MASTICATION

Acquisition et exercice
de la fonction masticatrice
chez F enfant et F adolescent
è m e
(3 partie)

How children and teenagers

acquire and utilize A u p r o f e s s e u r

To professor
P e d r o

Pedro
P l a n a s ,

P l a n a s ,

masticatory function in m e m o r i a m

(Part three)
Il n ' é t a i t p a s e n v i s a g e a b l e d e p u b l i e r e n u n e s e u l e f o i s c e t a r t i c l e , q u e s o n
auteur a souhaité aussi exhaustif q u e possible et qu'il a réalisé avec u n e grande
c o m p é t e n c e . I lparaîtra d o n c e n p l u s i e u r s parties, c h a c u n e d'elles étant a c c o m -
M a r c e l GASPARD pagnée d e la bibliographie q u i la concerne. L a première partie est parue dans le
n u m é r o 3 d e 2 0 0 1 ,auquel l electeur peut se référer s'il souhaite consulter l e
r é s u m é et les m o t s clés. L a d e u x i è m e partie est parue dans le n u m é r o 4 d e 2 0 0 1 .
La Rédaction
It w a s n ' t possible t o p u b l i s h this article, w h i c h t h e a u t h o r h o p e d to m a k e as
c o m p l e t e as possible, a n objective i n w h i c h h e succeeded admirably, i n a single
issue. It will, therefore, a p p e a r i n several sections, e a c h o f w h i c h w i l l b e a c c o m -
p a n i e d b y a n a p p r o p r i a t e b i b l i o g r a p h y . R e a d e r s w h o w i s h t oc o n s u l t t h e a b s -
tract o r t h e k e y w o r d s , c a n find t h e m i n t h e first section o f this article, w h i c h
a p p e a r e d i n N u m b e r 3, 2 0 0 1 o f t h i s j o u r n a l : h e r e is t h e t h i r d p a r t .
The Editors

5 - APPAREIL OU S Y S T E M E ? 5 - APPARATUS O R SYSTEM?

Parvenu à ce niveau de l'analyse, j e dois H a v i n g reached this stage of m y analysis, I

faire le point ; ayant constaté que, pour l'es-
sentiel, les conceptions de Planas s'accor-
dent avec les données de l'anatomo-physio-
logie et de l'auxologie, il n'en demeure pas
moins que certaines de ses interprétations
et, par suite, les règles pratiques qui en
découlent, doivent être nuancées, et parfois
amendées. A quoi cela tient-il ? Essentielle-
ment au fait que les concepts de causalité et
de corrélation, insuffisamment distingués,
s'interpénétrent fréquemment. Autrement
dit, l'ensemble des organes qui concourent
M. GASPARD,
9, rue Pasteur au boire et au manger est parfois conçu
92120 Montrouge. comme un système alors qu'il s'agit d'un
s h o u l d m a k e this point: w h e n I say that, i n all
their essentials, Planas's concepts c o n f o r m well
w i t h the principles o f anatomy, physiology,
and, auxology, the science o f growth, i ti s
nevertheless true that s o m e o f his interpreta-
tions a n d , accordingly, the practical rules that
f l o w f r o m t h e m , h a v e t ob e fine t u n e d , a n d ,
s o m e t i m e s , adjusted. W h y is this? Primarily, i t
i s b e c a u s e c o n c e p t s o f causality a n d correla-
tion, i n t h e P l a n a s o e u v r e , a r e s o m e t i m e s i n s u f -
ficiently delineated a n d thus get m i x e d u p i n
each other. P u t another way, Planas occasio-
nally considers the ensemble o forgans that
c o n t r i b u t e t o d r i n k i n g a n d e a t i n g a s a system

Rev Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36, 2002

Article publié par EDP Sciences et disponible sur le site http://odf.edpsciences.org ou http://dx.doi.org/10.1051/odf/2002006
 M. GASPARD
appareil. Or, tandis qu'un système est un
ensemble dont les composantes spéciali-
sées sont quasiment exclusives, un appareil
est constitué d'organes qui participent à
une ou à un nombre limité de fonctions
principales, mais qui peuvent aussi contri-
buer, de manière plus ou moins importante,
à des fonctions accessoires. Dans un sys-
tème, en raison de l'intégration extrême,
les propriétés des constituants sont fonc-
tions réciproques les unes des autres ; si
l'on choisit, au hasard, deux d'entre eux,
leurs traits sont dépendants de manière bi-
univoque ; on peut donc, avec une formule
logique ou algébrique, déduire les proprié-
tés d'une partie de celles d'une autre par-
tie ; consécutivement, si l'on est parvenu à
dénombrer tous les éléments de l'ensemble
et à préciser leurs relations (qu'il s'agisse
de fonctions simples dont la variable
dépendante est exprimée en fonction d'une
seule variable indépendante, ou bien de
fonctions à plusieurs variables indépen-
dantes entre elles, ou encore de fonctions
de fonctions — elles-mêmes indépendantes
vel dépendantes), on est en mesure de
déduire les propriétés du tout de celles de
ses parties ; voire de certaines d'entre elles
seulement ; et vice versa.
En revanche, dans un appareil, les
constituants se prêtent certes un mutuel
appui, mais sans être strictement comp-
tables les uns vis-à-vis des autres ; il est
alors impossible, à cause de la fluctuation
ou de la faiblesse des liaisons, de déduire
des propriétés d'une partie celles d'une
autre partie ; a fortiori de remonter des pro-
priétés de telle ou telle composante à celles
du tout ; on n'est plus dans le domaine des
relations causales, mais dans le royaume
incertain des choses «probables», et même
parfois dans celui, plus vague encore, des
choses «possibles». Au mieux, on peut éta-
blir des corrélations entre divers traits, tra-
duites par un coefficient, dans certaines
marges, exprimant divers degrés de dépen-
dance allant de la concomitance à l'exclu-
sion. Le système nerveux avec ses assem-
blées neuronales, ses multiples centres et
les voies qui les relient, est un authentique
système dans lequel, en dépit de leur
nombre pharamineux — pour le seul cortex
49
cerebri, selon Jean-Pierre C h a n g e u x :
12
when they, in fact, constitute an apparatus.
Now, while a system is a group made up of spe-
cialized, more or less independent compo-
nents, an apparatus is made up of organs that
participate in a single or a limited number of
principal functions but which can also contri-
bute, in a manner more or less important, to
accessory functions. In a system, because of its
highly integrated nature, the properties of the
constituent members work reciprocally with
each other; if one should choose two of them,
at random, their characteristics would be reci-
procally univocal, or interdependent. There-
fore, using an algebraic formula, one could
deduce the properties of one section if the pro-
perties of the other were known; further, if one
managed to elucidate all the elements of the
group and to know, precisely, their relation-
ships (whether they consist of simple functions
whose dependant variable is expressed in func-
tion of a single independent variable, or, ins-
tead, of functions each with many independent
variables, or even of functions of functions —
themselves independent or dependant) one
would be able to deduce the characteristics of
every member from these parts; or from just
some of them; and vice versa.
On the other hand, in an apparatus, the
constituent elements certainly lend each other
mutual support, but without being strictly
accountable, or inter-twined with each other; it
is, therefore, impossible, because of the fluc-
tuation and/or the weakness of their relation-
ships to deduce from the properties of one the
characteristics of another; even less is it bet-
ween various elements characterized by a coef-
ficient, which, within certain limits, can
express various degrees of dependence ranging
from concomitance to mutual exclusivity. The
nervous system, with its neuronal conglomera-
tions, its multiple centers and the pathways
that tie them all together, is an authentic sys-
tem in which, despite the incredible numbers
involved — in the cerebral cortex alone, accor-
ding possible to determine from the properties
of one the characteristics of every member of
the group; with an apparatus, one is no longer
dealing with causal relationships but rather
one is wandering in the uncertain «kingdom»
of probabilities and sometimes even, in the
even vaguer territory of the «possible». The
best one can do with an apparatus is to esta-
49
blish correlations to Jean-Pierre Changeux ,
Rev Orthop D e n l o Faciale 3 6 : 11-36. 2002

Acquisition et exercice de la fonction masticatrice chez l'enfant et l'adolescent ( 3 ° " ' partie)
How children and teenagers acquire and utilize masticatory function (Part three)
1 5
trente milliards de neurones ( 1 ) et 1 0
synapses, c'est-à-dire, un million de mil-
liards ! (quantité que personne ne peut se
représenter). Les neurones et leurs relais
synaptiques sont préposés à la conduction de
signaux bioélectriques (influx) ou chimiques
(en cas de neurocrinie). Cette fonction de
conduction domine drastiquement toutes les
autres (lesquelles sont d'ailleurs à son ser-
vice). En revanche, nous sommes dotés d'un
appareil uro-génital, préposé à deux fonc-
tions aux liens fort ténus : la sécrétion uri-
naire et la reproduction. C'est également le
cas pour l'appareil manducateur, quand bien
même certains s'obstinent à le nommer
«système» en l'afflublant de l'épithète pom-
peuse, mais fâcheusement réductrice, de sto-
matognathique (emprunt laxiste à l'anglo-
américain : «stomatognathic System»). La
manducation regroupe des fonctions sensi-
tives (somesthésie bucco-dentaire, proprio-
ception musculaire et articulaire, viscérocep-
tion, nociception), sensorielles (gustation et
olfaction, notamment), motrices (succion,
tétée, mastication, déglutition), posturales
(antigravifiques), secrétrices (salivation,
sécrétion lacrymo-muco-nasale) et de coor-
dination et contrôle (nerveux et endocri-
niens) assumées par l'appareil manducateur,
ensemble qui n'est pas strictement intégré
car ses différents «rouages» y jouissent
d'une certaine autonomie, nonobstant leur
interdépendance. Plusieurs organes de cet
appareil participent à des fonctions radicale-
ment différentes des précédentes, prêtant
occasionnellement leur concours à la respi-
ration d'effort, et, plus couramment, à des
fonctions de communication : mimique et
surtout phonation (plus précisément : articu-
lation de la voix) ; on peut y ajouter le rôle
de «starter» joué dans des réflexes anticipa-
teurs (cf. S. Nicolaïdis) et dans le domaine
psycho-affectif (sans omettre, à ce propos,
les activités ludiques et sexuelles). Un tel
ensemble, si varié, recèle un «résidu de
désordre» (plus exactement : n'est jamais
parfaitement intégré, donc ordonné), grâce
auquel il peut s'adapter aux fluctuations du
milieu et aux événements qui surgissent sto-
chastiquement. Nous avons constaté qu'au
(1) O n e s t i m e à près d e cent milliards ( 1 0 " ) le n o m b r e
des cellules de l'organisme h u m a i n adulte jeune.
Rev Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36. 2002
L
thirty billion neurons (1) and 1 0 synapses 1 5
(which is a million billion, a figure so astro-
nomical as to be beyond anyone's compre-
hension!) The neurons and their synaptic
connections are designed to conduct (influx)
bioelectric signals or chemical signals when
endocrines are involved. This conduction
capacity is by far the most dominant function
of the nervous system, dominating all others,
which, moreover work to support it. On the
other hand, we are endowed with a uro-geni-
tal apparatus devoted to two function whose
relationships are scanty indeed: urinary
secretion and reproduction. The same is true
of the masticatory apparatus, even though
some people seem determined to refer to it as
a «system» decking it out with pompous,
tiresomely reductive nomenclature, like the
grossly excessive Anglo-American rubric
«stomatognathic system». Mastication com-
prises sensitive functions (bucco-dental
innervations, muscular and articular pro-
prioception, visceroception, reaction to
noxious materials) sensory functions (taste
and olfaction especially), motor functions
(sucking and feeding, chewing, and swallo-
wing) postural functions (anti-gravity acti-
vity), secretory functions (salivation and
lacyrmo-muco-nasal secretion) and control
functions (nervous and endocrine) all assu-
med by the masticatory apparatus, which is
not strictly integrated because its various
«gear Systems» enjoy a certain autonomy,
without compromising their interdepen-
dence. Several organs of this apparatus parti-
cipate in radically different functions, occa-
sionally cooperating in difficult respiration,
and, more frequently, in communication acti-
vity: mimicry and, especially phonation
(more precisely: making articulate sounds):
to this can be added the role of «starter» that
anticipatory reflexes play (cf. S. Nicolaïdis)
and, in the psycho-affective realm (without
omitting, in this regard, sexual and ludical or
playing activity. Such an ensemble, so highly
varied, conceals a « residue of disorder »
(more exactly: this system is never perfectly
integrated or well-ordered) which makes it
capable of adapting to the eruption of ran-
dom and unexpected changes. We have
( 1 ) It is e s t i m a t e d that a y o u n g h u m a n adult's b o d y
h a s 1 0 0 b i l l i o n ( 1 0 ) cells.
1 1
13
 M. GASPARD
cours du développement des liens se tissent
et se resserrent entre les fonctions alimen-
taires prédigestives, ce qui justifie leur
regroupement en une superfonction : la man-
ducation.
Chez le fœtus, puis chez l'enfant et l'ado-
lescent, cette conjonction — tant structurale
que fonctionnelle — ne se fait pas progressi-
vement mais par poussées successives ; avec
parfois des phases critiques (sevrage et
puberté notamment) : c'est la typogenèse.
Chez l'adulte, hormis les épisodes patholo-
giques, il y a stabilisation : c'est la typostase.
Durant la sénescence, l'équilibre devient pré-
caire, le déclin s'annonce : c'est la typolyse,
qui conduit inéluctablement à la mort (avec
ou sans phase ultime de sénilité). Alors, les
liens se relâchent manifestement ; le désordre
augmente jusqu'à ce que les écarts ne puis-
sent plus être corrigés, ni compensés. Ayant
développé ces problèmes de vieillissement
dans un ouvrage récent (vide infra), j e ne
m'étendrai pas davantage ici sur cette ques-
tion. Je remarquerai simplement que l'onto-
génie nous enseigne que, dès la formation
du zygote, le problème se pose en termes de
dialectique héraclitéenne. Il n'est pas besoin
d'attendre la sénescence pour constater que
la thanatogenèse est à l'œuvre ; dès l'origine
de l'être, vie et mort sont inséparables, avers
et revers de la même médaille (néanmoins,
la pièce, lancée au moment de la concep-
tion, présentera toujours, au terme de la vie,
son envers : pile) ; c'est la même chose à
chaque étape : l'embryon cède la place au
fœtus, qui devient le nourrisson, l'enfant,
l'adolescent etc. Mais, quel que soit le
moment que l'on considère, le présent offre
sa part d'originalité, d'inédit qui ne sera plus
jamais réitéré, tout en étant aussi, et à la fois,
rétention du passé vécu et protension vers
l'avenir (cf. Husseri etTrân Duc Thâo ) .
D'aucuns ont pu être stupéfiés de me voir
rapprocher les publications de Planas et de
Mongini ; leurs méthodes thérapeutiques
sont si différentes ! Assurément. Malgré tout
ce n'est point cela qui importe parce que
leurs analyses fondamentales se recoupent et
que leurs objectifs convergent. Mais, allons
plus loin : le fait que l'on puisse atteindre ces
objectifs communs par des techniques diffé-
rentes s'accorde avec ce constat sur lequel
j'ai déjà mis l'accent : tel individu peut
14
observed that in the course of the develop-
ment ties between pre-digestive functions
weave so tightly together that we are justified
in re-grouping them in a superfunction:
manducation.
In the fetus, later in the child and the
adolescent, this conjunction — as much
structural as it is functional — does not
occur progressively but in successive
bursts; some of which, weaning and
puberty especially, are critical. This is typo-
genesis. In the adult, apart from pathologi-
cal episodes, stabilization sets in: this is
typostasis, which leads, inexorably, to death
(with or without a final stage of senility). At
that point, the ties clearly unwind; disorder
mounts to the extent that the distance bet-
ween functions can no longer be bridged
nor compensated for. Having reviewed
these aging processes in a study now in
press, I shan't dwell further here on these
issues. I shall content myself with remar-
king that ontogeny teaches us that at the
formation of the zygote the problem can be
stated in Heraclitean dialectics. There is no
need to wait for the onset of senescence to
observe that thanatogenesis accompanies
us all; from the very beginning of the orga-
nism, life and death march inseparably with
it, constituting both sides of the coin (but at
the end, the coin launched at the moment
of conception always lands so that tails, or
death, comes up; at every step of the voyage
the process repeats itself: the embryo gives
way to the fetus which becomes the nursing
infant, then the adolescent and so forth.
But, at no matter what point we examine,
the present offers an original aspect, some-
thing new that will never be repeated, while
all the while retaining elements of the life
already lived and the blueprint for the
future (cf. Husseri and Trân Diîc Thâo ) .
Some people seem to be stupefied to see
me compare and contrast the publications of
Planas and of Mongini: their therapeutic
methods are so different! Precisely. In spite
of everything, that's hardly what's important
because their fundamental analyses actually
blend and their objectives converge. But, let's
go even further: being able to reach common
objectives through different techniques
agrees with an observation I've already stres-
sed: one individual can acquire proper mas-
Rev O i t h o p Dento Faciale 3 6 : 11-36. 2002

Acquisition et exercice de la fonction masticatrice chez l'enfant et l'adolescent ( 3 " partie)
How children and teenagers acquire and utilize masticatory function (Pari three)
acquérir une mastication correcte par une
voie quelque peu différente de celle suivie
par tel autre (il y a plusieurs façons d'ap-
prendre à mastiquer, comme il y a plusieurs
manières d'acquérir la station érigée et
d'apprendre à marcher). Nous atteignons là
le «noyau dur» des conceptions de Planas et
de Mongini, comme de tous ceux qui
admettent l'intérêt des méthodes fonction-
nelles et s'affranchissent du carcan rigide
des techniques de redressement mécanique
des dents (orthodontie de stricte obédience).
Les pratiques orthopédiques concernent
prioritairement un appareil en cours d'orga-
nisation, lequel, en raison de l'absence d'in-
tégration absolue, est partiellement adap-
table. A la faveur de remaniements locaux et
de vicariances fonctionnelles induits et bien
orchestrés par un clinicien expérimenté,
vont s'exprimer les potentialités héritées
mais restées en dormance ; bien pilotées, les
puissances vont passer aux actes, suivant
une voie correcte, sans s'engager dans des
impasses ; et si, dans son évolution ontogé-
nique, l'appareil s'est quelque peu four-
voyé, il demeure possible, en s'y prenant
suffisamment tôt, de juguler cette regret-
table déviation. Pour ce faire, tel praticien
jouera sur la remise en place d'un condyle
et l'y maintiendra par un appareil stabilisa-
teur, tel autre tirera profit de meulages
sélectifs et de la pose d'un équiplan etc.
Mais, nonobstant cette latitude, une règle
biologique intangible doit être respectée :
on ne peut agir efficacement que dans une
marge de tolérance dont l'importance varie
en fonction de l'âge, du nombre de facteurs
corrélés sur lesquels on souhaite intervenir,
de l'amplitude des écarts à corriger et,
enfin, de l'individu lui-même. Voilà qui
nous conduit à examiner les tenants, les
déterminants (généraux, régionaux et
locaux, car tout appareil fait partie d'un
organisme vivant placé dans un certain
milieu, et est connecté à d'autres appareils
et systèmes) et les aboutissants de la masti-
cation unilatérale alternée inscrite (norma-
lement, sauf déviations ou accidents) dans
le droit fil du mâchonnement unilatéral
alterné.
Toutefois, j e n'aborderai pas la bioméca-
nique des A.T.M. conditionnée par le jeu
conjugué des A.T.M. droite et gauche et
Rev Orthop Dento Faciale 3 6: 11-36, 2002
e 1 0
tication capability by a pathway somewhat
different than that followed by another indivi-
dual (there is more than one way to learn how
to chew, just as there many different routes to
achieving erect posture and learning how to
walk). We reach the «hard core» of the
conceptions of Planas and of Mongini, as with
all those whose frank interest in functional
methods frees them from the rigid straightjac-
ket of mechanical correction of malocclusion
(orthodontics strictly by the book). Ortho-
pedic practice has, as its first priority, an appa-
ratus still being developed, which because of
the absence of an absolute integration, is par-
tially adaptable. Thanks to local adjustments
and functional substitutions created and care-
fully orchestrated by a savvy and experienced
clinician, the individual inherited potential
previously dormant can express itself; care-
fully guided these hidden capabilities trans-
form themselves into actions which followed a
proper pathway and avoid dead ends; and, if,
in its ontogenetic evolution, the apparatus
should wander from the proper path, it
remains possible, if intervention is sufficiently
early, to suppress this regrettable deviation. In
order to accomplish this, one alert, informed
practitioner will depend on setting a condyle
back into place and keeping it there with a sta-
bilizing appliance, another practitioner will
utilize selective grinding and the assistance of
a flat bite plate. But, notwithstanding this wide
range of possibilities, an intangible biological
rule must be respected: practitioners can ope-
rate effectively only within a margin of tole-
rance whose extent varies according to age, to
the number of correlated factors which they
wish to adjust, the extent of the deviations
needing correction, and, finally, upon the
patients themselves. All this requires practitio-
ners to examine the patients' characteristics to
be dealt with and the precipitating factors
(general, regional, and local, because every
apparatus takes its place in a living organism
established in a certain milieu and is connec-
ted to other apparatuses and systems) and the
effects of unilateral alternate mastication ins-
cribed (normally, except for deviations or acci-
dents) in the straight line leading from alter-
nate unilateral nibbling.
Still, I don't propose to deal with the bio-
mechanics of the TMJ which is conditioned
by the conjugated interplay of the right and
15
 M.
l'articulé dentaire, ainsi que par le modelé
des condyles, qui se modifient au cours de
l'enfance. En effet, il ne faut pas se fonder,
comme on le fait couramment, sur la géomé-
trie des lignes et surfaces, en admettant gra-
tuitement que les courbes «idéales» répon-
dent aux chemins les plus courts (la droite en
translation et la circonférence en rotation) ou
bien que les surfaces idéales sont le parabo-
loïde hyperbolique, pour le condyle temporal,
et l'ellipsoïde biface, pour le condyle mandi-
6 2 - 6 4
buaire ( C o u l y ) . Du point de vue ciné-
matique et physiologique, ce sont les bra-
chystochrones qui importent parce qu'elles
correspondent aux trajets les plus prompts ;
cyloïdes, hypocycloïdes ou épicycloïdes
(selon les concavités et les convexités) et les
surfaces dérivées. Les impératifs temporels
priment sur les impératifs spatiaux
(cf. Gaspard : publications sur les A.T.M.).
TENANTS, DETERMINANTS
ET ABOUTISSANTS DE L A MASTICATION
UNILATÉRALE ALTERNÉE
Sans revenir sur ce qui a été déjà exposé,
il convient, pour en bien mesurer l'impor-
tance, de situer l'acquisition de la mastica-
tion unilatérale alternée dans le cadre du
développement général de l'enfant et,
inversement, de préciser quelles en sont
localement les conséquences. Je m'en tien-
drai évidemment à un inventaire car chaque
facteur demanderait un développement
incompatible avec les limites d'une publica-
tion dans une revue (cela ne pouvant être
envisagé que dans le cadre d'un livre). Je
mettrai l'accent sur quelques points de
myologie, de biomécanique et d'auxologie
parce qu'ils sont la plupart du temps igno-
rés, en dépit de leur importance cardinale.
6 - 1 - A n a l y s e c r i t i q u e des r e c h e r c h e s
électromyographiques
Les investigations électromyographiques
se sont accumulées depuis une cinquantaine
d'années, parmi lesquelles j e retiendrai
5
celles de J . Ahlgren et B . Ôwall , de J .
7
Ahlgren et U. Posselt , de U. C. Besler et
16
GASPARD
left TMJs, the articulation of the teeth, and by
the modeling of the condyles which change
during infancy. In fact, we shouldn't base our
conceptions, as is so widely done nowadays,
on the geometry of lines and surfaces, admit-
ting freely that «idéal» curves reflect the shor-
test routes (a straight line in translation and
circumference in rotation) or even that the
ideal surfaces are hyperbolic parabolas, for the
temporal condyle, and bifacially ellipsoid for
the mandibular condyle ( C o u l y " ) From a 62 64
kinematic and physiological point of view,
these are brachystochrones (specialized type
of curves) which are important because they
correspond to the most direct trajectories;
cycloids, hypocycloids or epicycloids (depen-
ding on the concavities and the convexities)
and the derived surfaces. Time requirements
take precedence over spatial requirements (cf.
Gaspard: TMJ publications.).
6 - LOCATIONS, DETERMINANTS,
AND LIMITS O F ALTERNATE
UNILATERAL MASTICATION
Without reiterating what has already been
said, it is necessary, in order accurately to
measure and situate the acquisition of alter-
nate unilateral mastication within the fra-
mework of overall development of the child,
and inversely, to pinpoint precisely its local
consequences. I shall, of course, limit myself
to sketching out an inventory because detai-
led attention to every factor would require
an exposition incompatible with the limits
of a journal article (such a presentation
would require a full length b o o k ) . I shall
emphasize several points of myology, biome-
chanics and auxology or growth because
they are often ignored despite their critical
importance.
6 - 1 - C r i t i c a l analysis
of e l e c t r o m y o g r a p h i c a l r e s e a r c h
A great number of electromyographical stu-
dies have been conducted over the past fifty
years. Among the most important works are
the contributions of J. Ahlgren and B. Ôwall , 3
7
of J. Ahlgren and U. Posselt , of U. C. Besler
Rev Orthop D e n t o Faciale 3 6: 11-36, 2002
 e
A c q u i s i t i o n et e x e r c i c e d e l a f o n c t i o n m a s t i c a t r i c e c h e z l ' e n f a n t et l ' a d o l e s c e n t ( 3 " " p a r t i e )
H o w children a n d teenagers acquire a n d utilize masticatory function (Part three)

25
A. G. Hannam , de N.G. Blanksma, T. M. G. and A. G. Hannam , of N.G. Blanksma, T. M. 25

32 44
J. van Eijden et W. A. Weijs , de S. Carlsôô , G. J . van Eijden and W. A. W e i j s , of S. 32

94
de R. W. Doty et J. F. B o s n i a , de G. S. 44
Carlsôô , of R. W. Doty of J. E B o s m a , of 94

151
Graham et J . D. R u g h , de B . E. Greenfield G. S. Graham of J . D. R u g h , of B. E. 1 5 1

158
et de B . D. W y k e , de Y. Kawamura et J. Greenfield and B. D. W y k e , of Y. Kawa­ 1 5 8

197
Fujimoto , de Y. Kawamura, K. Kishi, M. mura et J . F u j i m o t o , of Y. Kawamura, K. 197

198
Nobuhara et J. Fujimoto , de Y. Kawamura Kishi, M. Nobuhara a n d j . F u j i m o t o , of Y. 198

199
et T. M a j i m a , de R Koole, H. de Jongh Kawamura of T. M a j i m a , of E Koole, H. de 199

212
et G. B o e r i n g , de J . W. C. Me Donald et Jongh and G. B o e r i n g , of J . W C. Me 212

259
A. G. H a n n a m , de R Mahan, T.M. Donald and A. G. H a n n a m , of P Mahan, 259

Wilkinson et C. H. Gibbs, de A. Manns, T.M. Wilkinson and C. H. Gibbs, of A. Manns,

261 274
C. Chan et R. M i r a l l e s , de E. M ô l l e r , de C. Chan and R. Miralles , of E. M ô l l e r , of 261 274

288
R. R. Munro et C. J . Griffin , de H. H. R. R. Munro and C. J . Griffin , of H. H. 288

291
Neumann , de J . C. Ortiz de Zarate et J . C. 291
N e u m a n n , o f j . C. Ortiz of Zarate e t j . C.
298
Muracciole , de R Schaerer, R. E. Stallard et 298
Muracciole , de E Schaerer, R. E. Stallard et
344 357
H. A. Zander , de E. C. Schwartz , de T. 344
H. A. Z a n d e r , de E. C. Schwartz , of T. 357

M. G. J. van Eijden, R Brugman, W.A. Weijs et M. G. J . van Eijden, P Brugman, W.A. Weijs
97 395
J. Oosting , de M. Vitti et J. V. Basmajian , and J . O o s t i n g , of M. Vitti and J . V. 97

400
de E. H. Williamson et D. O. Lundquisf , de 395
Basmajian , of E. H. Williamson and D. O.
W. W. Wood, K. Takada et A. G. Hannam, de 400
Lundquist , of W. W Wood, K. Takada and
420
W. et A. Z e n k e r (2). A. G. Hannam, of W. and A. Z e n k e r (2). 420

(2) C e s travaux o n t été complétés par les analyses de ciné­ (2) These studies have been completed b y analyses of the
matique mandibulaire : kinematic behavior of the mandible:
8 2 6 2 7
- e n 2 D : d e I . A i et T. I s h i w a r a , d e H . B e y r o n - , 8 2 6 2 7
- i n 2 D : b y I. A i , a n d T . I s h i w a r a , b y H . B e y r o n - , b y
1 4 2
de C . H . G i b b s , T. M e s s e r m a n , J. B. R e s w i c k H . D e r d a , 1 4 2
C. H . G i b b s , T. M e s s e r m a n , J . B. R e s w i c k . Ft. D e r d a ,
de C . H . Gibbs, S . R . Suit e t S . T . Benz, d e by C . H . Gibbs, S. R. Suit a n d S. T . Benz, d e
B. R. D . Gillings, C . M . G r a h a m e t D . A . D u c k m a n - B. R. D . G i l l i n g s , C . M . G r a h a m e t D . A . D u c k m a n -
1 4 3 1 7 5
1 4 3
ton , de G. Y. Hildebrand ; 1 7 5
t o n , b y G . Y. H i l d e b r a n d ;
- e n 3 D : de J. C Hickey, M . L. Allison, J. B. Woelfel, C . - i n 3 D :b y j . C H i c k e y , M . L. A l l i s o n , J. B. W o e l f e l , C . O .
1 7 3
O. B o u c h e r et R. W . S t a c y ; 1 7 3
B o u c h e r a n d R. W . S t a c y ;
— e n 6 degrés d e liberté (c'est-à-dire e n 3 D , avec 2 sens par - w i t h 6 d e g r e e s o f l i b e r t y ( t h a t is i n 3 D , w i t h 2 v i e w s f o r
D ) : d e T . R . M u r p h y e t d e F. J . K n a p , B . L . R i c h a r d - e a c h d i m e n s i o n ) : b y T . R. M u r p h y et b y F J . K n a p , B . L .
son et J. B o g s t a d ; Richardson a n d j . Bogslad;
— l e s a n a l y s e s d e d y n a m i q u e m a n d i b u l a i r e : d e H . F. - analyses of mandibular dynamics: b y H . E A t k i n s o n
1 3
A t k i n s o n et R. W . S h e p h e r d ; 1 3
a n d R. W . S h e p h e r d ;
2
- l ' é t u d e d e s contacts dentaires fonctionnels d e : - a s t u d y o f f u n c t i o n a l d e n t a l c o n t a c t s b y : J . A b j e a n , J. E
2 3 2
2
J. A b j e a n , J . F. L a u r e t e t , M . L e G a l l , d e I . G l i c k m a n , 2 3 2
L a u r e t et, M . L e G a l l , b y I . G l i c k m a n , J. G . N .
1 4 6
.1. G . N . P a m e i j e r , F. R o e b e r e t M . B r i o n , d e H . G r a f e t 1 4 6
Pameijer, ERoeber a n d M . B r i o n , b y H. Graf a n d H . A.
1 5 0
1 5 0
H . A . Z a n d e r , d e R. A c k e r m a n n , d e S. H . A d a m s e t Z a n d e r , d e R. A c k e r m a n n , d e S. H . A d a m s e t Ft. A .
H . A . Zander, d e J. R. A n d e r s o n e t D . C . A . Picton, d e Z a n d e r , d e J . R. A n d e r s o n a n d D . C . A . P i c t o n , b y M .
M. G a s p a r d , d e I. G l i c k m a n , J . G . N . Pameijer, G a s p a r d , b y I. G l i c k m a n , J . G . N . P a m e i j e r , E R o e b e r a n d
1 4 6 1 5 0
1 4 6
F. R o e b e r e t M . B r i o n , d e H . G r a f e t H . A . Z a n d e r , d e 1 5 0
M . B r i o n , b yH . G r a f a n d H . A . Z a n d e r , b v A .
3 0 1 3 4 4 3 4 5
3 0 1
A . P é r i e r , d e P. S c h a r e r e t R . E . S t a l l a r d - , d e A . 3 4 4 3 4 5
P é r i e r , b y P. S c h a r e r a n d R . E . S t a l l a r d , by A.
4 0 4
W o d a , P. V i g n e r o n e t D . K a y ; 4 0 4
Woda, PVigneron a n d D. Kay ;
— les analyses électrognathographiques : d eA . L e w i n - electroghnathographic analyses: b yA . L e w i n (Siro-
( S i r o - g n a t h o g r a p h d e S i e m e n s , B i o - p a c k d e B i o t r o n i c ) et gnathograph of Siemens, Bio-pack of Biotronic) a n dgna-
g n a t h o g r a p h i q u e s s u r le Replicator : d e H . C . L u n d e e n et t h o g r a p h i c s o n t h e R e p l i c a t o r : b y Ft. C . L u n d e e n a n d C .
2 5 6
C. H . G i b b s 2 5 6
; H. Gibbs ;
— les analyses radiocinéfluorographiques : de M . G a s p a r d - radiocinéfluorographic analyses: b y M . Gaspard a n d j .
e t J . P. G a s c e t d e K . K . K o i w u m a a ; P Gasc a n d b y K. K. K o i w u m a a ;
— les analyses d el'intercuspidation : d eJ . A . C l a y t o n , - analyses o fintercuspation: b y J. A . Clayton, W E .
5 8
W . E . K o t o w i c z e t J . M . Z a h l e r , d e P. E . D a w s o n , 5 8
K o t o w i c z a n d J. M . Z a h l e r , b y R E. D a w s o n , b y J. E
2 3 1
2 3 1
d e J . F. L a u r e t , e t d e K . N i s h i o , S . M i y a u c h i e t Lauret , a n d b y K . Nishio, S. Miyauchi a n d T.
2 9 2
T. M a r u y a m a 2 9 2
; Maruyama ;
— les études sur l'influence d e la consistance et d e la texture - studies o n the influence o f the consistancy o f the tex­
1 7 9
des a l i m e n t s : d e T. H o r i o et Y . K a w a m u r a e t d e P. P r ô s - 1 7 9
t u r e o f f o o d s t u f f s : b y T . H o r i o a n d Y. K a w a m u r a and
chel ; by R Prôschel;
— les analyses é c h o g r a p h i q u e s d e : M . G a s p a r d , R. G o m - - e c h o g r a p h i c a n a l y s e s : b y M . G a s p a r d , R. G o m b e r g h
1 3 1 1 3 2
b e r g h e t Y . S i m o n p a o l i '• . 1 3 1 3 2
a n d Y. S i m o n p a o l i - .

Rev Orthop D e n i o Faciale 3 6 : 11-36, 2002 17

 M. GASPARD
Une liste aussi «copieuse» — loin d'être
exhaustive — peut donner l'impression que
l'on est désormais pleinement et correcte-
ment renseigné sur l'activité de la muscula-
ture masticatrice durant la mastication et les
temps préparatoire et buccal de la dégluti-
tion. Certains le prétendent. En fait, c'est à la
fois une prétention et une illusion. Tout
d'abord parce qu'on n'a retenu, en l'isolant,
que le type le plus simple de la mastication :
la modalité balistique périodique, consistant
en la répétition de cycles de Murphy, corres-
pondant au pétrissage d'un bolus visco-plas-
tique abondamment insalivé, qui se laisse
malaxer sans opposer de résistance, à la
manière d'une pâte boulangère. On se donne
souvent la fausse impression, notamment en
occlusodontie et en prothèse, d'analyser les
déterminants de l'engrènement dentaire en
faisant accomplir au patient des mouvements
à vide ou manuellement guidés, qui n'entrent
que partiellement dans la composition de
ceux qui constituent effectivement la circum-
duction propre à la mastication unilatérale
alternée ; par surcroît, on modifie leur direc-
tion et surtout on inverse leur sens. Enfin,
quand on utilise, ce qui est peu fréquent, des
aliments-tests, on choisit préférentiellement
des substances de composition homogène et
de consistance molle ; maints auteurs s'adres-
sent au pain-mie, au fromage, à des fruits
pulpeux, au chewing-gum ; d'emblée, les
289
cycles de M u r p h y peuvent être accomplis,
les pans de diduction et de propulsion des
dents antagonistes entrant immédiatement en
contact ; tout se passe comme si l'on deman-
dait aux sujets étudiés de triturer leur salive !
L'impressionnant matériel mis en œuvre ne
change rien à l'affaire (si ce n'est d'en impo-
ser aux béotiens ; parfois aux auteurs eux-
mêmes dans leur délire instrumenté sans
aboutissant). Nous touchons ici à une autre
difficulté : l'électromyographie présente des
faiblesses rédhibitoires pour analyser l'acti-
vité des faisceaux musculaires ; son emploi
présuppose une connaissance approfondie de
la structure des muscles masticateurs ; or on
est atterré par la carence de maints électro-
myographistes en ce domaine. C'est affli-
geant car cela ouvre la voie à des interpré-
tations insensées. On abuse aussi d'extrapo-
lations des animaux de laboratoire à
l'Homme ; pourtant, on ne peut impunément
étendre tout de go les résultats obtenus chez
18
Such a « copious » list — which is far from
exhaustive — can give the impression that
after having digested it, one is fully and
exhaustively informed about how the
muscles of mastication work not only
during chewing but also during preparatory
stages both in the mouth and in the cheeks
and during swallowing. Some people make
such claims. Such a stance is, in fact, both
pretentious and a delusion. First of all,
because we have outline, by isolating it,
only the simplest type of mastication: the
periodic ballistic modality, which consists of
repetitions of Murphy's cycles which cor-
respond to the grinding up of visco-plastic
bolus of food thoroughly moistened with
saliva that requires the scant effort a baker
would expend kneading dough. Practi-
tioners often get inaccurate information,
especially in occlusodontics and prosthe-
tics, when they analyze the components of
dental articulation by having patients make
« empty » or even guided excursions which
can give only a sketchy notion of what is
actually required in alternate unilateral
mastication; what is more the directions of
movement are modified, even reversed.
Finally, when actual tests are run with real
food, which is rare, homogenous and soft
foodstuffs are usually chosen; many authors
suggest bread bits with cheese, pulpy fruits,
or chewing gum; from the start, Murphy's
cycles 2 8 9
can be accomplished, in the
swings of lateral and protrusive excursion
opposing teeth enter immediately into
contact; everything slides by as if the prac-
titioner were asking patients to triturate
their saliva! This insufficient material
changes nothing at all (unless it is to give
dull witted patients something to do and to
afford unthinking practitioners endless
delight in tinkering with their instru-
ments). Here we might touch on another
difficulty: electromyography can have inhe-
rent inhibiting weakness in analyzing
muscle bundles; its proper use demands a
profound knowledge of the structure of the
muscles of mastication; the deficiencies of
many users of electromyography are appal-
ling. Inevitably, such weaknesses lead to
wild misinterpretations. Extrapolations
from animal studies to humans are equally
abused; results obtained with dogs and cats,
rodents, and lagomorphs cannot automati-
Rev Orthop D e n t o Faciale 3 6 : 11-36. 2002
 A c q u i s i t i o n e t e x e r c i c e d e l a f o n c t i o n m a s t i c a t r i c e c h e z l ' e n f a n t e t l ' a d o l e s c e n t (3™"-' p a r t i e )
H o w children a n d teenagers acquire a n d utilize masticatory f u n c t i o n (Part three)
des Carnivores, des Rongeurs, des Lago-
morphes... à l'Homme ; en ce domaine, les
extrapolations requièrent une analyse extrê-
mement serrée des homologies et des analo-
gies ; cela vaut aussi pour les Singes. Que
d'âneries n'a-t-on pas publiées sur le fonc-
tionnement de la musculature masticatrice et
des A.T.M. humaines en se fondant sur des
expériences conduites sur Cercopithecus
patas ou Macaca mulatta : un véritable bêti-
sier ! Il est aussi téméraire d'interpréter des
résultats de physiologie musculaire en igno-
rant la structure des muscles, qu'il le serait
d'interpréter des résultats de neurophysiolo-
gie relatifs au thalamus sans tenir compte des
données stéréotaxiques fondées sur la plura-
lité des noyaux qui le composent. Il est une
dernière cause importante de confusion et
d'erreur qui consiste à déduire de l'orienta-
tion et des connexions d'un faisceau muscu-
laire son activité. Par exemple, un muscle
orienté d'arrière en avant peut donner l'im-
pression d'être soit propulseur, soit rétropul-
seur. En réalité, ce n'est qu'une impression.
Encore faut-il, tout d'abord, qu'il soit effecti-
vement recruté par le système nerveux de
commande ; qu'ensuite, l'os sur lequel il
s'insère ne puisse se mouvoir qu'en transla-
tion longitudinale, sans aucune composante
de rotation ; la résultante des forces qu'il
déploie en se contractant doit donc être, par
surcroît, contenue dans le plan occlusal.
Selon J . F. L a u r e t ' : «des 2 3 1
«scéna-
rios» d'actions musculaires peuvent être ima-
ginés pour expliquer les mouvements et les
forces déployées au cours de l'incision et des
différentes phases du cycle de mastication».
Je souscris pleinement ; en remarquant toute-
fois qu'il peut s'agir, dans certains cas, des
fruits de l'imagination scientifique débou-
chant sur des hypothèses qu'il convient de
verifier soigneusement par l'observation,
l'expérimentation et le raisonnement ; mais
que, dans d'autres cas — que j e tiens pour fort
majoritaires - , il s'agit d'interprétations gra-
tuites, non validées, produits frelatés de
l'imagination débridée et chimérique. J'ai,
dans un travail antérieur, en me fondant
sur les analyses tomoéchographiques (effec-
tuées en collaboration avec R. Gombergh et
Y. Simonpaoli - 131 1 3 2
) et téléradiocinémato-
graphiques avec amplification de brillance
(en collaboration avec J . P. G a s c et
Rev Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36. 2002
cally be applied to humans; to be clear
about this matter, extrapolations require
extremely profound analyses of homology
and analogy; and the same is true for stu-
dies on anthropoids. How much nonsense
has been published on the muscles of mas-
tication and the TMJ of humans based on
studies conducted on Cercopithecus patas or
Macaca mulatta: a veritable dictionary of
stupidities. It is as dangerous to interpret
the results of muscular physiology without
understanding muscle structure as it would
be to interpret neurophysiologic studies of
the thalamus without taking into account
the stereotaxic data based on the multipli-
city of nerve cells of which it is made. A
final important cause of confusion and
error is deducing the activity of a muscle
bundle from its orientation and its connec-
tions. For example, a muscle oriented from
back to front may give the impression of
being a propulsor, or, perhaps, the opposite.
But, in reality, this would be only an
impression. To establish its true activity,
one would have to know what functions the
nervous system has assigned it; and, then,
upon what bone it is inserted and if that
bone can move only in translation with no
rotatory component; the resultant of the
forces that it deploys in contracting must,
moreover, be contained in the occlusal
plane.
2 3 1 2 3 2
2 3 2
According to J. F L a u r e t ' : «'scéna-
rios' of muscular activity can be imagined
to explain the movements and the forces
deployed during incision and the different
phases of the cycle of mastication». I sub-
scribe to this wholeheartedly; while poin-
ting out, nevertheless, that in certain cases
we can be dealing with the fruits of scienti-
fic imagination stemming from hypotheses
that require careful verification by observa-
tion, experimentation, and reasoning; but
that, in other cases — which I hold to be the
great majority — we are dealing with fanci-
ful interpretations, never validated, adulte-
rated products of unbridled and chimerical
imagination. I have, in a previous work,
based tomoechographic analyses (carried
out in collaboration with R. Gombergh and
131 1 3 2
Y. S i m o n p a o l i ' ) and in brightness
amplified teleradiocinematographics (in col-
1 1 0
1 1 0
laboration with J.P G a s c and A. Zûniga-
19
 M.
425
A. Zûniga-Caballero ) souligné les pièges
des investigations électromyographiques. Je
renvoie le lecteur à cette publication. Je me
contenterai ici de livrer des résultats encore
inédits qui renforcent l'argumentation précé-
dente en faisant saillir l'une des caractéris-
tiques majeures de la mastication unilatérale
alternée, qui vient à l'appui des conceptions
de Planas.
Je ne prétends évidemment pas que les
recherches mettant en œuvre l'électromyo-
graphie aient été inutiles ! Elles nous ont
beaucoup apporté ; ne serait-ce qu'en dési-
gnant leurs propres limites et en nous mon-
trant à partir de quel moment il devient dan-
gereux de se fonder sur elles.
2 3 1
6 - 2 - L e s s c e n a r i de L a u r e t
Les auteurs précités se sont efforcés de
préciser le jeu des muscles masticateurs et
des muscles sus- et sous-hyoïdiens dans
l'exécution d'un mouvement diagono-trans-
verse de diduction centrifuge (temps aller, à
vide). Dans le cas d'un mouvement dirigé
vers la droite, selon le modèle classique : les
muscles temporaux antérieurs, ipsilatéral et
contralateral, sont peu actifs ; le temporal
postérieur ipsilatéral est très actif (il fixe le
condyle), tandis que son homologue contra-
lateral ne se contracte pratiquement pas ; le
temporal moyen ipsilatéral est faiblement
actif, le contralateral intensément ; les mas-
séters ne font preuve d'aucune activité ; le
ptérygoïdien latéral ipsilatéral est faiblement
recruté, alors que son symétrique intervient
vigoureusement ; le ventre antérieur du
digastrique, le mylo-hyoïdien et le génio-
hyoïdien ipsilatéraux se contractent nette-
ment, leurs homologues controlatéraux
n'étant que faiblement actifs. Le jeu différen-
tiel entre les muscles gauches et droits, qui
interviennent intensément, paraît donc incon-
testable. Mais s'en tenir à ces résultats serait
tout à fait insuffisant parce que, comme l'a
fort bien souligné Lauret, les activités mus-
culaires énumérées ci-devant ne concernent
que la «sortie dentaire de cycle masticateur».
Il s'agit-là, à la fois d'une échappée au terme
de la pause en intercuspidation maximale,
qui clôt un cycle, et d'une prise d'élan avec
appel ou rebond, inaugurant le cycle suivant
(comme cela se passe pour un athlète prati-
20
GASPARD
425
C a b e l l e r o ) stressed the pitfalls that can
bedevil electromyography. I refer the reader
to that publication. I shall content myself
here with presenting as yet unpublished
results which reinforce my ongoing thesis
by thrusting into prominence one of the
major characteristics of alternate unilateral
mastication, which supports Planas's
conceptions.
Clearly, I'm not going to claim that elec-
tromyographic studies have been useless.
They have, in fact, brought a great deal of
useful information to our field; but I shall
point out their proper limits and suggest at
what point it becomes dangerous to base
theories upon them.
2 3 2
- 6 - 2 - Scenarios of L a u r e t 2 3 1 2 3 2
The authors previously cited described
with precision the interplay of the muscles
of mastication and the sub and supra hyoid
muscles in lateral excursive movements
(from start to empty mouth). In the case of
a movement to the right, according to the
classic model: the anterior temporal
muscles, ipsilatéral and contralateral, are
only slightly active; but the ipsilatéral pos-
terior temporal muscle is quite active (it
immobilizes the condyle) while it contrala-
teral homologue hardly contracts at all; the
middle ipsilatéral temporal is slightly
active, while the middle contralateral is
intensely active; the masseters appear
totally inactive; the lateral ipsilatéral ptery-
goid is called slightly into action, while its
counterpart intervenes vigorously; anterior
belly of the digastric, the mylo-hyoid and
the ipsilatéral into action. The differential
interplay between the left and the right
muscles, which intervene intensely, thus
appears to be incontestable. But adhering to
these results would be totally insufficient,
because, as Lauret has so forcibly stressed,
the muscular activities I have described
deal only with the «dental action of the
masticatory cycle». What we are talking
about is, at once, the departure from, at the
end of a pause, maximal intercuspation,
which ends a cycle, and the springing forth
with a kind of call to rebound, inaugurating
genio-hyoid contract forcibly, while their
contralateral counterparts go only partially
Rev Orthop Dento Faciale 3 6: 11-36, 2002

A c q u i s i t i o n et e x e r c i c e d e la f o n c t i o n m a s t i c a t r i c e c h e z l ' e n f a n t et l'adolescent ( 3 partie)
H o w children a n d teenagers acquire a n d utilize masticatory function (Part three)
quant le «triple saut», à l'instant du deuxième
et du troisième bonds). L'acte le plus impor-
tant est, en réalité, le mouvement de retour ;
231
ce que L a u r e t a nommé : «entrée dentaire
de cycle masticateur». En se fondant sur les
résultats électromyographiques et sur l'orien-
tation et les connexions musculaires, Lauret a
proposé les scenari d'actions musculaires
suivants :
• Entrée en intercuspidation dentaire :
par rapport au côté masticateur, contraction
du temporal antérieur et du masséter profond
ipsilatéraux ; contraction du ventre postérieur
du digastrique ipsilatéral (d'après Wood) ;
contraction du faisceau supérieur du ptéry-
goïdien latéral ipsilatéral, mais relâchement
du faisceau inférieur de ce muscle ; enfin,
recrutement des fascicules crotaphiques et
massétérins connectés au ménisque de
l'A.T.M. ipsilatérale. Les dents mandibu-
laires masticatrices occupent alors une posi-
tion en retrait et latérale par rapport à leurs
antagonistes maxillaires.
• De l'entrée en intercuspidation jusqu'à
F intercuspidation maximale : augmentation
progressive de l'intensité de contraction du
masséter et du ptérygoïdien latéral ipsilaté-
raux, relâchement progressif du ventre posté-
rieur du digastrique ipsilatéral, contraction du
faisceau supérieur du ptérygoïdien latéral
ipsilatéral. Le déplacement des dents mandi-
bulaires situées du côté masticateur est à com-
posante entale antérieure (inverse du mouve-
ment condylien de Bennett) ; il en résulte des
contraintes d'écrasement et de cisaillement,
les pans externes des cuspides vestibulaires et
les sommets cuspidiens des dents jugales
mandibulaires frottant contre les versants
internes des cuspides vestibulaires des dents
maxillaires antagonistes.
• E n intercuspidation maximale : hor-
mis durant la période silencieuse de 15 à
20 ms (selon Koole, de Jongh et B o e r i n g ) ,
contraction d'intensité moyenne du temporal
ipsilatéral (fibres antérieures, moyennes et
postérieures) ; contraction vigoureuse du
masséter (superficiel et profond) et du ptéry-
goïdien médial ipsilatéraux ; contraction
forte du faisceau supérieur du ptérygoïdien
latéral ipsilatéral, mais relâchement du fais-
ceau inférieur de ce muscle. En raison du
frottement des pans internes des cuspides
Rev Orthop D e n t o Faciale 3 6 : IJ-36, 2002
L W
the next cycle (as happens when an athlete
practices a «triple j u m p » at the moment of
the second and third leaps); what L a u r e t 231
has called: «the dental entry into the masti-
catory cycle». In basing his thoughts on
electromyographic results and upon mus-
cular orientations and connections, Lauret
has proposed these scenarios of muscular
activity:
• Dental intercuspation begins: on the
chewing side, contraction of the anterior
temporal muscle and of the deep ipsilatéral
masséter; contraction of the posterior belly
of the ipsilatéral digastric (after Wood);
contraction of the superior bundle of the
ipsilatéral lateral pterygoid, but relaxation
of the inferior bundle of this muscle; finally,
recruitment of the crotaphic bundles and of
the masseter fibers connected to the ipsila-
téral TMJ meniscus. The mandibular teeth
engaged in chewing at this time occupy a
position somewhat distal and buccal with
respect to their maxillary antagonists.
• From the beginning o f intercuspation
until maximal intercuspation: there is a
progressive increase in the intensity of the
contractions of the masseter and of the ipsi-
latéral lateral pterygoid muscles, a progres-
sive relaxation of the posterior belly of the
ipsilatéral digastric, a contraction of the
superior bundle of the ipsilatéral lateral
pterygoid. The displacement of the mandi-
bular teeth on the chewing side is chiefly
anterior (the reverse of Bennett's condylar
movement); this imposes some limitations
in crushing and scissoring, the external sur-
faces of the buccal cusps of the cuspal tips
of the mandibular cheek teeth engage the
internal surfaces of the buccal cusps of their
maxillary antagonists.
• In maximal intercuspation: except
during the silent period of 15 to 2 0 ms (accor-
212
212
ding to Koole, de Jongh and B o e r i n g ) ,
contraction of medium intensity of the ipsi-
latéral temporal muscle (anterior, middle,
and posterior fibers); vigorous contraction
of the masseter (superficial and deep) and
of the medial ipsilatéral pterygoid; strong
contraction of the superior bundle of the
ipsilatéral lateral pterygoid, but relaxation
of the inferior bundle of this muscle.
Because of the engagement of the internal
21
 M. GASPARD

vestibulaires des dents jugales mandibulaires surfaces of the buccal cusps of the mandi-
contre les pans internes des cuspides pala- bular cheek teeth against the internal sur-
tines des dents maxillaires antagonistes, un faces of the palatal cusps of their maxillary
léger changement du mouvement centripète antagonist, a slight change in centripetal
se produit avec migration antérieure. movement occurs with anterior migration.
• De rintercuspidation maximale à la — From maximal intercuspation to the
sortie d'intercuspidation : l'écrasement des end of intercuspation: crushing of food-
aliments se poursuit entre les pans internes stuffs continues between the internal sur-
des cuspides vestibulaires des dents jugales faces of the buccal cusps of the mandibular
mandibulaires et les pans internes des cheek teeth and the internal surfaces of the
cuspides palatines des dents maxillaires anta- palatal cusps of their maxillary antagonists.
gonistes. La mandibule décrit un mouvement The mandible describes a descending centri-
centripète descendant à composante anté- petal movement with a forward component
rieure (avec rotation autour du condyle (with rotation around the contralateral
controlatéral) ( 3 ) . Du côté masticateur : condyle) (3) On the chewing side: moderate
contraction moyenne du masséter superficiel contraction of the superficial masseter and of
et du temporal antérieur ipsilatéraux ; the ipsilatéral anterior temporal muscle;
contraction des deux faisceaux du ptérygoï- contraction of the two bundles of the lateral
dien latéral ipsilatéral (le faisceau supérieur ipsilatéral pterygoid (the superior bundle
contrôlant le jeu méniscal ; le faisceau infé- controlling meniscal play; the inferior
rieur tirant antéro-latéralement le condyle) ; bundle pulling the condyle forward and to
contraction énergique du ptérygoïdien the side); energetic contraction of the medial
médial ipsilatéral (selon Wood) ; faible ipsilatéral pterygoid (according to Wood);
contraction du temporal moyen ipsilatéral ; feeble contraction of the ipsilatéral middle
relâchement des fascicules crotaphiques* et temporal; relaxation of the crotaphic*
massétérins connectés au ménisque de bundles and of the masseter bundles connec-
l ' A . T . M . Du côté orbitant : contraction ted to the TMJ meniscus. On the orbiting
moyenne du masséter superficiel, du massé- side: moderate contraction of the superficial
ter profond et du temporal antérieur contro- masseter, of the deep masseter and of the
latéraux ; le début de la contraction du contralateral anterior temporal; the begin-
temporal antérieur et du masséter controla- ning of contraction of the anterior temporal
téraux se solde par une position mandibu- and of the contralateral masseter is balanced
laire légèrement antérieure, favorisant le by a slightly forward position of the man-
guidage incisivo-canin du côté orbitant. Ce dible, which favors inciso-canine guidance
que Planas a parfaitement observé et qui of the orbiting side. All this Planas sagely
valide son interprétation des A.F.M.P. (en observed as a validation of his interpretation
dépit du fait que les trajectoires d'enregis- of the AFMP (despite the registration of the
trement de ces angles sont plus amples et trajectories of these angles being greater and
inversées - à la manière des arcs gothiques reversed — in the style of the gothic arch tra-
de Balkwill et de Gysi — par rapport aux cings of Balkwill and Gysi - with respect to
excursions accomplies lors de la mastica- excursions executed during alternate unila-
tion unilatérale alternée). teral mastication).

• Propulsion : quoique les incisives infé- • Propulsion: although the lower inci-
rieures entrent en contact avec leurs antago- sors contact their upper antagonists, the
nistes supérieures, les dents jugales mandi- mandibular cheek teeth continue to be
bulaires restent séparées de leurs separated from their maxillary antago-
antagonistes maxillaires. Les faisceaux nists. The superior bundles of the ipsi-
supérieurs des ptérygoïdiens latéraux ipsi- and contralateral lateral pterygoids are

* C r o l a p h i q u e : q u i c o n c e r n e la z o n e t e m p o r a l e . * C r o t a p h i c : a b o u t t h e t e m p o r a l area.
(3) P e r s o n n e l l e m e n t , j ' e s t i m e q u e l a r o t a t i o n c o n t i n u e à (3) P e r s o n a l l y , I b e l i e v e t h a t r o t a t i o n c o n t i n u e s t o
s'effectuer autour d u condyle ipsilatéral. occur a r o u n d the ipsilatéral condyle.

22 Rev Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36, 2002


A c q u i s i t i o n e t e x e r c i c e d e la f o n c t i o n m a s t i c a t r i c e c h e z l ' e n f a n t e t l ' a d o l e s c e n t (3 " ' p a r t i e )
H o w children a n d teenagers acquire a n d utilize masticatory function (Part three)
et contralateral sont relâchés ; en revanche,
les faisceaux inférieurs de ces muscles se
contractent bilatéralement.
• Incision : malgré son importance, le
bout à bout incisif n'est pas envisagé ; en
relation psalidodonte, les biseaux incisifs
inférieurs remontent jusqu'aux cingula, avec
frottement des faces vestibulaires des inci-
sives inférieures contre les versants palatins
de leurs antagonistes supérieures. Le mouve-
ment fait intervenir, bilatéralement, les fais-
ceaux élévateurs ; les deux ptérygoïdiens
latéraux se contractent, chacun, par leur fais-
ceau supérieur, ce qui provoque un étirement
méniscal qui facilite les contacts interincisifs,
et aussi ceux des versants mésiaux des cus-
pides des dents jugales mandibulaires contre
les versants distaux de leurs antagonistes
maxillaires.
Confrontons ces scenari aux activités mus-
culaires telles que nous les avons reconnues
avec Rodolphe Gombergh et Yves
132
Simonpaoli chez l'adulte jeune (4). Une
première série de résultats, déjà publiés,
a été obtenue en tomo-échographie (mode B
à balayage automatique ou en temps réel
avec barrettes à focalisation électronique
linéaire ; on a éliminé les types mécanique et
électronique à déphasage). A partir de ces
résultats, supposés connus, j e livre ici une
seconde série d'observations (totalement
inédites), engrangées depuis une dizaine
d'années, mettant en œuvre la tomo-échogra-
phie en mode B et le Doppler-couleur en
temps réel.
On ne peut tirer profit de ces analyses que
dans la mesure où l'on a une connaissance
précise de la structure penniforme des
muscles masticateurs. Je renvoie le lecteur
aux analyses myologiques de référence
publiées par Schumacher et a l . , Yoshikawa
4 1 4 4 1 7
et a l . " , et Gaspard et al., Dix-huit
contingents musculo-aponévrotiques sont à
considérer, chez l'Homme (comme chez
la plupart des Mammifères), du point de
(4) Q u o i q u e les sujets fussent instruits sur les impératifs
des analyses fonctionnelles d e l amusculature mastica-
trice, j ' a i tenu à m e faire échographier m o i - m ê m e p o u r
l e s é p r e u v e s c o n c e r n a n t l a c o c o n t r a c t i o n d e s f a i s c e a u x F-j
et F , p a r l e D r M . A l p é r i n e q u e j e r e m e r c i e p o u r sa
5 and F by Doctor M . Alpérine w h o m I thank for his
contribution.
Rev Orlhop D e n t o Faciale 3 6 : 11-36, 2002
C, L
relaxed; on the other hand, the inferior
bundles of these muscles contract bilate-
rally.
• Incision: despite its importance, an
edge-to-edge incisai relationship isn't seen;
in a psalidontic, or scissor-like, relation-
ship, the incisai edges of the lowers rise to
the cingula of the upper incisors as the
labial surfaces of the lower incisors brush
against the palatal surfaces of their upper
antagonists. This movement causes a bilate-
ral intervention of the elevating bundles;
the two lateral pterygoids contract, each
with its superior bundle, which provokes a
meniscal stretching making inter-incisal
contacts easier and also facilitating contacts
between the mesial surfaces of the cusps of
the buccal mandibular teeth against the dis-
tal surfaces of their maxillary antagonists.
Let's examine the scenarios of muscular
activity in the young adult as Rodolphe
132
Gombergh and Yves S i m o n p a o l i have des-
cribed them for us ( 4 ) . An already published
first series of results has been obtained using
tomoechography (mode B in automatic
sweeping or in real time with linear electro-
nic focalization pins; the mechanical and
electronic dephasing types having been eli-
minated.) Based on these results, which
should be well known, I am presenting here
a second series of never published observa-
tions, which have been stored away for some
ten years, using the tomoechography tech-
nique in Mode B and the Doppler-color
effect in real time.
One can only learn from these analyses
if one has a precise understanding of the
feathered nature of the muscles of masti-
cation. I refer the reader to the reference
myological analyses published by Schu-
35 4 1 4 - 4 1 7
3 5 5
macher et a l . ^ , Yoshikawa et a l . ,
and Gaspard et al. Eighteen musculo-apo-
neurotic arrangements need to be consi-
dered in humans (as with most mammals),
from the physiological and biomecha-
(4) A l t h o u g h the subjects were instructed about the
great importance o f the functional analysis o f the
muscles o fmastication, 1 was determined t o have
myself checked o n the cocontraction of bundles F 3
5
assistance.
23
 M. GASPARD

vue physiologique et biomécanique, F j à nical points of view. F T to F (fig. 2 7 ) , for

1 8

F (fig. 27), et dont les correspondances en

1 8 which these are the structural and compa-
anatomie structurale et comparée sont les sui- rative anatomical relationships:
vantes : Fi : Superficial masseter muscle, first and
Fj : Musculus masseter superficial is, second laminas.
laminae prima et secunda. F : Intermediate masseter muscle.
2

Y2 '• M. masseter intermedius. F : Deep masseter muscle, posterior part,

3

F : M. masseter profundus, pars

3 poste- first, second and third laminas.
rior, laminae prima et secunda et tertia. F : Deep masseter muscle, anterior part +
4

F : M. masseter profundus, pars

4 anterior maxillomandibularis + temporalis muscle,
+ maxillomandibularis + musculus tempora- temporal part, superficial lamina.
lis, pars temporalis, lamina superficialis. F : Temporalis muscle, orbital part +
5

F : M. temporalis, pars orbitalis + zygo-

5 zygomatico-mandibularis (superficial and
maticomandibularis (laminae superficialis et deep laminas) + endocoronoidal part.
profunda) + pars endocoronoidea. F : Temporal muscle, temporal part:
6

F : M. temporalis, pars temporalis : fibres

6 intermediate oblique fibers of the deep
intermédiaires obliques de la lamina profunda. lamina.
F : M. temporalis : fibres horizontales de
7 F : Temporal muscle: horizontal fibers of
7

la lamina profunda + pars suprazygomatica the deep lamina + parts of the suprazygo-
du maxillomandibularis. matica of the maxillo-mandibularis.
F : M. pterygoideus
g medialis, pars ante- F : Medial pterygoid muscle, anterior
8

rior. part.
F : M. pterygoideus
9 medialis, pars poste- F : Medial pterygoid muscle, posterior
9

rior, lamina superficialis. part, superficial lamina.

10 : M. pterygoideus medialis, pars pos- F : Medial pterygoid muscle, posterior
1 0

terior, lamina profunda. part, deep lamina.

F M. pterygoideus lateralis, pars supe- F : Lateral pterygoid muscle, superior
n

rior. part.
Fl2 M. pterygoideus lateralis, pars infe- F : Lateral pterygoid muscle, inferior
1 2

rior. part.
F 1 3 . M. mylohyoideus. F : Mylohyoid muscle.
1 3

' ] 4 : M. geniohyoideus. F : Geniohyoid muscle.

1 4

' j 5 : M. digastricus, venter anterior. Fn : Digastric muscle, anterior belly.

5

M. digastricus, venter posterior. Fi : Digastric muscle, posterior belly.

6

M. stylohyoideus. F i : Stylohyoid muscle.

7

M. genioglossus, fibres inférieures F i : Genioglossus muscle, inferior hori-

8

horizontales. zontal fibers.

Les figures 27 à 30 donnent la distribution
de ces dix-huit contingents dans l'espace par
le truchement des bipoints réunissant les
centres de leurs surfaces d'insertion fixes sur
le calvarium et mobiles sur la mandibule ou
l'hyoïde (en occlusion d'intercuspidation
maximale). Les contingents qui nous intéres-
sent particulièrement dans cette publication
sont F 3 et F . 5
Figures 27 to 3 0 give the distribution of
the eighteen contingents in space by means
of two points joining the centers of their
fixed insertion locations on the calvarium
and their attachments to the movable man-
dibular and hyoid bones (in occlusion
during maximal intercuspation). The
contingents in which we are most interes-
ted in this presentation are F and F . 3 5

F est la pars posterior du masseter

3 pro- F is the pars posterior of the masseter
3

fundus de Yoshikawa, Suzuki et Tanuma , 415

profundus of Yoshikawa, Suzuki, and

24 Rev Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36, 2002

 l M K
Acquisition et exercice de la fonction masticatrice chez l'enfant et l'adolescent ( 3 partie)
How children and teenagers acquire and utilize masticatory function (Part three)

UNITÉS FONCTIONNELLES
MUSCULO-APONÉVROTIQUES
ET LIGAMENTAIRES
DE L ' A P P A R E I L MASTICATEUR
M U S C U L O - A P O N E U R O T I C

C O N T I N G E N T S O FT H E M U S C L E S

O F M A S T I C A T I O N

A N D T H E S U P R A H Y O I D M U S C L E S

m MUSCULI :

(cf. page précédente / p r e v i o u s page)

m LIGAMENTA :

L ] : Ligamentum latérale (articulatio

temporomandibular is).
L 2 : Ligamentum sphenomcmdibulare.
L 3 : Ligamentum tympanomandibulare.
L 4 : Ligamentum stylomandibular.

L 5 : Ligamentum stylohyoideum.

R : Raphe pterygomandibularis.
B : Bandelette de Charpy (= lame
fibreuse sterno-mandibulaire).

Figure 27
Projections sur le plan sagittal des bipoints des contingents musculo-aponévrotiques de la musculature masticatrice et sus-
hyoïdienne.
Les contingents F et F , qui nous intéressent plus spécialement, sont en traits rouges ; notre référentiel cartésien ortho-
3 5

no rmé est constitué par les trois axes : x'.x (abscisses), y'y (ordonnées) et z'z (cotes), intersections, deux à deux, des plans
orthogonaux : sagittal ; horizontal, parallèle au plan de Thielemann ; frontal, perpendiculaire aux deux précédents ; les
deux plans frontal et horizontal ayant comme arête commune le segment reliant les deux condylions droit et gauche (den-
ture en intercuspidation maximale), l'axe des abscisses passant par 0, milieu du segment dicondylien et centre du référen-
tiel orthonormé H : hyoïde (au repos).

Projections o n t h esagittal p l a n e o f t h em i d - p o i n t s o f t h em u s c i d o - a p o n e u r o t i c contingents o ft h emuscles o fm a s t i c a t i o n a n d

the s u p r a h y o i d muscles.

T h e contingents F3 a n dF , 5 i n w h i c h w ea r ep a r t i c u l a r l y interested, a r ei n r e dlines; o u ro r t h o n o r m i c C a r t e s i a n referential is

m a d e u po j three axes; x ' x (abscisses) y'y (ordinate's) a n d z'z (sides), intersections, t w ob y t w o , o r t h o g o n a l planes: sagittal;
horizontal, parallel t oThielemann's plane; frontal, p e r p e n d i c u l a r t o t h et w o p r e c e e d i n g p l a n e s ; t h et w o f r o n t a l a n d h o r i z o n t a l
p l a n e s w h i c h share t h ec o m m o n stop w i t h t h es e g m e n t j o i n i n g t h etwo, right a n d left, condyles ( w i t h t h eteeth a t m a x i m a l
intercuspation), t h ea x i s o j t h eabscisses p a s s i n g t h r o u g h 0, a t t h e l e v e l o f t h ed i c o n d y l a r s e g m e n t a n dt h eo r t h o n o r m a l refe-
rential center H : t h eh y o i d a t rest.

Rev O r t h o p D e n to Faciale 3 6 : 11-36. 2002 25

 M. GASPARD

Figure 28
Projections sur le plan horizontal H de référence, suivant les principes de la géométrie cotée, du polygone dentaire et des
segments transversaux remarquables. En intercuspidation maximale : I, infradentale ; Cd et Cg, contacts intercanins droit
et gauche ; pd et pg : centres des pas des segments d'inflexion des surfaces occlusales hélicoïdales ; Md et Mg, points
molaires distaux du triangle de Thielemann ; Cod et Cog : coronions droit et gauche ; God et Gog : gonions droit et
gauche ; Kd et Kg : condylions droit et gauche ; I : premier axe momentanément stationnaire de rotation de l'abduction
mandibulaire chez l'adulte ; Il : deuxième axe ; III : troisième axe ; IV : axe passant par les centres des pas des hélicoïdes
occlusales ; V : axe passant par le point de contact J entre le supradentale et F infradentale en bout à bout incisif (rapports
labidodontes).

Projections on the horizontal reference plane H, following the principles of plane geometry, of the dental polygon and the obser-
ved transverse segments. In maximal intercuspation: L, injradental; Cd and Cg, right and left inter-canine contacts; pd and
pg; centers of the lengths of inflection segments of the helicoid occlusal surfaces; Md and Mg, molar points distal to
Thielemann's triangle; Cod and Cog; right and left coronoids; Kd and Kg: Kd and Kg: right and left condylions; I: primary axis
momentarily stationary of adult mandibular abduction; II: second axis; III: third axis; IV: axis passing through the center of
the lengths of the occlusal helicoids; V: axis passing by the contact point J between supradentale and infradentale in incisai
edge-to-edge bite (viewed labally).

26 Rev Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36. 2002

 l,1K
A c q u i s i t i o n et e x e r c i c e de la fonction masticatrice c h e z l'enfant et l'adolescent ( 3 partie)
H o w c h i l d r e n and teenagers acquire and u l i l i z e m a s t i c a t o r y l u n c t i o n (Part t h r e c )

Figure 29
Projections sur le plan
horizontal de référence
des bipoints des contin-
gents musculo-aponév ro -
tiques de la musculature
masticatrice (en intercus-
pidation maximale, côté
droit), selon les principes
de la géométrie cotée.
Exprimés au moyen des
o p é ra t e u rs ima g i n a i re s,
les contingents et F s

répondent aux expres-

sions :

Projections on the hori-

zontal rejerence plane of
the mid-points of the mus-
cul o- apone u rotic contin-
gents of the muscles of
mastication (in maximal
intercuspation, right si de),
according to the prin-
ciples of plane geometry.
Expressed by me an s oj
imaginary operators, the
contingents F. and F1 5
correspond to thèse
expressions:

avec l'opérateur i (suivant x'x, y'y) / with operator i (following x'x, j ' y ) Oa 3dH : 56 + 14 i ; Oa 3gH : - 56 + 14 i ;
Oa 3dH : 44 + 23 i ; OOL 3rH : - 44 + 23 i ;
avec l'opérateur j (suivant x'x, z'z) / with operator j (following x'x, z'z) Oa 3elF : 56-2 j ; Oa , 3i F : - 56 - 2j ;
Oa 3dF : 44 - 24 j ; Oa JgF : -44 - 24 j ;
avec l'opérateur k (suivant y'y, z'z) /with operator h (following y'y, z'z) 2k;
OCC ,_3( HS : 23 24 k ;
avec l'opérateur i / with operator i Oa 5dH 49 + 34 Oa : -49 + 34 j ; 5liH

Oa 5dH: 37 + 34 i • Oa , - 37 + 34 i; 5i H

avec l'opérateur j / with operator j Oa 5clF 49 - 41 j Oa,'5KF • -49 + 41j;

Oa '•5clF • 37 32 j . Oa '•5 f; F - 37-32 j ;
avec l'opérateur k / with operator h : Oa 5 i-gS • 34 + 41 k ;
t Oa _^ 34 -32 k 5d

(cf. Gaspard, thèse de doctorat ès Sciences)

(cf. Gaspard, doctoral ihesis in Science)

Rev Ortiiop Dento Faciale 36 : 11-36, 2002 27

 M. GASPARD

Figure 3 0
Projections biplanaires des bipoints des
contingents musculo-aponévrotiques de
la musculature masticatrice (côté droit ;
en intercuspidation maximale), suivant
les principes de la géométrie de Monge ;
sur les lignes de rappel, les projections
ponctuelles frontales sont primées, les
projections horizontales ne le sont pas ;
la flèche ascendante correspond aux
cotes positives (et aux éloignements
négatifs) ; la flèche descendante corres-
pond aux éloignements positifs (et aux
cotes négatives) ; la flèche horizontale
correspond aux abscisses positives ; les
éloignements sont égaux aux ordonnées
du référentiel cartésien orthonormé.

Biplanar projections of the mid-points oj

the musculo-aponeuroses of the muscles of
mastication (right side; in maximal inter-
cuspation); following the principals of
Monge's geometry; on the recall lines, the
jrontal point projections are prime, the
horizontal projections are not; the rising
arrow corresponds to the positive sides
(and to the negative distancings); the des-
cending arrow corresponds to the positive
distancings (and to the negative sides);
the horizontal arrow corresponds to the
positive abscisses; the distancings are
equal to the orthonormal Cartesesian
referential.

28 R e v Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36, 2002

 inK
A c q u i s i t i o n e t e x e r c i c e d e l a f o n c t i o n m a s t i c a t r i c e c h e z l ' e n f a n t e t l ' a d o l e s c e n t (3 ' p a r t i e )
H o w children a n d teenagers acquire a n d utilize masticatory function (Part three)

qui s'ancre fermement sur le tubercule 4 1 5

T a n u m a , which is firmly attached to the
zygomatique antérieur (eminence latérale anterior zygomatic tubercle (the articular
du condyle temporal ou tuberculum articu- eminence of the temporal condyle, the
laris PNA) ; ses fibres se dirigent oblique- tuberculum articularis; its fibers are direc-
ment vers le bas et légèrement vers l'avant ted obliquely down and slightly forward
et en dedans pour se terminer dans la fosse and inward to terminate in the masseter
massétérine (fossa masseterica du ramus fossa (fossa masseterica of the ramus ascen-
ascendens mandïbulaé) ; ce cône musculo- dens mandibulae); this musculo-tendinal
tendineux, en se contractant isométrique- cone, by contracting isometrically, pre-
ment, empêche la dehiscence de l'A.T.M. vents the dehiscence of the ipsilatéral TMJ;
ipsilatérale ; il compte trois parties : lamina it consists of three parts: the first lamina
prima fixée en marge inférieure de la fosse attached to the inferior margin of the mas-
massétérine par l'aponévrose massétérine sétérine fossa by the aponeurosis of the
profonde inférieure, dont les fibres tendi- inferior deep masseter whose tendinous
neuses se prolongent par des fibres charnues fibers are prolonged in fleshy fibers which
qui se fixent sur le tubercule zygomatique attach to the anterior zygomatic tubercle;
antérieur ; lamina secunda, sous-jacente à la the second layer, lying under fibers of the
couche précédente, avec une aponévrose last named group, with a middle superior
massétérine moyenne supérieure, qui émet masseter aponeurosis, from which issue
des flammes tendineuses qui s'attachent à la tendinal streams which attach to the pre-
lame préméniscale, et dont les fascicules meniscal lamina and whose fleshy bundles
charnus se terminent dans la fosse massété- terminate in the masseter fossa, between
rine, entre les laminae prima et tertia ; la the first and third laminas; the third com-
troisième composante, de forme tronco- ponent, in a conical form, is located in the
nique, se trouve au cœur de la pars poste- heart of the pars posterior ; fleshy at the
rior ; charnues au sommet tronqué, fixé sur summit, attached to the anterior zygoma-
le tubercule zygomatique antérieur, ses tic tubercle, its inferior tendinous fibers
fibres inférieures tendineuses constituent constitute the internal masseter aponeuro-
l'aponévrose massétérine interne (fïg. 3 1 ) . sis (fig. 3 1 ) .
F est un contingent regroupant la pars
5 F depicts an arrangement gathering
5

orbitalis du temporal, le zygomatico-mandï- together the pars orbitalis of the temporal

bularis de Yoshikawa et le faisceau qui a été muscle, Yoshikawa's zygomatico-mandibula-
minutieusement analysé par L. R. de Toledo rs and the bundle which L. R. de Toledo
Ramalho, C. Landucci et H. F. Porciûn- Ramalho, C. Landucci and H. F.
3 2 4 324
cula (fig. 32 à 3 4 ) . Il s'agit donc d'un Porciuncula have minutely analyzed
contingent musculo-aponévrotique dont la (fig. 3 2 to 3 4 ) . Here we are dealing with a
ligne d'action passe au niveau du proces- musculo-aponeurotic arrangement whose
sus coronoideus et se dirige grosso modo line of action passes through the level of the
perpendiculairement au plan de Thiele- coronoid process and proceeds grosso modo
mann lorsque la mandibule occupe une perpendicularly to Thielemann's plane
position légèrement inférieure à la position while the mandible is slung slightly below
de repos. rest position.

R e v O r t h o p D e n t o F a c i a l e 3 6 : 11-36, 2002 29
 M. GASPARD

Figures 3 1
Dissection de inasséters isolés (méthode de Zlcihek).
A : Masséter gauche vu par le dedans : a .flammes tendineuses d'insertion mandibulaire de la pars anterior du masseter
profundus ; 1, 2 et 3 : laminae prima et secunda et tertio de la pars posterior du masseter profundus ; i : masseter interme-
dins ; LA : lobe charnu antérieur (constitué par les faisceaux antérieurs fusionnés des laminae prima et secunda du masse-
ter superficialis) ; MI : aponévrose massétérine moyenne inférieure ; P : fragment de périoste mandibulaire réséqué avec
la lamina tertia de la pars posterior ; Z : tendon antérieur de Zlâbek (pars reflexa) prolongeant Vaponévrose massétérine
superficielle S ; FZ : fente intermassétérine de Zlâbek.
B : masséter droit vu par l'extérieur, niais la pars posterior du masseter profundus a été séparée, déployée vers l'arrière
pour ses laminae prima et secunda (vues, par conséquent, par leurs faces profondes) ; la lamina tertia est réclinée vers le
haut (donc vue pew sa face superficielle). Ll : lamina prima du masseter superficialis (dans Vencoche, on aperçoit l'apo-
névrose moyenne inférieure de la lamina secundo).
Remarquer, sur les deux préparations, l'aponévrose massétérine profonde supérieure de la lamina secunda de la pars pos-
terior, p.s. qui émet un fascicule fibreux en direction de la lame préméniscale.

Dissection of isolated masseters (Zlâbek's method).

A : Left Masseter seen from within; a: tendinous mandibular insertion bands of the deep anterior portion of the Masseter; 1,2
and 3: first, second and third laminas of the posterior portion of the deep masseter; i: intermediate masseter; LA: fleshy ante-
rior lobe (made up of the fused anterior bundles of the first and second laminas of the superficial masseter); ML aponeurois
of the middle inferior masseter; P: fragment of the mandibular periosteum, dissected with the third lamina of the posterior
part; Z: Zlâbek's anterior tendon (reflex portion) prolongng the superficial masseter aponeurosis S; FZ:Zlâbeks intermasseter
fissure.
B: right masseter seen from the exterior, hut the posterior portion of the deep masseter has been separated, deployed to the rear
by the first and second laminas (seen, in consequence, with their deep sides showing); the third lamina is inclined upward (thus
showing its superjicicii aspect). Ll: first lamina of the superficial masseter (in the slot, the middle inferior aponeurosis of the
second lamina can be seen).
Note: on the two preparations, the deep superior masseter aponeurosis of the second lamina of the posterior part, ps, which
emits a fibrous bundle in the direction of the premeniscal lamina.

30 Rev Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36. 2002

 Acquisition et exercice de la fonction masticatrice chez l'enfant et l'adolescent ( 3 " ' " partie)
How children and teenagers acquire and utilize masticatory function (Part three)

Figures 3 2
Faisceaux de transition du complexe temporo-massétérin.
1. Schéma : aps, apovérose massétérine profonde supérieure connectée au complexe capsulo-méniscal de FATM : can ;
aZM, apovévrose fixe du zygomatico-mandibularis ; AZ : arcade zygomatique sectionnée et réclinée vers l'extérieur ; B :
buccinateur ; BM : branche montante de la mandibule ; c : corps charnu du maxillo-mandibularisprecursorius ; c' : corps
charnu du maxillo-mandibularis réeliné vers l'extérieur ; cae, conduit auditif externe ; co : condyle occipital ; FT : fascia
temporalis ; LS : lamina superficialis de ta pars temporalis : PT ; PO, pars orbitalis du temporal ; ppl et pp3 : pars poste­
rior, laminae prima et secundo, du masseter profundus (la pars anterior est résécjuée) ; T : tendon du temporal ; tZ : tendon
intérieur du zygomatico-mandibularis ; Z : tendon de Zlâbek ; ZM : corps charnu du zygomatico-mandibularis.
2. Dissection chez un sujet qui a différencié tous les contingents musculo-aponévrotiques du complexe temporo-massétérin
(ce qui est exceptionnel) : la fascia temporalis est réclinée vers le haut ; la boule graisseuse de Bichat est réséquée ; la struc­
ture bicipitale du zygomatico-mandibularis est nette : ZM, chef superficiel ; ZM', chef profond ; la lamina superficialis, LS,
de la pars temporalis, exceptionnellement développée, s'immisce entre la pars orbitalis, PO, et la lamina profunda de la pars
temporalis, PT.
Transition bundles of the tempero-masseter complex
1. Diagram : aps,superior aponeurosis of the deep masseter connected to the capsulo-meniscal complex of theTMJ: can; aZM,
fixed aponeurosis oj the zygomatico-mandibularis; AZ: zygomatic arch sectioned and inclined outward; B: buccinator; BM:
ascending branch of the mandible; c: fleshy body of the maxillo-mandibulais precursorius; c': fleshy body of the maxillo-man­
dibularis, inclined outward; cae external auditory meatus; co: occipital condyle; FT: fascia temporalis; LS: superficial lamina
of the temporal portion: PT; PO, orbital portion oj the temporalis; ppl and pp3: posterior portion, first and second laminas, of
the deep masseter (the anterior part is resected): fleshy part of the zygomatico-mandibularis. 2. Dissection of a subject in
which all the contingents of the musculo-aponeuroses of the tempero-masseter complex are separated out (which is highly unu­
sual): the temporal fascia is inclined upward; Bichat's fatty ball is resected; the bicipital (two-head) structure of the of the zygo­
matico-mandibularis is clear: ZM, the supeificial head; ZM', the deep head; the supeificial lamina, LS, of the temporal portion,
very well developed, buries itself in the orbital part, PO, and the deep lamina of the temporal part,PT.

R e v O r t h o p D e n t o F a c i a l e 3 6 : 11-36, 2002 31
 M. GASPARD

Figures 33
Dissection du complexe crotaphique (côté gauche) isolé.
A gauche : vue d'ensemble ; à droite : partie antérieure agrandie.
fT : fascia recouvrant le temporal T, réclinêe et enroulée ; O : pars orbitalis ; tT : tendon du temporal ; la réclinaison vers
le bas d'un petit volet de la fascia temporalis met en évidence la pars suprazygomatica du maxillomandibularis : mm. Le
zygomatico-mandibularis z (tronqué en haut) + z'présente sa structure bicipitale fondamentale ; tz : tendon du zygomatico-
mandibularis ; R : tendon du faisceau de Ramalho.

Dissection of the crotaphic complex, isolated (left side)

Left: view of the whole; right: anterior portion, enlarged.
fT: fascia covering the temporal muscle T, laid out and unrolled; O: orbital portion; tT: tendon of the temporalis; a small flap
of the temporal fascia inclined downward, showing the suprazygomatic porton of the maxillo-mandihularis: mm The zygo-
matico-mandibularis z (sectioned upward) + z' presents its fundamental bicipital (two-head) structure; tz: the tendon of the
zygomatico-mandibularis; R: tendon of Ramalho's bundle.

32 Rev Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36, 2002

 4me
A c q u i s i t i o n e t e x e r c i c e d e l a f o n c t i o n m a s t i c a t r i c e c h e z l ' e n f a n t e t l ' a d o l e s c e n t (3 p a r t i e )
H o w children a n d teenagers acquire a n d utilize masticatory function (Part three)

Figure 34
Croquis dessinés d'après des préparations originales de L.R. de Toledo Ramalho, C. Landucci et H.F. Porciûncula,
Université d'Araraquara — Brésil — (documents aimablement communiqués par les docteurs Ingrand et Simôes).
En haut, de gauche à droite : vue latérale (côté droit), vue cavalière antérieure (côté droit), vue médiale oblique (côté
gauche) et vue médiale (côté gauche).
En bas : schéma de la zone d'origine du faisceau de Ramalho. B : buccinateur (presque complètement réséqué) ; Co : apo-
physe coronoïde ; es : crête sphéno-temporale ; et : crête temporale de la branche montante ; e : échancrure sigmoïde ; E :
écaille du temporal ; FMP : fosse ptérygo-maxillaire — arrière fond — ; f : fosses nasales ; GAS : face temporale de la
grande aile du sphénoïde ; L : langue ; LE : aile externe de Vapophyse ptéry goïde ; M : corps mandibulaire ; M3 : troi-
sième molaire inférieure droite ; Mx : maxillaire ; PL : ptérygoïdien latéral désinséré et sectionné ; R : faisceau de
Ramalho ; S : lingula (épine de Spix) ; s Mm : suture maxillo-malaire ; T : corps du muscle temporal ; ts : tuberculum sphe-
noidale ; 1 : mamelon livrant insertion à un trousseau musculo-tendineux du ptérygoïdien latéral ; 2 : épine sur laquelle
s'ancre un fascicule musculo-tendineux du faisceau de Ramalho (1 et 2 sont souvent soudés) ; tMx : tubérosité du maxil-
laire ; Z ; ancrage inférieur du zygomatico-mandibularis.
Sketches made from original preparations of L.R and Toledo Ramahho, C. Landucci and H.E Porciûncula, University of
Araraquara — Brazil — (the documents having kindly been sent to us by Doctors Ingrand and Simoes).
On top, from left to right : latral view (right side), view of the anterior cavalière (right side), medial oblique view (right side)
and medial view (left side).
On the bottom: diagram of the zone of the origin of Rahalho's bundle. B: buccinator (almost completely resected); Co: coro-
noid apophysis; cs: spheno-temporal ridge or crest; ct: temporal crest of the ascending branch; e: sigmoid notch; E: temporal
shell; FMP: pterygo-maxillary fossa — deep view — f: nasal fossas; GAS: temporal surface of the great wing of the sphenoid
bone; L: the tongue; LE: exernal wing of the pterygoid apophysis; M: body of the mandible; M3: lower right third molar; Mx:
maxilla; PL: lateral pterygoid separated and sectioned; R: Ramalho's bundle; S:the lingula (Spix's spine); sMm:maxillo-malar
suture; T: body of the temporal muscle; ts: sphenoidal tuberculum; l: mamelon allowing insertion of the msuculo-tendinal
bundle of the lateral pterygoid; 2: spine upon which a musculo-tendinal sheath of Ramalho's bundle is attached (1 and 2 are
often joined); tMx: maxillary tuberosity; Z: inferior attachment of the zygomatico-mandibularis.

Rev Orthop Dento Faciale 3 6 : 11-36, 2002 33

 M. GASPARD

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 M.GASPARD

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