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Bases physiques et technologiques


de l’échographie ultrasonore
M. Boynard

Les explorations ultrasonores ont pris depuis 40 ans de plus en plus d’importance dans la panoplie des
explorations diagnostiques médicales. Ce sont des explorations d’utilisation simple, reposant sur la
propagation aisée des ultrasons dans le corps humain, aux fréquences habituellement utilisées, et sur
leurs interactions avec les différents tissus rencontrés. La compréhension du signal échographique
nécessaire à la formation de l’image échographique demande alors une connaissance des bases de
physique acoustique relatives, à la fois, à la production des ultrasons, à leur propagation et à leurs modes
d’interactions. Ces différents points sont présentés. Les traitements habituels du signal échographique,
nécessaires à l’interprétation de l’image, sont aussi abordés. Quelques notions de technologie des sondes
introduisent ensuite les différents types de balayage du champ acoustique. Enfin, la sémiologie
échographique de base ainsi que la plupart des artefacts rencontrés en routine sont expliqués.
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Mots clés : Propagation des ultrasons ; Faisceau ultrasonore ; Atténuation des ultrasons ;
Mécanismes d’interaction ; Propriétés mécaniques des tissus ; Amplification du signal échographique

Plan ■ Introduction
Les explorations ultrasonores ont pris depuis 40 ans de plus
¶ Introduction 1
en plus d’importance dans la panoplie des explorations dia-
¶ Bases physiques des ultrasons et production 1 gnostiques médicales. Ce sont des explorations d’utilisation
Définition 1 simple, reposant sur la propagation aisée des ultrasons dans le
Description 2 corps humain, aux fréquences habituellement utilisées, et sur
Nature 2 leurs interactions avec les différents tissus rencontrés. La
Célérité 3 compréhension du signal échographique nécessaire à la forma-
Impédance acoustique 3 tion de l’image échographique demande alors une connaissance
Intensité acoustique 3 des bases de physique acoustique relatives, à la fois, à la
Production des ultrasons et champ acoustique 3 production des ultrasons, à leur propagation et à leurs modes
d’interactions. Ces différents points sont développés non
¶ Interactions entre onde ultrasonore et tissus biologiques 5
seulement pour comprendre la formation de l’image mais aussi
Généralités 5 la sémiologie ultrasonore. Les traitements habituels du signal
Mécanismes d’interaction 6 échographique, nécessaires à l’interprétation de l’image, sont
¶ Formation de l’image échographique et traitements 7 aussi abordés. Quelques notions de technologie des sondes
Signal échographique mode A/mode B/balayage du champ introduisent ensuite les différents types de balayage du champ
ultrasonore 8 acoustique. Enfin, la sémiologie échographique de base ainsi
Autres modes échographiques 9 que la plupart des artefacts rencontrés en routine sont
Traitements du signal échographique 12 expliqués.
¶ Éléments de technologie des sondes 13
Constitution d’une monosonde 13 ■ Bases physiques des ultrasons
Différents procédés de balayage rapide du champ ultrasonore 14
¶ Image échographique 15
et production
Facteurs de qualité 15
Sémiologie échographique élémentaire et artefacts 16
Définition
¶ Développements particuliers et futurs 19
Les ultrasons sont des ondes acoustiques (ou ondes sonores, ou
ondes de pression) dont la fréquence de vibration est comprise
Caractérisation tissulaire ultrasonore 20
entre 20 kHz, la limite supérieure des fréquences audibles, et
Élastographie 21
200 MHz. Ces limites sont évidemment approximatives. Dans le
Produits de contraste 21
domaine de l’échographie et des explorations doppler, les
Retournement temporel 21 fréquences utilisées sont de l’ordre 1 à 15 MHz environ, le choix
¶ Conclusion 21 de la fréquence étant le résultat d’un compromis entre le pouvoir
de pénétration des ultrasons dans les tissus qui augmente lorsque

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P (t) P λ λ

Po 2 po

A t1
x
- ∆x 0 + ∆x l x A
P
P (t)
po
Po
Po

0 A t1 + ∆t
τ A x
B
P
Po
t
Po
τ B
A t1 + 2 ∆t
Po x
t C
τ Figure 2. Variations de la pression à l’intérieur du tube en fonction de
C l’abscisse, x, à différents instants (A) t1, (B) t1 + Dt, (C) t1 + 2Dt, pour des
oscillations continues du piston autour de sa position initiale.
Po 2 po
T présente, au contraire, la variation de pression le long du tube,
t
à différents instants. La déformation se déplace vers la droite du
D tube en fonction du temps. Les Figures 1C, 2A permettent de
Figure 1. Variations de la pression à l’intérieur du tube en fonction du visualiser, respectivement, la période de l’onde, T, et sa longueur
temps, t, à la distance, l, d’un piston se déplaçant longitudinalement selon d’onde, k, qui sont respectivement le temps et la distance
l’axe du cylindre ; (A) déplacement rapide du piston vers la droite ; (B) séparant deux alternances successives.
déplacement rapide du piston vers la droite puis vers la gauche ; (C) La pression existant en un endroit donné quelconque, x, du
aller-retour du piston autour de sa position initiale ; (D) oscillations cylindre et à un instant, t, dépend donc des deux variables x et
continues du piston autour de sa position initiale. t. Il est possible de connaître théoriquement la valeur de la
pression totale, P(x, t), régnant à l’intérieur du tube en x et à
l’instant, t, à partir de l’expression analytique suivante :
la fréquence diminue et la qualité de l’image échographique qui
s’améliore lorsque la fréquence augmente. Rappelons que la P共 x, t 兲=P0+p共 x, t 兲=P0+p0sin 关 共 2p⁄T 兲t−共 2p⁄k 兲x 兴 (1)
fréquence de vibration d’une onde, F, est le nombre de fois par Cette expression qui comporte un terme constant, P0, et un
seconde qu’une onde passe par le même état ou alternance, et terme oscillant, p(x, t), est celle d’une onde plane dont tous les
elle correspond à l’inverse de la période, T (F = 1/T). À ces points d’une section sont en phase, et qui se propage selon la
fréquences, les ultrasons se propagent dans les milieux matériels direction de l’espace, x. La différence de pression, P(x, t) - P0 = p(x,
élastiques comme la plupart des organes du corps humain, à t), est appelée « pression acoustique », et p0, « amplitude
l’exception de ceux contenant de l’air. maximum » de la pression acoustique. L’argument du sinus
« [(2p/T) t – (2p/k) x] » est appelé « phase de l’onde » et permet de
Description relier la célérité de l’onde, c, qui est la vitesse à laquelle une surface
de phase constante (ou d’amplitude de pression donnée) se déplace
Pour décrire une onde ultrasonore, nous allons nous aider de
dans le milieu, à la fois, à la période et à la longueur d’onde :
la Figure 1 qui représente un cylindre selon une dimension,
rempli d’un fluide homogène comme l’eau ou l’air. À une k=cT=c⁄F (2)
extrémité du cylindre, un piston peut se déplacer longitudina-
lement autour de sa position initiale. Un manomètre est placé La relation (2) est fondamentale car elle montre que la longueur
à la distance l du piston pour mesurer la pression du milieu à d’onde d’une onde de pression, qui reflète en fin de compte la
cet endroit. Initialement et en absence de mouvement du résolution longitudinale d’un échographe, diminue lorsque sa
piston, la pression en tout point du milieu est la pression fréquence augmente. Ainsi, la définition (ou qualité) d’une image
d’équilibre, P 0 . Un déplacement du piston vers la droite échographique, directement reliée à la résolution longitudinale de
entraîne à son contact une surpression du milieu qui se déplace l’échographe, est améliorée lorsque la fréquence ultrasonore croît.
également vers la droite et qui est mise en évidence au niveau La relation (2) montre aussi que, pour une fréquence
du manomètre au bout d’un temps s (Fig. 1A). Un déplacement ultrasonore donnée, la valeur de la longueur d’onde dépend du
du piston vers la droite puis vers la gauche entraîne une milieu de propagation au travers de la célérité. Ainsi, la longueur
surpression suivie d’un retour à l’équilibre du milieu qui arrive d’onde n’est pas la même dans tous les milieux traversés et donc la
au manomètre au bout du même temps, s (Fig. 1B). La défor- résolution spatiale non plus.
mation du milieu, créée par la surpression et la dépression, se
déplace donc le long du tube à la vitesse c = l/s. C’est la vitesse Nature
de propagation (ou célérité) de la déformation (ou onde de On peut se demander comment il se fait qu’une déformation
pression). Si le déplacement du piston est sinusoïdal, se faisant de la matière puisse ainsi se propager dans l’espace. Lorsque le
donc alternativement vers la droite puis vers la gauche pendant piston se déplace, par exemple vers la droite, il entraîne les
une seule alternance ou à la fréquence, F, le manomètre mesure molécules du milieu avec lui, vers la droite, et inversement,
une variation de pression sinusoïdale à la même fréquence, lorsqu’il se déplace vers la gauche. Et puisque le milieu est
alternativement supérieure et inférieure à la pression d’équilibre élastique, les molécules situées à proximité du piston provo-
régnant initialement dans le milieu (Fig. 1C, D). La Figure 2 quent de proche en proche le déplacement, soit à droite soit à

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a(x) où E est le module d’élasticité et q la masse volumique du milieu.


Tous les tissus biologiques n’ont pas même célérité. La Figure 4
ao présente les valeurs de la célérité des ondes ultrasonores dans
x différents organes. On peut remarquer que les valeurs de célérité
A dans tous les organes figurant sur le schéma (excepté le squelette)
ne sont pas très dispersées autour de la valeur moyenne qui est
U(x)
proche de celle de l’eau (ceau ≈ 1530 m/s). C’est la raison pour
Uo laquelle, lors de la construction de l’image échographique, les
images des organes peuvent toujours être repositionnées
x
correctement.
B On peut également noter d’après la relation 3 que la célérité
P(x) des ondes ultrasonores, en première approximation, est
po indépendante de la fréquence de vibration.

x
Impédance acoustique
C
Une autre grandeur physique importante à définir pour
Densité des particules comprendre les mécanismes d’interactions d’une onde ultraso-
nore avec les tissus est l’impédance acoustique, Z. L’impédance
acoustique permet de caractériser la façon avec laquelle une
D onde de pression se propage dans un milieu. L’impédance
Figure 3. Variations (A) du déplacement, a, des molécules du milieu, (B) acoustique est caractéristique de chaque tissu. Elle est définie
de la vitesse de déplacement, U, des molécules du milieu, (C) de la comme le rapport de la pression acoustique, p, s’exerçant sur un
pression acoustique, P, (D) de la densité du milieu le long du tube. tissu par la vitesse de vibration, u, des molécules le composant :
Z = p⁄u (4)
gauche, des autres molécules situées un peu plus loin. Le L’impédance acoustique d’un milieu de densité, q, dans lequel
déplacement des molécules qui oscillent alternativement vers la une onde ultrasonore plane se propage à la célérité, c, a pour
droite puis vers la gauche autour de leur position d’équilibre expression [1] :
entraîne une déformation du milieu qui se déplace donc
progressivement dans la seule direction possible, celle située vers Z = qc (5)
le manomètre. On dit que la déformation se propage. Mais les Le Tableau 1 présente les valeurs d’impédances acoustiques
molécules ne se déplacent pas le long du tube avec la déforma- pour quelques tissus biologiques.
tion. Il n’y a pas de déplacement net de matière dans la
direction de propagation. Les Figures 3A à 3C montrent, au
même instant, les variations le long de la direction de propaga- Intensité acoustique
tion (A) du déplacement oscillant des molécules autour de leur Enfin, il est important de définir l’intensité acoustique (ou
position d’équilibre, a(x), (B) de leur vitesse de déplacement, puissance acoustique par unité de surface), I, d’une onde plane
U(x), et (C) de la pression P(x). Par comparaison, la Figure 3D d’amplitude de pression, p, se propageant dans un milieu de
montre la densité du milieu le long du tube dans l’onde de célérité, c, et de masse volumique, q [1] :
pression. Les régions de faible densité de matière correspondent 2
aux endroits où la pression est minimale, et les régions de forte I = p /2qc (6)
densité correspondent aux endroits où la pression est maximale.
Un échographe fonctionnant en impulsion, la puissance
acoustique délivrée aux tissus est contenue dans un volume de
l’espace, appelé volume d’occupation de l’impulsion, qui se
déplace au cours du temps à la célérité c. L’intensité acoustique
“ Points essentiels est, à un instant donné, maximale au centre du volume et décroît
très rapidement lorsqu’on s’en écarte. L’énergie acoustique
délivrée par une impulsion ultrasonore à un volume de tissu
Propagation des ultrasons donné n’est donc homogène ni dans le temps, ni dans l’espace.
• Ondes de pression, ondes ultrasonores, ondes C’est pourquoi, plusieurs définitions peuvent être utilisées
acoustiques : tous ces termes ont la même signification ; (Fig. 5) :
ce sont des déformations sinusoïdales de l’espace • l’intensité ISPTA (Spatial Peak, Temporal Average : intensité pic
nécessitant un support matériel, mais se propageant sans dans l’espace et moyenne dans le temps) ;
transport de matière. • l’intensité ISATA (Spatial Average, Temporal Average : intensité
• Les fréquences de vibration vont de quelques moyenne dans l’espace et moyenne dans le temps) ;
mégahertz à 10-15 mégahertz dans le domaine de • l’intensité ISPPA (Spatial Peak, Pulse Average : intensité pic dans
l’exploration diagnostique médicale ; les plus hautes l’espace et moyenne sur l’impulsion).
Ces différentes définitions permettent de caractériser
fréquences sont réservées à l’exploration des tissus
l’intensité acoustique, moyenne ou maximale, dans l’espace ou
superficiels et les plus basses à l’exploration des tissus dans le temps, délivrée aux tissus lorsqu’on s’intéresse
profonds. notamment aux effets biologiques des ultrasons. Mais la grandeur
• Une impulsion ultrasonore est une onde de pression remarquable caractérisant le transfert d’énergie mécanique
limitée dans le temps et dans l’espace. vers les tissus, représentant la quantité totale d’énergie délivrée,
est le produit I.Dt de l’intensité acoustique, I, par la durée
d’exposition, Dt.

Célérité Production des ultrasons et champ


La vitesse de propagation (ou célérité) d’une onde de pres- acoustique
sion, c, dépend des propriétés mécaniques, densité et élasticité,
du milieu de propagation [1] : Les ultrasons sont produits par piézoélectricité qui est la
propriété que possèdent certains matériaux de pouvoir transfor-
c = 公E⁄q (3) mer l’énergie électrique en énergie mécanique, c’est-à-dire, une

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Figure 4. Vitesse de propagation des ondes


Collagène
ultrasonores dans différents tissus biologiques
Cristallin mous.
Muscle
Tête fœtale
Rate
Tissu nerveux
Reins
Sang
Foie
Seins en lactation
Membres (tissus mous)
Lait
(20°) Sérum physiologique (37°)
Solution d'hémoglobine (165 g/l, 15°C)
Tumeurs cérébrales
Œil (vitré)
Seins (préménopause)
Œil (humeur acqueuse)
LCR
(20°) Eau (37°)
Seins (postménopause)
Tissu adipeux m s -1

1450 1500 1550 1600 1650 1700

Tableau 1.
Valeurs de la masse volumique et de l’impédance acoustique pour
différents tissus biologiques : les valeurs correspondantes pour l’air sont
présentées en comparaison. t
Tissus Masse spécifique Impédance
(kg/m3)×10-3 acoustique (kg/m2/s SPPA
ou Rayleigh)×10-6 SPTA & SATA

Sang 1,06 1,62


Squelette 1,38-1,81 3,75-7,38
Cerveau 1,03 1,55-1,66
Tissu adipeux 0,92 1,35 x
Reins 1,04 1,62
Foie 1,06 1,64-1,68
Figure 5. Différentes définitions de l’intensité acoustique : ISPTA (Spatial
Poumon 0,40 0,25
Peak, Temporal Average : intensité pic dans l’espace et moyenne dans le
Muscle 1 ,07 1,65-1,74
temps) ; ISATA (Spatial Average, Temporal Average : intensité moyenne dans
Rate 1,06 1,65-1,67 l’espace et moyenne dans le temps) ; ISPPA (Spatial Peak, Pulse Average :
Eau 1,00 1,52 intensité pic dans l’espace et moyenne sur l’impulsion).
Air 1,293 × 10-3 0,4 × 10-3

pour origine que cette région : c’est le principe de réciprocité.


onde électrique en onde mécanique, et inversement. On Le diagramme de « rayonnement » à la réception est le même
observe, à la surface de ces matériaux taillés correctement, qu’à l’émission. On parle tout de même de diagramme de
l’apparition de charges électriques lorsqu’ils sont soumis à des rayonnement pendant la réception car il indique alors la
contraintes mécaniques et, inversement, ces matériaux se sensibilité spatiale de la sonde à la réponse des tissus.
déforment lorsqu’ils sont soumis à une différence de potentiel. Le diagramme de rayonnement est différent selon que l’on
Le cristal piézoélectrique le plus connu est le quartz, mais ses considère une source ponctuelle, c’est-à-dire, de petite dimen-
propriétés sont assez mal adaptées aux applications des trans- sion devant la longueur d’onde de l’onde ultrasonore émise, k,
ducteurs médicaux. C’est pourquoi, d’autres matériaux tels que ou étendue, c’est-à-dire, de grande dimension devant k. Une
les céramiques, certains polymères ou les composites qui sont source ponctuelle possède un diagramme de rayonnement
formés de l’association, à la fois, de céramiques et de polymères, sphérique dans l’espace, l’énergie étant émise de façon isotrope
sont utilisés. Actuellement, les matériaux les mieux adaptés sont (Fig. 6A). Mais il n’en est pas de même avec une source étendue.
les céramiques et les composites qui constituent l’élément Dans ce dernier cas, le diagramme de rayonnement est celui
sensible de l’ « ensemble sonde » utilisé en échographie. présenté sur la Figure 6B. Il comporte, d’une part, un lobe
Lors du fonctionnement d’une sonde ultrasonore, l’énergie principal dont la direction est confondue avec l’axe de la source
acoustique n’est pas émise ou reçue n’importe comment, ni et, d’autre part, des lobes secondaires dont les directions font un
dans l’espace, ni dans le temps. Dans le temps, l’émission de certain angle par rapport à la direction du lobe principal. Dans
l’énergie acoustique se fait le plus souvent par impulsions (en le cas d’une source étendue circulaire, à la fois le lobe principal
dehors du mode doppler à émission continue) et la réception se et les lobes secondaires possèdent une symétrie de révolution
fait de façon continue. Dans l’espace, l’énergie est émise dans autour de l’axe de la sonde. La plus grande partie de l’énergie
une région bien définie : c’est ce qu’on appelle le diagramme de acoustique est émise dans le lobe principal alors qu’une faible
rayonnement. Inversement, les ondes reçues par la sonde n’ont quantité d’énergie est émise dans les lobes secondaires. Cela

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Lobes secondaires Figure 6.


A. Émission d’une onde ul-
trasonore par une source
Source ponctuelle ponctuelle (en haut) et éten-
Lobe principal due (en bas) - l’onde est
sphérique dans le cas d’une
source ponctuelle et plane
dans le cas d’une source
étendue.
B. Diagramme d’émission
d’une source étendue.
Source étendue

Lobe principal

A
Lobes secondaires

signifie qu’à la réception, la sensibilité de la sonde est plus Diagramme Diagramme Intensité sur l'axe
grande au niveau du lobe principal que des lobes secondaires. longitudinal transversal de la sonde
C’est le lobe principal qui permet de construire l’image écho-
graphique et donc de positionner correctement les interfaces Intensité
situées dans les tissus, sur l’axe de la sonde. La directivité du
lobe principal doit être la plus fidèle possible. Elle est appréciée
par le rapport k/2a, où a est la dimension caractéristique de la
source ou ouverture. Le faisceau est d’autant plus directif que
l’ouverture contient un grand nombre de longueurs d’onde.
Ainsi, à fréquence donnée, la directivité d’une sonde est
d’autant meilleure que l’ouverture est grande. De plus, pour une
taille de sonde donnée, la directivité est d’autant meilleure que
la fréquence est élevée. Les lobes secondaires, quant à eux,
peuvent être à l’origine de fausses images ou artefacts, donnant
l’impression que les signaux qu’ils reçoivent proviennent de la
direction située juste devant la sonde, comme s’ils étaient Lobe
détectés par le lobe principal, alors qu’ils proviennent d’une principal
direction différente.
Le faisceau ultrasonore est loin d’être parfait car il se compli-
que encore plus dans sa région proximale avec la présence
d’interférences. Il n’empêche que l’on peut schématiser le
diagramme de rayonnement d’une source ultrasonore étendue Lobe
par deux régions : une première zone, cylindrique de longueur secondaire
a 2 /4k, débutant directement au contact du transducteur et
appelée champ proche dans laquelle on note la présence
d’interférences, suivie d’une seconde zone, conique divergente,
d’angle de divergence k/2a et appelée champ lointain, dans
laquelle les interférences ont disparu (Fig. 7). En pratique, la
limite entre le champ proche et le champ lointain est à 1 ou
2 cm de la sonde, et la plus grande partie de l’image échogra-
phique est formée habituellement dans le champ lointain, c’est-
Figure 7. Variations longitudinale et transversale de l’intensité ultraso-
à-dire, dans la région du faisceau la plus régulière.
nore émise par une source étendue avec une première région proximale
Lorsqu’un échographe fonctionne en émission-réception, il
cylindrique dans laquelle sont présentes des interférences (champ proche
émet des impulsions de pression occupant dans l’espace un
ou zone de Fresnel) et une deuxième région distale divergente dans
volume (ou cellule élémentaire) représenté sur la Figure 8. Ce
laquelle l’intensité acoustique décroît de façon monotone avec l’éloigne-
sont ces impulsions ultrasonores ou déformations localisées de
ment à l’émetteur (champ lointain ou zone de Fraunhofer).
l’espace qui se propagent pour interagir avec les tissus. Les
interactions se font alors dans une section de tissu donnée par
la largeur de l’impulsion, reliée à la résolution latérale, et ■ Interactions entre onde
pendant un temps donné par sa durée, celle-ci étant reliée à la
résolution longitudinale (ou résolution en profondeur). ultrasonore et tissus biologiques
Il faut avoir à l’esprit que plus cette déformation de l’espace
est petite, meilleures sont les résolutions du dispositif. La largeur Généralités
d’une impulsion diminue avec la focalisation du faisceau Une onde ultrasonore, qui se propage dans un milieu maté-
acoustique alors que sa durée diminue par l’utilisation de riel, voit son énergie diminuer progressivement. C’est ce qu’on
sondes « hautes fréquences » ou « très amorties », comme nous appelle l’atténuation de l’onde. Cette atténuation a pour origine
le verrons plus loin. les interactions entre l’onde et le milieu de propagation.

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a
(dB.cm-1. MHz-1)
50 F
Poumons
L
10 Crâne
Squelette
Muscles

Reins
1
Tissus mous

0,1
Eau (15°C)
Solution d'hémoglobine
(150 g.l-1, 15°C)
F (MHz )
0,01
Figure 8. Déformation localisée de l’espace (ou cellule élémentaire) 0,1 1 10 100 1000
représentant une impulsion ultrasonore isolée se propageant dans l’es-
Figure 9. Variations du rapport « coefficient d’atténuation/fréquence »,
pace. L : longueur de l’impulsion ; l : largeur de l’impulsion ; L = sc ; s :
a/F, en fonction de la fréquence pour différents tissus biologiques ; pour
durée de l’impulsion ; c : célérité des ultrasons.
les tissus mous et à 1 MHz, a est de l’ordre de 0,5 à 1 dB/cm.

Une onde ultrasonore, d’intensité acoustique incidente I0


interagissant avec un tissu homogène, voit son intensité
transmise, I(x), après traversée d’une épaisseur, x, diminuer au
cours de sa propagation selon la loi exponentielle : “ Points essentiels
I共 x 兲=I0exp共 −µx 兲 (7)
Formation du signal et de l’image échographiques
Le paramètre µ est appelé coefficient linéaire d’atténuation. Il La formation du signal échographique mode A (1D)
dépend des propriétés mécaniques (élasticité, densité et viscosité) nécessite :
du tissu, et augmente avec la fréquence de l’onde ultrasonore, • l’existence d’interactions entre les ultrasons et les tissus
entraînant une diminution de l’intensité transmise. L’énergie dues à des différences de propriétés mécaniques (densité,
contenue dans une onde ultrasonore se propageant dans un élasticité) de ceux-ci :
milieu homogène est donc exponentiellement décroissante, et C la réflexion renseigne sur le contour des organes,
décroît d’autant plus vite que la fréquence de l’onde est élevée.
C la diffusion renseigne sur la structure interne de
Dans la plupart des calculs d’atténuation, on est amené à
ceux-ci ;
comparer deux intensités, comme par exemple, I0 et I(x). On
utilise alors le rapport I0/I(x) que l’on exprime dans une unité • la propagation des ultrasons à célérité constante dans
particulière, le décibel, pour caractériser l’atténuation de l’onde à tous les tissus mous explorés.
l’aide du coefficient a, défini ci-après : La formation de l’image échographique (2D) nécessite :
• la présentation du signal échographique en mode B,
a=10共 1⁄x 兲log共 I0⁄I共 x 兲 兲
• un balayage dans l’espace du faisceau ultrasonore.
a est le coefficient d’atténuation exprimé en décibel par unité
de longueur traversée. Une relation simple, a = 10µ/2,3, relie alors
le coefficient d’atténuation linéaire au coefficient d’atténuation l’énergie contenue dans l’onde incidente est réfléchie par
exprimé en décibel par unité de longueur. La Figure 9 présente les l’interface dans une direction symétrique de la direction
valeurs du rapport a/F en fonction de F pour différents tissus. On incidente par rapport à la normale à l’interface. La différence
peut remarquer que le coefficient d’atténuation moyen pour les entre énergies incidente et réfléchie est transmise sous forme
tissus mous est de l’ordre de 0,5 à 1 dB/cm à 1 MHz. d’une onde réfractée se propageant dans une direction bien
Lors de la propagation de l’onde ultrasonore dans les tissus, définie. La direction des ondes acoustiques incidente, réfléchie
l’atténuation du faisceau ne permet pas de comparer la réponse et transmise, obéit aux lois de Snell-Descartes, identiques à
acoustique de deux cibles identiques, chacune située à des celles des ondes lumineuses (Fig. 10A). On définit les facteurs de
profondeurs différentes. Les intensités acoustiques arrivant sur réflexion, R, et de transmission, T, comme les rapports, respec-
ces deux cibles sont différentes, et donc les réponses de ces deux tivement, de l’énergie réfléchie sur l’énergie incidente, et de
cibles sont également différentes. C’est la raison pour laquelle une l’énergie transmise sur l’énergie incidente. Ces facteurs en
amplification du signal reçu par la sonde, fonction de la énergie dépendent, d’une façon générale, des angles d’inci-
profondeur à laquelle les échos sont générés, est indispensable. dence, de réflexion et de transmission que font les faisceaux
L’écho donné par la cible la plus profonde est plus amplifié que incident, réfléchi et transmis par rapport à la normale à
l’écho donné par la cible la plus superficielle afin que les deux l’interface, mais aussi des impédances acoustiques des deux
réponses soient identiques. milieux formant l’interface. En échographie, seule la réflexion
normale, c’est-à-dire obtenue avec un faisceau incident faisant
Mécanismes d’interaction un angle de 90° par rapport à l’interface est utile puisque l’onde
réfléchie doit nécessairement revenir vers l’émetteur, qui joue
Les mécanismes d’interaction entre les ultrasons et les tissus
alors le rôle de récepteur. Dans ces conditions, les facteurs de
biologiques sont au nombre de trois, respectivement la
réflexion et de transmission d’une interface plane s’expriment,
réflexion, la diffusion et l’absorption.
simplement et uniquement, en fonction des impédances
acoustiques, Z1 et Z2, des deux milieux formant l’interface [1] :
Réflexion
2
La réflexion se produit lorsqu’une onde ultrasonore de R = 关 共 Z1 − Z2 兲⁄共 Z1 + Z2 兲 兴 et T = 1 − R (8)
longueur d’onde, k, rencontre une grande interface, S, par Quelques exemples numériques permettent de fixer les idées.
rapport à la longueur d’onde séparant deux milieux d’impédan- Calculons les facteurs de réflexion aux interfaces suivantes :
ces acoustiques différentes, Z1 et Z2. Ainsi, une fraction de « tissu mou-air », Rtm/a, pour illustrer la barrière intestinale,

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(i) Figure 10.


I0 a A. Réflexion d’une onde ultraso-
(r)
nore incidente i à une interface,
Obstacle S, séparant deux milieux 1 et 2 -
αi αr r est l’onde réfléchie ; t est
S >> λ Onde incidente plane l’onde transmise.
(1) Z1 B. Diffusion d’une onde ultraso-
S nore incidente par un petit obs-
(2) Z2 tacle.
Z1 = ρ1. c1
αt (t) Z2 = ρ2. c2

A Onde diffusée
Onde transmise

« tissu mou-squelette », Rtm/os, pour illustrer la barrière osseuse et leurs agrégats, les microcalcifications. La diffusion explique,
« tissu mou-tissu mou », Rtm/tm, pour illustrer l’interface séparant notamment, pourquoi certaines microcalcifications, donc de très
un organe mou comme le rein, par exemple, des tissus avoisinants petites dimensions, contenues par exemple dans un rein, un foie
comme la graisse périrénale. ou une vésicule biliaire, ne sont pas suivies d’une ombre
En utilisant les valeurs des impédances acoustiques données acoustique.
par le Tableau 1, pour l’air, Zair = 4.102 kg.m–2.s–1 (ou Rayleigh), les Cette distinction entre réflexion donnée par un gros obstacle et
tissus mous moyens (identique à celle de l’eau), Ztm = 1,5.106 diffusion donnée par un petit obstacle se veut volontairement
Rayleigh, l’os, Zos = 5.106 Rayleigh, le parenchyme rénal, Zpr schématique et a pour objectif de comprendre la formation de
= 1,62.106 Rayleigh, et la graisse périrénale, Zg = 1,38.106 l’image échographique. En pratique, des obstacles de toutes les
Rayleigh, les facteurs de réflexion à ces interfaces sont : tailles existent dans l’organisme et seront visualisés.
Rtm⁄a = 0,999;Rtm⁄os = 0,30;Rtm⁄tm=0,01
Absorption
Ces différentes valeurs montrent que :
• la barrière intestinale réfléchit 99,9 % de l’énergie incidente et Le troisième et dernier mécanisme d’interaction entre une
est pratiquement infranchissable par les ondes acoustiques ; onde ultrasonore et les tissus biologiques est l’absorption par les
• le squelette réfléchit 30 % de l’énergie incidente et, comme tissus traversés d’une partie de l’énergie contenue dans l’onde
toutes interfaces très réfléchissantes, est à l’origine d’ombres incidente. Le phénomène d’absorption correspond à une
acoustiques ; dégradation de l’énergie mécanique contenue dans l’onde
• très peu d’énergie est réfléchie par une interface de type « tissu ultrasonore en énergie thermique qui est alors dissipée dans le
mou-tissu mou ». Mais, ce sont ces interfaces de type « tissu milieu. L’absorption a deux origines, d’une part la viscosité des
mou-tissu mou » qui contribuent à l’image échographique. De tissus et, d’autre part, les réactions chimiques d’équilibre
plus, l’avantage d’un faible facteur de réflexion permet à présentes dans l’organisme. C’est ce qu’on appelle, respective-
l’intensité transmise, alors suffisamment élevée, d’interagir ment, l’absorption par relaxation visqueuse et l’absorption par
avec les tissus situés plus en profondeur. relaxation chimique. Une des conséquences du phénomène
d’absorption est une élévation de la température du milieu.
Diffusion Celle-ci est proportionnelle, à la fois, au coefficient d’absorption
du milieu et à l’intensité ultrasonore incidente.
Le deuxième mécanisme d’interaction entre une onde ultra-
Au total, la réflexion et la diffusion sont les mécanismes
sonore et la matière est la diffusion des ultrasons. La diffusion
d’interaction nécessaires à la formation du signal échographique
se produit lors de l’interaction entre une onde de longueur
et donc de l’image échographique, la réflexion donnant sché-
d’onde, k, et un petit obstacle de dimension a < k. Du fait de la
matiquement l’image du contour des organes et la diffusion
présence même de l’obstacle sur le trajet de l’onde incidente,
l’image de la structure interne de ceux-ci. L’absorption, en
celui-ci vibre et réémet dans toutes les directions de l’espace une
revanche, ne contribue absolument pas au signal échographi-
fraction de l’énergie contenue dans l’onde incidente (Fig. 10B).
que, et participe même à sa dégradation.
Dans le cas d’un obstacle très petit devant la longueur d’onde,
le rapport de l’intensité diffusée sur l’intensité incidente, Id/I0,
est donné par la loi de Rayleigh [2] :
6 4
Id/I0 = ka F (9)
■ Formation de l’image
où F est la fréquence de l’onde et k est un coefficient de
échographique et traitements
proportionnalité qui dépend à la fois des propriétés mécaniques L’image échographique est l’image des propriétés mécaniques
de l’obstacle et du milieu environnant ainsi que de l’angle que fait d’une tranche de tissu dont la position et l’épaisseur sont
la direction de l’onde diffusée par rapport à la direction de l’onde déterminées, respectivement, par le plan de balayage du champ
incidente. ultrasonore, et donc la position de la sonde, et par les caracté-
La loi de Rayleigh, qui peut schématiquement être utilisée ici ristiques géométriques du faisceau et notamment ses dimen-
pour évaluer l’intensité ultrasonore renvoyée vers la sonde, sions. Une image échographique est donc caractéristique des
montre que l’intensité diffusée par un centre diffuseur est propriétés de réflectivité d’une tranche de tissu, moyennées
d’autant plus importante que la fréquence ultrasonore utilisée est selon son épaisseur.
élevée et que les dimensions de l’obstacle sont grandes (mais tout Une image échographique est obtenue à l’aide du mode
en restant petites devant la longueur d’onde). En pratique, la échographique B (B comme brillance), associé à un balayage du
diffusion ultrasonore se produit avec des obstacles tels que les champ acoustique. Auparavant, il faut présenter le mode
hétérogénéités cellulaires ou les microvaisseaux formant la échographique A (A comme amplitude), qui n’est plus utilisé
structure interne des organes, les globules rouges du sang ou actuellement en pratique, mais qui est à la base du mode B et

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Sonde Obstacle

Signal démodulé = mode A

A
Mode A

Mode B Temps aller-retour τ


Signal HF

B
Balayage Image

A
Mode échographique A
v

Profondeur = c τ /2
C
Figure 11. Principe de la formation de l’image à partir du signal
échographique.
A. Mode A.
B. Mode B. B
C. Balayage linéaire du champ ultrasonore pour former l’image mode B.
Figure 12.
A. Comparaison « Signal haute fréquence (HF)» - « signal démodulé » sur
qui permet de comprendre comment est formé le signal. Nous un écho obtenu par réflexion à une interface plane (la démodulation du
verrons ensuite les autres modes échographiques. signal HF consiste en un redressement-filtrage pour ne garder que l’enve-
loppe).
B. Exemple in vivo d’un signal mode A.

“ Points essentiels sonde à la distance, p, de celle-ci. La Figure 12A présente un


exemple d’écho mode A, obtenu aux bornes de la sonde après
réflexion de l’onde incidente sur une interface plane, et qui est en
Principales techniques ultrasonores utilisées en fait le signal haute fréquence (HF) redressé et filtré comme nous le
diagnostic reverrons plus loin. La Figure 12B présente, quant à elle, un
En exploration tissulaire : exemple de mode échographique A obtenu in vivo.
• l’échographie conventionnelle, Le mode échographique B (Fig. 11, ligne B) est la
• l’imagerie harmonique, représentation, toujours dans l’axe de la sonde, du signal A sous
• l’échographie 3D/4D, forme d’un mode « brillance », en fonction du temps, t, ou bien,
ce qui revient au même, en fonction de la profondeur de
• le doppler tissulaire.
pénétration, p. L’amplitude des échos module l’intensité du
En exploration vasculaire : faisceau d’électrons arrivant sur l’écran pour former les points
• les modes doppler continu/pulsé, « images » dont la brillance est directement représentative de
• le mode doppler couleur, l’amplitude du mode A. Un déplacement (ou balayage) manuel ou
• le mode doppler puissance/énergie. automatique du faisceau ultrasonore dans un plan suffit ensuite
pour faire l’image de la tranche de tissu correspondante. La Figure
11, ligne C, montre comment l’image échographique mode B est
obtenue à partir du mode A et d’un balayage parallèle du champ
Signal échographique mode A/mode ultrasonore.
B/balayage du champ ultrasonore Au début de l’échographie, le balayage du champ ultrasonore
était un balayage manuel n’utilisant qu’une monosonde. La
Le mode échographique A (Fig. 11, ligne A) est le signal sonde était déplacée manuellement à la surface de la peau. Ce
électrique obtenu aux bornes de la sonde au retour de l’impul- balayage ne pouvait qu’être lent, et il devait obligatoirement être
sion ultrasonore, détecté (c’est-à-dire redressé et filtré), et associé à une fonction « mémoire d’image » de la machine qui
présenté sous forme de son amplitude en fonction du temps. Le enregistrait les informations mode B analogiques, au fur et à
signal échographique témoigne en fait de l’onde de pression, mesure qu’elles apparaissaient sur l’écran. Actuellement, les
réfléchie ou diffusée par les obstacles situés sur l’axe de la machines sont appelées « temps réel » car elles présentent les
sonde, qui revient sur celle-ci. La réponse à un obstacle ponc- images formées à une vitesse rapide, comparable à celle du
tuel ou à une interface a la forme d’un pic (ou écho) dont standard vidéo, de façon à obtenir des séquences d’images. Les
l’amplitude est donnée par la loi de Rayleigh, s’il s’agit d’une images échographiques sont ainsi formées d’un certain nombre
diffusion, ou par les lois de Snell-Descartes, s’il s’agit d’une de lignes mode B de répartition spatiale différente selon les sondes
réflexion. La durée, t, qui s’écoule entre l’émission de l’impul- (Fig. 13). La formation d’une image d’environ 100 lignes sur
sion et l’apparition du pic aux bornes de la sonde permet de 25 cm de profondeur doit être effectuée en quelques dizaines de
connaître l’éloignement, p, de l’obstacle par rapport au trans- millisecondes et impose un balayage rapide, mécanique ou
ducteur, en considérant la vitesse de propagation moyenne des électronique, du champ ultrasonore à l’aide, le plus souvent, de
ultrasons dans les tissus mous, cmoy., comme constante : sondes multitransducteurs.
p = cmoy.t/2 La miniaturisation des sondes a permis depuis quelques années
leur introduction dans les cavités naturelles de l’organisme afin de
L’échographe mesure donc le temps, t, et présente l’onde les rapprocher de la zone à visualiser. La distance parcourue par les
réfléchie par l’obstacle sous forme d’un écho situé sur l’axe de la ondes ultrasonores dans les tissus étant alors plus courte,

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Figure 13.
A. Principaux types de balayage du champ ultrasonore.
B. Forme de l’image échographique selon le type de balayage.

Balayage linéaire Balayage sectoriel

Balayage trapézoïdal A

l’atténuation du faisceau est diminuée par rapport à l’utilisation échographique, ligne par ligne, provenant de tout un volume
d’une sonde échographique conventionnelle, ce qui permet de tissulaire et, dans un deuxième temps, la reconstruction et la
travailler à plus haute fréquence et donc d’obtenir des images de présentation des coupes échographiques appartenant à ce
meilleure définition. volume, à partir des données obtenues [3].
Les organes intéressés sont le cœur par voie trans- L’acquisition volumique utilise deux approches de base, soit
œsophagienne, les ovaires et l’utérus par voie transvaginale, la des sondes conventionnelles 1D donnant des images à deux
prostate par voie transrectale, l’œsophage, l’estomac, le dimensions (2D) qui sont ensuite reconstruites en images 3D,
duodénum et le pancréas par voie intradigestive ainsi que soit des sondes dédiées 2D générant directement des images à
l’intérieur des grosses artères par voie intravasculaire. trois dimensions (3D) dynamiques (Fig. 14A). Bien que l’utilisa-
Enfin, des sondes particulières permettant de guider les tion de sondes 2D produisant des images 3D soit la plus
ponctions-biopsies sous échographie afin de visualiser le trajet de commode, cette technologie est encore coûteuse. La majorité
l’aiguille ont également été développées notamment pour le foie, des échographes 3D actuels utilisent donc la première approche.
le rein ou la thyroïde. Le balayage mécanique des sondes conventionnelles 1D se
fait soit automatiquement de façon motorisée, soit manuelle-
Autres modes échographiques ment à vitesse constante mais de façon suffisamment précise
pour pouvoir donner des images reconstruites 3D fidèles. Le
Imagerie 3D/4D rendu 3D se fait dans ce cas soit par présentation de trois
L’imagerie échographique 3D est une imagerie mode B qui images 2D orthogonales les unes par rapport aux autres, soit par
nécessite, dans un premier temps, l’acquisition du signal rendu volumique après extraction de surfaces (Fig. 14B). Dans

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distorsion du signal acoustique lors de sa propagation dans les


tissus, située autour de la fréquence double de la fréquence
d’émission, utilisée pour construire l’image harmonique [4].
Il existe deux méthodes d’imagerie harmonique. La première
méthode utilise le filtrage en fréquence du signal autour du
double de la fréquence d’émission (ou seconde harmonique)
(Fig. 15A). De cette façon, seule la seconde harmonique est
conservée et sert à construire l’image échographique. La seconde
méthode utilise l’inversion de phase qui consiste à émettre deux
impulsions successives, la seconde impulsion étant inversée de
180° par rapport à la première, puis à additionner les deux
1 3 réponses provenant des tissus (Fig. 15B). De cette façon, la
composante linéaire portée par la fréquence d’émission est
éliminée, et seule la composante non linéaire portée par la
seconde harmonique est conservée pour construire l’image.
Les avantages de l’imagerie harmonique par rapport à l’ima-
gerie conventionnelle sont une amélioration du rapport signal/
bruit, une prépondérance des harmoniques au centre du
faisceau conduisant à une autofocalisation et donc à une
amélioration de la résolution latérale, et une amélioration de la
résolution longitudinale puisque l’image est obtenue à plus
haute fréquence. L’imagerie harmonique, proposée sur la
plupart des échographes actuels, peut être considérée dès à
présent comme une technique devant prendre à l’avenir de plus
2 4
en plus d’importance dans le domaine de l’imagerie ultrasonore.
A La Figure 15C présente une comparaison entre images conven-
tionnelles et harmoniques.

Mode temps-mouvement ou « TM »
Le mode TM permet de suivre le mouvement des structures
mobiles selon la direction d’exploration. Il utilise un seul
transducteur, soit celui d’une monosonde, soit un des transduc-
teurs d’une sonde d’appareil temps réel. Le mode échographique
B ainsi obtenu dans l’axe du faisceau est visualisé en fonction
du temps (Fig. 16). L’avantage du mode TM est qu’il permet de
mieux apprécier les structures en mouvement et de calculer
notamment des vitesses de déplacement.

Imageries doppler
Les modes échographiques doppler permettent, grâce à l’effet
doppler ultrasonore, de mesurer, de présenter sous forme de
courbe en fonction du temps la vitesse d’écoulement du sang
dans les vaisseaux, et de faire des images du sang circulant et
même des tissus en mouvement. Les techniques doppler sont
exposées par ailleurs, et seules les bases physiques sont reprises
Figure 14. ici. L’effet doppler est le changement de fréquence que subit
A. Acquisitions 3D à l’aide de sondes conventionnelles à balayage manuel une onde renvoyée par un obstacle en mouvement [5] . Les
(1), à balayage mécanique (2), à l’aide de sondes dédiées 2D à balayage globules rouges se déplaçant à la vitesse v, et recevant une onde
électronique pyramidal (3), rotationnel (4). ultrasonore incidente de fréquence F0, réémettent l’onde à une
B. Reconstruction 3D à l’aide d’un rendu volumique après extraction de fréquence Fd, qui dépend, à la fois, de sa vitesse de déplacement
surfaces (fœtus) (document aimablement communiqué par GE, France). propre et de l’angle h, que fait la direction de propagation de
l’onde incidente avec la direction du mouvement. La différence
de fréquences F0 – Fd = FD est appelée fréquence doppler et est
le cas des sondes dédiées, composées d’un réseau 2D de petits affectée du signe + ou – selon la direction de l’écoulement.
transducteurs juxtaposés, le balayage du champ ultrasonore est Lorsque l’émetteur de l’onde et le récepteur sont situés au
obtenu électroniquement, et la présentation des informations même endroit, comme dans le cas des explorations ultrasonores,
3D se fait soit par plans multiples, soit par rendu volumique. Le un double effet doppler, à l’émission et à la réception, se
rendu volumique après extraction de surfaces a plus de succès produit et FD a pour expression [3] :
pour les structures anatomiques solides, entourées de liquide,
telles que les limites fœtales. FD/F0 = 共 2v/c 兲 cos h

où c est la célérité moyenne des ondes ultrasonores dans le milieu.


Imagerie harmonique
La mesure de la fréquence doppler ainsi que la connaissance de
L’imagerie harmonique est basée sur le fait que les signaux l’angle d’incidence permettent de déduire la vitesse du flux
provenant des tissus ne contiennent pas uniquement des sanguin v, sachant que la fréquence d’émission F0 et la célérité des
fréquences appartenant à la bande passante de la sonde autour ultrasons c sont connues. On peut noter que si l’angle h est égal à
de la fréquence d’émission, mais également des fréquences 90°, il n’y a pas d’effet doppler. Il faut donc toujours s’arranger
contenues dans les bandes passantes multiples de la fréquence pour que la direction du faisceau d’ultrasons ne soit pas
d’émission que l’on appelle « harmoniques ». Les signaux perpendiculaire à la direction de l’écoulement. Par ailleurs, le
provenant des tissus contiennent, d’une part, une composante débit du sang dans les vaisseaux suffisamment gros peut
linéaire prédominant autour de la fréquence d’émission, utilisée également être évalué à l’aide de l’équation de continuité, débit
pour construire l’image échographique conventionnelle et, = section × vitesse, la section pouvant être mesurée par
d’autre part, une composante non linéaire provenant de la échographie. De plus, les fréquences doppler données par les

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Fréquence fondamentale F0
Impulsion 1
Intensité

Impulsion 2
inversée
Fréquence harmonique 2F0

Somme
des signaux
Écho provenant Écho provenant
d'un milieu linéaire d'un milieu non linéaire

Spectre sans Spectre avec


inversion inversion
Décibels Décibels
Fréquence (MHz) 40 40
Filtre A Filtre B
30 30
Bande passante du transducteur
A 20 20
10 10
0 0
-10 -10
-20 -20
0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Fréquence (MHz) Fréquence (MHz) B

Figure 15.
A. Imagerie harmonique par filtrage en fréquence - seule la composante harmonique du signal est conservée.
B. Par inversion de phase - après addition des réponses, les composantes linéaires du signal, faisant suite aux deux impulsions se compensent et seule reste la
composante non linéaire.
C. Comparaison entre images échographiques conventionnelles (colonne de gauche) et images échographiques harmoniques (colonne de droite) pour une
vésicule biliaire en haut et une glande thyroïde en bas (document aimablement communiqué par GE, France).

écoulements étudiés chez l’homme sont dans le domaine des Plusieurs modes doppler ont été développés successivement :
fréquences audibles (20 Hz < FD < 20 kHz). Une sortie audio des le mode doppler à émission continue, le mode doppler à
fréquences doppler, en plus de la courbe des vitesses en fonction émission pulsée, l’imagerie doppler couleur et l’imagerie
du temps, est donc systématique. doppler puissance (ou énergie) pour l’exploration vasculaire, et

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t1 t2 t3
Dynamique (dB)
S S S
(G)

110 (2)
PA E2 Ap
(1)
PIV Bruit
70 E1 Ap
amplifié
PP E2 Av

Bruit avant
S E1 Av amplification

PA 0
PIV 0 50
Distance parcourue (cm)
PP
Figure 17. Effet des amplifications logarithmique, globale et en profon-
deur sur le signal échographique ; les amplitudes sont présentées en
t1 t2 t3 t
échelle logarithmique pour traduire l’amplification logarithmique ; la
A distance parcourue par les ultrasons est présentée en échelle linéaire ; (G )
courbe de gain en profondeur ; (1) signal d’un réflecteur parfait avant
amplification en profondeur ; (2) signal du même réflecteur après ampli-
fication en profondeur correcte ; E1Av et E1Ap sont les échos donnés par
une cible superficielle, respectivement, avant et après amplification en
profondeur ; E2Av et E2Ap sont les échos donnés par la même cible, mais
éloignée de la sonde, respectivement, avant et après amplification en
profondeur ; les effets des amplifications globale et en profondeur sont de
positionner les échos des deux cibles identiques, respectivement, dans la
fenêtre de visualisation avec la même amplitude.

Amplifications
Afin de pouvoir représenter correctement l’image des tissus,
la visualiser et l’interpréter, plusieurs traitements sont indispen-
sables : l’amplification en profondeur, l’amplification globale et
l’amplification logarithmique du signal échographique.
L’amplification en profondeur : elle a pour rôle de compenser
l’atténuation en profondeur du faisceau ultrasonore de façon à
ce que deux cibles identiques, l’une superficielle et l’autre située
en profondeur, donnent naissance à deux échos identiques. Le
Figure 16. signal échographique reçu par la sonde passe alors dans un
A. Principe de formation du mode échographie temps-mouvement (ou amplificateur dont le gain augmente exponentiellement en
TM) sur le cœur (S : sonde, PA : paroi antérieure, PIV : paroi interventri- fonction du temps que met l’impulsion à parcourir son trajet,
culaire, PP : paroi postérieure) à différents instants t1, t2, t3. ou bien, ce qui revient au même, en fonction de la profondeur
B. Mode TM obtenu in vivo. d’exploration. Lorsque le gain est correctement réglé, le signal
sortant de l’amplificateur ne dépend plus de la position des
cibles dans les tissus et est indépendant de la profondeur. Le
signal entrant est plus amplifié lorsqu’il provient de la profon-
le mode doppler tissulaire couleur essentiellement pour
deur que de la surface. Le gain de l’amplificateur en profondeur
l’exploration du cœur. Ils seront présentés en détails par
est réglable manuellement par l’utilisateur selon l’importance de
ailleurs. l’atténuation par les tissus, à l’aide d’un ou plusieurs
potentiomètres.
L’amplification globale : elle a pour rôle d’amplifier tous les
Traitements du signal échographique échos d’un même facteur, quelle que soit leur origine, de façon
Les traitements du signal échographique que nous allons à pouvoir les visualiser correctement à l’aide de niveaux de gris.
décrire maintenant peuvent être effectués dans un ordre Le gain de l’amplificateur global est également réglable
différent, d’un appareil à l’autre. On peut distinguer les prétrai- manuellement.
tements (ou préprocessing) intervenant avant la mise en L’amplification logarithmique : elle a pour rôle d’amplifier les
échos de façon logarithmique, c’est-à-dire d’amplifier plus les
mémoire du signal échographique et les post-traitements (ou
échos de faible amplitude que les échos de forte amplitude.
post-processing) intervenant après mise en mémoire du signal
L’amplitude du signal sortant de l’amplificateur logarithmique
échographique.
est le logarithme de l’amplitude du signal entrant. De cette
façon, les échos de faible amplitude, donnés par exemple par
Redressement - filtrage diffusion, sont plus amplifiés que les échos de forte amplitude,
donnés par réflexion. C’est un moyen d’accorder sur l’image
Le signal électrique délivré par la sonde à l’échographe, et échographique plus d’importance aux échos provenant de la
témoin du signal acoustique renvoyé par les tissus et modulé en diffusion donnée par la structure interne des organes, qu’aux
amplitude par ceux-ci, est un signal HF appelé radiofréquence, échos provenant de la réflexion donnée par le contour de
et dont la fréquence de la porteuse est la fréquence de réso- ceux-ci.
nance de la sonde. Ce signal est alors détecté, c’est-à-dire La Figure 17 résume à elle seule l’effet de ces trois amplifica-
redressé puis filtré (Cf. Fig. 12A), pour donner les signaux tions. La dynamique du signal est exprimée en décibels pour
échographiques mode A puis mode B, unidirectionnels que l’on témoigner de l’effet de l’amplification logarithmique. Elle est
connaît et qui sont utilisés pour obtenir l’image échographique. représentée en fonction du temps ou, ce qui revient au même,

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de la distance aller-retour parcourue par les ultrasons. Sur ce


schéma, le gain de l’amplification en profondeur est représenté Niveaux de gris (db)
par la droite croissante (G), et son effet sur le signal échogra-
phique non amplifié (droite 1) par la droite (2). Les deux échos,
E1 et E2, images de deux cibles identiques précédentes, l’une 20 2
située en surface et l’autre en profondeur, ont même amplitude
après amplification en profondeur, E1Ap = E2Ap, alors qu’avant
amplification l’écho donné par la cible superficielle, E1Av, était
de plus grande amplitude que l’écho donné par la cible la plus
profonde, E2Av. Mais, il faut aussi que ces deux échos ressortent
du bruit électronique afin de pouvoir être visualisés. Pour cela, 1
ils doivent apparaître dans une « fenêtre de visualisation »
d’environ 40 dB de largeur, comprise entre la dynamique totale 0
de 110 à 120 dB que permet la sonde, et la dynamique d’atté-
nuation d’environ 70 dB du signal provenant d’une profondeur 40
d’environ 20-25 cm (40-50 cm aller-retour), et qui correspond à Niveaux mémoire (dB)
la dynamique du bruit après amplification. Les amplifications, Figure 18. Courbes de contraste « niveaux mémoire – niveaux de gris »
globale et en profondeur, sont correctement réglées lorsque les (1) linéaire, (2) sigmoïde.
deux échos, E1 et E2, ont une amplitude identique et qu’ils sont
situés dans la fenêtre de visualisation. Une amplification
insuffisante ne fera pas ressortir le signal dans la fenêtre. Une blanc). Cette adaptation de dynamique peut se faire de façon
amplification trop importante entraîne une saturation des échos linéaire, par compression régulière du signal échographique en
de grande amplitude. signal lumineux, à l’aide d’une courbe dite de contraste linéaire
(Fig. 18, courbe 1). Mais la courbe de contraste peut aussi être
Mémoires d’image/conversion sigmoïde, et permettre alors de contraster plus les échos dans
analogique-numérique une tranche d’amplitudes données (Fig. 18, courbe 2).
Les premières mémoires utilisées étaient des mémoires Autres traitements
analogiques enregistrant, au tout début de l’échographie, le
signal en « tout ou rien » puis en niveaux de gris. Les mémoires Afin d’augmenter artificiellement le nombre de lignes for-
utilisées aujourd’hui sont des mémoires numériques. Elles sont mant une image pour l’adoucir, une interpolation linéaire peut
capables de stocker un grand nombre de niveaux de gris et être faite entre deux lignes échographiques vraies successives.
peuvent effectuer ce qu’on appelle une « conversion de Chaque image comporte alors autant de lignes vraies que de
balayage », indispensable pour présenter sur un écran vidéo lignes interpolées.
dont le balayage se fait parallèlement, ligne par ligne, une Par ailleurs, l’agrandissement (ou zoom) de l’image permet-
image échographique obtenue par exemple à l’aide d’un tant d’agrandir la zone explorée est possible sur toutes les
balayage sectoriel du champ ultrasonore. Ces mémoires numé- machines commercialisées actuellement.
riques sont devenues peu onéreuses.
La conversion analogique-numérique du signal échographi-
que est réalisée plus ou moins précocement avant la mise en ■ Éléments de technologie
mémoire de l’information, dès le recueil du signal à la sortie de
la sonde ou une fois les prétraitements effectués. Ces mémoires
des sondes
peuvent être simplement représentées par une matrice de
cellules élémentaires (ou pixel) à deux dimensions, dont Constitution d’une monosonde
l’adresse informatique est donnée par les coordonnées de l’écho
Une sonde (ou ensemble sonde) échographique est constituée
à représenter, et dont le contenu est l’information en mode
de différents éléments (Fig. 19). L’élément principal est le
binaire de l’amplitude de l’écho. Chaque amplitude est codée en
matériau pièzoélectrique qui transforme, à l’émission, une
octets de n bits de précision. Un codage sur, par exemple,
impulsion électrique en impulsion ultrasonore et qui, à la
64 niveaux (26) est fait sur 6 bits.
réception, transforme le signal acoustique en un signal électri-
que. Son impédance acoustique doit être la plus proche possible
Traitements de gris
de celle des tissus biologiques, et son épaisseur détermine
Une fois amplifié correctement, le signal échographique dont directement sa fréquence de vibration. Ses deux faces, avant et
la dynamique maximale est de l’ordre de 40 dB (rapport arrière, sont métallisées et connectées chacune à un fil électri-
d’amplitude 100 entre l’amplitude maximale et l’amplitude que qui permet d’exciter le matériau à l’émission et de recueillir
minimale des échos visualisés) doit être lu sur un écran vidéo à le signal acoustique à la réception. La face arrière est en contact
l’aide d’un signal lumineux dont la dynamique est de l’ordre de d’un milieu, amortisseur mécanique, absorbant l’énergie
15 à 20 dB (environ 15 à 20 niveaux de gris entre le noir et le acoustique émise dans cette direction. Enfin, la face avant est

Figure 19. Principaux éléments d’une sonde échographique.


Plan de coupe Connecteurs

Boîtier

Amortisseur

Électrodes
Élément
Couche piezo-
Schéma d'une barrette protectrice électrique

Radiodiagnostic - Principes et techniques d’imagerie 13

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35-000-C-10 ¶ Bases physiques et technologiques de l’échographie ultrasonore

onde sphérique. Un groupe d’une dizaine de tels transducteurs


juxtaposés les uns à côté des autres, excités simultanément avec
la même impulsion électrique, émet une onde plane qui est la
superposition des ondelettes sphériques émises par chacun des
transducteurs élémentaires. C’est la synthèse d’ondes planes ou
focalisées utilisée aussi bien pour le balayage électronique
linéaire que pour le balayage électronique sectoriel.
Le balayage électronique linéaire : dans ce cas, le déplacement
du faisceau se fait parallèlement à lui-même à l’aide d’environ
100 transducteurs, juxtaposés les uns à côté des autres pour
former une barrette. Une impulsion ultrasonore est émise à la
A B suite de l’excitation simultanée, par la même impulsion électri-
que, d’un groupement d’une dizaine de transducteurs juxtapo-
sés (Fig. 21A). C’est le même groupement de transducteurs qui
reçoit la réponse échographique au retour. Lors de l’impulsion
électrique suivante, le groupement des transducteurs excités est
décalé électroniquement d’une unité d’un côté, de façon à
interroger une direction parallèle à la direction précédente
située juste à côté. Ainsi de suite, l’image de forme rectangulaire
C est formée avec le balayage de la totalité des transducteurs que
compte la sonde.
Figure 20. Principe du balayage sectoriel mécanique.
Le balayage électronique sectoriel : le déplacement du faisceau
A. Transducteur oscillant.
se fait selon un secteur angulaire d’environ 90° à 100°, à l’aide
B. Transducteur en rotation.
d’un seul groupement de 10 transducteurs environ formant à
C. Principe du balayage électronique.
lui seul l’élément sensible, et par l’utilisation de lignes à retard.
Si on excite simultanément le groupement de transducteurs
avec la même impulsion électrique, mais en utilisant des lignes
recouverte d’une lame d’un matériau dont l’impédance acousti- électroniques entraînant des retards graduels spécifiques de
que se situe entre celle de l’élément piézoélectrique et celle de
l’excitation de chacun des transducteurs, le groupement émet
l’eau, et d’épaisseur k/4. Cette lame « quart d’onde » a un
une onde plane qui se propage de biais selon une direction
double rôle, d’une part, adapter l’impédance acoustique de la
donnée par rapport à la surface de la sonde (Fig. 21B). Il suffit
sonde à celle des tissus afin d’améliorer le passage de l’énergie
acoustique vers les tissus et inversement et, d’autre part, ensuite de modifier, entre chaque impulsion, la configuration
protéger la face avant du transducteur. L’ensemble de tous ces du retard introduit entre chaque ligne pour émettre les impul-
éléments est enfermé dans un boîtier protecteur duquel sortent sions acoustiques se propageant selon différentes directions et
les conducteurs électriques qui permettent la connexion à ainsi interroger tout le secteur angulaire. Les sondes utilisant ce
l’échographe. principe de balayage sont appelées « phased array ».
Un troisième type de balayage électronique, le balayage
trapézoïdal, utilisant une sonde courbe composée d’un grand
Différents procédés de balayage rapide nombre de transducteurs, identiques à ceux des barrettes, est un
du champ ultrasonore compromis technologique entre le balayage linéaire et le
balayage sectoriel. Le balayage électronique est identique à celui
Différents procédés de balayage rapide du champ ultrasonore
des barrettes, et la forme courbe de la sonde permet d’obtenir
sont utilisés pour construire l’image échographique temps réel :
le balayage mécanique, toujours sectoriel, le balayage électroni- une image trapézoïdale.
que, linéaire ou sectoriel, et le balayage trapézoïdal, qui est un L’utilisation de lignes à retards, associée ou non au balayage
compromis entre les deux procédés précédents (Cf. Fig. 13). électronique linéaire ou sectoriel, a également pour avantage de
Le balayage mécanique est, en pratique, uniquement secto- permettre la focalisation électronique du champ acoustique et
riel. Dans ce cas, le déplacement, oscillant ou circulaire du (ou donc d’améliorer la résolution latérale de ce type de sondes.
des) transducteur(s), fixé(s) sur un axe oscillant ou sur un Dans le cas des sondes à balayage électronique, il suffit d’utiliser
tambour tournant autour d’un axe de rotation, se fait à l’aide à l’émission sur le groupement de transducteurs émettant l’onde
d’un moteur (Fig. 20). Un mouvement de rotation uniforme est incidente, une configuration entraînant des retards d’excitation
en principe plus facile à réaliser qu’un mouvement oscillant. graduels des transducteurs extrêmes vers les transducteurs
Dans ce cas, la tête de sonde peut contenir jusqu’à trois centraux. L’émission de l’énergie acoustique se fait alors dans
transducteurs qui fonctionnent les uns après les autres, lorsqu’ils une zone focale donnée (Fig. 21C). Dans le cas des sondes
sont orientés vers la peau, de façon à augmenter la cadence de annulaires, les retards d’excitation s’appliquent directement sur
formation des images. À chaque fois qu’un transducteur passe les différents anneaux. Ce type de focalisation est appelé
devant la région à visualiser, il forme une ligne de l’image dont « focalisation électronique à l’émission ». La zone focale
la géométrie est un secteur angulaire. D’autres techniques de concernée dépendant de la configuration des retards, il est
balayage mécanique rapide du champ ultrasonore ont été
possible de calculer des configurations spécifiques qui permet-
développées, notamment par réflexion de l’onde incidente
tent de focaliser à des profondeurs différentes. Ainsi, à l’émis-
émise par une sonde fixe sur un miroir plan oscillant ou par
sion de l’impulsion ultrasonore ou à la réception du signal
réflexion de l’onde sur un miroir parabolique à partir d’une
sonde oscillante placée au foyer du miroir, mais elles ont toutes échographique, la distance focale peut être ajustée à la zone
été abandonnées. Il faut signaler ici l’existence de sondes étudiée. En particulier, au cours de la réception d’une même
annulaires, formées de céramiques piézoélectriques concentri- ligne échographique, la modification automatique de la confi-
ques, dont le principal avantage est de permettre une focalisa- guration des retards permet de recevoir le signal avec une bonne
tion de poursuite à la réception (Cf. infra). focale, déjà dans les régions superficielles puis dans les régions
Le balayage électronique, d’une part, utilise le déplacement lointaines, sans modifier la fréquence image. C’est ce qu’on
rapide du champ acoustique de façon électronique et, d’autre appelle la « focalisation de poursuite » à la réception (Fig. 21D).
part, repose sur la synthèse d’une onde ultrasonore à partir Le changement de configuration des retards à l’émission serait
d’ondelettes sphériques. Il faut savoir qu’un transducteur de possible, mais obligatoirement au détriment de la fréquence
petites dimensions comparables à la longueur d’onde émet une image, l’image échographique étant alors plus longue à obtenir.

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Émission Impulsions synchronisées Résolution spatiale


La résolution spatiale est la qualité que possède l’appareil à
pouvoir distinguer l’image de deux points objets séparés dans
Onde plane l’espace. Elle est alors caractérisée par la distance minimale qui
sépare les deux points objets pour pouvoir séparer leurs images.
Il existe en fait trois résolutions spatiales : une résolution en
profondeur, ou axiale, ou longitudinale, et deux résolutions
latérales.
La résolution en profondeur est la distance minimale qui
Transducteurs
sépare deux points objets situés dans l’axe du faisceau
Retards identiques
(Fig. 22A). Elle dépend de la durée de l’impulsion ultrasonore
A émise, c’est-à-dire, de la fréquence de résonance et de l’amortis-
Émission Impulsions retardées Onde plane sement de la sonde. La résolution en profondeur est améliorée
par l’utilisation de sondes hautes fréquences et de sondes bien
amorties. Elle est en général de l’ordre de 0,5 à 2 ou 3 millimè-
tres selon la fréquence. La première résolution latérale, que l’on
oublie souvent, est celle qui est liée à l’épaisseur de la coupe
anatomique définie par le balayage du champ ultrasonore. En
effet, deux points objets, situés tous les deux à la même
distance de la sonde dans l’épaisseur de la coupe, ne pourront
pas être distingués. La deuxième résolution latérale est celle qui
permet de séparer deux points objets, situés dans le plan de
Retards Transducteurs coupe et dans la direction perpendiculaire à la direction de
propagation des ultrasons (Fig. 22B). Ces deux résolutions
B
dépendent de la largeur du faisceau ultrasonore, et donc de sa
Émission Impulsions retardées focalisation. Dans le cas des sondes à balayage électronique, ces
deux résolutions latérales peuvent être différentes puisqu’elles
Focale unique
dépendent des dimensions géométriques, longueur et largeur,
des transducteurs à section rectangulaire utilisés. Dans le cas des
sondes à balayage mécanique utilisant des transducteurs
cylindriques, la résolution latérale est la même dans toutes les
directions perpendiculaires à la direction de propagation des
ultrasons, puisqu’il existe une symétrie de révolution autour de
l’axe du transducteur. Les résolutions latérales sont de l’ordre de
2 à 3 mm.
La focalisation du champ acoustique est donc indispensable
Retards Transducteurs pour améliorer les résolutions latérales. Elle permet la concen-
C tration de l’énergie acoustique émise (ou reçue) dans un petit
volume de l’espace pour que les réponses venant des points
Configurations de Impulsions de retour
situés dans cette région soient plus facilement détectables. Cette
retards variables
région est appelée « tache focale » (Fig. 23). On la caractérise par
Focales variables sa longueur, l, et par son diamètre, d, qui, dans le cas d’un
transducteur cylindrique, sont donnés par :
l≈k共 f⁄D 兲2, et
F3 F2 F1 d≈k共 f⁄D 兲 (12)

D est le diamètre du transducteur, et f est la distance focale,


c’est-à-dire la distance du centre de la tache focale à la sonde.
Ce que tout utilisateur d’échographe souhaiterait, ce serait
Retards Transducteurs
d’avoir une tache focale de largeur la plus petite possible, sur la
D plus grande profondeur de champ possible, de façon à obtenir la
Figure 21. Balayage électronique – effet des lignes à retard –. meilleure focalisation sur la plus grande distance possible. Mais
A. Émission/réception plane. Formation d’une onde plane se propageant les expressions (12) montrent qu’en jouant soit sur l’ouverture de
vers la droite dans l’axe de la sonde. la sonde, D, soit sur la distance focale, f, il est impossible qu’à la
B. Émission/réception plane avec déflexion. Formation d’une onde plane fois la résolution latérale et la profondeur de champ soient les
se propageant de biais. meilleures possibles. Un compromis sur le choix de la distance
C. Focalisation fixe. Formation d’une onde focalisée se propageant dans focale et l’ouverture de la sonde est alors nécessaire.
l’axe de la sonde.
D. Focalisation variable. Configuration de retards permettant une focali- Résolution en amplitude
sation de poursuite à la réception.
Le second facteur de qualité de l’image échographique est
la résolution en amplitude, donnée par le rapport signal/
bruit ou dynamique. Plus la dynamique du signal échogra-
■ Image échographique phique est élevée, plus la quantité d’information stockée sur
l’image est importante. Habituellement, la dynamique de la
Facteurs de qualité sonde est de l’ordre de 100 à 120 dB et limite celle du signal
échographique pouvant être visualisé. Il faut savoir aussi que
La qualité d’une image échographique dépend, à la fois, des le rapport signal/bruit dépend de la bande passante en
résolutions spatiales et du rapport signal/bruit ou résolution en fréquence de la sonde. D’une part, le rapport S/B est maxi-
amplitude fournis par la machine. C’est en fait la sonde mum pour une fréquence égale à la fréquence de résonance
échographique qui est le facteur limitant ces résolutions. Il propre du transducteur et décroît lorsque celle-ci s’en éloigne
existe enfin un autre type de résolution qui limite la qualité de et, d’autre part, S/B est plus faible pour une sonde amortie
l’information échographique, c’est la résolution temporelle. que dans le cas d’une sonde peu amortie. D’autres facteurs

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Figure 22.
A. Résolution longitudinale (ou axiale ou en pro-
fondeur).
B. Résolution latérale.

R. longitudinale

Mauvaise résolution
R. latérale latérale

Mauvaise résolution
longitudinale

Bonne résolution
longitudinale
Bonne résolution
latérale

A
B

Lentille Points objets

D d

Images mode A

F
40 dB
λ (f/D)2
d λ (f/D)

Figure 23. Définition de la zone focale d’une sonde cylindrique focali-


sée. l : longueur de la zone focale ; d : diamètre de la zone focale ; D :
diamètre de l’émetteur ; f : distance focale ; F : fréquence ultrasonore.

comme le filtrage du signal ou le nombre de niveaux mémoi-


res influent également sur la dynamique du signal, mais à un
moindre degré. Enfin, du fait de l’amplification en profon- Figure 24. Échos A donnés par deux points objets de différence de
deur d’environ 70 dB des échos provenant de la profondeur dynamique 40 dB.
par rapport à ceux provenant de la surface, la dynamique du
signal servant à construire l’image échographique ne dépasse
pas 40 dB, c’est-à-dire, un rapport 100 entre les amplitudes du
plus grand et du plus petit écho que peut détecter la sonde
Sémiologie échographique élémentaire
(Fig. 24). et artefacts
La connaissance des interactions entre une onde acoustique
Résolution temporelle et les tissus biologiques permet de comprendre la sémiologie
La résolution temporelle d’un échographe est le temps élémentaire rencontrée en échographie et, déjà, faire la diffé-
minimum qui sépare deux images successives, lors d’une rence entre un tissu liquide et un tissu solide.
séquence d’images, sans qu’il y ait perte d’information. On distingue schématiquement dans l’organisme les tissus
Actuellement pour la plupart des applications de l’échogra- anéchogènes et les tissus échogènes (Fig. 25). Le tissu anécho-
phie, les images « temps réel » peuvent être construites à une gène est celui qui ne donne pas d’échos sur l’image, c’est-à-dire
fréquence allant jusqu’à 25 Hz (soit 25 images/s). Cela signifie celui qui a une structure que l’on peut considérer comme
qu’à cette fréquence, une sonde de 100 transducteurs peut homogène vis-à-vis de la longueur d’onde ultrasonore utilisée.
explorer la dynamique de la plupart des tissus jusqu’à environ Le tissu échogène génère des échos. Mais cette distinction entre
25 cm en profondeur. Seul, en fait, le système cardiovasculaire tissu anéchogène et tissu échogène est parfois difficile à faire,
entraîne chez l’homme des mouvements du cœur et des car elle peut dépendre de certains paramètres technologiques. La
déplacements du sang et des vaisseaux plus rapides. Pour que non-échogénicité ou l’échogénicité d’un tissu dépend en
le mouvement des valves cardiaques d’un cœur battant à particulier de la fréquence ultrasonore utilisée. Lorsque le tissu
60 pulsations par minute (1 Hz) soit correctement « vu » en considéré est un liquide pur, il est anéchogène. Mais il existe
échographie sans perte d’information, il faudrait monter à parfois des tissus de structure très fine comme les collections
une fréquence image d’environ 50-60 Hz (soit sanguines qui donnent naissance à de la diffusion ultrasonore
50-60 images/s). et qui se présentent comme anéchogènes pour les basses

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Figure 25. Sémiologie échographique élémentaire : tissu rénal écho-


gène à gauche, image liquide anéchogène en arrière. Figure 26. Cône d’ombre acoustique (flèches pleines) en arrière d’une
structure réfléchissante comme une lithiase urétérale (flèche creuse) (do-
cument aimablement fourni par le Pr O. Hélénon, Paris).

“ Points essentiels
Sémiologie échographique et artefacts
La sémiologie échographique de base renseigne sur :
• l’échogénicité des organes (présence de liquides et de
tissus solides),
• la géométrie des organes (forme, contour et
dimensions des organes).
Les artefacts sont liés à :
• la différence de propriétés mécaniques ou
géométriques entre tissus,
• la technologie utilisée

fréquences (par exemple 3,5 MHz) alors qu’à fréquence plus


élevée (par exemple 5,0 MHz), ils sont échogènes. Un moyen de
faire véritablement la différence entre tissu liquide, donc non
échogène, et tissu solide, donc échogène, est d’utiliser des Figure 27. Renforcement postérieur (flèche) en arrière d’une structure
sondes de fréquences différentes, la non-échogénicité persistant peu échogène ou anéchogène comme ici une masse liquide (kyste rénal)
à fréquence plus élevée pour les liquides purs. (document aimablement fourni par le Pr O. Hélénon, Paris).
À côté du caractère échogène ou non des tissus visualisés,
d’autres signes sont spécifiques à l’échographie.
l’intensité passant sur les côtés. L’énergie renvoyée par les tissus
Cône d’ombre acoustique situés juste en arrière de la structure est ainsi plus importante
que celle renvoyée par les tissus situés de part et d’autre. Le
Le cône d’ombre acoustique se retrouve en arrière des renforcement postérieur est souvent présent en arrière des
interfaces de dimensions suffisamment grandes et très réfléchis- cavités liquides dont le coefficient d’atténuation est plus faible
santes. L’énergie ultrasonore incidente est réfléchie par de telles que celui des tissus avoisinants (Fig. 27).
interfaces en quasi-totalité, et la fraction d’énergie transmise est
beaucoup plus faible, voire quasiment nulle, par rapport à celle Un certain nombre d’artefacts liés à la différence des proprié-
se propageant de part et d’autre de la structure. Ainsi, l’intensité tés mécaniques ou géométriques des tissus peuvent être
ultrasonore revenant sur la sonde et provenant des tissus situés distingués.
en arrière de l’interface est très faible par rapport à l’intensité
provenant des tissus situés de part et d’autre de la structure. Ce Échos de répétition
type d’interface donne ainsi une image d’ombre acoustique en
arrière d’elle. En revanche, l’interface réfléchissante apparaît très Les échos de répétition se produisent lorsque l’onde ultraso-
intense et épaissie. Un exemple est donné par la lithiase biliaire nore incidente traverse, perpendiculairement, des interfaces
ou vésicale qui présente généralement une ombre acoustique en parallèles et réfléchissantes (Fig. 28A). À chaque interface
arrière (Fig. 26). Mais les calculs de très petites dimensions, franchie, une fraction de l’énergie incidente est transmise et une
donnant de la diffusion, peuvent ne pas être à l’origine fraction est réfléchie. Après traversée de la première interface, I1,
d’ombres acoustiques, comme on l’a déjà précisé auparavant. par l’onde incidente, l’onde réfléchie revient vers la sonde alors
que l’onde transmise interagit avec l’interface suivante, I2, située
Renforcement postérieur plus en profondeur. Une fraction de l’énergie transmise est alors
Le renforcement postérieur peut être analysé comme le aussi réfléchie par I2 pour revenir vers la sonde. Au total, la
phénomène inverse du cône d’ombre acoustique. Si on consi- sonde reçoit successivement dans le temps un premier écho,
dère une structure anatomique moins atténuante que les tissus provenant de l’onde réfléchie par I1 puis un deuxième écho
avoisinants, l’intensité ultrasonore incidente traversant la provenant de l’onde réfléchie par I2, puis un troisième écho
structure et transmise en arrière est plus importante que faisant suite à une double réflexion entre I1 et I2. Chacun des

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Barrette

(od)
(1)
(1)
(2)
(2) (3) (4) (5)
(oi) Diaphragme
(3)
Angiome

(4)
Image en miroir
(5)
A A

Figure 29. Image en miroir (flèche).


A. Principe de formation.
B. Exemple donné par un angiome hépatique.

ultrasonore entre au moins deux interfaces réfléchissantes,


proches les unes des autres, et situées en profondeur. Un
excellent exemple est donné par ce qu’on appelle l’image en
« queue de comète » (Fig. 28C).

Image en miroir
L’image en miroir peut apparaître lorsque deux structures
réfléchissantes sont positionnées à proximité l’une de l’autre,
devant la sonde, chacune pouvant réfléchir le faisceau vers
l’autre. Un exemple est donné par la Figure 29A. Un angiome,
situé dans le foie à côté du diaphragme, est éclairé à la fois par
une onde arrivant directement de la sonde (od), et par une
onde arrivant aussi de la sonde, mais indirectement (oi), après
réflexion sur le diaphragme. Au retour des échos, l’angiome est
vu, d’une part, par le faisceau qui revient directement sur la
Figure 28. Échos de répétition.
sonde et qui donne alors la position exacte de la tumeur, mais
A. Principe de formation. aussi par le faisceau revenant indirectement après réflexion sur
B. Exemple donné au niveau de la paroi postérieure de l’abdomen le diaphragme. Dans ce cas, l’angiome est considéré lors de son
(document aimablement communiqué par le Pr O. Hélénon, Paris). repositionnement dans l’image comme s’il était situé face au
C. Cas particulier d’échos de répétition entre interfaces réfléchissantes très transducteur recevant le signal, à une profondeur donnée par le
proches, situées en profondeur : image en queue de comète. temps aller-retour que mettent les ultrasons pour parcourir la
distance entre la sonde et l’angiome, via le diaphragme. Une
échos est décalé par rapport au précédent d’un retard 2e/c, e fausse image de l’angiome (image en miroir) est ainsi visible, de
étant la distance qui sépare les deux interfaces I1 et I2. Ces l’autre côté du diaphragme de façon symétrique à la précédente
échos de répétition sont reconnaissables car ils sont parallèles (Fig. 29B).
entre eux, équidistants les uns des autres sur l’image, et vont en
s’atténuant de la surface vers la profondeur. On les retrouve Cône d’ombre des parois latérales
souvent dans la vessie, donnés par la paroi antérieure de celle-
ci, ou au niveau de l’abdomen, donnés par les anses intestinales L’interaction entre une onde ultrasonore et les bords latéraux
(Fig. 28B). d’une structure tissulaire, arrondie et réfléchissante, entraîne
Les échos de réverbération sont à rapprocher des échos de une déflection du faisceau transmis (Fig. 30A). L’onde acousti-
répétition. Ils sont dus à des réflexions multiples de l’onde que n’arrive pas sur les tissus situés dans le cône, dont le

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Ultrasons

Foie

a
Myélolipome
b

Cône d'ombre
des parois latérales Diaphragme
A

Figure 30. Cônes d’ombre dus aux parois latérales d’une structure
arrondie et réfléchissante.
A. Principe de formation.
Figure 31. Déformation de l’image due à la célérité des ultrasons
B. Exemple donné par une image liquide arrondie.
différente d’une région à l’autre.
A. Principe de formation : la célérité des ultrasons est plus faible dans b
que dans a.
sommet est situé au niveau de la paroi latérale et ouvert vers la B. Exemple d’artefact donné par un myélolipome surrénalien (région b)
profondeur, il ne peut donc pas interagir avec les tissus situés à dans lequel la célérité des ultrasons plus faible que dans les tissus mous
cet endroit pour en faire leur image (Fig. 30B). avoisinants (région a) entraîne alors un décrochement de la structure
linéaire située en arrière (document aimablement communiqué par le Dr
Effet de déformation D. Thoumas, Rouen). La célérité dans les tissus mous avoisinants est
considérée par le constructeur de l’appareil comme la valeur de référence
La déformation de l’image par différences de célérités d’un pour reconstruire l’image.
tissu à l’autre se rencontre lorsque le faisceau ultrasonore
traverse deux régions tissulaires juxtaposées ayant des célérités l’interaction entre une onde ultrasonore et un objet très
différentes. C’est ce que l’on peut retrouver, par exemple, sur réfléchissant (Figure 32A), les lobes secondaires détectent tout
une coupe de foie lorsqu’une partie de celui-ci comporte du de même des échos et les repositionnent dans l’image comme
tissu graisseux dans lequel la célérité est plus faible que dans les s’ils provenaient du lobe principal. Ils forment alors une fausse
tissus avoisinants. Le diaphragme, situé en arrière, apparaît alors interface réfléchissante, se superposant à l’image réelle comme
avec un décrochement à cause du calibrage de la célérité des le montre la Figure 32B.
ultrasons considérée par le constructeur de l’échographe comme
constante et comme étant la célérité moyenne dans les tissus Effet de volume
(Fig. 31). L’image échographique est celle d’une coupe de tissu d’épais-
Enfin, certains autres artefacts sont liés à la technologie seur donnée. Il se peut, parfois, que dans l’épaisseur de la coupe
utilisée. des structures différentes comme, à la fois, une structure solide
juxtaposant une structure liquide se situent à la même distance
Effet des lobes secondaires de la sonde (Fig. 33A). On retrouve alors, sur l’image échogra-
phique formée les structures solide et liquide à la même
Les lobes secondaires du champ acoustique sont habituelle- distance de la sonde, mais des échos provenant du tissu solide
ment à l’origine d’artefacts impossibles à totalement éliminer. se retrouvant à l’intérieur de la structure liquide (Fig. 33B).
Ces artefacts sont retrouvés avec tous les types de sondes mais
surtout avec les barrettes. À l’émission, l’énergie acoustique se
propage principalement devant la sonde, dans le lobe principal, ■ Développements particuliers
mais également sur les côtés, dans des lobes secondaires. À la
réception, l’image échographique est construite comme si tous
et futurs
les échos reçus par la sonde provenaient des tissus situés sur Plusieurs techniques diagnostiques reposant sur la physique
l’axe de celle-ci, dans le lobe principal. Mais, à la suite de des ultrasons et le traitement du signal occupent aujourd’hui

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Sonde

Lobe
secondaire

Lobe principal

O1 I1
Lobe secondaire

I2

O2
Diaphragme
A

Figure 32. Fausse image due aux lobes secondaires.


A. Principe de formation : le diaphragme est vu à la fois par le lobe principal et les lobes secondaires situés de part et d‘autre du lobe principal, ce qui donne
pour chaque transducteur de la sonde un point image vrai I et deux points images artefactuels I1 et I2, donnés par les deux points objets O1 et O2.
B. Exemple donné par le diaphragme.

Sonde
Profondeur
Tissu solide

Masse liquide

Artefact
y

x
Solide +
Artefact
Liquide liquide x

Solide Solide

Profil des échos y Tranche explorée


X A
Figure 33. Artefact dû à un effet de volume.
A. Principe de formation : à droite, la sonde détecte dans l’épaisseur de la tranche de tissu explorée et à la même profondeur, à la fois, du tissu solide échogène
et du liquide anéchogène ; les échos provenant du tissu solide se mélangent alors à l’image anéchogène ; à gauche, schéma de la structure tissulaire de la
tranche considérée ; le profil des échos, selon x, et moyenné sur l’épaisseur de la tranche, est successivement donné par des tissus solide, liquide, solide et
liquide (artefact), et enfin solide.
B. Exemple donné par un kyste thyroïdien.

une position particulière, soit parce qu’elles commencent à été développées dans les années 1980 en vue de leur installation
prendre une place privilégiée, soit du fait de leurs potentialités. sur les machines commerciales, mais sans réel succès.
Plus récemment, le tissu osseux a fait l’objet de travaux afin
d’évaluer et de quantifier le degré d’ostéoporose chez les
Caractérisation tissulaire ultrasonore patientes ménopausées. Les mesures in vivo des propriétés
Depuis plusieurs années, de nombreuses tentatives de carac- acoustiques de l’os avaient été proposées il y a 20 ou 30 ans. Du
térisation de tissus humains à l’aide d’ultrasons ont vu le jour. fait de leur caractère non ionisant, du coût modéré des appareils
L’idée principale était de trouver dans le signal échographique et des résultats encourageants, les techniques ultrasonores
des signatures caractéristiques des tissus sains et pathologiques d’évaluation de la fragilité osseuse, regroupées sous le terme
afin de pouvoir utiliser cette méthode non invasive pour d’échographie quantitative, avaient suscité un vif intérêt. La
remplacer des méthodes plus traumatisantes comme la nature élastique des ondes ultrasonores semblait désigner la
ponction-biopsie. Tous les tissus pouvant être intéressés, les technique comme la plus appropriée pour estimer la qualité du
premiers travaux ont concerné les tissus mous faciles d’accès tissu osseux. Mais 15 ans plus tard, les techniques ultrasonores
comme, par exemple, le foie ou la glande thyroïde. Des métho- ont été reléguées au second plan.
des, par transmission ou réflexion, reposant sur l’analyse Cependant, la propagation des ultrasons est non seulement
spectrale du signal ultrasonore provenant de ces tissus ont alors liée de façon étroite aux propriétés mécaniques (densité,

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élasticité) du milieu de propagation, mais encore elle peut aussi s’accumulant dans certains organes, et entraînant une modi-
dans certains cas être influencée par les caractéristiques géomé- fication des propriétés physiques des tissus. Le principal effet
triques (épaisseur) et la microarchitecture du milieu de propa- utilisé par la majorité des produits de contraste, qui se
gation. De plus, en changeant les conditions de mesure, on peut présentent la plupart du temps sous forme de microbulles de
produire des modes de propagation particuliers (compression, gaz, est l’augmentation de l’intensité ultrasonore rétrodiffusée.
cisaillement, ondes de surface ou de volume) et privilégier des Les agents de contraste doivent avoir une taille suffisamment
modes d’interaction (absorption, diffusion, interactions non petite pour pouvoir franchir le lit pulmonaire et arriver dans le
linéaires) sensibles uniquement à certaines propriétés du tissu. cœur gauche et la grande circulation. La durée de vie des
C’est pourquoi plusieurs types d’appareils ont tout de même été microbulles d’air étant très courte, leur encapsulation à l’inté-
développés ces dernières années [6] . Les plus couramment rieur de coques protectrices protéiques ou lipidiques a permis de
utilisés mesurent la vitesse et le taux de variation de l’atténua- l’augmenter. Enfin, un progrès récent et important relatif au
tion d’une onde ultrasonore transmise à travers le talon, et rehaussement du contraste a été l’utilisation des propriétés non
reflètent principalement l’os spongieux. C’est la mesure de linéaires de ces agents, permettant ainsi de faire de l’imagerie
transmission transverse. D’autres appareils mesurent la vitesse harmonique.
ultrasonore de l’enveloppe corticale par transmission corticale
transverse ou axiale dans le tibia ou le radius. Ces deux
méthodes donnent des résultats bien corrélés mais qui dépen- Retournement temporel
dent aussi des caractéristiques géométriques de l’échantillon
osseux examiné. La détection et l’imagerie par retournement temporel est
Au total, si les techniques ultrasonores se sont beaucoup une méthode développée depuis quelques années, bien
développées depuis le début de l’échographie, l’évolution de adaptée à la détection d’objets ponctuels, mais encore
l’ultrasonographie quantitative des tissus et, notamment, de l’os aujourd’hui à l’état embryonnaire et qui cherche ses applica-
dépendra de la faculté à développer de nouveaux modes de tions. Cette technique utilise un réseau de transducteurs ou
mesure susceptibles de donner en particulier des informations miroir, chacun d’entre eux pouvant travailler en émission et
sur sa qualité. en réception. Le principe de la méthode réside dans le fait
que, lorsqu’un transducteur du réseau reçoit un signal, celui-ci
est mis en mémoire puis retourné temporellement (la fin du
Élastographie signal devient le début et inversement) avant que le miroir
renvoie dans le milieu le signal retourné. L’avantage de la
L’existence de différences significatives dans la réponse de technique est une bonne focalisation de l’onde acoustique
certains tissus mous, normaux et pathologiques, à des stimula- retournée, la focalisation étant d’autant meilleure que le
tions mécaniques a permis de commencer à développer des milieu possède une structure hétérogène et aléatoire. Les
techniques d’imagerie de leurs propriétés élastiques. Actuelle- applications potentielles actuelles sont toujours à l’état de
ment, il existe différentes écoles réfléchissant à la meilleure développement et concernent essentiellement, à la date
façon possible de visualiser ces propriétés afin que l’image d’aujourd’hui, le domaine de la thérapie comme, par exem-
obtenue soit la plus informative possible pour le diagnostic [7]. ple, la destruction des lithiases et l’échauffement ponctuel des
Une première catégorie de techniques, « l’imagerie par sonoé- tissus [8].
lasticité », provoque dans les tissus des vibrations basse fré-
quence avec une détection par effet doppler ultrasonore.
L’image obtenue est celle du module d’élasticité. Une autre
approche appelée « élastographie » permet de faire l’image de la ■ Conclusion
réponse locale des tissus à l’application d’une contrainte sur
ceux-ci. Cette contrainte est appliquée par incrément, la mesure Au total, depuis le début de l’utilisation des ultrasons dans
étant effectuée par ultrasons avant le mouvement et une fois le domaine du diagnostic médical, des progrès très spectacu-
celui-ci presque terminé. L’image résultante est appelée « élas- laires ont été réalisés, notamment ces dernières années.
togramme ». La dernière classe de techniques permet de cons- Actuellement, chacun s’accorde à dire que les techniques
truire l’image du module d’élasticité des tissus à partir du échographiques sont relativement simples, atraumatiques, peu
déplacement ou de la contrainte mesurée par élastographie. Ces coûteuses, devant souvent être utilisées en première intention,
deux dernières catégories de techniques semblent aujourd’hui et permettant d’explorer aussi bien les organes solides, en
celles dont l’avenir est le plus prometteur. Cependant, des dehors du squelette et du poumon, que l’écoulement du sang
progrès doivent encore être faits pour que cette technique dans les vaisseaux. Ces techniques sont donc d’une aide
devienne un outil clinique intéressant et pouvant être utilisé en précieuse au diagnostic médical, sans pour cela donner
routine. systématiquement des diagnostics de certitude. En effet, il
faut faire extrêmement attention et être très vigilant quant
aux résultats qu’elles pourraient parfois apporter car il s’agit
Produits de contraste de techniques pluridisciplinaires et surtout opérateur-
dépendantes, devant être exercées par des médecins bien
La nécessité d’utiliser des agents de contraste en ultrasonolo- formés et compétents. Dans le futur, des évolutions techno-
gie a longtemps paru inutile car l’échographie est déjà une logiques importantes sont encore à prévoir comme dans le
technique atraumatique et de réalisation facile. Pourtant, le domaine des sondes ou de l’imagerie haute fréquence. De
concept de réhaussement du contraste au moyen d’agents plus, il semble tout à fait raisonnable de penser que dans un
pharmaceutiques s’est révélé bientôt très intéressant, notam- proche avenir l’imagerie harmonique sera considérée comme
ment dans le domaine de l’imagerie vasculaire. Le besoin une véritable technique de référence. Les agents de contraste
d’agents de contraste s’est peu à peu développé et l’efficacité de devraient aussi être développés pour des applications spécifi-
ces produits s’est progressivement améliorée. L’utilisation des ques comme l’étude de la perfusion tissulaire. Il est même
produits de contraste est exposée par ailleurs. Seules sont tout à fait concevable aujourd’hui de penser que certaines de
rappelées ici leurs propriétés physiques intéressantes pour ce ces techniques puissent promouvoir une synergie entre
type d’explorations qui devraient prendre de plus en plus applications diagnostiques et thérapeutiques, notamment
d’importance dans l’avenir. dans le domaine des produits de contraste. Enfin, la caracté-
Deux approches peuvent être utilisées : l’injection d’agents risation tissulaire in vivo devrait être également un domaine
de contraste, soit demeurant dans le système vasculaire, soit d’investigation fondamental pour l’avenir.

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Med Biol 2002;28:1-8. che 1994;264:392-400.

M. Boynard (michel.boynard@univ-paris5.fr).
Biophysique appliquée, UFR biomédicale, Université Paris 5, 45, rue des Saints-Pères, 75270 Paris cedex 06, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Boynard M. Bases physiques et technologiques de l’échographie ultrasonore. EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Radiodiagnostic - Principes et techniques d’imagerie, 35-000-C-10, 2006.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


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