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Le langage des tambours

De l'importance des tambours dans les manifestations politiques et


religieuses
Georges Niangoran-Bouah, Léon Raymond Ahouo
Dans Africultures 2003/3 (n° 56), pages 51 à 51
Éditions Africultures
ISSN 1276-2458
ISBN 2747553787
DOI 10.3917/afcul.056.0051
© Africultures | Téléchargé le 07/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.47.128.142)

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Le langage des tambours
Entretien avec le Pr. Niangoran-Bouah,
ethnosociologue et drummologue
De l'importance des tambours dans les manifestations
politiques et religieuses.

Qu’est-ce que la drummologie ? Le tambour fait aussi partie du politique.


Le terme « drummologie » se décompose Il fait l’éloge des chefs et de ceux dont on
en « drum » qui signifie, en anglais, tam- connaît les mérites, les hauts faits, la re-
bour, et de « logos » qui, en grec, désigne nommée. Il parle de leur généalogie, de
l’étude ou la science. La « drummologie » leurs ascendants et descendants, de leur
est donc la science qui étudie les institu- biographie. Quand on est ainsi né et
tions mentionnées dans le tambour. À considéré, on ne doit pas se promener de-
partir de là, on peut distinguer la drum- vant le tambour sans rien donner. C’est
mophonie, c’est-à-dire la traduction de ce une pratique traditionnelle à laquelle il
que disent les tambours, et la drummo- faut sacrifier.
graphie, le texte dont le tambour est l’ori- Quel intérêt y a-t-il à promouvoir le lan-
gine. gage tambouriné dans notre monde mar-
qué par la prépondérance du langage in-
La drummologie s’enracine dans les so-
formatique ? N’êtes-vous pas dépassé ?
ciétés à tambours. Il y a une grande varié-
té de tambours dans les cultures ébriée, C’est vrai que certains pourraient le pen-
baoulée, abourée, agnie, etc., sans oublier ser. Mais il faut leur dire que la télécom-
les cultures abron et ashantie. Il y a, à part munication existait déjà en Afrique. Le
le tambour, d’autres instruments parleurs tambour attoungblan peut être entendu
comme le djomolo chez les Baoulés ou le entre trente et quarante kilomètres, instal-
balafon chez les Sénoufos. Il convient lé sur une hauteur et en direction du vent.
donc de dire que la drummologie est l’é- Il suffisait d’installer des relais distants
tude de tous les instruments parleurs.
l’un de l’autre de cinq à sept kilomètres.
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Quel est le rapport du tambour et de la re- Chez les Ébriés, il y avait un tambour qui
ligion, et celui du tambour et du poli- pouvait se faire entendre d’Abidjan à Bin-
tique ? gerville. C’était un tambour à lèvres et
Le tambour interroge ainsi l’individu : non à membrane. Nos anciens connais-
« D’où viens-tu ? » « Qui t’a créé ? ». Le saient déjà la télécommunication. Ils
tambour est matière pour les artistes qui étaient instruits. C’est pour cela que mon
le sculptent, son pour les physiciens, di-
souci est d’étudier et de faire connaître l’-
vin tambour pour les croyants. Pour ces
histoire des sociétés africaines. Je veux
derniers, au commencement était le tam-
bour. Le tambour est énergie, puis vibra- promouvoir un parler africain.
tion, laquelle est sons et mots, et finale- propos recueillis par Léon Raymond Ahouo
ment phrase venant de Dieu. Il explique
comment le verbe est né. Il faut dire que
les croyances africaines n’ont rien à voir
Georges Niangoran–Bouah est né le 29

avec le christianisme. Dieu a créé l’hom-


décembre 1935 en Côte d’Ivoire. Attaché

me, et l’homme a créé Dieu. Dieu a tout


de recherche au C.N.R.S. de Paris de 1956
à 1961, il est surtout connu pour ses re-
créé, et à la fin Il a créé la mort qui L’a tué. cherches sur la drummologie. C’est l’un
C’est l’homme qui parle de Dieu, qui dit
de ses plus illustres chercheurs en scien-
qu’Il est, qu’Il est bon, qu’Il est tout-puis-
ces sociales que la Côte d’Ivoire a vu s’é-

sant.
teindre le 26 mars 2002 à Abidjan.

Africultures n°56 - juillet - septembre 2003 51

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