juridique propre à chaque sources d’information accessibles par la voie
pays (Meadows, 1991). Dans ces circonstances, électronique sont conçus non seulement dans une
les pays en développement apparaissent nette- langue étrangère, mais encore dans un environne-
ment désavantagés. ment culturel peu familier constitue une barrière
À eux seuls, les coûts techniques pourraient importante pour les utilisateurs de la majorité des
constituer un obstacle pour les institutions mêmes pays en développement. La grande masse de l’in-
qui semblent les plus aptes à bénéficier des avan- formation actuellement disponible sur l’Internet
tages de la recherche assistée par l’ordinateur. est en anglais du fait même qu’elle émane des
Les outils de pointe menacent d’aggraver encore universités du Nord, et souvent des États-Unis.
le retard actuel des pays en développement sur les D’aucuns, devant ce déferlement, ont évoqué le
pays industrialisés dans la plupart des domaines spectre d’un impérialisme du savoir et d’une
de recherche. Sans une infrastructure des télé- domination culturelle.
communications et une connectivité équitables, Néanmoins, compte tenu des différences
les collaboratoires fondés sur l’informatique et la considérables qui subsistent entre les pays les
télématique ne pourront mettre à profit les res- moins avancés, sur le plan des ressources comme
sources intellectuelles que représentent les spé- des capacités, il convient de s’abstenir de toute
cialistes des pays en développement. Une solu- généralisation excessive concernant l’activité
tion possible à ce problème serait que le secteur scientifique dans l’ensemble de ces pays. On note
commercial et l’État s’associent en vue de mettre en outre des différences dans le degré de « péri-
sur pied l’infrastructure indispensable. Tout phéricité » des divers secteurs au sein d’un même
dépend en définitive du coût de la connectivité et pays en développement. Du fait de la concentra-
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de la largeur de bande disponible (North Carolina tion dans les grandes villes des principaux éta-
Board of Science and Technology/National blissements d’enseignement supérieur et de
Research Council, 1999). recherche, l’infrastructure en matière de commu-
En limitant les possibilités d’accès aux nication et de télématique est elle aussi centrali-
réseaux mondiaux (Sadowsky, 1993), l’absence sée. D’où, dans les pays en développement, des
d’infrastructure matérielle adéquate pourrait fort disparités sur le plan de l’accès à l’information
bien être le principal obstacle au développement entre les scientifiques travaillant dans les grands
de la communication par ordinateur dans les pays centres urbains et ceux qui, basés à la campagne,
en développement, mais ce n’est pas le seul. se trouvent plus ou moins coupés de l’environne-
D’autres résultent de la pénurie de techniciens ment électronique.
qualifiés et du fait que les gouvernements et le Ce fossé croissant qui divise les scienti-
secteur public n’ont pas suffisamment pris fiques des pays en développement en deux grands
conscience des avantages liés aux technologies groupes – ceux qui bénéficient d’un accès effi-
de l’information et à la connectivité. Cela est par- cace aux technologies de l’information et qui
ticulièrement vrai, s’agissant de cette dernière, constituent « l’info-élite » et ceux pour qui cet
des pays pauvres, où les problèmes de santé et de accès est difficile, voire impossible – a des inci-
nutrition sont le principal sujet de préoccupation dences manifestes sur leurs perspectives d’inté-
et où la technologie est considérée comme un gration dans la communauté scientifique mon-
luxe sans grand intérêt ni utilité pratique. On met diale. Des études antérieures ont montré que les
souvent en cause aussi un cadre réglementaire et scientifiques des pays en développement qui
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306 Jane M. Russell

jouissent d’une faveur et d’un prestige tout parti- scientifique de tout élément subjectif que lorsque
culiers sont généralement ceux qui font de la les décideurs reconnaîtront que l’origine géogra-
recherche fondamentale, le plus souvent dans les phique d’un travail scientifique est de peu de
grands laboratoires centralisés des capitales. Ces conséquences pour sa qualité.
scientifiques auront en général davantage d’inté- L’édition électronique sur l’Internet a d’im-
rêts communs et des contacts plus étroits avec le portantes incidences sur la visibilité de la
centre que les chercheurs qui ne travaillent que recherche menée dans les petits pays dont la pro-
sur des problèmes locaux. Dans une étude récente duction scientifique est trop souvent méconnue.
consacrée à l’utilisation des technologies de l’in- Si l’information scientifique en provenance des
formation par les scientifiques du Mexique, plus pays en développement a échappé par le passé à
de 80 % des physiciens et des biologistes faisant l’attention de la communauté scientifique mon-
partie de l’échantillon retenu qui travaillaient diale, c’est en raison du nombre restreint de
dans la capitale disposaient d’un bon accès au périodiques nationaux recensés dans les bases de
courrier électronique et aux services de l’Internet données bibliographiques internationales. Dès
(Ford et Rosas Gutiérrez, 1999). Fait intéressant, lors toutefois que la recherche locale s’organise
on note une corrélation entre cette facilité d’accès directement sur le World Wide Web, ses résultats
et la publication d’un plus grand nombre d’ar- se trouvent diffusés dans le monde entier et
ticles dans des revues internationales. En deviennent accessibles par l’Internet. Les scienti-
revanche, les scientifiques faisant de la recherche fiques des pays en développement ont également
appliquée, dans bien des cas sur le terrain et loin la possibilité d’accéder aux serveurs de preprints
des grands centres de recherche, ont traditionnel- et de « publier » leurs travaux directement sur ces
lement un moindre accès aux ressources, y com- serveurs ou sur d’autres systèmes d’archives
pris aux technologies de l’information. On voit ouvertes similaires.
qu’à l’intérieur même des pays en développement Les communautés scientifiques des pays en
coexistent utilisateurs du « premier monde » et développement sont tout à fait conscientes de la
utilisateurs du « tiers monde ». nécessité de renforcer d’urgence leurs capacités
À n’en pas douter, les scientifiques et les dans le domaine de l’informatique et de la télé-
institutions des pays en développement qui dis- matique. En exerçant des pressions sur leurs gou-
posent de moyens d’information et de télécom- vernements et en faisant appel aux organisations
munication modernes sont mieux à même de internationales pour que celles-ci les aident à
jouer un rôle significatif au sein de la commu- améliorer leur infrastructure en matière de tech-
nauté scientifique mondiale que leurs collègues nologies de l’information, il est à espérer qu’elles
moins privilégiés. Dans l’univers électronique, parviendront à inverser la tendance à un élargis-
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l’information a moins tendance à demeurer à l’in- sement du « fossé numérique ». Dans l’intervalle,
térieur d’un cercle étroit de chercheurs, ce qui de nombreux scientifiques des pays en dévelop-
met fin à cet « accès réservé » qui caractérisait les pement resteront tributaires de collaborateurs ou
moyens plus classiques de transfert de l’informa- de collègues altruistes bénéficiant d’un meilleur
tion. Alors que dans le système de communica- accès qu’eux à toutes les sources d’information
tion scientifique traditionnel, seul un nombre res- indispensables pour demeurer compétitifs dans
treint de chercheurs pouvaient faire partie des un monde où la recherche scientifique évolue à
« collèges invisibles », dans l’environnement un rythme rapide.
télématique moderne, il est courant que l’on com-
munique à des collègues les messages reçus par Les préoccupations actuelles et
courrier électronique ou transmis par un serveur les espoirs pour l’avenir
de listes, élargissant ainsi le cercle des récepteurs
potentiels (Weller, 1996). Les trente années qui se sont écoulées depuis que
Néanmoins, les technologies de l’informa- Diana Crane a rédigé son article de fond sur la
tion ne peuvent à elles seules briser les barrières nature de la communication et des influences
sociales et culturelles qui, de l’avis de beaucoup, dans le domaine scientifique (Crane, 1970) ont
empêchent les scientifiques des pays en dévelop- été marquées par une restructuration radicale des
pement d’occuper la place qui leur revient au sein mécanismes de la communication scientifique.
de la communauté internationale des chercheurs. On a modernisé certaines procédures pour les
On ne parviendra à débarrasser l’évaluation adapter aux changements induits par les nou-
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velles technologies de l’information, principale- de travail des chercheurs et aideront ces derniers
ment dans des domaines comme les sciences de à réaliser leurs objectifs. Quand bien même les
l’espace, la physique des hautes énergies ou la mécanismes évoluent, les fonctions de base de la
recherche sur le génome humain. Peut-être le plus communication et les aspirations fondamentales
grand bouleversement résultant de l’irruption des des scientifiques demeurent identiques. Comme
technologies de l’information dans la sphère de la le font observer quelques auteurs, il est tout à fait
recherche scientifique ne tient-il pas tant à la concevable qu’à l’avenir les travaux scientifiques
rapidité, à la flexibilité et à la portée de la com- se présentent, non plus sous la forme en deux
munication par ordinateur qu’aux incidences de dimensions de pages de texte, d’images et de
ces possibilités sur la pratique de la science. Des données chiffrées, mais comme des univers tridi-
questions nouvelles et fondamentales concernant mensionnels à l’intérieur desquels il sera possible
la production, le transfert et l’accessibilité de l’in- de naviguer. Ces univers pourront communiquer
formation scientifique qui ne s’étaient pas posées avec d’autres univers, tels que serveurs d’ar-
avant la révolution électronique se font à présent chives, ou permettre une collaboration interactive
jour. La protection du droit d’auteur et la préser- en temps réel entre plusieurs chercheurs (Casher
vation des documents scientifiques sont des pro- et Rzepa, 1995). Sans doute est-il facile d’imagi-
blèmes souvent évoqués. Les archives scienti- ner que de tels changements induits par la tech-
fiques doivent être conservées indéfiniment mais, nologie puissent se produire. Il est plus difficile
à la différence de leurs équivalents imprimés, les de prévoir la manière dont la communauté scien-
documents électroniques n’ont pas d’existence tifique, en tant qu’elle est avant tout une structure
matérielle et permanente. Qui donc sera le dépo- sociale, réagira à de tels changements. Processus
sitaire de ces documents « fragiles » et assurera la intrinsèquement collectif, la recherche repose sur
responsabilité de préserver le patrimoine scienti- tout un réseau préétabli de relations et oppose de
fique mondial sous sa forme numérique ? ce fait une inertie considérable aux changements.
De surcroît, alors que l’édition électronique La communication informelle, qui repré-
prend de plus en plus le pas sur l’édition de docu- sente la forme de communication entre cher-
ments imprimés, il apparaît nécessaire de mener cheurs et groupes de chercheurs la moins structu-
des recherches plus poussées sur les caractéris- rée, est en train de se développer, facilitée par les
tiques fondamentales de la communication et de médias électroniques. Il se pourrait bien que la
la collaboration scientifiques. La souplesse communication par ordinateur, dont on a pu pen-
accrue et la pénétration dans le monde entier du ser qu’elle réduirait peu à peu la nécessité pour
discours véhiculé par l’ordinateur transforment les scientifiques de franchir de longues distances
profondément les relations avec les partenaires afin de se rencontrer physiquement, ait l’effet
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extérieurs, en particulier par-delà les frontières inverse. Des contacts positifs et fructueux entre
politiques, culturelles et géographiques. Pour des scientifiques géographiquement éloignés les
comprendre comment il est devenu possible uns des autres risquent fort d’accroître encore
d’échanger toutes sortes d’informations sans dis- leur envie de se parler de vive voix. Les diverses
continuité et quelle que soit la situation géogra- possibilités d’échanges informels, tels que cour-
phique, il importe d’avoir une connaissance plus rier électronique ou serveurs de listes, qui per-
approfondie du processus que constitue la colla- mettent d’associer un plus large public au débat
boration elle-même. On s’intéresse donc aux scientifique et le fait qu’il est aujourd’hui moins
aspects sociologiques de la communication entre coûteux et plus facile de voyager pourraient avoir
chercheurs de différentes disciplines, surtout pour effet d’accroître la participation aux
lorsque cette communication se limite à des réunions scientifiques. Il est fort possible que
échanges à distance. La collaboration, comme la l’Internet rapproche les scientifiques, et pas seu-
communication, est intrinsèquement un proces- lement dans le cyberespace.
sus social, ce qui signifie que de nombreux fac- Pour l’heure du moins, il est probable que
teurs connexes peuvent intervenir et intervien- les changements dans la structure des systèmes
nent effectivement (Katz et Martin, 1997). de communication entre scientifiques se feront
Au bout du compte, l’utilisation efficace de plutôt sur le mode de l’évolution que de la révo-
l’infostructure mondiale aux fins de la recherche lution, les systèmes nouveaux coexistant avec les
scientifique dépendra de la mesure dans laquelle systèmes plus classiques. Ce qui nous apparaît
les nouveaux outils s’intégreront aux méthodes aujourd’hui comme la direction dans laquelle les
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choses évoluent n’est peut-être qu’une tendance cheurs, si difficile qu’il soit de prévoir ce que
passagère qui fera place à un avenir que nous nous réserve l’avenir. Et deuxièmement, l’évolu-
aurons été incapables d’anticiper (Hurd, 1996). tion des mécanismes de la communication scien-
Néanmoins, deux choses ne font aucun doute. En tifique internationale sera toujours plus liée aux
premier lieu, nous sommes dans une période de progrès et à la diffusion des technologies de l’in-
transition décisive où sont jetées les bases de ce formation.
que sera demain la communication entre cher- Traduit de l’anglais

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