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3 Le contrat, un outil qui sécurise

l’entreprise

1. Sécuriser la période précontractuelle


1. Identifiez, dans le Doc 1, les parties en présence dans le projet de fusion et le degré de réalisation de ce
projet.
 Les parties en présence dans ce projet de fusion sont GE (General Electric) et EDF.
 Le projet en cours est un projet de rachat de la branche nucléaire de GE.
 Ce dernier est encore loin d’être réalisé : les parties progressent dans leurs discussions et sont donc en
pourparlers.
2. Pourquoi ce type de contrat nécessite-t-il plusieurs mois de discussion ?
Un rachat de branche entre deux entreprises de la taille de GE et EDF, qui plus est dans un secteur observé par les
pouvoirs publics (notamment pour des questions de souveraineté énergétique et d’écologie), ne peut se faire sans
des études très approfondies et des négociations, notamment sur les aspects tarifaires.
Il est donc normal de permettre une longue phase précontractuelle sans laquelle les parties n’accepteraient jamais
de s’engager contractuellement « à l’aveugle ».
3. Expliquez pourquoi chacune des obligations conduit à une sécurisation des relations commerciales.
 La bonne foi garantit la loyauté du comportement de l’autre partie
 L’obligation d’information permet de réduire l’asymétrie d’information,
 L’obligation de confidentialité évite la fuite d’informations obtenues lors des pourparlers :

4. Expliquez à quoi s’engage un cocontractant.

Un cocontractant s’engage à la loyauté dans la phase précontractuelle, mais non à la formation elle-même du
contrat.
Si les pourparlers échouent, cette perte de temps, d’argent et d’action fera partie des « risques du métier », mais si
cela découle d’un comportement déloyal, il convient de l’indemniser.

La différence essentielle tient à ce que le débiteur d'un pacte de préférence ne prend pas l'engagement de vendre
mais seulement de préférer un cocontractant au cas où il vendrait. Contrairement au promettant dans la promesse, le
débiteur reste donc libre de vendre ou de ne pas vendre. Cette liberté est de l'essence du pacte de préférence.
5. Précisez et expliquez la solution la plus adaptée à la situation de M. Rousseau et de Mme Gomez, entre
pacte de préférence et promesse unilatérale.
En l’espèce, ce n’est pas Mme Gomez qui n’est pas certaine d’acheter, au moins en ce moment, la seconde activité,
mais M. Rousseau qui n'est pas sûr de vendre. La promesse unilatérale n’est donc pas appropriée, puisque c’est le
bénéficiaire qui décide ou non de conclure. C’est donc un pacte de préférence qu’il convient d’établir :
M. Rousseau, si et quand il vendra son activité, ne pourra la proposer qu’à Mme Gomez.
6. Quelle serait la conséquence d’une vente par M. Rousseau de sa seconde activité à une autre personne,
M. Dumont, si ce dernier ignorait l’existence de l’accord avec Mme Gomez ?
Si M. Dumont contractait avec M. Rousseau en ignorant l’existence du pacte de préférence, Mme Gomez pourrait
se prévaloir de l’article 1123 du Code civil pour demander réparation.
7. Quelle serait la conséquence d’une vente par M. Rousseau de sa seconde activité à M. Dumont si ce
dernier connaissait l’existence de l’accord avec Mme Gomez ?
Si M. Dumont contractait avec M. Rousseau en connaissant l’existence de ce pacte de préférence, Mme Gomez
pourrait de nouveau convoquer l’art. 1123 du Code civil et demander, à son choix, l’annulation du contrat entre
MM. Rousseau et Dumont ou la substitution de sa personne dans le contrat à la place de M. Dumont.

Thème 1 – L’intégration de l’entreprise dans son environnement 1


8. Expliquez la démarche que pourrait engager M. Dumont à l’égard de Mme Gomez pour être certain
qu’il ne peut pas se porter acquéreur de la seconde activité de M. Rousseau.
Il serait dommage pour M. Dumont de ne pas acquérir la seconde activité si Mme Gomez décidait finalement de ne
pas se prévaloir de son pacte de préférence. Pour cette raison, M. Dumont peut demander à Mme Gomez, par écrit
et sous un délai raisonnable, de lui signifier si elle désire ou non actionner ce pacte.

2. La sécurisation de la période contractuelle


1. Précisez, pour chacun des cas ci-dessous, la cause d’invalidité du contrat.
a) Mme X décide, sans lui en avoir parlé, que Mme Y lui donnera son manteau et va le lui prendre.
Mme X a décidé sans même consulter Mme Y, il y a donc absence de consentement.
b) Mme X explique à sa collègue Mme Y qu’elle parlera de ses erreurs professionnelles à leur employeur
si elle ne lui offre pas un scooter.
La menace proférée pour obtenir le scooter invaliderait son éventuel don car il y a eu violence morale.
c) Mme X, assistante administrative a, sans en informer son employeur, demandé et validé un devis au
nom de son entreprise pour refaire son bureau avec de luxueux matériaux.
Le contrat est invalide car Mme X ne dispose pas de la capacité juridique pour engager contractuellement son
entreprise dans un tel contrat.
d) Mme X vend sa voiture en oubliant de préciser que, depuis deux ans, les problèmes électroniques sont
permanents malgré de multiples tentatives de réparation.
Mme X a volontairement trompé son acheteur, il y a donc manœuvre dolosive.
2. Qu’est-ce qui distingue un licenciement d’une annulation de contrat de travail ?
Un licenciement met fin à un contrat de travail valablement formé. Il porte en général sur un problème dans
l’exécution du contrat (par exemple dans les tâches réalisées), et non sur un problème de formation.
Le licenciement se distingue donc d’une annulation du contrat, puisque cette dernière porterait sur un défaut de
formation de ce contrat, par exemple une manœuvre dolosive sur les diplômes mentionnés.
3. Qu’est-ce qui distingue un divorce d’une nullité de mariage ?
Un divorce met fin à un mariage qui a réellement été contracté : les personnes étaient époux de la date du mariage
jusqu'à celle du divorce.
Une nullité signifie que le mariage n’a jamais eu lieu : n’ayant pas été valablement formé, il n’a pas existé.
4. Expliquez l’intérêt pour une entreprise d’insérer une telle clause dans ses conditions générales de
vente.
Grace à cette clause, l’entreprise pourra récupérer ses marchandises si elles ne sont finalement pas payées.
5. Précisez, pour chacun des exemples ci-dessous, pourquoi la situation décrite n’est pas licite.
a) Un vendeur de structure métallique a passé un contrat sur deux ans avec un client. Au bout de
quelques mois, il mentionne « une logique tacite et évidente » qui permet d’augmenter ses prix sur le
contrat en cours pour tenir compte des cours du marché.
Cette situation n’est pas licite puisque la clause d’indexation doit être explicitement intégrée au contrat (ou
proposée ensuite dans un avenant). Elle ne peut donc pas être tacite, même sous la « fausse logique » de son
prétendu caractère évident qui ne l’est pas en l’espèce.
b) Ce même vendeur précise dans son contrat qu’en cas d’effondrement d’une passerelle posée sur ses
structures, une indemnité de 100 euros sera versée.
Cette situation n’est pas licite puisque cette indemnité est dérisoire.
6. Indiquez si, dans un contrat, les différentes clauses ci-dessous seraient licites.
a) Le gestionnaire du parc de stationnement ne remboursera pas le ticket d’entrée à un automobiliste
qui, n’ayant trouvé aucune place, devrait ressortir sans avoir pu se stationner.
Cette clause ne serait pas licite au regard de l’actuel article 1170 du Code civil, puisqu’elle porte sur la substance
de l’obligation d’une société de parking : permettre de stationner son véhicule.

2 Chapitre 3 – Le contrat, un outil qui sécurise l’entreprise


b) Dans un contrat de société, M. James s’engage à percevoir tous les bénéfices de l’activité et M. Luigi à
en rembourser toutes les dettes.
Cette clause ne serait pas licite au regard de l’actuel article 1171 du Code civil, puisqu’elle génère un déséquilibre
« significatif » entre les droits et obligations des deux parties. Cette clause est donc « non écrite ».

3. Remplir les obligations de son contrat


1. Expliquez le principe de force obligatoire du contrat et son intérêt.
La force obligatoire impose à un contractant de respecter l’obligation qu’il s’est librement créée. En effet, puisque
j’ai été libre de me créer cette règle, il est normal que je réalise ce à quoi je me suis librement obligé.
2. Montrez que la démission d’un salarié est une rupture unilatérale, mais qu’elle ne s’oppose cependant
pas à l’article 1103 du Code civil.
La démission est bien une rupture unilatérale puisqu’elle permet au salarié de rompre le contrat de travail sans
l’accord de son employeur : il n’y a donc pas de consentement mutuel des parties. Néanmoins, la démission est
bien conforme à l’article 1103 du Code civil puisque ce dernier prévoit l’absence de consentement mutuel pour une
cause prévue par la loi, ce qui est bien le cas de la démission.
3. Précisez pour chaque contrat les obligations de chacune des parties, puis qualifiez-les (obligation de
donner, de faire ou de ne pas faire).
Contrat de travail d’Hector :
 obligation de faire pour le salarié ;
 obligation de rémunérer la personne pour l’employeur.
Contrat de construction :
 obligation d’effectuer les travaux pour l’entreprise Judris ;
 obligation de payer la facture pour le particulier qui achète de la piscine.
4. Quelles sont les conséquences de cette qualification sur l’exécution du contrat pour l’entreprise
Judris ?
S’il y a mauvaise exécution, l’exécution forcée en nature sera de droit pour l’obligation de donner, alors que, pour
l’obligation de faire, cela se traduira par des dommages et intérêts.
Depuis l’ordonnance du 10 février 2016, la distinction est presque abandonnée, car le principe sera désormais
l’exécution en nature, sauf quand cela sera impossible (article 1221 du Code civil).
5. Expliquez l’intérêt du principe évoqué dans l’article 1199 du Code civil.
Le contrat est une obligation que des parties se créent à elles-mêmes. S’il est normal que la volonté d’une personne
l’engage, il est tout aussi compréhensible que la volonté d’une personne ne puisse engager autrui si cette dernière
est extérieure à la manifestation de volonté. On imagine bien l’absurdité que serait une règle de droit qui
permettrait que la volonté d’une personne créée une obligation à une autre (par exemple : M. X et M. Y
conviennent que M. Z doit leur donner 100 euros).
6. Expliquez l’intérêt de l’exception posée à ce principe par l’article 1224-1 du Code du travail.
Lorsqu’une personne est embauchée, son contrat de travail existe entre elle et l’entreprise X. Imaginons que
l’entreprise Z rachète l’entreprise X qui disparait juridiquement : il y aurait alors un contrat entre le salarié et une
personne disparue, créant ainsi la fin de son contrat de travail. Pour éviter cette situation, le principe de l’ayant-
droit à titre particulier vient imposer au repreneur de l’entreprise X de poursuivre les engagements issus du contrat
de travail, même s’il n'était pas lui-même cocontractant lors de la formation de ce dernier.
7. Comment le principe juridique de groupe de contrats peut-il protéger l’entreprise contre des débiteurs
négligents ?
La notion de groupe de contrats regroupe à la fois des ensembles contractuels et des chaînes de contrats. L'avantage
majeur de cette notion est que ces contrats sont interdépendants les uns des autres, donc le sort des uns est lié au
sort des autres, ce qui signifie que l’entreprise a la possibilité de récupérer sa créance directement si son débiteur a
été négligent.

Thème 1 – L’intégration de l’entreprise dans son environnement 3


4. Les règles applicables en cas de problème d’exécution du contrat
1. Expliquez la possibilité offerte à une partie de ne pas respecter ses obligations dans un contrat selon
l’article 1219 du Code civil.
L’article 1219 du Code civil prévoit qu’une partie peut refuser d’exécuter son obligation alors que celle-ci est
exigible si l’autre n’exécute pas la sienne : il serait en effet paradoxal de poursuivre ses obligations alors que l'on
sait ne pas en percevoir les contreparties.
2. Expliquez pourquoi l’exécution forcée est une conséquence logique de la force obligatoire d’un
contrat.
La force obligatoire m’imposait d’exécuter ce à quoi je m’étais obligé. La conséquence logique en est que, si je ne
respecte pas l’obligation à laquelle je me suis obligé, il est possible de me contraindre à m’exécuter.
3. Quels sont les différents moyens de mettre fin au contrat ?
Pour mettre fin au contrat, il faut soit l’annuler, soit le faire disparaître en droit : on parle alors de nullité, de
résolution ou de résiliation.
4. Quelle différence y a-t-il entre une obligation de moyen et une obligation de résultat ?
Dans une obligation de moyen, les parties s’engagent à tout mettre en œuvre pour exécuter leur obligation. Elles
seront en défaut si elles manquent à la mise en œuvre de ces moyens.
Dans une obligation de résultat, les parties s’engagent à exécuter leur obligation. Elles seront en défaut si, en
dehors des causes d’exonération (question suivante), l’obligation n’est pas exécutée.
5. Donnez des exemples pour chaque cause d’exonération.
 Exemples de force majeure : inondation, tempête, tsunami…
 Exemples de fait d’un tiers : une personne pousse une autre personne qui tombe sur une voiture.
 Exemples de faute de la victime : suicide, oubli de donner des informations (provoquant une allergie)…
6. Expliquez l’intérêt de pouvoir qualifier d’abusive une clause.
Le fait d’annuler la clause permet de réduire le déséquilibre entre le professionnel et le consommateur, ce dernier
étant la partie la plus vulnérable. Cela permet également d’appliquer le droit français des contrats.

ENTRAÎNEMENT : LES DIFFICULTÉS JURIDIQUES DE


L'ENTREPRISE MICROX
1. Précisez si l’entreprise MicroX peut se prévaloir de la clause de réserve de propriété rédigée dans ses
conditions générales de vente.
Si, dans les faits, le matériel informatique a été livré par l’entreprise MicroX le 8 janvier à son client, qui avait, en
signant le bon de commande, approuvé les conditions générales de vente, lesquelles incluaient une clause de
réserve de propriété ; et si, selon la règle de droit (article 2367 du Code civil), une clause de réserve de propriété
peut licitement prévoir de suspendre le transfert de propriété d’un bien en en attendant le paiement, alors la
société MicroX peut légitimement se prévaloir de cette clause à l’encontre de son client.
2. Appréciez la licéité du comportement de l’entreprise Web@tor.
Si, dans les faits, l’entreprise MicroX est en pourparlers avec l’entreprise Web@tor et qu’elle a pour cela consacré
du temps et des ressources financières à payer des experts ; si, dans le même temps, la société Web@tor a conduit
ses pourparlers sans réelle volonté de contracter, mais pour utiliser l’entreprise MicroX comme argument de
négociation avec un autre acquéreur potentiel envers qui elle était déjà engagée ; et si, selon la règle de droit, des
pourparlers peuvent être librement rompus, sauf, selon l’arrêt « Manoukian » de la chambre commerciale de la
Cour de cassation, à constituer un abus du droit de rompre qui est une faute caractérisée par le fait de tromper la
confiance du partenaire, alors la société Web@tor semble bien, en l’espèce, avoir commis un abus de droit.
L’entreprise MicroX est donc fondée à demander réparation pour cette rupture fautive des pourparlers. Elle peut
ainsi notamment obtenir l’indemnisation du temps qu’elle a consacré à mener ces négociations et les frais d’experts
que ces dernières lui ont généré.

4 Chapitre 3 – Le contrat, un outil qui sécurise l’entreprise

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