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COURS 5 : CALCUL DE LA TVA EXIGIBLE

SOMMAIRE

SECTION 1 : l’assiette de la TVA

1. Règle générale
2. Eléments compris dans la base d’imposition
3. Eléments exclus de la base d’imposition
4. Opérations soumises à des règles particulières d’imposition

SECTION 2 : LE CALCUL DE LA TVA EXIGIBLE

1 Le principe du calcul

2 Le fait générateur et l’exigibilité

1.1 Définitions
1.2 Intérêt de ces notions
1.3 Distinction entre fait générateur et exigibilité

2 Les livraisons de biens meubles corporels


2.1 Détermination de la date de livraison
2.2 Situations particulières

3 Prestations de services et les travaux immobiliers


3.1 Principe
3.2 Détermination de la date de l’encaissement
3.3 Option pour le paiement de la TVA d’après les débits

4 Traitement des impayés


5 Les obligations en matière de lutte contre la fraude
5.1 Logiciel et système de caisse
5.2 Piste d’audit fiable
5.3 Facturation électronique
CALCUL DE LA TVA EXIGIBLE

SECTION 1 : l’assiette de la TVA

a. Règle générale

L’article 266-1- a du CGI définit les règles générales d’assiette de la TVA : « la base d’imposition est
constituée : pour les livraisons de biens, les prestations de services et les acquisitions
intracommunautaires, par toutes les sommes, valeurs, biens ou services reçus ou à recevoir par le
fournisseur ou le prestataire en contrepartie de ces opérations de la part de l’acheteur, du preneur ou
d’un tiers, y compris les subventions directement liées au prix de ces opérations. »

1.1 Eléments compris dans la base d’imposition

En sus du prix de vente hors TVA, certains frais accessoires acquittés par le client font partie de la base
imposable, même s’ils sont facturés séparément.

Ces frais sont résumés dans le tableau ci-dessous :

Eléments Observations
Compléments Les majorations pour faible facture, ou délai rapide d'éxécution, frais d'assurance
de prix
Intérêts Intérêts pour délais de paiement ( à l'exception des intérêts facturés pour un
sursis de paiement pour une période postérieure au fait générateur)
Frais de Les frais de transport sont imposés séparément si : la vente est réalisée au
transport conditions départ et s'ils font l'objet d'une facturation séparée.
Emballage voir
suivant
Frais fiscaux font partie de la base imposable

Caution et dépôt TVA n'est pas exigible sur le dépôt mais seulement en fin de contrat si le
de garantie créancier garde la totalité ou partie de ce dépôt
Pourboire Les majorations de prix réclamés à la clientèle au titre du "service " sont
imposables
Frais payés par les frais inclus dans le coût d'une opération et qui sont payés par le client à une
le client à un autre personne ( sous traitant par exemple) sont inclus dans la base impose
tiers

1.2 Eléments exclus de la base d’imposition

Eléments Observations
TVA Les taxes recouvrées pour le compte d'autrui sont également non imposables
Remboursement Si ces sommes respectent les conditions suivantes :
des débours aux
intermédiaires
correspondent à des dépenses engagées au nom et pour le compte de leurs
mandataires en vertu d'un mandat préalable et explicite
justifiées dans leur nature ou leur montant exact auprès du service des impôts
compétent
portées en comptabilité
Frais à la charge Il s'agit des frais relatifs à un contrat indépendant de la vente et réglé
du client directement par ses soins ; intérêts versés à des organismes de crédit

1.3 Opérations soumises à des règles d’assiette particulières

o Réductions de prix ( rabais, remises, ristournes et escomptes ) : Si ces réductions figurent sur
la facture d’origine, elles entrainent une diminution de la base imposable. La TVA est calculée
après réduction du montant hors taxes

Si les réductions sont accordées après facturation, elles doivent être établies sur une facture d’avoir,
elle-même soumise à TVA ( négative )

Attention à la justification de l’avoir souvent remise en cause par l’administration fiscale

o Intermédiaires agissant en leur nom propre : commissionnaires Le commissionnaire est un


intermédiaire agissant en son nom propre et pour le compte d’autrui. Il est considéré à la fois
comme acheteur et revendeur. Il collecte la TVA sur les biens et les services qu’il acquiert et
qu’il destine à la revente.

Taxation sur le prix total de l’opération

o Intermédiaires agissant au nom d’autrui ( courtier)

Le courtier est un intermédiaire agissant au nom d’autrui, il réalise des prestations de services
d’entremises. La base d’imposition est constituée par le montant des sommes perçues par le courtier
en contrepartie de cette opération d’entremise.

EXEMPLE TIRE DE LA JURISPRUDENCE /

- Transparents // opaque : Courtier ou Agent commercial

Commissionnaire : agroalimentaire A coopérative vend ses tomates et demande à son


commissionnaire de trouver un acquéreur mais le A et B ne se connaissent pas réellement ex SAINT
CHARLES

Le transparent est un prestataire de service : base de la commission est au taux de 20%


L’opaque : il fait un achat / revente il est intermédiaire juridiquement mais fiscalement on réalise un
achat vente
Ex : il vend les tomates 1000 je restitue 900 au passage comm de 100. Du point de vue de la TVA, il est
censé avoir collectée sur 1000 et déduire sur 900.
IMPOSITION SUR LA COM mais pas de la même façon. Il faut déclarer les chiffres d’affaires et déduire
les charges.

o Les importations :

La base d’imposition est constituée par la valeur en douane et comprend :

 Les impôts, droits prélèvements dus en raison de l’importation à l’ exception


de la TVA ainsi que les frais accessoires
 Certains frais accessoires, tel que les frais de commission d’emballage, de
transport et d’assurance intervenant jusqu’au premier lieu de destination à
l’intérieur du pays

La TVA est recouvrée par les douanes jusqu’en 2021

o Les acquisitions intracommunautaires : base taxable

o Livraison à soi-même : coût de revient des produits fabriqué ou par le coût d’achat
des produits prélevés

o Les échanges : double vente. Valeur des biens reçus

o Travaux immobiliers : marchés, mémoires factures

o Objets d’occasion vendus par les négociants : Dans le cas des biens d’occasion vendus
par des négociants, les règles de droit commun s’appliquent en principe. Mais un
système particulier de taxation sur la marge vise les biens qui leur ont été livrés sans
TVA ( achat auprès d’un assujetti exonéré ou sous la franchise, ou auprès des
revendeurs soumis au régime de la marge pour cette livraison). Comme ils n’ont pas
pu récupérer la TVA sur l’acquisition du bien, et pour ne pas les pénaliser, la base
d’imposition est constituée, de manière dérogatoire, par la différence entre le prix de
vente et le prix d’achat ( ramené hors taxe )

Ex : Un concessionnaire automobile achète une voiture auprès d’un particulier 10 000 euros et la
revend, après remise en état, 15 000 euros TTC. La base d’imposition est la marge réalisée, soit 5 000
euros, ce qui correspond à : 5 000 * 100/120= 4 167.00 euros HT ( taux normal de 20% ) Le montant de
la taxe due est : 4 167*20%=834 euros

o Les emballages

o Lors de la facturation d’emballages aux clients :

 Emballages perdus : inclus dans le prix de vente soumis à TVA


 Emballages prêtés : pas de transfert de propriété pas de TVA
 Emballages consignés : si les emballages sont consignés, ils ne donnent en principe pas lieu à
une collecte de la TVA car la consignation d’emballages ne constitue pas, à priori, une vente.
En réalité les règles sont variables
CONSIGNATION ET
DECONSIGNATION DECONSIGNATION A UN NON RESTITUTION
SITUATION AU MEME PRIX PRIX INFERIEUR DANS LES DELAIS

TYPES D'EMBALLAGES

EMBALLAGES RECUPERABLES NON IMPOSABLES LA DIFFERENCE EST CESSION SOUMISE


IDENTIFIABLES (IMMOBILISATIONS) A LA TVA IMPOSABLE A LA TVA A LA TVA (1)

EMBALLAGES RECUPERABLES NON NON IMPOSABLES LA DIFFERENCE EST CESSION SOUMISE


IDENTIFIABLES ( STOCK) A LA TVA (2) IMPOSABLE A LA TVA A LA TVA
(1) Si la tva sur l'acquisition correspondante avait été déduite, et quelle que soit la date de cession

(2) Mais les entreprises sont autorisées à facturer la TVA à leurs clients dès la consignation, comme s'il s'agissait d'emballages perdus

EXEMPLE :
SECTION 2 : LE CALCUL DE LA TVA EXIGIBLE

1. Le principe du calcul

Pour calculer la TVA exigible, l’entreprise doit :

- Déterminer si l’opération entre dans le champ d’application


- Définir l’assiette de l’imposition
- Appliquer à la base d’imposable le taux approprié

2. Le fait générateur et l’exigibilité de la TVA


2.1 définition
Le CGI définit :
- Le fait générateur comme « le fait par lequel sont réalisées les conditions légales nécessaires
pour l’exigibilité de la taxe »
- L’exigibilité comme « le droit que le trésor public peut faire valoir, à partir du moment donnée,
auprès du redevable pour obtenir le paiement de la taxe »

2.2 Intérêt de ces notions


Pour le client : c’est la date à laquelle nait le droit à déduction
Pour le trésor : c’est la date à laquelle il peut exiger le paiement

2.3 Distinction entre fait générateur et exigibilité

Nature de fait générateur Exigibilité


l'opération
Livraisons de biens Délivrance du Délivrance du bien
meubles corporels bien
Prestations de Exécution des Encaissement du prix sauf dans le cas où l'entreprise a
services et travaux services et des opté pour acquitter la TVA d'après les débits
immobiliers travaux
Importations Dédouanement Dédouanement
Acquisitions Délivrance du Le 15 du mois suivant celui où est intervenu le fait
intracommunautaire bien générateur
ou la date de la facture lorsque celle-ci arrive à l'acquéreur
avant le 15 mois suivant celui au cours duquel est
intervenu le fait générateur

Livraison à soi même Première Première utilisation


utilisation
Acquisitions de Date de livraison Date de livraison de l'immeuble ou rédaction de l’acte
terrains à bâtir et ou rédaction de notarié
vente d'immeubles l’acte notarié
neufs
3 Les livraisons de biens meubles corporels

3.1 Détermination de la date de livraison

Article 256 – II 1° du CGI définit la livraison : « est considéré comme livraison d’un bien, le transfert du
pouvoir de disposer d’un bien comme propriétaire »

3.2 Situations particulières

Vente à crédit : Transfert du bien ( la date de règlement n’a aucune incidence)


Vente avec clause de réserve de propriété : Transfert du bien ( la clause n’a aucun incidence)
Locations ventes de biens meubles : transfert du bien ; l’assiette de la TVA est égale au montant des
loyers cumulés prévus.
Crédit bail mobilier : A l’expiration du bail, la TVA est due si l’utilisateur lève l’option d’achat. Pendant
la durée du crédit bail, la TVA est due sur le montant des loyers versés selon les règles applicables aux
prestations de services.
Bail à construction : Principe non imposable : si imposable

- Sur le droit de reprise : fait générateur : L’acte notarié / Exigibilité : acte notarié
- Sur les loyers mis en place :fait générateur : acte notarié / Exigibilité : au fur et à mesure du
paiement du loyer

4 Prestations de services et les travaux immobiliers

4.1 Principe

Pour les prestations de services et les travaux immobiliers, le fait générateur est constitué par
l’achèvement de la prestation et l’exigibilité de l’encaissement ( y compris acompte d’où la notion de
facture d’acompte )

EXEMPLE PRATIQUE TIRE DE LA JURISPRUDENCE

TVA n’est pas exigible sur un acompte versé pour une prestation dont la réalisation est incertaine
Principe : prestation : fait générateur et exigibilité sont différents :

- 1. Fait générateur : achèvement du service : c’est un fait qui va rendre l’exigibilité


- 2. Exigibilité : encaissement : droit de l’administration

Acompte versé : à la date de l’encaissement, ils n’ont pas le permis de construire donc la prestation
est incertaine. Le fais générateur est donc incertain donc l’exigibilité n’intervient pas.
Si le 1 est incertain, le 2 n’est pas certain.

CAA Nantes 1ier ch, 28 mai 2021 n°19NT03579, min c/ SAS Technitoit
L’incompatibilité de l’article 269 CGI avec l’article 65 de la directive 2006/112/CE
L’article 65 précise qu’ « en cas de versements d’acomptes avant que la livraison de biens ou la
prestation de services ne soit effectuée, la taxe devient exigible au moment de l’encaissement, à
concurrence du montant encaissé ». Or le c du 2 de l’article 269 du CGI prévoit que la TVA est exigible,
pour les prestations de services, lors de l’encaissement des acomptes mais la loi fiscale ne comporte
aucune disposition relative aux acomptes versés à l’occasion de la livraison de biens. En d’autres
termes, l’article 65 de la directive avait bien été transposé au c du 2 de l’article 269 en ce qui concerne
les prestations de services mais n’avait fait l’objet d’aucune transposition en ce qui concerne les
livraisons de biens. Dès lors qu’en vertu du 2 du I de l’article 271 du CGI, « le droit à déduction prend
naissance lorsque la taxe déductible devient exigible chez le redevable », la société était fondée à
revendiquer, sur le principe, un droit à déduction de la TVA versée sur acomptes, au vu de la directive,
puisque la France n’avait pas pris, dans les délais impartis par celle-ci, les mesures de transposition
nécessaires.
La LOI DE FINANCES 2022 EN TIRE LES CONSEQUENCES

4.2 Détermination de la date de l’encaissement

Chèque : Encaissement du chèque : réception du chèque

Virement bancaire : inscription au compte du fournisseur

Effet de commerce : échéance de l’effet : une remise à l’escompte n’a aucune incidence sur la date
d’exigibilité

Société d’affacturage : Au paiement effectif du client entre les mains de la société d’affacturage

Crédit loi DAILLY : au paiement effectif par le client

4.3 Option pour le paiement de la TVA d’après les débits

Les entreprises qui réalisent à la fois des livraisons de biens et des prestations de services sont
confrontées à des difficultés particulières du fait que leurs dates d’exigibilité sont différentes. Afin
d’éviter les difficultés comptables qui en résultent, elles peuvent opter afin de payer leur TVA d’après
les débits

Modalité pratique : courrier à adresser au SIE et mention sur les factures pour permettre la
déductibilité chez le client.
1. Les impayés

L’affaire annulée doit être constatée par une facture rectificative mentionnant l’annulation de la
première facture.

L’affaire impayée donne lieu à restitution de la TVA si :

- L’irrécouvrabilité de la créance est prouvée (certificat du mandataire judiciaire ou liquidateur)


- Une facture rectificative est adressée au client et porte la mention : « facture demeurée
impayée pour la somme de ……..€ ht et pour la somme de ……€DE tva qui ne peut pas faire
l’objet d’une déduction (article 72 cgi)

Elle doit être demandée au plus tard le 31 décembre de la deuxième année qui suit l’année où l’impayé
a été constatée.

La TVA impayée est imputée sur la TVA collectée de la période.


2. Les obligations en matière de lutte contre la fraude

6.1 Logiciels et systèmes de caisse

Dans le cadre de la lutte contre la fraude à la TVA, l’administration doit pouvoir s’assurer que la TVA
collectée auprès des clients est bien reversée à l’Etat. Les professionnels enregistrant les règlements
de leurs clients avec un logiciel ou système de caisse doivent justifier que ces systèmes satisfont à des
critères d’inaltérabilité, de sécurisation, de conservation et d’archivage des données. Ces conditions
doivent être justifiées par la délivrance :

- D’un certificat par un organisme accrédité ;


- D’une attestation individuelle de l’éditeur du logiciel, laquelle est établie sur un modèle fourni
par l’administration.

Si l’entreprise ne peut produire un tel justificatif, elle est passible d’une amende de 7 500,00 euros
par logiciel ou système concerné, renouvelable en cas d’absence de mise en conformité dans les 60
jours.

L’administration peut, par ailleurs, intervenir inopinément dans les locaux professionnels du
contribuable pour demander à l’entreprise ce justificatif.

6.2 Piste d’audit fiable

Toutes les entreprises redevables de la TVA doivent être en mesure de :

- Documenter le lien entre toutes les factures émises/ reçues et les livraisons/ prestations
correspondantes
- Mette en place un processus de contrôle et de suivi.

Le niveau de formalisme attendu dépend de la taille de l’entreprise.

A défaut de produire une piste d’audit fiable en cas de contrôle, l’entreprise encourt :

- Une remise en cause de la TVA déductible sur les factures d’achats


- Une pénalité allant jusqu’à 50% du montant facturé
- Eventuellement, un rejet de comptabilité

6.3 Facturation électronique

D’ici à 2026 doit être progressivement mise en œuvre l’obligation d’établir les factures sous format
électronique pour les opérations réalisées entre assujettis à la TVA

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