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L’extinction du contrat d’assurance

Droit des assurances

Réalisé par : ENNAKI Hanae


ENNAKI Sanae

Encadré par : Professeur EL MENOUAR


Plan :

Introduction générale

I. Extinction totale des effets du contrat d’assurance

A. Extinction de plein droit

B. Résiliation volontaire

II. Extinction partielle des effets du contrat d’assurance

A. Suspension du contrat d’assurance

B. Déchéance

Conclusion générale

Bibliographie
Introduction générale :

Daniel Webster, grand homme politique et avocat américain du 19e siècle considérait
que : « La fin d'une assurance n'est pas simplement la résiliation d'un contrat, mais aussi la fin
d'une relation de confiance entre l'assuré et l'assureur ».
Cette citation souligne l'importance de la relation personnelle et de confiance qui sous-tend tout
contrat d'assurance. Au-delà de la simple transaction commerciale, la résiliation d'une assurance
représente la rupture d'un lien émotionnel et de coopération entre les parties impliquées. Cette
relation de confiance est construite sur la promesse de protection et d'assistance de l'assureur
en cas de besoin, et sa résiliation peut donc avoir des implications non seulement financières,
mais aussi psychologiques et pratiques. Elle remet en question la stabilité et la fiabilité de cette
relation, incitant à réfléchir aux raisons de sa fin et aux conséquences qui en découlent.
En fin de compte, la résiliation d'une assurance ne marque pas seulement la fin d'un contrat,
mais aussi la fin d'une entente fondée sur la confiance mutuelle, ce qui peut avoir un impact
durable sur les perspectives futures des deux parties.
Analyser l'extinction du contrat d'assurance revient à étudier les mécanismes légaux et
contractuels qui mettent fin à la relation assureur-souscripteur. En effet, le contrat d'assurance
peut prendre fin selon des modalités spécifiques définies par la loi et les termes du contrat. Ces
modalités stipulent que, après le paiement d'une prime, l'assureur s'engage à garantir le
souscripteur en cas de réalisation d'un risque aléatoire prévu au contrat.

L’article premier de la loi 17-99 portant code des assurances définit le contrat
d’assurance comme étant : « La convention passée entre l’assureur et le souscripteur pour la
couverture d’un risque et constatant leurs engagements respectifs. »
En effet, l’Homme peut être atteint, au cours de sa vie, dans son patrimoine à l’occasion de
certains sinistres ou dans sa personne en cas d’accidents ou de décès, donc tout naturellement
l’Homme recherche le moyen de supporter la charge du dommage subi ou de la responsabilité
encourue. Le besoin de sécurité est ressenti plus ou moins par tout individu ; sur la pyramide
de Maslow, il constitue un besoin primaire.
La notion d’assurance est née de cette nécessité et est considérée pour cette raison comme
application spéciale de l’instinct d’association.
Joseph Hémard, professeur spécialisé en droit des assurances à l’université de Paris, a donné à
la notion de l’assurance dans son livre « Théorie et pratique des assurances terrestres » la
définition suivante : « L’assurance est une opération par laquelle une personne, l’assuré, se
fait promettre, moyennant une rémunération (La prime), pour lui ou pour un tiers, en cas de
réalisation d’un risque, une prestation par une autre partie, l’assureur, qui prenant en charge
un ensemble de risques, les compense conformément aux lois de la statistique. »
L’assurance est, par définition, un système qui permet de prémunir un individu, une association
ou une entreprise contre les conséquences financières et économiques liées à la survenance d’un
risque ou événement aléatoire particulier. C’est est un système de gestion des risques basé sur
la notion de solidarité.1

Sur le plan historique, l’assurance est née du commerce maritime au Moyen âge dans le
monde méditerranéen. L’origine en est "prêt à la grosse aventure" qui était un contrat de prêt
maritime. Pour armer leurs bateaux, les marchands s'adressaient à des banquiers qui leur
prêtaient les capitaux nécessaires. Si le bateau faisait naufrage, l’armateur ne remboursait rien
au banquier. Cependant, s'il arrivait à bon port, il remboursait le prêt ainsi qu'une participation
très élevée en compensation du risque encouru. L’intérêt du prêt pouvait atteindre jusqu’à 40%.
Par la suite, apparurent les premières assurances vie, au XVe siècle et surtout XVIe siècle.
L'assurance Incendie fit son apparition en Angleterre un siècle plus tard en 1666 après le grand
incendie qui a détruit des quartiers entiers de la ville de Londres.2
Quant au Maroc, son premier contact avec l’assurance remonte au 19e siècle. En effet,
au courant de ce siècle, les commerçants marocains ont senti le besoin de s’assurer contre les
conséquences des événements de mer subis par le bâtiment maritime contre leurs cargaisons.
La souscription des contrats d’assurances se faisait par l’intermédiaire des sociétés étrangères
qui étaient représentées au Maroc par des agents généraux installées dans les villes maritimes ;
à titre d’exemple, la « Espagnola », la « Centrale » ou la « Réparation ».3
L’introduction au Maroc des procédés modernes d’exploitation en matière industrielle et
commerciale a facilité le développement de l’assurance terrestre au Maroc, de même le
protectorat français a contribué à la création d’un marché d’assurance orienté totalement vers
la population étrangère qui est restée pendant longtemps la seule clientèle potentielle des
entreprises d’assurance au Maroc. En revanche, cela n’a pas suffi à parfaire un marché local de
l’assurance, à l’exception de l’assurance obligatoire du fait de la société marocaine musulmane
qui était en marge de la vie économique moderne.

1
ABDALLAH KHIAL, Le contrat d’assurance, comment déjouer les écueils juridiques et techniques, commission
2
https://fr.scribd.com/document/54998368/Les-Techniques-d-Assurance-II, consulté le 29/03/2023
3
HADRAOUI Mustapha, projet de fin d’étude, le contrat d’assurance et les multinationales au Maroc 2014-
2015
C’est après l’indépendance que l’assurance connut une grande évolution tant au niveau de la
réglementation et du contrôle qu’au niveau de l’organisation du marché. En effet le Maroc s’est
détaché de la législation française et a suivi sa propre législation nationale à l’encontre de la
France qui s’est vue intégrée dans la législation européenne communautaire.
La réglementation du contrat d’assurance au Maroc souffrait depuis un certain temps d’un
éparpillement de textes juridiques avant l’entrée en vigueur de la loi 17-99 portant code des
assurances qui a consacré son livre 1er au contrat d’assurance, reprenant la plupart des
dispositions prévues par l’arrêté Viziriel du 28 novembre 1934 relatif aux contrats
d’assurances qui lui-même inspiré de la loi française du 31 juillet 1930 sur le contrat
d’assurance terrestre.4
Cela étant, il y a lieu de noter que dans le cadre d’un seul contrat d’assurance, plusieurs risques
différents par leur nature ou par leur taux, peuvent être assurés. De même, plusieurs assureurs
peuvent s’engager par une police unique.5

Cependant avant de commencer l’étude sur le contrat d’assurance, il convient de


distinguer les principaux traits caractéristiques de ce contrat, qui peuvent être résumés comme
suit :
● C’est un contrat nommé, prévu et réglementé par la loi 17-99 portant code des assurances
qui prévoit toutes les règles qui s’y appliquent.
● C’est un contrat synallagmatique, il fait naître des obligations réciproques à la charge des
deux parties - assureur et assuré- et l’obligation de chacune d’elles constitue la cause de
l’obligation de l’autre.
● C’est un contrat aléatoire, de sorte que les gains de l’une des parties et les pertes de l’autre
sont impossibles à calculer puisqu’ils dépendent d’un événement incertain, tels que, le cas des
accidents de circulation, des dégâts des eaux, et parfois même d’un évènement certain comme
le cas du décès. Toutefois, dans ce cas l’aléa concerne plutôt la date de survenance du décès qui
est incertaine. En effet le contrat d’assurance est typiquement le contrat aléatoire cité
indirectement dans le Dahir formant Code des Obligations et des Contrats, dans les contrats
de jeux de hasard.

4
KHIAL ABDALLAH, commission juridique, fiscale et sociale, Chambre française de commerce et d’industrie du
Maroc.
5
KHIAL ABDALLAH, commission juridique, fiscale et sociale, Chambre française de commerce et d’industrie du
Maroc.
● C’est un contrat à exécution successive, dont l’exécution s’échelonne pendant toute la durée
de la garantie.
● C’est un contrat d’adhésion, le contrat d’assurance est souvent donné comme un exemple
de contrat d’adhésion par la doctrine et considéré comme tel par les tribunaux. Malgré que le
contrat soit consensuel, il est considéré comme un véritable contrat d’adhésion pour la simple
raison qu’il est entièrement élaboré, rédigé et imprimé par l’assureur.6
● C’est un contrat de bonne foi, dans la mesure où les rapports entre assureur et assuré doivent
être basés sur la confiance et la loyauté. L’entreprise d’assurance ne peut pas matériellement
procéder à la vérification des déclarations de chaque assuré. Mais, la loi 17-99 portant code
des assurances protège suffisamment les assureurs en édictant la nullité du contrat s’il y a
mauvaise foi prouvée de l’assuré dans la déclaration des risques.7
● C’est un contrat à titre onéreux, l’assureur et l’assuré entendent tirer un profit dans
l’opération.

Aujourd’hui le contrat d’assurance est caractérisé par l’existence d’un déséquilibre


contractuel entre les parties au contrat. Le législateur a tenté de remédier à cela en prévoyant
un formalisme particulier. La technicité de la matière explique également pourquoi il obéit à un
corpus de règles particulier en plus des règles générales du droit commun. Le contrat
d’assurance nécessite des règles appropriées à sa nature et à sa destination, c’est là où réside
l’intérêt d’étudier le sujet qui est d’appréhender le cadre légal de son extinction et les motifs
menant à cette dernière.
La question qui convient ainsi de se poser est la suivante : Par quels motifs se manifeste
la fin du contrat d’assurance ?
Afin de répondre à cette problématique, il sera abordé dans un premier temps les causes donnant
lieu à une extinction totale des effets du contrat, en analysant les causes légales impliquant une
extinction de plein droit, et les causes résultant d’une résiliation volontaire. Nous traiterons
ensuite le cas de l’extinction partielle des effets du contrat d’assurance à travers la suspension
de ce dernier et l’hypothèse de la déchéance.

6
HATIMY Farid, Cours droit de l’assurance, FSJES Casablanca, 2017
7
KHIAL Abdallah, cours contrat d’assurance, FSJES Casablanca, 2019
I. Extinction totale des effets du contrat d’assurance :

Dans le cadre complexe du domaine des assurances, l’extinction du contrat d’assurance


revêt une importance capitale tant pour les assureurs que pour les assurés. Cette dernière marque
la fin d’une relation juridique particulière, fondée sur la protection contre un risque et des aléas.
L’extinction d’un contrat, plus spécifiquement du contrat d’assurance, peut se manifester de
différentes manières, notamment par l’effet de la loi ou à l’initiative des parties contractantes.
Ce chapitre tend à la compréhension des mécanismes juridiques et des implications
pratiques des processus de la rupture et à l’exploration de deux modalités d’extinction du
contrat, la première renvoyant les cas où la loi prévoit la cessation automatique du contrat dans
certaines situations spécifiques (A), tandis que la seconde implique une décision délibérée de
l’une des parties ou des deux parties de mettre fin au contrat (B).

A. Extinction de plein droit :

Certains événements, lorsqu’ils se produisent, entraînent l’extinction de plein droit du


contrat d’assurance, même en l’absence de toute manifestation de volonté des parties. L’arrivée
du terme du contrat, parmi tant d’autres raisons fait évidemment partie de ces événements.

La durée du contrat se définit telle que la « durée des engagements réciproques de


l’assureur et de l’assuré dans le cadre du contrat d’assurance »8. Elle est prévue par un arsenal
juridique précis ; à savoir, les articles 6,8 et 12 du code des assurances, l’arrêté n° 2240-04
du 27/12/2004 relatif au contrat d’assurances tel qu’il a été modifié et complété, l’arrêté du
ministre des finances et de la privatisation n° 1053-06 du 26/05/2006 fixant les conditions
générales types des contrats relatifs à l’assurance responsabilité civile automobile, et
l’article 8 du de l’arrêté n° 2003-05 du 17/10/2005 fixant les conditions générales types du
contrat d’assurance travail et maladies professionnelles.
La durée doit être fixée dans la police et être rédigée en caractères très apparents ; à défaut, le
contrat est réputé avoir été souscrit pour une année. L’alinéa 5 de l’article 9, Annexe I, au même
titre que l’alinéa 5 de l’article 8, Annexe II de l’arrêté n° 1053-06 et l’alinéa 3 de l’article 9 de
l’arrêté n° 2003-05 dispose que : « A défaut de cette mention, le souscripteur peut, nonobstant

8
HATIMY Farid, Cours droit de l’assurance, FSJES Casablanca, 2017
toute clause contraire, résilier le contrat sans indemnité chaque année, à la date d’anniversaire
de prise d’effet, moyennant un préavis de trente (30) jours. ».

Outre le motif de la durée, le contrat d’assurance peut faire l’objet d’une cessation
anticipée pour de multiples raisons légales.
Pour commencer, le retrait total ou partiel de l’agrément accordé à l’entreprise d’assurance
constitue une source d’extinction dès le vingtième (20e) jour à midi à compter de la publication
au Bulletin Officiel conformément à l’article 267 du code des assurances9. Ce retrait peut
découler d’un refus de présentation d’un plan de redressement ou d’inexécution de ce plan dans
les délais impartis tel que mentionné au niveau de l’article 258 dudit texte10, une exigence de
l’intérêt général comme le prévoit l’article 265 de code précité11, si une entreprise refuse la
souscription de l’assurance des risques automobiles ou ne respecte pas la législation et
réglementation en vigueur, ou encore si les garanties financières prévues au Titre V du code
des assurances ne sont pas remplies.
Dans ce sens, la faillite, liquidation ou règlement judiciaire de l’assureur entraîne
inéluctablement une rupture définitive du contrat. A cet effet, l’article 268 de la loi 17-99
formant Code des Assurances prévoit que : « Le retrait total de l'agrément emporte
dissolution et liquidation de l'entreprise. ».
Aussi, sur la base de l’article 46 du code mentionné ci-dessus12, la perte de la chose assurée
résultant d’un événement non stipulé dans le contrat d’assurance ou si elle n’est plus exposée

9
Article 267 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « Le 20ème jour à midi, à compter de la publication
au Bulletin officiel de la décision de l’Autorité prononçant le retrait de l'agrément accordé à une entreprise
d’assurances et de réassurance, tous les contrats souscrits par elle cessent de plein droit d'avoir effet et les
primes afférentes à la période courant du jour de la résiliation de plein droit à l'échéance prévue par le contrat
doivent être remboursées aux assurés. »
10
Article 258 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « En cas de refus de présentation d'un plan de
redressement ou d'inexécution, dans les délais impartis, du plan de redressement accepté, l'Autorité peut sans
préjudice des sanctions prévues au titre IX du présent livre : - nommer un administrateur provisoire ; - prononcer
le transfert d'office du portefeuille des contrats en cours et des sinistres; - retirer à cette dernière partiellement
ou totalement son agrément. Ces dispositions sont également applicables en cas de rejet par l’Autorité du plan
de redressement présenté par l’entreprise d’assurances et de réassurance concernée. »
11
Article 265 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « Indépendamment des cas de retrait d'agrément
prévus à l'article 258 ci-dessus, l’Autorité peut retirer partiellement ou totalement l'agrément à une entreprise
d'assurances et de réassurance lorsque : - l'intérêt général l'exige ; - l'entreprise ne fonctionne pas
conformément à la législation et à la réglementation en vigueur ; - l'entreprise refuse la souscription de
l'assurance des risques automobiles prévue à l'article 128 de la présente loi ; - l'entreprise ne remplit pas les
garanties financières prévues au titre V du présent livre. Le retrait total d'agrément opéré à l'initiative d'une
entreprise ne peut intervenir que dans le cadre du transfert total visé à l'article 231 de la présente loi. »
12
Article 46 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « En cas de disparition du risque assuré ou de perte
totale de la chose assurée résultant d'un événement non prévu par le contrat, l'assurance prend fin de plein
droit et l'assureur doit restituer à l'assuré la portion de la prime payée et afférente au temps pour lequel le
risque n'est plus couru. »
au risque, le contrat d’assurance n’a plus lieu d’exister en application du principe de divisibilité
de la prime, en vertu duquel « la prime n’est due que jusqu’à la fin du contrat lorsque celui-ci
est résilié ou prend fin avant son échéance »13. En d’autres termes, si un contrat d’assurance est
résilié avant son terme, l’assuré ne paire que pour la période pendant laquelle il bénéficié de la
couverture.
Enfin, conformément aux articles 3314 et 34 du code des assurances15, la résiliation définitive
du contrat d’assurance peut également émaner de la réquisition de la propriété ou de l’usage de
tout ou partie de la chose assurée. En effet, l’assuré est dans l’obligation d’informer l’assureur
par lettre recommandée dans un délai de trente (30) jours à partir du jour où il en a eu

13
https://www.bonus.ch/Assurance-auto/Divisibilite-prime-assurance-auto-loi-contrat-LCA.aspx, consulté le
21/04/2024
14
Article 33 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « La réquisition de la propriété de tout ou partie
d'une chose entraîne, dans la mesure même de la réquisition, résiliation ou réduction de l’étendue du contrat
d'assurance relatif à cette chose, au jour du transfert de propriété. Toutefois, l'assureur et l'assuré peuvent
convenir de substituer à la résiliation la simple suspension des effets du contrat en vue de le remettre
ultérieurement en vigueur sur des risques similaires. L'assuré doit, par lettre recommandée et dans le délai de
trente (30) jours à partir du jour où il a eu connaissance du transfert de propriété, en aviser l'assureur, en
précisant les biens sur lesquels porte la réquisition. Le cas échéant, il déclare s'il demande la suspension du
contrat au lieu de la résiliation. A défaut de notification dans ce délai, l'assureur aura droit, à titre de
dommages et intérêts, à la fraction de la prime correspondant au temps écoulé entre la réquisition et le jour où
il en aura eu connaissance. En cas de résiliation, l'assureur doit, sous déduction éventuelle desdits dommages et
intérêts, restituer à l'assuré la 12 portion de prime payée d'avance et afférente au temps où le risque n’est plus
couru. En cas de suspension, cette portion de prime est conservée par l'assureur au crédit de l'assuré et porte
intérêt au taux légal. Toutefois, en assurance Takaful, la portion de prime conservée par l’assureur ne porte
aucun intérêt.»
15
Article 34 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « La réquisition de l'usage de tout ou partie d'une
chose entraîne, de plein droit, dans la mesure même de la réquisition, suspension des effets de l'assurance
couvrant les risques relatifs à l'usage de la chose, tant au point de vue du paiement des primes que de la
garantie sans que ni la durée du contrat, ni les droits respectifs des parties quant à cette durée soient modifiés.
La suspension prend effet à la date de prise de possession notifiée au prestataire dans l'ordre de réquisition ou
dans un ordre postérieur; à défaut de notification, elle prend effet à la date établie par l'autorité requérante de
la prise de possession effective, ou si cette preuve n'est pas rapportée, à la date de l'ordre de réquisition.
L'assuré doit, par lettre recommandée et dans le délai de trente (30) jours à partir du jour où il a eu
connaissance de la date de prise de possession, en aviser l'assureur en précisant les biens sur lesquels porte la
réquisition; à défaut de notification dans ce délai, l'assureur aura droit, à titre de dommages et intérêts, à la
fraction de prime correspondant au temps écoulé entre la date de prise de possession et le jour où il en aura eu
connaissance. L'assurance reprendra de plein droit ses effets à partir du jour de la restitution à l'assuré de la
chose réquisitionnée si elle n'a pas antérieurement pris fin pour une cause légale ou conventionnelle; l'assuré
devra, par lettre recommandée, aviser l'assureur de la restitution de la chose dans le délai de trente (30) jours.
La portion de prime payée d'avance au moment de la réquisition, afférente au temps où le risque n'est plus
couru est, sous déduction éventuelle des dommages et intérêts pour retard dans la notification de la réquisition,
conservée provisoirement par l'assureur au crédit de l'assuré durant la suspension. Elle porte intérêt au taux
légal. Si le contrat prend fin au cours de la réquisition, elle sera restituée à l'assuré avec les intérêts. Toutefois,
en assurance Takaful, la portion de prime conservée par l’assureur ou restituée à l’assuré ne porte aucun
intérêt. Si le contrat est remis en vigueur, le compte des parties, pour l'année d'assurances en cours à ce
moment, sera liquidé et le solde en résultant sera immédiatement exigible par l'une ou l'autre partie. Toutefois,
cette portion de prime s'imputera de plein droit sur les sommes dues par l'assuré qui, au cours de la réquisition,
aura fait garantir par l'assureur d'autres risques.»
connaissance. Par la suite, l’assureur doit restituer à l’assuré la portion de prime payée à
l’avance et afférente au temps où le risque n’est plus encouru.

B. Résiliation volontaire :

Autant le contrat d’assurance peut être rompu pour des raisons d’origine légale, il peut, aux
mêmes fins, être résilié à l’initiative de l’assureur, à la volonté de l’assuré, ou
conventionnellement à la fois par l’assuré et l’assureur.

Etant de l’initiative de l’assureur, cette dernière peut être motivée par le non-paiement de la
prime tel qu’il est prévu par l’article 21 du code des assurances 16 ; par ces termes, le
manquement à cette obligation donne lieu à une suspension de la garantie vingt (20) jours après
la mise en demeure de l’assuré pour défaut de paiement d’une prime dans les dix (10) jours de
son échéance. La résiliation définitive se fait dix (10) jours après l’expiration de ce délai avec
notification de l’assuré par lettre recommandée.
De plus, une réticence ou une fausse déclaration entraîne le même effet dans le cas où elle
changerait l’objet du risque ou en diminuerait l’opinion pour l’assureur, que le risque ait ou pas
une influence sur le sinistre. Dans cette hypothèse, les primes payées ne sont pas remboursées
et celles échues sont perçues en guise de dommages et intérêts. L’article 30 de la loi 17-99
affirme cette cause de résiliation tel qu’il suit : « Indépendamment des causes ordinaires de
nullité, et sous réserve des dispositions de l'article 94 ci-dessous, le contrat d'assurance est nul
en cas de réticence ou de fausse déclaration intentionnelle de la part de l'assuré quand cette
réticence ou cette fausse déclaration change l'objet du risque ou en diminue l'opinion pour

16
Article 21 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « Sauf clause contraire spécifiée au contrat, la prime
est payable au domicile de l'assureur ou du mandataire désigné par lui à cet effet. A défaut de paiement d'une
prime ou d'une fraction de prime dans les dix (10) jours de son échéance et indépendamment du droit pour
l'assureur de poursuivre l'exécution du contrat en justice, celui-ci peut suspendre la garantie vingt (20) jours
après la mise en demeure de l'assuré. Au cas où la prime annuelle a été fractionnée, la suspension de la
garantie intervenue en cas de non-paiement de l'une des fractions de prime, produit ses effets jusqu'à
l'expiration de la période restante de l'année d'assurance. La prime ou fraction de prime est, dans tous les cas,
portable après la mise en demeure de l'assuré. L'assureur a le droit de résilier le contrat dix (10) jours après
l'expiration du délai de vingt (20) jours mentionné ci-dessus. Le contrat non résilié reprend pour l'avenir ses
effets à midi du lendemain du jour où ont été payés à l'assureur ou au mandataire désigné par lui la prime
arriérée, ou en cas de fractionnement de la prime annuelle, les fractions de prime ayant fait l'objet de la mise en
demeure et celles venues à échéance pendant la période de suspension ainsi que, éventuellement, les frais de
poursuite et de recouvrement. Lorsque la mise en demeure est adressée en dehors du Maroc, le délai de vingt
(20) jours mentionné au deuxième alinéa est doublé. Toute clause réduisant les délais fixés par les dispositions
précédentes ou dispensant l'assureur de la mise en demeure est réputée non écrite. Les dispositions des alinéas
2 à 6 du présent article ne sont pas applicables aux assurances sur la vie.»
l'assureur, alors même que le risque omis ou dénaturé par l'assuré a été sans influence sur le
sinistre. Les primes payées demeurent alors acquises à l'assureur qui a droit au paiement de
toutes les primes échues à titre de dommages et intérêts. Les dispositions du deuxième alinéa
du présent article ne sont pas applicables aux assurances sur la vie. »
Finalement, la résiliation peut résulter par une aggravation du risque se manifestant par deux
cas de figure distincts ; d’un côté l’aggravation du risque par l’assuré lui-même, et d’un autre ;
l’aggravation sans son fait, qui fait courir un délai de huit (8) jours pour en informer l’assureur
par lettre recommandée. En application de l’article 24 du code des assurances17, la résiliation
prend effet le dixième (10e) jour de la notification de l’avis de la résiliation, et donc du
remboursement de la partie de la prime pour la durée pendant laquelle le risque n’est pas
encouru. La rupture peut, sur la même base, être occasionnée par un refus ou une absence de
réponse de l’assuré vis-à-vis d’un nouveau taux de prime dans un délai de trente (30) jours, à
conditions d’en avoir informé l’assuré.

En ce qui concerne la rupture du contrat d’assurance du fait de la volonté de l’assuré,


elle n’est effective qu’en cas de non-réduction du taux de la prime suite à la disparition des
circonstances aggravantes. En effet, l’assuré peut valablement résilier le contrat dans le cas où
l’assureur n’y consent pas dans un délai de vingt (20) jours à partir de la demande de l’assuré
par le biais d’une lettre recommandée, conformément à l’article 25 dudit code18.

17
Article 24 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « Quand, par son fait, l'assuré aggrave les risques de
telle façon que si le nouvel état de choses avait existé lors de la souscription du contrat, l'assureur n'aurait pas
contracté ou ne l'aurait fait que moyennant une prime plus élevée, l'assuré doit en faire préalablement la
déclaration à l'assureur par lettre recommandée. Quand les risques sont aggravés, sans le fait de l'assuré, celui-
ci doit en faire la déclaration à l'assureur par lettre recommandée dans un délai de huit (8) jours à partir du
moment où il en a eu connaissance. Dans l'un et l'autre cas, l'assureur a la faculté soit de résilier le contrat, soit
de proposer un nouveau taux de prime. Si l'assureur opte pour la résiliation, celle-ci prend effet le 10e jour de la
notification de l'avis de résiliation par lettre recommandée et l'assureur doit alors rembourser à l'assuré la
portion de prime ou de cotisation afférente à la période pendant laquelle le risque n'a pas couru. Si l'assuré ne
donne pas de suite à la proposition de l'assureur ou s'il refuse expressément le nouveau taux dans le délai de
trente (30) jours à compter de la notification de la proposition, l'assureur peut résilier le contrat au terme de ce
délai, à condition d'avoir informé l'assuré de cette faculté, en la faisant figurer en caractères apparents dans la
lettre de proposition. Toutefois, l'assureur ne peut plus se prévaloir de l'aggravation des risques quand, après en
avoir été informé de quelque manière que ce soit, il a manifesté son consentement au maintien de l'assurance,
spécialement en continuant à recevoir les primes ou en payant après un sinistre une indemnité. »
18
Article 25 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « Si, pour la fixation de la prime, il a été tenu compte
de circonstances spéciales, mentionnées dans la police, aggravant les risques et si ces circonstances viennent à
disparaître au cours de l'assurance, l'assuré a droit, nonobstant toute convention contraire, à une diminution du
montant de la prime. Si l'assureur n'y consent pas dans un délai de vingt (20) jours à compter de la demande de
l'assuré faite par déclaration contre récépissé ou par lettre recommandée, celui-ci peut résilier le contrat. La
résiliation prend alors effet à l'expiration du délai précité et l'assureur doit rembourser à l'assuré la portion de
prime ou cotisation afférente à la période pendant laquelle le risque n'a pas couru. »
Enfin, dans le cadre de la résiliation conventionnelle, l’assuré et l’assureur peuvent, dans
un premier temps, d’accord mutuel, convenir de l’extinction de leurs obligations réciproques
en cas de survenance d’un sinistre et en présence d’une clause qui le stipule expressément. Cette
clause, en vertu de l’article 26 du code ci-dessus19, ne prend effet qu’après l’écoulement d’un
délai de trente (30) jours suivant la notification par l’assuré de la survenance du sinistre, ce
dernier dispose également, le cas échéant, de la possibilité de résilier tous les autres contrats
d’assurance souscrits avec ce même assurance. Dans l’hypothèse où l’assureur dépasserait ce
délai, il n’aura plus vocation à se prévaloir de cette clause.
Aussi, l’article 29 de la loi 17-99 prévoit que : « Par dérogation aux dispositions de l'article 28
ci-dessus, en cas d'aliénation d'un véhicule terrestre à moteur non lié à une voie ferrée ou de
ses remorques ou semi-remorques, et seulement en ce qui concerne le véhicule aliéné, le contrat
d'assurance est résilié de plein droit à la date d'immatriculation du véhicule au nom du nouveau
propriétaire et s'il s'agit d'un véhicule non soumis à immatriculation, la résiliation prend effet
huit (8) jours après le jour de la cession. Dans ce cas, l'assureur doit rembourser à l'assuré la
portion de prime ou cotisation afférente à la période pendant laquelle le risque n'a pas couru.
L'assuré et l'assureur peuvent convenir par avenant, avant la vente du véhicule, du transfert de
la garantie sur un autre véhicule appartenant à l'assuré. L'assurance demeure en vigueur pour
les autres véhicules garantis par le contrat et restés en possession de l'assuré. ». Il ressort de
cet article que l’aliénation de la chose assurée, et plus précisément des véhicules terrestres à
moteur, la résiliation se fait de plein droit à la date d’immatriculation de ce dernier au nom du
nouveau propriétaire.
Dans la même optique, malgré qu’une continuation du contrat demeure de fait au profit de
l’héritier, ce dernier dispose parallèlement d’une possibilité de demander la résiliation du
contrat d’assurance en cas de décès de l’assuré dans délai de quatre-vingt-dix (90) jours à

19
Article 26 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « Dans les cas où le contrat prévoit pour l'assureur la
faculté de résiliation après sinistre, cette résiliation ne peut prendre effet que dans le délai de trente (30) jours à
dater de la réception de la notification par l'assuré. L'assureur qui, passé un délai de trente (30) jours après qu'il
a eu connaissance du sinistre, a accepté le paiement de la prime ou cotisation ou de la fraction de prime ou
cotisation venue à échéance après le sinistre, ne peut plus se prévaloir de ce sinistre pour résilier le contrat. Par
dérogation aux dispositions ci-dessus, en matière d'assurance de responsabilité civile automobile visée à l'article
120 ci-dessous, l'assureur ne peut se prévaloir des dispositions de l'alinéa ci-dessus. Dans le cas prévu au
premier alinéa, le contrat doit reconnaître à l'assuré le droit, dans un délai de trente (30) jours après la prise
d'effet de la résiliation du contrat ayant enregistré un sinistre, de résilier les autres contrats d'assurance qu'il
peut avoir souscrit avec l'assureur. Cette résiliation prend effet trente (30) jours à dater de la réception de la
notification à l'assureur de la résiliation par l'assuré des autres contrats. La faculté de résiliation ouverte à
l'assureur et à l'assuré par le présent article comporte restitution, par l'assureur, des portions de primes ou
cotisations afférentes à la période pour laquelle les risques ne sont plus garantis.»
compter du jour où il y a transfert du bénéficiaire du contrat d’assurance, comme le mentionne
l’article 28 de la loi précitée20.
Pour finir, le changement de la situation de l’assuré se rapportant à son domicile, sa profession
ou encore la liquidation de ses biens fait courir un délai de quatre-vingt-dix (90) jours pour
pouvoir résilier le contrat à partir de la date de déconfiture (« situation dans laquelle se trouve
un débiteur insolvable, commerçant ou non, pendant la période qui a précède l’ouverture d’une
procédure collective », le cas échéant21) ou de l’ouverture de la liquidation judiciaire aux termes
de l’article 27 du code des assurances22.

En guise de récapitulatif, le contrat d'assurance peut prendre fin de deux manières


principales, d’abord par extinction de plein droit ou aussi par résiliation volontaire.
L'extinction de plein droit survient automatiquement en cas d'événements spécifiques ; à titre
d’exemple, l'arrivée du terme du contrat ou le retrait de l'agrément de l'assureur.
La résiliation volontaire peut, pour sa part, être déclenchée par l'assureur ou l'assuré pour
diverses raisons, telles que le non-paiement de la prime, une réticence ou une fausse déclaration
de l'assuré, ou une aggravation du risque. Dans certains cas, la résiliation peut être automatique,
comme en cas d'aliénation de la chose assurée ou de décès de l'assuré.

20
Article 28 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « En cas de décès de l'assuré ou d'aliénation de la
chose assurée, l'assurance continue de plein droit au profit de l'héritier ou de l'acquéreur, à charge pour celui-ci
d'exécuter toutes les obligations dont l'assuré était tenu vis-à-vis de l'assureur en vertu du contrat. Il est loisible,
toutefois, soit à l'assureur soit à l'héritier ou à l'acquéreur, de résilier le contrat. L'assureur pourra résilier le
contrat dans un délai de quatre-vingt-dix (90) jours à partir du jour où l'attributaire définitif des objets assurés
aura demandé le transfert du contrat en son nom. Les dispositions du 2ème alinéa du présent article ne sont pas
applicables aux assurances contre la grêle et la mortalité du bétail. En cas d'aliénation de la chose assurée, celui
qui aliène reste tenu vis-à-vis de l'assureur au paiement des primes échues, mais il est libéré, même comme
garant des primes à échoir, à partir du moment où il a informé l'assureur de l'aliénation par lettre
recommandée. Lorsqu'il y a plusieurs héritiers ou plusieurs acquéreurs, si l'assurance continue, ils sont tenus
solidairement du paiement des primes. Est nulle toute clause par laquelle est stipulée au profit de l'assureur, à
titre de dommages et intérêts, une somme excédant le montant de la prime d'une année dans l'hypothèse du
décès de l'assuré ou d'aliénation de la chose assurée si l'héritier ou l'acquéreur opte pour la résiliation du
contrat.»
21
https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/deconfiture.php, consulté le 20/04/2024
22
Article 27 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « En cas de déconfiture ou de liquidation judiciaire
de l'assuré, l'assurance subsiste au profit de la masse des créanciers qui devient débitrice envers l'assureur du
montant des primes à échoir à partir de la déconfiture ou de l'ouverture de la liquidation judiciaire. La masse
des créanciers et l'assureur conservent, néanmoins, le droit de résilier le contrat pendant un délai de quatre-
vingt-dix (90) jours à partir de la date de la déconfiture ou de l'ouverture de la liquidation judiciaire ; la portion
de prime afférente au temps pendant lequel l'assureur ne couvre plus le risque sera restituée à la masse des
créanciers. En cas de liquidation judiciaire de l'assureur, le contrat prend fin trente (30) jours après la
déclaration de la liquidation judiciaire, sous réserve des dispositions de l'article 96 ci-dessous. L'assuré peut
réclamer le remboursement de la prime payée pour le temps où l'assurance ne court plus. »
Au-delà de l’ensemble de ces motifs, certains peuvent, lorsqu’ils surviennent, entraîner
une extinction partielle ou temporaire des effets produits par le contrat d’assurance, et
uniquement ajourner et mettre en attente les obligations réciproques qui en découlent.
II. Extinction partielle des effets du contrat d’assurance :

L’extinction totale et régulière d’un contrat d’assurance se distingue solennellement de


l’extinction partielle, dans la mesure où elle entraîne une rupture du contrat à titre définitif, et
intrinsèquement une extinction des obligations corrélatives réciproques23. En revanche, une
exception s’avère dans le cas où la rupture ne s’opère pas incontestablement et de manière
permanente.
Lorsque la dynamique du contrat des assurances est abordée, il est essentiel de considérer les
mécanismes pouvant conduire à une extinction partielle de cette convention.
Ce chapitre vise à examiner les deux concepts clés d’une rupture provisoire du contrat,
en analysant les conditions et les conséquences pour les parties impliquées. D’abord, la
suspension du contrat intervenant à l’occasion d’une situation particulière qui entraînerait la
mise en pause temporaire des obligations contractuelles de l’assureur et de l’assuré, sans pour
autant mettre fin définitivement au contrat (A). A l’inverse, la déchéance représente une forme
d’extinction partielle plus radicale issue du non-respect par l’une des parties de certaines
obligations contractuelles, et pouvant mener à la perte totale ou partielle de droits prévus par le
contrat (B).
L’examen de ces concepts permettra alors d’éclairer les subtilités juridiques et les implications
pratiques de la suspension et de la déchéance dans le contexte de l’assurance.

A. Suspension du contrat d’assurance :

La suspension du contrat d’assurance est un mécanisme juridique de mise en arrêt


temporaire du contrat d’assurance qui suppose la suspension de l’ensemble, ou de certains de
ses effets. Elle peut être mise en œuvre par l’assureur, à titre de sanction en cas de non-paiement
de la prime ; dans ce cas, on peut parler de suspension malgré que l’assuré demeure tenu du
paiement de la prime.
Par ailleurs, la suspension peut porter sur le contrat dans sa globalité, cela implique qu’elle met
provisoirement en sommeil le contrat et éteint temporairement tous ses effets. Toutefois, dans
ce cas, il ne peut s’agir que d’une suspension conventionnelle faisant l’objet d’une clause
spécifiée au niveau de la police24, étant donné que le principe de la liberté des parties leur donne

23
HATIMY Farid, Cours droit de l’assurance, FSJES Casablanca, 2017
24
KHIAL Abdallah, cours contrat d’assurance, FSJES Casablanca, 2019
la possibilité de convenir d’un commun accord, par une clause explicite au sein du contrat ou
par un avenant, de la possibilité de suspendre les effets du contrats pendant une durée
déterminée.

La suspension du contrat peut également résulter d’une disposition légale impérative. A


cet effet, l’article 74 du code des assurances dispose que : « La réquisition de l’usage de tout
ou partie d’une chose entraîne, de plein droit, dans la mesure même de la réquisition,
suspension des effets de l’assurance couvrant les risques relatifs à l’usage de la chose, tant au
point de vue du paiement des primes que de la garantie sans que ni la durée du contrat, ni les
droits respectifs des quant à cette durée soient modifiés. ». Bien qu’en principe la réquisition
de la chose assurée entraîne de plein droit la résiliation du contrat d’assurance, l’assuré peut
exceptionnellement demander à son assureur de substituer à la résiliation la simple suspension
des effets de la garantie en cas de réquisition temporaire.25

Pareillement, l’article 21 de ce code26 prévoit que la suspension de la garantie peut avoir


lieu en cas de défaut de prime ou de fraction de prime dans les dix (10) jours de son échéance.
Ici, la suspension n’équivaut pas à la résiliation du contrat mais à une simple « pause ». La
chose, ou la personne concernée ne seront donc plus assurées jusqu’au règlement des primes
dues. La durée de la suspension est limitée à vingt (20) jours uniquement à partir de la mise en
demeure de l’assuré. Une fois le paiement effectué, le contrat recommence à produire ses effets
dès le lendemain à midi.
La suspension est aussi envisageable en cas de réquisition de la chose assurée à travers un
commun accord entre l’assuré et l’assureur ; l’assureur disposera alors d’un délai de trente (30)

25
ALAMI MACHICHI Mohammed Drissi, droit commercial instrumental au Maroc, Rabat Dar Al Kalam 2011
26
Article 21 de la loi 17-99 formant Code des assurances : « Sauf clause contraire spécifiée au contrat, la prime
est payable au domicile de l'assureur ou du mandataire désigné par lui à cet effet. A défaut de paiement d'une
prime ou d'une fraction de prime dans les dix (10) jours de son échéance et indépendamment du droit pour
l'assureur de poursuivre l'exécution du contrat en justice, celui-ci peut suspendre la garantie vingt (20) jours
après la mise en demeure de l'assuré. Au cas où la prime annuelle a été fractionnée, la suspension de la
garantie intervenue en cas de non-paiement de l'une des fractions de prime, produit ses effets jusqu'à
l'expiration de la période restante de l'année d'assurance. La prime ou fraction de prime est, dans tous les cas,
portable après la mise en demeure de l'assuré. L'assureur a le droit de résilier le contrat dix (10) jours après
l'expiration du délai de vingt (20) jours mentionné ci-dessus. Le contrat non résilié reprend pour l'avenir ses
effets à midi du lendemain du jour où ont été payés à l'assureur ou au mandataire désigné par lui la prime
arriérée, ou en cas de fractionnement de la prime annuelle, les fractions de prime ayant fait l'objet de la mise en
demeure et celles venues à échéance pendant la période de suspension ainsi que, éventuellement, les frais de
poursuite et de recouvrement. Lorsque la mise en demeure est adressée en dehors du Maroc, le délai de vingt
(20) jours mentionné au deuxième alinéa est doublé. Toute clause réduisant les délais fixés par les dispositions
précédentes ou dispensant l'assureur de la mise en demeure est réputée non écrite. Les dispositions des alinéas
2 à 6 du présent article ne sont pas applicables aux assurances sur la vie. »
jours dès qu’il a eu connaissance du transfert de propriété pour en aviser l’assureur,
conformément à l’article 33 dudit code27.
Dans cette hypothèse, la suspension, contrairement à la résiliation, n’a pas pour effet le
remboursement ou la restitution de la prime payée d’avance, puisque le contrat n’est pas éteint
à proprement parler : l’assureur conserve alors la prime.

B. Déchéance :

La déchéance se définit par l’Article Premier du Code des Assurances telle que la « perte
du droit à indemnité au titre d’un sinistre suite au non-respect par l’assuré de l’un de ses
engagements, sans que cela n’entraîne la nullité du contrat. »
Ce concept représente ainsi une sanction qui a pour effet de priver l’assuré d’une indemnité
qu’il était en droit d’attendre de son assureur, en cas de faute contractuelle ou de violation d’une
prescription légale de sa part.
L’extinction de ce droit laisse subsister les autres effets du contrat. Elle se différencie
par conséquent de la nullité qui elle, anéantit tous les effets du contrat, de la suspension, qui
gèle les effets du contrat pendant une période déterminée, et la non-assurance qui suppose que
le risque n’a jamais été pris en charge par l’assureur28. La nullité, tout comme la non-assurance
sont opposables aux tiers ; en revanche, la déchéance leur est inopposable29.
De ce fait, la déchéance frappe de nombreuses situations nonobstant la limitation légale de son
domaine. Elle peut se fonder sur des dispositions légales, mais également des clauses
contractuelles.

27
Article 33 de la loi 17-99 formant Code des Assurances : « La réquisition de la propriété de tout ou partie
d'une chose entraîne, dans la mesure même de la réquisition, résiliation ou réduction de l'étendue du contrat
d'assurance relatif à cette chose, au jour du transfert de propriété. Toutefois, l'assureur et l'assuré peuvent
convenir de substituer à la résiliation la simple suspension des effets du contrat en vue de le remettre
ultérieurement en vigueur sur des risques similaires. L'assuré doit, par lettre recommandée et dans le délai de
trente (30) jours à partir du jour où il a eu connaissance du transfert de propriété, en aviser l'assureur, en
précisant les biens sur lesquels porte la réquisition. Le cas échéant, il déclare s'il demande la suspension du
contrat au lieu de la résiliation. A défaut de notification dans ce délai, l'assureur aura droit, à titre de
dommages et intérêts, à la fraction de la prime correspondant au temps écoulé entre la réquisition et le jour où
il en aura eu connaissance. En cas de résiliation, l'assureur doit, sous déduction éventuelle desdits dommages et
intérêts, restituer à l'assuré la portion de prime payée d'avance et afférente au temps où le risque n'est plus
couru. En cas de suspension, cette portion de prime est conservée par l'assureur au crédit de l'assuré et porte
intérêt au taux légal. »
28
HATIMY Farid, Cours droit de l’assurance, FSJES Casablanca, 2017
29
KHIAL Abdallah, cours contrat d’assurance, FSJES Casablanca, 2019
Par ces termes, dans le cadre de l’assurance, la déchéance de garantie est une sanction prise par
l’assureur à l’encontre d’un assuré, le privant de son droit à l’indemnisation ou l’invitant à
rembourser une indemnité réglée par l’assureur.30

Cette sanction est appliquée en cas de non-respect des obligations de l’assuré prévues
au contrat, notamment :
- Le paiement de la prime ou cotisation dans les délais convenus
- Une déclaration exacte et précisé par l’assuré à l’assureur ; à savoir, dans le formulaire
de déclaration du risque par lequel l’assureur l’interroge lors de la conclusion du contrat,
sur les circonstances qui sont de nature à faire apprécier par l’assureur les risques qu’il
prend en charge
- La déclaration, en cours de contrat, des circonstances nouvelles qui ont pour
conséquence, soit d’aggraver les risques, soit d’en créer de nouveaux et rendent, de ce
fait, inexactes ou caduques les réponses faites à l’assureur
- De donner avis à l’assureur, dès qu’il en a eu connaissance et au plus tard dans le délai
fixé par le contrat valablement formé ou prévu par la loi, de tout sinistre de nature à
entraîner la garantie de l’assureur

En d’autres termes, la déchéance de garantie est une forme de sanction que les compagnies
d’assurance peuvent appliquer à l’encontre de leurs assurés lorsque ceux-ci ne respectent pas
une ou plusieurs des obligations prévues dans le contrat d’assurance ; laquelle, « paralyse la
prise en charge du sinistre ».31

En somme, l’essentiel est que la suspension du contrat d’assurance intervient


temporairement suite à des événements spécifiques, tels que le non-paiement de la prime ou la
réquisition de la chose assurée. Elle peut indéniablement être déclenchée par l’assureur ou
résulter d’une disposition légale. Cependant, la déchéance, pour sa part, est synonyme d’une
sanction appliquée en cas de non-respect des obligations de l’assuré, le privant de son droit à
indemnité sans pour autant annuler le contrat. Cela peut se produire en cas de défaut de paiement
ou de fausse déclaration.

30
https://www.wedou.fr/definitions/decheancedegarantie#:~:text=%C3%A0%20cette%20situation%20
%3F,Qu'est%2Dce%20que%20la%20d%C3%A9ch%C3%A9ance%20de%20garantie%20en%20assu
rance,indemnit%C3%A9%20r%C3%A9gl%C3%A9e%20par%20l'assureur, consulté le 19/04/2024
31
HATIMY Farid, Cours droit de l’assurance, FSJES Casablanca, 2017
Conclusion générale :
En résumé, l'analyse approfondie de l'extinction du contrat d'assurance met en lumière
la diversité des mécanismes juridiques qui régissent cette phase cruciale de la relation entre
l'assuré et l'assureur. De la suspension temporaire des effets du contrat à la déchéance en passant
par d'autres motifs légaux ou contractuels, chaque dispositif vise à assurer un équilibre entre les
droits et les obligations des parties contractantes. Ces mécanismes, encadrés par des
dispositions légales précises et parfois complétés par des clauses spécifiques dans les contrats,
visent à garantir la stabilité et l'efficacité du système d'assurance.

Cependant, dans un contexte en constante évolution, marqué par l'émergence de


nouveaux risques, de nouvelles technologies et de nouveaux enjeux sociétaux, il est nécessaire
de rester vigilant et adaptable.
Les évolutions législatives et jurisprudentielles doivent être suivies de près pour s'assurer que
le cadre réglementaire reste en phase avec les besoins actuels et futurs des assurés et des
assureurs.

Dans cette optique, une ouverture vers des perspectives d'innovation législative et
technologique est essentielle. Des réformes visant à moderniser et à simplifier les procédures
liées à l'extinction des contrats d'assurance pourraient contribuer à renforcer la confiance des
consommateurs dans le système d'assurance.
De plus, l'intégration de nouvelles technologies telles que la blockchain ou l'intelligence
artificielle pourrait permettre d'améliorer la transparence, l'efficacité et la sécurité des
transactions dans le domaine de l'assurance.

En conclusion, l'extinction du contrat d'assurance représente un aspect primordial de la


relation entre l'assuré et l'assureur, et sa gestion efficace revêt une importance capitale pour
garantir la protection des assurés et la stabilité du marché de l'assurance.
En restant ouvert aux changements et en adoptant une approche proactive, il est possible de
façonner un avenir où les contrats d'assurance répondent de manière toujours plus précise aux
besoins et aux attentes des parties prenantes.
Bibliographie :

Normes juridiques :
Loi 17-99 formant Code des Assurances

Thèses et mémoires :
HADRAOUI Mustapha, le contrat d’assurance et les multinationales au Maroc, 2014-2015

Cours :
HATIMY Farid, Cours droit de l’assurance, FSJES Casablanca, 2017
KHIAL Abdallah, cours contrat d’assurance, FSJES Casablanca, 2019

Ouvrages généraux :
KHIAL Abdallah, commission juridique, fiscale et sociale, Chambre française de commerce
et d’industrie du Maroc.
ALAMI MACHICHI Mohammed Drissi, droit commercial instrumental au Maroc, Rabat Dar
Al Kalam 2011

Ouvrage spécifique :
KHIAL Abdallah, Le contrat d’assurance, comment déjouer les écueils juridiques et
techniques, commission

Webographie :
https://fr.scribd.com/document/54998368/Les-Techniques-d-Assurance-II, consulté le
29/03/2023
https://www.wedou.fr/definitions/decheancedegarantie#:~:text=%C3%A0%20cette%20situati
on%20%3F,Qu'est%2Dce%20que%20la%20d%C3%A9ch%C3%A9ance%20de%20garantie
%20en%20assurance,indemnit%C3%A9%20r%C3%A9gl%C3%A9e%20par%20l'assureur,
consulté le 19/04/2024
https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/deconfiture.php, consulté le 20/04/2024
https://www.bonus.ch/Assurance-auto/Divisibilite-prime-assurance-auto-loi-contrat-
LCA.aspx, consulté le 21/04/2024

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