Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
17
Item 196
Polyarthrite rhumatoïde
I. Épidémiologie
II. Physiopathologie
III. Diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde débutante
IV. Manifestations de la polyarthrite rhumatoïde à la phase d'état
V. Prise en charge thérapeutique
VI. Paramètres du suivi
Connaissances
Objectifs pédagogiques
Diagnostiquer une polyarthrite rhumatoïde.
Connaître les principes de la prise en charge pharmacologique et non pharmacologique.
Rhumatologie
© 2020, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Connaissances
I. Épidémiologie
• B La polyarthrite rhumatoïde (PR) est le plus fréquent des rhumatismes inflammatoires chro-
niques. Sa prévalence en population générale est de l'ordre de 0,3 à 0,8 % chez l'adulte.
• Elle débute habituellement autour de 50 ans, mais elle peut survenir à tout âge, avec des
formes juvéniles avant 16 ans et des formes à début tardif après 65 ans.
• La PR est trois fois plus fréquente chez la femme avant 60 ans, mais ce déséquilibre du sex-
ratio s'atténue progressivement au-delà de cet âge.
• C Sa prévalence chez les apparentés du premier degré d'un patient atteint de PR est de
l'ordre de 2 à 4 %, ce qui signifie en pratique que, malgré le surrisque de nature génétique
et environnementale conféré par l'existence d'un antécédent familial, plus de 95 % des
apparentés du premier degré d'un patient atteint de PR seront indemnes de la maladie.
II. Physiopathologie
B La PR est une maladie multifactorielle, de cause inconnue, impliquant :
• des facteurs génétiques (polymorphismes de nombreux gènes tels que HLA-DRB1, PTPN22,
STAT4…) ;
• des facteurs environnementaux (tabagisme, microbiote buccal, microbiote intestinal…).
Ces facteurs contribuent à une réponse immunitaire innée et adaptative incontrôlée, se tradui-
sant par la production d'autoanticorps au premier rang desquels le facteur rhumatoïde (FR) et
les autoanticorps anti-protéines citrullinées (ACPA), ainsi que par une réaction inflammatoire
248 concernant en premier lieu la membrane synoviale, dénommée synovite.
À terme, cette synovite pourra être à l'origine des destructions articulaires, associant des éro-
sions osseuses et un pincement de l'interligne articulaire signant la chondrolyse et faisant la
gravité de la maladie.
Connaissances
soluble par les cellules de l'inflammation, sous l'action des cytokines pro-inflammatoires. Les
ostéoclastes sont les cellules effectrices des érosions osseuses observées dans la PR.
Tableau 17.1. A Principaux éléments du diagnostic positif et du diagnostic différentiel d'une poly
arthrite rhumatoïde débutante.
Connaissances
251
• C Les ACPA sont actuellement détectés avec des tests ELISA, utilisant notamment des pep-
tides cycliques citrullinés comme substrat, commercialisés sous le nom de test anti-CCP de
première, deuxième ou troisième génération (anti-CCP1, 2 ou 3), avec des résultats quantifiés
en unités internationales et un seuil de positivité établi et validé en fonction du test utilisé.
• La positivité des ACPA peut précéder l'apparition des signes cliniques de plusieurs mois à plu-
sieurs années. Les ACPA ne se positivent au cours des premières années d'évolution de la PR
que chez une faible proportion de patients (< 10 %) chez qui ils étaient initialement négatifs.
Connaissances
– sans cristaux.
pieds et des autres articulations inflammatoires tous les 6 mois au cours de la première année
puis tous ans au cours des 3 premières années. La périodicité des contrôles est ensuite adaptée
en tenant compte de l'existence ou de la progression des lésions structurales et de l'atteinte
de l'objectif thérapeutique de rémission ou, à défaut, de faible niveau d'activité de la maladie
qui se traduit, chez la grande majorité des patients atteignant ces objectifs, par l'absence de
progression des lésions structurales.
A Une échographie articulaire (fig. 17.3) est à réaliser en cas de doute sur la présence
d'une synovite ou d'une ténosynovite ou pour évaluer l'activité de la maladie. Elle permet de
visualiser :
• un épanchement liquidien intra-articulaire ;
• un épaississement synovial, ou synovite, associé ou non à une hyperhémie synoviale en
mode doppler couleur ou énergie signant le caractère actif de la synovite ;
• une ténosynovite ;
• des érosions osseuses infraradiographiques.
Connaissances
A B
C D E F
254
Connaissances
5
(au moins 1 petite articulation)
Sérologie (0–3)
non PR
FR négatif ET ACPA négatif 0
FR faiblement positif (1 à 3 × normale) OU
2
Nouveaux ACPA faiblement positif (1 à 3 × normale)
critères oui FR fortement positif (> 3 × normale) OU
3
rempllis ? ACPA fortement positif (> 3 × normale)
255
Durée des symptômes (0–1)
non < 6 semaines 0
≥ 6 semaines 1
PR : Score ≥ 6
Fig. 17.4. C Critères de classification 2010 de la polyarthrite rhumatoïde (PR) selon les Collèges
européen et américain de rhumatologie.
(Source : Gaujoux-Viala C, Gossec L, Cantagrel A, et al. Recommandations de la Société française de rhumatologie pour
la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde. Rev Rhum 2014 ;81:303–12.)
Connaissances
Encadré 17.1
Paramètres d'évaluation de l'activité et niveaux d'activité
d'une polyarthrite rhumatoïde selon le DAS28-VS
Paramètres d'évaluation de l'activité de la PR Niveaux d'activité de la PR définis à partir du
• Décompte du nombre d'articulations doulou- résultat du calcul du DAS28
reuses sur 28 articulations (critère DAS28). • PR en rémission : DAS28 < 2,6.
• Décompte du nombre d'articulations gonflées sur • PR en faible niveau d'activité : 2,6 ≤ DAS28 ≤ 3,2.
28 articulations (critère DAS28). • PR modérément active : 3,2 < DAS28 ≤ 5,1.
• Durée de la raideur matinale. • PR très active : DAS28 > 5,1.
• Mesure de l'intensité de la douleur (échelle visuelle
analogique).
• Mesure de l'appréciation globale de la maladie
par le patient (EVA) (critère DAS28). (D'après : Daien C, Hua C, Gaujoux-Viala C, et al. Actualisation
256 des Recommandations de la Société française de rhumatologie
• Mesure de la vitesse de sédimentation globulaire pour la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde. Rev Rhum
(critère DAS28) et/ou de la protéine C-réactive. 2019;86:8–24.)
Encadré 17.2
Facteurs pronostiques de sévérité structurale, fonctionnelle
et/ou globale d'une polyarthrite rhumatoïde
• Maladie active définie par un score DAS28 > 3,2 • Présence de comorbidités cardiovasculaires,
de façon persistante. tumorales ou infectieuses.
• Syndrome inflammatoire biologique intense. HAQ : Health Assessment Questionnaire, question-
• Positivité du FR et/ou des ACPA. naire d'incapacité fonctionnelle spécifique de la PR,
• Présence d'érosions sur les radiographies standards. portant sur huit domaines d'activité de la vie quoti-
dienne, coté de 0 à 3, un score de 0 correspondant
• Handicap fonctionnel défini par un score HAQ.
à l'absence d'incapacité et un score de 3 correspon-
• Présence de manifestations extra-articulaires ou dant à une incapacité maximale.
systémiques.
Item 196 Polyarthrite rhumatoïde 17
Connaissances
némie évoquant une néphropathie, orientant vers une connectivite ou une vascularite ;
• un dosage des ASAT et des ALAT, dont l'élévation oriente vers une hépatite virale, une
hépatite auto-immune, une hépatite associée à certaines connectivites, vascularites, gra-
nulomatoses ou maladies auto-inflammatoires ;
• une recherche d'anticorps antinucléaires, dont la positivité conduit à la recherche d'anti-
corps anti-ADN ou d'anticorps anti-ENA et, dont la présence oriente vers un lupus systé-
mique ou une autre connectivite ; cependant, les anticorps antinucléaires sont présents
dans 30 % des cas avec un titre faible ;
257
• une ponction articulaire avec analyse cytologique, bactériologique et recherche de cristaux
permettant d'éliminer une arthrite septique ou une arthrite microcristalline ;
• une radiographie du thorax à la recherche d'anomalies pleuropulmonaires ou médiastinales
pouvant orienter vers une sclérodermie systémique, une sarcoïdose ou une pathologie
infectieuse, telle que la tuberculose.
A. Manifestations ostéoarticulaires
Les gonflements articulaires, initialement réversibles, traduisant la présence d'une synovite
et/ou d'un épanchement liquidien intra-articulaire, peuvent évoluer, en l'absence de prise
en charge thérapeutique efficace, vers des déformations ostéoarticulaires irréversibles,
Connaissances
258
Fig. 17.5. A Polyarthrite rhumatoïde établie avec atteinte des doigts : déformations élémentaires ;
« coup de vent » ulnaire des doigts (secondaire à une déviation radiale du poignet et à un subluxation
dislocation des MCP).
Connaissances
subluxation ventrale du carpe ;
• l'arthrite médiocarpienne, pouvant évoluer vers une carpite fusionnante (fig. 17.8).
L'ensemble de ces lésions contribuent à la déviation ulnaire en « coup de vent » des doigts.
Parmi les déformations caractéristiques de l'avant-pied, on citera notamment :
• un avant-pied triangulaire dans le plan horizontal, combinant hallux valgus, « coup de
vent » fibulaire des orteils et quintus varus ;
• ainsi qu'un avant-pied rond dans le plan vertical, combinant subluxation puis luxation dor-
sale des articulations métatarsophalangiennes, hyperextension de la première phalange et
259
flexion de l'articulation interphalangienne proximale avec des orteils en griffe ;
• ces déformations des avant-pieds sont à l'origine d'une hyperkératose, se traduisant par
des cors, des callosités et des durillons, du versant médial de la métatarsophalangienne
de l'hallux, souvent associée à une bursite, de la région plantaire en regard des têtes des
métatarsiens, de la face dorsale de l'articulation interphalangienne proximale et de la pulpe
des orteils.
Fig. 17.8. C Érosions de la styloïde ulnaire, arthrite radioulnaire distale, pincement radiocarpien et
pincement des interlignes articulaires du carpe (carpite) dans le cadre d'une PR à la phase d'état.
Connaissances
260
Fig. 17.9. C Avantpied triangulaire combinant un hallux valgus, un « coup de vent » fibulaire des
orteils et un quintus varus, avec une hyperextension de la première phalange, des signes d'hyperkéra
tose et une ulcération de la face dorsale de l'articulation interphalangienne du deuxième orteil dans
le cadre d'une polyarthrite rhumatoïde à la phase d'état.
Item 196 Polyarthrite rhumatoïde 17
La coxite rhumatoïde est plus rare, exceptionnellement inaugurale, souvent méconnue,
conduisant à une limitation majeure de la mobilité de la coxofémorale, associée à une attitude
vicieuse en flessum.
L'atteinte du rachis cervical semble plus fréquente chez les PR masculines, séropositives,
érosives et nodulaires. Elle concerne en premier lieu la charnière cervico-occipitale et le rachis
cervical haut, associant arthrite occipito-atloïdienne, arthrite atloïdo-axoïdienne et pannus
synovial avec érosions de l'odontoïde et rupture du ligament transverse de l'atlas, à l'origine
de subluxations atloïdo-axoïdiennes antérieures et plus rarement verticales. Elle associe une
limitation douloureuse de la mobilité cervicale, notamment dans les mouvements de rotation,
à des manifestations neurologiques sensitives et motrices des membres supérieurs et infé-
rieurs, traduisant une compression médullaire cervicale haute. Les clichés standards du rachis
cervical de face et de profil, le cliché C1-C2 bouche ouverte et les clichés dynamiques de
profil en flexion et en extension, déconseillés en cas de signes neurologiques, permettent une
première évaluation des lésions structurales et de l'importance du diastasis atloïdo-axoïdien.
Ce sont surtout le scanner, pour l'analyse des lésions osseuses et de leur retentissement
canalaire, et l'IRM, pour la quantification du pannus synovial et l'évaluation du retentisse-
ment médullaire, qui permettent de préciser au mieux le risque neurologique et de guider
le neurochirurgien en vue d'un geste de stabilisation de la charnière cervico-occipitale et du
Connaissances
rachis cervical haut.
1. Signes généraux
• Une fébricule et un amaigrissement sont possibles à l'occasion des poussées de la maladie.
• L'asthénie est fréquente, d'origine multifactorielle, traduisant l'impact systémique des
cytokines pro-inflammatoires.
• Les troubles du sommeil occasionnés par les douleurs articulaires, l'existence d'une éven-
tuelle anémie inflammatoire et le retentissement psychologique de la maladie.
3. Nodules rhumatoïdes
• Les nodules rhumatoïdes concernent 10 à 20 % des patients, apparaissant souvent après
quelques années d'évolution de la maladie, le plus souvent chez des PR avec positivité du
FR et/ou des ACPA.
• Il s'agit de nodules sous-cutanés, fermes, indolores, le plus souvent mobiles, parfois fixes,
siégeant souvent sur la face d'extension des membres : dans la région olécrânienne, parfois
au sein d'une bursite rétro-olécrânienne, à la face postérieure de l'avant-bras en regard de
la crête ulnaire, à la face dorsale et plus rarement palmaire des doigts, en regard du tendon
calcanéen ou aux pieds (fig. 17.10).
Connaissances
Fig. 17.10. A Nodules rhumatoïdes en regard de la crête ulnaire illustrant une des manifestations
extraarticulaires de la PR à la phase d'état.
4. Manifestations pleuropulmonaires
A L'incidence des manifestations pleuropulmonaires de la PR est sous-estimée car elles
sont souvent asymptomatiques, mal visualisées par le cliché thoracique systématiquement réa-
lisé au début de la maladie, révélant des anomalies dans moins de 10 % des cas, bien visuali-
sées par la réalisation d'un scanner thoracique haute résolution chez les patients symptomatiques
(toux, dyspnée, anomalies auscultatoires) montrant des anomalies dans 20 à 50 % des cas.
Ces manifestations pleuropulmonaires comportent :
• les nodules rhumatoïdes ;
• les pleurésies rhumatoïdes ;
• les bronchiolites ;
• les pneumopathies organisées ;
• et surtout les pneumopathies interstitielles diffuses.
Les pneumopathies interstitielles diffuses constituent la manifestation pleuropulmonaire la
plus fréquente, notamment chez les hommes, tabagiques, avec une PR nodulaire et une forte
positivité du FR et surtout des ACPA. Les pneumopathies interstitielles non spécifiques et les
pneumopathies interstitielles communes en sont les deux principaux types (fig. 17.11). Elles
restent longtemps asymptomatiques. Elles sont potentiellement sévères, associées à la surmor-
talité, à la diminution de l'espérance de vie de la PR.
C On citera pour mémoire le syndrome de Caplan-Colinet, caractérisé par l'association
d'une PR et d'une pneumoconiose, en relation avec l'exposition à la poussière de silice.
Item 196 Polyarthrite rhumatoïde 17
Fig. 17.11. B Pneumopathie interstitielle diffuse illustrant une des manifestations extraarticulaires
graves de la polyarthrite rhumatoïde à la phase d'état.
A. Pneumonie interstitielle commune. B. Pneumonie interstitielle non spécifique.
5. Manifestations cardiovasculaires
Connaissances
L'atteinte cardiaque de la PR est essentiellement représentée par des péricardites, souvent
asymptomatiques, découvertes à l'occasion de la réalisation d'une échocardiographie ou
d'un scanner thoracique, parfois symptomatiques, devant conduire à enquête étiologique
complète (infection virale, bactérienne ou mycobactérienne, autre connectivite, infarctus du
myocarde, néoplasie…) avant de conclure à la responsabilité de la PR. Des myocardites, des
troubles du rythme ou de la conduction ou des endocardites ont été rapportés au cours de
la PR, dont la responsabilité ne peut là encore être retenue qu'après une enquête étiologique
exhaustive. 263
La PR est surtout associée à une augmentation de la morbi-mortalité cardiovasculaire, avec
un surrisque de maladie coronarienne ou d'accident vasculaire cérébral de l'ordre de 50 %
comparativement à la population générale, comparable à celui observé au cours du diabète
de type 2. Cette augmentation de la morbi-mortalité cardiovasculaire traduit d'une part la
surreprésentation de certains facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels (tabagisme et
diabète de type 2 notamment), d'autre part les conséquences cardiovasculaires de l'inflamma-
tion chronique se traduisant par une athérosclérose accélérée, enfin l'impact cardiovasculaire
péjoratif de la corticothérapie générale. Elle impose d'évaluer et de contrôler au mieux les
facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels, en considérant la PR comme un facteur de
risque cardiovasculaire indépendant, dont l'impact cardiovasculaire peut être réduit en attei-
gnant l'objectif de rémission ou de faible niveau d'activité de la maladie, avec un csDMARD
(méthotrexate) en monothérapie ou combiné à un bDMARD (anti-TNF).
6. Manifestations oculaires
La scléromalacie perforante concerne moins de 1 % des patients ; elle constitue l'atteinte
oculaire la plus sévère, devant la sclérite et l'épisclérite concernant moins de 5 % des patients.
Ces manifestations oculaires surviennent habituellement dans le cadre de PR féminines, avec
positivité du FR. Elles sont souvent peu douloureuses, pouvant se compliquer de perforation
sclérale. Leur mécanisme ferait intervenir des lésions de vascularite à complexes immuns.
7. Manifestations hématologiques
Des adénopathies superficielles, mobiles, de petite taille, sont retrouvées chez 20 à 30 % des
patients.
Le syndrome de Felty associe une PR, souvent ancienne et nodulaire, avec positivité du FR, une
splénomégalie et une neutropénie. Il peut comporter des ulcères cutanés, une hyperpigmentation
Connaissances
cutanée, une polynévrite, une épisclérite, une anémie, une positivité des anticorps antinu-
cléaires. Il expose à un risque d'infections bactériennes, proportionnel à la profondeur de la
neutropénie.
Une leucémie à grands lymphocytes granuleux (LGL) peut survenir dans le cadre de la PR. Elle
constitue un diagnostic différentiel du syndrome de Felty, puisqu'elle est aussi caractérisée par
une splénomégalie et une neutropénie, souvent associée à une anémie et/ou une thrombo-
pénie, avec une hyperlymphocytose inconstante. L'immunophénotypage des lymphocytes
circulants avec étude du réarrangement des gènes du TCR confirme le caractère monoclonal
de la prolifération lymphocytaire T (CD3+ CD4–CD8+ TCR+ CD16+ CD57+) ou plus rarement NK
(CD3–CD4–CD8–TCR–CD16+ CD56+). L'évolution est habituellement favorable sous traitement
de fond par méthotrexate.
8. Vascularite rhumatoïde
La vascularite rhumatoïde est rare, concernant moins de 1 % des patients. Son incidence
semble en déclin au cours de ces vingt dernières années. Elle survient habituellement dans le
cadre de PR anciennes, masculines, tabagiques, avec positivité du FR et des ACPA. Elle associe
des signes cutanés (purpura vasculaire, livedo réticulaire, ulcère cutané, infarctus péri-unguéal,
nécrose distale des doigts ou des orteils), des signes neurologiques périphériques (mononévrite
multiple ou polynévrite), des signes oculaires (épisclérite, sclérite, ulcération cornéenne) et plus
rarement des signes cardiaques (péricardite, myocardite, syndrome coronarien), des signes
pulmonaires (hémorragie alvéolaire), des signes digestifs (ischémie mésentérique), des signes
rénaux (glomérulonéphrite) ou des signes neurologiques centraux.
Histologiquement, il s'agit d'une vascularite de vaisseaux de petit et de moyen calibre, avec un
infiltrat de la paroi vasculaire constitué de cellules mononucléées ou de polynucléaires neutro-
264 philes, de possibles lésions d'angéite nécrosante, sans micro-anévrisme.
C. Comorbidités et mortalité
Sur le versant cardiovasculaire, la PR est associée à une augmentation de la morbi-mortalité
cardiovasculaire, qui impose un dépistage et une prise en charge des facteurs de risque cardio-
vasculaire traditionnels et un contrôle optimal de l'activité inflammatoire de la maladie.
Sur le versant tumoral, la PR est associée à un surrisque de lymphomes, qui seraient deux fois
plus fréquents que dans la population générale. Le risque de lymphome concerne particulière-
ment les PR les plus actives et les plus sévères. Il s'agit principalement de lymphomes malins
non hodgkiniens, de localisation ganglionnaire ou extraganglionnaire, développés à partir de
cellules B matures (lymphomes diffus à grandes cellules B). Le risque de cancers bronchopul-
monaires semble plus élevé dans la PR que dans la population générale, vraisemblablement en
raison d'une plus grande prévalence du tabagisme. Le risque de cancers colorectaux semble
moins élevé dans la PR que dans la population générale, peut-être grâce à l'effet protecteur
des AINS. Le risque de cancers du sein semble légèrement moins élevé dans la PR que dans
la population générale, peut-être grâce à un dépistage accru. Le risque de dysplasies et de
cancers du col utérin pourrait être majoré chez les patientes traitées par anti-TNF, imposant
une surveillance accrue.
Sur le versant infectieux, la PR est associée à une augmentation du risque d'infections, en
relation avec la maladie mais aussi avec l'utilisation des csDMARD, des glucocorticoïdes et
des bDMARD. La plupart des infections sont des infections bénignes, concernant principa-
lement les voies aériennes supérieures, les voies urinaires et le revêtement cutané. Le risque
d'infections sévères est majoré chez les patients traités par bDMARD comparativement à ceux
recevant uniquement des csDMARD. En dehors des infections bactériennes et virales com-
munautaires, certains bDMARD augmentent le risque d'infections opportunistes ou d'infec-
tions mycobactériennes, avec notamment une nette majoration de l'incidence des cas de
Item 196 Polyarthrite rhumatoïde 17
tuberculose observée lors de la mise sur le marché anti-TNF, alors que les JAKi augmentent le
risque de réactivation du VZV se traduisant par des zonas. Ce surrisque infectieux impose une
évaluation individuelle du risque infectieux avant toute décision thérapeutique, une mise à jour
systématique des vaccinations conformément au calendrier vaccinal, ainsi que des mesures de
prévention spécifiques telles qu'une antibioprophylaxie antituberculeuse chez les patients à
risque de tuberculose avant l'initiation d'un biomédicament.
La diminution de l'espérance de vie des patients atteints de PR serait en moyenne de 5 à
10 ans par rapport à la population générale, notamment en raison de la surmortalité car-
diovasculaire, particulièrement chez les patients ayant les formes les plus actives et les plus
sévères de la maladie. Les stratégies thérapeutiques actuelles, visant la rémission, faisant appel
à des combinaisons de csDMARD (notamment le méthotrexate) et de bDMARD (notamment
les anti-TNF) pourraient permettre une diminution de la surmortalité, notamment cardiovas-
culaire, chez les patients répondeurs comme cela a été suggéré dans certains registres de
patients atteints de PR.
Connaissances
A Le rhumatologue coordonne la prise en charge thérapeutique des patients atteints de PR
et en assure le suivi conjointement avec le médecin généraliste, qui joue un rôle central dans
la coordination du parcours personnalisé de soins et dans la prise en charge des comorbidités.
Contre-indication au MTX
± ±
Corticoïdes Corticoïdes
Dose cumulée faible, 6 mois max. Dose cumulée faible, 6 mois max.
Connaissances
sans corticoïde,
Deuxième ligne Non
discuter la
et plus décroissance du
Facteurs de mauvais pronostic ? csDMARD
Gestion (Érosions, FR/ACPA, activité modérée
de la rémission à forte, échec de ≥ 2 csDMARD)
Non
Oui
267
Changement ou ajout d'un autre
Ajout d'une thérapie ciblée csDMARD : LEF, SSZ, MTX seuls
bDMARD (anti-TNF, anti-IL-6R, abatacept, ou en combinaison
et en cas de contre-indication rituximab) ±
ou tsDMARD (JAKi)
Corticoïdes
Dose cumulée faible, 6 mois max.
Fig. 17.12. A Algorithme de prise en charge de la PR selon les recommandations de 2018 de la Société
française de rhumatologie.
(Source : Daien C, Hua C, Gaujoux-Viala C, et al. Update of French Society for Rheumatology Recommendations for
Managing Rheumatoid Arthritis. Joint Bone Spine 2019 ;86(2):135–50.)
Connaissances
Encadré 17.3
Modalités d'instauration et de surveillance du méthotrexate
dans la polyarthrite rhumatoïde
Place du méthotrexate dans la stratégie • Augmentation de dose de 5 mg par semaine
thérapeutique de la PR toutes les 2 à 4 semaines, jusqu'à une dose opti-
Traitement de fond synthétique conventionnel de male de l'ordre de 0,3 mg/kg par semaine, com-
première ligne chez les patients ayant un PR active. prise entre 15 et 25 mg par semaine, atteinte en
4 à 8 semaines.
Contre-indications du méthotrexate • Voie sous-cutanée habituellement proposée en
• Hypersensibilité au principe actif ou à l'un des cas d'insuffisance de réponse ou de symptômes
excipients. d'intolérance digestive à la voie orale.
• Troubles sévères de la fonction hépatique. • Supplémentation en folates d'au moins 5 mg
• Alcoolisme. par semaine, administrée par voie orale 24 à
• Troubles sévères de la fonction rénale (clairance 48 heures après le méthotrexate.
de la créatinine inférieure à 20 ml/min).
Examens et mesures de sécurité recommandés
• Dyscrasies sanguines préexistantes telles qu'hypo- pendant le traitement (au moins une fois par
plasie médullaire, leucopénie, thrombopénie ou mois pendant les 6 premiers mois, puis tous
anémie sévère. les 2 à 3 mois)
• Infections graves, aiguës ou chroniques telles que • Examen de la bouche et de la gorge visant à
tuberculose, infection par le VIH ou autres syn- détecter des modifications des muqueuses.
dromes d'immunodéficience.
• NFS-plaquettes, enzymes hépatiques et évalua-
• Ulcères de la cavité buccale ou maladie ulcéreuse tion de la fonction rénale.
gastro-intestinale évolutive avérée.
• Évaluation de l'appareil respiratoire avec interrup-
• Grossesse, allaitement. tion du traitement en cas de fièvre, toux, dyspnée,
• Administration concomitante de vaccins vivants. hypoxie et/ou infiltrat à la radiographie thora-
268 cique, impliquant la réalisation d'investigations
Examens et mesures de sécurité recommandés complémentaires (TDM thoracique, LBA…) pour
avant l'instauration ou la réintroduction exclure une pneumopathie interstitielle ou une
du méthotrexate infection.
• NFS-plaquettes, enzymes hépatiques, bilirubine, • Nécessité d'un moyen de contraception efficace
albuminémie et évaluation de la fonction rénale. pendant le traitement chez les femmes en âge de
• Radiographie thoracique. procréer.
• Examens pour exclure une hépatite (notamment • Risque de toxicité accru en cas d'administration
sérologies VHB et VHC) si cela est cliniquement concomitante de nombreux médicaments (sali-
justifié. cylés, hypoglycémiants, diurétiques, sulfamides,
diphénylhydantoïnes, tétracyclines, chloramphé-
Posologie et mode d'administration
nicol, anti-inflammatoires acides, probénécide,
• Habituellement initié par voie orale, à une posolo- acides organiques faibles, pyrazolés, sulfamides,
gie de 10 à 15 mg/semaine. triméthoprime-sulfaméthoxazole, chloramphéni-
• Administré en une prise, un jour par semaine, à col et pyriméthamine…).
préciser sur l'ordonnance.
C
Tableau 17.2. Biomédicaments et inhibiteurs de Janus kinases indiqués dans la polyarthrite rhuma
toïde en 2020.
Connaissances
d'administration insuffisant
ou intolérant
Adalimumab SC 40 mg/2 semaines Oui Oui
→ 40 mg/semaine (monothérapie) MTX intolérant
ou inadapté
Certolizumab SC 200 mg/2 semaines Oui Oui
pégol 400 mg/4 semaines MTX intolérant
ou inadapté
269
Étanercept SC 25 mg × 2 fois/semaine Oui Oui
50 mg × 1 fois/semaine MTX intolérant
ou inadapté
Golimumab SC 50 mg × 1 fois/mois Oui Non
→ 100 mg × 1 fois/mois (≥ 100 kg)
Infliximab IV 3 mg/kg/8 semaines Oui Non
→ 7,5 mg/kg/8 semaines
Abatacept SC 125 mg/semaine Oui Non
IV ~ 10 mg/kg/4 semaines
Rituximab IV 1 g × 2 (J1 + J15) Non Non
(IR ou IN ≥ 1
anti-TNF)
Tocilizumab SC 162 mg/semaine Oui Oui
IV ~ 8 mg/kg/4 semaines MTX intolérant
ou inadapté
Sarilumab SC 200 mg/2 semaines Oui Oui
→ 150 mg/2 semaines MTX intolérant
ou inadapté
Baricitinib Per os 4 mg/j → 2 mg/j Oui Oui
Tofacitinib Per os 5 mg × 2 fois/j Oui Oui
MTX intolérant
ou inadapté
Upadacitinib Per os 15 mg/j Oui Oui
MTX intolérant
ou inadapté
Filgotinib Per os 200 mg/j Oui Oui
Connaissances
Les bDMARD et les JAKi ont démontré une efficacité symptomatique et structurale chez des
patients atteints de PR en réponse inadéquate (inefficacité et/ou intolérance) au méthotrexate
(cf. tableau 17.2).
La Commission de la transparence conseille, dans ses avis de juin 2017 (baricitinib) et de
septembre 2017 (tofacitinib) que les JAKi soient utilisés de préférence en troisième ligne (à
savoir après l'échec d'un bDMARD) voire plus, au vu des inquiétudes en termes de tolérance
notamment à long terme liées au nouveau mécanisme d'action et du recul plus important en
termes d'efficacité et de tolérance des bDMARD. À l'instar des bDMARD, l'association des
JAKi au méthotrexate doit être privilégiée et la monothérapie doit être réservée aux situations
d'intolérance au méthotrexate ou lorsque la poursuite du traitement par méthotrexate est
inadaptée (cf. tableau 17.2).
Connaissances
synovite récidive après une à trois infiltrations intra-articulaires de corticoïdes, on peut avoir
recours à une synoviorthèse isotopique.
2. Traitement chirurgical
A La chirurgie fait elle aussi partie intégrante du traitement de la PR, en complément du
traitement médicamenteux. Ses indications sont moins fréquentes à l'heure actuelle qu'elles
ne l'étaient avant les avancées thérapeutiques médicamenteuses. Elles sont discutées avec le
malade, idéalement dans le cadre de consultations médicochirurgicales réunissant le rhumato-
logue et le chirurgien orthopédiste. Il s'agit d'une chirurgie fonctionnelle visant à rétablir une
fonction défaillante et à apporter l'indolence.
C La chirurgie de la PR obéit à certaines règles : donner la priorité aux membres inférieurs ;
planifier les gestes chirurgicaux de l'extrémité vers la racine aux membres inférieurs et de la
racine vers l'extrémité aux membres supérieurs ; commencer par une intervention « gagnante »,
à forte probabilité de bons résultats, chez un patient qui va justifier plusieurs interventions
chirurgicales.
Connaissances
272
H. Gestion de la rémission persistante
C En cas de rémission persistante, sur une période d'au moins 6 mois, on peut envisager un
allégement thérapeutique progressif.
Avant toute modification des traitements de fond, la corticothérapie orale devra être progres-
sivement arrêtée ou réduite à une dose minimale ≤ 5 mg par jour si l'arrêt complet s'avère
impossible.
Toute décision de décroissance du bDMARD doit être prise dans le cadre d'une décision médi-
cale partagée avec le patient. Une stratégie de décroissance du bDMARD (réduction de dose
ou espacement des injections) est préférable à une tentative d'arrêt brutal, qui expose à un
risque de reprise évolutive de la PR, pouvant s'accompagner d'une progression des lésions
structurales.
En cas de rémission persistante à l'issue de la décroissance du bDMARD, une stratégie de
décroissance du csDMARD (réduction de dose ou espacement des prises du méthotrexate)
peut être envisagée, là encore dans le cadre d'une décision médicale partagée avec le
patient.
Connaissances
manifestations extra-articulaires et comorbidités) ;
• de l'hémogramme (tolérance des DMARD et des AINS, manifestations extra-articulaires et
comorbidités) ;
• des paramètres hépatiques (tolérance des DMARD et des AINS, comorbidités) ;
• de la fonction rénale (tolérance des AINS) ;
• de la glycémie à jeun (tolérance des glucocorticoïdes) ;
• de l'exploration des anomalies lipidiques (tolérance de certains bDMARD, des JAKi et des
273
glucocorticoïdes, comorbidités cardiovasculaires).
Le suivi radiographique du patient comporte des radiographies des mains, des pieds et des
autres articulations inflammatoires, tous les 6 mois au cours de la première année, puis tous
les ans au cours des trois premières années, la périodicité des contrôles étant ensuite adaptée
en fonction de l'atteinte de l'objectif thérapeutique de rémission ou de faible niveau d'activité
de la maladie et des dommages structuraux préexistants.
clés
Points
• La polyarthrite rhumatoïde est le plus fréquent des rhumatismes inflammatoires chroniques. Sa cause
exacte demeure inconnue.
• Il s'agit d'une polyarthrite bilatérale et symétrique à tendance destructrice et déformante, touchant en
particulier les poignets, les mains et les avant-pieds.
• Le diagnostic, aussi précoce que possible, repose sur deux piliers : l'existence d'une polyarthrite bilatérale
évoluant depuis plus de 6 semaines associée à la présence du facteur rhumatoïde et/ou des anticorps
anti-peptides cycliques citrullinés (anti-CCP).
• Il existe de nombreux facteurs pronostiques dont : la sévérité initiale clinique et biologique, le caractère
érosif d'emblée.
• La polyarthrite rhumatoïde nécessite le recours à un rhumatologue pour confirmer le diagnostic et
planifier le traitement.
• L'utilisation optimale des traitements de fond doit permettre d'obtenir la rémission avec disparition des
arthrites et du syndrome inflammatoire pour stopper l'apparition des érosions, destructions et défor-
mations articulaires.
• La corticothérapie est utile au début de la maladie puis pour passer un cap douloureux. Sa mise en route
implique la définition et la réalisation d'un plan de sevrage précis et volontariste.
• Les traitements locaux (infiltrations cortisoniques, chirurgie) doivent être utilisés dès lors que le traite-
ment de fond optimal laisse persister une ou deux arthrites réfractaires.
Connaissances
Situations de départ
I. Symptômes et signes cliniques III. Prise en charge aiguë et chronique
35. Douleur chronique 245. Prescription d'un appareillage simple
56. Raideur articulaire 247. Prescription d'une rééducation
67. Douleurs articulaires 249. Prescrire des anti-inflammatoires non sté-
70. Déformations articulaires roïdiens (AINS)
71. Douleur d'un membre (supérieur ou inférieur) 250. Prescrire des antalgiques
72. Douleur du rachis (cervical, thoracique ou 251. Prescrire des corticoïdes par voie générale
lombaire) ou locale
II. Données paracliniques 260. Évaluation et prise en charge de la douleur
178. Demande/prescription raisonnée et choix chronique
d'un examen diagnostique 279. Consultation de suivi d'une pathologie
186. Syndrome inflammatoire aigu ou chronique chronique
203. Élévation de la protéine C-réactive (CRP) IV. Prévention
228. Découverte d'une anomalie osseuse et arti- 306. Dépistage et prévention ostéoporose
culaire à l'examen d'imagerie médicale V. Situations diverses
230. Rédaction de la demande d'un examen 328. Annonce d'une maladie chronique
d'imagerie 352. Expliquer un traitement au patient (adulte,
231. Demande d'un examen d'imagerie enfant, adolescent)
233. Identifier/reconnaître les différents examens 354. Évaluation de l'observance thérapeutique
d'imagerie (type, fenêtre, séquences, inci-
dences, injection)
Item 196 Polyarthrite rhumatoïde 17
Références
Daien C, Hua C, Gaujoux-Viala C, et al. Update of French Society for Rheumatology Recommendations
for Managing Rheumatoid Arthritis. Joint Bone Spine 2019;86(2):135–50.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1297319X18303932?via%3Dihub
Connaissances
275
Item 196 Polyarthrite rhumatoïde 17
HAS. Polyarthrite rhumatoïde évolutive grave. Guide Managing Rheumatoid Arthritis. Joint Bone Spine
ALD. avril 2008. https://www.has-sante.fr/upload/ 2019;86(2):135–50. https://www.sciencedirect.com/
docs/application/pdf/gm_polyarthrite_web.pdf science/article/pii/S1297319X18303932?via%3Dihub
Daien C, Hua C, Gaujoux-Viala C, et al. Update of French
Society for Rheumatology Recommendations for
Connaissances
275.e1