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EXPOSE SUR :
LA PREUVE DU CONTRAT
D’ASSURANCE
ENCADREE PAR
PROFESSEUR Y.FATMI
PRESENTE(E) PAR :
AMINE MOQRAN
Suite à ça, l’assurance terrestre verra le jour au milieu du 17ème siècle à la suite du grand
incendie qui a détruit les quartiers entier de la ville de Londres.
S’agissant du Maroc, son 1er contact avec remonte au 19éme siècle et dont la cause
motrice était la sensation des commerçants du besoin de s’assurer contre les conséquences
des événements de mère subit par les bâtiments maritimes, les cargaisons et le personnel
naviguant.
Au 28 novembre 1934 l’arrêté viziriel est intervenu pour combler les insuffisances du
Droit commun, mais cet arrêté ne s’appliquait qu’aux assurances terrestres et excluait les
assurances maritimes, fluviales, la réassurance et l’assurance crédit.
Aujourd’hui, le Maroc est doté d’un code des assurances promulgué par la loi 17-99 .
Nul n’ignore le rôle primordial que joue la preuve dans tous les domaines du droit et
l’assurance au Maroc, n’échappe pas à cette réalité ainsi.
Et la question fondamentale qui vient tout naturellement à l'esprit de tous ceux qui
entreprennent des études, en la matière, est la démystification des différentes situations
complexes à la détermination et la démonstration de cette dernière, c’est-à-dire la preuve.
2
I. LA CHARGE DE LA PREUVE
A. les règles
Dans le domaine des assurances, on applique dispositions légales qui organisent, en droit
commun, le régime probatoire. Le régime probatoire de droit commun repose sur le
principe de la charge alternée de preuve(1). Toutefois, il existe des dérogations à ce
principe, en plus de celles instaurées par la loi(2), les parties peuvent prévoir un
renversement de la charge de preuve(3).
Le principe de la charge alternée nous vient de l’ancien droit : « celui qui se prétend
créancier de quelqu’un, est obligé de prouver le fait ou la convention qui a produit sa
créance ; au contraire, lorsque l’obligation est prouvée, le débiteur qui prétend l’avoir
acquittée, doit prouver le paiement »1
De son coté l’article 400 du D.O.C impose que : « lorsque le demandeur a prouvé
l’existence de l’obligation, celui qui affirme qu’elle est éteinte ou qu’elle ne lui est pas
opposable doit le prouver ».
1
CATHERINE PARIS et BERNARD DUBUISSON (S.D), Actualités en droit des assurances, Anthémis S.A., 2008, p.66.
2
Dahir (9 ramadan 1331) formant Code des obligations et des contrats (B.O. 12 septembre1913).
3
2. La présomption légale et dispense de preuve
L’article 453 du D.O.C dispose que : «La présomption légale dispense de toute preuve
celui au profit duquel elle existe… ». Cette formule établit un lien entre « charge de la
preuve » et présomption. La présomption légale ne serait pas un mode de preuve mais
agirait sur la
répartition de la charge probatoire. Cependant, les présomptions n’opèrent pas toujours
une dispense de preuve mais un simple déplacement de l’objet de la preuve.
Ainsi on fait la distinction entre trois types de présomptions légales3 : simple, mixte et
irréfragable. La présomption simple peut être renversée par la preuve contraire pouvant
être apportée par tous moyens4. Les présomptions mixtes n’acceptent la preuve contraire
que par l’établissement de certains faits ou par des preuves administrées par certains
moyens5. Quant à la présomption irréfragable, elle ne souffre pas la preuve contraire. Cette
présomption irréfragable est celle qui est attachée à l’autorité de la chose jugée prévue par
l’article 451 du D.O.C, dès lors qu’il y a identité d’objet, de « cause » et de partie.
-L’article premier du C.P.C Marocain dispose que : « Tout accusé ou prévenu est présumé
innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie par une décision ayant
acquis la force de la chose jugée, au cours d’un procès équitable ou toutes les garanties
juridiques lui auront été assurées. Le doute s’interprète au profit de l’inculpé ».
Ce principe s’applique même devant les tribunaux civils. Si le défendeur auquel une
infraction est imputée invoque une cause de justification sans que son allégation soit
dépourvue de tout élément de nature à lui donner crédit, il incombe au demandeur de
prouver que cette justification n’existe pas.
3
Art. 450 du D.O.C
4
Tel est le cas de la présomption de bonne foi
5
Elles sont nombreuses en droit de la responsabilité. L’existence d’une responsabilité de plein droit limite les causes
d’exonération de l’auteur présumé du dommage.
4
3. Les conventions relatives à la charge de la preuve
Les règles relatives à la charge alternée de la preuve ont un caractère purement supplétif,
les parties peuvent donc y déroger. Les banques, par exemple, ne délivrent des cartes de
crédit que dans la mesure où le principe du renversement de la charge de preuve est
accepté par convention.
Toutefois, tenant compte de la spécificité du contrat d’assurance6, l’article 18 de la loi n
31- 08 édictant des mesures de protection des consommateurs7 dispose sans doute que
constitue une clause abusive celle qui a pour objet de « limiter les moyens de preuves à la
disposition du consommateur ou de lui imposer une charge de preuve qui, en vertu du
droit applicable, devant revenir normalement à une autre partie au contrat ». Cette
disposition concerne non seulement la limitation des moyens de preuve mais aussi la
répartition de la charge de preuve.
En définitif, L'assurance est une matière civile et à ce titre, elle obéit, en ce qui concerne la
répartition de la charge de preuve, aux règles normales de preuve.
6
Le contrat d'assurance est un contrat d'adhésion qui, à l'inverse du contrat de gré à gré, sous-entend que l'une des parties
accepte en bloc les clauses du contrat proposées par l'autre partie.
7
Dahir n° 1-11‐03 du 14 rabii I 1432 (18 février 2011) portant promulgation de la loi n° 31-08 édictant des mesures de
protection du consommateur.
8
Dahir n°1-02-238 du 25 rejeb 1423 (3 octobre 2002) portant promulgation de la loi n° 17-99 portant code des assurances.
5
On sait également que lorsque l’omission ou la déclaration est inexacte de la part de
l’assuré dont la mauvaise foi n’est pas établie, le contrat n’est nul. Toutefois, si l’assureur
apporte la preuve qu’il n’aurait en aucun cas accepté d’assurer le risque s’il a eu
connaissance de sa nature réelle révélée par le sinistre, sa prestation est limitée au
remboursement de la totalité des primes payées9.
La surassurance de mauvaise foi est également une cause de nullité du contrat. Dans un
cas similaire, il appartient à l’assureur d’apporter la preuve de mauvaise11.
En vertu de l’article 20 de la loi n° 17-99, l’assuré est tenu de déclarer à son assureur les
circonstances qui ont pour conséquence d’aggraver les risques. L’assureur peut donc
refuser sa garantie en cas d’omission, dans une intention frauduleuse, de déclarer
l’aggravation du risque. L’assureur peut présumer que l’assuré respectera ses obligations
réglementaires et contractuelles ; il n’a donc aucune obligation d’inspection du risque. Le
caractère frauduleux du comportement de l’assuré implique l’existence d’actes posés
intentionnellement dans le but de se soustraire à l’obligation de payer les primes couvrant
le risque effectif à assurer. La charge de preuve de semblable comportement pèse sur les
épaules de l’assureur.
9
Art. 31 de la loi n° 17-99.
10
Voir: Coronarion Insurance Co. C. Taku Air Transport Ltd., J.E. 92-575 (C.S.C.) où la Cour Suprême du Canada reproche à
l'assureur de ne pas avoir vérifié le dossier de son client: les circonstances en cause y étaient répertoriées.
11
Art.42 al.5 da la loi n° 17-99.
6
Il résulte en effet de la lecture de l’article 63 de la loi n° 17-99 que l’assureur peut, après
indemnisation de la victime, se réserver un droit de recours contre l’assuré.
L’action récursoire n’est donc pas obligatoire et doit être prévue dans une clause du
contrat12. L’assureur devra par ailleurs, dans les assurances autres que RC auto, apporter la
preuve de l’accord de l’assuré aux conditions générales de la police13. En assurance RC
auto, la Cour de cassation de Belgique a estimé que cette preuve n’était pas nécessaire14. Il
appartient à l’assuré qui prétend qu’il existe une dérogation aux stipulations du contrat-
type de le prouver. S’il s’est réservé la possibilité d’exercer une action récursoire,
l’assureur est en droit d’agir. A défaut, il est privé de tout recours.
C. La déchéance et l’exclusion
La signature d'un contrat d'assurance entraîne des obligations pour les deux parties. Si
l'une
des parties ne respecte pas ses obligations, l'autre peut prononcer une déchéance de
garantie.
L’étendue de la garantie est définie par les conditions du contrat d’assurance, Lorsqu’un
sinistre se produit, l’assuré qui se prétend créancier de l’assureur, doit démontrer que le
sinistre entre dans la garantie et n’en est exclu. L’assureur à son tour doit démontrer
l’existence d’une relation causale entre le manquement éventuel de l’assuré et le sinistre
dont la couverture est réclamée.
A ce niveau, il faut tout d’abord mettre le point sur la grande confusion qui existe entre
l’exclusion de garantie et la sanction de la déchéance de la garantie. L’exclusion ne
concerne que ce qui précède le sinistre, alors que la déchéance ne peut survenir qu’en cas
de défaillance de l’assuré postérieurement à la déclaration de sinistre.
12
CATHERINE PARIS et BERNARD DUBUISSON (S.D), Actualités en droit des assurances, précité, p. 70.
13
Idem.
14
Cass., 5 mars 2010, J.L.M.B., 2011, p. 2063, note B. DUBUISSON.
https://www.jurisquare.be/fr/journal/jlmb/2016-42/index.html, Consulté le 05-03-16 à 16H.
7
1. L’exclusion de garantie
Les exclusions légales
Sont celles relatives à la nullité pour fausse déclaration intentionnelle15, du fait que la faute
intentionnelle implique la volonté de son auteur, La faute dolosive va, quant à elle,
s'analyser en une faute d'une particulière gravité commise sciemment par l'assuré.
L’article 11 du code des assurances, stipule que « Le contrat d'assurance doit être rédigé
par écrit, en caractères apparents. Toute addition ou modification au contrat d'assurance
primitif doit être constatée par un avenant écrit et signé des parties(…)16 ». C’est dans ce
sens que l’assuré doit donner tous renseignements permettent à l’assureur d’évaluer le
risque qu’il prend en charge et, par conséquent, de fixer le montant de la cotisation
correspondante.
Si la fausse déclaration est intentionnelle, le code des assurances sanctionne l’assuré par la
nullité du contrat. Cependant, l’assureur doit prouver que son client était de mauvaise foi
lorsqu’il a fait sa fausse déclaration et que celle-ci a minoré l’appréciation du risque.
D’ailleurs, c’est ce qui est arrivé à une assurée qui, à la suite d’une opération du genou, a
dû cesser le travail durant sept semaines. Or, dans le questionnaire médical remis à son
assureur, elle n’en avait déclaré que cinq semaines. Après examen des éléments de preuve
apportés par l’assureur, les juges, n’ont pas retenu la mauvaise foi de la part de l’assurée et
ont refusé d’annuler le contrat (cass. civ.1re du 9.6.98, no 96-15593)17.
En revanche, un père, qui avait assuré une voiture en déclarant être le conducteur principal
alors que c’était son fils qui la conduisait habituellement, a vu son contrat annulé à la suite
d’un accident provoqué par la voiture conduite par son fils. En effet, le juge a estimé que
le père, voulant éviter une majoration de prime, avait menti pour tromper l’assureur.
15
L’article 30 du code de l’assurance marocain.
16
L’article 11 du code de l’assurance marocain.
17
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000007386471&f
astReqId=453745735&faPos=1.Consulté le 08-03-16 à 16H.
8
Le risque à couvrir par l’assureur étant différent selon que le conducteur
habituel était le père expérimenté ou le fils néophyte (cass. crim. 1re du 13.1.93, no 92-
83220)18.
La loi ne définit pas la notion « d’exclusion conventionnelle», ce qui offre aux assureurs
une grande liberté dans la rédaction des clauses de leur contrat. Mais pour qu’elles
puissent être valables, elles doivent être formelles et limitées19.
Le fait que les exclusions doivent être formelles, suppose une précision, une exactitude et
une netteté dans la rédaction de la police de façon à permettre à l’assuré de connaître avec
exactitude l’étendue de la garantie au jour de la souscription du contrat. Par ailleurs,
l'exclusion doit être explicite, clairement exprimée. En conséquence, toute ambiguïté dans
la rédaction des exclusions, engagerait la responsabilité de l'assureur, rédacteur de la
police.
2. Les déchéances
La déchéance est la sanction qui est infligée à l'assuré s'il ne remplit pas ses obligations ou
bien certaines obligations du contrat après le sinistre. Elle entraine la perte de garantie et
ne peut résulter que des clauses du contrat.
La déchéance s’analyse donc en la perte du droit à garantie par l’assureur à l’encontre d’un
assuré qui n’a pas exécuté ses obligations en cas de sinistre.
18
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000007564764&fastReqId=941448385&fastPos=1.
Consulté le 07-03-16 à 16H.
19
L’article 30 du code des assurances
20
http://www.lexisnexis.fr/droit-document/article/revue-droit-bancaire-financier/04- 2009/126_PS_RDB_RDB0904CM00126.htm#.WMK1V2_Jx0x
consulté le 09-03-16 à 10H
9
Cette sanction n’est pas automatique. Pour que l’assureur puisse l’opposer, il est
impératif qu’elle soit explicitement prévue par le contrat. Ainsi, le Code des assurances
précise que « Sous réserve des dispositions spéciales prévues pour les assurances de
responsabilité, les clauses des contrats édictant des nullités prévues par le présent livre,
des déchéances, des exclusions ou des cas de non assurance ne sont valables que si elles
sont mentionnées en caractères très apparents »21.
A ce stade il faut noter que la rédaction de ces clauses, exige l'utilisation d'une typographie
particulière en vue d'attirer l'attention de l'assuré sur ses obligations ainsi que la sanction
encourue.
Parmi les clauses de déchéance les plus fréquentes est celle qui sanctionne l'assuré pour le
non-respect du délai de déclaration du sinistre. Ainsi l’article 20 du code des assurances
stipule que : « [...]de donner avis à l'assureur, dès qu'il en a eu connaissance et au plus
tard dans les cinq (5) jours de sa survenance de tout sinistre de nature à entraîner la
garantie de l'assureur(…)».
Toute fois et toujours au terme de l’article 20-5 du code des assurances, cette sanction ne
peut être appliquée si le retard est dû à un cas fortuit ou de force majeure, l'assureur ne
peut pas l'opposer à l'assuré sauf s’il établit que le retard dans la déclaration lui a causé un
préjudice.
21
L’article 30 du code des assurances.
22
http://www.memoireonline.com/10/13/7663/m_Les-obligations-de-l-assure-en-matiere-d-assurances-
dommages17.html.Consulté le 07/03/16 à 20h.
23
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?idTexte=JURITEXT000007052576. Consulté le 07/03/16 à
20h.
10
A ce stade d’analyse, il paraît claire que les dispositions de la déchéance varient selon les
rapports entre l’assureur et assuré. Ainsi, l’assureur doit prouver la déchéance par contre,
l’assuré à intérêt de prouver la garantie.
Comme on l’a déjà signalé, le contrat d’assurance obéit aux dispositions générales du droit
commun en la matière. Néanmoins, le contrat d'assurance fait l'objet d'une réglementation
particulière, fixant toutes les directives à suivre par les parties au contrat d’assurance, ainsi
que les modalités de la preuve de la conclusion de ce contrat (A). La preuve de
l’exécution (B) et la preuve de la réalité du sinistre survenu (C).
La preuve du contrat d’assurance entre les parties suscite des questions particulières (1), en
revanche, la preuve de l’existence du contrat est libre lorsqu’il s’agit des tiers (2).
Le contrat est le lien juridique qui unit les parties, détermine leurs obligations réciproques
et concrétise le point de départ de leurs engagements.
Aux termes de l’article premier de la présente loi, la police d’assurance est un document
qui matérialise le contrat d’assurance et indique à la fois les conditions générales et
particulières d’accomplissement du contrat. En résumé, « la police d'assurance est l'écrit
qui constitue la preuve du contrat d'assurance », il détermine « les conditions générales
qui décrivent les droits et obligations des parties et les garanties.». Ainsi la police
d’assurance est la pièce maitresse en la matière.
24
Loi n° 17-99 portant code des assurances, promulguée par dahir n° 1-02-238 du 25 rejeb 1423 (3 octobre 2002), BO n°
5054 du 2 ramadan 1423, p 1154.
11
Les avenants sont les accords additionnels conclus entre l’assureur et l’assuré modifiant
ou complétant une police d’assurance dont il font partie intégrante.
On entend ainsi par attestation d’assurance, tout certificat délivré par l’assureur constatant
l’existence de l’assurance, qui constitue une présomption simple de garantie, mais qui sert
d’être utilisée comme moyen de preuve.
Donc le contrat d’assurance est un contrat consensuel, qui se prouve par la police
d’assurance ou par tout écrit constatant l’existence d’assurance ou l’acceptation par
l’assureur de la demande d’assurance. Dans ce sens, la cour de cassation dans un arrêt n°
3683 tranchant une décision contestée, rendue par la Cour d’Appel d’Agadir, a décidé que
le contrat d’assurance est un contrat consensualiste qui peut être prouvé par la police
d’assurance, par la note de couverture qui peut être confirmée aussi par le bon délivré par
la société d’assurance pour l’assuré, ou tout autre écrit établissant l’acceptation de
l’assureur en vue de couvrir le risque, ainsi il a stipulé que même avant la délivrance du
contrat d’assurance, l’assuré et l’assureur peuvent se trouver engagés l’un à l’égard de
l’autre, par la remise d’une attestation d’assurance qui constitue une preuve écrite et
permet de prouver l’existence d’une note d’assurance25.
En droit belge, par exemple, le contrat d’assurance se prouve outre par l’écrit, par témoins
ou présomptions, mais cette n’est admissible sans que soit relevée l’existence d’un
commencement de preuve par écrit. La loi autorise également l’aveu et le serment.
Les tiers, notamment la victime exerçant l’action directe contre l’assureur, doivent établir
l’existence du contrat d’assurance dont ils se prévalent.
Mais ils peuvent, contrairement aux parties, rapporter cette preuve par tous moyens. À
l’égard des tiers, la police d’assurance constitue, en effet, un simple fait juridique dont la
preuve est libre.
Ce genre de contrat, dont les tiers sont inclus, se concrétise parfaitement par les contrats
d’assurance de responsabilité dont le paiement est tourné vers le tiers (réparation du
dommage). Et notamment l’assurance obligatoire de responsabilité civile automobile, régit
par l’article 120 de la présente loi.
25
Cass. Ch.Cv, dossier n° 94/3978, du 03/06/1998.
12
Dans ces contrats d’assurance, l’assureur n’est tenu que si, à la suite du fait dommageable
prévu au contrat, une réclamation amiable ou judiciaire est faite par le tiers lésé à l’assuré
ou à l’assureur. Donc sont marqués par la sinistralité.
contrat, […] il incombait dès lors à l’assureur de démontrer, en versant la police aux
débats, qu’il ne devait pas sa garantie pour le sinistre objet du litige »26.
La solution contraire aboutirait à mettre à la charge du tiers une preuve impossible, dès
lors qu’il n’est pas en possession de la police d’assurance.
En droit des assurances, la preuve de l'exécution du contrat est l'objet d'un débat
probatoire, qu'il s'agisse des assurances de choses (1), les assurances de responsabilité (2),
les assurances de personnes (c).
Une des plus grandes difficultés à démontrer a toujours été, dans le cadre des assurances
de choses, l'article 11 de la loi 17-99 portant code des assurances au Maroc a stipulé que le
contrat d'assurance doit être rédigé par écrit, en caractères apparents et que toute addition
ou modification au contrat d'assurance primitif, doit être constatée par un avenant écrit et
signé des parties.
26
https://www.courdecassation.fr/publications_26/rapport_annuel_36/rapport_2012_4571/livre_3_etude_preuve_4578/par
tie_3_modes_preuve_4585/liberte_quant_4587/chapitre_4_droit_assurances_26224.html
13
En vertu de l'article 3 chapitre 2 de l'arrêté royal Belge du 24 décembre 1992 portant
exécution de loi du 25 juin 1992 sur le contrat d'assurance terrestre, l'assureur ne peut
invoquer la sous-assurance et appliquer la règle proportionnelle que s'il prouve qu'il a
présenté au preneur d'assurance un système de détermination de la valeur assurable et à
condition que le preneur d'assurance l'ait refusé. L'assureur peut apporter cette preuve par
toutes voies de droit, y compris par présomptions27
En France, la loi du 13 juillet 1930 sur les assurances des véhicules terrestres à moteur
pose la première pierre en ce qui concerne la preuve de l'exécution y compris en matière
d'assurance de dommages obligatoire. (Articles L242-1 à L242-2) (2)28
Dans ce constat, il paraît bien évidement que l'assuré doit être conscient au moment de
l’exécution du contrat. Dans cet angle de vision, il doit être au courant des risques que
l'assureur va couvrir et qui doivent être classés et mentionnés.
Les dépenses résultant de toute poursuite en responsabilité dirigée contre l'assuré sont à la
charge de l'assureur, sauf convention contraire 29
27
Cass.,3 novembre 2006, R.D.C, 2007, p.780
28
Décret n° 76-667 du 16 juillet 1976, Code des Assurances, Dalloz, 2001.
29
Article 63 de la loi 17-99 modifié et complété par la loi n°39-05 promulguée par le dahir n° 1-06-17 du 15moharrem 1427
(14 février 2006)
30
Cass, 16mars 2004. Pas.,2004, I. P.433:R.W,.2006-2007,p. 1120 : R.D.C,.2005, p.1063
14
3. Les assurances de personnes :
Dans les assurances de personnes, l'assureur après paiement de la somme assurée, ne peut
être subrogé dans les droits du contractant ou du bénéficiaire conte des tiers à raison du
sinistre.
Toutefois, dans les contrats d'assurance conte la maladie et les accidents atteignant les
personnes, l'assureur peut être subrogé dans les droits du contractant ou des ayants droit
contre le tiers responsable, pour le remboursement des prestations à caractère indemnitaire
prévues au contrat31.
En assurance sur la vie, aucune forme particulière n'est exigée pour que la révocation d'une
attribution bénéficiaire soit opposable à la compagnie d'assurance, que celle-ci soit
expresse ou tacite, pour autant qu'elle soit certaine et non équivoque32.
Un paradoxe remarquable puisque ce point demeure non compatible la preuve de la
révocation qui est établie par écrit.
Un jugement rappelle que l'attribution bénéficiaire ne fait pas partie, en tant que telle, de la
succession du souscripteur. En conséquence, les personnes désignées comme bénéficiaires
dans le contrat d'assurance vie peuvent percevoir, à l'exclusion des légataires, les montants
assurés. Le jugement précise que l'on ne peut accepter la proposition des légataires
d'organiser une comparution personnelle ou une addition de témoins afin de faire constater
que le preneur d'assurance n'était pas totalement informé de la teneur de la clause
bénéficiaire33.
31
Article 66 code des assurances, B.O n°5640 du 19/6/2008
32
Civ, Brages, 23 mars 2004, T Not..2004, p.689, note F, BOUCKAERT.
33
C.const.,26juin2008, Bull, 2008,p.305.
15
C. La preuve du sinistre
1. Notion du sinistre
Le sinistre est constitué par réalisation de l'évènement prévu par la police d'assurance et
entraînant la mise en jeu de la garantie. Il se décompose en :
Il existe presque autant de sinistre que d’événements. Chaque sinistre par son ampleur, sa
nature, ses formes est unique ou presque35 . Ainsi on entend par terme « sinistre » la
réalisation du risque, aussi plus précisément suppose la disparition d’un bien ou de dégâts
le rendant totalement ou partiellement inutilisable.
De plus le sinistre n’est seulement pas un fait auquel sont accordé des effets juridiques
mais aussi s’agissant d’un acte juridique lorsqu’on est devant un cas de dépôt de plainte
contre une partie X avec constitution de partie civile.
34
Dahir n° 1-02-238 du 25 rejeb 1423 portant promulgation de la loi n° 17-99 portant code des assurances.
35
Jean Bicot , traité de droit des assurances, tome3, p973
36
Jean Bicot , traité de droit des assurances, tome3, p982
16
Le sinistre dans les assurances des dommages
Assurances de biens : la loi française du 13 juillet 1930 n’indique pas, dans l’assurance des
bien , quelle approche il convient d’adopter . Ce silence se comprend37. A cette époque la
majorité des sinistres consistait dans la réalisation dommageable de l’événement prévu au
contrat d’assurance. Ainsi les dommages considérés n’étaient que des dommages directs.
l’important était seulement de savoir que le sinistre doit être déclaré à l’assureur suivant
des modalité mentionnées lors de conclusions du contrat.
Les assurances de perte financière : Après un sinistre grave, l’entreprise touchée doit faire
face à une baisse d’activité souvent longue, voire à un arrêt total de sa production
entraînant des conséquences financières importantes.
L’assurance pertes d’exploitation permet à l’entreprise de compenser les effets de la
diminution du chiffre d’affaires et de faire face à ses charges fixes en couvrant les frais
généraux permanents (amortissements, impôts et taxes, loyers, rémunération du personnel,
intérêts d’emprunt…). Cette assurance aidera aussi l’entreprise à supporter certains frais
supplémentaires consécutifs au sinistre.
L’indemnité versée au titre de la garantie des pertes d’exploitation est destinée à
compenser la baisse du chiffre d’affaires. Elle permet de replacer l’entreprise dans la
situation financière qui aurait été la sienne si le sinistre n’avait pas eu lieu. L’assureur et
les experts spécialisés recherchent aussi des solutions pour que l’activité reprenne dans les
meilleurs délais.
37
P.Tiffreau. « le silence et le contrat d’assurance »RGAT , 1989 , n°4, 761
38
Jean Bicot , traité de droit des assurances, tome3, p983
17
Dans ces contrats d’assurance qui proposent une indemnisation des pertes financières à la
suite des dommages matériels, une hésitation pourrait avoir lieu au sinistre. Ce dernier
doit-il s’entendre comme le sinistre ayant endommagé les biens assurés eux-mêmes ? Ou
bien le second sinistre n’apparait-il que du jour ou les clients de l’entreprise insatisfaite du
retard ou de l’absence d’exécution des prestations promises, procèdent à des réclamations
amiables ou judiciaires ?
Dans les assurances de responsabilité la loi du 13 juillet 1930 précisait que le sinistre n’est
pas constitué par le seul fait dommageable, mais par la réclamation amiable ou judiciaire
de la victime à l’encontre de l’assuré.
39
Article L.124-1 du Code des Assurances français
18
La difficulté de déterminer les composants du sinistre en assurance de
responsabilité se rencontre, sous d’autres formes, dans d’autres assurances de
dommages.
Les assurances en cas de vie ou en cas de décès : dans les assurances en cas de
vie, le sinistre ne suscite pas d’hésitation. Il s’entend de la vie ou du décès de
l’assuré à la date qui a été fixé dans le contrat. Lors de la conclusion, et qui
signifie que la prestation de l’assureur doit être exécutée par le versement d’un
capital ou celui d’une rente. Dans les assurances en cas de décès la date de ce
dernier est certes inconnue des parties lors de la confirmation du contrat, mais le
sinistre se limite à cette événement simple en principe et qui oblige l’assureur à
régler les sommes dues. Une seule exception existe lorsque les circonstances du
décès sont floues et laissent penser que la mort n’as pas été naturelle mais
provoquées, dans ce cas il est permis de considérer que la seule survenance de
l’événement est insuffisante, parce que l’assureur doit vérifier s’il ne s’agit pas
d’un suicide.
L’assurance maladie ou invalidité suscitent parfois aussi des problèmes de preuve, mais
qui n’interférent pas sur la notion elle-même du sinistre, en revanche ces deux exemples
impliquent l’intervention d’un tiers pour attester la réalité di sinistre. L’assureur ne
s’acquittera des prestations promises qu’en obtenant des certificats ou autres document
démontrant l’état physique ou psychique de l’assuré. Une hésitation peut aussi naitre en
cas d’invalidité. Mais celle-ci sera souvent tranchée par le contrat lui-même qui décidera
que l’intervention de l’assureur ne sera pas due que le jour ou l’invalidité atteindra tel ou
tel pourcentage au sens des tables et calculs effectuées par la sécurité sociale40.
40
Jean Bicot , traité de droit des assurances, tome3, p987
19
CONCLUSION
En guise de ce travail, les problèmes de preuve en droit des assurances revêtent une
sensibilité d’autant particulière, qu’ils sont réglementés de façon étroite par le législateur.
En ce sens, ils sont soumis à un formalisme strictement stable. Au fait, ces problèmes,
tiennent lieu, tant qu’aux éléments à prouver qu’à la répartition du fardeau de la preuve
entres les parties. Ainsi, le degré de preuve exigé est celui de la prépondérance de la
preuve et non celui de la preuve hors de tout doute raisonnable.
Néanmoins, la preuve du contrat d’assurance n’est pas la seule difficulté confrontée par
le domaine des assurances, compte tenu de la nature de leur tâche où le caractère pratique
et technique règne au théorique. On y trouve généralement, entre autres, des problèmes
liés à la preuve de la fausse déclaration, à l'évaluation des dommages, aux obligations
après sinistre, et à la reconnaissance de l'invalidité.
20
BIBLIOGRAPHIE
I - OUVRAGES
- CATHERINE PARIS et BERNARD DUBUISSON (S.D), Actualités en droit des assurances, Anthémis
S.A., 2008, 432p.
- JEAN BICOT(S.D), traité de droit des assurances, tome3, L.G.D.J, 2007, 1341p.
II- JURISPRUDENCES
- Cr.const.,26juin2008, Bull, 2008,p.305
- Cass.,3 novembre 2006, R.D.C, 2007, p.780
- Cass, 16mars 2004. Pas.,2004, I. P.433:R.W,.2006-2007,p. 1120 : R.D.C,.2005, p.1063
- Civ, Brages, 23 mars 2004, T Not..2004, p.689, note F, BOUCKAERT
- Cass., 5 mars 2010, J.L.M.B., 2011, p. 2063, note B. DUBUISSON 3978, du 03/06/1998
III - WEBOGRAPHIES
- https://www.courdecassation.fr/publications_26/rapport_annuel_36/rapport_2012_4571/livre_3_etude
_preuve_4578/partie_3_modes_preuve_4585/liberte_quant_4587/chapitre_4_droit_assurances_26224.
html
- http://www.memoireonline.com/10/13/7663/m_Les-obligations-de-l-assure-en-matiere-d-assurances-
dommages17.html
- https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?idTexte=JURITEXT000007052576.
- http://www.lexisnexis.fr/droit-document/article/revue-droit-bancaire-financier/04-
2009/126_PS_RDB_RDB0904CM00126.htm#.WMK1V2_Jx0x
- https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000007564
764&fastReqId=941448385&fastPos=1
- https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000007386
471&fastReqId=453745735&faPos=1
- https://www.jurisquare.be/fr/journal/jlmb/2016-42/index.html,
- Dahir n° 1-11‐03 du 14 rabii I 1432 (18 février 2011) portant promulgation de la loi n° 31-08 édictant des
mesures de protection du consommateur.
- Loi n° 17-99 portant code des assurances, promulguée par dahir n° 1-02-238 du 25 rejeb 1423 (3 octobre
2002), BO n° 5054 du 2 ramadan 1423, p 1154.
- Dahir (9 ramadan 1331) formant Code des obligations et des contrats (B.O. 12 septembre1913).
21
TABLES DES MATIERES
INTRODUCTION …………………………………………………………………………2
I - LA CHARGE DE LA PREUVE ……………………………………………… ………3
A . les règles ……………………………………………………………………. .. ……....3
1 . Le principe de la charge alternée ……………………………………………………….3
2 . La présomption légale et dispense de preuve …………………………………………..4
3 . Les conventions relatives à la charge de la preuve …………………………………….5
B . L’application des règles ……………………………………………………….. ….......5
1 . La validité du contrat d’assurance ……………………………………………………..5
2 . L’action récursoire de l’assureur ………………………………………………. ……...6
C . La déchéance et l’exclusion ……………………………………………………………7
1 . L’exclusion de garantie ……………………………………………………....................8
2 . Les déchéances ……………………………………………………………….. ……... 9
II- LES MODALITÉS DE LA PREUVE…………………………………………………11
A. La preuve de la conclusion du contrat d’assurance …………………………………..11
1. La preuve de l’existence du contrat d’assurance par l’assuré ………………………....11
2. La preuve de l’existence d’un contrat d’assurance par les tiers ………………... ……12
B. La preuve de l'exécution du contrat………………………………………...................13
1. Les assurances de choses ……………………………………………………….. …....13
2. Les assurances de responsabilité ……………………………………………… …...14
3. Les assurances de personnes ……………………………………………………. ……15
C. La preuve du sinistre……………………………………………………………. ……16
1. Notion du sinistre ………………………………………………………………. ……16
2. Définition du sinistre selon le type de contrat d’assurance……………………………16
CONCLUSION …………………………………………………………………………20
22