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Normalement, l’assureur n’est pas obligé de vérifier les déclarations de l’assuré lors de
la souscription, car l’assuré est toujours considéré de « bonne foi ». C’est l’assureur qui
est tenu de prouver la mauvaise foi de l’assuré en cas de litige.
Il est important de le rappeler et de bien prendre en considération que la bonne foi est
la règle et la mauvaise l’exception. Cela ne doit pas pour autant faire perdre de vue que
la fraude à l’assurance est née avec l’assurance et qu’il existe des fraudeurs qui
pénalisent la collectivité des assurés honnêtes. Savoir détecter et interpréter des
comportements à risque nécessite mobilisation et professionnalisme de tous les acteurs
de l’instruction du sinistre. Il faut aussi décider au bon moment des mesures et des
moyens d’investigations tout en ayant le recul nécessaire pour ne pas se laisser entrainer
dans des aventures hasardeuses.
Avant de définir la fraude à l’assurance, donnons une définition de la fraude : «La fraude est
l’acte malhonnête fait dans l’intention de tromper en contrevenant à la loi ou aux règlements»
1.
La fraude à l’assurance est un acte malhonnête, réalisé par un assuré, dans l’intention de
tromper un assureur en contrevenant aux conditions générales ou particulières du contrat
d’assurance.
Les relations entre assureurs et assuré ont pendant longtemps été le domaine de prédilection
de plusieurs auteurs. Plusieurs éléments rendent l’existence d’un équilibre entre ces deux
parties extrêmement difficiles. Pourtant durant toute la durée du contrat qui les lie, assureur et
assuré ne cessent d’échanger des informations et ce, notamment en cas de sinistre.
L’article L124-1-1 du code des assurances en France stipule que : « constitue un sinistre tout
dommage ou ensemble de dommages causés à des tiers, engageant la responsabilité de
l'assuré,
De façon plus simple, le sinistre est tout événement incertain entrainant des conséquences
matérielles ou corporelles et dont peut résulter une indemnisation de la part des compagnies
d’assurance concernées.
C’est pour cela que lors de la survenance d’un sinistre l’assuré commence par faire une
déclaration auprès de son assureur. Celle-ci donne naissance à une demande d’indemnisation.
Le dossier du sinistre est alors constitué par le gestionnaire à partir des informations reçues de
la part de l’assuré. Les informations fournies par l’assuré s’avèrent révélatrices et peuvent
indiquer si le dossier est susceptible de faire objet de fraude due de ce fait à une asymétrie
d’information.
Partant de la théorie des contrats, cette dernière trouve sa source dans le fait que dans un
marché donné et en la présence de des deux acteurs, nous notons que l’un dispose d’une
meilleure information que l’autre remettant ainsi en cause le modèle de la concurrence pure et
parfaite basé sur la transparence entre les deux parties (Hart & Holmström,1978).
Nombreux sont les travaux de recherche qui ont mis en exergue l’existence de conflit
d’intérêts entre les deux parties de la cadre d’un contrat d’assurance. D’un côté, nous
trouvons que l’objectif principal de la compagnie est de maximiser son profit et de l’autre
l’assuré va tenter de maximiser son utilité.
Cette asymétrie est présente des deux côtés. En effet, l’assureur peut parfois cacher des
informations concernant certaines clauses du contrat surtout que le grand public n’est pas
toujours en mesure de déchiffrer le jargon du métier. Du côté de l’assuré, l’objectif sera
toujours de gagner et pourrait cacher des informations concernant son degré d’exposition au
risque ou encore au sinistre lui-même.
L’asymétrie d’information se trouve donc une source d’incertitude pouvant engendrer un
comportement opportuniste de l’une des parties. Deux formes de comportement sont souvent
mises en exergue : la sélection adverse et l’aléa moral (Chiappori, 1994).
• La sélection adverse :
On parle de la sélection adverse lorsqu’une partie qui dispose de meilleures informations que
les autres sur certains paramètres pertinents pour la relation. Dans la plupart des recherches
liées au domaine de l'assurance, le cas de la sélection adverse est évoqué puisque l’assuré est
considéré comme disposant d'informations plus importantes que la compagnie. Dans ce sens,
l'assuré dispose de meilleures informations que son assureur sur sa probabilité d'accident.
Notons que dans ce cas, l'avantage informationnel porte sur la variable « risque » qui a un
impact inéluctable sur les coûts encourus par l'assureur. Ben hamouda (2009) considère que
la sélection adverse est « une forme d’opportunisme précontractuelle ». C’est dans ce sens
que l’assureur en tenant compte de ses risques futurs souscrira au contrat d’assurance qui
serait susceptible d’être à son avantage.
Les cas de fraude sont tellement nombreux et variés que nous optons pour une classification
selon la nature des différents scénarios.
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• L'exagération des dommages, pouvant apparaître dans tous les cas d'assurance.
L'assuré présente de faux documents, ou fait appel à de faux témoignages pour attester
de la présence lors du sinistre (vol ; incendie ; dommages, etc.…) de biens inexistants
ou non sinistrés, mais ayant été déplacés.
• Les incendies volontaires, rencontrés dans les entreprises en difficultés financières, ou
concernant des biens difficiles à vendre.
• Les fausses déclarations de bris de glace afin de financer une réparation ou un
entretien de véhicule non indemnisable. Cette fraude apparaît également, sur
proposition d'un garagiste lors d'une reprise d'un véhicule, afin d'augmenter le montant
de la cession par le client. Dans tous les cas il y a complicité du garagiste qui fournit
une fausse facture.
• Les faux cambriolages dans lesquels l'assuré met en scène un vol dans son commerce
ou entreprise dans le but d'obtenir l'indemnisation d'objets qu'il n'a jamais possédés ou
qu'il a dissimulés.
• Les faux vols automobiles, dans le but d'obtenir un remboursement de dommages non
couverts, de faire rembourser des réparations importantes, pour faire face à un crédit
aux remboursements trop élevés, ou de se défaire d'un véhicule difficile à vendre.
• Les sinistres réels déclarés à une fausse date. Dans ce cas, l'assuré victime ou auteur
d'un sinistre non couvert, souscrit un contrat ou une garantie complémentaire, et
déclare le sinistre à une date postérieure.
• Les faux accidents de circulation. Ils permettent à l'assuré d'éviter un "malus" dans un
sinistre dont il est responsable (impact contre un corps fixe), en déclarant un accident
de parking, sans tiers identifié. L'assuré peut aussi se déclarer responsable d'un
accident, afin de faire prendre en charge des réparations d'un véhicule accidenté
antérieurement, ou pour faire indemniser les dommages d'un tiers qui est son
complice; ce dernier cas est fréquent lorsqu'un véhicule de location est en cause.
• Les fausses déclarations en matière d'assurances individuelles, corporelles, maladie,
ou vie. Elles se traduisent par :
- des arrêts de travail de complaisance, fréquents dans les assurances individuelles,
permettant d'obtenir des indemnités journalières indues.
- des faux certificats ou de complaisance concernant des taux d'incapacité établis à un
niveau plus élevé que la réalité, avec une simulation d'invalidité par l'assuré lors des contrôles
ou expertises.
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- la non déclaration par l'assuré d'une pathologie antérieure.
- la fausse déclaration de décès avec documents à l'appui, pour les assurances vie alors
que l'assuré est toujours vivant, avec des souscriptions multiples de contrats d'assurance.
- la fraude peut aussi apparaître lors de la demande d'un prêt bancaire, lorsque est exigé
un contrat d'assurances garantissant les remboursements, en cas de décès, de maladie, ou de
perte d'emploi.
Cette énumération de scénarios de fraude à l'assurance, n'est bien sûr pas limitative.
L'assurance apparaît comme une cible privilégiée pour les fraudeurs qui tirent, des profits
considérables de cette activité, dont l'ensemble des assurés supporte le coût.
A ce niveau une classification des pratiques de fraude semble être indispensable pour
distinguer :
- la création d’un sinistre : l’assuré organise lui-même le sinistre, que ce dernier soit
imaginaire ou réel ;
- la fraude consécutive à un sinistre aléatoire : après la survenance d’un sinistre, dont
la cause est extérieure à l’assuré, celui-ci, tente obtenir une indemnité à laquelle il n’a
pas droit.
1.1. L’organisation du sinistre par l’assuré :
1.1.1. Le faux sinistre :
L’assuré ayant besoin d’argent, peut trouver, par le biais de l’assurance, un moyen
relativement facile d’en obtenir. Il peut déclarer à l’assureur un sinistre qui n’a en réalité
jamais eu lieu. Mais une mise en scène est organisée par l’assuré, pour faire croire à la
survenance du dommage. La garantie la plus propice à l’organisation d’un faux sinistre est
sans aucun doute la garantie de vol.
a) Le faux vol de voiture : D’après les enquêtes réalisées sur les vols de voitures, nous
constatons que les mises en scène les plus fréquentes sont :
• Le véhicule peut avoir été « perdu » par l’assuré dans un parking de gare ou
d’aéroport, ou dans un garage qu’il a préalablement loué. Les motivations pour
l’assuré sont diverses : le véhicule est invendable en raison de son mauvais
état, de l’arrêt de fabrication, ou d’un coût d’entretien trop onéreux ; le
véhicule acheté à crédit, mais dont l’assuré ne peut régler les échéances ; ou
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enfin, la couverture d’un délit de fuite après un accident dont l’assuré ou un
conducteur autorisé était responsable.
• Le véhicule volé, peut en réalité, avoir été récemment vendu. Ou encore en
inversant les opérations de vol et de vente : l’assuré peut déclarer dans un pays
étranger le vol d’un véhicule assuré en France. Il perçoit l’indemnité puis
revend son véhicule non signalé au fichier français des véhicules volés.
• Le véhicule assuré peut ne plus exister, alors que la carte grise circule encore.
b) Le faux vol d’autres objets :
• L’assuré met en scène un cambriolage, afin d’obtenir le remboursement de
mobilier qu’il a déménagé en lieu sûr ou qu’il n’a jamais détenu.
• L’assuré peut déclarer le vol ou la perte d’un bijou, qu’il a préalablement
vendu ou oublié volontairement dans un lieu sûr.
• L’assuré peut aussi obtenir une indemnité pour le vol d’un objet de valeur
ayant fait l’objet d’une expertise préalable, mais dont l’assuré n’a en réalité
jamais été le propriétaire.
En garantie dommage, la fraude la plus fréquente consiste en l’acquisition d’un véhicule
assuré en tous risques, puis déclaré accidenté afin de percevoir sa valeur vénale. Cette
machination est utilisée le plus souvent par quelques garagistes peu scrupuleux. Le faux
sinistre peut être aussi le fait d’un particulier, qui a accidenté son véhicule, perçu une
indemnité, mais qui souscrit une nouvelle assurance pour sa voiture endommagée. La
garantie
de bris de glace a fait l’objet de nombreux abus. Le remboursement immédiat, sur simple
présentation de facture, a permis de régler plus de pare-brises qu’il n’en était fabriqués.
Il faut aussi souligner le grand nombre de faux sinistres en multirisques habitation. Par
exemple, pour obtenir de l’argent, l’assuré n’hésite pas à déclarer un dommage électrique
inexistant (garantie d’entretien).
En responsabilité civile, le faux sinistre peut résulter d’une véritable mise en scène, comme le
souligne l’exemple suivant: des assurés organisent un banal accident de la route, à la suite
duquel les victimes se plaignent de violents maux de tête, lesquels sont constatés par des
médecins experts. En réalité, l’accident n’avait pas eu lieu, et les malaises résultent de
l’absorption de drogues adéquates.
Enfin, il faut noter que les types de fraude en garantie accident corporel, restent toutefois
exceptionnels. Nous citons l’exemple d’un assuré qui grâce aux certificats médicaux fournis
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par son médecin, tenta d’obtenir l’indemnité prévue à son contrat. Cet assuré, victime d’un
accident, obligé de cesser son activité professionnelle et contraint d’être assisté d’une tierce
personne, fut filmé alors qu’il se déplaçait seul dans la région.
1.1.2. La provocation du sinistre par l’assuré :
L’assuré peut réclamer une indemnité suite à un sinistre dont il a été victime, mais dont il a
provoqué la réalisation. L’assureur n’a dés lors, aucune prestation à effectuer, puisqu’il s’agit
d’un sinistre volontaire.
Nous avons déjà abordé le cas du vol d’automobile précédemment. Mais nous soulignons ici
le problème des véhicules projetés dans des ravins ou réduits à l’état de cube métallique. En
effet, l’assuré subit réellement un sinistre, et il ne court pas le risque que l’assureur lui
propose de reprendre le véhicule contre remboursement de l’indemnité. Le véhicule a été
effectivement sinistré, même si cela résulte du fait volontaire de l’assuré.
Parmi les sinistres volontaires, c’est sans aucun doute l’incendie qui inquiète le plus les
assureurs, en raison de son coût. Il s’avère très difficile de prouver qu’un incendie est
volontaire, si l’on admet «qu’un sinistre ne présente pas un caractère douteux, si ses causes
sont parfaitement établies, ou si leur probabilité est très grande, à défaut de preuve »6. Les
motivations de l’assuré pour ce type de fraude sont très différentes : Par ce moyen, un gérant
d’entreprise, peut éviter la ruine de son entreprise, peut éviter des problèmes avec
l’administration fiscale, transformer ou changer ses locaux grâce à l’indemnité d’assurance.
Du coté des agriculteurs, on peut relater le cas d’une récolte assurée pour une valeur
supérieure à son cours, et qui flambe mystérieusement7. Des bâtiments anciens, spacieux,
construits en pierre de taille se révèlent invendables, mais leur incendie peut être une source
d’enrichissement lorsque l’assuré perçoit une indemnité correspondant à la valeur à neuf de
ce
bien8.
Concernant les simples particuliers, si les cas semblent plus rares, ils existent néanmoins. Le
particulier peut-il être délivré du paiement des échéances d’un prêt contracté pour une
maison,
ou un véhicule. L’assuré peut provoquer l’incendie d’une propriété construite sans permis,
dans une zone inconstructible, et dés lors invendable.
6 Note sur les sinistres douteux de l’Assemblé Plénière des Sociétés d’Assurance contre
l’incendie et les Risques
Divers, Novembre 1983
7 Vie française, 23 Juin 1980, article J. L Bengel
8 Compte rendu de réunion du 1er décembre 1982, Assemblé Plénière des Sociétés
d’Assurance contre l’incendie
et les Risques Divers
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1.2. La fraude après la survenance du sinistre :
Ces fraudes sont tellement fréquentes, qu’elles tendent à se banaliser. Acceptées par un grand
nombre de citoyens, pratiquées le plus souvent par des particuliers délinquants ou honnêtes,
l’ensemble de ces petites fraudes coûte cher à l’assurance. L’assuré a certainement subi un
dommage, mais il demande une indemnité à laquelle il ne peut prétendre, soit parce qu’il n’y
a pas droit, soit parce que son droit est en fait inférieur.
Nous élaborons cependant une classification en distinguant les deux hypothèses suivantes :
c) Celle où l’assuré peut modifier les circonstances de la survenance du sinistre ou bien
modifier la garantie.
d) Celle où l’assuré peut exagérer le montant des dommages.
Dans la première classe de fraude, le sinistre se produit dans des conditions qui n’ouvrent pas
droit à la garantie. En effet, l’assuré falsifie la réalité afin d’obtenir l’indemnité évitant que
l’assureur n’invoque une exclusion de risques ou une non assurance. Les cas sont très
nombreux en assurance automobile. L’assuré peut faire une fausse déclaration soit sur la date
ou l’heure de l’accident afin de faire jouer la garantie, soit encore sur les conditions de
réalisation du sinistre. Nous citons à titre d’exemple, les substitutions de conducteurs, où
l’auteur de l’accident, non titulaire d’un permis, se fait passer pour le passager. Aussi, en cas
d’accident survenu sans tiers identifié, l’assuré peut trouver un complice qui accepte de
participer à cet accident. Pour les déclarations de vol de voiture, nous citons le cas où l’assuré
dont le véhicule a en réalité été endommagé lors d’un accident mais qui n’est pas couvert,
déclare le vol de ce véhicule en raison de l’absence de garantie dommage dans le contrat.
En multirisques habitations, il existe de nombreuses possibilités de fraude quand aux
circonstances du dommage. L’assuré peut ainsi, modifier la date et l’heure du sinistre pour
faire jouer la garantie vol, incendie ou autres. Il peut également être l’auteur du dommage et
devenir la victime du sinistre provoqué par un ami complice, afin de faire jouer son assurance
responsabilité civile.
L’assurance maladie – accidents corporels montre aussi quelques cas de ce type de fraude. En
effet, un assuré qui se blesse au cours d’une compétition sportive, peut déclarer un accident
privé. Aussi, un assuré, victime d’un accident, tente, en modifiant les circonstances, de faire
supporter à l’assureur les conséquences d’un accident antérieur.
Chapitre 1 19
Pour ce qui est modification de garantie, l’assuré peut être non garanti pour le sinistre qu’il a
subi. Il décide alors de souscrire un contrat, ou alors, ce qui est plus fréquent, il opte pour une
extension de garantie du contrat initial, puis il déclare le sinistre. L’assuré falsifie la date de
survenance du sinistre, ou les factures d’achat ou de réparation qu’il présente à titre de
justificatifs, ou encore obtient le faux témoignage d’un ami. Cette manœuvre peut être faite à
l’initiative de l’assuré seul, mais aussi avec l’aide d’un intermédiaire.
Une deuxième méthode de fraude après sinistre est celle correspondant à l’exagération du
montant des dommages. Pour ce type de fraude, l’assuré peut agir seul comme il peut faire
recours à une tierce personne l’aidant à bien cacher la vérité. En effet, l’assuré peut,
préalablement au sinistre ou postérieurement à celui-ci, dissimuler une part des biens, afin
d’augmenter la valeur perdue. Cependant l’assuré peut agir seul lorsqu’il déclare un sinistre
survenu à un bien couvert par une sur–assurance qu’il sait être frauduleuse. C’est l’action de
certains assurés, victimes d’un cambriolage, plus rarement en cas d’incendie.
L’assuré qui cherche à convaincre l’assureur de la justesse de sa demande, peut faire appel à
l’intervention d’un tiers. Mais à ce niveau, il faut distinguer deux cas. Dans le premier, cet
intermédiaire peut être de bonne fois. Le cas le plus fréquent est celui des médecins, abusés
par les plaintes de leurs patients, peuvent confirmer la gravité de l’état de ceux-ci. Il en est de
même en matière de dommage aux biens (incendie, vol, dégâts des eaux…). Les tiers peuvent
confirmer que l’assuré était propriétaire de certains objets simplement parce qu’ils ont vu
l’assuré victime en possession de ceux-ci.
Dans le second cas, le tiers est de mauvaise fois. Il fournit à l’assuré des preuves écrites
erronées. En effet, les fausses factures ou celles d’un montant exagéré représentent un moyen
de déclaration frauduleuse en cas de vol ou d’incendie. Ça peut concerner aussi les effets
personnels des particuliers (bijoux, mobilier, vêtements…), les marchandises des entreprises,
les réparations de véhicule (bris de glace, carrosseries, accessoires)...etc. Devant toutes ces
manœuvres frauduleuses, l’assureur n’aura pas matériellement le temps de vérifier l’existence
de toutes les entreprises émettant des factures. Les faux témoignages donnés par des amis, ou
de la famille sont aussi très fréquents. Ils viennent souvent s’ajouter à la production des
fausses factures. Enfin les certificats de complaisance obtenus auprès des médecins,
moyennant ou non une rémunération, permettent à l’assuré d’obtenir une indemnité exagérée
par rapport à son dommage réel.
Cependant, pour faire face à cette diversité de pratiques de fraude, le premier devoir demandé
à l’assureur est d’apporter la preuve de la mauvaise foi de l’assuré. Il est vrai qu’il s’agit
d’une tâche relativement difficile, mais nous montrons dans ce qui suit que les assureurs
Chapitre 1 20
peuvent établir la preuve de la mauvaise foi par tous les moyens. Notamment, nous
distinguons deux catégories de moyens de preuve : ceux qui sont intrinsèques au contrat
souscrit par l’assuré; et ceux qui résultent d’un véritable travail d’investigation effectué par la
compagnie d’assurance.
1.3 Conséquences de la fraude sur les compagnies d’assurance
Le but de l’assurance est d’indemniser un assuré qui a subi une perte, ou de restaurer à
un assuré la même situation financière dans laquelle il se trouvait avant la perte.
L’assurance
est basée sur le principe de mutualisation et est conçue pour se protéger contre des pertes
importantes, mais incertaines. La fraude à l’assurance passe outre ce système et les fraudes
épuisent les fonds versés par les nombreux clients honnêtes pour couvrir les pertes réelles.
La
fraude a donc un impact non seulement sur les assureurs, mais aussi sur leurs clients
La fraude à l’assurance n’est pas un délit insignifiant et n’affecte pas uniquement les
assureurs. La grande majorité des assurés honnêtes finissent par payer pour la malhonnêteté
des
fraudeurs à cause de primes d’assurance plus élevées.
En effet, la fraude affecte la tarification des produits d’assurance et a tendance à faire
augmenter les montants des primes. Détecter la fraude (sans prendre en compte le prix de la
détection)
permettrait d’établir un tarif plus précis et plus faible basé sur le risque des assurés honnêtes.
Cela aura pour effet de rendre l’assureur qui détecte les fraudes plus compétitif sur le marché
de l’assurance (notamment en assurance automobile responsabilité civile et dommage aux
tiers
où les tarifs sont assez équivalents entre les assureurs sur le marché français).
La fraude oblige les assureurs à indemniser leurs assurés pour des sinistres à de faux
montants
bien supérieurs aux montants réels des sinistres ou même à indemniser des sinistres n’ayant
jamais eu lieu. Cela a pour effet de diminuer les capacités d’investissement des assureurs et
d’obliger les assureurs à provisionner plus que leur sinistralité réelle. Détecter efficacement
les
fraudes permettrait aux assureurs de doter de plus faibles provisions.
Il est aussi intéressant de remarquer que la fraude, notamment celle à la souscription,
augmente l’asymétrie d’information déjà existante entre les assureurs et leurs assurés. En
effet, les
assureurs ne connaissent déjà qu’imparfaitement les qualités intrinsèques des individus qu’ils
sont censées couvrir contre un certain nombre de risques. Dans le cas de fraudeurs à la
souscription, les assureurs possèdent alors des informations totalement erronées sur ces
clients.
Même si la fraude est un réel problème reconnu par les assureurs, il leur est assez difficile
d’initier une procédure d’expertise pour chaque sinistre suspicieux. En effet, même si les
assureurs français investissent dans des logiciels spécifiques de détection des fraudes,
beaucoup
d’entre eux utilisent encore la suspicion (basée sur des critères subjectifs) des gestionnaires
de
22
sinistres afin de sélectionner les sinistres pour lesquels une procédure d’expertise s’avère
nécessaire afin de détecter une possible fraude.
Cette dernière pratique est problématique car cette détection n’est pas efficace (environ 20 %
des sinistres expertisés ne sont pas des fraudes). Afin de fidéliser les clients, la gestion des
sinistres doit être efficace et le processus d’indemnisation doit être rapide. Les assurés dont
les
sinistres (honnêtes) sont expertisés peuvent parfois attendre des mois avant d’être indemnisés.
La non-satisfaction de ces clients honnêtes peut créer un effet d’anti-sélection.
En effet, sur un marché avec des produits à tarifs équivalents, les assurés honnêtes d’un
assureur, possédant d’importants délais de règlements, auront tendance à se diriger vers un
autre
assureur et la proportion de fraudeurs sur le portefeuille du premier assureur en sera donc
augmentée.
Il est donc primordial pour les assureurs de mettre en place un dispositif de détection des
fraudes afin de limiter l’indemnisation de sinistres frauduleux non détectés ainsi que de
diminuer
leurs tarifs afin d’être plus compétitifs sur le marché et fidéliser leurs clients.
Face à des assurés toujours plus imaginatifs pour créer des scenarii de fraude
et à l’apparition de la fraude organisée, les assureurs doivent s’équiper afin de
lutter contre ce fléau.
À ses débuts, la détection et la prévention des fraudes étaient axées sur
l'examen des données historiques et des experts parcouraient
manuellement des couches d'enregistrements pour repérer les
comportements frauduleux. Mais dans un monde qui fonctionne en
grande partie en ligne, la détection et la prévention des fraudes
consistent désormais à arrêter la fraude instantanément et à l'empêcher
de se produire. Aujourd'hui, les solutions de gestion de la fraude sont
automatisées et repèrent les schémas d'activité inhabituels, en signalant
les comportements potentiellement frauduleux et en empêchant
l'exécution des transactions.
2. Existence de tout
dommage non relié à la
perte ou incohérent avec les
faits del'accident.
6. L'assuré est
extraordinairement familier
avec le jargon des
assurances ou des
réparations de
véhicules.
7. L'assuré (ou le
réclamant) est trop
enthousiaste ou trop franc
pour prendre le blâme de
l'accident.
11. La documentation de
l'estimation et de la
réparation n'est pas
disponible.
12. Témoignages
contradictoires concernant
les circonstances de la
perte.
1. Le type de police.
2. La faute.
3. La catégorie du véhicule.
4. La zone de l’accident.
5. Le mois de l’accident.
6. Le sexe.
7. Le nombre de sinistres.
8. L’âge du conducteur.
9. La marque.
ET DE GESTION D’EL
-JADIDA
6
2.
Secteurs des assurances au Maroc
Historique sur le secteur d’assurance au Maroc
:
ii
principaux ports marocains au
t d’autres
l’assurance
secteurs. La
es que leur
prémunir contre les aléas de l’avenir.En 2004, le nombre des entreprises s’est
d’assurances et
je vais
acteurs de ce secteur et
:
1.
L’Etat
:
dans un but de protection des assurés, l’Etat contrôle les activités d’assurances
et de réassurance*
*.
L’organisme
prévoyance Sociale
2.
Les sociétés d’assurances
:
ce sont les preneurs du risque qui encaissent les primes et paient les sinistres. Au
Les sociétés commerciales ;
Les mutuelles ;
Les organismes de prévoyance sociale ;
Les organismes d’assistance
;
Les intermédiaires d’assurance.
a)
Les sociétés commerciales :
ce sont des sociétés à but lucratif. Elles doivent avoir un capital
Elles peuvent
pratiquer toutes
le système de la marocanisation : «
1977) intégré, l’objectif de cette politique estde créer plus d’opportunités pour
ii
ET DE GESTION D’EL
-JADIDA
7b)
Les mutuelles
d’assurances
:
ce sont des associations. Les cotisations variables. Elles nepeuvent donc jamais
pr
c)
Les organismes de prévoyance sociale :
d)
Les organismes d’assistance
o
ISAAF Mondial Assistance ;
o
Maroc Assistance Internationale.
e)
Les intermédiaires en assurance
Les agents généraux d’assurances
:
traité de nomination.
Les courtiers :
le
courtier est le mandataire de l’assuré. Il n’est pas lié à aucune
rémunéré par des commissions de courtage qui varient selon les branches
Les experts :
Les consultants :
assurés(essentiellement entreprises)
risque.
lastructur
3
:
d’assurances et de réassurance
** «
la réassurance
: est une opération par laquelle une société d’assurance s’assure elle
même auprès d’une autre société pour une partie desrisques qu’elle a pris en
*
:
bibliorahie.
D’après
la figure 1, les
et AXA ASSURANCE
détient ensemble 61.1% des parts de marché. On peut dire donc, que ces quatre
secteur d’assurance au
Maroc.
3.
Le rôle des sociétés d’assurances dans l’économie
*
4
:
La protection du patrimoine et des personnes :
Utilité économique :
développement économique en
agents.
Rôle financier :
L’emploi dans l’assurance
: l
-
collaborateurs.
Figure 1
source
Micheal Latrasse
source
:
Problématique et méthodologie
I. Méthodologie de travail :
Ci-dessous, je vais présenter la méthodologie suivie lors de mon enquête. Cette dernière a
été
réalisée en suivant les étapes ci-dessous :