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Finances publiques
Introduction
Les principes directeurs des finances publiques ont été dégagés au cours de la
première moitié du 19ème siècle en même temps que se développait le régime
parlementaire. Ces principes ont pour objectif de donner les moyens au
parlement pour contrôler efficacement le gouvernement et de permettre une
gestion claire et raisonnable des deniers publics.
Ces principes ont été pour longtemps respectés à la lettre, mais l’évolution du
cadre financier et du rôle de l’Etat a favorisé leur assouplissement.
Ces principes appellent une reflexion pour permettre d’apprécier leur
fondement, leur portée et leur pertinence en tenant compte de ce qui est
nécessaire à notre temps. Ainsi, le conseil constitutionnel français dans une
décision rendue le 25 juillet 2001 a considéré que les principes d’annualité,
d’universalité, d’unité « répondent au double impératif d’assurer la clareté des
comptes de l’Etat et de permettre un contrôle efficace par le parlement ».
- La constitution :
1
Lotfi MECHICHI, Finances publiques, cours polycopié, FDSPT, 2014-2015, PP 1-25.
publique promulgué par la loi n° 81-73 du 31 décembre 1973 ou encore la loi 3
n° 74-85 du 20 juillet 1985 relative à la sanction des fautes de gestion commises
à l’égard de l’Etat et à la création de la cour de discipline financière.
- Les actes réglementaires
Plan du cours
1ère partie : les principes budgétaires
Chapitre 1 : Le principe de l’annualité budgétaire
Chapitre 2 : Le principe de l’unité budgétaire
Chapitre3 : Le principe de l’universalité budgétaire
Chapitre4 : Le principe de l’équilibre budgétaire
2ème partie : l’exécution des opérations budgétaires
1ère partie : Les principes budgétaires 4
Bien que l’activité de l’Etat soit continue, la vie de son budget est en
principe limitée à une année. C’est ce qui ressort de l’Article 1 de l’ancienne
Loi Organique du Budget de 1967 qui énonce que “La loi des finances prévoit
et autorise pour chaque année l’ensemble des charges et des ressources de
l’Etat”.
Dès lors, chaque année, le gouvernement est tenu de dresser un plan
d’ensemble retraçant son programme financier pour l’année à venir qui, au
terme de l’Article 2 de ladite loi, “commence le 1er janvier et se termine le 31
décembre de la même année”.
Ce sont ces deux dispositions qui permettent de dégager le principe de
l’annualité budgétaire qui nécessite d’être étudié dans ses fondements et ses
significations (Section 1) ainsi que dans ses assouplissements (Section 2).
Sur la base de la reforme budgétaire introduite par la loi du 31 Mai 1962, la loi
de finances du même jour mettait en place un budget d’équipement (opérations
en capital / opérations exceptionnelles) aligné sur la période du 1er plan triennal
1962-1964.
Paragraphe 2 : La contraction
Plusieurs mécanismes permettent la contraction du cycle annuel de la prévision
budgétaire. Il s’agit des actes budgétaires retouchant ou complétant la prévision
initiale quand elle se trouve perturbée par un dérèglement de la conjoncture
économique et sociale. Ces actes budgétaires qui aboutissent à contracter le
cycle annuel du budget, peuvent être classés en deux catégories :
♦ La 2ème catégorie des lois de finances complémentaires est celle prévue par
l’article 42, celles-ci ont pour fonction non pas de retoucher elle-même la
prévision initiale mais seulement de ratifier les retouches décidées sous
l’urgence par voie règlementaire (par le gouvernement) « les décrets
d’avance ». Ces lois de finances complémentaires ont donc une nature assez
particulière dans la mesure où, formulant des autorisations a posteriori, elles
dérogent au principe d’autorisation préalable du parlement. Elles sont 8
cependant justifiées dans leur principe même, car pour faire fasse à une
circonstance plus au moins exceptionnelle, il ne serait pas approprié
d’obliger l’exécutif qui a incessamment besoin de moyens financiers
nouveaux à convoquer le parlement afin de les lui accorder ces moyens
selon la procédure budgétaire normale dont on n’ignore pas la lenteur.
Tous ces actes législatifs et règlementaires ont donc pour rôle de corriger et de
compléter en cours d’exercice, la prévision budgétaire de départ qui n’est plus la
seule à prévoir le budget de l’Etat pour une année. Elle est en effet maintenant
épaulée par une série d’actes, tout aussi prévisionnels / budgétaires qui
participent clairement de sa contraction.
Conclusion
De tout ce qui a précédé, on comprend qu’on ne peut plus aujourd’hui parler
d’une unité matérielle du budget du même type que celle connue sous l’empire
de l’Etat libéral classique où ne figurait dans le budget de l’Etat que des
autorisations budgétaires de recettes et de dépenses.
Chapitre 3: Le principe de l’universalité budgétaire 14
Le principe de l’universalité n’est en réalité que “l’aspect complémentaire” de
l’unité budgétaire. Unité et universalité ne sont en effet pas deux règles
distinctes mais l’expression d’une même idée sous deux aspects différents. D’un
côté, l’unité du budget requiert l’établissement d’un acte unique, de l’autre côté,
l’universalité requiert la présence dans cet acte de toutes les dépenses et de
toutes les recettes.
Tout d’abord, la règle du produit brut interdit les contractions entre recette et
dépense. Elle s’oppose à ce que celles-ci se compensent entre elles de façon à ne
faire apparaître au budget de l’Etat que les soldes. Si le gouvernement était en
droit de pratiquer la compensation entre recette et dépense, le parlement n’aurait
à contrôler que des soldes insignifiants. Il n’aurait à connaître que des
différences obtenues à la suite des compensations entre les recettes et les
dépenses de chacun des services et non pas du montant intégral et du détail de
celles-ci. Dans certains cas d’ailleurs, si la compensation était admise, le
parlement se verrait catégoriquement court-circuité, chaque opération dont le
montant de la recette égalise celui de la dépense sera distraite du budget et
échappe par la suite au contrôle parlementaire.
2
Pour la comptabilité publique, nous nous référons au code de la comptabilité publique promulgué par la loi n°
73-81 du 31 décembre 1973 (JORT n°51 du 31/12/1973, p. 2263.) et complété par les textes subséquents.
L’incompatibilité est sanctionnée par l'assujettissement des ordonnateurs qui 22
se seraient immiscés dans les fonctions réservées aux comptables, aux mêmes
obligations et à la même responsabilité que les comptables publics.
Il en découle du principe de la séparation des fonctions que la division des
taches est bien nette :
- Les ordonnateurs sont chargés de prendre des décisions ayant la forme
d’actes administratifs générateurs de recettes ou de dépenses et de
donner ensuite l’ordre de les exécuter financièrement;
- Les comptables publics interviennent pour exécuter cet ordre après en
avoir assuré le contrôle, dans l’optique de payer la dépense ou recouvrer
la recette.
La distinction entre deux catégories d’agents (ceux qui décident des dépenses et
des recettes et ceux qui les payent ou les recouvrent) permet d’organiser
un contrôle des seconds sur les actes initiés par les premiers. La règle de la
séparation répond ici à un souci de sécurité.
(b) Les asouplissemnts au principe de séparation
L’application rigide de ce principe n’a pas manqué de soulever des critiques ;
ce qui a conduit à lui apporter des assouplissements dans la perspective de la
bonne marche des services administratifs.
Ainsi, on peut relever quatre atténuations au principe de la séparation des
ordonnateurs et des comptables. Elles constituent des exceptions prévues par le
code de comptabilité publique qui permettent aux comptables publics d’exercer
des fonctions habituellement dévolues à l’ordonnateur et vice versa. Il s’agit :
des régies, des dépenses spéciales, des recouvrements au comptant, des
dépenses sans ordonnacement préalable
Les régies
3
Néjib BELAID et Leila CHIKHAOUI, comptabilité public, op.cit, p. 36.
Ces dépenses sont réalisées directement par l’ordonnateur sans passer par le 23
comptable public. Il s’agit notamment de toutes les dépenses des fonds secrets
et dont le montant est limité. Elles sont mises à la disposition de certains
ordonnateurs tels que le ministre de la défense, le ministre des finances, le
ministre de l’intérieur pour faire face à des dépenses d’intérêt public à caractère
secret.
Les recettes au comptant
4
Voir article 95 du code pénal
La réponse est donnée par l’article 136 du CCP : la régularité comptable ne 25
s’attache en principe qu’à la forme de l’acte. Ledit article précise 7 types de
vérifications que le comptable public est tenu d’exercer « sous sa
responsabilité ». Ce dernier ne peut en aucun cas s’immiscer dans le domaine
de l’opportunité ni de se prononcer sur la régularité de fond de l’acte de
l’ordonnateur.
Par ailleurs, les opérations financières sont soumises de manière préalable et
systèmatique au contrôle de régularité.
Cette règle est un principe essentiel du droit budgétaire qui vise à garantir la
sécurité des deniers publics
(a) Le contenu de la règle
La règle du service fait signifie qu’aucun montant ne peut sortir des caisses 27
du trésor public si le service, le travail ou le bien fourni en échange de
paiement n’a pas été préalablement réalisé et sa conformité vérifiée.
En matière de dépenses de personnel, le gestionnaire public doit vérifier que
l’agent a réellement réalisé ses missions préalablement au versement de son
salaire.
En matière de marchés publics de travaux, de prestations ou de fournitures,
le gestionnaire public doit vérifier que lesdits travaux correspondent bien au
cahier de charge ou que les fournitures ont bien été livrées en conformité aux
exigences prévues dans le contrat.
Ce sont de telles raisons qui font que les gestionnaires publics ne peuvent
pas payer d’avances à leurs cocontractants.
Toutefois, l’application stricte de la règle du service fait s’est avérée source
de régidité et de lenteur qui ont justifié l’adoption de certains aménagements.
55
Eric DEVAUX, Finances publiques, collections Lexidroit, Paris, 2002, P.56.
directeurs des établissements publics administratifs (exemple F.D.S.P.T) 29
sont des ordonnateurs principaux de ces établissements. Le président de
l’assemblée des représentants du peuple est l’ordonnateur du budget de cet
organe.
Les ordonnateurs principaux peuvent déléguer une partie de leurs
attributions budgetaires à des fonctionnaires placés sous leur autorité à
savoir : les ordonnateurs secondaires.
Les ordonnateurs secondaires sont chargés en cette qualité d’engager et
de mandater, dans la limite des crédits qui leur sont délégués, des
dépenses rattachées au ministère ou l’organisme concerné, conformément
aux règles posées par les articles 94 à 132 du CCP.
Les opérations de dépenses effectuées par les ordonnateurs secondaires sont
soumises au contrôle et au visa du contrôleur régional des dépenses selon les
mêmes règles qui régissent les dépenses ordonnancées par l’ordonnateur
principal.
A la fin de sa gestion, l’ordonnateur établit un relevé récapitulatif à
l’intention de l’ordonnateur principal.
§2 : Les comptables publics
Les comptables publics sont les agents publics chargés de l’exécution
matérielle des opérations financières et du contrôle de leur régularité, afin
d’assurer le respect du principe de la sécurité des deniers publics.
A- La définition du comptable public
A la différence des ordonnateurs, les comptables publics relèvent pour l’Etat
des différents départements dépensiers. Ils sont de ce fait des fonctionnaires
appartenant au ministère des finances.
Ils sont tous nommés par le ministre des finances et relèvent directement et
exclusivement de son autorité.
L’article 10 du code de la CCP, sans définir le comptable public, énumère
les attributions de ce dernier. Il a pour mission :
- Le recouvrement des recettes ;
- Le paiement des dépenses ;
- La garde et la conservation des fonds, valeurs, produits et matières
appartenant ou confiés à l’Etat, aux établissements publics ainsi qu’aux
collectivités locales ;
- Le contrôle de la régularité des recettes et des dépenses desdits
organismes ;
- Et le contrôle de la régularité de la gestion de leur patrimoine.
Les comptables remplisssent un rôle essentiel en matière de contrôle des 30
finances publiques dans la mesure où ils doivent s’assurer personnellement
que les ordonnateurs ont agi dans le cadre de la régularité financière. Par ce
contrôle a priori ils jouent un rôle préventif des éventuelles irrégularités.
B- La classification des comptables publics
Les comptables publics peuvent être répartis en plusieurs catégories en
fonction des critères adoptés :
Selon le critère de l’organisme pour le compte
duquel les comptables publics agissent, on distingue les comptables de
l’Etat, des comptables des collectivités locales et les comptables des
établissements publics.
Selon le critère de la nature de l’activité qu’ils
exercent, on distingue les comptables en deniers qui manipulent les fonds
et valeurs, les comptables d’ordre qui centralisent les opérations
comptables réalisées par d’autres comptables.
Selon la situation hierarchique, il est possible de
distinguer entre les comptables supérieurs qui ont autorité sur d’autres
comptables (exemple du trésorier régional qui vérifie et centralise les
comptes des receveurs des finances de sa région) et les comptables
subordonnés qui relèvent de l’autorité d’un comptable supérieur.
Selon les rapports avec la cour des comptes, on
distingue les comptables principaux qui rendent directement leurs
comptes à la cour des comptes et les comptables secondaires qui ne
rendent des comptes à la cour des comptes que par l’intermédiaire des
comptables principaux.
A travers ces classifications, le CCP a établi par l’article 176 un véritable
réseau des comptables publics qui matérialisent l’unité de l’ensemble des
opérations financières de l’Etat. Il s’agit :
- du trésorier général
- du payeur général
- des payeurs
- des receveurs des finances
- des trésoriers régionaux
- des comptables des postes diplomatiques et
consulaires
- du garde magasin du timbre
- du comptable central du domaine privé de l’Etat 31
- des receveurs des douanes.
Il convient tout d’abord de souligner que les recettes publiques sont trés
diversifiées : elles se composent à la fois de recettes de l’Etat, des recettes
des collectivités locales et des recettes des établissements publics.
D’une manière générale, les recettes publiques sont constituées de recettes
fiscales qui sont constituées d’impôts, de taxes et de taxes parafiscales. Ils
constituent l’essentiel des recettes ordinaires de l’Etat.
Les recettes non fiscales sont constituées principalement de revenus
pétroliers, des revenus du domaine et des emprunts.
Pour l’ensemble de ces recettes fiscales ou non fiscales, il existe des règles
générales de perception (A) en fonction desquelles sont identifiées les
attributions particulières des comptables publics (B)
C’est la technique qui est appliquée aux impôts les plus importants. Elle
consiste en un décalage entre la créance fiscale et le paiement de l’impôt.
L’impôt n’est pas exigible au moment de la production du fait générateur, mais
au bout de l’écoulement d’un délai plus ou moins long.
Ce décalage d’une année s’explique par le fait que le contribuable réalise son
revenu annuel du 1er janvier au 31 décembre de la même année. Il faut donc
attendre l’écoulement de toute une année pour que soit calculé tous les revenus.
(Année de la production du fait générateur c'est-à-dire de la réalisation du
bénéfice année N/ l’année de l’exigibilité c'est-à-dire du recouvrement c’est
l’année N+1)
Ainsi par exemple le bénéfice réalisé à l’année 2022 (année du fait générateur),
ne donnera lieu à payment de l’impôt sur les sociétés ou de l’impôt sur le revenu
que l’année suivante, l’année 2023 dans notre exemple.
2- Le recouvrement forcé
Le recouvrement forcé désigne tous les moyens et actions mis à la disposition 33
du comptable public pour obtenir le paiement forcé des recettes publiques.
Cette procédure passe tout d’abord par une phase préliminaire, qui vise à mettre
le contribuable face au choix de se décider à payer volontairement l’impôt ou de
s’exposer au risque des poursuites.
B- les
attributions du comptable public en matière de recettes
- A- L’engagement
9
Ce corps a remplacé celui des porteurs de contrainte حاملي بطاقات الجبرpar les articles 71 et suiv. de la loi de
finances du 17 décembre 2002. Ainsi, les obligations et les modalités d’excercice des fonctions des officiers des
services financiers sont fixées par l’arrêté du ministre des finances du 19 février 2003.
dépenses, en accomplissant un acte duquel résultera une dette à la charge de 36
l’Etat
- B- La liquidation
- C- L’ordonnancement