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ÉTUDE LINÉAIRE 1

Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, « Les droits de la


femme », 1791

INTRO
[Accroche] Dans un siècle de révoluO des savoirs, Olympe de Gouges est une auteur engagée dont
les écrits reflètent les nombreux combats pour légalité et la justice entre les êtres humains, ce qui la
conduira à l’échafaud en 1793.
[Œuvre intégrale] Féministe avant tout, elle souhaite réhabiliter les femmes dans la société. Elle
écrit en 1791 un texte qui sera placardé sur les murs de Paris : La Déclaration des droits de la fê et
de la citoyenne. C’est une réponse au texte emblématique des Lumières : La Déclaration des droits
de l’hô et du citoyen, qui exclut les fê.
[Présentation du texte] Après la dédicace à la reine Marie-Antoinette qui introduit son propos et
avant les articles de sa Déclaration, O de G écrit un court texte, intitulé « Les droits de la femme »,
dans lequel elle apostrophe les hô.
[Lecture du texte] (« Je vais maintenant procéder à la lecture de ce passage »)
[Problématique] Nous verrons ainsi en quoi ce texte polémique met à mal la prétendue domination
de l’hô sur la fê.
[Annonce du plan : les mvnts] interpelle brutaleT l’hô pour le défier (1à 3) ; mise en parallèle avec
la nature discrédite ses agisseT (3à 10) ; supériorité qu’il s’est arrogué (11à 15).

1er mvnt : une apostrophe polémique (l. 1 à 3) → comment l’autrice oblige-t-elle l’hô à répondre de
ses injustices envers la fê ?

→ Tour très oral (+ ou – discours) ; valeur générale→ Interpelle vigoureusement son destinataire
(apostrophe) → « Homme » (l.1)
→ met en évidence son manque de respect du droit et de l’équité ; attaque l’hô → Phrase
interrogative ; question oratoire/ rhétorique (n’attend pas de réponse en retour) → « es-tu capable
d’être juste ? » (l.1) (possibilité)
→ Hô et fê sur un même pied d’égalité ; manière + mordante (agressive) ; annonce des propose
virulents et capte l’attention du lecteur/auditeur ; Rapport familier
→ tutoiement → « tu », « t’«, « tu » (l.1)
→ se dresse seule contre l’hô en générale → article indéfini → « une » femme (l.1)
→ domination despotique et cruelle exercée par l’hô sur la fê → Phrase interrogative→ « qui t’as
donné » (l.2) (fê privée de nombreux droits)
→ faire référence à l’idée combattue par les Lumières (obscurantisme) → isotopie de la tyrannie ;
phrase hyperbolique → « souverain empire opprimer » (l.2)
→ interroge sa légitimité (hô) → question ironique → « ta force ? Tes talents ? » (l.3)

TRANSITION Par une ouverture abrupte qui prend a parti l’adversaire, O de G somme donc
l’hô de justifier son comportement. Elle va poursuivre son propos en détaillant son
raisonnement

2er mvnt : argument d’autorité (l. 3 à 10) → comment l’autrice exploite-t-elle efficacement la
comparaison avec les êtres de la nature ?

Afin de confirmer ses propos et de prouver que l’homme n’a pas à avoir d’emprise sur la fê,
l’auteure multiplie les impératifs dans les 1eres lignes : « observe ; parcours ; donne » : l’hô
n’a plus qu’un rôle exécutant alors qu’elle se positionne désormais en maître(esse) et en guide.
→ référence élogieuse,respectueuse à Dieu → majuscule → « Créateur » (l.3) ; « grandeur » (4)
(se montre orgueilleux voulant se rapporcher du « divin », blâme)

1er paragraphe se termine par expression hyperbolique « empire tyrannique » (l.5) → complète
isotopie amorcée dans le premier mouveT + dénonce l’emprise de l’hô sur la fê

suprématie de l’hô (pas naturelle, pas légitime) → O de G va dénoncer son comporteT

(→ rigueur de son raisonneT → connecteur conclusif → « enfin » (l.6))


→ OdeG veut que l’hô prouve sa dominaO en cherchant des exemples concrets dans la nature →
isotopie → « animaux, éléments, végétaux, matière organisée » (l.6)
→ l’hô est le seul de tte sa génération à agir ainsi → impératif → « rends-toi à l’évidence » (l.7)

démarche scientifique
→ l’auteure somme son interlocuteur à trouver des preuves → gradation de verbes (examen
minutieux de la nature environnante) → « cherche, fouille, distingue » (l.8)
(→ l’hô n’y arrivera pas → proposition sub. Conj. Circonstancielle de condiO → « si tu peux »
(l.8))

affirmation de l’égalité entre les sexes (mêmes droits)


→ loi générale → présent de vérité générale → « coopèrent » (l.9)
→ complémentarité des deux sexes → lexique de l’union → « confondus, coopèrent,
harmonieux » (l.9-10) (œuvre commune idéale)
→ nature sert de modèle à l‘hô

TRANSITION Ce portrait élogieux de la nature a pour objectif de mettre en évidence le


comporteT blâmable des hô vis-à-vis des fê : la supériorité masculine n’est pas naturelle mais
artificiellement revendiquée et instaurée par l’hô.

3e mvnt : l’hô seul coupable (l. 11 à 15) → comment met-elle en valeur l’aberration de la supériorité
masculine ?

Ode G ne s’adresse plus directeT à l’hô mais parle de lui en employant le nom singulier
« L’homme ». Elle ne lui dit plus comment agir mais constate sa seule responsabilité dans la
confrontation hô/fê puisqu’il a décrété qu’il était différent des autres espèces vivantes et que
cela légitimait sa supériorité, alors que rien dans la nature ne le prédisposait à cette place.

→ susciter une réaction → participe passé péjoratif → « fagoté » (l.11)


→ l’hô et ses idées sont ridiculisées → ton satirique
→ attaque de l’auteure virulente, insultante (mettre en avant la VANITE de lui qui se croit
supérieur) → énumération en gradation ascendante → « bizarre, aveugle, boursouflé de
sciences » (l.11-12)
→ la raison et l’esprit critique sont de mise pour lutter contre l’obscurantisme
- adjectif → « aveugle » (l.11)
- antithèse → « sciences/ignorance » (l.12-13)

→ chaîne sonore frappante, l’hô face à ses contradictions + rappel de sa tyrannie → allitération en s
(l.12-13) + assonance en é (l.12)
qualités des fê
→ fê ont des qualités intellectuelles (capacités de réflexion + esprit critique) → périphrase → « un
sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles » (l.13-14) → revendications légitimes

pouvoir absolu de l’hô mais arbitraire


→ égoïsme de l’hô, entêtement à satisfaire ses propres désirs → verbe → « il veut [...] » (l.13)
→ pour finir, propos de O de G logiques, implacables → longue phrase déclarative → « pour ne
rien dire de plus » (l.15)

CONCLUSION

[Bilan + réponse à la pb] Dès le seuil de la Déclaration, le registre polémique est manifeste. Ode G
apparaît comme une fê combative qui n’hésite pas à se mesurer à l’hô pour réclamer ses droits : elle
veut qu’il prenne conscience de l’absence de fondement naturel de sa dominaO dans la société et
procède à une implacable accusaO afin de souligner cette illégitimité. Elle apparaît ainsi comme
une fê des Lumières en bâtissant un raisonnement organisé et argumenté.
[Ouverture] Ce registre est fréquemment déployé par les auteurs lorsqu’ils veulent défendre des
idées ou des causes tout en discréditant leur adversaire. Si Ode G s’en sert pour dénoncer l’inégalité
entre hommes et femmes, Diderot, dans Supplément au voyage de Bougainville, à la même époque
(1796) donne la parole à un vieux Tahitien qui, s’adressant à l’explorateur européen Bougainville,
va attaquer son ethnocentrisme et sa prétendue supériorité en montrant que toutes les civilisaO se
valent et qu’aucune ne doit dominer l’autre.

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