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+ Argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.
Les situations de départ sont indiquées en violet et en gras dans le texte. Elles sont ensuite
listées à la fin du chapitre.
b 2. Physiopathologie_________________________________
• Il existe 3 principaux mécanismes de thrombopénie :
l. un défaut de production des plaquettes par la moelle osseuse (= causes de thrombopénies dites « centrales »),
en rapport avec une insuffisance médullaire quantitative, qualitative, ou liée à un envahissement médullaire par
des cellules anormales ou de la fibrose ;
2. une destruction ou une consommation des plaquettes en périphérie (= causes de thrombopénies dites « péri
phériques »). Dans ces situations, la moelle osseuse produit des plaquettes mais celles-ci sont consommées
(coagulation intra-vasculaire disséminée (CIVD), microangiopathies thrombotiques) ou détruites (mécanismes
immunologiques ou immuno-allergiques) dans le sang périphérique ;
3. une séquestration des plaquettes dans la rate (on parle d’hypersplénisme), possible au cours de toutes les
causes de splénomégalie, et d’autant plus marquée que la rate est volumineuse.
a 3. Manifestations cliniques___________________________
• Une thrombopénie peut être découverte de manière fortuite, chez un sujet asymptomatique à l’occasion d’un
bilan de santé ou d’un bilan biologique pré-opératoire par exemple, ou chez un patient exploré pour un autre
problème de santé.
• Lorsqu’elle est symptomatique (le plus souvent dans les situations de thrombopénies sévères, avec numération
plaquettaire < 20 G/L), la thrombopénie est responsable de saignements cutanéo-muqueux (tendance au saigne
ment), de sites et de gravité variés, pouvant aller d’un simple purpura pétéchial localisé à de rares hémorragies
viscérales graves pouvant mettre en jeu le pronostic vital.
• Les principales manifestations hémorragiques associées aux thrombopénies sont :
- des saignements cutanés (purpura/ecchymose/hématome) :
> purpura, défini cliniquement par des taches hémorragiques pourpres qui ne s’effacent pas à la pression
(contrairement aux érythèmes, angiomes ou télangiectasies), et correspondant à l’extravasation spontanée
des hématies hors des vaisseaux sanguin au niveau du tissu sous-cutané (voir item 215 - Purpura chez
l’adulte et l’enfant). Le purpura au cours des thrombopénies sévères peut être pétéchial (macule punctiforme,
rouge sombre) (Figure 1) et/ou ecchymotique (Figure 2), localisé ou diffus. Contrairement aux purpuras
dits « vasculaires » (lésions des parois des vaisseaux cutanés) (voir item 193 - Connaître les principaux
types de vascularite systémique, les organes cibles, les outils diagnostiques et les moyens thérapeutiques),
le purpura associé aux thrombopénies est non infiltré à la palpation, et non nécrotique. Son association à
des saignements muqueux (voir ci-dessous) est également un élément d’orientation en faveur d’un purpura
associé à une thrombopénie ;
> ecchymoses.
B Figure 1. (contenu multimédia) Purpura pétéchial des membres inférieurs chez un patient
atteint d’une thrombopénie immunologique primitive (PTI) avec thrombopénie < 10 G/L
A Figure 3. Bulles hémorragiques intra-buccales (flèches blanches) chez un patient atteint d’une thrombopénie
immunologique primitive (PTI) avec thrombopénie < 10 G/L
Tableau 1. MANIFESTATIONS HÉMORRAGIQUES À CONSIDÉRER COMME DES SIGNES D’ALERTE DEVANT FAIRE CRAINDRE
LA SURVENUE D’UNE HÉMORRAGIE VISCÉRALE GRAVE
Métrorragies
Purpura ecchymotique extensif voire disséminé, surtout s’il est associé à des hémorragies muqueuses importantes
Céphalées qui même si elles sont isolées doivent faire rechercher un accident hémorragique cérébro-méningé et faire
réaliser une imagerie cérébrale en urgence.
• Des hématomes non provoqués et confluents, autres que ceux des membres inférieurs, des hémorragies viscérales
ou des hémorragies continues aux points de ponction doivent faire évoquer une anomalie de la coagulation asso
ciée à la thrombopénie (CIVD notamment).
Hémopathies : Carences :
• Virales
• Myélodysplasies • Carence en folates VIH, VHB, VHC, EBV,
• Envahissement : • Carence en CMV...
leucémies aiguës, vitamine B12
lymphomes, • Parasitaires
myélomes, Paludisme, dengue
métastases osseuses,
myélofibrose • Bactériennes
• Aplasie médullaire Sepsis
• * En présence d’un des éléments suivants, un myélogramme sera également réalisé : patient de plus de 60 ans/syndrome tumoral clinique
(adénopathies, hépato ou splénomégalie)/anomalie d’une autre lignée sur l’hémogramme ou anomalie du frottis sanguin.
• AAN : anticorps anti-nucléaires ; ADP : adénopathies ; AEG : altération de l’état général ; CIVD : coagulation intra-vasculaire disséminée ; CMV :
cytomégalovirus ; DICV : déficits immunitaires communs variables ; EBV : Epstein-Barr virus ; Fg : fibrinogène ; HMG : hépatomégalie ; LS : lupus
systémique ; MAT : microangiopathie thrombotique ; NFS : numération formule sanguine ; PTI : thrombopénie immunologique primitive ; PTT : purpura
thrombotique thrombocytopénique ; SAPL : syndrome des anti-phospholipides ; SHU : syndrome hémolytique et urémique ; SMG : splénomégalie ;
TCA : temps de céphaline activée ; TIH : thrombopénie induite à l’héparine ; TP : temps de prothrombine ; VHB : virus de l’hépatite B ; VHC : virus de
l’hépatite C ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine
215. Anomalie des plaquettes Une thrombopénie est une anomalie quantitative des plaquettes,
223. Interprétation de l’hémogramme définie sur l’hémogramme par un nombre de plaquettes < 150
G/L (ou 150 ooo/mm3), indépendamment de l’âge ou du sexe.
16. Adénopathies uniques ou multiples La recherche d’un « syndrome tumoral » (adénopathies et/ou
58. Splénomégalie organomégalie) est une étape clé dans la démarche diagnostique
6. Hépatomégalie d’une thrombopénie.
Des adénopathies et une splénomégalie peuvent être retrouvées
au cours d’hémopathies (lymphomes, leucémies aigues ou
lymphoïde chronique), de cancers solides, d’infections virales
ou encore du lupus systémique.
Une hépatomégalie associée à une splénomégalie, à fortiori
si elle est associée à d’autres signes d’hypertension portale,
orienteront vers une hépatopathie (cirrhose en particulier).
216. Anomalie des leucocytes L’analyse des autres lignées sur l’hémogramme est un élément
217. Baisse de l’hémoglobine d’orientation étiologique majeur dans l’exploration d’une
thrombopénie.
L’association à une anémie et/ou à une leuco-neutropénie
doit orienter vers une cause centrale, et faire pratiquer un
myélogramme.
► 252 Thrombopénie chez l’adulte et l’enfant
222. Prescription et analyse du frottis sanguin La réalisation d’un frottis sanguin est systématique dans
l’exploration d’une thrombopénie inexpliquée, à la recherche
d’amas plaquettaire (fausse thrombopénie à l’EDTA), de cellules
anormales circulantes (blastes, lymphocytes hyperbasophiles),
ou de schizocytes (microangiopathies thrombotiques).
221. Interprétation d’un myélogramme Un myélogramme sera réalisé chez un patient thrombopénique
afin d’éliminer une cause centrale (myélodysplasie,
envahissement par des cellules tumorales...).
Il est systématique chez les patients de plus de 60 ans et/ou avec
anomalies des autres lignées ou du frottis et/ou présentant un
syndrome tumoral clinique (adénopathies, organomégalie).
* Les situations de départ reliées aux connaissances permettant de « Conduire l’enquête étiologique d’une thrombopénie chez l’enfant »
ne sont pas prises en compte dans ce tableau.
• Une thrombopénie est définie par un chiffre de plaquettes dans le sang inférieur à 150 G/L.
• Le seul diagnostic différentiel est la « fausse » thrombopénie, liée à l’agglutination des plaquettes
en présence de l’EDTA du tube de prélèvement. Ce n’est pas une situation pathologique.
• Les manifestations cliniques dues aux thrombopénies apparaissent généralement au-dessous de
50 G/L. Le plus souvent elles s’expriment sous forme d’un purpura.
• Lorsque le chiffre de plaquettes est < 20 G/L, le risque d’hémorragies muqueuses, de ménorragies,
d’hémorragies rétiniennes et viscérales est important, une hémorragie cérébro-méningée ou viscé
rale peut engager le pronostic vital.
• En l’absence de diagnostic étiologique évident, l’hémogramme et l’analyse du frottis sanguin re
présentent la pierre angulaire du diagnostic étiologique. L’hémogramme permet de distinguer les
thrombopénies isolées des pancytopénies.
• L’enquête médicamenteuse est essentielle, à la recherche d’un traitement débuté 1 à 2 semaines
avant la survenue de la thrombopénie.
• Le purpura thrombopénique immunologique (PTI) est un diagnostic d’élimination qui repose sur un
faisceau d’arguments cliniques et biologiques.