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Analyse Financière Des Collectivités Locales Et Incertitude - Alain GUENGANT
Analyse Financière Des Collectivités Locales Et Incertitude - Alain GUENGANT
Résumé
L'intérêt croissant manifesté par les collectivités locales pour les techniques d'analyse financière ne doit pas occulter les
nombreux problèmes méthodologiques non résolus. Ni le diagnostic de solvabilité, ni la prévision budgétaire, ni le traitement de
l'incertitude ne reposent encore sur des méthodes d'analyse solidement étayées et reconnues par tous. Des
approfondissements apparaissent donc nécessaires pour doter les administrations territoriales d'outils véritablement
performants de gestion anticipée des risques financiers mais aussi fiscaux.
Guengant Alain. Analyse financière des collectivités locales et incertitude. In: Politiques et management public, vol. 13, n° 3,
1995. La gestion des collectivités locales et régionales face à l'incertitude - Actes du septième colloque international organisé
en collaboration avec l'Ecole Nationale d'Administration Publique - ENAP - du Québec - Montréal - 3/4 novembre 1994 - Tome
1 - Gérer dans l'incertain : mutations du cadre institutionnel et nouveaux outils. pp. 123-139;
doi : https://doi.org/10.3406/pomap.1995.2063
https://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1995_num_13_3_2063
Alain GUENGANT
Résumé L'intérêt croissant manifesté par les collectivités locales pour les techniques
d'analyse financière ne doit pas occulter les nombreux problèmes
méthodologiques non résolus. Ni le diagnostic de solvabilité, ni la prévision
budgétaire, ni le traitement de l'incertitude ne reposent encore sur des
méthodes d'analyse solidement étayées et reconnues par tous. Des
approfondissements apparaissent donc nécessaires pour doter les
administrations territoriales d'outils véritablement performants de gestion
anticipée des risques financiers mais aussi fiscaux.
Désormais, l'égalité annuelle des recettes, après inscription des crédits, et des
dépenses, après comptabilisation des remboursements et des frais financiers,
caractérise un simple équilibre comptable et non un véritable équilibre
financier. Les transferts monétaires inter-temporels liés à l'endettement
enchaînent en effet les budgets annuels les uns aux autres, via le service de
la dette. De ce fait, l'équilibre budgétaire, de statique en l'absence d'emprunts,
devient désormais dynamique, donc pluriannuel.
[1] EBt>RKt
Schéma 1
Présentation comptable du budget
Section d'investissement
dépenses recettes
TKR
IB E
TKV / AUTO EB
RK
SD
FF
£B
FP
Cl
TFV
dépenses recettes
section de fonctionnement
Siales
.„ RK^, VA(SD,,SDH,...SD,.)
EB, VA(CAFB,,CAFB,t,...CAFB,tn)
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[3]
EBt
Schéma 2
Dynamique budgétaire locale
ressources de fonctionnement
.impôts
. doutions
produits d'exploitation
.
patrimoine
public
local
dépenses de fonctionnement
.charges récurrentes d'exploitation
.transferts
En revanche, un risque non négligeable de collecte pèse sur les impôts liés à
la conjoncture économique, à l'instar de la taxe professionnelle (avec un
décalage de deux ans) ou encore des droits de mutation (sans décalage). En
outre, l'étroitesse des territoires expose plus particulièrement les communes
aux risques de fermeture ou de délocalisation des entreprises. Mais surtout
l'incertitude des retours sur investissement peut entraîner une divergence
durable des trajectoires d'évolution des charges et des ressources.
L'accumulation du patrimoine, donc l'expansion des services collectifs, ne
s'accompagne pas mécaniquement d'une croissance corrélative des bases
d'imposition. Une commune peut ainsi engager un ambitieux programme
d'équipement et d'aménagement sans réussir nécessairement à attirer de
nouveaux habitants ou de nouvelles entreprises. Les dépenses s'alourdissent
alors sans élargissement corrélatif de l'assise taxable. Un relèvement de la
pression fiscale devient dans ces conditions inévitable, mais avec le risque de
rendre encore moins attractif le territoire, ou de mécontenter les électeurs.
L'incertitude des retours sur investissement augmente avec l'intensité de la
concurrence fiscale entre communes.
Encadré 1
Prévision des bases de taxe professionnelle
Exemple d'un modèle économétrique
Bases brutes de taxe professionnelle : après correction de la part des salaires de 1980 à 1982
(législation actuelle)
Bases nettes de taxe professionnelle : après abattement de 16 % des bases de 1980 à 1986
(législation actuelle)
(*) Prévision
Commune A : + 200 000 habitants ; Commune B : 10 000 à 15 000 habitants ; Commune C :
3 500 à 5 000 habitants ; Commune D : 2 000 à 3 500 habitants
Analyse financière des collectivités locales et incertitude 135
Sources :
. Produit intérieur brut marchand en valeur : INSEE - Comptes de la Nation
. Bases brutes nationales de taxe professionnelle : DGI - état 1389 M (ensemble du territoire
national)
. Bases nettes locales de taxe professionnelle : direction départementale des impôts.
Unités :
. Produit intérieur brut marchand : en milliards de francs courants
. Bases brutes nationales de taxe professionnelle : en milliard de francs courants
. Bases nettes locales de taxe professionnelle : en millions de francs courants.
. équation nationale
. équations locales
Commune
A B C D
Coefficient estimé b-| (élasticités 0,8942 2,8612 1,0316 0,6211
des bases nettes locales aux bases
brutes nationales)
Erreur type d'estimation 0,0023 0,1065 0,0894 0,0765
T de Student 39,02 26,86 11,53 8,12
Constante bg 0,6109 -5,4652 -1,8182 -0,2142
Erreur type d'estimation 0,0093 0,0432 0,0366 0,03101
T de Student 66,77 -126,62 -50,14 -6,91
Nombre d'observations 11 11 11 11
Coefficient de détermination 0,9941 0,9877 0,9366 0,8798
Une stratégie de diversification plus efficace des bases taxables repose sur la
coopération fiscale intercommunale. Les localités peuvent en effet s'associer
pour gérer conjointement la taxe professionnelle. L'élargissement de la
circonscription de l'impôt entraîne mécaniquement une diversification
territoriale du portefeuille de bases taxables. La taxe professionnelle
d'agglomération propose actuellement la solution institutionnelle la plus
achevée de mutualisation des risques fiscaux locaux. La stratégie de
coopération fiscale comporte toutefois des limites. Outre le coût politique élevé
de l'opération, un risque systématique, donc non diversifiable, demeure au
niveau du groupement.
BIBLIOGRAPHIE